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Full text of "Les agremens de la campagne, ou remarques particulieres sur la construction des maisons de campagne plus ou moins magnifiques; des jardins de plaisance, et des plantages ... on y a ajoute un traité touchant la manière de couper et de multiplier les arbres fruitiers et sauvages ... comment on peut cultiver ... les ananas, les citroniers, etc. ... la manière de construire les thermometres nécessaires"

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808  LES  AGREMENS  de  la  Campa^e, 
ou  Remarques  particuliers  sur  la  con¬ 
struction  des  Maisons  de  Campagne, 
des  jardins  de  plaisance,  &  des  plant- 
âges,  &c.,  plates,  qto,  old  cf.  gt.,  6s  1750 


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A  G  R  E  M  E  N  s 

CAMPAGNE, 

OU 

REMARQUES  PARTICULIERES 

Sur  la  conftruélion  des  M  A I S  O  N  S  de  CA  M  P  A  G  N  E  plus  ou 

moins  magnifiques; 

Des  JJRD  INS  ds  ?  LAIS  AN  CE,  ^  des  ELAN  TA  G  ES, 

Avec  les  Ofnemens  qui  en  dépendent  :  tant  pour  les  bâtir  avec  tout  l’avantage 
poffible ,  que  pour  en  préparer  les  fonds ,  en  corriger  les  défauts ,  les  plan¬ 
ter  de  bons  Arbres  fruitiers  &  autres  pour  former  de  belles  allées  ,  ôc.  • 
enfin  pour  y  pratiquer  avec  fuccès  de  grands  Refervoirs  d’eau , 

des  Canaux  &. des  Viviers.. 

ONT  A  A 'J  O  UT  à 

Un  Traité  touchant  là  manière  de  couper  &  de  multiplier  les  ARBRES  FRUI¬ 
TIERS  &  SAUVAGES,  avec  une  defcription  exafte  des  moyens  qu’il  faut 
employer  pour  avoir  chaque  année  beaucoup  de  RAISINS  EN  PLEIN-^ 
AIR,  ou  pour  en  faire  venir  de  précoces  dans  des  Serres  artifi¬ 
ciellement  échaufées,  foie  par  le  feu  ou  autrement.- 

ON  T  AT  PREND  ENCORE 

Comment  on  peut  cultiver  &  multiplier  ,  dans  ce  Pais  froid  ,  les 
ANANAS,  les CITRONIERS,  les  LIMONIERS ,  les  ORANGERS,  . 

&  autres  PJantes  des  Climats  chauds. 

ON  T  TROUVE  DE  ELUS 

Une  inflruélion  fur  la  manière  dé  conftruire  les' THERMOMETRES  néceflaires 
en  pareils  cas  ;  avec  des  obfervations  fur  la  culture  des  FRUITS  de 
TERRE  &  des  LEGUMES,  &c.  &c. 

Le  tout  orné  des  Planches  nécelfaîres,  ^  fondé  fur  r expérience  ^  fur  des  obfervations  fai¬ 
tes  avec  foin  pendant  l'efpace  de  cinquante  ans. 


ALE'SDE,  C3ia  SAMUEL  LUCHTMANS  etFIL^ 

A  AMSTERDAM,  Chei  MEYNARD  ÜYTWERF, 

M  D  C  C  L., 

Avec  Privilège, 


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fê  trompera  bien  fort,  fi  l’on  penfe  que  ces 
mufemens^  de  la  Campagne^  ou  Remarques  fur  la 
manière  arranger  èf  de  conftruire  des  Maifons  de 
Campagne  6?^.,  paroifîènt  làns  nom  d’Auteur, 
parce  que  celui  qui  les  a  faites  n’en  croit  pas  le  lùjet  aflèz  inté- 
reflànt  ;  car  il  pourroit  donner  pour  garand  de  loh  bon  goût  à 
cet  égard  des  exemples  de  Rois  &  de  Princes,  qui  ont  employé 
leurs  heures  de  loifir  &  de  délafiement,-  à  cette- agréable  étude. 
Mais  comme  cela  a  été  très  fbuvent  allégué  dans  des  Préfaces 
&  des  Dédicaces  de .(emblables  Ouvrages,  ,  je  lepafîèrai  ici  (bus 
filence,  &  me  contenterai  uniquement  de  dire,  que  la  feule 
railbn  qui  l’a  empêché  de  mettre  fbn  nom. à  la  tête  de  cet  Ou¬ 
vrage ,  c’efl  qu’il  ne  fè  propoie  en  le  publiant  ni  reconnoiflance , 
ni  éloges,  ni  gain,^  ce  qui'  n’efi  que  trop  fbuvent  Tunique  but 
d’un  certain- ordre  d’Ecri vains.  La  raifbn  pour  laquelle  on  a 
publié  cet’ Ouvrage,  c’eR  que  l’Auteur  ayant  .été  inftamment 
prié  par* une  Perfbnne  de  confidération  de  lui  communiquer  ces 
Remarques,  on  en  avoit' donné  d’avance  une  Copie;  fiin la  de^ 
mande  que  je  lui  en  avois  auffi  faite.  Lorlque  j’en  fis  la  lèc  • 
ture,  j’y  trouvai  un  grand  nombre  d’ obfèrvations  inconnues  juC 
'qu’à  préfent  fur  là  culture  des  Plantes  &  des  Fruits,  ce  qui  me 
fit.  naître,  la  penfee  de  les  communiquer,  non  feulement  à.la 

^  2  Per-- 


IV 


tA  VIS  D  E  1.’  E  D  I  T  E  U  R. 


Ferfonne  en  queflion,  mais  aiiffi  à  tous  ceux  qui  (e  plaifent  à 
s’occuper  du  Jardinage.  Dans  cette  vue  je  n’ai  pas  cefle  de 
prier  inftamment  l’Auteur  de  m’en  donner  la  permiffion ,  laquel¬ 
le  il  m’a  enfin  accordée,  plus  pour  s’épargner  la  peine  de  tirer  pour 
un  chacun  desdefîeins  de  fes  Serres  à  Vignes,  tant  de  celles  qui 
font  échaufées  par  le  Soleil  que  de  celles  qu’on  échaufe  artifi¬ 
ciellement  ,  &c.  que  pour  toute  autre  raifon.  En  confëquence 
de  quoi  j’ai  pris  la  peine  d’arranger  ces  Remarques ,  toutes  fon¬ 
dées  for  l’expérience ,  dans  l’ordre  où  on  les  trouvera  ici ,  fans 
attendre  de  ce  trav^ail  d’autre  ,  récornpenfè,  que  celle  de  voir 

Sue  je  me  fois  expliqué  d’une  manière  intelligible  &  claire ,  a- 
n  que  ceux  qui  aiment  cette  forte  d’étude  puifîènt  y  trouver 
réunis  l’utile  &  l’agréable.  Il  me  foroit  facile  de  prouver  par 
diverfos  chofos  remarquables  contenues  dans  cet  excellent  Ou¬ 
vrage,  qu’il  ne  peut  que  produire  cet  effet  ;  mais  comme  c’eft 
l’Ouvrage  même  qui  doit  en  décider,  j’y  renvoie  fans  aucune 
crainte  le  Leéteur ,  de  même  qu’à  la  Lettre  infiruélive  qui  lui  fèrt 
d’introduction ,  laifîànt  le  tout  à  fon  propre  examen ,  pourvu 
qu’il  le  faffofans  aucune  partialité,  &  qu’il  foit  uniquement  fon¬ 
dé  for  l’expérience  &  for  l’ufàge. 

Je  m’étois  propofé  d’abord  de  me  contenter  de  ce  qué  je  viens 
de  dire;  mais  j’apris  que  quelques  Libraires  ayant  auffi  impri¬ 
mé  des  Ouvrages  de  ce  genre,  s’étoient  donné  beaucoup  de 
peine  pour  obtenir  de  L.  L.  N.  N.  P.  P.  des  Privilèges ,  fous 
prétexte  que  les  principales  chofès  contenues  dans  celui-ci  a- 
voient  été  tirées  &  copiées  des  leurs ,  &  que  même  un  d’entre 
eux  s’étoit  muni  d’une  telle  pièce.  Ainfi  tant  pour  tranquilifor  ces 
Libraires,  que  pour  détruire  les  préjugés  qu’ils  pourroient  faire 
naître  dans  l’elprit  des  autres,  quoiqu’il  n’y  ait  qu’à  examiner 
légèrement  cet  Ouvrage ,  pour  reconnoitre  d’abord  la  faufîèté 
de  telles  infinuations,  j’ai  cru  qu’il  étoitnécefîaire  d’ajouter,  que 


AVISîDE  L’EDITEUR.  v 

le -Livre  qui  a  pour  titre ,  P  Art  de  tailler  les  Arbres  fruitiers^ 
expliqué  félon  les  règles  par  Mr.  Goetbals  (a)^  depuis  la  page  9 
jufqu’à  la  fin,  n’eft  autre  chofè  qu’une  fimple  Traduftion  d^e  la 
quatrième  Partie  de  Ylnfrutlion  pour  les  jardins  fruitiers  par 
lS\r.  de  la  Qiiintinye.  De  plus  que  le  Livre  intitulé,  Lejiou-^ 
veau  8?  parfait  Jardinier  Hollandois  (h)  ^  lequel  bien  ‘  des 
gens  avec  moi  ont  cru  avoir  été  compoie  par  un  Hollandois , 
gyidé  par  la  raifbn  &  par  une  expérience  de  plus  de  cinquante 
années  (fivoir  par  feu  Mr.  le  Profeflèur  Frédéric  Dekkers^  & 
cela  avec  beaucoup  de  fondement ,  puilque  le  Libraire  en  lui 
dédiant  ce  Livre ,  dit  entre  autres  chofès  que  c’efi:  un  fruit  de  v 
Ibn  travail)  ;  que  ce  Livre ,  dis-je ,  efl  une  T raduffion  de  Mr.  de 
la  Qidntinye^  auquel  l’on  a  ajouté  très  peu  de  remarques  qui  con¬ 
cernent  les  fonds  de  terre  de  Hollande  &  de  Zéelande ,  &  qui 
en  tout  ne  vont  pas  à  huit  pages.  Je  m’étois  d’abord  propole 
de  prouver  ce  que  j’avance,  en  mettant  ces  deux  Ouvrages  en 
parallèle  mais  voyant  que  cela  fè  découvre  du  prémier  coup 
d’œil,  j’ai  abandonné  ce  defièin.  On  n’a  qu’à  commencer  à 
la  prémière  page 5  Article  fécond,  par  ces  mots,  la  Culture ^ 
&c.  &  l’on  trouvera  que  les  trois  x4rticles  fui  vans,  le  6,  le  7,& 
le  28  du  prémier  Chapitre,  &  tous  les  autres  Articles  &  Chapi¬ 
tres  ,  ne  font  autre  chofè  que  des  Traduètions  du  fécond  &  troifiè- 
me  Chapitres  de  Mr.  de  laQuintinye.  On  trouvera  de  même  que 
la  2,  la  3  &  la  4  parties,  depuis  la  vingt  &  unième  pages  jufques 
à  la  deux  cent-quarante-cinquième  font  tirées ,  même  jufqu’aux 
Sommaires  des  Chapitres  parallèlles,  de  la  2,  3  ,  &.  4  parties  de 
cet  Auteur.  On  trouvera  de  plus  que  V  IntroduÜion  au  Traité  de  la 
manière  de  cultiver  les  Jardins  potagers  ^  contenue  dans  le  Livre 

en 

(a)  Snoei  konfi  der  Ooji-boomen ,  regelmatig  onîTorpen  dooi'  den  lieerç  Goethals. 

{b)  De  JSieuwe  en  Naiiwkeurîge  ISJederlandfe  Hoxenier, 

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Vt  AVIS  D  E  L’  E  D  I  T  E  U  R.  - 

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en  queflion,  laquelle  l’Imprimeur  n’a  pu  obtenir  qu’avec  peine  v 
comme  il  le  reconnoit  dans  fà  Préface.,  n’eft  autre  chofè  que 
•  la  Préface  traduite.de  la  6.  Partie  de  Mrj  afe  la'  Qiiintinye\  que 
ia  delcription  générale  des  Légumes  eft  pareillement  tirée  de' 
cet.  Auteur 5  &  celle  de  leurs  vertus,  Dodonée y. tout  cq' 

3ui  fiiit  depuis  la  page  65  jufqu’à  la  fin ,  eft  pris  mot  pour  mot 
u  3  ,  4,  5 ,  &  7  Chapitres  de  la  même  fixrème  Partie.  En-^- 
fin  on  trouvera  que  le  fécond' Volume  du  Livre 'intitulé.  Le 
■  F  art  erre  de  Hollande  par  HenrivanOoJièn(a)^  (pourne  pas  par¬ 
ler  de  celui  qui  a  pour  titre ,  Hart  de  cultiver  les  Tulipes  ^  lès 
Oeillets  a  la  manière  des  François  ( b)',  car  cela  paroit  par  le  ti¬ 
tre  même),  eft  une  Traduêlion  de  celui  qui  a  pour  titre-, 
L  '"art  de  tailler  les  Arbres  fruitiers  ;  &  que  l’Eflài  àu  nouvel 
^Hejperides  -  de  Hollande  (c)  qui  fuit-,  &  que  j’avois  cru  fûre' 
ment  être  un  Ouvrage  nouveau ,  eft  tiré  entièrement  du  Tra- 
té  de  la  Culture  dés  Orangers de  la  Qiiintinye^  fi  l’ons 
en  excepte  les  Remarques  qui  font  au  defibus  du  texte.- 

Les  Libraires  en  queftiom  s’appercevront  aifement  par  '  ce 
petit  échantillon,  &  ne  pourront  s’empêcher  de  convenir 
que  ,  fi  quelqu’un  avoit  envie  de  publier  en  Hollandôis  tous  les 
Écrits  de  Mr.  de  la  Qiiintinye ^ ‘of\  ont  déjà  paru  avant  l’an' 
1690,  il  lui  fèroit  libre  de  le  faire  à  tous  égards;  mais  fi  en 
fiiivant  les  idées  de  cet  Ecrivain,  on  peut  fè  flatter  dans  ce 
Climat  d’un  heureux  fuccès,  je  m’én  raporte,  fur  cela  à  l’expé¬ 
rience  rhême;  Mais  ce  qu’il  y- a  de  certain,  c’èft  qu’en  fai- 
fànt  ufige  de  ces  Remarques ,  on  trouvera  que  bien  loin  d’a¬ 
voir  été  copiées  des  Auteurs  François,  elles  ont  été' faites  dans 
ce  Pais  même  fur  des  obfèrvations  particulières. . 

LET- 

(<3)  Nederlandfe  BloemUf  van  Henr.  van  Ooftèn: 

(b)  Behandâlînge  der  Tülpen  en  Angeliercn  naar  de  Franfe  wys» 

(r)  Nieum  Nederlandfc  Hefptndes, 


L  E 

A  .. 

N.  N,  ^ 

Qui fert  ^Introduction  aux  Amufemens  delà  Campagne^  mRe^ 
marques  particulières  fur  la  manière  de  conftruire  dÜ  ar¬ 

ranger  une  Maifon  de  Plaifance  avec  fes  Plantages: 

LOrfque  ....  me  donna  une  légère  idée  du  delîein  qu’il  a- 

voit  de  conftruire . .  &  me  pria  de  confidérer  que 

le  fond  fur  lequel  ils’agifloit  de  travailler,  tant  pour  fès  qualités 
que  pour  (à  fituation,  étoit  de  la  même  nature  que  les  terres 
qui  environnent  la  Ville  d’Amfterdam,  je  ne  penfbis  pas  qu’il 
feroit  d’une  auftî  vafte  étendue ,  que  je  j’ai  apris  par  le  raport 
qu’on  m’en  a  fait  depuis:  cela  change  tellement  le  prémier 
rlan,  qu’il  faut  prélèntement  faire  une  difpofition  nouvelle  & 
en  étendre  proportionnellement  toutes  les  parties. 

C’eft  un  défaut 'aftèz  général,  lorfqu’on  fait  bâtir  des  Mal- 
fons  confidérables^  ^’en  former  d’abord  les  plans  fi  refterrés, 
qu’on  .eft  obligé  cnluite  de  Jes  agrandir  a  différentes  repriiès  ; 
ce  qui  non  feulement  caulè  infiniment  plus  de  fraix.,  mais  en 
diminue  même  beaucoup  l’ornement  &  la  beauté.  Je  me  flat¬ 
te  d’avoir  remédié  à  cet  inconvénient  dans  les  Plans  ci-joints, 
où  j’ai  tâché  de  réunir  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  la  mag¬ 
nificence  &  au  bon  goût. 

On  verra  dans  le  Plan  général,  qu’on  a  pratiqué  des  Aque¬ 
ducs  qui  peuvent  porter  l’eau  de  la  grande  Rivière  par  des  con¬ 
duits 


T  TT  P  C 

X  Julr 


vm  INTRODUCT  T  O  N. 

duits  fouterrains  juiques  auprès  des  Mai/bns  &  des  Jardins  ^  ce 
qui  fournit  Foccafion  de  faire  naturellement  des  Jets-d’eau  &  des 
Cafcades  magnifiques  •  mais  comme  il  pourroit  arriver  que 
dans  des  Etés  fort  fecs  cette  Rivière  ne  fùffiroit  pas  pour  four¬ 
nir  une  jufte  quantité  d'beau',  on  y  remédiera  alors  par  les  Mou¬ 
lins  indiqués ,  lefquels  dans,  des  années  pluvieules  lerviront  auiïi: 
à  la  faire  écouler., 

11  efl:  à  remarquer  encore  que  dans  le  deflein  général  tout  eft- 
*en  petit,  excepté  les  parties  détachées,,  qui  y  font  en  grand" 
.  exaélement  mefùrées  fur  le  pié“  de,  Rhinlande.  Ainfi  Fon^ 
voit  le  terrain  avec  fos  Etangs,  fos  Canaux,  fes.Baffins  larges  & 
étroits,  fos,  Viviers  &  autres  coupures  d’eau enfoite  lès  lieux 
&  la  manière  qui  eft.  préfentement  en  ufage  de  planter  dès  Bois 
des  Parcs,  des.  Labirinthes,  dès*  allées  d’Arbres  tant  à  couronne: 
que  taillés^  les  [ardins  fruitiers  &  potagers,  les  Parterres ,  les . 
Pépinières,,  les  Théâtres,  les  Berceaux,  les  ornemens  de  Gazom 
&  de.  Buis,,  des  Haies  tondues,.  &  des  Terraffos..  Les  Bàti-- 
mens  tant  en  plau  qu’èn  élévation-,  tous  les  orne  mens  requis,, 
comme  Pavillons  Grottes,  Cafcadès  ,  J ets-d’èau.  Groupes 
grands  &  petits,.  Statues,.  Bains,  Buftes,- Vafos,^ Tentes,, Py-- 
ramides,  &c. 

Quant  au  détail  dès  Remarques  que  j’ai  faites  for  lé  Jardi¬ 
nage  dont  vous,  me  demandez,  une  Copie  ,  je.  dois  avant- 
toutes  chofos  vous  dire- que  d’abord,  elles  ont.  été  dreflees  for- 
lès  avis  &;  les.  écrits,  de  gens,  que'je  croy ois  fort  verfos^ 
dans  cette’  étude  ;/mais  ma  propre  expérience  m’a  bientôt  fait 
voir  que  la.  plupart  de  ces  Ecrivains  ;  ne  -  font,  que  -  de.  fimples 
Copiftes  ,,  nom  foulement  des  Anciens-,,  mais- même.,  de ^ 
ceux  qui,  ont  écrit  dans-  des  ,  tems  plus.voifins  du  nÔtrê(;  que 
lès  meilleurs  mêmes  fo^  contentent*  fou  vent"  de  faire  remarquer 
la  figure  des  Plantes  ,  iàns  donner  ajucune.  direction  efficace  pour 

les- 


IX 


IN  T  R  O  D  U  C  T  I  O  K 

les  cultiver,  defbrte  que  leurs  Livres  font  peu  ou  point  du 
tout  utiles  pour  ceux  qui  fouhaitent  paflèr  de  la  Ipéculation  à  la 
pratique. 

C’eft  ce  qui  m’a  engagé  à  ne  rien  noter  que  ce  dont  je  m’é- 
tois  afîùré  par  des  expériences  réitérées  ,  &  ce  font  ces  diver- 
lès  expériences  raflèmblées  qui  forment  cet  Ouvrage.  Il  ne 
s’étend  pas  à  toutes  les  Plantes ,  &  beaucoup  moins  encore  à 
toutes  leurs  diverfes  efpèces  :  cela  lèroit  une  chofe  impratica¬ 
ble  5  puisqu’une  exaéle  oblèrvation  m’a  fait  découvrir  dans  les 
Plantes  qui  viennent  de  fèmence,  des  variétés  fi  conlîdérables, 
que  leurs  elpèces  fe  multiplient  à  l’infini;  d’ailleurs  trouvant  fi 
peu  d’utilité  &  tant  de  peine  dans  une  pareille  recherche,  j’en 
laiflè  le  foin  à  ceux  qui  traitent  des  ^Simples  &  des  Grains , 
comme  une  chofè  qui  n’a  pas  Je  moindre  rapport  avec  mon 
but.  Mon  deflèin  efl:  uniquement  de  donner  ici  des  direétions 
pour  avoir  en  toute  làifon  un  Verger,  un  Potager,  un  Parter¬ 
re  garnis  des  plus  excellens  Fruits  ,  de  bons  Légumes  &  de 
belles  Fleurs  ;  &  cela  non  feulement  de  ceux  qui  croiflènt 
dans  ces  Climats  fans  le  fècours  de  l’art ,  mais  aufli  de  ceux 
qui ,  tranfportés  des  Pais  étrangers  &  chauds  dans  le  nôtre, 
peuvent  par  artifice  y  être  cultivés ,  y  croître  &  y  meurir  tout 
comme  les  Plantes  du  Païs  même. 

J’avois  dabord  divife  ces  Remarques  en  deux  Parties  ,  dont  la 
prémière  traitoit  des  Arbres,  &  l’autre  de  la  manière  de  pré- 
maturer  les  fruits;  enfiiite  venoit  la  culture  des  Légumes. 
Mais  depuis  que  vous  m’avez;  fait  l’honneur  de  me  confiilter  for 
l’arrangement  de  votre  Maifon  de  Plaifance  &  for  vos  Jardins, 
je  me  fois  attaché  à  confidérer  tout  ce  qui  doit  compofèr  une 
telle  Maifon  ,  tant  -ce  qui  regarde  la  conftruétion  du  Bâtiment, 
k  charpente ,  la  maçonnerie  ,  les  matériaux,  &c,  (à  l’égard 
defquels  on  doit  obferyer  for  toutes  ehofès  de  ne  pas  employer 


X  INTRODUCTION. 

du  bois  coupé  dans  le  fort  de  &  poufîè  ,  mais  quand  la  fève  en 
eft  arrêtée),  que  le  moyen  de  rembellir  par  diverfès  perfpeéti- 
ves  &  plufieurs  autres  ornemens. 

C’eft  ce  qui  m’a  obligé  de  donner  beaucoup  d’étendue  à  mes 
Remarques ,  &  de  faire  un  changement  dans  la  difpofition  que 
j’en  avois  faite  d’abord  en  deux  Parties,  que  j’ai  divilees  depuis 
chacune  en  divers  Livres  &  Chapitres ,  comme  on  le  verra  ci- 
après. 

Dans  le  corps  de  l’Ouvrage  on  trouvera  des  choies  bien  lur- 
prenantes,  que  j’ai  jugées  être  obligé  d’indiquer  pourréuffir 
dans  la  culture  en  général;  auffi  je  ne  doute  pas  qu’on  ne  dé¬ 
couvre  bientôt  par  la  nouvelle  méthode  dont  je  me  lèrs,  queje 
n’ai  point  fait  ulage  de  ce  que  d’autres  ont  écrit  avant  moi  ;  & 
pour  que  l’on  ne  m’accule  pas  de  préemption  (défaut  fi  ordi¬ 
naire  à  la  plupart  des  Jardiniers),  j’avoue  naturellement  mon 
ignorance  fiir  une  infinité  de  chofes ,  &  principalement  lîir  les 
caufes  qui  les  font  naître,  dans  lelquellesje  trouve  feu  vent  des 
difficultés  infurmontables.  Par  exemple: 

Comment  il  eft  polTible  que  des  matières  auffi  déliées  &  auffi 
fluides  que  l’eau  &  les  particules  aériennes,  puillent  s’unir  fi  é- 
troitement ,  qu’elles  lè  transforment  en  toutes  Ibrtes  de  corps 
les  plus  Iblides ,  &  aquièrent  des  propriétés  entièrement  difle- 
rentes  de  celles  qu’elles  avoieht  auparavant,  comme  cela  le 
voit  dans  les  Métaux,  les  Minéraux,  les  Bois,  les  Plantes^  les 
Animaux,  &  en  général  dans  tout  ce  qui  a  vie. 

Comment  il  eft  poffible  que  des  Arbres,,  dont  la  crue,  la 
fubfiftance,  &  la  conlervation  dépendent  de  ces  lîibftances 
fluides ,  puilîènt  les  recevoir  lîir  des  Montagnes  arides  &  lùr 
des  Rochers  où  à  peine  on  trouve  de  la  terre. 

Comment  il  le  peut  que  plufieurs  Plantes  fituées  dans  ces 
lieux  auffi  lecs  qu’élevés ,  produilènt  des  fruits  très  rafraichil^ 

làns 


Xï 


INTRODUCTION. 

fins  &  remplis  de  jus;  tandis  qu’au  contraire  la  plupart  des 
Plantes  aquatiques,  même  celles  dont  les  racines  font  au  fond 
de  l’eau ,  Ibient  échaufantes. 

D’  où  vient  que  divers  fruits  font  plus  fies  &  ont  plus  dégoût 
dans  des  années  humides  &  pluvieufis ,  que  dans  celles  où  le 
tems  a  été  beaucoup  moins  pluvieux  &  beaucoup  plus  chaud  ; 
que  même  dans  des  années  extrêmement  chaudes  &  très  peu 
pluvieufes  5  certaines  Plantes  fe  pourrilîènt  par  une  humidité 
qu’elles  reçoivent  hors  de  terre. 

Par  quelle  railbn  il  Ce  fait  que  des  grains  de  fimence  d’une 
même  Plante  en  produifènt  des  elpèces  toutes  differentes;  & 
que,  Ibit  en  leslemant,  fbit  en  les  tranlplantant ,  &c.  il  faille 
le  fèrvir  à  leur  égard  de  differentes  méthodes. 

Pourquoi  un  infinité  de  Plantes  femées  d’elles  -  mêmes  fins 
aucun  fecours  humain  viennent  mieux ,  que  lorfqu’on  les  feme 
&  qu’on  les  cultive  avec  tout  le  foin  imaginable. 

Quelle  eft  la  caulè  de  la  grande  diverfité  qui  fè  trouve  entre 
les  fiveurs ,  les  couleurs ,  &  les  vertus  des  Plantes  &  des  au¬ 
tres  corps. 

Comment  il  arrive  que  des  Plants,  qui  ont  été  fèmés,  plan¬ 
tés,  ou  qui  viennent  de  Bouture,  &  cela  dans  le  même  tems, 
fous  le  même  Climat  &  dans  le  même  terroir;  qui  de  plus,  à 
mefùre  qu’ils  pouffent,  font  expofes  au  même  air,  à  la  même 
pluie ,  neige ,  grêle ,  rofee  ,  fbleil ,  vent  &  aux  mêmes  fri- 
mats;  &c.  comment,  dis-je,  il  arrive  que  de  pareils  Plants 
different  fi  fort  les  uns  des  autres  lorfqu’ils  croifîènt;  car  les 
Pêches,  les  Prunes,  les  Raifins,  les  Cerifis,  les  Grozeilles 
donnent,  fous  une  peau  mince  &  fine,  une  chair  pleine  d’un 
fùc  délicieux  &  agréable ,  tandis  que  les  Pommes  de  Pin,  les 
Chateignes^  les  Noix,  les  Amendes,  &c.  plantées  jdans  leurs 
voifinage,  produifènt  fous  une  écorce  dure,  lèche,  aftringen- 


XII 


INTRODUCTION. 

te,  &  qui  n’eft  bonne  à  rien,  des  fruits  extrêmement  lecs. 

D’où  vient  que  de  gros  troncs  ou  de  grofîès  branches  d’ Ar¬ 
bres  changent  leurs  propriétés  naturelles ,  en  prenant  celles  d’u¬ 
ne  petite  branche ,  ou,  ce  qui  eft  encore  plus  étonnant,  d’une 
petite  écorce,  où  il  y  a  un  petit  œil  ou  bouton  ligneux, 
comme  cela  fe  voit  dans  les  Grefes  en  fente,  en  écuflbn,  ou  à 
œil  dormant  &  en  aproche.  Et ,  ce  qu’il  y  a  encore  de  plus  re¬ 
marquable  fùr  ce  lujet ,  c’eft  que  fbuvent  ce  ne  font  pas  fouler 
ment  les  branches  qui  changent  ainfi  leur  nature,  mais  même 
les  racines,  enforte  que  le  Sauvageon  fo  dépouille  de  fos  vieil¬ 
les  racines  &  prend  à  mefore  qu’il  pouflè  celles  des  Entes  mê*^ 
mes  ou  des  Grefes.  De  plus,  fi  l’Abre  avant  que  d’être  enté 
a  beaucoup  de  racines ,  &  que  l’Ente  dont  on  s’efl:  fèrvi  en  > 
ait  naturefiement  peu,  l’Arbre  en  aura  peu  auffi;  &  par  la 
raifon  du  contraire ,  l’Arbre  en  aura  beaucoup ,  fi  la  nature  de 
l’Ente  efl  d’en  avoir  plus  que  l’Arbre  même.  Cependant  cela 
n’eft:  pas  univerfellement  vrai ,  puifqu’il  arrive  quelquefois  que  : 
l’Ente  fo^  conforme  à  l’Arbre  fùr  lequel  on  l’a  grefée ,  - 
&  qu’elle  en  prend  toutes  les  propriétés ,  comme  on  le  pourra 
voir  dans  le  Chapitre  qui  traite  de  la  manière  d’enter. 

On  voit  encore  que  certains  Arbres ,  làns  être  entés  ni 
grefés,  changent  fi  fort  dénaturé,  que  celui  qui  produifoit  d’a^ 
bord  des  Pommes,  donne  enfoite  des  Poires  ;  ou  bien  que  ce¬ 
lui  qui  produifoit  prémierement  des  Poires,  donne  après  cela 
des  Pommes;  ou  bien  encore  des  Pommes  &  des  Poires  dans 
un  foui  &  même  fruit;  de-  manière  qu’on  peut  diftinguer  à  la 
vue,  à  l’odeur  &  au  goût,  les  propriétés  de  ces  deux  fruits 
dans  un  foui,  comme  il  paroit  par  le  Cédrat  Hermaphrodite  , 
ou  dans  le  Citron  &  l’Orange  qu’on  nomme  Biforré,  ce  qui 
efocaufë  pour  l’ordinaire  par  la  taille  de  leur  bois  plus  ou  moins 
vigoureux  ;  ‘  car  le  plus  vigoureux  produira  le  plus  fouvent  des 

Oran* 


xin 


I  N  T  R  O  D  UCT  I  O  N. 

Oranges ,  &  celui  qui  l’eft  moins ,  produira  des  Citrons.  On 
peut  auffi  augmenter'  la  force  du  bois  de  ces  Arbres ,  par  la 
taille,  pourvu  qu’on  ait  foin  d’en  retrancher  les  jets  languiiîàns 
&  mal -nourris  5  comme  on  peut  la*  diminuer  en  retranchant 
les  jets  les  plus  vigoureux  &  en  laiflànt  les  plus  foibles.  ‘ 

Enfin  j’ai  obfèrvé,  dans  l’étude  que  j’ai  faite  du  Jardinage,  une 
infinité  d’autres  choies  fingulières,  les  unes  comme  je  l’a  vois  pré¬ 
vu,  les  autres  contre  mon  attente,  dont  je  n’ai  puconnoître  ni 
les  caulès  ni  les  effets ,  quoique  j’aie  confîilté  louve  nt  ceux 
qui  le  font  rendus  fameux  par  la  defoription  des  Plantes,  comme 
Malpighi ,  Grew  ,  &  autres  :  ils  nous  apprennent  bien  : 

Que  toutes  fortes  de  Plantes  &  d’ Arbres  font  d’une  ftruftu- 
re  organilee ,  ayant  des  elpèces  de  Poumons  &  des  branches 
pour  attirer  &  expulfer  les  parties  aériennes  néceffàires  à  la  vie  ;  ils 
ajoutent  encore  que  les  Plantes  ont,  auffi 'bien  que  les  Ani¬ 
maux,  des  Veines,  des  Nerfs,  des  Mufoles,  de  la  Chair,  de  la 
Moelle,  des  Os,  &c.  (^). 

Que  la  fomence  diverlèment  formée ,  à  meliire  qu’elle  germe , 
fe  trouve  intérieurement  dans  de  certains  fruits  &  extérieure* 
ment  dans  d’autres. 

Que  les  fomences  revêtues  de  diverfos  écorces ,  >  quelques-u¬ 
nes  d’une,  de  deux,  .de  trois,  de  quatre,,  de  cinq,-  defix,  étant 
gonflées  par  les  focs ,  lé  leparent  enfoite ,  lorlque  les  focs  ayant 
pénétré  julqu’à  la  prémière  écorce  intérieure,  commencent 
pour  lors  à  fe  purifier'  &  à  fermenter 'dans  les  pores  de  la  fo- 
conde  écorce,  .où  ils  produifont  deux  petits  rejettons,*  dont  l’un 
part  de  la  racine,  l’autre  de  la  tige,  ayant  chacun  des  veines  & 
des  fibres,  &c.;  que  de  plus  ces  deux  rejettons  deviennent 
l’un  racine  &  l’autre  tronc,  &  font  comppfos  l’un  &  l’autre  de 

par- 

(û)  Malpighi,  Anatomie  des  Plantes,  Grew,  Anatomie  des  Plantes,  Chap.2.  &3. 

3 


XIV  INTRODUCTION. 

parties  charnues  5  moelleufès,  ligneufès,  avec  leurs  parties  inter- 
.médiaires,  lefquelles  diffèrent  des  parties  charnues  en  largeur  , 
&  font  pourvues  de  veines  &  de  fibres.  Que  les  Pores  des 
parties  intermédiaires  dans  les  racines  fè  trouvent  le  plus  fou- 
vent  en  largeur,  quelquefois  cependant  en  longueur;  au-lieu 
que  les  Pores  du  bois  ne  fe  remarquent  jamais  en  largeur;  mais 
•toujours  en  longueur  perpendiculairement.  Que  chaque  par¬ 
tie  opère  félon  fes  propriétés  particulières ,  en  recevant  les  fiics, 
en  les  faifànt  fermenter,  en  les  filtrant ,  en  les  fëparant  &  en 
les  difperfànt ,  félon  leur  nature ,  dans  les  pores  dont  nous 
venons  de  donner  la  defcription  (^). 

Ils  rendent  raifon  pourquoi  les  racines  croifîént  vers  le  bas , 
,&  deviennent  tortues  par  la  dureté  de  la  terre  :  ils  font  voir 
pourquoi  le  tronc  pouflé  en  en-haut ,  &  jette  des  branches  par  les 
côtés,  &  de  quelle  manière  il  grofîit  &  s’alonge  à  mefîire  qu’il 
croît  ;  pourquoi  certains  Arbres  poufîént  des  racines  hors  du 
tronc  même ,  par  defïïis  la  terre ,  &  d’où  viennent  leurs  vril¬ 
les  (b). 

Us  font  voir  que  les  branches  croifîént  avec  des  nœuds 
&  des  excrefcences  ,  de  petits  piquans  ,  des  poils  ,  &c.  ; 
qu’outre  l’ufàge  de  la  Moelle,  du  Bois  ,  qui.confifte  à  con- 
férver.  la  fève  &  les  fiics  de  la  Plante ,  &  à  les  répandre  dans 
toutes  fés  parties,  la  cavité  où  elle  eft  renfermée  lui  donne  auffi 
plus  de  force  (c). 

■  Ils  font  la^  defcription  de  la  figure  des  feuilles  ;  ils  font  voir 
qu’une  féule  &  même  Plante  en  produit  de  différentes  fortes; 
pourquoi  les  unes  font  plattes,  les  autres  unies  tout  autour, 

quel- 

(a)  Malpighi,  àe  la  Végétation  des  Semences.  Grew,  jfnatomîe  des  Plantes. 
,Chap  I.  &  7. 

(b)  Malpighi,  de  la  racine  des  Plantes.  Grew,  Jnatomie  des  Plantes.  Chap.  2. 

(f)  Grew,  Anatomie  des  Plantes.  Chap.  4. 


XV 


INTRODUCTION. 

quelques-unes  dentelées ,  &  d’autres  plus  ou  moins  crénelées 
dans  leur  contour  (a). 

Il  font  pareillement  une  defcription  des  fleurs,  &  difènt 
qu’elles  font  compofees  d’envelopes,  de  feuilles,  d’un  cœur  ^ 
&c.  avec  leurs  étamines,  leur  piftile,  &  des  poils  tant  intérieurs 
qu’extérieurs;  ils  parlent  aufli  de  la  différence  qu’il  y  a  entre  elles, 
&  de  leurs  diverfes  couleurs  (/?). 

De  plus  ils  donnent  l’anatomie  de  plufieurs  fortes  de  fruits , 
&  en  indiquent  les  ufoges,  de  même  que  la  raifon  pourquoi 
les  fruits  font  meilleurs  à  manger  que  les  autres  parties  des 
Plantes:  ils  font  voir  aufli  pourquoi  les  fruits  croiflent  ronds, 
&  pourquoi  les  plus  ronds  ont  aufli  le  plus  de  goût  (c). 

Ils  indiquent  lacaufo  d’un  grand  nombre  de  particularités 
dans  les  Arbres,  dans  les  Plantes,  &  autres  Végétaux;  celle 
des  maladies  auxquelles  ils  font  fîijets,  comme  aufli  celle  des 
Infoétes  qu’elles  renferment ,  ou  qu’on  trouve  for  elles  &  au¬ 
tour  d’elles. 

Cependant  Malpighi  &  Grew  n’ont  pas  poufle  leurs  décou¬ 
vertes  par  le  focours  de  leurs  microfoopes  allez  loin,  pour  voir 
dans  les  femences ,  des  Arbres  parfaits  chargés  de  fruits  ;  non 
plus  que  l’ingénieux  Leeuwenhoek,  qui  ayant  écrit  après  ces 
Grands  -  hommes ,  prétend  avoir  perfeéÜonné  ces  verres  au 
point  d’avoir  pu  faire  cette  découverte  &  d’autres  encore;  mais 
laiflànt  à  d’autres  à  faire  cette  recherche,  je  dois  me  contenter 
d’avouer  à  mon  grand  regret,  que  je  n’ai  pu  encore  parvenir  par 
cette  anatomie  à  prévenir,  en  cultivant  les  Plantes,  les  maladies 
qui  les  font  languir,  &  que  je  n’ai  rien  trouvé  qui  pût  les  déli¬ 
vrer  des  Infeétes  qui  leur  cauient  du  dommage. 

Par 

{a)  Grew ,  Jnatomie  des  Plantes.  Chap.  4.  i 

{b)  Grew,  ibîd. 

(c)  Le  même,  Chap.  6. 


XVI 


1  N  T  R  O  D  U  C  T  I  O  N. 

Par  confëquent  ces  Curieux  me  parqiflènt  être  Inventeurs  de 
nouveautés  qui  ne  font  bonnes  que  dans  la  fpéculation;  puiP 
que  les  Anciens  ont  écrit  d’une  manière  beaucoup  plus  fimple, 
plus  inftruftive  &  plus  -  utile.  Mais  il  leroit  à  fbuhaiter  que 
dans  les  monumens  qu’ils  nous  en  ont  laifîes,  .ils  eufîènt  décrit 
Jes  Plantes  &la  manière  de  les  cultiver  avec  plus  d’étendue;  car 
quoiqu’une  infinité  de  leurs  noms  fbient  devenus  aujourdhui 
inconnus  par  le  tems,  cela  nous  donneroit  beaucoup  de  lumiè¬ 
re,  &  même  nous  aurions  pu  en  avoir  encore  plus  fi  l’Impri¬ 
merie  &  la  gravure  avoient  été  connues  dans  ces  tems-là  ;  mais 
cela  n’ayant  pas  été  connu,  nous  ne  fbmmes  pas  feulement  pri¬ 
vés  des  defîèins  de  -fîiperbes  Jardins  &  de  Maifbns  étrangères 
avec  leurs  ornemens,  mais  nous  fbmmes  obligés  de  nous  fervir 
de  copies  très  défeftueufès  de  ces  Auteurs ,  dans  lefquelles 
on  trouve  vifiblement  des  fautes,  tant  à  l’égard  du  fèns 
qu’à  l’égard  de  l’ortographe  ;  fans  compter  encore  que  le^tems 
qui  ruine  tout,  nous  a  enlevé  plufieurs  Ecrits  auffi  inflruftifs 
qu’utiles.  Je  remarque  cependant  qu’on  auroit  tort  de  croire 
que  le  tout , a  été  mal  copié ,  &  plus  encore, de  condamner  les 
Auteurs  anciens,  lorfqu’ilsrue  s’accordent  pas  avec  nous  dans  la 
fpéculation  ou  dans -la  pratique,  tant  à  l’égard  des  [fonds,  de  la 
manière  de  Jes  travailler  &  de  les  amender,  qu’à  l’égard  des 
propriétés  du  fumier,  &e.dela  culture  des  Plantes,  comme  fèmer, 
planter ,  arrofer ,  tailler,,  &  ce  qu’elles  requièrent  de  plus.  On 
ne  doit  pas  non  plus  les  condamner  avant  qu’on  ait  une  parfaite 
connoifiance  de  leurs  climats.,  de  leurs  fonds ,  des  alimens  dont 
le  nourrifibient  les  Animaux  qui  leur  fournifîbient  du  fumier, 
du  mélange  de  ce, dernier,  de  même  que  de  leurs  Plantes  &  de 
plufieurs  autres  diverfès  circonftances  rélativement  aux  nôtres  ; 
car  il  faut  être  bien  attentifà  cet  égard  ,  &  faire  plufieurs  çhan- 
gemens  dans  l’exécution. 


XVIX 


I  N  T  R  O  D  U  C  T  I  O  N. 

Ainfi  on  auroit  tort  de  les  blâmer  de  ce  que  pour  mieux  fai¬ 
re  croître  certains  Arbres ,  ils  les  plantent  fur  de  hautes  Mon¬ 
tagnes,  ou  dans  des  endroits  voifinsde  la  Mer,  quoique  nous 
ne  réufïïffions  jamais  en  les  plantant  dans  de  pareils  lieux;  car 
lorfqu’on  fait  attention  à  l’extrême  différence  qu’il  y  a  entre 
leur  Climat  &  le  nôtre,  à  la  nature  de  leurs  fonds  de  terres 
&  que  leurs  vents  de  Mer  (qui  nuifènt  fi  fort  chez  nous  aux 
Plantes ,  lorfqu’êlles  n’en  font  pas  à  l’abri)  font  beaucoup  moins 
nuifibles;  &  que  même  on  voit  aujourdhui  dans  de  certains  Païs 
des  Arbres  plantés  près  de  la  Mer  croître  d’une  manière  fort  vi- 
goureufe:  alors  on  fera  obligé  de  conclurre,  que  toutes  ces  di- 
verfités  viennent  de  nos  Climats ,  &  que  dans  les  effets  de  la 
Nature  il  y  a  des  profondeurs  que  nous  ne  fàurions  pénétrer. 
On  verra  pareillement  qu’on  ne  peut  aquérir  la  connoiflance  de 
ce  qu’il  faut  faire  ou  laifîer,  que  par  des  obfervations  exaâes  for 
les  mccès  de  nos  entreprifes. 

On  ne  doit  pas  regarder  non  plus  comme  une  chofe  impolTible 
que  dans  le  fumier  d’une  même  efpèce  d’Animaux  il  y  ait  des 
propriétés  fingulières  de  communiquer  plus  ou  moins  de  cha¬ 
leur;  d’où  il  foit  par  confèquent  qu’il  faut  fe  fervir  de  differentes 
méthodes  pour  le  mêler  &  le  .rendre  utile:  cela  peut  être  caufe 
par  le  genre  de  vie  de  ces  Animaux,  &  for-tout  par  leurs  ali- 
mens  :  c’efl:  ainfi  qu’on  voit  une  grande  différence  dans  les  ef¬ 
fets  dufomier  de  Cheval,  celui  des  Chevaux  entiers  ou  des 
Jumens  fera  même  plus  fort  &  plus  chaud ,  à  proportion  que 
ces  Animaux  auront  beaucoup  travaillé  ou  bien  qu’ils  auront  é- 
té  dans  l’inaftion  après  avoir  mangé  beaucoup  de  fèves  ou 
d’avoine;  car  il  fera  moins  fort  &  moins  chaud  lorfqu’ils  auront 
mangé  fimplement  du  Foin  &  de  la  paille ,  ou  bien  lorfqu’ils 
auront  mangé  dans  une  crèche  mouillée,  du  fon,  &  de  la 
mauvaife  farine  détrempée  dans  beaucoup  d’eau.  Cela  dépend 

auffi 


XVIÎI 


INTRODUCTION. 


auOTide  l’état  où  il  eft,  loriqu’on  s’en  fèrt,  frais  ou  pourri, 
mêlé  avec  plus  ou  moins  de  paille.  C’eft  ainfi  que  le  fumier, 
de  Cochon  qui  eft  fi  chaud  lelon  Théophrafte,  peut  avoir  eu 
ces  propriétés ,  caufees  par  les  alimens  dont  on  les  nourilîoit 
dans  fbn  Païs  ;  quoique  celui  des  Cochons  qu’on  nourrit  chez 
nous  dans  les  étables,  de  petit  lait  &  de  farine  détrempée,  ne 
rechaufe  pas  du  tout. 

Quoique  notre  Climat  diffère  beaucoup  du  leur,  ce  Païs  é- 
tant  fùjet  à  des  hivers  fort  rudes  &  à  de  fortes  gelées,  &  n’y 
ayant  guère  ou  point  d’Etés  où  le  tems  foit  fixe;  nos  fonds  é- 
tant  auffi  plus  unis,  plus  légers  &  plus  faciles  à  remuer,  que 
leurs  fonds  de  montagnes,  de  vallées,  &  autres;  je  ne  laifîè 
pas  de  trouver  qu’ils  employeur  dans  la  culture  des  Plantes  plu- 
fourschofes  femblables  ànosufàges,  &  qui  peuvent  aulTi  ê- 
tre  fort  utiles  dans  ce  Païs. 

C’efl:  ainfi  qu’ordinairement  un  tems  tempéré  en  hiver  ao 
compagné  de  beaucoup  de  neige ,  étoit  chez  les  Anciens  un 
fignè  d’une  Saifbn  fertile.  Pareillement  des  vents  de  Nord  en 
Eté ,  quoique  froids ,  &  des  pluies  froides  purifioient  da¬ 
vantage  chez  eux  ,  l’air,  préparoient  mieux  les  fonds  de 
terre  pour  rafraîchir  les  Hommes ,  les  Bêtes  &  les-  Plantes , 
que  les  petits  vents  de  Midi  accompagnés  de  petites  pluies 
chaudes  qui  corrompoient  l’air  par  leur  chaleur  étouffan¬ 
te,  le  rendant  ainfi  très  nuifible  ,  fbuvent  même  mortel  aux 
Hommes ,  aux  Bêtes  &  aux  Plantes.  If  en  eft  de  même 
chez  nous.  Cela  n’empêche  pourtant  pas  que  des  gelées 
extrêmement  fortes  &  hors  de  faifon  ,  des  vents  de  Nord 
violens  &  froids  ,  des  pluies  pareilles ,  de  la‘  neige  hors  de 
fàifbn ,  de  la  grele,  &c.  ne  puiflènt  être  très  pernicieux  & 
mortels.  '  - 

Les  Anciens  trouvoient  que  les  pluies  qui  tombent  la  nuit 

en 


en  Eté  étoient  beaucoup  plus  propres  à  faire  croître,  à  caufè 
de  leur  fraîcheur,  &  fîir-tout  lorlqu’elles  n’étoient  pasfùivies 
d’une  chaleur  lîibite  &  étouffante,  comme  il  arrive  en  Eté  a- 
près  les  pluies  qui  tombent  pendant  le  jour.  Ils  n’approuvoient 
pas  non  plus  qu’on  fè  fèrvît  d’eau  tiède  pour  arrofèr  les  Plantes. 
Je  trouve  aum  que  l’eau  tiède  eft  extrêmement  nuifible ,  mê¬ 
me  dans  l’Hiver,  &  qu’un  air  qui  devient  fiibitement  chaud  a- 
près  la  pluie ,  eft  contraire  à  toutes  les  Plantes  &  à  leurs  fruits , 
excepté  à  l’herbe  feule,  parce  que  les  petites  pluies  chaudes 
les  font  moifir  &  pourrir.  Ceci  paroitra  fans  doute  à  tout  le 
monde  un  paradoxe,  puifque  c’eft  une  chofe.  abfblument  con¬ 
traire  à  tout  ce  que  les  Ecrivains  de  notre  Siècle  &  du  précé¬ 
dent  en  ont  écrit,  établifîant  de  la  manière  la  plus  exprefîè,  & 
recommandant  qu’en  tout  tems,  il  faut  arrofèr  avec  de  l’eau  ■ 
tiède ,  pendant  l’Eté  rechaufée  par  le  Soleil ,  &  pendant  l’Hi  • 
ver  par  le  moyen  du  feu  ;  ajoutant  que  des  pluies  chaudes  ou 
tièdes  Ibnt  d’autant  meilleures,  qu’elles  font  propres  à  faire 
croître;  mais  j’en  appelle  à  l’examen  &  à  l’expérience ,  auxquels 
ces  Ecrivains  modernes  ne  doivent  avoir  fait  aucune  attention , 
puifqu’ils  ont  enfèigné  des  chofes  fi  contraires  à  la  vérité.  Ils 
débitent  qu’il  ne  faut  jamais  cultiver  des  fonds  de  terre  fîtués 
dans  un  Climat  mal-fiin,  ou  ftériles  par  eux-mêmes;  mais 
qu’il  faut  s’en  défaire,  les  vendre  ou  les  abandonner,  fi  on  les 
poffède  par  héritage.  La  même  chofè  doit  être  pratiquée  chez 
nous ,  puifque  de  pareils  fonds  ne  promettent  jamais  rien  de  bon  ; 
au  contraire  un  fonds  qui  eft  naturellement  fertile  le  devien¬ 
dra  encore  davantage ,  s’il  eft  frais  &  fi  pendant  quelques  an¬ 
nées  il  a  été  en  friche. 

C’eft  aufti  une  chofè  inconteftable ,  &  non  moins  nécefîai- 
re  chez  nous  que  chez  les  Anciens  ,  de  planter  &  de  fèmer  dans 
une  terre  légère;  cependant  il  faut  fe  régler  à  cet  égard  fur  la 


XX 


INTRODUCTION. 

nature  des  fonds  &  fîir  les  Saifbns.  .C’efl:  ainfi  que  la  terre  de 
nos  Jardins  potagers  efl:  très  légère,  poreufe,  &  divifîble  dans 
fès  parties,  par  le  long  ufage  qu’on  en  a  fait,  &  par  un  mélan¬ 
ge  perpétuel  de  fumier  (comme  auffi  les  terres  grafles,  préparées 
outre  celaayec  du  (àble).  Mais  on  fe  tromperoit  fort, fi  on  vou- 
loit  remuer  cette  terre  pour  la  deuxième  ou  troifième  produftion 
pendant  le  même  Eté,  lorfque  par  le  défaut  de  pluie  requifè  & 
nécefiàire  elle  lèroit  devenue  dure ,  entièrement  réduite  en  pouf 
fière,  parce  que  la  fèmence,  ou  ce  qu’on  y  auroit  planté  ne  re¬ 
cevant  point  d’alimens  à  caufe  de  la  (echereflè  &  de  la  légèreté 
de  la  terre,  ne  pourroit  pas  pouflèr  des  racines,  ni  croître; 
par  confequent  on  ne  doit  point  remuer  la  terre  pendant  la  fe- 
chereflè ,  ni  y  faire  d’autre  labour  que  de  la  nettoyer  avec  la 
main  ou  avec  le  farcloir,  enfiiite  y  femer  ou  y  planter;  après 
quoi  on  aura  foin  de  bien  mêler  la  lèmence  avec  la  terre  par  le 
moyen  d’un  rateau  à  larges  dents.  On  doit  pourtant  prendre 
garde  de  ne  pas  faire  ce  labour  d’Eté  chez  nous  à  l’égard  des 
terres  légères,  où  l’on  a  planté  des  Arbres  ou  des  Vignes, 
parce  que  cela  les  deflecheroit  trop ,  &  que  les  rayons  du  So-_ 
leil  &  la  pluie  peuvent  fuffifimment  y  pénétrer  fins  qu’dn  les 
remue. 

Ils  proportionnoient  la  quantité,  la  qualité,  au  (Ti  bien  que  le 
mélange  du  fumier,  à  la  nature  des  fonds  &  aux  propriétés  des 
Plantes ,  fe  (èrvant  pour  cela  de  fumier  plus  ou  moins  chaud , 
de  plus  ou  de  moins  de  parties  nitreufès ,  huileufès,  &  de  pourri¬ 
ture.  Ils  vouloient  qu’on  fè  fervît  de  beaucoup  de  fumier  pour 
les  herbes  &  pour  les  terres  enfèmencées,  &  point  pour  celles  qui  é- 
toient  plantées  de  jeunes  Arbres.  C’efl  ce  que  j’approuve  pareille¬ 
ment  ;  cela  ne  dit  pas  cependant  qu’on  ne  puiflè  trop  fumer  les  Po¬ 
tagers  &  les  labourages,  &  que  les  Arbres  fruitiers  n’en  aient  ja¬ 
mais  befbin;  quoique  plufieursde  nos  Ecrivains  modernes  s’oppo- 

lent 


XXI 


I  N  T  R  O  DUC  T  I  O  N. 

fèiU  à  cette  dernière  chofè,  difantquele  fumier  eft  toujours  nuifi- 
ble  aux  Arbres,  &  qu’il  fait  perdre. le  bon  goût  aux  fruits. 
Théophrafte  &  Columelle  penfènt  bien  autrement  ;  car  le  prémier 
(a)  auîire  que  le  fumier  de  Cochon  donne  un  goût  plus  fin 
aux  pommes  de  Grenade,  &  rend  les  Amandes  amères,  douces 
&  meilleures  :  pendant  que  Fautre  nous  apprend  (b)  que  de  Fu- 
rine  vieille  de  fix  mois,  mêlée  a^ec  de  la  lie  d’huile  &  emplo¬ 
yée  en  guifè  de  fumier  ,  ne  fait  pas  feulement  poufîèr  les  Ar¬ 
bres  avec  plus  de  vigueur,  mais  qu’elle  rend  même  le  Vin  & 
les  Pommes  beaucoup  meilleures  &  plus  agréables;  ce  que  je 
n’ai  garde  de  leur  contefter,  puifque  dans  ce  Païs  mêrne,  les 
Afpergés  &  les  Melons  èn  fournifîent  des  preuves  évidentes , 
étant  de  toutes  les  Plantes  celles  qui  demandent  le  plus  de  fu¬ 
mier  :  or  fi  le  fumier  rendoit  les  chofes  plus  infipides ,  de  tous  les 
fruits  il  n’y  en  auroit  point  qui  s’en  reflèntiroit  davantage  que 
ceux-ci  &  plufieurs  autres  à  queue  molle ,  qui  ont  dés  pores  fort 
larges  &  qui  croifîènt  fur  le  fumier  même;  mais  cela-n’étant 
pas ,  il  n’y  a  guère  d’apparence  que  les  fruits  des  Arbres  puif 
fent  perdre  de  leur  goût  par  le  fumier.  Je  n’ignore  pas  cepen¬ 
dant  que  le  fumier  eft  nuifible  aux  petites  racines  glutineufes  & 
germantes  des  Arbres  nouvellement  plantés,  à  caufe  du  Salpê¬ 
tre  mordant  &  des  parties  acides,  huileufès,  groffières  &  gluan¬ 
tes,  qu’il  contient  :  je  n’ignore  pas  non  plus  que  les  vieux  Ar¬ 
bres  fruitiers  dont  les  racines  font  plus  fèches,  plus  dures  & 
plus  ligneufès,.  ont  (buvent  befbin  de  fumier  par  lequel  ils  re¬ 
çoivent  aulTi  quelquefois  une  vigueur  nouvélle;  car  des  Ar¬ 
bres  dont  on  recueille'  annuellement  des  fruits  ^  qu’on  em¬ 
pêche  de  poufîèr  des  feuilles, comnie' il  arrivé  dans  les  Vergers 

'  /  ‘  ,  où 

De  la  caufe  des  Plantes.  Liv.  III.  Chap.  12.  ,  ^ 

(b)  De  la  Vie  champêtre.  Livre.  IL  Chap.  15.  *b  / 

3 


XXII  INTRODUCTION. 

où  qn  lailîe  croître  rherbe^où  on  la  fauche  pour  l’emporter  jen^ 
fuite  ;  ces  Arbres ,  dis-je ,  deviennent  fi  languiflàns ,  que  la  pluie 
ne  fàuroit  fuffire  à  les  nourrir  ;  par  confequent  il  eft  nécefîaire 
de  leur  communiquer  par  le  fumier  d’autres  parties  nourrilîantes  : 
du  refte  ils  indiqueront  aflè^: d’eux- mêmes,  après  avoir  pouflë 
vigoureulement  pendant  quelques  années  dans  une  bonne  ter^ 
re  5  Ibit  en  failant  du  bois  peu  vigoureux ,  fbit  en  perdant 
leurs  feuilles  qui  jaunifîent  avant  la  fàifbn ,  quand  ils  auront  be- 
fbin  de  fumier  ;  les  fruits  devenant  auffi  pour  lors  plus  petits  & 
plus  infipides,  tandis  que  ceux  à  noyaux  le  fendent  &  deviem 
nent  pierreux  &  âpres. 

Tous  les  Ecrivains  Anciens  &  Modernes  (à  l’exception  d’un 
petit  nombre)  recommandent  d’avoir  égard  au  cours  de  la  Lu*^ 
ne  rélativement  aux  Plantes,  &de  fè  régler  là-defîùs,  lorfqu’on 
fème,  qu’on  plante,  qu’on  grefe,  ou  qu’on  taille,  &c.  Quant 
à  moi,  je  puis  afîïirer  que  je  n’ai  jamais  trouvé  la  moindre  dif 
férence  à  l’égard  de  ce  que  j’ai  femé  ou  planté,  fbit  pendant  le 
croifîant  ou  pendant  le  déclin  de  la  Lune;  il  efi  vrai  que  pen¬ 
dant  le  croifîant  de  la  Lune  les  Melons  fb  nouent  fbuvent,  & 
qu’ils  coulent  pendant  fbn  déclin,  mais  j’ai  fait  plus  d’une  fois 
l’expérience  du  contraire,  &  j’ai  vu  qu’ils  fè  nouoient  peupem 
dant  le  croifîant  &  beaucoup  pendant  le  déclin  de  la  Lune. 

-  Vous  trouverez  ce  que  je  penfe  des  vertus  analogues  ,&  op^ 
pofèes  des  Plantes  dans  l’endroit  où  je  traite  amplement  de  la 
crûe  des  Arbres  &  de  la  manière  de  les  cultiver. 

Je  dois  vous  dire  auffi  que  ne  prétendant  nullement  faire  paf 
fer  mes  remarques  pour  inconteftables ,  je  les  fbumets  à  votre 
examen  &  à  celui  du  Public.  Mon  defîein  n’eft  pas  non  plus 
d’obliger  qui  que  ce  fbit  à  fuivre  le  plan  que  j’y  ai  tracé  tou¬ 
chant  la  confîruélion  &'  l’arrangement  d’une  Maifbn  de  Cam¬ 
pagne,  avec  fès  Jardins,  les  Plantages  &  fès  Orneméns*  car 

ce 


I  N  T  R  O  D  U  C  T  I  O  N.  xxîn 

ce  qui  plait  à  Pun ,  peut  dëpkife  à  Pâüiré.  *Je  dis  la  même 
chofè  du  choix  qu’on  doit  faire  lorlqu’il  eft  queftion  de  plan¬ 
ter  des  Arbres  fruitiers  &  autres  y  puifqu’il  eft  rare  que  tous 
aient  le  même  goût  &  les  mêmes  vüe^.'  '  '  i 

J’ai  déjà  dit  que  je  n’ai  rien  tiré  ni  copié  des  autres  ,  &  que 
je  n’ai  fait  mention  que  de  ce  que  j’ai  trouvé  par  mon  expé¬ 
rience  avoir  prelque  toujours  les  mêmes  effets,  après  m’être fèr- 
vi  de  la  même  méthôde  ;  ce  qui  pourtant  ne  fignifie  pas  que 
'  les  autres  n’ayeat  jatïiâîs  fait  mention  de  ce  -qu’on  verra  ici , 
puifqu’on  troiivéf a  le  contraire.  Je  me  flatte  cependant  que 
vous  y  découvrirez  un  grand  nombre  d’e  Remarques  fur  le  Jar¬ 
dinage  ,  qui,  fi  je  ne  me  trompe,  n’ont  été  faites  par  perfbnne. 
Je -ne  crois  pas  non  plus  qu’on  ait  jarnak  écrit  fiir  la  manière 
d’avancer  les  Saifbns ,  encore  moins  qli^on  ait  énfèigné  exaèle- 
ment  celle  de  cultiver  les  Plantes  dé^  Clirnâts  plus  chauds  que  le 
nôtre ,  &  de  les  élever  à  fbuhait  dans  ce  Païs  par  le  moyen  des 
Serres  tant  naturellement  qu’artifîciellement  échaufées.  Cela 
feul  montre  donc  déjà  que  ces  Remarques  font  beaucoup  plus 
étendues;  quelquefois  même  j’ai  cru  devoir  les  repéter,  lorf 
qu’elles  m’ont  paru  être  fort  importantes. 

J’ai  de  plus  exaêlement  décrit  dans  la  féconde  Partie  (comme 
on  le  peut  voir  par  l’Avertifîèment  qu’il  y  a  à  la  tête)  la  maniè¬ 
re  de  conftrüire  des  Serres  naturellement  ou  artificiellement  é- 
chaufées  &  autres,  comme  auffi  des  Thermomètres,  dont  on 
ne  fàuroit  fe  pafîèr  lorfqu’on  cultive  les  Plantes  dans  des  Ser¬ 
res.  J’ai  parlé  enfuite  fort  amplement  de  l’air,  des  vents,  de 
la  terre ,  de  l’eau ,  &  de  la  chaleur  artificielle.  Après  avoir  par¬ 
lé  de  la  culture  des  Potagers ,  je  fais  auffi  mention  des  Semen¬ 
ces  ,  &  je  montre  encore  comment  il  faut  cultiver  les  Oran¬ 
gers,  les  Citronniers,  les  Limonniers  &  autres. 

Après  quoi  je  décris  de  la  manière  la  plus  fimple,  le  moyen 

in- 


4d 


XXIV,  I  N  T  R  jO  DUC  T.I  O  N.  ^ 

infaillible  d’avoir  des  Raifins  eh  abondance  par  le  ïecoùrs  des 
Serres  échaufées  par  le  feu,  comme  aufli  celui  d’élever  les  Ana^ 
nas  &  les  Tubereufès.  Je  me  flatte  donc,  Monfieur,  d’avoir  à 
cet  égard,  répondu  à  yotre  attente.-  Jeliii^,  &c.  ' 


i  ■ 


TA- 


L  E 


T  A  B 

> 

-  V 

DES 

CHAPITRES. 

I  P  ARTI  E. 

LIVRE  PREMIER. 

CHAP.  I.  Des  Maifons  de  Plaîfance ,  de  leur  fituatîon ,  ^  de  leur  circuit  en  général 

Page,  I 

■  IM  ,  ,  II.  De  la  manière  d! arranger  les  Maifons  de  Plaifance.  De  ce  quon  doit  obfer. 

ver  à  cet  égard.  De  la  manière  dont  on  les  arrangeait  autrefois ,  ^  de 
celle  qui  eji  en  ufage  préfentement.  Ce  quon  doit  ohferver  en  général  à  /V'- 
gard  des  Plantages  ^  des  Ornement .  Qfon  doit  tâcher ,  qu'à  la  vue  des 
grandes  des  petites  allées ,  chacun  pu^e  appercevoir  la  magnificence  du 
Propriétaire  ^  de  fa  Campagne,  Remarques  fur  des  ornement  particuliers.  ^ 

III.  Ce  qu'il  y  a  à  ohferver  quand  on  commence  à  arranger  des  Plantages ,  à  con" 

Jlruire  des  Edifices ,  des  Murailles ,  des  Terrajfes ,  ^c.  ^  ce  qu'on  doit faire 
annuellement  ^  jufques  à  ce  que  le  tout  foit  parfaitement  achevé.  14 

IV.  Qualités  requîfes  dans  un  Jardinier  ,  dans  ceux  à  qui  on  confie  l'infpedtion 

de  nouveaux  ouvrages  y  ^  dans  les  Ouvriers.  -  '  21 

.  V.  Des  Outils.  26 

VI.  De  la  manière  de  creufer  des  FofféSy  des  Viviers  y  W  des  petits  Fojfés.  33 
VU.  Des  Fonds  de  terre,  &  quels  font  les  meilleurs.  40 

VIII.  De  la  manière  de  préparer  les  terres  avant  que  de  les  planter.  44 

IX.  Comment  on  amendera  les  Fonds  qui  font  devenus  Jiériles  ,  foit  naturelle¬ 
ment  ,  foit  pour  avoir  trop  produit.  5  r 

■  -  «  X.  Des  différentes  fortes  de  Fumier. 

LIVRESECOND. 

Z-' 

CHAP.  I.  Remarques  générales  concernant  la  crue  des  Arbres  ^  la  manière  de  les  cul¬ 
tiver.  Cl 

II.  Des  Arbres  àf  des  Herbes,  tant  fauvages  que  cultivés,  ^  de  leurs  genres, 

^c.  72 

III.  Du  îems  auquel  les  Arbres  croiffent  &  vivent  félon  les  Saifons.  Qu'une 
mauvaife  culture  ^  une  trop  grande  fertilité  peuvent  racourcir  leur  vie.  75 

IV.  De  la  manière  de  multiplier  les  Plantes  en  général,  ^particulièrement  les 
Arbres.  '  78 

De  la  multiplication  par  femence.  79 

par  des  Sauvageons  de  Souche.  *-  80 

par  bouture.  ..  81 

CHAP. 


TABLE  DES  CHAPITRES. 


CHAP.IV.D?  la  multiplication  par  des  Marcottes ,  ou  par  des  Provins  couchés  en  terre.  ^2 

- - V.  De  la  Pépinière ,  S  de  la  manière  de  cultiver  les  Arbres.  84 

■  —  VI.  De  la  manière  de  planter  les  Arbres,  Ce  qu'on  doit  faire  avant  après  qu’ils 

font  plantés.  '  8p 

- - VII. De  la  manière  d’enter , de  gréfer de  gréfer  en  approche.  95 

_ _ VIIL  De  la  taille  des  Arbres  fruitiers ,  tant  en  Hiver  qu’en  Eté.  104 

,  IX.  Remarques  touchant  les  Murailles ,  les  Cloifons ,  ^c.  ^  la  manière  d’atta¬ 
cher  âf  de  conduire  les  Arbres  avec  de  l’Ofier.  iio 

LIVRE  TROISIEME. 

I 


C  H  A  P.  I.  Des  Fleurs ,  des  Boutons  de  Fleurs ,  des  Fruits 
ques  fortes  en  particulier  ;  comme  aujji  du  tems  de 

—  II.  Des  Poiriers  à?  de  leurs  Fruits. 

—  III.  Des  Pommiers  de  leurs  Fruits. 

- —  IV.  Des  Mer  if  es ,  des  Cerifes ,  ^  des  Griot  es. 

— —  V.  Des  Pêchers  éf  de  leurs  Fruits. 

•—  VI.  Des  Abricotiers  ^  de  leurs  Fruits. 

- -  VII.  Des  Pruniers  àf  de  leurs  Fruits. 

• -  VIII.  Des  Figuiers. 

—  IX.  Des  Meurîers. 

-  X.  Des  Framboifes  S  des  Meures  fauvages. 

— -  XI.  Des  Grozeilles,  ^  des  Grozeilles  vertes^ 

'  XII.  De  l’ Epine  Finette ,  êÿc. 

- .  XIII.  Du  Cornouiller. 

XIV.  Du  Sureau. 

___  XV.  Du  Coignajjler.  » 

_  XVI.  Du  Néflier. 

_ _  XVII.  Du  Noyer. 

» -  XVIII.  Du  Noizettier. 

-  XIX.  De  l’Amandier. 

XX.  Du  Chateigner.  .  . 

LIVRE  QUATRIEME. 


en  général,  ^  de  Rel¬ 
ieur  maturité,  113 

122 

151 

135 

142 

150 

15a 

154 

157 

15B 

159 

.  160 

^  •  \  ibidem. 

X  161 

1(52 

ibidem. 

1(53 

164 

ibidem. 


CH  AP.  I.  De  la  culture  ^  de  la  manière  de  planter  la  Vigne.  165 

Sa  multiplication  par  Semence.  ibidem. 

— — —  -  - por  bouture.  166 

par  des  Sauvageons  de  Souche.  168 

par  des  Marcottes  ou  des  Provins  emehés  en  terre. 

ibidem. 

IL  De  la  taille  de  la  Vigne  en  général.  171 

III.  De  la  taille  de  la  Vigne  qui  fe  fait  à  l’entrée  de  H Hiver  ^  ou  à  lafindeTAuton- 
ne.  172 

CHAP. 


V 


I 


TABLE  DES  CHAPITRES. 

CH  AP.  IV.  De  la  taille  d'Eté  des  Vignes.  1^(5 

-  V.  Remarques  concernant  quelques  propriétés  delà  Vigne  y  ^  quelques  (ffets 

remarquables.  -  '  i8i 

-  -  -  XI.  Des  différentes  fortes  de  Raifins.  .  i8<5 

livre  CINQUIEME.  • 

CHAP.  I.  Traité  général  des  Arbres  fauvages  qui  réfiftent  au  froid  qu'il  fait  chez 

nous  pendant  H Hiver  y  la  manière  de  les  planter  y  de  les  tailler  y  S  de  k's 

tondre  y  pour  en  faire  des  Hayes.  190 

-  II.  Des  différentes  fortes  d' Arbres  fauvages ,  de  leurs  propriétés ,  de  la  manière 

de  les  élever  dans  les  fonds  qui  leur  font  propres,  de  celle  de  les  cultiver,  de- 
les  planter  y  de  les  tailler,  ^  de  l'ufage  qu'on  doit  faire  de  leur  bois.  198 

-  -  III.  Des  Arbriffeaux  qui  fleüriffent.  ’  '  '  213 

IL  P  A  R  T  I  E. 

Avertiffement ,  touchant  la  manière  de  cultiver  les  Plantes  hors  des  Saîfons  ordinaires^ 
touchant  quelques  Plantes  étrangères  ;  de  même  que  touchant  les  Herbes  du  Parter¬ 
re  â?  les  Arbriffeaux  du  Potager.  217 

LIVREPREMIER. 

CHAP.  I.  Objervatîons  fur  la  manière  de  conjiruîre  des  lieux  convenables  pendant  r Hi¬ 
ver  àf  de  s'en  fervir:  ou  des  Orangeries,  Serres  artificiellement  échaufées 
à?  autres  ;  des  Gaffes  vitrées ,  fixes,  ^  mobiles  ;  des  murailles ,  des  Cloijons , 
&c.  _  233 

II.  De  la  manière  empêcher  le  froid  c?  lu  gelée  par  le  moyen  de  cowoertes:  de 
celles  qui  font  les  plus  propres  à  cela,  ^  comment  on  doit  s'en  fervir.  244 

— —  III.  Des  Thermomètres  y  qui  font  connoître  la  température  de  T  air ,  favoir  la  cha¬ 
leur,  le  froid,  la  gelée:  leur  nécejjitè pour  cultiver  des  Plantes  étrangè¬ 
res ,  ^  pour  avancer  la  maturité  des  fruits  dans  les  Saifons  qui  leur  font  pro¬ 
pres  :  de  leur  fabrique ,  de  la  manière  dont,  on  peut  les  faire  :  avec  quel¬ 
ques  obfervaîions  particulières.  251 

P—.  IV.  De  l'Air,  de  la  diverfité  avec  laquelle  il  mêle  les  parties,  &  agît  fur  les 
Plantes,  comme  aujjî  de  la  chaleur,  du  froid.,  des  vents,  de  la  pluie,  de  la 
neige ,  de  la  grêle ,  des  frimât  s  ^  de  la  rofée ,  ê^c.  261 

—  V.  De  la  terre:  comment  on  doit  la  mêler  le  plus  utilement  félonies  propriétés  des 
Plantes  y  S  félon  le  tems  ^  la  manière  dont  on  s'en  fert.  274 

•—  VI.  De  l'Eau;  laquelle  cjt  la  meilleure  pour  arrofer  les  Plantes;  qu' il  ne  faut  j  a- 
mais  les  arrofer  qu'avec  de  l'eau  froide,  &  non  pas  avec  de  l'eau  tiède  ^  278 
VII.  De  la  Chaleur  artificielle,  fur-tout  de  celle  qui  provient  du  feu.  281 

VIII.  De  la  chaleur  que  produifent  le  fumier  de  Cheval^  le  Tan;  de  quelle  maniè¬ 
re  on  doit  faire  fies  Couches  élevées  pour  pré  maturer  les  fruits,  ^  pour  don- 

O  1  ' 


TABLE  DES  CHAPITRES. 
mr  pajfage  aux  vapeurs  âf  aux  exbalaîfons. 

LIVRE  SECOND. 


285 


CHAP.  I.  Amufement  du  Jardinage  pendant  chaque  mois  félon  le  cours  de  rannêe. 
Des  fleurs  6?  des  fruits  ^tant  naturels  que  cultivés ,  qiùn  peut  avoir  dans  les 
Jardins.  '  ,  290 

«_  II.  Explication  du  Potager  âf  de  fes  Arbres.  306 

; _  III.  De  la  Semencé;  fa  vertu,  la  manière  de  la  recueillir  y  ^  ce  qu*on  doit  faire 

^  obferver  avant  ^  après  avoir  femé.  310 

IV.  Lifte  des  fruits  du  Potager.  De  la  manière  de  cultiver  les  fruits  appartenans 
au  Potager.  320^321 

LIVRE  TROISIEME. 

CHAP.  I.  De  la  manière  de  traiter  les  Arbres  étrangers  ;  de  celle  de  les  planter  ^  de 
les  tranfplanter.  Des  Caiffts  àf  des  Pots  j  comme  aujfî  de  la  terre  ^  du 
fumier.  '  368 

IL  De  la  manière  de  cultiver  les  Citronniers,  les  Limoniers  y  ^  les  Orangers. 

372 

—  III.  De  la  Serre  pour  V Hiver  y  £5*  comment  on  y  doit  foigner  les  Arbres.  374 

— —  IV.  De  la  place  d'Eté ,  6?  de  quelle  manière  on  y  doit  foigner  les  Arbres.  377 

— V.  De  la  manière  de  tailler  les  Citronniers ,  les  Limoniers ,  ^  les  Orangers , 
tant  dans  H endroit  où  ils  foiét  renfermés  pendant  l* Hiver  y  que  dans  celui  où  ils 
font  pendant  r Eté.  330 

De  quelques  Citronniers ,  Limoniers ,  ^  Orangers.  382 

Remarques  exactes  touchant  la  manière  de  cultiver  les  Vignes,  Savoir  infaiU 
liblement  des  Raîjins  dans  des  Serres  artificiellement  échaufées.  387 

■  Manière  de  cultiver  des  Plantes  des  fruits  d' Ananas.  393 

Manière  de  traiter  les  Ananas  ^  quelques  autres  Plantes  dans  les  Serres  artU 
ficiellement  échaufées  pendant  f Hiver  ^  pendant  l'Eté,  dans  des  Caiftès  vitrées 
où  il  y  a  du  Tan.  402 

Manière  de  cultiver  les  Tubereufes.  409 

Des  Fleurs  en  général.  41! 

I  ’  * 

Fin  de  la  Table  des  Chapitres. 


PRL 


PRIVILEGIE. 


De  Staten  van  Holland  ende  Wefl- Vriesland,  doen  te  weten:  Aizo  0ns  te  Ictn* 
nen  is  gegeven  by  Abraham  Kallewier ,  Jan  en  Hermanus  Verbeek  ,  en  Pieitr 
vander  Eyk,  Boekverxoper  binnen  de  Stad  Leyden  ,  dat  zy  Supplianten  bezig  wn- 
ren,  mec  zwaare  koften  ,  te  drukken  zeker  Werk,  waar  van  de  Titul  vvas  ,  Êyzoïi' 
dere  Aanmerkingen  over  bet  aanleggen  van  Pragtige  en  Gmeene  Landbuyzen  ,  Lujiboven , 
Plantagîën  ,  en  aanklevende  Cieraden  ,  zoo  ,  ovi  de  zelve  ,  ten  meejlen  nutte  en  voordeel  te 
Timmeren  en  Metzeîen  ,  aU  om  de  Gronden  te  bearbeyden  :  l'^yvers  en  IVaters-  te  graven  : 
Vms^ten  Wilde  boomen,  ook  Laaningen  te  planten  en  befnoeyenj  nevens  eene  nette  en  kluare 
hefebryvinge  f  om  de  Jvyngaarden  ^  door  Zomer-  en  Winîer-fmeijifige ,  jaarlyks  ,  over^ 
vloedige  Druyven ,  zoo  wel  in  open  luebt ,  als ,  by  vervroeginge  ,  in  koude  en  Stook-kaJJen , 
volgens  aanwyzinge  van  Weer  •  glazen ,  en  bet  geene  daar  verder  aanbortg  is  ,  voort  te  hren- 
gen;  midsgadersy  om  zekerlyk  Ananas  •  vrugten ,  Citroen  ^  Limoen- en  Oranje- boomen  voort 
te  teelen  ;  Nog  eène  verbandeling  ,  om  Aard-  en  Warmoes -  vrugten  voort  te  queeken  :  Ailes 
in  den  tyd  van  ÎAyftig  Jaren  ondervonden  en  aangetekent  :  ook  ,  door  cierlyke  Plaaten  opge- 
beldert  in  Quarto.  En,  dewyl  de  Supplianten  bedugczynde,  dat  eenige  baatzoeken- 
de  menichen,  ’tzy  binnen  of  buicens  Lands,  toc  hunne  groore  fehade  ,  hec  voorfz. 
Werk,  in  hetgeheel,  of  ten  deele,  mogten  komen  na  te  drukken  :  zoo  keerden  zy 
Supplianten  zig  tôt  Ons,  ootmoediglyk  verzoekende  Oélroy  en  Privilégié,  om  hec 
voorfz.  Werk,  voor  déu  tyd  van  Vyftien  volgende  Jaren  ,  met  SecluGe  van  aile  an- 
dere  ,  hier  te  Lande  alleen  te  mogen  drukken  ,  uiegeven  en  verkopen  ,  in  allerhan- 
de  Taalen  en  Formaaten ,  zoo  als  zy  Supplianten  zouden  komen  goed  te  vinden: 
jnet  exprès  Verbod,  waar  aan  allen  en  eenen  yegelyk,  buiten  hen  Supplianten  ,  of, 
die  hunne  A£tie  of  Regt  in  dezen ,  namaals  mogeen  verkrygen  ,  verboden  vvord  het 
voorfz.  Werk,  in  eenigerhande  Taalen  ,  Formaaten  ,  in  hec  grooc  of  klein  ,  in  her. 
geheel,  of,  ten  deele,  met,  of  zonder  plaaten  ,  onder  wae  prærext ,  ’tzy  van  ver. 
meerdering  ,  verbetering  ,  of  verandering  ,  het  ook  mogte  wezen  ,  ce  drukken  ,  te 
doen  drukken,  te  verhandelen  ofee  verkoopen,  of,  buyten  dezen  Lande gedrukc  zyn- 
de,in  te  brengen,  te  verhandelen  ofee  verkoopen, en  dat  t’elkensop  een  verbeurte  van 
aile  de  nagedrukte,  ingebragte,  verhandelde,  of  verkogte  exemplaren  ,  midsgaders 
<iaar  en  boven  eene  boete  van  Drie  duyzend  guldens  ,-zoo  als  Wy  tegen  zodaanige 
Contraventeurs  gewoon  waren  te  ftatuë’*en  ,  en  dat  zoo  menigmaal  ,  aïs  zy  daar  aan 
fchuldig  zouden  bevonden  worden  :  ZOO  IS  ’T  ,  dat  Wy  de  zake  en  ’c  voorfz.  ver- 
foek  overgemerkt  hebbende  ,  en  geneegen  wezende  ter  bede  van  de  Supplianten, 
uyt  Onze  regte  wetenfchap,  Souveraine  Mage  en  Auchoriteyt ,  de  zelve  Supplianten 
geconfenteert ,  geaccordeert  en  geoftroyeerc  hebben  ,  confenteren  ,  accorderen  en 
oftroyeeren  haar  by  deze  ,  dat  zy ,  geduurende  den  tyd  van  Vyfcien  eerfl:  agter  cen 
volgende  Jaren ,  het  voorfz.  Werk  ,  genaamt  Byzondere  Aanmerkingen  over  bet  aanleg¬ 
gen  van  Pragtige  en  Gemeene  Landbuyzen^  Lujiboven,  Plantagiën,  en  aanklevende  Ciera¬ 
den  ,  zo  om  de  ^Ive  ,  ten  meejie  nutte  en  voordeele  ,  te  Timmeren  en  Metzeîen  ,  als  om  de 
gronden  te  bearheyden,  Vyvers  en  Waters  te  graven:  Krugt^  en  Wildehoomen  ,  ook  Laanin¬ 
gen  te  planten  en  befnoeyen:  nevens  eene  nette  en  klaare  befebryvinge  ,  om  de  Wyngaarden , 
door  Zomer-  en  Winter - fnoeijinge ,  jaarlyks  overvloedige  Druyven  ,  zo  voel  in  open  luebt ,  als 
by  vervroeginge ,  in  koude  en  Stook  •  kajfen ,  volgens  aanwyzinge  van  Weer -glazen,  en  bet 
geen  daar  verder  aanborig  is ,  voort  te  brengen  :  midsgaders  om  zekerlyk  Ananas  •  vrugten , 
Citroen-  ,  Limoen-  en  Oranje  boomen  voort  te  teelen  :  Nog  eene  verbandeling  om  Aard  -  en 
Warmoes  -  vrucbten  voort  te  queeken  :  ailes  in  den  tyd  van  yyftig  Jaren  ondervonden  en  aan¬ 
getekent:  ook  door  cierlyke  Plaaten  opgebeldcrt,  in  Quarto.  In  dier  voegen  ,  als  zulx  by 
de  Supplianten  is  verzogt,  en  hier  vooren  uytgedrukt  ftaat ,  binnen  den  voorfz.  On- 
zen  Lande  alleen  zullen  mogen  drukken  ,  doen  drukken  ,  uytgcven  en  verkoopen: 
verbiedende  daaromme  allen  ende  eenen  yegelyken,  het  zelve  werk  in  hec  geheel  of- 

♦  2  te 


PRIVILEGIE. 


te  ten  deele  ,  te  drukken  ,  na  te  drukken  ,  te  doen  na  drukken  ,  te  verhandelen  oftc 
verkoopen  ,  ofce  elders  na  gedrukc ,  binnen  den  zelven  Onzen  Lande  te  brengen, 
uyc  ce  geven  ,  ofce  te  verhandelen  en  verkoopen  ,  op  verbeurte  van  aile  de  na  ge- 
drukte,  ingebragte,  verhandelde,  ofce  verkogte  Exemplaren  ,  ende  een  boete  van 
Drie  duyzend  guldens  ,  daareuboven  te  verbeuren,  te  appliceren  een  Derde-part 
voor  den  Officier  ,  die  de  calange  doen  zal ,  een  Derde  part  voor  den  Armen  der 
Plaatze,  daar  het  Cafus  voorvallen  zal,  ende  hec  refterende  Derde-part  voor  deSup- 
plianten  ,  en  dit  tclkens,  zoo  menigmaal  als  de  zelve  zullen  werden  agcerhaald  ;  Ai¬ 
les  in  dien  verftande,  dat  Wy  de  Supplianten  met  dezen  Onzen  Odroye  alleen  wil- 
lende  gratificeren,  tôt  verhoedinge  van  haare  fchade  ,  door  het  na  drukken  van  het 
voorfz.  Werk,  daar  door,  in  geenigen  deele,  verftaan  ,  den  innehouden  van  dien  te 
authoriferen ,  ofte  ce  advouëren  ,  ende  veel  min  hec  zelve  ,  onder  Onze  proteftie  en 
befcherminge ,  eenig  meerder  crédit ,  aanzien,  ofce  reputatie  te  geven  ,  nemaar  de 
Supplianten,  in  cas  daar  inné  iets  onbehoorlyks  zoude  influeren  ,  aile  het  zelve  tôt 
haren  lafte,  zullen  gehouden  wezen  te  verantwoorden  :  toc  dien  eynde  wel  exprefle- 
lyk  begerende,  dat,  by  aldien  zy  dezen  Onze  Odlroye  voor  hec  zelve  Werk  zullen 
willen  ftellen,  daar  van  gene  geabbreviSerde  ofce  gecontraheerde  mentie  zullen  mo- 
gen  maken ,  nemaar  ,  gehouden  wefeu  het  zelve  Ôclroy  in  ’c  geheel,  en,  zonder  ee- 
nige  omiffie  ,  daar  voor  te  drukken  ,  ofte  te  doen  drukken  ,  ende  dat  zy  gehouden 
zullen  zyn ,  een  Exemplaar  van  hec  voorfz.  Werk  ,  op  groot  Papier  ,  gebonden  en 
wel  geconditioneert,  te  brengen  in  de  Bibliotheecq  van  Onze  Univerfiteyt  tôt  Ley- 
den  ,  binnen  den  tyd  van  Ses  weken  ,  na  dat  fy  Supplianten  het  zelve  Éoek  zullen 
hebben  beginnen  uyc  te  geven,  op  een  boete  van  Ses  hondert  guldens ,  na  expiratie 
der  voorfz.  Ses  weken ,  by  de  Supplianten  te  verbeuren  ten  behoeven  van  de  Neder- 
duytfe  Armen  van  de  Plaats  alwaar  de  Supplianten  woonen  ,  en  voorts  op  pæne  van 
metter  daad  verfleken  te  zyn  van  hec  effda:  van  dezen  06troye;Dat  ook  de  Supplian¬ 
ten,  fchoon,  byhec  ingaan  van  dit  Odtroy  ,  een  Exemplaar  gelevert  hebbende  aan 
de  voorfz.  Onze  Bibliotheecq  ,  by  zoo  verre  zy  ,  geduurende  den  tyd  van  dit  Oc- 
troy,  het  zelve  Werk  zouden  willen  herdrukken  met  eenige  Obfervacien ,  Noten, 
Vermeerderingen,  Veranderingen,Corredien,  of  anders,hoe  genaamt;of  ook  in  een 
ander  formaat,  gehouden  zullen  zyn  ,  wederom  een  ander  Exemplaar  van  hec  zelve 
Werk,  geconditioneert  alsvooren,  te  brengen  in  de  voorfz.  Bibliotheecq, binnen  de 
zelve  tyd,  en  op  de  Boete  en  Pænaliteyt,  als  voorfz.;  Ende,  ten  eynde  de  Supplianten 
dezen  Onzen  Confente  ende  Odlroye  mogen  genieten  ,  als  naar  behooren  ,  Laften 
Wy  allen  ende  eenen  yegelyken  ,  dien  het  aangaan  mag,  dat  zy  de  Supplianten  van 
den  innehoude  van  dezen  doen,  laten  ende  gedoogen  ,  ruftelyk ,  vredelyk  ende 
volkomentlyk  genieten  ende  gebruyken  :  ceflerende  aile  belec  ter  contrarie.  Ge- 
’  daan  in  den  Hage ,  onder  Onzen  groocen  Segele  ,  hier  aan  doen  hangen  op  den  Se- 
ftienden  Mey,  in  ’c  Jaar  Onfes  Heeren  ende  Saligmakers  Duyzend  Sevenhondert  Se- 
ven  en  dertig. 

J.  H.  V.  WASSENAAR  vt. 

Ter  Ordonnantie  van  de  Staten 
WILLEM  BUYS. 

Het  regt  van  deeze  Copy  en  Privilégié 
is  getranfporteerc  aan  Samuel  Lucht- 
mans  en  Hermanus  Uytwerf  den  i8  De- 
cember  1742 ,  en  door  Hermanus  Uytwerf 
voor  zyne  Portie  aan  zyn  Zoon  Myndert 
Uytwerf  den  24  Juny  1*743. 


AVIS 


AVIS  AURELIEUR 


Pour  placer  les  Figures. 


A. 

B. 

C. 


D. 

E. 

F. 

G. 


H. 


Fig. 

Fig. 

Fig. 

Fig. 

Fig. 

Fig. 

Fig. 


I» 

2,  3,  & 

&  6. 

8.1 

9-1 

10./ 


‘  Pag.  4. 

-  ■  -  23y. 

■  /  •  23P* 

-  -  242. 

282. 

387. 

398. 
4.10. 
383. 
-  ‘  384. 
r  r  38y. 

-  -  385. 


LES 


LES 


AGREMENS 

CAMPAGNE, 

; 

O  U 

REMARQUES  PARTICULIERES 

' 

Sur  la  manière  de  conjlruire  d^ arranger  des  Maisons  de 

Campagne  plus  ou  moins  magnifiques  ;  Jardins 
de  Plaisance,  ^  des  Plantages,  avec  leurs  Or- 
nemens  convenables. 


L  I  r  R  E  L 

CHAPITRE!. 

Des  Matfons  de  Flaîfance^  de  leur  fituatîon^  Êÿ  de  leur  cïrciCit  en 

général, 

■Qutes  les  Maifons  de  Campagne  &  les  Jardins  de  Pîaifance, 
pour  être  agréables,  doivent  être  entourées  &  renfermées 
par  des  fofles,  des  murailles,  des  cloifbns,  des  palifTades, 
des  haies ,  &c.  Il  ne  faut  pas  pourtant  qu’elles  îbient  d’u¬ 
ne  trop  vafte  étendue  (a)  pour  plaire  à  des  Propriétaires  ha¬ 
biles.  Plus  on  peut  faire  valoir  un  petit  terrain  par  les  variations  de  vues 

ex- 

-V 

« 

(û)  Laudato  ingentia  rura,  extguum  colito.  Virgil.  Lib.  II.  Géorgie,  vf.  412. 

C’efl-à-dire: 

Louez  chez  les  autres  les  vaftes  Campagnes,  mais  cultivez-cn  une  petite  pour  vous- 
même. 

Partie  T,  A 


i 


2 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 

extraordinaires  quoique  naturelles,  &  d’ornemens 5^  plus  les  Speélateurs 
admireront  le  bon  goût  &  le  bon  ordre  de  ceux  qui  en  ont  fait  la  difpo- 
fition  ;  &  fur-tout  fl  fon  entretien  ne  les  expofe  pas  à  une  grande  dépenfe  : 
car  ce  qu’on  peut  appeller  à  julle  titre,  des  Maifons  de  Plaifance,  ce  font 
celles  où  les  Propriétaires  fe  font  propofés  d’imiter  par  art  en  toutes  cho- 
fes  l'a  Nature  ,  de  réjouir  le  cœur  à  peu  de  fraix,  de-  chatoi^iller  la  lan¬ 
gue,  &  de  plaire  aux  yeux  par  ia  contemplation  de  toute  forte  de  plai- 
nrs  cliampêtrés,;  comme  des  allées  confiftant  dans  .de  grands  arbres  de 
haute  futaye  ,  bien  foignés ,  des  haies  tondues  ,  des  petits  Bois ,  des 
Berceaux  toufus,  des  arbres  en  efpaüer,  plulieurs  fortes  de  grands  &  de  ' 
petits  arbres  fruitiers ,  des  eaux  pures ,  &  telles  autres  cliofes  propres  k 
ornerles  Jardins  i  ce  qui  plaira  davantage  à'  des  Curieux  verfés  dans 
cette  connoriTance ,  que  les  beautés  fuperficielles  des  fuperbes  Bàtimens , 
des.Câfcades  artificielles,  des  Jets-d’eau  ,•  des  Grottes  ,  de  phifieurs 
autres  orilemens  ruineux.  \  ‘ 

Pour  fe  procurer  un  tel  Lieu  de  Plaifance  ,  il  faut  fiir-tout  bien  pren¬ 
dre  garde , 'que  ces  trois  qualités  s’y. trouvent  réunies  ;  prémierement, 
qu’il  foit  bien  fitué  :  en  fécond  lieu ,  que  ce  foit  une  .bonne  ,  terre  bien 
fertile  ;  &  en'  troifième  lieu  d’une  fuperficie  bien  unie.  Cette  dernière 
condition  n’eft  cependant  pas  alTe^  intérelTante  pour  faire  abandonner  un 
fonds  d’ailleurs  bien  fitué  &  bien  fertile,  ce  qu’on  feroit  abfolument  ob¬ 
ligé  de  faire, fi  l’une  ou  l’autre  des  deux  prémières  qualités  ne  s’y  trou- 
voient  pas. 

Ce  qu’il  y  a  de  plus  eflentiel  quant  à  fa  fituation  ,  c’eft  qu’on  ait  foin 
de  choifir  un  air  fain  (a) ,  &  de  ne  pas  fe  déterminer  pour  des  terres  fituées 
dans  le  voifinage  de  la  Mer  ;  les  vapeurs  qu’elle  exhale  étant  extrême¬ 
ment  nuifibles  :  on  doit  éviter  par  la  même  raifon  les  lieux  fitués  aux  en¬ 
virons  des  endroits  que  le  reflux  de  la  Mer  laifle  à  découvert,  &  qui  ex¬ 
halent  de  la  puanteur,  comme  aulTi  le  voifinage  des  Etangs  &  des  Ma¬ 
rais,  &  celui  d’une  grande  Ville  fort  peuplée,  dont  la  fumée  &  les  ex- 

halai- 

(a)  Porcîus  quidem  Cato  cenfehat  in  emendo  înfpiciendoque  agro  præcipue  duo  ejfe  conjî- 
'àeranda ,  falubritatem  Cæli ,  â?  ubertaîem  loci  :  quorum  fi  alterum  deejfet ,  ac  nibilo 
minus  quis  vellet  incokre  ,  mente  ejje  captumy  âfc.  ColumeUa  ,  de  Re  Ruftica.  Lib.  I, 
Cap.  3. 

C’eft-à-dire: 

Porcîus Cqto  difoit  que  lorsqu’on  veut  examiner  &  acheter  une  terre,  il  faut  fur*touC 
faire  attention  à  ces  deux  chofes,  fi  elle  eft:  fituée  dans  un  air  fain  ,  &  fi  elle  efl:  fer¬ 
tile:  que  fi  malgré  le  défaut  de  l’une  de  ces  conditions ,  quelqu’un  trouvoit  pourtant 
à  propos  de  l’habiter,  il  faudroit  qu’il  fût  frappé  dans  fon  efprit. 

y 


DE  LA  C  AM  PAG  NE. 


halaifons  peuvent  corrompre  un  air  d’ailleurs  fort  fain.  Ajoutez  à  cela 
que  le  Propriétaire  y  ferait  fouvent  expofé  aux  Violences  du  petit-peuple 
voifinj&à  être  continuellement  incommodé  par  les  vifîtesttop  fréquen¬ 
tes  de  fes  amis.  Il  faut  pourtant  tâcher  de  fe  placer  à  une  Julie  dillance, 
c’eft-à-dire  pas  trop  loin  de  quelque  Ville  confidérable  ,  afin  de  pouvoir 
participer  aux  avantages,  que  procure  la  Société  d’un  aulTi  grand  nom¬ 
bre  de  gens  aifés ,  parmi  lelquels  ceux-ci  ne  font  pas  les  moindres  ,  la¬ 
voir  qu’on  y  peut  vendre  ce  qu’oii  a  de  fuperflu  plus  chèrement  qu’ail- 
leurs,  &  y  acheter  le  néceflaire  àam  prix  fort  modique. 

Un  bon  fond  de  terre  bien  gras  &  bien  fertile  ,  litiié  près  d’une  Ri-  ‘ 
vièrë  d’eau  douce,  pas  trop  rapide  dans  Ibn  cours,  ell préférable  atout, 
pourvu  que  renfermé  dans  des  levées,  il  ne  foit  pas  fujet  aux  inondations, 
qu’il  y  ait  par-tout  autour  des  Canaux,  pour  y  pouvoir  conduire  &  en 
tranjÇ^orter  tout  ce  qui  ell  néceflaire  à  peu  de  fraix.  Ayant  fait  aquili- 
tion  d’un  tel  fond  de  terre ,  il  faut  avoir  loin  de  placer  tellement  la  Mailbn 
que  l’on  y  veut  bâtir,  qüe  les  arbres  plantés  le  long  de  la  Rivière  qui 
ferpente ,  ne  bornent  ni  ne  gênent  point  la  vue ,  mais  qu’ils  la  mettent 
à  couvert  des  vents  qui  régnent  le  plus  &  qui  font  les  plus  nuifibles.  Si 
©n  a  le  bonheur  de  réuilir  en  cela  ,  on  aura  fans  fraix  plufieurs  points 
de  vue  variés ,  qu’il  n’eft  pas  poÜible  d’avoir  autrement.  On  tâche¬ 
ra  donc  de  choifîr  im  tel  fond ,  fîtué  à  l’un  ou  à  l’autre  côté  d’une 
Rivière,  &  s’il  efl:  poflTible  à  l’Orient  ou  à  l’Occident '  de  la  Ville, 
pour  être  moins  fujet  aux  exhalaifons  &  à  la  fumée  qu’elle  envoie.  11 
îèroit  aulfi  à  fbuhaiter  que  le  devant  &  le  derrière  de  la  Maifon  puflent 
être  expofés  l’un  au  Midi  &  l’autre  au  Nord  ,  parce  qu’il  eft  confiant 
que  des  Maifons  ainfi  fituées,  font  plus  fraîches  que  celles  qui  font  ex- 
pofées  à  l’Orient  &  à  l’Occident.  C’efi  encore  une  choie  fort  commo¬ 
de  &  fort  néceflaire  d’être  litué  de  manière ,  qu’en  tout  tems ,  foit  l’hi¬ 
ver  ou  l’Eté,  on  puifle  aller  à  la  Ville  en  voiture,  par  des  chemins  de  fa¬ 
ble  &  de  terre-grafle.  ^ 

Joignons  à  cela ,  que  les  Anciens  ont  toujours  fait  grand  cas ,  &  a- 
vecraifon,  d’un  bon  voifinage. 

Ayant  réufli  jufques-là  à  fouhait ,  il  faut  tâcher  que  le  fond  foit  tel, 
qu’il  eft  décrit  dans  le  quatrième  Chapitre,  En  général  les  terres  éle¬ 
vées,  unies,  au  niveau  ou  k  peu  près,  font  préférables  de  beaucoup  k  des 
terres  bafles  ou  qui  ont  de  la  pente  :  ces  dernières  étant  beaucoup  moins 
fertiles ,  parce  qu’elles  ne  retiennent  pas  les  eaux  ;  c’efi  outre  cela  encore 
ime  choie  fort  remarquable  qu’on  ne  fauroit  planter  plus  de  bois  fur  la 

A  2  fuper- 


4  LESAG  REMENS" 

fiiperficie  de  fa  pente  que  fur  le  fond  uni  &  de  niveau ,  que  comprend 
dans  fon  enceinte  le  pied  d’une  montagne,  ce  qu’on  peut  démontrer  in- 
conteftablement  en  tirant  des  lignes  depuis  le  deflbus  du  pied  julques  à  la 
cime.  J’examinerai  ici  comment  doit  être  la  fituation  d’une  terre  bien 
ordonnée ,  pour  paroître  à  l’œil  plus  grande  ,  &  pour  procurer  de  plus, 
belles  &  de  plus  longues  vues. 

Un  Quarré  parfait  eft  bien  de  tous  les  fonds  le  plus  réglé  ,  mais  non: 
pas  à  préférer  pour  une  Perfonne ,  qui  veut  arranger  &  planter  un  Lieu 
de  Plifance  fur  un  petit  terrain;  car  un  tel  fond  occupe  réellement  plus 
'  de  place ,  qu’il  ne  le  paroit  à  la  vue. 

Un  Qiiarré  oblong  vaut  mieux  3  on  y  peut  faire  une  bonne  dilpofîtion 
de  belles  allées  ,  &  une  meilleure  partition  d’ornemens  d’un  autre  gen¬ 
re;  outre  qu’on  peut  en  apparence  lui  donner  plus  d’étendue. 

Un  Triangle  qui  a  tous  les  côtés  égaux  eft  la  plus  favorable  figure  pour 
tromper  la  vue ,  fiir-tout  quand  il  s’agit  de  terrains  d’une  petite  étendue  : 
quoique  les  allées  n’y  plaifent  pas  autant, parce  qu’elles  finilTent  en  poin¬ 
te  ,  au-lieu  que  les  autres  en  nniflant  font  leurs  angles  droits. 

Un  terrain  qui  a  deux  côtés  égaux ,  occupe  plus  de  place  ,  &  ne  fait 
pas  de  fi  longues  vues  ;  outre  que  les  allées  extérieures  finilTent  pareille¬ 
ment  en  pointe. 

Un  terrain  qui  a  tous  les  côtés  inégaux  ell  encore  moins  favorable. 

Un  terrain  creux ,  ou  bien  convèxe  comme  une  boule ,  n’ell  nullement 
propre  à  être  planté. 

Un  terrain  en  cercle  occupe  le  plus  de  place ,  6s  fait  les  plus  courtes 
vues. 

Deforte  que  je  me  déterminerois  pour  un  Qiiarré  oblong  ,  comme  le 
plus  propre  à  un  beau  tour ,  à  moins  que  quelqu’un  ne  voulût  planter  un 
très  petit  terrain,  &  en  faire  un  Lieu  de  Plailànce  rempli  d’ornemens  ;  au¬ 
quel  cas  je  pancherois  plus  pour  un  Triangle, qui  a  tous  les  côtés  égaux, 
tel  qu’il  eft  repréfenté  dans  la  Planche  ci  -  jointe  Fig.  /,  dans  laquelle 
je  me  borne  à  trois  arpens  de  terre  jufqu’au  bord  du  folTé  ,  &  où  je 
place  la  maiibn  au  Midi  <Ss  au  Nord,  ayant  au  devant  des  arbres  à  cou¬ 
ronne,  pour  la  garantir  des  ardeurs  du  Soleil;  ce  qui  fait  que  les  autres 
Bàtimens,  comme  l’Orangerie,  l’Ecurie  ,  la  Remilè  n’y  font  pas  placés 
comme  ils  le  devroient  être  autrement.  La  difpofition  en  eft  faite  de  la 
manière  fuivante. 

a  L’avenue  par  une  porte  grillée  fur  un  pont  de  pierre  qui  traverfe 
l’avant-folTé  large  de  quatre  toifes,  les  Fofiés  des  côtés  en  ayant  trois  de 
li^rgeur.  b  L’en- 


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b  L’entrée  plantée  avec  lèize  Tilleuls  à  couronne,  &  aux  deux  côtés 
avec  des  haies  tondues. 

A  rOrient  de  l’entrée  c  un  Jardin  Potager  &  une  Melonnière,  entourés 
&  coupés  dans  le  milieu  par  deux  cloifbns.  On  pourroit  à  leur  place  y 
conftruire  au  midi  des  Serres  à  Vignes,  artificiellement  réchaufées. 

A  l’Occident  une  Orangerie  (fous  laquelle  on  pourroit  pratiquer 
une  Grotte  ou  bien  une  Glacière)  ,fituée  fur  une  Terrafle  élevée  de  neuf 
pieds  au-delTus  du  terrain  de  la  Campagne  ,  &  maiïbnnée  en  dedans  & 
en  dehors.  Elle  a  une  pente  de  neuf  pouces  fur  chaque  pied  ,  &  quatre 
Banquettes  e  propres  à  y  placer  les  Orangers  pendant  l’Eté,  y  ayant  au 
pied  de  la  dernière  f  un  Baflin  rempli  d’eau  ,  au  milieu  duquel  il  y  a  un 
Jet-  Sur  la  prémière  ou  la  plus  haute  Banquette  ,  il  y  a  au  Midi  des 
Serres  à  Vignes  ggg,  lefquelles  étant  faites  en  pente  ,  ont  largement 
huit  pieds  de  Jiaut. 

La  Remife  &  l’Ecurie  côté  de  la  Terrafle;  comme  aufli  laMaifon 
du  Jardinier  i, 

La  Maifon  du  Seigneur  yè ,  qui  a  la  vue  llir  un  Parterre  /  fîtué  par  der¬ 
rière  &  fur  un  grand  Vivier  ?;/,  autour  duquel  efl;  plantée  une  jHaie!  ton¬ 
due  de  Hêtre.  -  - 

Des  deux  côtés  du  Parterre '&  du  Vivier  , aufli  par  derrière, des  en¬ 
droits  propres  nnnn  pour  de  petits  arbres  fruitiers  en  pleine  terre. 

Les  Allées  oooo  ont  quatre  toifes  de  largeur,  formées  de  grandes 
Haies  tondues,  défîgnées  dans  la  Planche  par  des  points. 

Au  bout  des  Allées  extérieures  des  deux  côtés  il  y  a  dans  le  milieu  u- 
ne  grande  Statue  p  ,  &  à  chacun  de  fes  côtés  un  petit  Pavillon  q  q  :  lef- 
quels  doivent  être  tellement  placés  qu’on  y  ait  un  point  de  vue  de  trois 
côtés. 

La  Fig.  Il  fait  voir  le  profil  de  la  Terrafle  à  quatre  Banquettes, /z  ex- 
pofant  le  terrain  du  Jardin,  &  ^  la  hauteur  de  l’eau  pendant  l’Eté. 

La  Fig.  iy/efl  le  profil  du  Vivier:  i  étant  le  terrain  du  Jardin,  &  2 
la  hauteur  de  l’eau  pendant  l’Eté  ,  &  fon  petit  rivage.  Le  Leéfeur  at¬ 
tentif  pourra  mefurer  le  tout  fur  le  pied  de  RJiynlande  qu’on  y  a  ajouté, 
&  dont  on  fe  fert  dans  tout  cet  Ouvrage. 


6 


'TLX  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

C  H  A  P  I  T  R  E  II. 

Le  la  manière  ^arranger  les  Maîfons  de  Tlaifance,  Le  ce  qu'on  doit  oh- 
fer  ver  à  cet  égard.  Le  la  manière  dont  on  les  arrangeoit  autrefois.^  ^ 
de  celle  qui  ejl  en  ufage  préfentement.  Ce  qu'on  doit  ohjerver  en  géné¬ 
ral  à  r  égard  des  Fiant  âges  ^  des  Ornemens.  Qfon  doit  tâcher  ^  qulk 
la  vue  des  grandes  des  petites  ‘Allées ,  chacun  puijfe  appercevoir  la 
magnificence  du  Propriétaire  ^  de  fa  Campagne,  Remarques  fur  des 

■  Ornemens  particuliers, 

•  •  > 

Quelque  tyrannique  .que  foit  la  mode ,  ôn  ne  faiiroit'  fècoiier  entiere- 
^ment  fon  joug ,  fans  s’expolèr  à  la  critique  d’un  chacun  ;  mais  d’un 
autre  côte  c’eftune  pure  folie  que  de  ^s’y  foumettre  volontairement  en 
toutes  chofes.  C’eft  pourtant  ce  qui  arrive  à  diflFérentes  perlbnnes,  lorf- 
qu’bn  arrangeant  ■  des  Jardins  &  des  'Maifons  de  PlaÜaricej  elles  vèii- 
lent  imiter  en  petit  les  exemples  des  Rois  &  des  Princes ,  qui  ne  fè 
propofent  autre  chofe  que  le  fafte,  par  où  elles  fe  procurent  très  peu  de 
eommbdités ,  &  s’expofent  à  de  prodigieulès  déperifes  pour  leur  en¬ 
tretien. 

Qui  ell-ce  qui  ne  préférera  les  Maifons  de  Campagne  de  nos  Ancêtres 
à  celles  d’aujoiirdhui  ?  s’il  fait  attention  qu’ils  ne  fe  propolbient  autre 
diofe  jlbit  en  les  arrangeant,  foit  en  les  entretenant,  que  de  fe  procurer  à 
peu  de  fraix  un  repos  délicieux  ;  c’eft-pdurquoi  ils  bâtiJfToient  pour  l’ordi¬ 
naire  liir  des  Voûtes,  des  Maifons  à  peu  d’étages,  dans  lelquelles  ils  ne 
pofoient  qu’autant  de  croifées,  foit  en  nombre  Ibit  en  grandeur,  qu’il  en 
îalloit,  pour  recevoir  dans  une  jufte  quantité  l’air  &  la  lumière ,  dont  les 
vitres  tant  celles  d’en-hauü^que  d’en-bas  étoient  à  petits  carreaux  ,  & 
poiirvues  au  dehors  de  bonnes  &  d’épaüTes  fenêtres  propres  à  empê¬ 
cher  quedes  vapeurs  liuifibles^’pi’y  pénétralTent.  Leurs,  murailles  é- 
toient.,  pour  la  .plupart  du  tems,  doubles ,  &  malTonnées  de  bonnes 
Iniques  avec  du  ciment ,  afin  que  la  pluie  ne  les  pénétrât  point.  *  Ces 
Bâtimens  étoient  de  plus  environnés  d’Arbres  de  haute  futaye,dont  l’om¬ 
brage  leur  procuroit  une  fraîcheur  merveilleulè ,  &  les  mettoit  à  l’abri 
des  vents  furieux  &  pénétrans,  &  des  mauvaifes  odeurs  de  l’air.  Ce  qui 
diminuoit  les  fraix  du  Propriétaire  pour  leur  entretien ,  &  rendoit  fon 
Domicile  plus  fain  &  plus  agréable. 


Les 


DELA  CA  M  P  A  G  N  E.  f 

'  Les  Mairons  de.Campagne  iiiodernes-ont  au  contraire  plus  d'écages, 
des  murailles  plus  minces  &  limples ,  dans  lefqueiles  on  fait  de  grandes 
ouvertures  pour  j  mettre  descJialTis  qui  ont  au  dedans  des  volets  fi  min¬ 
ces  5  qu’k peiné  ils  empêchent  l’entrée  delà  lumière  ,  <Sc  qui  n’ont  point 
de  fenêtres  dehors;  ayant  outre  cela  des  vues  découvertes  hir  des  Par- 
tèrres  5  TerralTes  5  Viviefs  &  autres^  fuperhcies  non  plantées;  deforte 
quç>  (fans  compter  qi^elles  foht  bâties  à  ia  légère),  elles  font  d’un  fort 

frand’ entretien  &  très  mal-iaines:  la  chaleur  accablante  de  l’Eté  &  le 
’oid  pénétrant  de  l’Hiver  5  &  principalement  encore  les  murailles  hu-. 
mides  dans  le  Printems  &  dans  l’Autonne ,  étant  très  nuifibles  &  très 
contraires  à  la  fanté  desPerfonnes  qui.  les  habitent,  de  même  qu’aux  meu¬ 
bles  dont  ces  Maifons  font  ornées.  Ajoutez  encore  à  cçla  que  la  plupart 
des  Bâtimens  modernes ,  de  même -que  leürs  Ornemens,  fè  fabriquent 
Ibilvent  fi  fort  à  la  hâte  &  hors  de  faifon  ,  qu’ils  commencent  à  dépérir, 
avanf  que  le  véritable  tems  d’en  faire  ufage  foit  venu.  • 

Ils  avoient  de  tout  autres  vues  nos  Ancêtres  dans  la  manière  de  conf- 
truire  leurs  Campagnes:,  ils  fe  propofoient  de  fe  procurer  par  ce,  moyen 
un  agréable  amufement  &  un  repos  des  plus  tranquilles  dans  leur  vieil- 
lelTe;  tâcliant  en  même  tems  dè  dédommager ,  par  d’autres  petits  avanta¬ 
ges,  des  dépenfes  annuelles,  néceffaires  pour  leur  entretien.  Pour  cet 
effet  ils  plant  oient  avant  toute  chofè  des  Arbres  de  haute,  futaye  p  qui  à 
mefure  qu’ils  croifToient ,  les  encourageoient  à  bâtir.  ' 

-  Aujourdhui  on  ne:lè  propofe  autre  chofe ,  fi  ce  n’efl  défaire  tout  d’u¬ 
ne  manière  fuperbe ,  magnifique  ,  avec  art ,  pour .  fatisfaire  aux  Etran¬ 
gers  ,  fans  fonger  aux  dépenfes  &  à  l’entretien  que  cela  demande ,  bien 
moins  encore  à  fes  aifes  &  à  fes  revenus,  deforte  que  de  telles  .Maifons 
de  Campagne  (lans  compter  les  dépenfes  caufées  par  les  ^lendides  repas 
qu’on  y  donne),  doivent  être  appellées  à  jufte  titre  des  fardeaux, plutôt 
que  des  Lieux  de  Plaifance.  On  ne  peut  cependant  pas  nier  que  des 
Haies  bien  hautes  &  bien  tondues,  de  grands  Parterres  d’herbes  &  autres, 
des  Terraffes,  des  Eaux  bien  larges  avec  des  bords  proprement  coupés , 
des  Cafcades  ,  des  Jets-d’eau  ,  des  Grottes ,  des  ouvrages  à  treillis,  & 
d’autres  ornemens  qui  coûtent  beaucoup  à  entretenir,  ne  plaifènt  infini¬ 
ment  à  la  vue  ;  mais  aufii  c’ell  tout  :  on  fe  prive  d’un  autre  côté  par-là 
du  plaifir  de  pouvoir  fè  promener  à  l’ombre;  &  comme  re:5^èce  d’ Arbres 
dont  ion  fait  des  Haies  ne  fauroient  jamais  devenir  des  Arbres  de  quel- 
.  que  valeur ,  on  pourroit  à  peine  payer  de  leur  produit  le  travail ,  fi  l’on 
vouloit  tôt  ou  tard  faire  quelque  changement  à  leur  égard  ,  foit  en  les 


s  lesagremens 

coupant  5  foit  en  les  extirpant  :  dans  le  tems  qu’on  peut  jouir  d'une 
vue  des  plus  agréables  &  d'unje  fraîcheur  exquifè  pendant  les  chaleurs ,  k 
l’ombre  de  grands  arbres  à  couronne  bien  conduits,  outre  que  les  Ormes, 
les  Frênes,  les  Hêtres  &  les  Chênes, étant  devenus  vieux,  procurent  au 
Propriétaire  un  bon  profit. 

Des  Parterres  au  niveau  de  terre  *,  fur-tout  de  galon  ,  ne  font  pas  k 
beaucoup  près  fi  agréables  à  voir,  dans  ce  Païs  uni,  bas ,  herbeux,  que 
dans  les  Païs  de  Montagnes,  où  il  n’y  a  point  de  Prés.  Je  dis  la  même 
chofe  des  Canaux  &  des  Viviers ,  ce  Païs  étant  par-tout  entrecoupé 
d’eau. 

Les  Terrafles  tirent  leur  origine  des  Montagnes  panchées ,  qu’on  met 
à  l’uni ,  afin  de  s’y  promener  plus  à  l’aifè  ,  &  de  les  planter  après  les  a- 
voir  mifès  au  niveau:  ce  qui  fournit  continuellement  occafion  de  faire  des 
Parterres  au  niveau  de  terre ,  qui  gagnent  beaucoup  à  être  contemplés 
de  defllis  un  lieu  élevé:  la  terre  de  ces  Montagnes  étant  trop  dure  ,  on 
ne  fàuroit  en  faire  des  Prés  herbeux  ;  mais  par  cela  même  elle  efl  plus 
propre  à  tenir  ferme  les  bords  qui  vont  en  talus ,  quoique  l’on  foit  obli¬ 
gé  quelquefois  de  les  maflbnner.  Dans  nos  terres  légères  les  bords  des 
Terrafles  doivent  néceflairement  être  maflbnnés  ,  fans  quoi  il  efl  impof- 
fible  d’y  entretenir  du  gazon  court,  quelques  fraix  qu’on  fafle  pour  cela, 
parce  que  l’herbe  fè  flétrit  d’abord  par  la  chaleur  du  Soleil ,  quand,  à  cau- 
îe  du  talus  des  bords,  la  terre  ne  fauroit  pendant  l’Eté  retenir  aucune 
humidité.  On  a  même  fouvent  dans  ce  Pais  aflez  de  peine  pour  garan¬ 
tir  les  fentiers  unis,  de  l’herbe  groffière  &  fauvage,  &  de  la  moufle,  ce 
qui  fait  aufii  qu’on  eft  obligé  de  renouveller  fouvent  ces  ouvrages. 

Je  conviens  que  les  Terrafles,  les  Cafcades ,  les  Jets -d’eau  &les 
Grottes,  étant  aflez  rares  dans  ce  Païs,  plaifent  davantage,  que  dans 
ceux  qui  les  produifent  naturellement;  mais  ce  plaifir  ne  fera  pas^peu  é- 
mouflé ,  fi  d’un  autre  côté  on  fait  réfléxion  quelles  prodigieufes  dépen- 
fes  il  faut  faire  pour  les  conftruire  &  pour  les  entretenir  ,  &  que  ,  pour 
qu’une  Fontaine  ait  des  Jets  nombreux  &  gros  ,  il  faut  faire  conflruire 
de  grandes  macliines  artificielles  pour  élever  une  quantité  d’eau  reqiiife; 
outre  que  les  tuyaux  plus  minces  font  bientôt  bouchés  par  l’eau  de  puits 
de  ce  Païs  qui  ell  extrêmement  chargée,  &  que, dans  le  fond, des  Jets  fi 
minces  font  plutôt  pitié  que  parade.  On  doit  s’attendre  au  même  incon¬ 
vénient  de  'nos  Cafcadesjqui  proviennent  ordinairement  des  Jets-d’eau, 
parce  qu’elles  ne  reçoivent  pas  une  aflez  grande  quantité  d’eau  ,  ce  qui, 
fait,  lorfqu^ell^^s  tombent  d’un  lieu  élevé,  qu’elles  la  diftillent  goûte  k  goû¬ 
te. 


DELA  CAMPA  G  N  E.  p 

•  -  r  • 

te,  aii-lieu  que  les  Cafcades  naturelles  donnent  beaucoup  d’eau,  &  coû¬ 
tent  très  peu  d’entretien. 

La  beauté  &  la  propreté  des  Grottes  confident  dans  une  bonne  dilpo- 
fition  de  pierres  étrangères  &  de  Coquillages  de  diverlès  couleurs  bien 
aflbrties,qui  content  prodigieufement  à  aqiierir , outre  qu’elles  font  d’une 
dépenfè  très  ruineufe,  principalement  quand  elles  font  en  plein  air  ,  les 
plus  belles  &  les  plus  brillantes  couleurs  fe  changeant  bientôt  dans  une 
vilaine  couleur  uniforme,  à  force  de  fe  mouiller  &  de  fe  fécher  ,  ce  qui 
fait  aiilTi  périr  en  peu  de  tems  les  Coquillages. 

Les  Ouvrages  à  treillis  fatisfont  très  peu  à  proportion  de  ce  qu’ils 
coûtent  ;  &  comme  leur  plus  grand  ornement  conlîlle  dans  la  vivacité 
de  la  couleur  qu’on  leur  donne,  il  faut  les  repeindre  très  fouvent  j  fans 
quoi  ils  font  fort  fojets  à  fo  pourrir. 

Toutes  cos  raifons  que  je  viens  d’alléguer,  ont  empêché,  à  mon  avis, 
nos  anciens  Campagnards  de  donner  dans  le  goût  de  ces  ornemens  rui¬ 
neux.  Si ,  malgré  tout  cela ,  on  veut  participer  au  falle  qui  règne  aii- 
jourdhui, qu’on  ne  falTe  du  moins  dans  fes Campagnes  qu’autant  de  Par¬ 
terres,  de  Canaux,  de  Viviers,  de  Terrafles,  de  Jets-d’eau ,  de  Caf¬ 
cades,  de  Grottes ,  d’Ouvrages  à  treillis ,  qu’il  en  faut  pour  fatisfaire  k 
la  mode  ;  qu’on  ait  foin  aufli  que  la  dilpofition  qu’on  en  fera  ne  contien¬ 
ne  pas  des  petiteffes ,  mais  de  grandes  partitions  ;  fans  quoi  il  vaudroit 
infiniment  mieux  négliger  de  pareils  ornemens  ,  &  laifTer  aux  Rois  & 
aux  Princes  à  en  embellir  leurs  Lieux  de  Plaifancé. 

Je  tâcherai  préfentement  d’examiner  en  peu  de  mots  ce  qu’on  doit 
oblèrver  pour  faire  un  bon  arrangement  dans  les  Maifons  de  Plaifànce. 
Il  me  paroit  donc  qu’il  faut  placer  tout  près  de  la  Maifon,  ce  qui  peut 
faire  le  plus  de  plaifîr  à  la  vue,  récréer  le  corps  par  des  promenades, 
&,  par  la  raifon  du  contraire,  écarter  ce  qui  plait  le  moins  à  l’œil. 

11  faut  auffi  dilpofer  toutes  chofes  de  manière  que  les  vues  paroilTent, 
autant  qu’il  efl:  polfible ,  s’éloigner  &  non  pas  s’approcher. 

Tous  les  fonds  unis,  de  niveau,  ou  à  peu  près,  paroitront  beau¬ 
coup  mieux  en  les  regardant  de  deflus  un  lieu  élevé  :  delà  on  verra  pa¬ 
reillement  dans  toute  leur  beauté  les  Parterres  d’herbe  <Sc  les  autres ,  les 
Baflins  &  les  Viviers,  ronds,  ovales  &  autres;  comme  auiïl  toutes  les 
Plantes  dont  l’ornement  confifte  dans  la  couronne  ou  dans  la  fommité. 

D’un  autre  côté  toutes  les  vues  qui  paroifTent  s’éloigner,  comme  des 
allées  &  de  longs  Canaux ,  plaifent  davantage  quana  on  les  confîdèrc 
fimplement  de  la  hauteur  ordinaire  d’un  homme. 

Far/^e  F  B  B 


JO  LESAGREMENS 

S 

Il  faut  toujours  avoir  grand  foin  de  placer  la  Maifbn  dans  un  lieu  éle¬ 
vé,  afin  d’en  pouvoir  confîdérer  agréablement  les  Parterres»,  Pour  cet 
effet  on  fera  faire  au  devant  de  la  Maifon  une  grande  place  plantée  a- 
vec  des  arbres  de  haute  futaye  ;  &  par  derrière  un  Parterre.,  11  y  a 
des  gens  qui  font  faire  des  Parterres  aux  deux  côtés  de  la  Maifon  ;  mais 
c’eft  ce  que  je  n’approuve  points  parce  qu’on  ne  fauroit  les  voir  que. dif¬ 
ficilement  du  haut  de  la  Maifon^  comme  on  voit  ordinairement  ceux  qui 
font  fitués  par  derrière  ,  fur -tout  fi  la  Maifon  contient  un  vafte  Salon, 
ou  tel  autre  appartement  percé  de  deux  côtés  à  jour;  C’eft  pour  cela 
que  je  préfère  une  Entrée  fpatieufè  par  devant,  &  que  je  place  par  der¬ 
rière  les  Parterres ,  aimant  mieux  faire  des  deux  côtés  de  la  Maiibn  un 
Jardin  entouré  de  murailles,  à  telle  diflance  cependant  qu’ils  ne  choquent 
6c  ne  gênent  pas  la  vue  :  fun  de  ces  Jardins  pouvant  fervir  de.  Mélon- 
nière  &  de  Jardin  à  fleurs,  l’autre  de  petit  Verger  d’ Arbres  nains,  à 
moins  qu’on  ne  voulût  deftiner  Tun  à  mettre  les  Orangers  pendant  l’Eté, 
6c  l’autre  à  une  Ménagerie,  fuppofé  qu’ils  foient  d’une  hauteur  qui  per¬ 
mette  de  les  voir  &  de  s’y  prom^e.r. 

Les  Plantages  fauvages  font  très  agréables  quand  on  fè  promène  à 
leur  ombre;  il  faut  donc  les  faire  tout  près  de  la  Maifon,  afin  de  n’être 
pas:  déjà  brûlé  par  le  Soleil  avant  que  d’y  arriver.  On  peut  ménager 
dans  de  pareils  Plantages,  des  endroits  non  plantés  6c  féparés  par  des 
Hayes  tondues ,  propres  pour  les  plus  fines  herbes  potagères  (parmi  lef- 
quelles  je  comprens  les  Melons),  comme  aufîi  pour  des  Arbres  nains. 

On  ne  fait  plus  guère  des  Vergers  avec  de  grands  Arbres  fruitiers  : 
fi  cependant  l’on  en  vouloir  un, il  faut  le  placer  aux.  environs  du  Potager 
ordinaire  &  du  Plantage,  le  plus  loin  de  la  Maifon  qu’il  eft  poffible.,  en 
ayant  foin  néanmoins  qu’il  foit  à  l’abri  des  vents  les  plus  nuifibles;. 

'Tout  Plantage  d’Allées  de  Hayes  tondues ,  qu’on  peut  envifàger  du 

même  coup  d’œil,,  doit  être  de  la  même  forte  d’ Arbres, du  même  verd, 
d’une  même  couleur  de  feuillage;  car  rien  n’efi:  plus  defagréable, 
que  lorfqu’un  Arbre  eft  toufu ,  tandis  que  l’autre  pouffe  de  grands  jets  & 

.  croît  vigoureufement  :  on  doit  obfer  ver  la  même  chofe  à  l’égard  de  tou¬ 
tes  les  autres  fortes  de  Plantes. 

Celui  qui  veut  avoir  toute  forte  de  Hayes  &  de  Plantes  vertes, doit a- 
voir  foin  que  chaque  efpèce  foit  plantée  fèparément  :  cela  ne  plaira  pas 
feulement  davantage  à  l’œil;  mais  dans  ce  cas-là  on  peut  aufii,fans  que 
cela  porte  le  moindre  préjudice,,  détruire  les  arbres  qui  ne  pouffent 
pas  comme  ils  devroient ou  qui  ne  font  pas  d’un  affez  beau  verd  :  les 

Ha-. 


It 


/ 


DELA  CAMPAGNE. 


Hayes  tondues  ,411!  ont  les  feuilles  les  moins  larges ,  paffent  pour  être  les 
meilleures.  Ce  qui  concerne  de  plus  les  Plantages  &  les  Arbres ,  &  Tufa- 
ge  auquel  chacun  d’eux  convient  le  mieux  dansTbn  elpèce^fe  trouve  dans 
le  IChap,  du  II  Lwre^  où  l’on  traite  amplement  des  Plantages  fauvages. 

Les  Canaux  J  les  FolTés,  les  Viviers, les  Baffins,  &:c.  doivent  être  foi- 
gneulèment  nettoyés  de  toute  forte  de  faleté  &  de  vcrditre  :  ils  prennent 
leur  origine  des  terres  balTes:  quand  on  veut  planter  ces  dernières,  oa 
ne  fauroit  les  rehauffer  à  moins  de  fraix  qu’en  fe  fervant  de  la  terre  qu’on 
tire  des  fonds,  delà  vient  aulîl  qu’on  les  voit  toujours  près  des  endroits 
plantés.  Mais  quand  on  veut  pratiquer  des  napes  d’eau  fur  des  ter¬ 
rains  plus  élevés, alors  cela  fait  naitre  des  TerralTes,  d’où  l’on  peut  voir 
avec  le  plus  d’agrément  les  Parterres, les  Orangers, &  les  Oifeaux  aqua¬ 
tiques.  Qiiand  un  tel  Baffin  d’une  eau  pure  &  claire  lèra  ainli  environ¬ 
né  d’ime  Terrafle ,  dont  les  bords  font  extrêmement  en  talus ,  prefque  de 
niveau ,  ornés  de  Parterres ,  cela  plaira  infiniment  plus  à  le  regarder  de 
laMaifon,  qu’un  Parterre  fec:  mais  des  Parterres  de  cette  nature  ne 
peuvent  guère  être  pratiqués  avec  fiiccès  que  dans  de  fuperbes  Jardins 
de  Plaifance,  à  caufe  de  la  grande  étendue  de  terrain  qu’ils  demandent. 
Par  la  même  raifbn ,  on  devroit  bannir  des  Campagnes  ordinaires ,  les 
Plantages  de  cet  ordre,  comme  Théâtres,  Labirinthes,  Garennes,  &c. 

On  doit  de  plus  pouvoir,  dès  l’entrée,  juger  par  les  grandes  & 
petites  allées  qui  conduifent  à  la  Maifon  de  Plaifance,  de  la  magnifi¬ 
cence  du  Propriétaire,  comme  aufîl  de  ce  à  quoi  on  doit  s’attendre  à 
l’égard  de  l’arrangement  des  Bâtimens  &  des  ornemens  intérieurs  de  fà 
Campagne ,  fi  l’on  doit  s’attendre  à  voir  un  Lieu  de  Plaifance  ou  une 
Maifon  de  Chafle  appartenans  à  des  Têtes  couronnées  ou  à  de  moindres 
Princes  Souverains  ;  ou  bien  à  y  en  trouver  appartenans  à  des  Princes 
moins  puiflans,  à  des  Comtes, à  des  Perfonnesde  grande  &  de  moindre 
qualité  5  ou  à  des  Particuliers. 

Il  faut  s’y  prendre  tout  autrement  pour  l’arrangement  des  Maifbns  de 
Chafle  5  que  pour  celui  des  Maifons  de  Plaifance ,  car  rien  de  ce  qui  peut 
fervir  à  recréer  des  gens  fatiguées  n’y  doit  être  oublié  ;  des  Labirinthes , 
des  Parcs  (le  Païs  d^alentour  &  les  Plantages  tenant  lieu  de  tout  cela) , 
n’y  conviendroient  en  aucune  manière. .  Des  vues  fur  des  eaux  à  l’om¬ 
bre,  des  Berceaux,  font  infiniment  plus  propres  à  procurer  un  délicieux 
délaflement.  Les  Fontaines  qu’on  y  a  pratiquées  doivent  aiiffi  avoir  des 
Jets  plus  gros ,  &  les  Cafeades  placées  fous  des  arbres  fort  épais  doivent 
fournir  une  plus  grande  quantité  d’eau  qu’ailleiirs.  Qiianc  à  la  Maifon 

B  2  ‘  me- 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 


J2 

même,  il  n’cfl:  pas  néceffaire  qu’elle  foit  fort  vafle,  pourvu  qu’elle  foit  bien^ 
à  l’ombre ,  &  qu’il  y  ait  dans  les  environs  quelques  autres  Bâtimens- 
propres  à  la  Chafle. 

On  doit  aufli  bien  être  fur  lès  gardes,  lorfqu’on  veut  conftriiire  &  ar¬ 
ranger  des  Lieux  de  Plaifance,pour  ne  fe  lailler  pas  tromper  par  des  def- 
feins,  &c  fur-tout  par  les  delTeins  où  il  s’agit  d’ornemens  &  de  Parterres, 
puifqu’il  ell  fort  ordinaire  qu’ils  déplaifent  autant  fur  le  terrain,  qu’ils 
avoient  plu  fur  le  papier.  De  ce  nombre  font  tous  ceux  qui  contiennent- 
des  traits  fort  déliés ,  &  autres  petites  figures  ;  pendant  que  ceux ,  qui 
préfentent  moins  de  fafie,  mais  des  parties  plus  grolTières,  font  fur  le 
terrain  un  effet  beaucoup  plus  beau;  quoiqu’il  s’en  faille  bien  qu’ils  plai- 
fent  autant  fur  le  papier. 

Les  Parterres  qui  ont  des  bordures  de  Bonis  ou  de  Gazon,  &  qui  font 
parfemés  dans  les  fentiers  de  coquilles  écrafées  de  différentes  couleurs,  coû¬ 
tent  prodigieufèment  à  entretenir,  fur-tout  en  petit  ,àcaufè  du  foin  qu’on 
doit  prendre  continuellement  de  les  nettoyer  ;  outre  que  les  couleurs- 
perdent  bientôt  leur  vivacité  par  les  pluies  &  par  l’iiumidité  des  fonds. 

•  On  doit  penfèr  aulfi  que  tout  paroit  plus  petit  en  plein  air,<Sc  cela  en¬ 
core  davantage  fur  un  Terrain  découvert,  que  fur  celui  qui  eft  renfermé: 
par  conféquent  les  Sentiers ,  les  Parterres ,  les  ornemens ,  &c.  doivent  ê- 
tre  tellement  difpofés  dans  la  proportion,  que  tout  foit  afforti,  que 
rien  ne  paroiffe  déplacé ,  ni  ne  gêne  en  aucune  façon  la  vue ,  parce 
qu’une  düpofîtion  en  petit  fera  paroitre  l’acceffoire  trop  grand, &,  par 
la  raifon  du  contraire,  qu’une  difpofîtion  en  grand  fera  diminuer  de 
beaucoup,  ôtracceffoire  bouchera  des  vues,  ce  qui  efl  de  part  &  d’autre 
fujet  à  de  grandes  difformités.  11  faut  de  plus  bien  prendre  garde, que  la 
grandeur  du  Lieu  de  Plaifance  ne  fe  découvre  pas  lorfqu’on  eft  dans  fes 
Promenades.  C’eft-pourquoi  on  aura  foin  de  ménager  extrêmement  les 
vues  percées ,  &  fur-tout  de  pratiquer  en  longueur  celles  qu’on  y  veut- 
avoir,  comme'auffi  de  diverfifier  les  Allées  &les  ornemens;  moyennant 
quoi  l’endroit  paroitra  plus  grand. 

Les  Ouvrages  à  treillis,  les  Grottes,  les  Jets  d’eau,  les  Cafcades,  les 
Groupes,  les  Statues,  les  Bains,  les  Vafes,.  les  Bulles,  &  autres  orne¬ 
mens  ,  doivent  être  placés  d’une  manière  qui  leur  foit  propre.  Les  Ou¬ 
vrages  à  treillis,  par  exemple,  font  des  ornemens  oppofés  aux  Grottes, 
car  ces  prémiers  repréfèntant  la  gaieté,  doivent  auffi  par  cela  même  ê- 
tre  placés  dans  des  endroits  ouverts  ;  les  Grottes ,  au  contraire ,  étant  de 
leur  nature  propres  à  entretenir  une  douce  mélancolie,  doivent  être 

conf- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


n 

conftriiites  dans  des  endroits  extrêmement  ombragés  &  couverts:  outre' 
qu’elles  doivent  contenir  ou  avoir  dans  leur  voifînage  des  Cafcades  pro¬ 
pres  à  exciter  le  Ibmmeil  par  leur  murmura 

Quant  aux  Jets  -  d’eau ,  on  les  place  aulTi  bien  dans  des  lieux  décou¬ 
verts  ,  que  dans  des  endroits  qui  font  l’ombre  ou  fermés  ;  on  doic 
fur-tout  bien  prendre  garde  à  cet  égard  de  faire  enforte  que  la  colonne’ 
de  leurs  Jets  Ibit  plus  grofle  &  plus  haute  jâ  proportion  de  là  diftance  &' 
de  l’étendue  de  l’endroit  d’où  on  les  apperçoiti;  par  ’conféquent  ceux  qui^ 
font  placés  dans  le  milieu  d’amples  Allées  percées,  doivent  être  décou¬ 
verts  de  loin, ayant  un.feiil  Jet  faillant  d’une  Rocaille  fort  baffe,  ou  d’u¬ 
ne  figure  de  quelque  Animal -aquatique,  qui,  pour  mieux  imiter  le  na¬ 
turel,  doit  avoir  fon  ouverture  près  de  terre;  on  doit  faire  auffi  enfbr- 
te  que  tous  les  Jets  d’eau  qui  fortent  hors  des  figures  d’Hommes  ou’d’A- 
nimaux,  &  non.  pas  hors  d’un  fîmple  tuyau,  fortent  par  dès  endroits  con*  ' 
venables ,.  car.  c’efl  une  cliofe  rifîble  de  faire  foudre  de  l’eau  hors  des’ 
parties  qui  naturellement  n’en  donnent  point.  Il  en  efl  de  même  des 
cliofès  qui  ne  s’emploient  qu’avec  le  feu ,  aucune  d’elle  n’a  le  moindre' 
rapport  à  tout  ouvrage  de  Fontaine,  fi  vous  en  exceptez  les  cas  où  l’hif- 
toire  repréfentée  exige  de  l’eau  pour  éteindre  un  incendie.  On  doit 
éviter  aufll  de  faire  des  ornemens,  repréfentant  des  choies  qui ,  félon* 
l’hiftoire ,  ne  font  pas  arrivées  en  plein  air  :  il  vaudroit  même  beaiicoupr 
mieux  qu’on  choifît  pour  cela  des  lieux  qui  auroient  du  rapport  avec  les* 
évènemens  ;  deforte  qu’on  aura  foin  de  ne  jamais  faire  lèrvir  la  Sculptu¬ 
re  à  repréfenter,.dans  l’intérieur  de  la  Maifon-;,  une  chofe  qui  efi;  patticu-^ 
lière  au  grand  air,  ou  bien,  dans  le  grand  air,  une  chofe  qui  efi  propre 
àlaMaifon.- 

On  pofè  les  Groupes  de  deux  Statues ,  ou  même  d’un  plus  grande 
nombre ,  comme  un  ornement ,  dans  les  places  des  Allées  percées  qui  font 
moins  grandes  que  celles  que  demandent  des  Bafiins  fort  vafies  :  on  doit 
cependant  faire  enforte  qu’ils  ne  foient  pas  trop  referrés,  de  peur  de  gê¬ 
ner  la  vue.-  On.  doit  outre  cela  encore  joindre  plus  on  moins  dé  Statues 
qui  lè  rapportent  enfèmble  ,&lesdifpofer  de  façon  qu’elles  paroiffent  d’u¬ 
ne  grandeur  naturelle  félon  la  largeur  des  Allées  &  de  la  difiance  qu’il  y 
a  entre  elles:  c’efi  pourquoi  on  ne  fàuroit  mieux  faire  que  de  choilirune 
Iliftoire,  qui  peut  foufrir  une  pareille  grandeur  naturelle,  car  tout  ce 
qu’on  place  en  plein  air  doit  du  moins  être  de  cette  taille;  par  cette  rài- 
lôn  ,1a  Venus  Grèque  aura  plus  de  grâce  dans  des  Sales  &  dans  des  Ga¬ 
leries  ^  que  d^s  des  Promenades  à  découvert  ou  dans  des  Parterres,  n’é- 

B  3  tant: 


14.  LESAGREMENS 

tant  pas  permis  d’augmenter  la  taille  de  la  Statue  d’une  belle  Femme. 
11  en  ell  de^  même  des  Statues  des  Hommes ,  que  la  Fable  nous  repréfente 
comme  délicats  &  efféminés  5  elles  ne  foufrent  pas  une  taille  trop  grande, 
ni  des  mulcles  fort  grolfiers ,  comme  celles  d’un  Adonis ,  d’un  Narciffe , 
d’un  Hiacinthej&c.  Il  eft  permis, pour  les  Statues  de  Femmes, de  don¬ 
ner  une  plus  grande  taille  à  celles  de  Diane, de  Gérés,  &  des  Héroïnes 
guerrières ,  parce  que  leurs  exercices  rendent  tous  leurs  membres  plus 
robufles,  defbrte  qu’on  auroit  tort  de  les  repréfènter  fi  potelées.  Les 
meilleures  grandes  Statues  d’Hommes  font  celles  des  Héros,  qui  font  con¬ 
nus  dans  l’Hifloire  fous  le  nom  de  Géans ,  parmi  lefquels  on  compte 
Hercule  &  Mars,  &c.  qui  doivent  être  repréfentés  avec  des  mufcles 
fort  robufles ,  quoique  toujours  dans  le  naturel. 

Un  Centaure  tiendra  plutôt  lieu  d’un  Groupe  que  d’une  fimple  Statue, 
pouvant  être  très  bien  placé  dans  des  endroits  percés  ,'trop  larges  pour 
de  fimples  Statues,  quoique  grandes,  &  trop  peu  pour  un  Groupe. 

On  place  de  fimples  Statues  tout  autour  des  Parterres ,  fermés  de 
toutes  parts  par  des  Haies,  comme  aulfi  autour  desBafrins,où  elles  font, 
en  refléchiffant  dans  l’eau, un  très  bel  effet.  Mais  il  femble  que  c’efl  une 
cliofè  tout-à-fait  déplacée,  que  de  pofer  de  grands  Vafès  autour  des 
Parterres  ouverts,  comme  cela  fe  voit  cependant  dans  plufieurs  belles 
Campagnes.  La  raifon  en  efl,  que  les  Vafès  repréfentent  des  Urnes,  & 
que  des  Urnes  ne  fauroient  fbuffrir  une  grandeur  auffi  extraordinaire,  que 
l’efl  celle  que  les  Vafès  paroiffent  avoir  étant  pofés  dans  ces  Parterres; 
deforte  qu’ils  font  plus  convenables  dans  des  lieux  enfermés ,  où ,  félon 
les  particularités  de  PHifloire,  ils  ne  doivent  pas  paroître  fi  grands. 


/ 


CHAPITRE  III. 


Ce  qu'il  y  a  h  obferver  quand  on  commence  à  arranger  des  Fiant  âges  y  à 
conjlruire  des  Edifices ,  des  MuraîlleSy  des  T errafies ,  &c.  ^  ce  qiCon  doit 
faire  annuellement  y  jufques  à  ce  que  le  tout  foit  parfaitement  achevé. 

IL  en  efl  des  Plantages,  &  des  Bâtimens  qui  leur  font  propres,  au  fil 
bien  que  de  leurs  ornemens ,  comme  de  plufieurs  autres  chofes  dont 
le  fuccès  ne  répond  point  à  l’attente  ;  ce  qui  vient  fouvent  de  ce  qu’on 
précipite  trop  le  travail.  Delà  vient  auffi  qu’un  Propriétaire  fe  verra 

obli- 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  '  r; 

obligé  depofléder  bien  des  chofes  imparfaites,  puifquê  ce  n’ell  qu’à  force 
de  aepenfe  qif on  poiirroit  y  remédier.  Cela  nous  engage,  lî  nous  ne 
voulons  point  en  être  quelque  jour  au  répentir,  à  prendre  un  efpace  de 
tems  convenable  pour  bien  conftruire  &  arranger  (après  de  mûres  déli¬ 
bérations),  nos  Plantages ,  nos  Bâtimens,  &c.  les  perfeétionner  à  peu 
de  fraixj  &  les  pofleder  enfin  avec  une  entière  làtisfaélion.  Dans  cette 
vue,  on  aura  befoin  de  dix  ans,  &  même  plus,  pour  bâtir,  planter, 
&c.  une  fuperbe  Mailbn  de  Campagne  avec  fès  Plantages  ;  &  Ton  ne 
s'en  repentiroit  même  point,  fi  on  pouvoit  fe  réfoudre  à  étendre  encore 
ce  tems  par  raport  aux  Bâtimens  (a). 

Pour  bien  commencer  par  conféquent,  il  faut  avant  toute  choie  re- 
haufler  nos  fonds  de  terre,  qui,  en  général,  ne  font  pas  alFez.  élevés  au  défi- 
fus  de  Peau  pour  que  les  arbres  y  croiiïent  bien  ,  à  quoi  Ton  emploie 
communément  la  matière  qu’on  tire  des  Viviers  &  des  FofTés..  Gn  ne 
doit  pas  planter  ces  terres  avant  qu’elles  aient  eu  le  tems  de  fe  raffermir' 
en  baiflant  on  attendra  plus  longtems  encore ,  fi  on  veut  y  faire 
des  ouvrages  de  maflbnnerie ,  &  ce  tems  fera  encore  beaucoup  plus  pro¬ 
longé,  fi  on  les  veut  payer.  Il  faut  de  plus  que  cette  matière,  dont 
on  lè  fert  pour  rehaufler  les  fonds ,  fur-tout  quand  elle  eft;  tirée  des  ter-- 
res  gralTes,  dont  le  deflbus  eft  naturellement  trop  froid  &  llijet  à  le  fen¬ 
dre  par  la  dureté,  foit  expofée  à  la  gelée  ,  julques  à  ce  qu’elle  mollilfe;- 
après  quoi  on  travaillera  ces  terres  ,&  on  les  amandera  par  le  moyen^ 
du  fumier. 

Laprémière  choie  qu’on  doit  lè  propolèr,  après  avoir  fait  aquifition' 
d’un  pareil  fond,  c’ell  de  l’environner  au  dehors  par  de  bonnes  défenles 
contre  les  vents  &  le  froid,  fans  quoi  il  efi  impofiible  de  cultiver  des' 
fruits  ou  des  herbes  potagères.  Cela  eft  pareillement  d’une  néceflité  in- 
dilpenfable  pour  les  Maifons  de  Campagne  mêmes ,  qui ,  fans  ce  fecours , . 
tomberoient  bientôt  en  ruine  &  deviendroient  inhabitables.  II  efi  mê¬ 
me  bon  que  ces  Haies,  ou  arbres  de  haute  tige  foient  placés,  avant 

que 

(à)  Prima  adoîéfcentîaPatremfamilîæagrum  Jiatim  conferere  ftudere^  œdificare  dîu  cogita- 
re  oportet  i  conferere  cogitare  non  oportet ,  J'ed  facere ubi  œtas  accejjit  ad  annos  trigintajex , 
tum  œdificare  oportet ,  ji  agrum  conjîtum  hàbeas.  >  • 

G’eft  à- dire:  ^  . 

Un  Père  de  famille  doit  femer  dès  fa  tendre  jeunefTe  fon  champ,  mais  penfer  long¬ 
tems  avant  que  de  bâtir:  pour  ce  qui  eft  de  le  femer,  il  ne  doit  point  perdre  fon- 
tems  à  y  penrer,.mais  le  faire  :  lorfqu’il  eft  parvenu  à  l’âge  de  trente-fix  ans,  c’eft  a^ 
lors  qu’il  peut  bâtir,  fi  fon  champ  eft  femé.  Cato  de  la  Vie  champêtre.  Cb,  3. 


t6  .  :  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

que  les  arbres  fruitiers  commencent  à  porter,  &  que  le  Bâtiment  foit  k 
fa  perfeétion. 

llefl  de  plus  très  bon  que  l’on  donne  à  la  chaux ,  que  l’on  emploie  aux 
Bàtimens5.1e  tems  de  fe  détremper,  &  que  le  bois  de  la  charpente  ait 
celui  de  bien  fécher;  defbrte  qu’on  ne  doit  pas  trop  fè  preiTerà  les  b⬠
tir.  On  obfervera  les  mêmes  chofes  à  l’égard  des  ornemens  &  autres 
enjolivemens.  Pour  amener  donc  avec  fuccès  &  dans  un  bon  ordre ,  à 
fà  perfeétion,  une  fliperbe  Maifon  de  Campagne  avec  Tes  Plantages  & 
fès  ornemens,  on  s’y  prendra, de  cette  façon. 

La  Prémière  année on  fera  creufèr  .les  Canaux  &  les  Fofles  exté¬ 
rieurs,  enfuite  les  Viviers, pour  en  tirer  dequoi  rehaufTer.le  fond, en  ré¬ 
parant  comme  il  faut  la  bonne  terre  d’avec  la  mauvaife,  qu’on  répan^^ 
dra  après  cela  dans  tous  les  endroits  de  la  Campagne  qui  en  auront  le 
plus  de  befoin. 

Si  l’on  veut  faire  élever  desTerralTes,  on  les  commencera  en  gros,  & 
l’on  n’oubliera  point  combien  elles  font  fujettes  à  bailler  ;  la  plus  mau¬ 
vaife  terre  pourra  fèrvir  à  en  faire  les  prémières  couches. 

On  achètera  la  chaux  de  brique  dont  on  aura  befoin  pour  tous  les  ou¬ 
vrages  de  malTonnerie  extérieurs  &  fur  terre,  on  la  fera  tamifer,  enfuite 
tremper  dans  des  FolTés  ou  dans  des  Puits. 

On  achètera  les  ais  de  chêne  néceflaires ,  &  on  aura  foin  qu’étant 
pofés  à  jour, ils  donnent  palTage  au  vent; ils  fefèchent  ainll  en  plein  air. 

On  fera  conllruire  des  loges  pour  le  travail  &  pour  le  bois  de  char¬ 
pente  3  dans  lefquelles  on  fera  lécher  les  Solivaux  &  les  grolTes  Poutres , 
dans  la  fuppolîtion  que  ce  fera  du  bois  de  Sapin  rougeâtre ,  étant  fort  - 
difficile  de  trouver  du  bois  de  Chêne  propre  à  faire  des  Poutres  ;  car  au¬ 
trement  c’ell  fous  l’eau  que  l’on  doit  faire  perdre  à  de  tel  gros  bois  de 
Çhêne  fa  fève. 

On  doit  fe  procurer  du  fumier  &  du  fable ,  pour  faire  un  mélange  en 
travailla^it  les  ;terres  gralTes,  &  pour  en  faire  de  la  bonne  terre,  où  les 
arbres  étant  plantés  (  de  manière  que  leurs  racines  &  leurs  cavités 
foient  bien  remplies  )  croitront  infiniment  mieux  :  il  ne  faut  pas  ce¬ 
pendant  que  cette  bonne  terre  foit  trop  gralTe  dans  le  tems  qu’on  y 
plante. 

Les  fonds  de  terre  làblonneux  demandent  d’être  mêlés  avec  du  limon  : 
on  employera  à  tirer  celui-ci  des  FolTés,  les  Ouvriers  qui  travaillent 
dans  les  Tourbières,  parce  qu’ils  font  forts  entendus  pour  ces  fortes  d’ou¬ 
vrages.  JSi  Ton  s’en  doit  lèrvir  pour  des  fonds  fort  fecs  &  fort  élevés,  on 

fera 


DE  LA  CAMPAGNE. 


fera  mettre  le  limon  en  monceaux  fort  grands  &  fort  épais,  pour  être 
moins  flijets  à  la  gelée. 

On  fera  bêcher  le  fond  des  Allées  extérieures  &  de  celles  qui  font  le 
tour  5  ahn  que  la  gelée  puifle  y  pénétrer  pendant  THiver,  &  qu’on  puif 
fe  dès  l’entrée  du  Printems  y  planter  ou  femer  des  arbres.  ' 

On  commence  à  arranger  la  pépinière ,  tant  d’arbres  fuitiers  que  d’au¬ 
tres.  On  met  pareillement  en  terre  des  Glands  pour  les  faire  germer 
de  la  lèmence  de  Hêtres,  des  noyaux  de  Ceriles,  de  Merifes,  &  des 
Noix  pour  en  planter  dans  la  fuite  les  Sauvageons  lorlqu’ils  feront  par¬ 
venus  à  un  certain  point. 

La  Jeconde  Année  on  plantera  dès  l’entrée  du  Printems  dans  une  ter¬ 
re  bien  fouillée, les  arbres  qui  doivent  entourer  la  Campagne  au  dehors 3 
comme  aufli  les  Vergers  d’arbres  en  plein  vent,  fè  donnant  à  cela  tout 
entier  julqu’au  commencement  d’ Avril;  &  s’il  reftoit  quelque  chofe  k  fai¬ 
re  de  cet  ouvrage,  on  le  renverra  k  l’Autonne  fuivante. 

On  plante  diverfes  réparations  d’ Aunes, où  l’on  met  en  terre  des  bou¬ 
tures  de  Saules  pour  en  faire  des  Haies  tondues,  pour  empêcher  que  le' 
vent  ne  charie  rien  au  dehors ,  &  que  les  vents  de  Bize  ne  pénètrent 
au  dedans ,  dépareilles  Haies  étant  très  nécefTaires  dans  des  Pépinières, 
Potagers,  Vergers,  &c. 

On  met  encore  en  terre  des  Glands ,  des  noyaux  de  Cerifès ,  de  Meri¬ 
fes  &  des  Noix.  Il  faut  aufli  que  les  plantes  'fauvages  foient  plantées  avec 
ordre, pour  n’etre  pas  étouffées  en  croiffant  avec  vigueur , d’autant  qu’el¬ 
les  reftent  toujours  dans  la  même  place  ;  les  arbres  fruitiers  doivent  être 
tranfplantés  dans  l’Autonne  fuivante. 

On  achève  tout  ce  qui  refloit  k  faire,  foit  a  creufèr  des  Viviers,  k  re- 
haufler  le  fond,  ou  k  élever  des  Terraftes. 

On  continue  k  fouiller  les  terres ,  ce  qu’on  peut  faire  k  l’égard  des  ter¬ 
res  fablonneufes ,  jufques  vers  l’Eté  ;  au-lieu  que  les  fonds  de  terre  graf- 
fe,  dont  la  terre  efl  trop  dure,  fujette  k  fe  fendre,  d’une  fécherelTe  qui 
tient  de  la  pierre,  ne  doit  être  bêchée  qu’au  commencement  de  Sep¬ 
tembre  ,  pour  aquerir  par  la  gelée  une  furface  plus  molle.  On  doit 
fouvent  faire  mêler  les  monceaux  de  limon  avec  du  fumier  &  du  fable. 

On  doit  d’un  bout  de  l’an  k  l’autre  purger  la  terre  des  mauvaifes  her¬ 
bes  ,  &  arracher  les  plantes  qu’elles  ont  produites. 

Pendant  l’Eté  &  l’Autonne  on  tâchera  de  trouver  &  de  goûter  chez 
les  Curieux ,  les  meilleurs  fruits  ;  après  s’être  déterminé  fur  le  choix , 
on  remarquera  avec  foin  dans  quel  fond  font  plantés  les  arbres,  6c  on  le 
Tartie  L  C  note- 


18  LESAGREMENS 

notera,  pour  n’ètre  pas  trompé.  Et  afin  d’être  encore  plus  fûr  de  fbn 
fait,  il  efi:  bon  de  s’infinuer  dans  les  bonnes  grâces  des  Jardiniers,  qui 
cultivent  eux-mêmes  ces  arbres. 

Les  murailles  extérieures  doivent  être  mallonnées  avec  de  la;  chaux 
de  brique,  qui  a  trempé  pendant  tout  un  Hiver. 

On  prépare  encore  dans  l’Autonne  autant  de  chaux  de  brique  qu’on 
en  aura  befoin  dans  la  troifième  année,  pour  bâtir  l’Orangerie ,  les  Serres, 
à  Vignes  artificiellement  échaufées ,  &  autres  murailles  ;  &  on  aura 
grand  foin  de  la  mettre  à  l’abri  de  la  gelée. 

On  prépare  tout  le  bpis  de  charpente  pour  l’année,  foivante;  &  l’on 
fait  tailler  dans  les  Montagnes  les  pierres  de  taille., 

^  Comme  il  eft  fort  néceflaire  d’avoir  un  Jnfpeéteur  qui  ait  l’oeil  fur  les 
ouvrages ,  on  commencera  dès  l’entrée  du  Printems  à  bâtir  la  Maifon  du 
Jardinier,  fi  cela  m’a  pas  déjà  été  fait  dans  la  première  année. 

La  troifième  Année  on  plantera  encore;  &d’on  mettra  aufii. en  ter¬ 
re  des  Glands  &  des  Semences  trempées. 

On  doit  tailler  foi-même  les  Entes  des  arbres  marqués ,  &  comme  on 
n’a  pas  encore  dès  Sauvageons  à  foi,  on  les  fera  enter  par  des  gens  en¬ 
tendus  ,  en  fa  préfènce ,  fur  les  plants  qui  leur  font  propres ,  &  on  le  note¬ 
ra  exaétement;  ce  qu’il  efi:  inutile  de  faire  connoître  à  celui  qui  ente. 

On  plantera  les  Terrafies  &  les  Berceaux  ,  ou  bien  ,  on  y  mettra  de 
la  Semence  trempée. 

On  labourera’'&  on  amendera  encore  les  Vergers  &  les  Potagers. 

On  achèvera  les  Plantages  autour  des  Viviers  &  d’autres  Gazons. 

On  plantera  dans  l’Autonne  en,  ordre  dans  la  Pépinière  les  Sauva¬ 
geons  à  fruits ,  comme  Pommes,  Poires,  Cerilès,  Noix,  &c.. 

Ou  bâtira  les  Murailles’,  les  Serres  à  Vigne  ,  tant  naturelles  qu’artifi¬ 
cielles  &  autres  ,  l’Orangerie,  comme  aiifii  les  Ecuries,  laRemife,  fi 
l’on  a  defiein  de  bâtir  une  Maifon  miagnifique ,  auquel  cas  ces  deux  der¬ 
niers  peuvent  fervir  d’endroits  propres  au  travail. 

Qiiand  les  loges  de  bois  de  charpente  feront  vuidées ,  on  fera  à  tems 
de  nouvelles- emplettes ,.  comme  de  Sol i vaux.  Poutres, Ais  de  Chêne  &  • 
autres  ,,  afin  que  tout  fe  piiifTe  féclier  à  loifir. 

Comme  il  paroit  par  l’expérience  que  des  Cloifons  peintes  en  brun 
valent  mieux  pour  faire  meurir  les  fruits  que  des  murailles ,  on  fera 
conftruire  un  grand  nombre  des  ces  prémières,  toutes  en  droite  ligne,' 
&:non  pas  des  murailles,  fi*ce  n’efi:  pour  des  fruits  qui  meurilTent  dans 
les  Serres  ou  pour  des  féparations. 

•  Ld' 


DELA  CAMRAGNE. 


La  quatrième  Année  on  coiipQ  tons  les  Sam^ngeons  d^fa  tranfplantésy 
foit  dans  la  Pépinière  ou  autre,  part-,  à  la  hauteur  d’un  doigt  ou  un  peii^ 
moins  de  terre  :  ce  qu’on  pratique  aufll  à  l’égard  de  tous  les  Arbres 
noués  &  qui  ne  croilTent  pas  droits  .,  pour  les' faire  poidTer  avec  plus  de 
vigueur  ;  de  plus  on  enterrera  ou  l’on  grelïera  en  écuflbn  dans  l’arrière 
faîfon  les  Sauvageons  qui  auront  été  coupés,  tant  ceux  qui  font  plantés 
contre  les  murailles  qu’autre  part. 

On  plante  des  Vignes  &  plufîeurs  autres' fruits  dans  des  Serres  à  Vi¬ 
gne  naturellement  &  artificiellement  échaufées,  comme  aulfi  contre  des 
Cloifons. 

De  plus  on  achève  de  mettre  en  ordre  les  Plantages  avec  leurs  orne- 
mens  ,  après  en  avoir  bien  purifié  la  terre  ;  à  l’exception  de  la  malTo^ 
nerie  contre  les  Terrafles,  parce  qu’elles  font  encore  fujettes  à  baifier.  - 
La  cinquième  Année  on  plantera  le  Verger  avec  tout  ce  qui  y  ap¬ 
partient  ;  &  l’on  aura  foin  de  remarquer  exaéfement  à  quel  vent  les 
arbres  ont  été  expofés  dans  la  Pépinière ,  afin  de  les  planter  de  nou¬ 
veau  dans  la  même  expofidon. 

On  ente  &  l’on  greffé  en  éculTon  for  fes  propres  Souvagéons,  ou -for 
fes  arbres  fruitiers.  .  -  .  c.  .  ji..  ^ 

Dans  le  deflein  de  bâtir  l’année  foivante  la  Maifon,  on  doit  dans  cel¬ 
le-ci  faire  provifion  de  chaux ,  &  préparer 'pareillement  dans  l’autonnc 
tout  le  bois  de  charpente  &  autres  matériaux.  On  fait  aufll  préparer 
pour  les  ouvrages  durs  ,  que  l’on  aprête  de  même  aéluellement ,  des 
Gonds  de  métal,  &  tout  autre  pièce-de  métal  dont  on  doit  fe  fervir  au- 
lieu  de  fer.  ...  '  ,  , 

Dans  l’Autonne  on  pofe  les  fondemens  de  la  Maifon  ,  &  cela  jufqu’à 
un  pied  par  deffiis  terre,  pour  lêurdaiffer  le  tems  de  s’amortir  pendant 
l’Hiver  ;  mais  il  les  faut  couvrir  contre  la  gelée  :  bien  entendu  que  les 
grands  égouts  fous  terre  &  au  travers  des  murailles  foient  faits.  - 

La  fîxième- Année  on  plantera  i,  entera  ,'i  greffera  encore  en  écuffon, 
6c  on  fera  ce  qui  fera  de  plus  néceffaire.  '  -  '  P  ■"-  ■ 

Ori  bâtira  en  diligence  le  corps  du  Logis,  afin  que  la  Maifon  foit 
à  couvert  avant  l’Hiver, &  qu’on  la  puiffe  peindre  pour  laprémière  fois, 
ayant  grand  foin  à  ce  dernier  égard  d’empêcher  que  la  poulfière  n’y  fafi 
fe  du  dégât. 

On  place  des  nattes  de  rofèaux  devant  les  embra:z:ures  pendant  l’Hi¬ 
ver  ,  pour  que  le  vent  paffant  au  travers ,  faffe  fécher  les  murailles. 

La  Jeptième  Année  ^  la  Maifon  étant  bâtie  extérieurement ,  on  pourra 

C  2  fai- 


20 


LES  AGREMENS 


faire  les  Voûtes,  les  ouvrages  en  terre,  comme  les  Caves  profondes  & 
cimentées,  Citerne,  Puis, Commodités,  &  ce  qui  pourroit  encore  man¬ 
quer  aux  égouts. 

On  polè  d’abord  devant  les  fenêtres, des  nattes  de  rolèaux,  qu’on  peut 
rouler  &  qu’on  ôte  en  Autonne,  mettant  à  leur  place,  pour  la  forme, 
des  fenêtres  vitrées ,  qui  peuvent  fèrvir  enfuite  au  Melonnières  &  autres 
Serres. 

On  pofe  les  planches ,  &  l’on  commence  les  ouvrages  intérieurs. 

On  perfeélionne  les  Plantages,  quant  à  leurs  ornemens,  &  l’on  y  a- 
joute  ce  qui  pourroit  encore  y  manquer. 

La  huitième  Année  on  placera ,  foit  aux  cheminées ,  fbit  aux  murail¬ 
les,  tout  le  marbre  qui  eft  déjà  préparé. 

-  On  fait  mettre  dans  tous  les  endroits  convenables,  comme  à  la  cui- 
fine,  à  la  cave,  &c.  des  carreaux  blancs. 

L’on  joint  de  nouveau  tous  les  Planchers ,  &  après  cela  on  les  fait 
plafonner. 

On  fera  peindre  tout  l’intérieur. 

La  neuvième  Année que  tout  eft  plafonné, on  mettra  toutes  les 
fenêtres  vitrées  à  la  place  de  celles  qu’on  y  avoit  pofées  pour  la  forme 
îèulement. 

Le  marbre  doit  être  uni  &  poli. 

On  fait  placer  aux  cheminées  des  manteaux  de  bois,  des  boiiages, 
des  lambris ,  des  ouvrages  de  Iculpture  &  autres  enjolivemens. 

On  polèra  le  principal  degré ,  l’on  fera  dorer  &  peindre  dans  les 
chambres  tout  ce  qui  doit  l’etre. 

La  dixième  Année  ^  les  Terraffes  étant  bailTées,  &  par  conféquent  la 
muraille  dont  on  doit  les  environner  étant  aulfi  mpins  fujette  à  bailTer, 
on  les  fera  malTonner  avec  des  couches  de  briques  dures  ;  après  quoi  on 
les  pavera,  &  l’on  mettra  ainfi  la  dernière  main  au  Plantage. 

On  fera  peindre  pour  la  prémière  fois  extérieurement  la  Maifon,  a- 
près  quoi  on  la  fera  peindre  deux  fois. 

Qiiand  toutes  les  murailles  feront  entièrement  féches,  on  fera  tendre 
les  chambres  &  on  les  garnira  de  miroirs. 


C  H 


DE  LA  campagne. 


ZX 

CHAPITRE  IV, 

Qualités  7'equifes  dans  un  jardinier ,  dans  ceux  h  qui  P  on  confie  Pinfpec^ 
tion  de  nouveaux  ouvrages-^  ^  dans  les  Ouvriers'. 

Avant  qu’on  fafle  préparer  un  fond  d'e Terre, on  aura  foin  de  fè pour¬ 
voir  de  bons  Ouvriers  5  &  principalement  d’un  bon  Infpeéleur  ou  Jar¬ 
dinier.  Ce  dernier  doit  être  honnête  homme,  vertueux  &  habile.  On 
n’employera  jamais  ceux  qui  font  voleurs ,  menteurs ,  yvrognes,  pail¬ 
lards,  &  parefleux,  ni  les  faux  favans,  comme  il  s’en  trouve  beaucoup 
parmi  les  Jardiniers  J  dont  le  prétendu  lavoir  ne  les  empêche  pas  feulement 
d’aquérir  de  plus  grandes  connoilTances  (a)  ,  mais  les  engage  même 
fouvent  à  faire ,  de  dèflein  prémédité ,  mal  réiiflir  des  chofes  qu’ils  ont 
été  obligés  de  faire  par  un  ordre  exprès  contre  leur  avis:  ils  doivent  ce¬ 
pendant  être  entendus  dans  tout  ce  qui  eh  de  leur  relTort,  <Sc  même 
dans  les  choies  qui  ne  regardent  point  le  jardinage. 

Quand  on  veut  conffruire  &  arranger  de  belles  Mailbns  de  Campa¬ 
gne  ,  on  en  donne  pour  l’ordinaire  l’inlpeétion  à  une  perlbnne  que  l’on 
choilît  exprès ,  afin  que  tout  s’y  falTe  dans  l’ordre  :  mais  il  lèroit  à  fou- 
liaitcr  que  l’on  pût  donner  cette  commilTion  au  Jardinier  même, parce 
qifil  ell  fort  naturel  de  croire  que  devant  relier  dans  la  fiite  au  lèrvice 
du  même  lieu,  ü  aura  d’autant  plus  de  foin  que  chaque  cliolè  s’y  fafle 
comme  il  faut^  &  liir-tout  fi  animé  parle  point  d’honneur, il  fe  propofe 
l’avantage  des  Plantes. 

Celui  dont  on  fait  choix  ,  doit  être  affable  ,  il  doit  être  en  état  de 
pouvoir  commander  avec  ordre  &  favoir  fe  faire  obéir  r  delbrte  qu’il  ne 
doit  pas  fe  familiarilèr  avec  les  Ouvriers  qui  dépendent  de  lui ,  encore 
moins  badiner  avec  eux  ;  mais  au  contraire  garder  toujours  fon  férieux 
quand  il  leur  commande  quelque  choie.  On  doit  faire  attention  aux 
forces  du  corps  &  à  l’âge  d’un  Jardinier,  à  proportion  des  lervices 
qu’on  exige  de  lui;  car  dans  une  Campagne  où  il  doit  travailler  lui-mê¬ 
me  ^ 

(a')  Villicus  ne  plus  cenfeat  fapere  fe  quum  domînum.  Cato  de  Re  Ruftica.  C.  V, 

C’eft-à-dire: 

Un  Païfan  ne  doit  pas  s’imaginer  d’en  favoir  plus  que  fon  Maitre. 

c  3 


22 


L  R  s:  A  G  R  E  M  E  N  S 


me  5  il  faut  nécefTairement  de  la  vigueur,  par  conféquent  il  faut  clioifir 
pour  cela  des  hommes  jeunes  &  vigoureux  ;  mais  quand  il  s’agit  de  lui 
donner  l’inlpedlion  fur  les  autres ,  on  doit  alors  fè  déterminer  pour  un 
jardinier  d’âge, parce  qa’ayant  plus  d’expérience,  il  eft  auffî  plus  en  é- 
tat  de  gouverner  des  Ouvriers,  des  Jardiniers  plus  jeunes  que  lui,  &  de  le 
faire  obéir  par  eux.  Et  comme  les  jeunes-gens  ne  fe  font  pas  de  peine 
d’être  gouvernés  par  im  homme  d’âge ,  on  trouvera  auffi  plus  facile¬ 
ment  des  Ouvriers  &  de  jeunes  Jardiniers  qui  veuillent  fe  mettre  fous  là 
diredion  :  outre  qu’un  Propriétaire  entendu  agréera  d’autant  plus  volon¬ 
tiers  les  fervices  d’un -tel  Jardinier,  que  celui-ci  prévenu  en  faveur  de  fes 
lumières ,  fe  conformera  avec  plaifîr  à  fes  avis ,  ce  qu’il  ne  feroit  pas  à 
l’égard  d’un  Propriétaire  peu  verfé  dans  l’art  de  la  Culture. 

Un  Propriétaire  entendu  trouvera  aifément  un  Jardinier  tel  qu’il  Iiii 
faut, parce  que  ce  dernier  (fachant  manier  la  bêche  &  la  lèrpette ;  ayant 
un  corps  fort  &  vigoureux  ;  étant  de  plus  docile,  &.  attentif  aux  hiccès 
de  fes  entreprilès) ,  pourra  Ibus  la  diredion  d’un  tel  Propriétaire  devenir 
J  en  peu  de  tems  fort  habile;  au-lieu  qu’un  Propriétaire,  ou  un  Seigneur 
peu  verfé  dans  cet  art,  aura  beaucoup  plus  de  peine  à  fe  pourvoir  d’un 
Jardinier,  parce  qu’il  lui  en  faut  un ,  qui  ait  plus  d’expérience,  &  qui 
connoilTc  la  manière  de  cultiver  les  Arbres  &  les  Herbes,  celle  de  tailler, 
enter,  greffer  en  éeuffon,  en  fente,  en  couronne,  d’entretenir  les 
Plantes;  comme  aulTi  la  manière  de  cultiver  les  Herbes  potagères,  les 
fruits  de  terre ,  les  fleurs ,  6c  cela  tant  naturellement  que  par  ait.  Mais 
il  ne  faut  pas  s’attendre  qu’un  Jardinier  bien  entendu  s’occupe  à  des  ou¬ 
vrages  rudes,  parce  qu’étant  affez  rare  d’en  trouver  de  tels,  un  chacun 
les  careffe  6c  les  recherche  avec  empreffemenL  Voila  pourquoi  aulîl 
l’on  peut  pofer  comme  ime  chofe  certaine ,  qu’à  tout  liabile  Jardinier  qui 
cherche  à  s’engager  dans  un  fervice  rude,  il  y  aura  quelque  chofè  à  dire, 
foit  infidélité, fbit  yvrognerie,6cc.  à  moins  qu’il  n’y  fut  obligé  pour  fub- 
venir  aux  befoins  d’une  nombreufe  famille  ,  ce  qui  caufe  pour  l’ordinaire 
beaucoup  de  trouble,  6c  eft  aulfi  nuifible  aux  fruits  6c  aux  jeunes  plantes 
que  les  infeétes  mêmes,  outre  qu’on  ne  recevra  aucun  férvice  de  la  Jar¬ 
dinière,  qui  fera  obligée  de  fe  donner  toute  entière  à  fes  enfans.  C’efl 
ce  qui  conduit  naturellement  à  cette  queftion,favoirfî  ronfe  déterminera 
pour  un  Jardinier  qui  a  des  enfans ,  ou  pour  un  qui  n’en  a  point.  Je 
préférerois  le  prémier,  pourvu  que  ce  foit  une  Campagne  folitaire;  6c 
qu’on  puifTe  empêcher  les  enfans  de  toucher  aux  fruits  fins,,  parce  qu’il 
eft  fort  vraifemblable  qu’on  en  fera  d’autant  mieux  fervi,  qu’il  efl  moins 

re- 


D  Ê  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E. 


recherché  pour  l’ordinaire  :  outre  qu’étant  forcé  au  travail ,  il  cft  à  pré- 
iiimer  qu’il  s’appliquera  mieux  à  obier  ver  toutes  fes  entreprifes,  &  qu’il  fe 
rendra  par  cela  même  plus  habile.  On  pourra  auffi  vraifemblablement 
le  garder  plus  longtems  à  Ibnfervice,  n’étant  pas  à  craindre,  à  caufe 
de  la  charge  de  fes  enfans,  qu’on  le  recherche  &  qu’on  tache  de  le  cor¬ 
rompre  par  argent  ou  par  promefles,  étant  extrêmement  nuifible  de 
changer  fou\’ont  de  Jardinier,  parce  que  celui-ci  ayant  infenfiblement 
appris  à  connoitre  les  propriétés  du- fond  ,  pourra  aulfi  cultiver  &  entre-- 
tenir  les  plantes  avec  beaucoup  plus  de  liiccès.  Celui  qui  préférera  un 
Jardinier  fans  enfans ,  fera  pourtant  bien  d’en  choifir  un  qui  foit  marié 
&  pofé,  parce  que  (quand  même  on  ne  recevroit  pas  de  grands  lervices 
de  fa  Femme),  il  ne  quitte  pas  pour  l’ordinaire  fi  Ibuvent  la  Maifon,  & 
qu’il  mène  une  vie  plus  réglée,  fur-tout  lorlqii’il  a  le  bonheur  d’avoir  ii- 
ne  Femme  vertueulè ,  faine,  attentive  &  railbnnable.  En  général,  on 
doit  s’attendre  à  peu  de  fer  vices  de  la  part  d’une  Jardinière,  dont  le 
Mari  pofiede  plufieurs  qualités  vertiieulès ;  l’expérience  nous  fait  voir, 
que  même  le  plus  raifonnable  d’entre  eux  s’imagine  qu’en  vertu  de  fes 
bonnes  qualités  on  ne  doit  rien  exiger  de  fa  Femme,  delbrte  qu’il  fuffira 
qu’elle  apporte  les  fruits  &  les  légumes  à  la  Cuifine.  Lorfque  le  con¬ 
traire  a  lieu,  &  que  la  Jardinière  s’occupe  à  travailler  dans  les  Jardins,, 
on  peut  compter  à  coup  fûr  que  cela  annonce  l’incapacité,  ou  tels  autres 
défauts  du  Mari. 

Les  Jardiniers  ont  beaucoup  d’occafions  de  devenir  infidèles ,  ce  qui 
fait  qu’on  ne  fauroit  alTez  eflimer  &  confidérer  un  Jardinier  qui  ferme 
l’oreille  aux  follicitations  journalières  qu’on  lui  fait  de  vendre  des  fruits. 
Par  conféquent,  pour  ne  lui  point  donner  aucun  fujet  de  le  de  venir,  on*’ 
ne  doit  point  le  chicaner  fur  fon  falaire;  mais  lui  donner  de  quoi  vivre 
honnêtement;  car  il  ne  faut  pas  s’imaginer  qu’on  fera  bien  fervi  de  ceux 
qui  s’engagent  pour  une  fomme  modique ,  &  qui  ne  fe  foucient  pas 
d’être  rudement  traités  ;  il  faut  compter  au  contraire  qu’il  n’y  a  ordinai¬ 
rement  rien  de  bon  à  en  attendre  ;  car  les  âmes  les  plus  fbumilès  &  les 
plus  baflès  ne  fàuroient  s’accomoder  à  la  rigueur  ,  que  fèra-ce  donc  des 
âmes  vertueufes ?  Le  Salaire  qu’on  donne  communément  par  an  à  un» 
Jardinier  eft  de^deux  cent  cinquante  florins;  trois  florins  à  la  nouvelle 
année,  &  autant  à  la  Foire,  outre  qu’avec  une  petite  provifion  de  tour¬ 
bes  qu’on  lui  donne,  &le  mauvais  bois  qu’il  ramaffe  dans  k  Campag-- 
ne ,  il  a  fuffifamment  fon  chauffage  ;  &  qu’il  peut  fè  nourrir  en  partie 
de  ce  qui  abonde  dans  le  Potager, 


Lors-- 


LES  AGREMENS 


24 

.  Lorfqu’iine  Campagne  efl  d’une  fort  grande  étendue,  &  que  les  or- 
nemens  qu’on  y  a  faits  ne  fauroient  être  entretenus  comme  il  faut  par  le 
Jardinier  tout  lèul ,  &  qu’il  eft  obligé  de  prendre  à  fon  fervice  un  A- 
prentif 5  on  lui  donne  alors  quatre  cent  florins  par  an  j  moyennant  quoi  il 
doit  nourrir  à  fes  fraix  le  Jeune -homme,  quoiqu’il  arrive  fouvent  qu’un 
habile  Jardinier  qui  en  a  encore  un  fous  lui,  demande  plus  de  gages. 

On  ipécifie  ordinairement ,  quand  on  loue  un  Jardinier ,  qu’il  s’obli¬ 
ge  à  faire  tout  ce  qui  eft  néceftaire  dans  le  Verger,  dans  les  Jardins  Po-. 
'  tagers  &  à  fleurs ,  &  à  l’effeéluer  félon  les  ordres  qu’on  lui  donne ,  mê¬ 
me  à  fouiller  la  terre  quand  il  le  faut  ,à  couper  &  à  fendre  dans  l’Hiver, 
Je  bois  pour  le  chaufage  de  fon  Maître,  k  moins  qu’il  n’y  ait  un  grand 
terrain  à  labourer ,  auquel  cas  on  prend  des  Ouvriers  à  journée. 

Les  fbnéftons  d’une  Jardinière  conüftent  k  fournir  la  Cuifine  d’Jierba- 
ges  proprement  cueillis  &  bien  triés.  Il  y  a  des  Propriétaires  qui  em¬ 
ploient  les  Jardinières  k  tirer  les  mauvaifes  herbes ,  mais  elles  s’en  aqui^ 
tent  fouvent  très  mal  par  ignorance. 

Quand  un  Jardinier  d’une  magnifique  Campagne  a  befoin  d’avoir  fous, 
lui  un  fl  grand  nombre  d’Ouvriers,  qu’il  ne  fauroit  veiller  feul  fur  tout, 
on  choifit  alors  les  plus  capables  d’entre  eux ,  k  qui  l’on  confie  l’infpeéfion 
fous  les  ordres  du  Jardinier,  &  l’on  augmente  leur  falaire  de  deux  fous 
par  jour. 

Le  falaire  des  Ouvriers  varie  félon  leur  capacité:  on  fe  fert  communé¬ 
ment  pour  les  ouvrages  pénibles,  de  Weftphaliens,  qui  gagnent 
moins ,  &  qui  cependant  rendent  les  mêmes  fèrvices  que  nos  Ouvriers , 
lorfqu’il  s’agit  de  broueter ,  fouiller ,  creufer  des  folTés ,  &c.  ;  mais  parmi 
nos  Ouvriers  (entre  lefqiiels  il  y  en  a  de  toutes  les  fortes ,  comme  parmi 
les  Jardiniers  5  mais  dont  le  nombre  eft  plus  grand  que  celui  des  Jardiniers 
habiles),  il  s’en  trouve  plufieurs  fi  capables,  qu’on  en  peut  recevoir 
dans  les  Jardins  des  fer  vices  fort  utiles  :  on  paye  diverfement  leurs  jour¬ 
nées  en  Hiver  ou  en  Eté  :  le  falaire  d’Eté  commence  le  prémier  de  Mars 
&  finit  le  prémier  de  Novembre. 

Les  qualités  d’un  bon  Ouvrier  font,  qu’il  foit  vertueux,  fobre  &  vi¬ 
goureux,  afin  qu’il  veuille  &  qu’il  puifie  travailler  diligemment:  car  on 
en  trouve  communément  beaucoup  de  parefteux ,  qui  font  un  fi  grand 
tort  k  la  terre  ou  l’on  doit  planter  des  arbres,  en  la  fouillant  mal,  qu’on 
ne  fauroit  dans  la  fuite  y  remédier. 

C’eft  de  plus  une  bonne  qualité  dans  un  Ouvrier,  de  pouvoir  travail¬ 
ler  indifféremment  de  la  main  droite  6c  de  la  gauche  5  cela  eft  très  utile  6c 

très 


D  E  L  A  C  A  TsI  P  A  G  N*  E.  2f 


très  néceÏÏaire  dans  bien  des  cas ,  fur-toiic  quand  il  s’agit  de  bêcher,  au¬ 
quel  cas  les  tranchées  ne  font  pas  fi  fort  foulées.  Pour  ce  qui  eft  des 
fautes  que  Ton  commet  à  cet  égard  voyez  ce  qui  eft  dit  de  la  manière 
de  fouiller  les  terres,  comme  aulfi  de  creufer  des  Canaux,  des  Viviers, 
des  FolTés,  dans  le  Chap  FL  de  ce  Livre,  où  Ton  enfeigne  aulTi  com¬ 
me  il  faut  s’y  prendre  pour  que  cela  fe  falTe  bien ,  &  que  pour  les  ou¬ 
vrages  pénibles ,  il  faut  employer  force  bras ,  en  prenant  bien  garde 
cependant  qu’ils  ne  s’incommodent  pas  les  uns  les  autres  par  le  nom¬ 
bre  ;  ce  qui  fera  toujours  meilleur  &  plus  profitable ,  lur-tout  quand  l’In- 
Ipeéteur  eft  capable  de  les  oblèrver  &  d’entretenir  le  bon  ordre  parmi 
eux.  Pour  avoir  toujours  de  bons  Ouvriers  à  fon  fervice,  on  en  enga¬ 
gera  d’abord  un  plus  grand  nombre,  qu’on  ne  croit  en  avoir  befoin  à  la 
longue;  afin  qu’après  s’être  défait  des  moins  habiles,  on  confèrve  tou¬ 
jours  ceux  qui  font  bien  entendus  &  propres  à  avancer  l’ouvrage ,  lef> 
quels  feront  toujours  plus  animés  par  quelques  louanges  que  par  des  in¬ 
jures  ou  des  paroles  rudes  ;  car  c’eft  prefque  une  marque  certaine  d’inca¬ 
pacité  dans  ceux  qui  fouftf  ent  qu’on  leur  parle  rudement  ;  deforte  qu’il 
vaut  toujours  mieux  les  congédier ,  que  d’être  obligé  de  les  harceler 
continuellement  pour  les  porter  à  leur  devoir. 

11  eft  jufte  qu’on  s’attende  journellement  à  un  travail  raifonnable  de  la 
part  d’un  Ouvrier,  mais  il  ne  faut  pas  en  exiger  trop  ou  plus  qu’il  n’en 
fàuroit  faire.  Comme  tous  les  Ouvriers  ne  font  pas  également  capables , 
rinlpeèleur  aura  foin  de  mettre  cJiacun  d’eux  à  l’ouvrage  qui  lui  con¬ 
vient  le  mieux  :  les  plus  habiles  à  des  ouvrages  particuliers  &  les  plus  di- 
ligens  pareillement  enfemble,  comme ‘aulTi  de  réunir  les  moins  diligens 
&de  les  mettre  au  même  travail.  De  plus ,  pour  les  exciter  à  la  diligence 
&  au  travail ,  il  leur  faut  donner  de  tems  en  tems  un  tonneau  de  la  plus 
forte  Bière,  &  du  Tabac,  ce  qui  faitfouvent  de  plus  vives  imprelTions  fiir 
eux ,  que  toute  autre  récompenfè ,  même  en  argent  :  ^  <Sc  afin  qu’ils  fbient 
exacts  à  fe  rendre  à  leur  tems,  on  les  affemblera  le  matin  au  fon  d’une  clo¬ 
che,  &  l’on  donnera  aux  prémiers  venus  un  petit  verre  de  liqueur  for¬ 
te,  &  rien  à  ceux  qui  viendront  trop  tard. 

Les  Outils  dont  ces  Ouvriers  doivent  être  munis  à  leurs  propres  fraix, 
font  une  paire  de  bottes  à  l’épreuve  de  l’eau,  ime  bêche,  une  pèle  fer¬ 
rée,  un  hoyau,  une  écope  à  rebords,  &  une  pèle  de  bois  platte , v-^yec 
lefquels  ils  doivent  travailler;  on  n’engagera  peifonne  qu’autant  qu’il 'àu- 
m  toutes  ces  pièces.  Enfin  tout  ce  qui  eft  praticable ,  ils  doivent  le  faire 
volontairement.  e 

Pmîe  L  D  ÇH4^ 


LES  AGREMENS 


26 

/ 

C  H  A  P  I  T  R  E  V. 

Les  Outils. 

Quiconque  a  deflein  d’arranger  un  magnifique  Jardin  de  Plaifànce, 
doit  faire  conftruire  ou  acheter  les  machines  qui  font  néceflaires 
pour  cela,  ce  qui  eft  plus  profitable  que  de  les  louer,  quand  même  a- 
près  que  tout  feroit  parachevé ,  elles  ne  feroient  plus  que  de  peu  d’ufage 
ou  de  peu  de  valeur:  comme  font  des  Chevaux  pour  charier,  des  chariots, 
charettes,  brouetes,  moulins  à  eau,  des  outils  pour  les  digues,  des  grof- 
fes  planches  pour  broue ter  deflus,  &c.  car  l’expérience  fait  voir  qu’un 
long  ufage  des  outils  loués ,  &  les  réparations  qu’on  eft  obligé  de  tems 
en  tems  d’y  faire,  coûtent  plus  à  proportion,  que  quand  on  les  pofféde 
en  propre  ;  on  doit  cependant  avoir  grand  foin  que  tout  foit  conltruit 
non  feulement  d’une  manière  bien  Iblide,  mais  aufîi  commode,  afin 
qu’on  puifte  s’en  fervir  commodément,  car  des  outils  trop  lourds  & 
trop  pefans  ne  font  que  retarder  l’ouvrage.  On  aura  foin  pareillement 
que  les  Moulins  à  eau,  tant  ceux  qui  vont  par  le  moyen  des  Chevaux, 
que  par  celui  des  Hommes ,  &  qui  tournent  fur  un  pieu  ou  autour  d’un 
elTieu,  faftent  leur  effet  perpendiculairement  fans  aucune  interruption; 
&;  fi  l’on  remarque  que  le  contraire  arrive ,  il  faut  inceffamment  y  remé¬ 
dier.  Pour  cet  effet ,  on  aura  grand  foin  de  graiffer  très  fouvent  les  piè¬ 
ces  qui  fe  correfpondent ,  comme  les  Lanternes  ,  les  Roues  dentées 
&  les  Effieux  des  Moulins ,  ce  qu’on  ne  doit  pas  aulft  manquer  de 
faire  aux  fufèaiix  des  Brouetes  &  autres.  On  doit  encore  faire  arron¬ 
dir  les  roues  ufées ,  &  faire  tourner  les  fufeaux  dans  des  formes  rondes. 
On  doit  de  plus  faire  fouvent  nétoyer  les  Chariots,  les  Brouetes,  les  pe¬ 
tites  Brouetes, les  planches  qui  fervent  à  broueter  defrus,les  Bêches,  les 
Pèles ,  &c.  &  les  nétoyer  en  ôtant  la  terre  &  la  crafïe  qui  s’y  attachent 
infenfiblement  ;  c’eft  pourquoi  toutes  les  fois  qu’on  chargera  ou  qu’on 
déchargera,  on  fe  fervira  pour  graiffer  ■&  pour  nétoyer  d’un  pot  de  graif- 
fe,  dont  on  fera  toujours  pourvu,  &  d’une  petite  Pèle  de  bois  qui  ne  foit 
pas  ferrée  ,  fur-tout  quand  c’eft  pour  nétoyer  des  planclies  qui  fervent  à' 
la  Brouete ,  parce  que  le  fer  y  fait  des  entamures.  Après  avoir  ainfi  né- 
toyé,  on  répand  légèrement  fur  tout  du  fable  pour  empêcher  que  la 
çrafft  ne  s’y  attache  trop  fort,  &  afin  que  les  Broueteurs  pLulfent  y  paffer 

d’un 


D  E  t  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  fr 

d’un  pas  plus  ferme  5  car  il  eft  eflentiellement  nécelTaire  tant  pour  les 
Hommes  que  pour  les  Bêtes ,  de  prévenir  quand  ils  charient ,  des  paf.  • 

•  fages  mal  afllirés  &  glilTans  ;  ce  qu’on  fera  très  commodément  par  ce  né- 
toyage  ;  c’eft  pour  cela  que  les  planches  qu’on  a  pofées  pour  y  pafler  en 
guife  de  pont  avec  la  Brouete ,  doivent  être  fouvent  rehaulTées  infenli- 
blement,  afin  qu’elles  foient  immobiles. 

Les  Moulins  à  tonneau^  tournés  par  des  Chevaux  pour  donner  plus 
d’eau,  ne  doivent  pas  êtrepofés  perpendiculairement,  mais  obliquement: 
c’eft  poiu*  cela  qu’on  les  fait  bailler,  à  proportion  que  l’eau  qu’il  s’agit 
d’élever  eft  baffe  ;  car  lorfqu’ils  font  pofés  perpendiculairement ,  ils  n’é¬ 
lèvent  pas  feulement  l’eau  plus  difficilement ,  mais  il  leur  en  échape  aufti 
une  plus  grande  quantité ,  &  par  cela  même-  ils  en  donnent  beaucoup 
moins.  Pour  cette  raifon ,  quand  il  s’agira  d’élever  l’eau  à  plus  de  fix 
pieds,  il  eft  impoflible  de  fe  1èr vir  d’un  Moulin  à  tonneau  tourné  par  un 
Cheval  (c’eft-à-dire  un  Moulin  dont  l’eflieu  tourne  autour  d’une  roue 
dentée ,  qu’un  Cheval  fait  aller  liorizontalement,  &  qu’on  appelle  com¬ 
munément  un  Moulin  à  tonneau)  ;  mais  dans  ce  cas  on  fe  fervira  d’un 
Moulin  à  roues  ,  qu’un  Cheval  fait  tourner  autour  de  fon  elTieu,  le¬ 
quel  après  avoir  pris  l’eau  en-bas  la  verlè  par  en-haut. 

Les  meilleures  Planches  pour  broueter  doivent  avoir  pour  le  moins 
deux  pouces  d’épaiffeur ,  &  vingt-fept  ou  vingt-huit  pieds  de  longueur. 

Quand  il  s’agit  de  broueter  d’un  lieu  bas  vers  un  lieu  élevé ,  on  ne 
lauroit  employer  pour  lors  des  Brouetes  dont  on  le.  lert  ordinairement 
dans  les  Jardins,  parce  qu’elles  font  trop  lourdes ,  c’eft-pourquoi  dans 
'ces  cas  on  y  employera  des  petites  Brouetes  plus  légères. 

Il  en  eft  de  même  des  Pèles  &  des  Bêches  ordinaires,  &  de  celles  qui 
font  entièrement  de  fer ,  vers  le  haut  desquelles  on  a  introduit  dans  une 
douille  un  manche  de  bois  de  chêne  ou  de  frêne  :  celles  ci  font  pareille¬ 
ment  à  la  longue  beaucoup  trop  pefantes  ,  liir-toiit  dans  des  fonds  de 
terre  graffe^  quand  la  pêlée  doit  être  élevée  un  peu  haut.  C’eft  aufti 
pour  cela  qiie  des  Ouvriers  entendus  au  travail  de  la  terre  &  à  creulèr 
desfoffés,  fe  fervent  de  Pèles  &  de  Bêches  moins  larges,  qui  ne  font  'y 
pas  ferrées  fi  haut,  ni  avec  des  lames  fi  épaiffes,  garnies  de  manches  de 
faille  &  non  pas  de  chêne ,  lefquels  cependant  doivent  être  plus  gros 
parce  que  le  fàule  eft  plus  fujet  à  fè  rompre.  Un  Ouvrier  habile  avancera: 
plus  avec  de  tels  outils  légers,  qu’avec  les  outils  dont  on  fè  fert  commu¬ 
nément  dans  les  Jardins.  Leurs  Ecopes  avec  des  rebords  &  autres  ne 
font  point  ferrées,  mais  du  même  bois  &  de  la  même  façon  que  les  nô- 
'très.  D  2  ’  Les 


.  L  E  A  G  R  E  MENS 

Les  Ecopes  font  avec  ou  fans  rebords  par  derrière,  le  tout  de  frêne 
celles  qui  ont  un  rebord  (confiftant  dans  un  petit  &  menu  ais  de  frê¬ 
ne  ou  de  hêtre  plié  par  derrière  autour  de  la  Bêche  ou  de  la  Pèle)  fer¬ 
vent  à  élever  de  quelque  lieu  bas  à  un  lieu  plus  haut ,  de  l’eau  ou  du  li¬ 
mon  fort  mince  auquel  cas  ce  rebord  empêche  l’eau  ou  le  limon  de  lè 
répandre;  quand  il  ne  s’agit  que  d’évacuer  de  l’eau  ou  du  limon,  fans 
être  obligé  de  les  porter  li  haut,  les  Ecopes  làns  rebord  fuffifent. 

Les  Pèles  creufes^  dans  lefquelles  l’Ouvrier  reçoit  la  terre  de  celui  qui 
creulè  pour  la  jetter  plus  haut ,  ce  que  ce  dernier  ne  fauroit  faire  fans  de 
nouveaux  efforts,  font  faites  de  bois  de  hêtre,  &  font  moins  profondes 
que  les  Ecopes  avec  des  rebords ,  mais  un  peu  plus  larges  &  plus  rondes 
par  en-haut  &  par  en-bas  ,*  &  plus  quarrées. 

„  Je  m’en  vais  décrire  tout  de  fuite  les  Outils  qui  font  néceffaires 
5,  pour  le  Jardinage,  la  matière  &  la  forme  dont  ils  doivent  être  faits. 

Un  Banc  pour  couper  également  par  en-haut  &  par  les  côtés  les  bran>* 
ches  des  arbres  de  haute  flitaye ,  afin  que  leurs  feuilles  repréièntent  des 
tapits  verts;  la  forme  de  ces  Bancs  ne  doit  pas  feulement  être  variée, 
à  proportion  de  leur  Jiauteur  ;  mais  on  doit  aulîi  avoir  foin  qu’ils  foient 
affermis  par  le  moyen  de  bois  de  traverfes,  &  que  le  Tondeur  ait  un 
dolfier  pour  lui  fèrvir  d’appui. 

Une  Charue  qui  fert  à  farder^  confiftant  en  deux  roues  par  derrière, 
ime  au  devant,  &  en  un  fer  fort  large  &  bien  afilé,  qu’on  peut  haufier 
&  baiflèr  à  mefure  que  l’on  veut  labourer  la  terre  plus  ou  moins  pro¬ 
fondément:  celle-ci  eft  d’un  grand  ufage  dans  les  terres  fablonneufes, 
mais  elleTff  inutile  dans  les  terres  grafles. 

Une  Herfe  fert  en  guife  de  rateau  à  purger  la  terre  des  mauvaifes  Jier- 
bes  enlevées  par  la  charue,  &  n’eft  aufii  d’aucun  ufàge  que  dans  des  ter¬ 
rains  légers.  Ces  deux  machines  font  ordinairement  pouiTées  ou  tirées 
par  des  hommes,  ce  qui  vaut  mieux  que  d’y  employer  un  petit  Cheval, 
qui  ne  tire  pas  d’une  manière  affez  uniforme  ni  propre  à  bien  nétoyer  la 
terre. 

Une  Brouete  avec  fon  tour ,  à  l’aide  duquel  on  l’agrandit ,.  quand  il 
s’agit  de  tranlporter  des  petites  branches  ou  des  feuilles  d’arbre  déta- 
•chées.  Le  tour'  confiffe  en  quatre  planches  clouées  aux  coins  intérieurs 
à  une  double  late,  qu’on  aura  foin  de  ne  pas  couper  trop  court,  afin 
que  par-là  le  tour  puifie  joindre  dans  la  cavité  de  la  Brouete. 

Un  Brancard  dont  les  pieds  doivent  être  de  bois  de  frêne ,  &  le  fond 
de  bois  de  charoimage  fort  menu. 

Un 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E,  irp 

Un  Refervôîr  à  eau^  fait  de  bois  de  chêne,  garni  intérieurement  de 
plomb. 

Deux  Seaux  avec  un  joug ,  auquel  font  attachées  des  chaînes  de  fer. 
Des  Arrofoirs  pour  humeâer  la  terre , les  arbres,  &  les  plantes, dont 
diacun  doit  contenir  un  feau  ;  ceux  qui  font  faits  de  cuivre  mince  font 
préférables  à  ceux  de  fer-blanc ,  parce  que  ces  derniers  font  fujets  à  la 
rouille  :  ils  doivent  avoir  au  devant  une  tête  ronde  &  large ,  percée  de  pe¬ 
tits  trous ,  près  à  près ,  afin  que  la  terre  s’humeéfe  naturellement  &  fans 
être  battue,  de  même  que  les  feuilles:  mais  quand  on  voudra  arrofèr 
des  pots  ou  des  cailTes,  où  il  y  a  des  arbres  qui  demandent  une  plus 

frande  quantité  d’eau ,  ou  quand  dans  des  lieux  enfermés  on  eft  obligé 
Y  lailTer  imbiber  l’eau;  on  ôte  la  tête  de  l’Arrofoir ,  &  on  la  remplace 
par  un  tuyau  plus  large,  au  travers  duquel  l’eau  paife  par  filets. 

Une  Têle  de  bois  de  chêne ,  ferrée ,.  avec  un  manche  &  une  petite  an- 
fè ,  pour  travailler  ou  pour  remuer  de  la  terre  molle. 

Une  Bêche.  11  y  en  a  de  deux  fortes  :  les  unes  font  entièrement  de 
fer, ayant  une  douille  dans  laquelle  on  introduit  un  manche  de  bois;  les 
îiuti*es  font  de  bois  vers  le  bout  du  manche,  &  du  refte,pour  la  plus  gran¬ 
de  partie ,  de  fer  ;  on  fè  fert  de  celles-ci  dans  des  terres  plus  dures ,  &  aùlîi. 
pour  déraciner  des  arbres. 

Un  Hoyau.  Sa  feuille  eft  toute  de  fer,  ayant  par  deffous  une  pointe 
afilée ,  &  des  côtés  tranchans ,  au  haut  un  rrianche  de  bois  de  frêne  :  il 
fert  à. couper  uniment  des  gazons,  des  bords,  &c. 

Une  petite  Bêche  pour  tirer  de  terre  des  oignons  de  fleurs ,  ou  des 
plantes. 

Une  Truelle  eft  très  utile  pour  couper  en  terre,  les  plus  baffes  racines 
des  fleurs  plantées ,  &  pour  les  enlever  ainfî  quand  on  veut  les  tranf- 
planter  :  ce  qui  fe  fait  par  ce  moyen  beaucoup  mieux  qu’avec  la  petite- 
Bêche. 

UnQ  Ecope  des  rebords,  <Sc  une  Fêle  creufè  font  comptées  parmi  les 
Outils  des  Ouvriers. 

Deux  Fourches  à  trois  dents  pour  remuer  le  fumier,  parmi  lefquelles 
celles  qui  ont  des  dents  de  fer  ronds,  font  meilleures  pour  remuer  les  or¬ 
dures  un  peu  longues,  comme  du  fumier  de  Cheval- encore  tout  récent, 
que  celles  qui  ont  des  dents  plattes,dont.on  fe  fert  pour  de  la  boufè  & 
pour  du  fumier  court. 

Un  Sarcloir  fert  à  déraciner  les  mauvaifes  herbes  dans  des  fonds  & 
des  fentiers  unis  &  faciles  à  couper  ;  mais  oji  fç  fer  vira  d’un  Sarcloir  qnia 

D  3  “  ■  “  "  .  iiuQ 


une  pointe  ronde  quand  il  s’agit  de  farder  une  terre  inégale  5  dure  ou 
raboteufe. 

Des  Rateaux  de  différentes  figures ,  comme  un  pour  enlever  des  ter¬ 
res  légères  5 les  feuilles  ou  les  petites  mauvaifes  herbes  qui  s’y  trouvent:  il 
doit  avoii*  dans  une  tête  de  bois  de  frêne ,  des  dents  de  fer  pofées  per¬ 
pendiculairement.  Un  autre  Rateau  de  fer,  qui  ait  des  dents  plus  épaif- 
lès,  plus  ferrées  &  crochues:  celui-ci  vaut  mieux  pour  raflembler  & 
pour  garder  enlèmble  les  mauvaifes  herbes  déjà  fardées.  Un  troifîème 
auffi  entièrement  de  fer,  qui  ait  un  plus  long  manche, qui  foit  plus  lar¬ 
ge,  dont  les  dents  foient  moins  près  les  unes  des  autres  &  moins  cro- 
diues  :  on  fe  fert  de  ce  dernier  pour  mêler  la  fèmence  avec  la  terre. 

Un  Outil  de  fer  dont  on  fè  fert  pour  chauffer  des  choux  ,  des  pois, 
des  fèves,  &:c.  il  eft  aiilfi  fort  propre  pour  enlever  les  mauvaifes  herbes 
.des  terres  dures  que  le  Sarcloir  ne  fauroit  bien  couper;  on  s’en  fèrvira 
auffi  dans  de  pareilles  terres  à  faire  des  monceaux ,  au-lieu  qu’on  em- 
ployera  dans  des  terrains  plus  légers  des  Outils  qui  remuent  à  la  fois  plus 
.de  terre. 

Un  Outil  pour  raffembler  vers  l’hiver  la  terre  en  longues  traînées,  & 
non  pas  en  petits  monceaux  ronds. 

Une  Demi -Lune  avec  un  talon  bien  afilé  doit  être  attachée  par  un 
petit  anneau  de  fer ,  &  cela  avec  deux  vis ,  a  une  longue  perclie  de  bois 
de  frêne,  afin  qu’on  piiiffe  félon  le  befoin  y  attacher  une  perche  plus  ou 
moins  longue  ;  car  fi  elle  y  étoit  clouée  ,  elle  fè  détaciieroit  bientôt 
par  la  violence  des  fecouffes.  Celle-ci  eft  d’un  grand  ufàge  pour  tondre 
de  hautes  hayes  ,  dont  les  branches  font  ligneufes.  Sa  courbure  fait 
que  les  branches  ne  s’échapent  pas  fi  aifément,  &  qu’elles  fe  féparent 
mieux:  &  avec  le  talon  on  abat  les  groffes  branches,  qui  ont  réfiflé 
'au  prémier  coup. 

Des  Cifeaux  mlans^  moins  creux  ou  moins  courbés  qu’une  Demi- 
Lune  ,  attachés  pareillement  à  une  perche  de  frêne ,  font  plus  propres  à 
tondre  de  hautes  hayes, dont  les  branches  font  moins  ligneufes,  &  pour 
les  prendre  par  en-bas.  Les  uns  &  les  autres  font  fort  néceffaires  dans 
les  endroits  où  Ton  a  beaucoup  de  hayes,  car  on  peut  par  leur  moyen  a- 
vancer  infinemcnt  plus  dans  le  travail  qu’avec  des  Cifèaux  dont  on  fè  fèrt 
pour  tondre  le  bouis;  outre  qu’a\éc  ces  derniers  on  ne  fauroit  atteindre 
;fi  haut. 

Un  Sabre  pour  couper  par  en- haut  également  les  jeunes  petites  bran- 
.ches. 


DE  LA  CAMPAGNE. 


3t 

"De^'Cîfeaux pour  tondre  îe  bouts ^  qui  empruntent  leur  nom  des  ou¬ 
vrages  de  bouis  en  raie  campagne ,  &  qui  fervent  à  les  tondre ,  font 
plus  propres  à  découper  également  de  petites  branches  fort  garnies  de 
feuilles;  c’eftpour  cela  qu’on  tond  fort  proprement  par  leur  moyen ^ 
des  hayesd’lfs,  de  Bouis,  &  autres  qui  verdhlent  en  tout  temsf  oa 
s’en  fert  auffi  pour  tondre  toute  forte  de  hayes  balTes  de  Hêtre,  de Troef» 
ne,  &  jamais  de  Cilèaux  volans,  pas  même  du  Sabre:  encore  pour  bien 
manier  ces  Cifeaux  a-t-on  befoin  de  plus  d’expérience. 

Un  Fer  pour  dénicher  les  Chenilles. 

Un  Outil  pour  arracher  les  branches^  lequel  eft  fait  comme  une  Ser¬ 
pette  ,  &  a  un  long  manche  ;  il  fert  aux  Enteurs  pour  féparer  avec  les 
deux  mains  d’un  feul  coup  les  branches  de  la  tige  d’avec  le  tronc  :  &  on 
l’emploie  au-ffi  pour  fendre  les  troncs  fur  lefquels  on  doit  enter. 

Une  Serpette  creulè  en  dedans  &  crochue  vers  la  pointe  :  quoique  je 
fois  d’avis  qu’une  Serpette  droite  &  pointue  eft  de  beaucoup  préférable,  - 
parce  qu’un  couteau  rond  s’accrochant  plus  fouvent,  fait  auffi  que  l’en¬ 
taille  efl  moins  unie  :  il  faut  de  plus  que  ce  couteau  ne  foit  pas  trop  ' 
grand,  car  alors  il  eft  même  plus  maniable  pour  couper  de  groffesbran-  ■ 
ches  ;  &  après  tout ,  la  fcience  de  couper  également  une  branche  ne  dé-  ■ 
pend  pas  de  la  grandeur  du  couteau ,  mais  de  l’habileté  du  Jardinier.  - 

Un  petit  Greffoir-, 

Des  Cifeaux  dQ  trois  différentes  largeurs,  pour  abattre  de  greffes 
de  moindres  branches,  ce  qui  réglera  aulîi  la  grandeur  des  manches  de  • 
bois  de  frêne  ou  de  chêne.  Ils  doivent  être  garnis  par  defîbus  d’un  an-  - 
neau  de  fer  qu’on  y  mettra  pour  s’en  fervir. 

Un  gros  Maillet  de  bois. 

Un  Marteau  crochu  de  fer,  dont  on  pourra  fè  fèrvir  pour  arracher  ' 
des  doux. 

Des  Terrières  pour  les  Melons ,  tant  pour  les  petites  que  pour -les 
grandes  plantes,  tous  faits  fblidement  de  cuivre  rond,  ayant  des  jointu¬ 
res  bien  faites,  qui  doivent  s’ouvrir  en  tirant  une  cheville  bien  folide. 

Un  Plantoir  pour  planter  du  Bouis ,  efl  un  morceau  de  bois  plat  de 
la  largeur  d’un  pouce,  ferré  par  en-bas,  ayant  par  en-haut  une  petite 
anfe  de  bois  plus  épaiffe  vers  le  bas,  rond,  ayant  une  cavité  oblongiie 
Sc  des  bords  ronds ,  afin  que  le  Bouis  qu’on  plante  Sc  qu’on  introduit 
dans  la  terre  ne  fè  rompe  point. 

Un  Plantoir  de  bois  ferré ,  comme  les  Fêles  &  les  Bêches ,  mais  fmif* 
fant  en  tranchant  vers  Iç  bas,  fert  à  transplanter  des  choux,  du  celeri,  <Sc 
de  la  cliicorée.  '  On 


32 


LES  AGREMENS 

.  -55  On  a  encore  befoin  dans  de  vaflcs  Campagnes  5  où  il  y  a  des  ar- 
55  bres  à  abattre ,  du  bois  à  fendre  5  &  des  bords  de  fbfTés  à  faire  : 

D'une  Pioche^  pour  abattre  des  arbres,  quand  on  ne  faurpit  bien  y  at¬ 
teindre  avec  la  hache  ;  à  laquelle  dans  bien  des  occafions  elle  eft  préféra¬ 
ble. 

D'une  grande  «Sc  d’une  petite  Hache, 

D  'un  CoupereU 
D  'une  Sic  à  lier  de  long. 

D’une  Sic  bandée. 

D’un  grand  Maillet  de  bois ,  qu’on  manie  avec  les  deux  mains. 

De  Coim  de  fer  de  différente  grandeur ,  qui  doivent  aller  en  groflif' 
faut  infenfiblement,  afin  de  mieux  pénétrer  dans  le  bois,  qui  les  feroit 
autrement  rebondir. 

D’une  Gaffe. 

D’une  Faux  pour  faucher  les  bords  des  foffés  &  les  gazons. 

D’une  Sie  à  main,  &  d’une  petite  Sie  tendue  pour  enter. 

De  Villebrcquïns  de  fer  de  différente  grandeur. 

De  Cadres  de  bois  vitrés ,  qui  puiffent  être  démontés  &  remon¬ 
tés. 

ly Echelles  de  différentes  grandeur  &  flriiéture. 

D’un  Fan. 

De  ,  avec  &  fans  tambours. 

D’un  Tamis. 

■  D’im  Foile  fur  lequel  on  vane ,  l’on  nétoye  &  fait  fécher  enfuite  la  fè- 
mence. 

D’un  Cabinet  à  garder  les  fèmences. 

Do  Me  jures  de  douze  pieds ,  &  de  moindres. 

De  petits  Piquets  pour  attacher  les  grandes  &  les  petites  plantes. 

-  De  Cordons^  qu’on  tend,  pour  arranger  en  droite  ligne  les  couches 
ou  les  quarreaiix  ,  &  pour  les  planter  de  même. 

De  Paniers  de  différentes  grandeur  «Sc  façon ,  comme  des  Paniers  en¬ 
tiers  5  des  demi ,  des  quarts  :  des  Paniers  à  anfe ,  &  des  Corbeilles  à  fleurs. 
„  Pour  couvrir  les  plantes,  &  pour  les  mettre  à  l’abri  du  froid. 

De  Couvertures  qu’on  peut  rouler,  doubles  &  fimples. 

De  Rideaux  de  greffe  toile. 

D’épaiffes  Couvertes  de  poil,  qui  font  plus  propres  &  d’un  meilleur u- 
fàge ,  que  des  Couvertes  de  rofeaux. 

De  Couvertes  de  nattes  dejonc  treffées ,  plus  &  moins  fines ,  attachées 

avec 


DELAÇAMPAGNE.  33 

vec  du  fil  goudronné,  nayant  pas„  moins  de  fix,  de  quatre,  Si  de  trois 
bandes. 

D’un  Bateau  a  rames qui  efl  très  néceflaire  en  Hollande  a  ceux 
dont  les  Campagnes  font  au  bord  de  l’eau. 

Des  Chevaux  g®?  des  Chariots  font  d’une  abroluenécellité,  quand 
on  ne  peut  pas  fè  rendre  par  eau  aux  Campagnes. 


CHAPITRE  VI. 


Le  la  manière  de  creiifer  des  FoJféSy  des  Viviers ,  ^  des  petits  Fojfés, 

J’Ai  placé  ce  Traité  avant  celui  des  Fonds  de  terre  &  de  la  manière  de 
les  travailler ,  parce  que  ceci  doit  être  fait  avant  tout  ;  par  cela  mê¬ 
me  que  la  plupart  de  nos  terres,  naturellement  trop  baffes  pour  y  planter 
des  arbres,  ne  fauroient  être  rehauffées  d’une  manière  plus  propre  &plus 
profitable ,  que  par  cette  matière  dont  le  deffous  étant  froid  &  fférile,doit 
être  placé ,  en  travaillant  les  Fonds,  aux  endroits  où  elle  convient  le  mieux; 
les  terrains  ne  pouvant  être  arrangés  avant  qu’ils  ayent  leur  hauteur  requifo. 

On  appelle  Foffés  des  eaux ,  qui  ont  au-delà  de  quatre  toifes  de  larr 
ge ,  &  dont  la  fin  eft  au-delà  de  la  portée  de  la  vue. 

Les  Viviers  ont  aulîi  au-dcJà  de  quatre  toifes  de  large,  mais  la  fin  elf 
à  la  portée  de  la  vue. 

Les  petits  Fojfés  ont  quatre  toifes  de  large  ,  ou  moins ,  &  font  ou  à 
la  portée  de  la  vue,  ou  au-delà  de  fa  portée. 

La  plus  profitable  manière  de  faire  creufer  des  Foffés,  des  Viviers, 
des  petits  Foffés, c’eft  à  prix  fait,  ce  qu’on  peut  faire  làns  rifque  d’être 
trompé;  parce  que  le  tout  doit  être  mefurable  &  vifible,  quand  on  vient 
•à  prendre  infpeélion  de  l’ouvrage.  Mais  ce  qui  eft  effentiel ,  c’eft  d’y  em¬ 
ployer  des  Ouvriers  entendus,  qui  le  faffent  d’une  manière  plus  propre 
&  en  même  tems  plus  profitable  ;  parce  que  de  tels  Entrepreneurs  feront 
plus  attentifs  à  faire  &  à  entretenir  les  Levées,&  à  évacuer  l’eau  qui  furvien  t,  - 
comme  atilfi  à  prévenir  pendant  le  travail  toute  forte  d’accidens  ,  com¬ 
me  l’éboulement  des  bords  ,  -le  fable  mouvant,  &c.  Si  quelqu’un  fait 
faire  cet  ouvrage  à  journées ,  il  doit  aulft  fur-tout  avoir  grand  foin  d’em¬ 
ployer  des  gens  entendus  pour  creufer  la  prémière  demi-couche,  pour  fai¬ 
re  les  pentes ,  couper  (Stpofer  les  gazons.  LesBroueteurs  requis  pourcct 
Fartie  L  '  E  .  oti- 


LES  AGREMENS 


ouvrage,  &  ceux  qui  creurent,ont  plus  befoin  de  force  que  de  jugement, 
deforte  qu*’on  peut  employer  à  cet  ouvrage  les  plus  ftupides.  11  fera  auf- 
fi  plus  profitable  dV  mettre  un  grand  nombre  d’Ouvriers ,  pourvu  qu’on 
puifieles  obferver  &  les  tenir  en  ordre,  &  qu’ils  ne  s’incommodent  pas 
les  uns  les  autres  en  travaillant,  car  dans  ce  cas  on  peut  Ibuvent  perfec¬ 
tionner  en  peu  de  tems  un  ouvrage ,  fans  être  arrêté  par  une  grande  af¬ 
fluence  d’eau ,  fans  être  obligé  de  beaucoup  évacuer ,  &  fans  être  fujet 
^ux  rompures  des  Levées  ;  trois  chofes  qui  méritent  bien  qu’on  y  penfe 
férieufement  pour  les  prévenir ,  &  qui  arrivent  fréquemment.  On  doit 
avoir  foin  que  les  Ouvriers  travaillent  en  bon  ordre  &  prudemment,  l’un 
ne  doit  jamais  attendre  après  l’autre ,  il  faut  de  plus  que  les  bêches ,  les 
hoyaux,  les  pèles,  fbient  bonnes ,  légères,  maniables,  tranchantes, pé¬ 
nétrantes  &  gliffantes ,  comme  il  a  été  dit  dans  le  Chap.  des  Outils. 

On  ne  doit  jamais  fe  fèrvir  de  Chevaux  de  louage,  fur-tout  quand  c’efl 
le  Propriétaire  qui  en  eft  le  Condudeur,  ptirce  que  fbn  intérêt  l’engage 
à  les  laiffer  trop  repofer ,  ou  à  leur  donner  de  trop  petites  charges.  Pour 
cette  même  raifon  il  n’ eft  pas  expédient,  quand  on  fait  broueter,  que 
Ceux  qui  font  commis  pour  faire  les  charges ,  foient  des  amis  familiers 
des  Broueteurs,  car  l’inimitié  de  celui  qui  charge  nefauroit  beaucoup  nui¬ 
re  à  celui  que  brouete,  parce  que  félon  la  coutume ,  s’il  furcharge  la 
brouete ,  le  Broiieteiir  peut  l’obliger  à  la  broueter  lui-même.  Il  ne  faut 
pas  cependant  fiircharger  jamais  les  charettes. 

11  faut 5 quand  on  brouete  ou  qu’on  charie  de  bas  en  haut,  que  cela  fe 
faffe  lentement  fur  un  terrain  ferme ,  ou  bien  fur  des  planches  larges  & 
épaiffes ,  ou  des  ponts  bien  affermis  &  foutenus  ;  afin  qu’on  puiffe  mar¬ 
cher  d’un  pas  affuré  fans  fèntir  la  moindre  fècoiilfe,  &  fans  'être  fujet  à 
gliffer.  Qiiant  à  la  manière  de  nétoyer  ces  planches,  ces  ponts, &:c. 
voyez  le  Chap.  des  Outils, 

Qiiand  on  creiife  de  larges  ou  de  profonds  Fofrés,des  Viviers,  des  pe¬ 
tits  Foffés,  &  que  celui  qui  creufe  ne  peut  par  le  même  mouvement  qu’il 
lait  en  levant  fa  pêlée,la  porter  affez  loin  fins  la  reprendre, on  y  ajoute 
alors  un  fécond  Ouvrier  à  qui  il  remet  fa  pêlée ,  en  la  polànt  à  l’envers 
dans  fa  pèle  creufe ,  &  lui  laiïïant  le  foin  de  la  jetter.  Si  ce  fécond  doit 
au  fil  reprendre  fa  pêlée,  on  en  ajoute  un  troifième,  qui  reçoit  la  pêlée 
du  fécond;  &  lices  deux  qu’on  y  a  ajoutés,  ne  fuffifent  pas  encore,  on 
en  ajoute  un  troifième ,  &  pas  davantage ,  parce  qu’un  plus  grand  nom¬ 
bre  coûte  trop ,  &  que  la  terre  à  force  de  paffer  de  pèle  en  pèle,  diminue 
trop  auifi.  Dans  ce  cas,  par  conféquent,  onfefert  d’une  brouete,  que 


DE  LA  C  A  i\I  P  A  G  N  E. 


33r 

le  même  qui  l’a  chargée  emporte  :  mais  quand  la  terre  doit  être  tranjp- 
portée  affez  loiiij  pour  que  pendant  le  trajet  un  Ouvrier  ait  le  tems  de 
la  charger  5  alors  on  en  prend  un  qui  brouete,  &  un  qui  charge:  ce  der¬ 
nier  étant  obligé ,  au  cas  que  la  brouete  foit  chargée  avant  que  le  Broue- 
teur  foit  de  retour,  d’aller  avec  elle  au-devant  de  lui:  mais  îi  la  dillance 
ell  plus  grande  ,  on  emploie  j niques  à  deux  ,  6c  même  julqu’à  trois 
Broueteurs;  &,li  elle  fort  grande,  on  le  fert  de  chariots  ou  de  charettes 
tirées  par  des  Chevaux ,  ce  qui  dans  ce  cas  ell  beaucoup  plus  profita¬ 
ble  :  la  dillance  ordinaire  jufqu’où  un  Broueteur  doit  porter  imc 
brouete  chargée ,  ell  de  vingt  &  une  toifes. 

Comme  il  arrive  rarement  de  creulèr  des  FolTés, Viviers  ou  petits  FolTés, 
fans  qu’on  ait  befoin  de  Levées  pour  arrêter  les  eaux  extérieures ,  il  elt 
bon  de  fa  voir  ,  que  l’eau  prelTe  les  Levées  à  proportion  de  fa  largeur 
&  de  là  profondeur ,  6c  non  pas  à  proportion  de  fa  longueur ,  car 
peu  de  pieds  d’eau  dormante  feront  une  égale  prelTion  avec  des  mil¬ 
lions  de  pieds  ;  mais  la  prelfion  augmente ,  lorsqu’elle  ell  poulTée  contre 
les  Levées  par  le  vent, à  proportion  de  la  force  de  fon  cours;  ce  qui  arri¬ 
ve  pareillement  à  mefure  que  l’eau  monte.  On  ne  doit  pas  être  trop  éco¬ 
nome  en  conllruifant  des  Levées, par  cela  même  qu’une  Levée  qui  prête 
le  moins  du  monde ,  ell  très  fouvent  irréparable ,  ce  dont  le  Propriétaire 
n’eft  ordinairement  averti  que  par  le  coup,  ce  qu’il  auroit  pu  prévenir  à 
très  peu  de  fraix.  On  aura  foin  pour  cet  effet  d’y  employer  de  bons  pi¬ 
liers  bien  épais ,  bien  longs  6c  fermes ,  des  poutres  d’une  bonne  lon¬ 
gueur  6c  épailTeur ,  de  même  que  des  planches  épailTes.  Il  faut  de  plus 
contre  des  eaux  extérieures  6c  profondes ,  des  piliers  qui  foient  pofés  près 
à  près  6c  bien  avant  dans  la  terre  ferme  ;  6C3  s’il  ell  nécelTaire,  on  les  gar¬ 
nira  ,  au  haut  de  la  Levée ,  de  crampons  en  croix  :  la  plus  grande  preÜion 
fe  faifant  contre  les  poutres  qui  font  au  derrière  des  Levées ,  elles  doi¬ 
vent,  aux  endroits  où  l’eau  ell  fort  large,  être  faites  avec  diverfes  fé- 
parations ,  6c  lî  celles-ci  ne  fuffifent  pas  encore ,  parce  que  vers  le  milieu  la 
prelfion  ell  d’une  force  inégale  5  on  y  fera  conllruire  des  Levées ,  larges 
6c  pointues  dans  le  milieu ,  qui  réliftent  mieux  à  la  prelfion ,  6c  qui  joi¬ 
gnent  davantage.  Il  faut  faire  enforte  qu’on  puilfe  haulfer  6c  élargir  les 
Levées  à  proportion  des  eaux, mais  pas  au-delà  de  ce  qui  ell  nécelTaire; 
car ,  outre  qu’il  en  coûte ,  cela  les  affoiblit  aulfi  par  la  prelfion  intérieure. 
Les  Levées  étant  conftruites  de  bois,  félon  le  projet,  doivent  être  rem¬ 
plies  avec  une  matière  convenable;  la  meilleure  eft  du  Sait,  qui  caulè 
•le  moins  de  prelfion  6c  qui  bouche  le  mieux:  mais  à  fon  défaut^  on  lè 

E  2  “  '  "  fert 


iô  LESAGREMENS 

ïèrt  pour  le  même  iilage  de  limon  gras ,  qifon  fait  fécher  un  peu  dans 
les  grandes  Levées,  après  quoi  on  le  couvre  de  terre  graffe.  Après  avoir 
kilTé  encore  quelque  tems  la  Levée  s’amortir  &  fans  prelTion ,  on  tire 
feau  par  derrière  :  il  faut  de  plus  avoir  foin  que  la  Levée  foit  ferme ,  & 
empêcher  que  l’on  ne  marche  delTus  ;  on  doit  bien  lè  garder  d’y  polèr  un 
moulin  ,  ni  d’y  faire  pafler  l’eau  par  delTus  avec  tant  de  force,  qu’elle 
vienne  à  bailTer  ;  ce  qui  efi:  extrêmement  nuifible. 

Les  Levées  qui  font  fujettes  à  de  grands  coups  d’eau ,  doivent  aller  en 
rondilTant,  ayant  la  figure  d’un  cercle  qui  va  en  s’étendant ,  quoiqu’éga- 
lement,  parce  qu’alors  le  coup  de  l’eau  les  fait  joindre  plus  exaétement 
fans  aucun  rifque  de  rupture ,  &  fur-tout  11  les  extrémités  en  font  telle¬ 
ment  arrêtées,  qu’elles  ne  puiffent  être  ébranlées.  11  efi:  aulfi  fort  nécefi 
faire  que,  dans  toutes  les  Levées  oppofées  à  des  eaux  profondes, on  en¬ 
fonce  en  longueur  des  planches  épaifles  de  deux ,  trois  ou  plus  de  pou¬ 
ces,  à  proportion  de  la  force  du  coup  de  l’eau  &  de  fi  grande  profon¬ 
deur,  bien  entendu  qu’elles  joignent  exaéfement  par  de  larges  rainures. 
Mais  pour  ne  pas  faire  des  dépenlès  fi  conlidérables  en  gros  piliers ,  & 
pour  ne  pas  prendre  de  telles  précautions ,  quand  il  s’agit  des  eaux  trop 
profondes ,  où  l’on  n’efi:  pas  lujet  à  des  coups  fi  forts ,  on  y  fera  conltrui- 
re  intérieurement ,  a  chaque  diminution  de  llx  ou  de  huit  pieds  d’eau  ,u- 
ne  Levée  en  forme  de  colFre ,  qui,  étant  garnie  de  poutres  au  dedans, 
peut  faire  une  très  forte  rélifiance.  Après  avoir  ainli  bien  muni  les  Le¬ 
vées  contre  l’eau  du  dehors,  on  tâchera  eniiiite  de  prévenir  toute  af¬ 
fluence  d’eau ,  afin  qu’en  creufant  on  n’ait  que  de  la  terre  fans  eau  à  re¬ 
muer  :  ce  qui  étant  négligé ,  caufera  une  double  dépenfè ,  quand  il  s’a¬ 
gira  de  terres  légères  qui  abforbent  l’eau  ;  principalement  quand  la  ma¬ 
tière  doit  être  tranfportée  au  loin ,  foit  par  des  brouetes ,  foit  par  des 
chariots ,  parce  que  l’eau  eft  pefante  à  cliarier  &  qu’elle  augmente  la 
mafic  ;  ainîi  pour  travailler  plus  aifément ,  à  moins  de  fraix ,  &  mieux , 
l’on  fera  des  conduits  pour  faire  écouler  l’eau  qui  pourroit  furvenir,  & 
donner,  s’il  efi:  poirible,à  la  terre  qu’on  aura  creufée,letems  de  le  fécher. 
Ceci  peut  avoir  lieu  quand  il  s’agit  de  larges  Fofiés  ou  de  Viviers,  car  a- 
lors  dès  le  commencement  on  creufe  des  deux  côtés  des  Folfés  un  petit 
FolTé,  qu’on  a  foin  de  faire  d’autant  plus  profond  ,  que  la  terre  qu’on 
creufe  peut  y  laiffer  écouler  l’eau  qu’elle  contient  ;  lequel  on  doit  vuider 
continuellement  par  le  moyen  du  moulin,  lorfqifil  fe  remplit  d’eau  ; 
&  on  le  fera  de  tems  en  tems  plus  profond,  à  mefure  qu’on  creufe  le 
fond  intérieur;  &  l’on  continuera  ainfi,  julqu’à  ce  que  tout  ait  là  profon¬ 
deur 


DE  LA  CAMPAGNE. 


37.'- 

deur  requilè.  Les  FolTés  moins  larges,  où  l’on  n’a  pas  befoin  d’un  pareil 
petit  Fofle,  fè  creiifent  par  parties,  l’on  y  met  autant  d’Ouvriers,  qu’on 
en  peut  convenablement  employer  ,  6c  à  des  Fofles  où  l’on  fait  jetter 
des  deux  côtés  le  limon ,  on  met  aufll  le  double  d’hommes. 

A  quelque  fin  qu’on  fafie  creufer  les  terres ,  foit  pour  rehaufler  le 
terrain  avec  la  matière  qu’on  en  tire  ,  foit  pour  faire  des]  bafllns 
en  guilè  d’ornement,  ou  qui  fervent  à  d’autres  ufages,  on  tâchera  tou¬ 
jours  d’empêcher,  qu’il  ne  puiffe  croître  au  fond  de  l’eau  de  l’ordure  ou 
de  la  verdure  ;  car  de  telles  eaux  verdâtres  ne  font  pas  feulement  desa¬ 
gréables  à  la  vue,  mais  coûtent  aufii  prodigieufement  à  tenir  nettes: 
Punique  6c  le  meilleur  moyen  qui  me  foit  connu,  efi;  de  les  creufer  à  une 
telle  profondeur, où  la  terre  n’a  jamais, ou  du  moins  depuis  plufieurs  fiè- 
cles, produit  aucune  f)lante,6c  où  les  rayons  du  Soleil,  qui  rechaufentla 
terre  6c  la  rendent  fertile ,  ne  fauroient  atteindre.  On  creufera  par  con-  - 
fequent  tous  lesFoilés  6c  les  Viviers,  jufqu’à  ce  qu’on  trouve  l’eau  de  four- 
ce  qui  provient  du  fond.  Après  en  avoir  tiré  la  fange ,  ils  doivent  con¬ 
tenir,  au  défions  des  racines  de  rofeaux,fept  ou  huit  pieds  d’eau.  Tous  les 
Fofiés  extérieurs  devroient  être  creufés  à  cette  profondeur ,  afin  que  fi 
quelqu’un  vouloit  les  pafièr  à  gué ,  il  en  eût  du  moins  par  defiùs  la  t|te  : . 
iis  doivent  aufii  pour  le  moins  être  larges  de  quatre  toifes. 

Les  petits  Fofiés  qui  fervent  à  arrêter  les  Beftiaux  6c  à  les  abreuver,) 
ont  ordinairement  au  haut  des  bords  de  liuit  pieds  de  large  ,  6c  au  plus  • 
trois  pieds  de  profondeur ,  6c  cela  afin  d’empêcher  que  ceux  qui  pour-- 
roient  y  tomber  ne  fe  noyent. 

Les  Fofiés  6c  les  Viviers  n’ont  pas  une  largeur  6c  une  profondeur  dé¬ 
terminées  ;  c’eft  ce  qu’on  détermine  ordinairement  fur  la  quantité  de 
terre  dont  on  a  befoin  pour  rehaufier;  il  faut  pourtant  que  leur  profon¬ 
deur  ne  foit  pas  moindre  que  celle  des  Fofiés  extérieurs,  dont  nous  a- 
vons  parlé  tout-à-l’heurc.  Mais  on  doit  lé  fouvenir  que  quand  il  s’agit  de. 
Viviers  fermés,  le  fond  de  ceux  qui  contiennent  plus  de  neuf  pieds 
d’eau,  jufqu’k  l’eau  de  foiirce,  efi:  trop  froid  pour  la  propagation  desPoifi 
Ions.  11  eft  vrai,  d’un  autre  côté ,  qu’à  la  longue  ils  deviennent  moins 
profonds  par  l’accroifiement  du  limon ,  ce  qui  efi:  caufé  par  la  chaleur 
du  Soleil,  qui  condenfe  la  fuperficie  de  toutes  les  eaux  dormantes,  ce 
qui  eft  encore  augmenté  par  la  chute  des  feuilles  des  Plantages  voi- 
ims  :  outre  tout  cela ,  les  eaux  perdent  aulli  de  leur  profondeur  par  la 
poufiière  que  lui  envoyent  les  champs  6c  les  chemins  qui  font  dans 
leur  voifinage,  6c  principalement  les  grands  -  chemins ,  qui  ont  une 

E  3  fuper- 


3?  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

fuperficie  légère,  &  par  lelqiiels  il  pafle  beaucoup  de  monde. 

Les  Séparations  de  voilînage  par  des  petits  FolTés,  dont  les  bords  font 
plantés  avec  des  Aunes  ou  des  Frênes ,  fe  rétréciflent  par  les  racines  que 
ces  arbres  pouffent  au  dehors  ;  &  ,  comme  ia  plupart  des  Voiiîns  eftiment 
communément  beaucoup  leur  terrain,  un  chacun  s’étudie  à  gagner 
quelque  peu  de  terre;  ce  qui  fait  qu’infenlîblement  ces  Foffés  de  répara¬ 
tion  peuvent  être  enjambés. 

Les  éboulemens  ne  peuvent  guère  caulèr  dans  des  Foffés  &  des  Vi¬ 
viers  fort  larges  &  profonds ,  du  rehauffement  fur  toute  la  maffe  , 
mais  bien  de  félargiffement ,  &  défigurer  les  bords ,  en  les  rendant 
inégaux  :  puis  donc  qu’un  tel  éboulement  peut  furvenir  dans  des 
Foffés ,  &  des  Viviers  fort  larges  ,  par  le  coup  de  l’eau ,  ou  par  le 
mouvement  que  le  vent  lui  communique ,  on  prendra  des  mefures  pour 
y  remédier  ;  parce’ que  les  fondemens  des  bords  étant  une  fois  mi¬ 
nés,  cela  ne  peut  être  réparé ,  que  parle  moyen  d’un  revêtement  de 
bois ,  fur  lequel  on  pofe  des  gazons ,  qui  en  réuniffent  la  pente  au  ni¬ 
veau  des  autres  bords.  Pour  prévenir,  autant  qu’il  di  poflible,  de  pa¬ 
reils  fraix,  on  creufèra  tous  les  Foffés  &  les  Viviers  larges  jufqu’à  la  pro¬ 
fondeur  requifè ,  avec  des  bords  penchés  horifontalement  :  cette  pente 
doit  être  plus  ou  moins  efcarpée ,  félon  que  l’on  trouvera  que  le  fond , 
qu’on  aura  creufé ,  fera  d’une  terre  légère  ou  ferme.  C’ell  de  plus  l’ufa- 
ge,  que  ces  pentes  foient  faites  plus  couchées  &  plus  unies  depuis  le  fond 
jufqu’au  haut,  où  l’eau  parvient  en  hiver  à  fa  plus  grande  hauteur;  & 
de  donner  moins  de  pente  au  refte  des  bords  qui  font  au-deffus  de  l’eau  ; 
ce  que  je  n’approuve  pas ,  parce  que  l’eau  croupiflante  caufè  au  bas  des 
bords  une  fi  grande  prefTion ,  qu’elle  y  affermit  plus  la  terre  qu’en  haut  : 
&  c’efl  pour  cela  que  je  penfe,  qu’il  eftplus  néceffaire  que  la  plus  grande 
pente  commence  au-deffus  delà  fuperficie  de  la  terre,  &  finiffe  au-deffous 
de  l’endroit  où  l’eau  pendant  l’Eté  eft  la  plus  baffe.  Puifque  l’agitation 
de  l’eau  mine  les  bords,  l’on  doit  donner  au  refte  des  bords  jufqiies  au 
fond ,  le  moins  de  pente. 

Si  l’on  creufè  dans  du  fable  aride  Sc  mou ,  la  pente  des  bords  d’en- 
haut  de'trois  pouces,  au  deffous  de  l’endroit  où  l’eau  pendant  l’Eté  eft  la 
plus  baffe,  donnerà  en -haut  fur  chaque  pied  de  profondeur  vingt -deux 
pouces  de  pente,  ou  vingt  au  moins ,  &  en-bas  pas  plus  de  feize  oudix- 
’huit. 

Dans  des  terres  fablonneuiès  mêlées  ou  plus  fermes, en-haut  dix-huit, 
&  en- bas  quatorze. 

,  Dans 


DE  LA  CAMPAGNE. 


59 

Dans  des  terres  moins  fermes ,  en-haut  feize ,  &  en-bas  douze  pouces. 

Dans  de  la  fange  ou  des  terres  extrêmement  graffes,  en-haut  quator- 
2,e  5  &  en-bas  dix. 

Dans  les  plus  fortes  terres  grafles ,  en-haut  douze  pouces  de  pente 
fur  chaque  pied  de  profondeur,  &  en-bas  neuf  pouces  fur  le  pied;  ce¬ 
pendant  on  ne  donnera  pas  plus  de  pente  à  ces  fonds ,  que  depuis  la 
îüperticie  du  terrain ,  jufqu’à  trois  pouces  au-delà  de  la  plus  balle  eau  pen¬ 
dant  l’Eté. 

Le  premier  ouvrage  quand  on  bêche ,  c’eft  d’enlever  la  première  de- 
mi-pêlée ,  qui  doit  être  coupée  obliquement  &  uniment ,  félon  le  cours 
de  la  pente ,  &  qui  doit  aiilTi  fervir  de  modèle.  Cette  couche  fait  le 
commencement  de  la  pente  comme  tout  dépend  delà ,  on  y  employe- 
ra  les  Ouvriers  les  plus  entendus  &  les  plus  expérimentés ,  lefquels  bê¬ 
cheront  dès  le  commencement  la  prémière  demi-couche ,  &  ainli  de  fui¬ 
te,  &  non  pas  la  pente  vers  la  plus  grande  largeur  des  Folfés,  Viviers-, 
petits  Folfés ,  feulement  à  la  largeur  d’un  pouce  de  moins ,  qui  fert  à 
polir  &  à  égalilèr ,  quand  tout  le  refte  eft  achevé. 

Qiiand  on  creufe  dans  des  terres  fablonneulès,  on  doit  s’attendre  à 
trouver  plus  de  fable  mouvant,  parce  qu’on  creulè  plus  profondément: 
c’eft-pourquoi  on  confervera  plus  d’un  pouce  pour  égalifer  &  polir  les 
bords  ;deforte  qu’il  faut  couper  dans  ce  cas  la  prémière  demi-couche,  pour 
le  moins  à  deux  doigts  des  bords  intérieurs  après  avoir  creufé  la  pente 
d’une  manière  égale  julques  à  l’endroit  où  l’on  trouve  le  fable  mouvant, 
on  prend  un  pied  ou  un  peu  plus  fur  l’intérieur,  ce  qui  forme  une  ban¬ 
quette  ,  fur  laquelle  on  met  un  Ouvrier  qui  reçoit  &  jette  la  pêlée  :  en- 
fuite  creufant  de  nouveau  à  une  profondeur  égale  à  celle  de  la  prémière 
banquette  jufqu’au  terrain  fupérieur,  on  en  prend  autant  fur  le  dedans 
pour  former  une  fécondé  banquette,  &  même  jufqu’à  une  troifième, 
lefquelles  on  détruit  d’abord  que  les  Foliés,  Viviers,  &c.  ont  leur  pro¬ 
fondeur  requife  ;  après  quoi  l’on  fait  la  pente  égale  aux  endroits  où  ils 
ont  le  plus  de  largeur. 

Pour  prévenir  les  éboulemens  des  bords,  caufés  par  l’agitation  que  le 
vent  donne  à  l’eau  dans  de  longs  &  larges  Folfés,  on  fait  enfortequece 
coup  d’eau  foit  affoibli  par  l’entremife  de  poutres  de  Sapin  qui  flottent  ^ 
entre  de  petits  piquets,  &  qui  montent  65  defeendent  avec  l’eau. 


Ç  H 


1 


LES  A  G  R  E  ME  N  S 


CHAPITRE  VIL 

Des  Fonds  de  terre  j  quels  font  les  meilleurs, 

J’appelle  Fond  de  terre  le  champ  qu’on  a  choifî  pour  planter  ,  avant 
qu’il  foit  travaillé  3  même  quant  à  fa  fuperficie  &  à  la  profondeur  où 
des  racines  des  arbres  parviendront.  On  a  déjà  remarqué  ci-devant 
que  ces  Fonds  doivent  être  naturellement  bien  fitués,  fertiles  &  en  bon 
état  3  afin  que  les  arbres  &:  les  Plants  y  puiffent  croître  vigoureufement, 
produire  des  fruits  délicieux  &  du  bon  bois  bien  dur  &  bien  nourri  , 
dans  qu’on  foit  obligé  de  faire  beaucoup  de  fraix  pour  les  travailler  & 
pour  les  engrailfer  à  force  de  fumier  {ci).  Qiioique  je  ne  connoifTe  par 
'expérience  que  les  Fonds  de  la  Hollande  3  il  efl  pourtant  certain  par¬ 
tout  Fais  qu’un  terrain  uni  &  au  niveau  ell  plus  propre  &  à  préférer  h 
Vin  autre  fitué  dans  des  vallées  ou  fur  des  montagnes  ;  ce  dernier  pro- 
•duira  pour  l’ordinaire  moins  de  fruits  que  l’autre  :  car  outre  que  la  plus 
iiaute  montagne  ne  peut  contenir  plus  de  plants  que  le  circuit  uni  de 
fon  pied  3  l’humidité  ne  s’y  communique  pas  comme  il  faut  3  &  les  pluies 
-fortes,  par  cela  même  qu’elles  en  découlent  avec  rapidité,  loin  de  faire 
'du  bien  aux  plantes  d’en -bas  ,  elles  leur  font  même  nuifibles.  Ces 
fonds  de  montagnes  defféchent  auffi  davantage  ,  ce  qui  fait  brûler  & 
fécher  les  plantes  :  on  efl  de  plus  fujet  dans  les  vallées  à  des  pluies 
violentes 3 qui  caufent  quelquefois  des  inondations  &  qui  infeclent  l’air, 
■ce  qui  n’arrive  point  dans  des  terres  unies  :  les  plants  y  croiffent  au 
contraire  à  fouhait,  en  recevant  par-tout  une  égale  quantité  d’eau;  c’efl 
•pourquoi  j’ai  dit  dans  le  Cbap  :  FIJI,  qui  traite  de  la  manière  de  travail¬ 
ler -les  Fonds,  qm’id  faut  tâcher  de  mettre  au  niveau  toutes  les  élévations 
pu  collines,  de  même  que  les  endroits  creux,  en  ayant  foin  feulement 
que  le  milieu  foit  un  peu  plus  élevé  que  le  refte. 

Dans  des  terres  unies,  qu’on  veut  planter  avec  des  arbres,  rarement 
-ks Tonds  font  trop  élevés  k  proportion  des  eaux  extérieures,  ce  qui  fait 

.  que 

(fl}  Z/iij  qui  agrum  redte  coUre  velit ,  prinium  Joli  naturam  debere  cognitam. 

C’ell-à  dire: 

Celui  qui  veut  bien  cultiver  un  cliamp,  doit  avant  tout  en  bien  connoitre  la  nature. 
Socrat.  Liv,  V. 


DE  LA  CA  M^P  A  G  N  E. 


'+1 


que  les  racines  peuvent  non  feulement  y  pénétrer  plus  avant,  «ScTCcevoir 
par-là  plus  de  nourriture  de  la  terre;  mais  aulTi  qifen  réllftant  mieux 
aux  tempêtes ,  leur  pouffe  e/l:  moins  retardée ,  au-lieu  que  dans  les  terres 
baffes  les  racines  s’éciiaufent  trop  en  Eté  par  la  chaleur  de  reau;  deforte 
que  bien  peu  d’efpèces  d’arbres  pourront  s’y  maintenir  &  y  croître:  on 
•voit  même  que  les  Tilleuls  meurent  dans  de  pareils  Fonds,  quoique  leurs 
racines,  qui  pouffent  des  rejettons,  requièrent  plus  d’humidité  que  d’au- 
■tres. 

:  Les  Fonds  deftinés  à  la  culture  des  herbes  potagères ,  des  fruits  de  ter¬ 
tre  &  des  fruits  provenans  d’oignons,  ou  des  fleurs  ,  font  affez  élevés, 
s’ils  ont  plus  de  deux  pieds  de  hauteur  que  la  fiiperhcie  de  l’eau  pendant 
l’hiver,  parce  qu’alors  ces  fruits  Sc  ces  fleurs  peuvent  recevoir  leur  nour- 
riture  dans  des  Etés  fecs ,  en  attirant  l’humidité  :  mais  on  trouve  rare¬ 
ment  en  Hollande  de  pareils  Fonds  bien  élevés  &  bien  gras;  c’efl-pour- 
quoi  les  Fonds  plus  bas  doivent  être  fltués  dans  un  lieu  qui  foit  environ¬ 
né  d’une  Digue  pour  arrêter  l’eau  pendant  l’hiver. 

On  trouve  chez  nous  beaucoup  de  Fonds  de  terre  graffe  &  fablon- 
neufe  ,  dans  lesquels  les  arbres  pouffent  des  racines  fort  profondes, 
.parce  que  le  deffus  de  ces  fonds  eft  bon  ,  gras  &  fertile  ;  mais  ils  y 
trouvent  auffi  fbuvent  à  une  certaine  profondeur,  des  obftacles  qui  les 
empêchent  de  pouffer  plus  avant ,  caiifés  par  une  croûte  mitoyenne  & 
dure,  de  fange ,  de  bitume ,  de  fable ,  qui  reffemble  à  du  fer  moulu  ,&  au¬ 
tres  :  il  arrive  même  dans  des  années  pluvieufes  ou  pendant  les  hivers, 
que  les  racines  fe  pourriffent  fur  cette  croûte  dure  ,  qui  les  feche  lorfque 
les  années  font  diaudes ,  parce  qu’elle  empêche  les  fiics  de  la  terre  do 
s’élever  ;  mais  on  peut  amender  ces  Fonds  à  pende  fraix,en  brifant  cette 
croûte,  pourvu  qu’elle  ne  foit  pas  trop  épaiffe  ni  trop  profonde,  comme 
on  le  dira  dans  le  Chûp.  VllL  <  . 

Les  meilleurs  Fonds  en  général  font  d’une  terre  graffe,  rouffâtre,  fi- 
blonneuiè ,  fous  une  fiiperhcie  de  terre  argilleufe ,  glaifè ,  femblable  à 
celle  dont  on  fait  chez  nous  les  briques,  laquelle  fe  trouve  entre  onze  & 
quatorze  pouces  d’épaiffeur ,  fous  l’épaiffeiir  de  dix  pouces  de  terre  argil- 
ieufe,  faifant  enfemble  jufqii’à  l’endroit  où  elle  finit,  l’épaiffeur  de  deux 
pieds:  fous  elle  on  trouve  fb livrent  de  l’Argile,  quelquefois  auüi  une  ei- 
pècé  un  peu  moindre  ,  mais  toujours  tellement  graffe  ,  que  les  racines 
y  jxiUYent  pénétrer:  ces  Fonds  de  terre  graffe, avant  que  d’être  plantés, 
étant  mêlés  &  brifés  comme  il  faut ,  n’ont  aucun  befoin  ,  pour  produis 
re,  de  fumier  ni  d’aucun  engrais,  les  feuilfeG  qui  tombent  a,miuellcmcnc 
:  art  le  /.  F  étant 


42  L  ES  AG  R.E  MENS. 

étant  plus  que  fuffifàntes  pour  donner  leur  nourriture  aux  arbres.  Ces 
Fonds  font  aufTi  compofés  de  parties  déliées ,  fermes ,  bien  jointes ,  col¬ 
lées  les  unes  aux  autres ,  ce  qui  fait  que  les  arbres  y  croiiTent  mieux, 
malgré  les  tempêtes,  &  font  moins  fujets  à  être  renverfés  que  ceux  qui 
font  dans  les  Fonds  fablonneux  :  outre  cela  encore  ,  les  arbres  y  devien¬ 
nent  bien  plus  gros  &  bien  plus  grands,  parce  que  leurs  racines  péné¬ 
trant  plus  avant  dans  ces  Fonds  de  terre  graffe ,  donnent  lieu  aux  arbres 
de  croître  davantage.  Ces  mêmes  Fonds  bien  brifés  &' bien  travail¬ 
lés  font  aulFi  très  propres  pour  diverfes  fortes  d’herbes  potagères  & 
des  fleurs  ;  mais  comme  ils  font  compolès  de  parties  très  déliées ,  qui  fè 
collent  &  fe  joignent  beaucoup  plus  étroitement  que  les  Fonds  de  fable  , 
le  Soleil  ne  fauroit  y  pénétrer  en  Hiver,  ni  même  au  Printems,  au¬ 
tant  qu’il  eft  nécelTaire  pour  faire  circuler  &  évaporer  les  fucs;  ce  qui 
eft  caufe  qu’ils  ne  font  pas  des  plus  propres  à  produire  de  bonne  heu¬ 
re  des  fruits  de  terre  ou  des  fleurs ,  &  encore  moins  pour  des  plantes 
qui  font  dans  des  Caifles  ou  des  Pots, 

Les  Fonds  de  terre  graffe  blanchâtre  font  fort  mauvais  en  Hollande , 
&  les  plus  mauvais  de  tous  font  ceux  qui  tirent  fur  le  bleu. 

Les  Fonds  marécageux  font  un  mélange  de  terre  graffe  &  de  fable, 
que  la  nature  a  mêlés ,  brifés ,  &  que  la  pliiip  a  rendus  inféparables  ; 
dans  le  tems  qu’on  eft  obligé  de  brifer  &  de  mêler  avec  du  fable  tous  les 
Fonds  de  terre  graffe  pour  les  amender  &;  pour  les  rendre  plus  fertiles  ; 
encore  la  pluie  les  fépare-t-elle  dans  la  fuite ,  &  cela  tellement  que  le 
fable  forme  avec  le  tems ,  à  la  profondeur  où  l’on  a  remué  ces  terres, 
une  croûte,  &  fe  joint  enfemble  comme  une  écorce.  A  proportion 
donc  que  ces  Fonds  marécageux  font  plus  ou  moins  gras  ou  fablon¬ 
neux  ,  ils  ont  plus  ou  moins  les  qualités  de  l’une  ou  de  l’autre.  11  y  a 
des  Fonds  marécageux  qui  font  compofés  de  fange  mêlée  avec  de  la 
terre  graffe.  Ceux-ci  valent  moins  que  ceux  que  la  nature  a  formés  du 
mélange  de  terre  graffe  &  de  fable.  Ils  produifènt  bien  de  plus  gros 
fruits, mais  auffi  plus  aqueux, moins  fblides  &  plus  inlipides , parce  qu’ils 
tiennent  des  qualités  des  Fonds  fangeux. 

Les  meilleurs  Fonds  de  terre  fablonneufé  ont  par  deffus  environ  fèpt  à 
huit  pouces  de  bonne  terre, nommée  en  Hollande  Kaluw-aerde ydontlts 
parties  font  plus  féparées  &  plus  raboteufes  que  celles  de  la  bonne  terre 
des  terres  gralfes  &  des  marécageufes.  Parmi  cette  prémière  bonne  terre , 
on  trouve  un  fable  jaune  tirant  fur  le  rouffâtre ,  fèmbiable  à  celui  qu’on  trou¬ 
ve  fur  le  fommet  des  Falailès  ou  des  Montagnes  fablonneufes,qui  donne 

aux 


DE  LA  CAMPAGNE. 


aux  fruits  plus  de  nourriture  qu’on  ne  penfe.  On  trouve  fouvènt  parmi 
ce  fable  rouflatre^  un  làble  plus  groffier  &  blanc,  dans  lequel  les  arbres 
pouflent  volontiers  de  très  bonnes  racines.  De  tels  Fonds  fàblonneiix 
n’ont  befoin,  pour  la  nourriture  des  fruits,  d’autre  engrais  que  celui  des 
feuilles  tombées  ,&  des  petits  rejettons;  mais lesarbres  n’y  groniflent  pas 
C  vite,  (Scproduilent  fouvent  des  fruits  plus  petits ,  mais  plus  fermes  &  plus 
agréables.  Les  arbres  plantés  dans  ces  terres  fàblonneulès ,  font  plus  fe- 
coués,  &  par  cela  même  retardés  dans  leur  crue3&  plus  facilement  ren- 
verfés  par  le  vent ,  parce  que  le  làble  ne  le  colle  &  ne  s’attacJie  pas  H 
fortement  que  la  terre  gralfe  (étant  compofé  de  parties  plus  gi'olîières, 
plus  raboteulès  &  plus  féparées);  lans  quoi  ces  Fonds  feroient  générale¬ 
ment  préférables  à  tous  les  autres,  parce  qu’étant  poreux,  durs,  raboteux  j 
fertiles,  le  Soleil  peut  y  darder  lès  rayons  à  une  profondeur  convena¬ 
ble,  ce  qui  fait  qu’ils  font  très  propres  pour  des  Jardins  à  fleurs  &  pota¬ 
gers  ,  &  principalement  pour  produire  de  bonne  heure  des  légumes  & 
des  fruits  de  terre,  parce  que  les  pluies  abondantes  de  l’Hiver  &  du  Prin- 
tems  y  palTent  d’abord,  &  peuvent  traverlcr  très  facilement  les  prémiè- 
res  petites  racines  ;  outre  que  ce  font  les  Fonds  les  plus  faciles  à  travail¬ 
ler.  Par  conléquent  puisque  les  Fonds  de  terre,  dans  lelquels  les  pluies 
&  le  Soleil  peuvent  pénétrer  bien  avant ,  deviennent  très  fertiles  ,1e  con¬ 
traire  doit  arriver  à  ceux  qui  font  privés  depuis  plufieurs  années  de  ces 
avantages. Tels  font  ceux  qui  n’ont  point  de làble  roulTâtre , fertile, léger; 
car  pour  les  rendre,  fertiles  il  faut  nombre  d’années  &  des  dépenfes  fort 
confidérables,  fur-tout  quand  ils  font  chargés  de  fable  blanc  ,  grolîier , 
&  maigre ,  qualités  qui  ne  confument  pas  feulement  d’une  manière  trop 
fubite  les  parties  huileufes  de  l’engrais  qu’on  y  emploie  ,  mais  aulTi  qui 
en  font  trop  évaporer  la  graiffe,  parce  que  le  fable  eil;  trop  ouvert  &  trop 
raboteux. 

Les  Fonds  fangeux  font  légers ,  fulphureux  fort  ouverts  par  cela 
même  très  propres  pour  ceux  qui  élèvent  des  Pépinières  ,&  pour  ceux  qui 
cultivent  &  font  commerce  de  fruits  de  terre  prématiuésjcar  tout  y  croît, 
fort  vite  &  vient  de  très  bonne  heure  :  les  fruits  qui  en  proviennent  font  pour 
l’ordinaire  afTez  gros,  mais  confervent  en  même  tems  un  goût  de  terroir,  ^ 
c’ef t-à-dire ,  qu’ils  font  coriaces ,  aqueux ,  d’un  goût  flilphureux ,  très  defa- 
gréables  &  peu  nouriflans.  Amfi  pour  peu  qu’on  fe  propofè  de  plaifir 
dans  fès  enrteprifès  en  fait  de  Jardinage, on  fè  gardera  bien  de  choiflrde 
pareils  Fonds  ;  j’avoue  que  tout  d’abord  les  arbres  y  croifTent  vigoureu- 
lcment,&  y  grolTifTent  afTez; mais  il  eflvrai  aufiipour  l’ordinaire, qu’ils 

F  2  meu- 


•XES  AGREME.NS:  i 


meurent  diii3  le  fort  de  leur  crue ,  &  cela  avant  que  d’être  fort  grands;' 
c’eft  ce  qui  arrive  lùr-tout  aux  Ceriliers.  Il  en  efi;  de  même  des  fleurs  à- 
oignon,  elles  y  meurent  d’an  en  an  comme  de  confomption.  Il  eft  enco¬ 
re  à  remarquer  que  plufieurs  plantes  de  terre ,  qui  ont  ordinairement  vie 
pendant  quatre  ou  cinq  mois,  6&qui  d’abord  pouffent  fort  rapidement,. 
Sc  même  jufques  à  la  maturité  des  fruits,  ne  vivent  pas  dans  ces  Fonds 
jufqirà  donner  de  la  femence  bien  mûre.  Il  y  a  pourtant  des  fruits  de  ter¬ 
re  qui  font  aulTi  agréables  dans  ces  Fonds, que  ceux  qu’ont  produits  des 
terres  graffes  ou  làblonneufes  bien  travaillées  :  tels  font  les  ciioiix  rouges , 
qui  crus  dans  de  tels  Fonds, font  plus  fins,  plus  pommés, plus  doux,& 
moins  remplis  de  groffes  côtes.  11  en  eft  de  même  des  fruits  de  terre  qui 
ont  quelque  amertume:  crus  dans  ces  fonds,  ils  ont  meilleur  goût  que 
les  autres,  quoiqu’ils  foient  moins  nourriffans  &  moins  fains. 

On  verra  aifément  par  cette  defcription  des  Fonds  de  différente  na¬ 
ture,  que  de  bonnes  terres  làblonneufes  font  préférables  à  toutes  les  au¬ 
tres  jcnfuite  les  terres  graffes  ,&  après  celles-ci  les  marécageulès  bien  fer-, 
mes  ;  de  plus  que  des  terres  molles  &  légères  ne  font  abfolument  point 
propres  à  être  plantées  d’arbres  de  liante  futaie,  parce  qu’ils  s’y  enfon¬ 
cent  trop  par  leur  poids  :  outre  qu’on  n’y  fauroit  bâtir  des  maifons ,  â; 
moins  que  de  lespofer  fur  des  piliers  profondément  enfoncés  dans  la  ter¬ 
re.  On  ne  connoitra  point  à  la  couleur  la  valeur  des  Fonds  de  terre, 
car  une  terre  graffe  ou  une  terre  commune,  blanche,  noire,  rouffâtre, 
bleuâtre,  fera  Fertile  dans  un  champ,  &  ftérile  dans  un  autre  .-  cependant 
la  rougeâtre  eft  pour  l’ordinaire  moins  fertile  ;  &  il  y  en  a  même  qui  font 
entièrement  ftériles.  La  terre  noire  eff  plus  fertile  que  la  blanche ,  ayant 
fou  vent  aquis  fa  noirceur  par  l’humidité  ;  au-lieu  que  la  terre  feche  devient 
plus  blanche.  Il  en  eft  à  cet  égard  comme  des  nuages,  dont  les  plus- 
chargés  de  pluie  font  noirs,  &  ceux  qui  le  font  moins,  plus  blancs^ 


CHAPITRE  VIIL 


De  la  manière  de  travailler  les  terres  avant  que  de  les  planter, 

« 

ON  ne  fauroit,  avant  que  de  planter,  examiner  trop  fcrupuleiilèmenÉ 
le  Fond  de  terre  pour  lequel  on  s’eff  déterminé,  &  remédier  aux 
défauts  qu’il  pourroit  y  avoir.  On  fera  par  conféquent  rehaiiffer  ceux 

qui 


D  E  L  A  -  C  A  M  P  A  G  E.  4^ 

qui  font  trop  bas,  mettre  de  niveau  ceux  qui  font  montueiix,  qu’on  veut 
approprier  pour  des  Jardins,  Sc  remplir  les  creux  ou  cavités  d’une  ma¬ 
nière  égale.  On  doit  bien  exarniner  ,  &  cela  en  dilFérens  endroits, 
la  nature  de  nos  Fonds  légers,  jufques  à  la  profondeur  de  cinq  pieds. 
Tout  cela  fait,  on  brifera  ces  Fonds  bien  menu,  &  jufques  à  une  julte 
profondeur ,  après  quoi  on  placera  &  on  mêlera  la  terre,  félon  le  be- 
loin  des  racines  des  arbres  qu’on  y  doit  planter.  11  le  commet  à  cet  é- 
gard  des  fautes  qui  deviennent  irréparables ,  dont  le  Propriétaire  a  lieu 
de  le  repentir,  mais  trop  tard,  quand  il  voit  les  arbres  languir,  au -lieu 
de  croître  &  de  pouffer:  deforte  que  bien-loin  d’être  trop  économe  à  cet 
égard ,  on  aura  loin  que  tout  fe  faffe  parfaitement  &  par  ordre,  ce  qui 
ne  fera  pas  feulement  mieux  pouffer  les  arbres ,  mais  encorepayera  jour- 
nellementavecufure  de  lès  peines  &  de  Tes  frai^,  celui  qui  les  aura  plantés, 
en  les  voyant  croître  avec  vigueur.  Les  fautes  que  l’on  commet  à  cet  é- 
gard  proviennent  très  Ibuvent  d’ignorance  ,  &  quelquefois  de  négli¬ 
gence.  C’eft  aiiifi  qu’on  fe  verra  trompé  dans  Ibn  attente ,  li  l’on  em¬ 
ploie  des  Ouvriers  ignorans,  fous  prétexte  qu’ils  fe  contentent  d’un  fa- 
laire  plus  modique  :  li  l’on  ne  fait  pas  bêcher  les  Fonds  de  terre  à  une 
jufte  profondeur,  li  on  ne  la  fait  pas  brilèr;  &  li  l’on  ne  fait  pas  bêcher 
6c  mêler  plus  d’une  fois  la  terre  dans  les  endroits  où  elle  lèrt  le  plus  :  fi 
l’on  n’a  pas  foin  de  choilir  une  perfonne  entendue,  a  qui  l’on  confie  l’in- 
fpedion  de  l’ouvrage  ,  &  qui  faffe  tout  eftèétuer  comme  cela  eft  requis  : 
li  l’on  fait  remuer  les  terres  à  prix  fait,  &  non  pas  k  journée ,  li  cela  ne  le 
fait  pas  dans  le  tems  le  plus  convenable,  6ifi  l’on  veut  fe  difpenlèr  d’em¬ 
ployer  tous  les  outils  néceffaires.  On  ne  doit  pas  négliger  non  chalemment 
d’examiner  fi  tout  eft  fait  felon  les  ordres  donnés  ;  car  le  Propriétaire  lè 
trompera,  lorfque  prévenu  en  faveur  des  Ouvriers,  il  lè  repolè  fimple- 
ment  fur  leur  bonne  foi  &  leur  habileté;  les  meilleurs  de  tous  ne  lon¬ 
gent  qu’aux  moyens  d’allonger  leurs  journées,  6c  d’alléger  leur  travail; , 
il  y  en  a  même  d’affezfcélérats  pour  fiire  de  propos  délibéré  tout  de  tra¬ 
vers,  6c  de  mauvais  ouvrage, ne  fiifant  aucun  compte  des  ordres  qu’ont 
leur  a  donnés,  quoiqu’ils  n’en  reçoivent  ni  profit  ni  avantage;  ainli 
l’on  ne  làuroit  être  trop  fur  fes  gardes,  ni  trop  veiller  fur  ce  qui  lè  paffe, 
pour  que  tout  fe  faffe  comme  il  faut,  fins  quoi  l’on  ne  fera  pas  moins  la 
dupe  des  Kntrepreneurs,  que  de  ceux  qui  travaillent  à  journées.  Ces 
derniers  ne  s’étudient  qu’à  couvrir  leur  pareffe  6c  le  tems  qu’ils  ont  per¬ 
du,  6c  qu’à  faire  croire,  quand  on  prend  l’inlpedionde  l’ouvrage ,  qu’ils 
ib  font  bien  évertués  ;  c’efl  ce  qui  arrive  quand  ils  ne  bêchent  pas  la  ter^ 

'  "  F  3  "  re 


0  LESAGREMENS 

re  afTeX  profondément,  &:  principalement  dans  les  endroits  où  il  y  a  u- 
ne  épaiffe  croûte  à  percer  :  comme  aulTi  loriqu’ils  ne  bêchent  pas  com¬ 
me  il  faut  les  terres  par-tout  également ,  ou  quand  ils  prennent  de  trop 
grandes  mottes  de  terre  à  la  prémière  pêlée ,  &  la  font  rouler  fi  bas 
qu’elle  n’y  fait  que  peu  de  bien.  Les  Entrepreneurs  le  propofent  tou¬ 
jours  de  travailler  peu  pour  augmenter  leurs  journées  :  pour  avoir  bien¬ 
tôt  fait,  ils  coupent  de  trop  grandes  mottes  à  chaque  coup  de  bêche,  & 
par  cela  même  ils  ne  brifent  pas  aflez  la  terre  ;  ils  ne  la  bêchent  pas  alfeTi 
de  niveau,  ni  de  manière  qu’elle  foit  vers  le  milieu  plus  élevée  qu’aux 
extrémités,  ce  qui  efi:  nécefiaire  pour  l’écoulement  des  eaux:  ils  ne  dif- 
pofent  pas  la  terre  comme  il  faut,  ni  de  la  façon  la  plus  avantageulè :  ils 
font  les  tranchées  trop  étroites,  &  s’amulènt  à  cela,  afin  de  mieux  cou¬ 
vrir  leurs  fautes. ,  Après  avoir  donné  ces  avertilTemens,  il  fera  bon  d’e¬ 
xaminer  pourquoi,  de  quelle  manière,  &  en  quelles làilbns  les  Fonds 
doivent  être  travaillés.  Prémierement  cela  fefait  afin  que  les  parties  ter- 
reltres  qui  font  étroitement  jointes  &  unies  enfemble ,  foient  tellement 
féparées  les  unes  des  autres ,  que  la  pluie  puifie  les  humeéter  &  les  pé¬ 
nétrer  de  tous  les  côtés  :  &  pareillement  afin  que  l’humidité  étant  atti¬ 
rée  en-haut  au  travers  de  ce  fond  ouvert,  puilTe  en  nourrir  lèlon  leur  be- 
foin  les  plantes  :  outre  que  de  pareilles  terres  donnent  un  plus  libre  paf- 
fage  à  des  pluies  trop  abondantes.  D’un  autre  côté,  les  racines  encore 
itendres  des  Plantes  pénétreront  plus  ailément  dans  ces  terres  légères,  & 
fe  nourriront  d’autant  mieux,  qu’elles  Ibnt  à  l’abri  de  l’air  par  la  terre  qui 
les  entoure. 

C’efi:  ce  qui  nous  apprend  à  ne  pas  bêcher  des  terres  graffes  dans  le 
tems  des  grandes  chaleurs  de  l’Eté,  parce  que  les  mottes  de  cette  terre 
expofées  à  l’air  fe  durcilfent  autant  que  la  pierre;  il  ne  faut  pas  non  plus 
dans  cette  failon  remuer  des  terres  qui  font  chargées  de  fange,  puifque  le 
feul  moyen  de  les  brifer ,  c’eft  de  les  expofer  à  la  gelée  ;  c’eft-pourquoi 
il, efi  plus  naturel  de  les  bêcher  avant  l’Hiver,  &  cela  à  petites  pêlées, 
&  peu  épaiffes ,  qu’on  met  légèrement  les  unes  fur  les  autres ,  afin  que  les 
parties  ferrées,  lè  gonflant  par  la  gelée,  puifTent  fe  féparer,  &  faire 
enfuite  une  terre  plus  molle,  laquelle  n’efi  plus  fujette  à  lè  joindre  fi  é- 
troitement. 

Les  terres  gralTes  qui  n’ont  pas  par-defibiis  de  dures  croûtes  de  fan¬ 
ge,  de  bitume,  ou  d’argile,  ou  qui  ont  au-delà  de  cinq  ou  fix  pieds 
de  profondeur,  doivent  être  creufées  à  la  hauteur  de  trois  pêlées,  &  l’on 
doit  en  placer  la  terre  de  la  manière  qu’on  l’enfeigne  ci-après  :  ce  qui 

fuf- 


D  E  L  A  C  A  U?  A  G  N  E.  4> 

fuffira  pour  que  les  arbres  puüTent  y  poufTer  leurs  racines ,  &  pour  les 
leur  faire  pouffer  encore  plus  avant  ,11  le  terrain  efi  plus  élevé  au  defïlis 
de  feau  ;  mais  quand  au  deffous  de  la  terre  argilleufe  dans  les  Fonds  fà- 
blonneux  &  dans  ceux  de  terre  graffe ,  on  trouve  de  pareilles  croûtes 
de  fange,  ou  même  dans  quelque  Fond  que  ce  piiiffe  être,  il  faut  les 
rompre  &  les  mêler  :  il  eft;  même  bon  que  ces  croûtes  brifées  une  fois 
par  la  gelée,  foient  placées  au-deffous  du  troifième  coup  de  bêche;  on 
doit  de  plus  répandre  fur  le  deffus  de  ces  Fonds  de  terre  ferme  &:  graffe, 
une  couche  de  fange  brifée  par  la  gelée,  de  fépaiffeur  d’un  pouce,  afin 
de  les  pouvoir  farder  &  nétoyer  plus  facilement.  Il  y  a  des  gens  qui 
penfènt  qu’il  eft  inutile  de  creufer  fl  profondément,  quand  ces  croûtes  ci  Li¬ 
res  font  plus  baffes  que  la  plus  baffe  eau  pendant  l’Eté  ;  difant  que  le  fur- 
plus  des  pluies  peut  pénétrer  fuffifamment  fans  cela  ;  que  l’humidité  re- 
qiiifè  pour  les  plantes  peut  affez  monter  ,  &  que  les  racines  des  arbres 
ne  parviennent  pas  fi  avant  :  mais  j’ai  appris  par  mon  expérience  le 
contraire  de  tout  cela  ,  &  que  dans  ces  cas  il  faut  bêcher  du  moins  jiif» 
ques  k  la  profondeur  de  cinq  pieds. 

Les  Fonds  marécageux  &  de  fable,  dont  les  parties  raboteufes  ne 
font  pas  collées  enfemble ,  mais  détachées  &  faciles  à  être  féparées ,  doi¬ 
vent,  pour  bien  faire,  autant  qu’il  eft  poffible,  être  remués  immédiate¬ 
ment  après  l’Hiver ,  afin  que  le  Soleil  du  Printems  les  puiffe  rechaufër 
d’une  manière  convenable  ;  car  fi  on  le  fait  avant  l’Hiver  ,  &  qu’il  y 
tombe  de  la  neige  ,  dont  l’eau  eft  fi  pénétrante  ,  ils  fè  refroidiront 
fi  fort ,  qu’ils  ne  feront  pas  fort  propres  pour  y  planter  des  arbres  au 
Printems  fuivant  :  c’eft  pourquoi  les  Jardiniers  attendent  toujours  à  bê¬ 
cher  leurs  champs  découverts  jufques  k  ce  que  le  tems,  où  la  neige  tom¬ 
be  ordinairement ,  foit  paffé.  Ces  Fonds  marécageux  &c  fablonneux, 
n’étant  pas  chargés  de  ces  dures  croûtes  de  fange  ou  de  ce  fable  qui  ref- 
lèmble  k  du  fer  moulu  ,  doivent  être  remués  de  la  hauteur  de  deux 
coups  de  bêche;  ce  qui  fuffit,  k  caufe  que  le  Fond  étant  plus  bas  natu¬ 
rellement  mou  &  léger  ,  les  arbres  peuvent  fans  trouver  aucune  réfift 
tance,  y  pouffer  leurs  racines. 

•  C’eft  k  rinspecleur  k  prendre  garde  que  la  'terre  foit  bêchée  k  petites 
pêlées ,  &  placée  dans  les  endroits  où  elle  eft  le  plus  néceffaire  ;  &  que, 
s’il  eft  polîible  ,  cela  fè  faffe  tout  d’un  tems ,  pour  n’être  pas  obligé  de 
la  faire  remuer  &  transporter  deux  ou  trois  fois.  Cela  dépend  de  fha- 
bileté  de  l’Ouvrier  ,  car  il  peut  bêcher  en  une  fois  k  une  même  profon¬ 
deur,  k  peu  près  de  niveau,  ou  bien  en  pente,  tous  les  Fonds  dont  la 

ter- 


LESAGREMENS 

terre  ne  doit  pas  être  mêlée  à  chaque  coup  de  'bêché ,  enforte  qifil 
n’y  refie  dans  la  fuite  prefque  rien  à  faire  5  pour  les  avoir  à  fou- 
hait  :  cela  n’efl  pourtant  pas  praticable  dans  des  Fonds  qui  ont  été  re- 
IiaufTés  5  ni  dans  ceux  qui  doivent  être  remués ,  à  caufe  de  la  fange  ou 
autres  croûtes  dures  dont  ils  font  chargés  :  d’un  côté ,  parce  qu’il  faut 
bêclier  trop  profondément ,  <Sc  de  l’autre  parce  que  ces  croûtes  n’ont 
pas  par-tout  la  même  épaiffeur  ;  c’efl  ce  qui  oblige  dans  ce  cas  à  tranP 
porter  plus  ou  moins  la  terre  remuée  pour  faire  un  terrain  égal,  ou  qui 
aille  en  pente;  en  troifème  lieu  il  eft  impoffible  de  bêcher  tellement  en 
line  fois  un  Fond  rehauffé ,  que  la  terre  foit  placée  dans  les  endroits  re¬ 
quis  ;  car  quand  on  veut  que  la  terre  foit  mêlée  à  chaque  coup  de  bê¬ 
che,  il  faut  que  le  Fond  foit  remué  plus  d’une  foi&. 

Dans  les  terrains  de  niveau  on  pourra  en  bêchant  une  fois  ,  &  en 
mêlant  la  terre  par  des  demi-pêlées ,  la  placer  à  fouhait  ;  car  dans  les 
endroits  où  elle  ne  veut  pas  fè  féparer  ainfi  par  des  pêlées  entières ,  on 
en  coupe  horizontalement  allez  pour  que  la  bêche  puiffe  contenir  le  refte 
entièrement  joint  ou  bien  de  deux  différentes  fortes.  Qiiand  on  trouve 
par  la  qualité  de  la  terre, en  la  plaçant,  qu’elle  a  plus  ou  moins  d’épaif- 
ièiir ,  que  celle  dont  on  la  coupe  communément  en  la  bêchant  ,  on  fera 
bien  de  bêcher  plus  ou  moins  profondément  ;  mais  on  eft  obligé  de  la 
couper  horizontalement ,  quand  une  terre  de  la  même  qualité  a  plus  d’é- 
paiffeur  qu’un  grand  coup  de  bêche  n’en  fauroit  contenir. 

Les  Ouvriers  ont  coutume  ,  dans  les  Fonds  marécageux  &  fablon- 
neux  ,  de  jetter  la  première  pêlée  en-bas  dans  la  tranchée  ,  ce  qui  efl 
toujours  fort  mauvais  ,  fur-tout  dans  les  endroits  où  l’on  creiife  ,  parce 
que  la  meilleure  terre  tombe  alors  trop  bas,  où  elle  n’eft  bonne  à  rien; 
outre  que  par-là  la  terre  ne  fe  brife  pas  affez.  Afin  donc  de  placer  la 
terre  à  mefure  qu’on  la  bêche,  dans  les  endroits-  où  elle  eft  le  plus  né- 
ceffaire,  on  doit  faire  attention  à  la  diverfité  des  qualités  des  Fonds  & 
des  iifages  auxquels  on  les  deftine. 

Les  Fonds  de  terre  graffe  deftinés  à  des  Vergers  où  a  des  Plantages 
fanvages,  &  dont  la  fuperficie  doit  être  de  toutes  fortes  de  verdure,  doi¬ 
vent  être  couverts  d’une  couche  fort  mince  de  finge  ;  mais  cette  derniè¬ 
re  terre  eft  aulfi  nuifibîe  que  la  peice  dans  les  Jardins  potagers,  &  encou¬ 
re  plus  dans  les  Jardins  à  fleurs,  comme  étant  contraire  à  ces  Plantes, 
aii'ii  n’y  poiifTeront-elles  aucune  racine;  par  conféquent  dans  ces  en¬ 
droits  la  fange  doit  être  rnife  fort  bas,  &  ne  point  paroitre  en  aucune 
façon  fur  la  fuperficie.  . .  ...  ,  . 


DE  LA  CAMPAGNE. 


4:9 

On  verra  de  plus,  par  la  crue  des  Arbres  &  des  Plantes,  la  manière 
la  plus  convenable  dont  la  terre  doit  être  rangée.  Il  eft  certain  que  cha¬ 
que  racine  eit  la  nourrice  de  la  branche  qui  lui  répond ,  &  par  confé- 
qiient  les  petites  racines  minces  &  chevelues  font  les  nourrices  des  plus 
petits  rejettons  nouvellement  éclos.  Ainfi  dans  les  endroits  où  les  Plan¬ 
tes  <Sc  les  Arbres  en  ont  beaucoup  Ibus  terre ,  Ton  doit  placer  la  meiL’ 
leure  terre ,  favoir  par-deflus  les  racines, &  cela  plus  ou  moins  épais,  fé¬ 
lon  que  les  racines  font  plus  ou  moins  grolTes,  &  fuivant  cette  propor¬ 
tion  on  peut  aulTi  y  employer  de  la  terre  plus  dure  moins  bonne ,  & 
dont  les  parties  Ibient  moins  gralfes  &  moins  féparées  ;  mais  comme  la 
prémière  couche  des  Fonds  de  terre  plantés  avec  des  arbres,  devient  fon¬ 
cièrement  meilleure ,  quand  les  feuilles  qui  tombent  fur  fa  lüperficie  y 
pourriflent ,  cette  mauvailè  terre  deviendra  par  cela  même  une  terre  ex- 
quife.  Il  eft  très  bon  aulîi,  en  plantant  les  arbres  dans  une  terre  molle  & 
bien  préparée, où  ils  poulferont  plutôt  de  meilleures  racines, de  les  met¬ 
tre  un  peu  plus  haut  que  la  fuperficie  du  Fond  nouvellement  remué, 
à  caufè  qu’ils  font  fu jets  à  baifler;  &  quant  à  la  prémière  couche,  on 
pourra  y  employer  de  la  terre  moins  bonne ,  jufqu’à  la  profondeur  de 
ti*ois  pouces.  ^ 

On  fera  la  tranchée  plus  du  moins  large,  à  proportion  que  la  terre 
doit  être  bêchée  plus  ou  moins  profondément,  &  céla  non  feulement  a- 
fin  de  pouvoir  placer  la  terre  comme  il  faut ,  mais  aiiffi  afin  d’en  rendre 
la  fuperficie  unie  à  mefure  qu’on  la  bêche  :  car  ceux  qui  creufent  ne  doi¬ 
vent  jamais  y  être  gênés ,  li  l’on  veut  qu’ils  falTent  du  bon  ouvrage  : 
c’eft  à  quoi  cependant  on  manque  pour  l’ordinaire ,  fur-tout  dans  les  en¬ 
droits  où  l’on  remue  de  la  fange  fort  profonde  dont  la  dure  croûte  infé¬ 
rieure  dans  ces  cas  elt  rarement  brifée  &  bêchée  comme  il  faut.  Afin 
donc  de  bêcher  comme  il  efl  requis  un  Fond ,  où  la  fange  fe  trouve  au- 
delTous  de  quatre  pieds  de  profondeur ,  on  fait  toutes  les  tranchées  de  la 
largeur  de  fix  pieds,  excepté  la  prémière  qui  n’en  a  que  quatre:  mais  fi 
la  fange  eft  encore  plus  avant  en  terre,  on  leur  donne  la  largeur  de  fept 
pieds.  D’abord  qu’on  aura  jetté  en  avant  Sc  en  quarré  la  terre  de  la 
prémière  tranchée ,  on  trouvera,  félon  l’ordre,  la  meilleure  terre,  puis 
la  bonne,  enfuite  la  moindre,  &  après  cela  de  la  moins  bonne  encore, 
&  même  la  fange ,  au  cas  qu’on  en  ait  befoin  pour  répandre  fur  la  fu¬ 
perficie:  ou  3  fi  la  fange  efl  à  fi  peu  de  profondeur  qu’on  juge  néceffaire 
de  l’expofèr  prémierement  k  la  gelée  :  ou  bien  fi  elle  efl  fi  épaifie  qu’ôn 
ne  fauroic  la  percer  d’un  feul  coup  de  bêche  ;  dans  ce  cas  on  en  mettra 
1.  G  alftz 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 


50 

aflez  en-haut  pour  pouvoir  percer  le  refie:  car  le  peu  qui  n’auroît  pas  é- 
té  bêché  3  rendroit  entièrement  inutile  ce  qui  Tauroit  été,  &  cauferoit  des 
fraix  fuperilus  ;  mais  quand  d’un  feiil  coup  de  bêche  on  a  pu  percer  cet¬ 
te  dure  croûte ,  on  brife  à  petites  pêlées ,  ce  qui  en  refte  en  terre.  La 
prémière  tranchée  étant  donc  creufée  en  quarré  comme  un  Fofré3&  vui- 
dée,fuit  le  commencement  de  la  féconde,  large  de  fîx  pieds,  ce  qui 
doit  être  fait  avec  deux  réparations,  chacune  de  trois  pieds  de  large,  de 
la  manière  fuivante.  On  tire  de  la  prémière  moitié  par  les  côtés ,  la 
bonne  teiTè,&  enfiiite  l’autre;  mais  on  tire  par-devant,  dans  la  prémiè¬ 
re  tranchée,  la  plus  mauvaife  terre  qui  vient  enfuite,  &  on  la  jette  par 
defliis  la  fange  ou  la  dure  croûte  qu’on  a  remuée  ;  &  fur  cette  mauvaife 
terre  on  jette  la  meilleure ,  qu’on  a  déjà  tirée  par  les  côtés.  Enfuite  on 
commence  à  la  féconde  féparation  de  cette  fécondé  tranchée,  dont  on  tire 
d’abord  la  bonne  terre , moyennant  quoi  la  prémière  tranchée  eft  bêchée, 
&  la  terre  placée  comme  elle  doit  l’être.  Tirez  encore  alors  par  les  côtés  la 
terre  qui  a  été  trouvée  fous  la  bonne  terre  de  la  féconde  féparation  de  cette 
tranchée,  &  mettez  le  refie  fur  la  fange  brifée  de  la  prémière  féparation 
de  cette  féconde  tranchée  ;  commencez  enfuite  la  troifième  tranchée ,  pa¬ 
reillement  large  de  fix  pieds,  &  avec  deux  féparatidns :  de  cette  maniè¬ 
re  on  a  une  tranchée  de  trois  féparations  de  terre ,  dont  à  la  prémière  il 
manque  la  bonne  terre ,  à  la  fécondé  la  terre  qui  fé  trouve  fous  cette 

bonne  terre,  la  troifième  étant  entièrement  vuide  jufqu’à  l’endroit  où 
la  fange  a  été  percée.  Dans  ces  fortes  de  féparations  des  tranchées  on 
peut  continuer  à  travailler  de  telle  manière ,  que  la  plus  mauvaifé  terre 
vienne  fur  la  fange  brifée  5  une  meilleure  fur  celle-ci,  &  la  bonne  par  def* 
fus:  on  peut* même  fi  on  le  veut,  porter  de  la  moindre  terre  fur  la  bon¬ 
ne  ,  pour  faire  la  fuperheie.  C’efl  la  manière  dont  nous  fommes  accou¬ 
tumés  de  remuer  nos  terres  avant  que  de  les  planter,  lefquelles  nous  ne 
bêchons ,  ni  ne  remuons  plus ,  quand  elles  font  une  fois  plantées ,  pas  mê¬ 
me  nos  Vergers  ni  nos  Treilles,  quoique  les  Anciens  recommandent 
de  le  faire  principalement  par  raport  aux  Treilles,  &  cela  même  jufqu’à 
trois  labours  par  an,  favoir  pour  la  prémière  fois  quand  elles  commen¬ 
cent  à  pouffer,  pour  la  fécondé  quand  elles  fleuriffent,  &  pour  la  troi¬ 
fième  quand  les  Raifins  commencent  à  meurir.  11  faut  favOir  au  relie, 
que  tout  ce  qu’on  vient  de  dire  eft  rélatif  uniquement  aux  Fonds  des 
Jardins  de  Plaifance  qui  ne  font  pas  d’une  trop  vafte  étendue  :  car  quoi¬ 
qu’une  telle  précaution  de  faire  remuer  ou  bêcher  les  Fonds,  foit  très  utile 
par-tout  Païs ,  elle  ne  fauroit  avoir  lieu  ni  être  efFeéluèe  dans  des  Cam- 


DE  LA  CA  M  PAG  NE. 


5t 

pagnes  fort  vafles  ;  ^car  cela  expoferoit  à  des  dépenfes  exorbitantes , 
quand  il  s'agiroit  d’arranger  &  de  planter  des  Bofquets  &  des  Plantages 
d’allées  fort  larges  &  fort  longues.  C’eft  pour  cela  qu’on  fak  ordi¬ 
nairement  labourer,  avant  que  de  planter  ou  de  femer  dans  de  tels  en¬ 
droits  la  terre  5  «Sc  qu’on  la  herfe  après  l’avoir  enfemencée  à  la  manière  des 
•champs.  Aux  endroits  où  l’on  veut  planter  de  grandes  ou  de  petites 
allées  5  on  creufe  au  cordeau  &  par  alignement  des  rigoles ,  dans  lef- 
quelles  on  plante  les  jeunes  Plants  ,  ou  bien  ,  où  l’on  pofe  en  ordre  les 
glands  &  la  femence.  .. 

CHAPITRE  IX. 

i  ' 

I  > 

Comment  on  amendera  les  Fonds  qui  font  devenus  flérïhsy  foit  natu¬ 
rellement^  joît  pour  avoir  trop  produit, 

Les  trois  conftitutions  fui  vantes  des  Fonds  font  caufe  qu’on  doit  les 
amender  &  les  rendre  plus  fertiles  par  le  moien  de  l’engrais ,  pré- 
mierement  les  Fonds  qui  font  naturellement  maigres,  grêles  &  flériles. 
En  fécond  lieu,  les  Fonds  dont  les  vertus  produdrices  font  épuifées  à 
force  d’avoir  produit  fans  interruption.  En  troifîème  lieu,  ceux  qu’on 
veut  forcer  à  porter  plus  de  fruit ,  qu’ils  n’en  peuvent  produire  natu¬ 
rellement. 

Les  prémiers  de  ces  Fonds  ne  fauroient  être  rendus  fertiles  qu’à  force 
de  fraix ,  parce  que  cela  ne  fauroit  fe  faire  par  une  quantité  ordinaire  de 
fumier,  car  celui-ci  fe  confume  d’abord  par  la  maigreur  de  la  terre; 
deforte  qu’ils  ne  parviendront  jamais  à  un  meilleur  état, que  par  le  mo¬ 
yen  d’une  prodigieufe  quantité  de  fumier. 

Les  Fonds  bien  gras ,  qui  ont  été  épuifés  par  une  culture  non  inter¬ 
rompue  ,  deviennent  de  nouveau  fertiles  quand  on  les  lailTe  quelque 
tems  en  friche ,  &  cela  uniquement  par  la  pénétration  de  l’eau  de  pluie 
&  de  neige  :  c’ell  ainfi  qu’on  lit  que  le  Tout-puilTant  avoit  enjoint  aux 
Enfans  d’ifraël  de  lailTer  la  feptième  année  leurs  terres  en  friche,  &  de 
n’en  retirer  aucun  fruit ,  que  ceux  qu’elles  avoient  produits  naturelle¬ 
ment  ;  preuve  que  le  repos  des  terres  ne  lèrvoit  dans  ces  tems-là  à  d’au¬ 
tre  ufage ,  qu’afin  que  l’air  &  la  pluie  eulTent  le  tems  d’y  mieux  péné¬ 
trer  &  de  les  humeéter.  C’eft  aufll  dans  cette  vue  qu’on  a  coutume 
aujourdhui  de  brifer  les  terres,  &  de  remuer  les  Fonds;  c’eft  delà  que 

G  Z  vient 


LES  AGREMENS 


vient  rexprefllon  î^iijjer  les  terres  en  friche ,  c’eft  pour  cela  qu’on  fatü 
le  labour  à  celles  qui  font  laies  ou  couvertes  de  moulfe. 

On  a  appris  par  l’expérience  que  la  fiente  des  Animaux  ,  &  autre» 
ordures,  font  très  propres  à  fumer  les  champs  ;  mais  on  ignore  qui  en 
a  été  le  premier  inventeur ,  du  moins  on  n’en  peut  parler  que  par  con¬ 
jecture.  Ce  qu’il  y  a  de  plus  vraifemblable,  c’eft  qu’on  en  a  îtppris  l’u- 
fage,  en  voyant  que  les  terres  ne  fuffifoient  pas  à  produire  une  qualité 
de  fruits  requife  pour  la  nourriture  de  la  nombreufe  fociété  des  hom¬ 
mes  ;  cette  fociété  ayant  befoin  d’un  grand  nombre  d’Animaux  fervans 
les  uns  au  travail ,  les  autres  à  la  nourriture,  fe  voyant  incommodée 
par  l’infupor  table  odeur  de  ces  excrémens,  s’efl  vue  obligée  de  les  tranf- 
•porter  &  de  les  éloigner;  ce  qu’ayant  fait  peut-être  fur  les  terres  voifî- 
nes,  elle  a  appris- ainfi  par  hazardi  à  rendre  à  peu  de  fraix  &  très  com¬ 
modément  ces  terres  plus  fertiles,  qu’en  les  lailTant  en  friche  tous  les 
fept  ans.  Le  tems  a  fait  voir  encore,  que  non  feulement  les  excrémens 
des  Hommes  &  des  Animaux,  (excepté  les  Lièvres, les  Lapins, les Üi- 
feaux  d’eau ,  dont  la  fiente  a  été  reconnue  anciennement  &  l’efi:  encore 
de  nos  jours,  inutile,  nuifible  aux  plantes,  comme  cela  fe  peut  voir 
dans  les  campagnes  où  ils  fe  tiennent),  font  très  propres  à  fumer,  mais 
encore  plufieurs  autres  chofes,  comme  principalement  toute  forte  de  corps 
pourris  (tf),  qui  pafTent  fous  le  nom  de  fumier, de  même  que  toute  for¬ 
te  d’ordures,  du  limon,  de  la  boue  des  pavés,  de  la  cendre  des  matiè¬ 
res  combuftibles,  de  la  chaux,  du  falpêtre,  du  fel  ordinaire ,  &c. 

Ces  choies  communes  &  de  peu  de  dépenfe  font  à  coup  fur  incompa¬ 
rablement  meilleures  pour  fumer  les  terres,  que  celles  qu’on  aquiert,  à’ 
grands  fraix, avec  beaucoup  de  peine  ,&  par  l’art  de  diftiller  ou  de  cal¬ 
ciner,  ce  qui  a  été  fort  peu  connu  des  Anciens,  mais  dont  les  Moder¬ 
nes  difent  des  merveilles, foutenant  que  la  vertu  de  produire  des  fruits 
doit  prefque  entièrement  être  attribuée  au  fel  qui  efi:  dans  le  fumier;  ce 
qi^ils  confirment  par  des  exemples  de  terres, qui  ont  été  rendues  fertiles 
uniquement  par  le  moyen  du  fel,  du  falpêtre,  de  la  chaux,  &  des  cendres 
qu’on  y  a  répandues:  mais  on  demande  à  ces  Inventeurs  de  nouveautés, 
ce  qui  produit  la  fertilité  dans  des  terres  fur  lesquelles  on  a  répandu  de 
la  graiffe  de  Baleine  ,  comme  on  a  découvert  par  hazard  depuis  peu 
d’années  qu’il  efi:  bon  de  le  faire  fur  de  certains  champs  ,  après  avoir 
fait  brûler  &  lailTé  pourrir  cette  graifle.  On  leur  demande  aulfi  pour¬ 
quoi  les  Anciens  mêloient  parmi  le  falpêtre,  de  la  lie  d’Jiuile,  &  pour 

quelle 

(a}  PLUTARQ.UE  daus  la  Vie  de  Marias,  pag.  417.  '■ 


DE  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E. 


quelle  raifon  Columelle  (a)  prétend  qu’en  fe  fervant  pour  fumer,  de  l’u¬ 
rine  de  fix  mois ,  mêlée  avec  de  la  lie  d’huile  ,  il  ne  faut  pas  qu’on  y 
trouve  du  fel  parmi. 

On  a  trouvé  de  plus  que  la  même  manière  de  fumer  n’a  pas  les  mê¬ 
mes  effets  dans  tous  les  endroits  ;  enfbrte  que  cette  manière  doit  être 
différente  félon  la  diverfité  des  qualités  des  Fonds;  car  pour  rendre  fer¬ 
tiles  de  certaines  terres,  il  faut  y  employer  du  fumier  qui  contienne  plus 
de  parties  falées ,  acides,  fulphureufes,  &  pour  d’autres,  au  contraire, 
du  fumier  qui  renferme  plus  de  parties  huileufes:  aulfi  voit-on  que  tous 
les  fruits  tirant  fur  l’amer,  comme  des  choux,  de  la  chicorée  de  la  poi- 
rée,de  la  rue,  &c. demandent  des  parties  plus  falées,  que  les  raves  d’un 
goût  fort,  &  que  les  oignons,  &c. 

Je  trouve  en  général,  lorfque  j’examine  ceci ,  que  le  fel  qui  ell  dans 
le  uimier  ou  dans  la  terre,  doit  contenir  afiez  de  parties  huileufes  pour 
devenir  un  favon  convenable,  dont  les  humeurs  diffoutes  parla  pluie 
caufènt  la  crue  &  la  fertilité:  puis  donc  que  le  fumier jauiTi  bien  que  le 
favon  ordinaire,  doit  être  compofé  de  femblables  parties, on  employera 
pour  rendre  fertiles  des  Fonds  gras  &  huileux  par  eux-mêmes,  du  fu¬ 
mier  qui  contienne  plus  de  parties  falines;  &  pour  ceux  qui  ne  contien¬ 
nent  que  peu  de  parties  huileufes  ,  des  corps  pourris  qui  contiennent 
peu  de  fel  &  beaucoup  d’huile.  Si  on  veut  fuivre  cette  règle  en  fu¬ 
mant  la  terre,  il  eft  effentiellement  néceffaire  de  bien  examiner  la  na¬ 
ture  des  Fonds, pour  donner  à  chacun  d’eux  la  forte  de  fumier  qui  leur 
eft  le  plus  conv'enable.  11  ne  faut  pas  oublier,  malgré  tout  cela ,  qu’on 
ne  doit  employer  le  fumier  que  comme  un  moyen  qui  remédie  à  ce  qui 
eft  défedueux  :  car  ainfî  que  trop  manger  dérange  l’eftomac  &  eft  nui- 
lible  à  tout  le  corps  d’une  perfonne  ,  de  même  la  trop  grande  quantité 
de  fumier  peut  nuire  mortellement  aux  Plantes  :  c’elt  pourquoi  on  ne 
s’en  fervira  qu’avec  mefiire  ;  &  comme  il  rend  le  plus  de  fervice ,  quand 
il  eft  placé  aux  environs  des  racines  des  Plantes  &  des  Arbres  ,  on  le 
couvrira  uniquement  d’un  peu  de  terre,  enforte  qu’il  ne  le  puifîe  pas 
trop  delTécher;  alors  la  pluie,  à  mefure  qu’elle  tombera  deflus,  fera  dif- 
tiller  l’eau  de  favon  depuis  le  haut  jufques  vers  le  bas  des  racines  ;  ce 
qui  vaudra  infiniment  mieux  ,  que  de  mettre  le  fumier  plus  avant  en 
terre ,  &  de  faire  ainfi  des  dépenfes  inutiles.  Il  faut  de  plus  bien  obfer- 
ver  les  faifons  les  plus  convenables  à  la  nature  des  Fonds ,  &  à  la  diver- 

fité 


(b)  Columelle  de  V  J^riculture ,  Livre  II.  Chap.  55. 

G  3 


LES  A  GRE  ME  NS 


fité  du  fumier;  car  les  Vergers,  qui  ne  peuvent  pas  être  bêchés,  mais 
dans  lefquels  on  eft  obligé  de  mettre  le  fumier  par  delTus  la  terre  doi¬ 
vent,  pour  bien  faire,  être  fumés  dans  Tarrière - iàifon  avant  les  pluies 
ordinaires  de  PAutonney  afin  que  les  parties  de  lèl,  d'huile,  &  autres, 
qui  font  nécefiaires ,  puiiTent  mieux  pénétrer,  par  ce  moyen  avant  la  ge¬ 
lée  ;  car  ainfi  que  le  Soleil  fait  évaporer  par  la  chaleur  dans  l’Eté  les  ef- 
pries  du  fumier,  de  même  la  gelée  le  prive  des  parties  qui  lui  font  néceA 
làires  :  que  fi  dans  ce  tems  on  manquoic  de  fumier  pour  s’en  lèrvir  à  cet 
ufage,  on  attendra  à  le  faire  après  la  gelée,  afin  que  les  pluies  du  Prin- 
tems  puifient  produire  le  même  effet,  qu’on  vient  d’attribuer  à  celles  de 
l’Autonne.  11  eft  aulîi  effentiellement  néceffaire ,  quand  on  fume  ainfi 
les  terres  par-delTus,  que  le  fumier  foit  fluide,  &  facile  à  fe  diiïoudre; 
c’eft  pourquoi  on  y  employera  de  la^boufe  épaiffe,  du  limon  mince, 
&c.  afin  que  leurs  humeurs  favonneufes  ,  étant  plutôt  diffoutes ,  pé¬ 
nètrent  plus  vite.  Il  vaut,  .outre  cela,  encore  mieux,  ne  pas  fumer ain^ 
fi  en  une  fois  ces  terres ,  mais  le  faire  à  différentes  reprilès,  &  renou- 
veller  Ibuvent  le  fumier  en  petite  quantité,  parce  que  le  tems  fec  qui 
peut  furvenir ,  foit  gelée ,  fbit  chaleur ,  pourroit  faire  évaporer  les  elprits 
huileux,  falés,  acides,  ou  fulphureux,  de  cette  partie  du  fumier  qui  abonde 
trop,  &  qui  efi:  deffus  la  terre. 

Les  Champs  potagers,  ou  qui  produifent  des  légumes,  doivent,  pour 
bien  faire ,  être  fumés  au  commencement  du  Printems ,  avant  qu’on  fè- 
me,  parce  que  les  Plantes  en  doivent  d’abord  être  nourries;  vu  que  leurs 
fruits,  pour  la  plupart,  doivent  être  mangeables  au  bout  de  trois,  qua¬ 
tre  ,  ou  cinq  mois. 

Tous  les  Fonds  refroidis  doivent  pareillement  être  fumés  dans  le  Prin¬ 
tems  ,  parce  que  dans  ce  cas  le  fumier ,  conlèrvant  mieux  là  chaleur  par 
la.  vertu  du  Soleil  qui  augmente  tous  les  jours  en  force,  rendra  plus  de 
fer  vice  que  dans  l’Aütonne,  fur-tout  quand  pendant  l’Hiver  fuivant  il 
tombe  beaucoup  de  neige,  ce  qui  fait  que  le  fumier  pénètre  trop  avant 
en  terre ,& ne  profite  que  très  peu, à  caufe  du  grand  froid.  Par  la  raifon 
du  contraire  on  fume  dans  l’arrière  faifbn  tous  les  Fonds  lecs  &  chauds. 

11  n’eft  jamais  à  propos  de  fumer  les  Fonds  pendant  l’Eté,  car  le  fu- 
'  mier  doit  faire  fon  effet  en  fe  pouriffant,  &  en  diftillant  fes  humeurs 
favonneufes ,  ce  que  la  chaleur  d’Eté  l’empêche  de  faire  en  le  defféchant 
trop.  C’ell  une  règle  générale  que  toute  forte  de  tems  pour  fumer  eft 
le  plus  propre,  quand  on  emploie  le  fumier  dans  le  fort  de  fa  pouriture; 
car  plus  celui-ci  eft  converti  en  terre, plus  auifi  l’air  a  difperfé&faitéva- 

po- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


porer  fes  efprits 5  fes  parties  faléeSj  huileufes  &  autres:  cela  n’empêchè 
pourtant  pas  que  fouvent  le  fumier  converti  en  terre ,  ne  foit  plus  utile 
que  du  fumier  plus  frais:  mais  il  eft  moins  bon  pour  amender  des  Fonds  j 
&  c’efl;  ce  dont  il  s’agit  ici. 

Les  Anciens  n’ont  pas  attribué  la  pouffe  &  la  fertilité  des  terres  fu* 
mées  aux  humeurs  ïavonneufes ,  qui  naiffent  du  fumier  :  mais  j’ai  appris 
le  contraire  par  mon  expérience,  ayant  trouvé  que  les  excrémens des  A- 
nimaux,  pris  fimplement  &  fans  mélange,  ne  produifent  pas  en  bien 
des  occafions  des  effets  aulfi  heureux ,  que  quand  on  les  emploie  mêlés 
avec  de  la  paille  ou  avec  du  chaume  :  &  comme  chez  nous  le  fumier  de 
Cheval  &  de  Mouton  eft  mêlé  avec  beaucoup  de  paillé,  cela  eff  caufe, 
dans  le  tems  de  fa  pouriture ,  qu’il  fe  fait  mn  plus  grand  mélange  de  par¬ 
ties  huileufes  avec  les  partié?  filbtiles  de  falpêtre,  dont  ce  fumier  eft  fort 
chargé  ;  ce  qui  fait  auffi  que ,  ce  fumier  produit  chez  nous  de  meilleurs 
effets  que  le  leur  n’en  produifoit  chez  eux.  Ils  appelloient  auffi  fumer 
quand  ils  mêloient  avec  du  fable,  leurs  Fonds  de  terre  grafre,&  de  cer¬ 
tains  Fonds  de  terre  blanchâtre ,  comme  auffi  quând  ils  mêloient  de  la  terre 
graffe  parmi  le  fable  :  c’eft  ainfi  que  nous  mêlons  avec  du  fable  nos  Fonds  de 
terre  fort  graffe ,  ou  que  nous  y  femons  félon  leurs  qualités ,  des  cendres  ou 
de  la  chaux  :  on  mêle  auffi  nos  Fonds  de  fable  avec  de  la  terre  fort  graffe ,  & 
ce  qui  vaut  encore  mieux ,  avec  du  limon  de  terre  extrêmement  gras. 

Je  n’ai  pas  trouvé  que  faire  tremper  toutes  fortes  de  femences  dans  de 
l’eau  de  falpêtre  eût  dans  nos  Fonds  de  terre  bien  fumés  un  même  effet  ; 
mais  cela  en  fait  un  extraordinaire  par  raport  au  Blé,  puisqu’im  feul 
grain  après  avoir  trempé  pendant  vingt-quatre  heures  dans  cette  liqueur 
mêlée  avec  de  la  lie  de  fîimier  de  Cheval  &  d’herbages ,  m’a  rendu  foi- 
xante-deux  épis. 


CHAPITRE  X. 


Be  différentes  fortes  de  Fumier, 

lE  traiterai  ici  féparément  de  chaque  efpèce  de  fumier  de  ce  Païs ,  afin 
que  chacun  puiffé  apprendre  à  en  connoître  les  efféts. 

La  fiente  de  Pigeon  contient  le  plus  de  parties  lubtiles  falées  ou  ni- 
treufes,  &  eft  de  tout  le  fumier  le  plus  chaud;  c’eft-pourquoi  il  ne  faut 

pas 


LES  AGREMENS 


pas  en  faire  trop  d’ufage,  &ne  s’en  fervir  uniquement  que  lorsqu’on  fc- 
me;  aufli  le  laifle-t-on  tremper  dans  de  Teaii,  dans  laquelle  paflent  lès 
parties  fubtiles  &  nitreufes ,  &  dont  on  fe  fert  enfuite  pour  arrofer  les  ar¬ 
bres  &  les  Fonds.  Ce  fumier  eft  très  propre  pour  réchaufer  des  Fonds 
Jtrop  refroidis  5  &  pour  amender  ceux  qui  font  plantés  de  vieux  arbres 
languilTans:  quoique  je  préfère  pour  cela  du  pilTat  de  Vache  dans  TAu- 
tonne ,  qui  doit  être  à  peine  couvert  par  la  terre ,  &  dans  les  terres  enlè- 
mencées  être  introduit  par  le  moyen  de  la  herlè. 

La  fiente  de  Poule  approche  beaucoup  de  la  fiente  de  Pigeon ,  lorF 
que  les  Poules  ne  font  nourries  qu’avec  des  grains  fecs  :  elle  n’a  pas  ce¬ 
pendant  autant  de  parties  liibtiles  &  nitreules ,  par  conféqdent  elle  efl 
moins  échaufante;  c’eft  pourquoi  on  pourra,  lorlqu’on  s’en  fert,  en 
mettre  un  peu  davantage,  bien  entendu  que  ce  nefoit  uniquement  qu’en 
guilè  de  femence. 

La  fiente  humaine  efi  très  échaufante ,  &  contient  beaucoup  de  par¬ 
ties  fubtiles ,  làlées  ou  nitreules  :  mais  de  tout  le  fumier ,  c’efi:  celui  qui 
fert  le  moins  longtems,  quand  on  l’emploie  fîmplement  &  fans'  mélan¬ 
ge;  mais  quand,  au  contraire,  on  le  mêle  avec  du  limon  (auquel  cas  on 
l’appelle  chez  les  YLolhnàoisPoort-aarde)^  il  produit  de  très  bons  effets^ 
fur-tout  lorfque  cette  compofîtion  mêlée  avec  du  fable  &  de  la  bouze, 
efi:  répandue  fur  des  prairies. 

L'Urine  efi  de  très  peu  d’ufiige  dans  ce  Païs ,  quoique  les  Anciens 
fe  fervoient  pour  les  Pommiers  &  pour  les  Vignes,  d’urine  de  lix  mois, 
&  mêlée  avec  de  la  lie  d’huile  (a). 

Le  fumier  de  Fâche  efi,  fans  mélange  de  paille  ou  de  fable,  fimple- 
ment  l’excrément  des  Vaches-,  qui  tombant  dans  un  réceptacle, s’y  mêle 
avec  leur  piffat  &  s’y  ralTemble:  tranfporté  deux  fois  la  lemaine,&  ran¬ 
gé  par  monceaux,  il  fera  auiïl  parfait  dans  fon  efpèce  qu’il  peut  l’être, 
fi  on  a  foin  de  le  tranfi^orter  ainfi  tel  qu’il  efi  ;  mais  quand  il  efi  mêlé  a- 
vec  une  plus  grande  quantité  de  fable ,  que  ces  Befiiaux  n’en  ont  befoin 
pour  fe  garantir  de  la  corruption,  ou  que  l’on  y  ajoute  de  l’eau,  il  devien¬ 
dra  plus  pefant,  &  il  aura  aulTi  moins  de  vertu:  &  quoique  le  pilTat  de 
Vache,  étant  nitreux , fbit  aulfi  par  cela  même  fertile,  cela  n’empêche 
pas  que  les  excrémens  tout  feuls  ne  foie.it  meilleurs;  c’efi  pour  cela 
que  leurs  excrémens  pendant  l’Autonne ,  avant  qu’elles  ne  vêlent ,  font 
les  meilleurs ,  parce  que  ceux  du  Printems  vers  la  faifon  qu’elles  vêlent , 

font' 

(a)  CoLUMELLE^fff  V  Agriculture  y  Liv.  II.  Chap.  ij. 


LA  CAMPAGNE.  s? 

font  plus  minces,  &  par  cela  même  moins  bons.  Ce  fumier  de  Vache 
contenant  moins  de  parties  fubtiles  &  iàlées ,  mais  beaucoup  de  parties 
grades  &  huileufesjn’eft  pas  fi  échaufant.  On  s’en  fert  en  Hollande  plus 
iréquemment  que  de  tout  autre  fumier,  &  cela  fimplement  fans  aucun 
mélange  de  paille  ;  aulfi  doit-on  s’en  fervir  préférablement  à  tout  autre 
dans  tous 'les  Fonds  arides,  fecs,  &  principalement  dans -ceux  qui  font 
lablonneux ,  parce  que  la  chaleur  du  Soleil  en  fait  moins  évaporer  les 
parties  huileules,  ces  terres  étant  fort  légères.  Le  fumier  de  Vache  fait 
encore  un  très  bon  effet,  quand  on  le  répand  fur  de  vieux  arbres  lan* 
guilTans ,  &  fur  des  branches  couvertes  de  moufle. 

Lejumier  de  Cheval  efl  employé  en  Hollande  prefque  aufli  générale¬ 
ment  que  le  fumier  de  Vache;  non  pas  cependant  d’une  manière  Ample, 
mais  mêlée  avec  de  la  paille;  ce  qui  enfemble  porte  le  nom  de  fumier  de 
Cheval ,  comme  A  c’étoit  lès  excrémens  tout  purs  ;  il  a  moins  de  parties 
huileufes,  &  plus  de  nitreufès  que  le  fumier  de  Vache:  il  efl  outre  cela 
plus  échaufant ,  &  cela  encore  félon  la  nourriture ,  félon  que  c’efl  l’ex¬ 
crément  d’un  Cheval  entier,  d’un  Hongre,  ou  d’une  Cavale;  les  ali- 
mens  fecs  ne  contribuant  pas  feulement  à  rendre  ce  fumier  plus  échau¬ 
fant,  mais  même  la  paille  des  Chevaux  entiers  &  des  Hongres,  étant  mê¬ 
lée  avec  leur  fiente  &leur  piÏÏat,  en  donnent  du  meilleur  &  en  plus 
grande  quantité  que 'les  Jumens  qui  piflent  par  derrière  ;  deforte  que  le 
meilleur  fumier  pour  prématurer  les  fruits ,  efl  celui  des  Chevaux  en¬ 
tiers,  nourris  avec  des  alimens  fecs,  &  qui  ont  toujours  eu  des  litières  de 
paille  fraîche ,  parmi  laquelle  enfuite  leurs  croüins  ont  été  bien  mêlés. 
Ce  fumier  frais ,  &  qui  n’eft  point  pourri,  fert  à  fertililèr  &  a  réchaufer 
la  terre.  On  le  met  aufli  tout  frais  dans  la- terre  dès  le  commencement 
du  Prmtems,afin  de  produire  par  la  chaleur  qu’il  communique  au  Fond, 
des  fruits  précoces.  Il  faut  cependant  bien  remarquer,  que  le  fumier 
de  Cheval  frais,  étant  naturellement  chaud  &  léger,  par  la  grande 
quantité  de  paille  avec  laquelle  il  efl  mêlé ,  efl  par  cela  même  le  meil¬ 
leur  fumier  pour  les  plus  fortes  terres  grafles  refroidies,  qui  par  ce  mo¬ 
yen  fe  rechaufent  beaucoup  &  deviennent  plus  légères ,  enforte  que  le 
Soleil  peut  mieux  y  pénétrer.  Mais  on  fe  fervira  dé  fumier  de  Ciieval 
pourri  pour  fumer  des  Vergers  6c  des  Potagers,  &  principalement  pour 
des  terres  légères  &  fablonneufès,  parce  que  la  chaleur  en  efl  déjà  dilfl- 
pée,  &  que  fes  parties  fubtiles  &  nitreufes  font  devenues  plus  huileii- 
fes.  Le  meilleur  fumier  pour  cet  ufàge  efl 'le  fumier  court  ôc  pourri  de 
Cheval;  de  même  que  le  fumier  de  Cheval,  frais  &  long,  efl  aufli  le 
Partie  L  H  meil- 


j3  LESAGREMENS 

meilleur  pour  prématurer  les  fruits  ;  quoiqu’il  doive  toujours  être  mêlé 
avec  de  la  paille,  quand  on  veut  l’employer  utilement  :  au -lieu  qu’on 
iè  fert  du  fumier  de  Vache  tout  fîmplement  &  iàns  aucun  mélange. 

Le  fumier  de  Mouton  ell  bien  plus  cliaud  que  celui  dè  Cheval,  mais 
pas  fi  propre  à  fertilifer;  d’un  côté,,  parce  que  les  pores  de  la  paille ,  qui 
eft  trop  brifée ,  ne  retiennent  pas  enfemble  les  humeurs  qui  eaufent  la* 
grande  chaleur,  &  de  l’autre,  parce  que  la  paille  efi:  plus  delTéchée  & 
moins  humedtée.  Ce  fumier  contenant  plus  de  parties  liibtiles  de  nitrc 
que  celui  de  Cheval,  ell  plus  chaud  ;  c’efi: -pourquoi  on  l’emploie  en 
plus  petite  quantité. 

■  Le  fumier  de  Cochon  étoit  regardé  comme  inutile  chez  les  Anciens,  à- 
caufe  de  fa  chaleur;  au*  lieu  que  les  Ecrivains  modernes  lui  attribuent  une 
vertu  refroidiflante,  &  penfent  qu’il  efi:  d’un  fort  grand  iifage  dans  des 
Fonds  arides,  où  les  feuilles  des  arbres  jauniflent  &:  tombent  avant  la* 
faifon  ordinaire  dans  l’Autonne.,  Je  ne  fuis  nullement  étonné  de  ces  qua¬ 
lités  contraires  du  fumier  de  Cochon ,  parce  qu’enilollande  on  nourrit  les 
Cochons  avec  de  la  lavure  de  tonneaux  de  bière  ou  de  genèvre  ,  ou  a- 
vec  du  petit-lait,  ce  qui  efi:  rafraicliiflant,  au- lieu  qubn.  les  nourrifibit 
chez  les  Anciens  avec  des  glands ,  qui  font  échaufans. 

Le  Limon la  Boue  ^  gÿ  le  Limon  mêlé  avec  delà  fiente  humaine^  font 
préférables,  pour  fumer,,  aux  excrémens  des  Animaux;  le  prémier  é— 
tant  la  graifle  de  la  boue ,  eft  le  plus  propre  pour  tous  les  Fonds  languif- 
fans ,  fur-tout  pour  les  fablonneux  ,  qui  font  aéluellement  plantés  d’ar¬ 
bres,  ou  qui  doivent  l’être.  Qiiand  le  limon  vient  du  defliis  d’un  Fond , . 
qui  n’efi:  point  fable, il  contient  aflez  de  nitre  pour,  produire, par  le  mo¬ 
yen  de  fes  parties  huileulès,  ime  eau  fàvonneufe  liiffifante,,  qui. retient 
pendant  un  grand  nombre  d’années  fa  vertu  produélrice ,.  qm  n’efi:" 
pas  échaufante ,  vu  que  lès  parties  nitreufes  font  moins  fubtilés  &plus 
huileulès:  outre  qu’à  le  confidérer  indépendemment  de  toute  autre  cho- 
lè,  il  efi;  une  terre  inculte,  qui  renfèrme  toutes  les  qualités  néceflaires 
pour  produire:  on  peut  fuififamment  connoitre  fa  valeur  à  lai  vue,  & 
même  à  rattouchement;  car  le  limon  qui  eft  gras,  noir  &  fans  coquilla¬ 
ges ,  s’attache  fort  peu  à  l’écope  quand,  on  le  remue,  au-lieu  que  celui  qui 
efi:  moins  gras  s’y  attache  davantage  en  le  remuant,  &.  devient  moins 
noir  à  melùre  qu’il  fe  fèche:  encore  le  meilleur  limon  ne  garde-t-il  pas 
feulement  fa  noirceur  en  fe  féchant,  mais  il  efi:  aufîi  plus  doux  &.plus  gras 
à  l’attouchement.  De  tel  limon  mêlé  avec  du  fable  &  du  fumier  de  Va- 
cJie,  répanda  enfuite  fur  des  pâturages  6c  fur  des  champs  à  faucher,  efi: 

d’un 


DE  LA  CAMPA  G  N  E. 

d’un  fort  grand  ufàge  ,  mais  il  ne  iàuroit  fèrvir  de  nourriture  aux  ar¬ 
bres;  car,  par  le  moyen  de  ce  fumier,  l’herbe  croît  non  feulement  plus 
vigoureufement,  mais  elle  efl  aulfi  plus  nourrilTante,  &  donne  même 
au  laitage  des  Beftiaux  un  goût  plus  doux  &  plus  gras. 

La  houe  de  Lan)é^  compofée  de  toutes  fortes  d’ordures ,  parmi  laquel¬ 
le  il  y  a  beaucoup  de  crotin  de  Giieval ,  efl;  dans  les  Païs  où  il  y  a  peu 
de  Canaux ,  un  fumier  qui  approche  de  la  compofitiondu  limon  &  delà 
fiente  humaine ,  deforte  qu’on  l’emploie  de  la  même  manière  ;  mais  en 
Hollande  on  ne  fauroit  regarder  comme  du  fumier  la  boue  des  rues,  par¬ 
ce  que  ces  rues  font  continuellement  nétoyées  avec  l’eau  des  Canaux, 
dans  lefquels  on  jette  toutes  les  ordures,  qui  s’y  transforment  en  limon. 

Les  feuilles  d'arbres  pourries ,  ^  la  pourriture  de  toute  forte  de  plan-^ 
tes  vertes^  font  le  fumier  le  plus  naturel  pour  chaque  plante  dans  Ibn 
eipèce  ;  les  feuilles  des  arbres  les  plus  épailTes  &  les  plus  grafles  en  croif- 
lant,  fontaufli,  loriqu’elles  viennent  à  pourrir,  le  fumier  le  plus  pré- 
deux;  par  conféquent  les;  feuilles  d’Aunes,<Scaprès  elles ,  celles  des  Ormes 
font  les  meilleures;  de  les  plùs  mauvaises  font  celles  des  Tilleuls  &  des  Sau¬ 
les.  Cette  verdLîre^&  <ces  feuilles  pourries  font  une  terre  fort  légère,  très 
propre  pour  des  plantes  qu’on  cultive  dans  des  Pots  ou  fur  des  Couches. 

Le  Tan  confîfte  dans  des  écorces  de  petites  branches  vigoureufes  ou 
d’arbrilTeaux  de  Chêne, qui,  après  avoir  fervi  à  apprêter  des  peaux,  & 
lorfqu’il  vient  d’être  tiré  de  la  cuve,  eft  d’un  jaune  rouflatre , mais  il  de¬ 
vient  enfuite  noir  par  fa  propre  chaleur.  Le  Tan  frais  ell  le  meilleur 
moyen  pour  fertiliièr  ,  confèrvant  longtems  une  chaleur  tempérée, 
propre  pour  des  plantes  qu’on  cultive  dans  des  Pots,  .&  qu’on  y  enterre 
fous  des  vitres.  Il  faut  avoir  foin  que  le  Tan  relie  humide,  &  qu’il  ne 
foit  pas  couvert  par  la  terre,  làns  quoi  on  éteindroit  la  chaleur,  à  moins 
qu’il  ne  fut  entalfé  en  grande  quantité.  11  ell  encore  d’un  très  bon  ufage 
pour  fervir  de  défenlè  contre  le  froid,  pourvu  qu’il  foit  un  peu  pourri, 
&  principalement  quand  on  le  met  liir  des  Melonnières  &  des  Carreaux 
qu’on  arrofe à  caulè  de  la  chaleur;  parce  que  l’eau,  par  ce  moyen,  y 
pénètre  beaucoup  mieux,  fans  fe  perdre  par  les  côtés:  de  plus  à  mefure 
que  le  Tan  lè  confume,  il  fe  transforme  en  une  bonne  terre ,  mais  qui 
a  le  défaut  d’être  fort  fujette  aux  Vers,  &  d’attirer  des  Fourmis.  ' 

La  mrdure^ui  croît  dans  Veau  ell  un  fumier  que  les  Tourbiers  trou¬ 
vent  faire  un  très  bon  effet  dans  leurs  Vergers  &  dans  leurs  Potagers  ;  mais 
qui  n’ell  pas  à  beaucoup  près  lî  bonne  dans  des  terres  féches  &  élevées: 
la  meilleure,  la  plus  graffe,  &  celle  qui  a  le  plus  de  lubllance,a  par  def- 

H  2  "  fous 


6o  LESAGREMENS 

fous  très  peu  de  petites  racines  vifibles:  celle  qui  a,  beaucoup  de  ces  peti-^ 
tes  racines  eft  appellée  verdure  d’eau  à  queue  ;  cette  dernière  eft  plus 
mince,  de  la  figure  d’une  écaille  de  poiflbn ,  elle  s’afaifle  beaucoup ,  & 
contient  très  peu  de  vertu  ou  de  gratire  quand  on  la  remue  ;  de  même 
que  la  moufle  d’eau  qui  ne  fe  confume  prefque  point,  mais  qui  ne  lèrt  à 
d’autre  ufage  qu’à  couvrir  contre  la  chaleur  deflechante  du  Soleil,  les 
jeunes  arbres  nouvellement  plantés.  Cette  verdure  cependant  produit 
des  effets  furprenans  à  l’égard  des  Pois  qu’on  cultive  dans  des  Fonds  bas 
&  fulpliureux  ;  mais  pour  s’en  fervir  en  guifè  de  fumier  dans  des  terres 
plusféches,  il  faut  que  cela  fe  fafle  dans  l’Autonne,  afin  que  les  pluies 
en  la  faifant  pourrira  la  rendent  d’un  bon  ufage. 


f 


DELA  C  AMP  A  G  N  E. 


6i 


LIVRE  SECOND. 


C  H  A  P  I  T  R  E  L 

Rmarques  générales  concernant  la  crue  des  Arbres  la  mamèrt 

de  les  cultiver, 

Avant  que  de  palTer  à  la  manière  de  cultiver  les  arbres ,  &  à  leurs 
différentes  efpèces ,  il  efl  néceffaire  d’avertir  que  Tinfluence  de 
Pair  fur  les  Plantes  y  produit  de  grandes  diverfîtés,  félon  fa  températu¬ 
re,  étant  entièrement  différent  fur  des  montagnes  ,<  des  terres  unies  & 
découvertes ,  des  vallées ,  des  bois  plantés  avec  des  arbres  fort  ferrés 
ou  fort  éloignés  les  uns  des  autres ,  comme  cela  efl  décrit  fort  ample¬ 
ment  dans  le  Cbap.  IF,  de  la  fécondé  Partie  du  Livre  1,  Qiioique  nous 
ignorions,  quelle  di^ofition  de  particules  aériennes  efl  le  plus  k  reclier- 
Æer  &.Ie  moins  nuifible  pour  nous, il  paroit  cependant  par  une  expé¬ 
rience  journalière ,  que  toutes  les  plantes  qui  croiffent  dans  des  Climats 
différens ,  étant  aifeélées  par  des  changemens  d’air ,  de  Soleil ,  de  pluie , 
de  vent ,  &c.  font  du  bois  plus  dur  6c  plus  vigoureux  ,  quoiqu’elles  ne 
pouffent  pas  fi  vite  :  c’efl  pour  cela  que  les  arbres  fruitiers ,  plantés  de 
cette  manière  3  donnent  des  fruits  plus  petits ,  mais  plus  agréables ,  plus 
fblides  &  plus  nourriffans  ,  6c  par  cela  même  bien  meilleurs  que  ceux 
que  portent  des  arbres  qui  font  placés  dans  des  endroits  plus  ombragés , 
où  l’air  efl  moins  varié,  6c  où  ils  font  plus  expofés  a  des  rayons  reflécliis. 
Cela  fait  voir  que  toute  forte  de  plantes  ont  befoin  d’un  air  libre  6c 
dégagé, 6c  que  l’on  ne  doit  défendre  l’entrée  auvent  qu’autant qu’il  leur 
e(l  nuifible  par  fà  violence,  line  faut  pas  non  plus  leur- communiquer  ar¬ 
tificiellement  plus -de  chaleur,  qu’elles  n’en- ont  befoin  pour  la  maturité 
de  leurs  fruits; ce  qui  varie  félon  la^diverfité  des  fruits,  les  uns  en  ayant 
plus  de  befoin ,  6c  les  autres  moins.  C’efl  encore  ainfî  qu’une  plante 
croitra  beaucoup  mieux  en  plein  air  qu’une  autre ,  6c  pourra  moins  fou- 
frir  les  injures  du  vent  ;  ce  qui  fait  que  les  unes  pouffent  vigoureufement 
fur  les  montagnes, les  autres  fur  des  terrains  unis, 6c  les  troifièmes  dans 
des  vallées.  Les  arbres  en  général  ne  veulent  pas  être  plantés  dans  des 
endroitstrop  refferréSjOU  trop  expofés  à  l’ardeur  du  boleil;.car  après  les 

H  3  avoir 


LES  A  G  R  E  M  È  N  S 

avoir  ainfî  plantés  on  trouvera  que  le  bois  des  arbres  iàuvages  ne 
pas  feulement  plus  mauvais ,  moins  compaéte  &  moins  dur  ,  mais  auiTi 
qu’il  ne  vivra  pas  fi  longtems  4  c’ell  ce  que  prouve  par-tout  pais  le  bois 
planté  trop  près  à  près  :  au-liëu  que  la  même  efpèce  d’arbres  crus  dans 
un  air  plus  ouvert  ^  &  .expofés  de  tous  côtés  au  vent  &  à  la  pluie, 
vivent  beaucoup  plus  longtems.  '  C’efl;  aulfi  pour  cette  raifon  que  les 
fruits  des  arbres  de  haute  tige  font  meilleurs  &  plus  agréables  ,  que 
ceux  des  arbres  nains  ,  parce  que  ceux  des  grands  arbres  font  plus 
afiédés ,  &  que  les  humeurs  aqueulès  montant  plus  haut ,  font  plus 
mêlées  &  plus  changées  ::  quoique  fi  les  humeurs  nécellaires  pour 
nourrir  fuliifamment  les  fruits ,  doivent  s’élever  jufqu’à  des  branches 
trop  étendues ,  ces  fruits  lèront  à  coup  fûr  moins  agréables  &  plus  infi- 
pides ,  comme  cela  iè  remarque  Ibuvent  à  des  Vignes  qui  s’étendent 
au  long  &au  large,  à  des  Noyers,  Pommiers,  Poiriers ,&  tels  autres 
arbres  fruitiers.  Les  fruits  des  arbres  nains  plantés  en  plein  vent,  font 
pareillement  meilleurs ,  que  ceux  qui  croilTent  contre  des  cloifons  ou  des 
murailles  ;  c’eft-pourquoi  on  ne  doit  pas  planter  contre  des  murailles, 
des  arbres  qui  peuvent  porter  en  pleine  terre  des  fruits  julqu’k  une 
parfaite  maturité:  &  Ton  ne  donnera  point  aufli  plus  de  chaleur  à  ceint 
qui  ont  befoin  d’être  plantés  contre  ces  appuis ,  afin  qu’ils  puiïTent  por¬ 
ter  leurs  fruits  jufques  à  la  maturité  ,  qu’autant  qu’il  leur  fera  nécelTai- 
re.  Bien  plus  les  arbres  fruitiers  plantés  en  pleine  terre  ne  font  pas  feu¬ 
lement  meilleurs ,  mais  les  herbes  &  les  légumes  ,  &  même  les  fleurs 
qu’on  feme  pendant  l’Eté  font  plus  belles  ^  ont  des  couleurs  plus  vives 
&;  une  odeiu  plus  agréable  ,  quand  elles  font  ainfi  expofées  ,  que  lorf 
qu’elles  croiffent  fur  des  couches,  au  pied  d’une  cloifon,  ou  i  Pombre. 

Après  avoir  fait  attention  k  la  température  de  Pair,  il  faut  palTer  à  la 
nature  des  Fonds  dans  lelquels  on  a  delTein  de  planter  les  arbres  :  mais 
comme  nous  ne  connoiflbns  que  peu  ou  point  les  caufes  de  ce  qui  exifi 
te  ,  il  efl  difficile  d’indiquer  des  remèdes  propres  à  empêcher  les  mala¬ 
dies  des  arbres ,  &  la  perte  des  plantes  ,  &  cela  d’autant  plus  encore 
que  quelque  bons  que  paroilTent  fou  vent  les  Fonds .,  il  y  a  fouvent  par¬ 
mi  la  terre  un  mélange  pernicieux  ,  qui  efl  contraire  aux  propriétés 
des  plantes  qu’on  y  amifes,  qui  écliape  à  nos  recherches,  ce  qui  fait 
que  certaines  plantes  viennent  beaucoup  mieux  naturellement ,  que 
lorlqu’elles  -ont  été  plantées  ou  lèmées  par  les  mains  des  hommes.  On 
trouve  encore  que  certaines  plantes  ne  croiffent  pas  d’une  même  ma¬ 
nière  ,  quoique  plantées  dans  le  même  Climat  &  dans  des  Fonds  qui 

pa- 


DE.  LA  CA  M  P  A  G  N  E. 

çaroiflent  être  les'  mêmes ,  &c  qui  ne  font  éloignés  les  uns  des  autres 
que  de  très  peu  de  lieues  :  Tune  a  dans  un  Fond  des  parties  plus  com- 
pades  &  plus  étroitement  jointes  que  dans  Tautre.  Il  arrive  de  plus 
que  les  arbres  meurent  fubitement,  quelquefois  aulTi  d’une  manière  len¬ 
te  5  quoique  dans  le  fort  de  leur  crue  ;  ou  bien  que  la  même  choie  arri¬ 
ve  annuellement  à  des  rejettons  vigoureux,-  comme  aufli  aux  branches > 
par  uneelpècede  gangrène,  ou  une  diftillation  de  gomme;.  &  cela, 
fens  qu’ôn  puilFe  l’attribuer  à  aucune  caufe  vilîbler'cela  va  même  lî  loin, 
que-  la^  même  elpèce  d’ Arbres  mourra  chaque  fois  qu’on  la*  plantera 
dans  la  même  place  qui  a  été  occupée  par  ceux  qui  font  morts  ;  mal-« 
gré  tous  les  foins  polTibles  qu’on  a  pris  pour  le  prévenir  comme  de" 
toe  arracher  les  vieilles  racines ,  en  purger  la  terre ,  de  faire  fouiller  la 
place  fort' profondément ,  &  jufqu’à  une  grande  dillance,la  laiiTerexpo- 
îée  à  l’air  pendant  un  long  espace  de  tems ,  &  d’y  porter  en  fuite  de  la' 
terre  fraiclie  ,•  qui  n’a  jamais  fervi  ,.  au-lieu  de  celle  qu’il  y'avoit:  tan¬ 
dis  qu’une  autre  forte  d’arbres  y  plantée  au  même  endroit  très  négli-* 
gemment',  y  croitra'vigoureulèment~,  fans  efliiier  aucune  maladie  :  on 
remarque  cependant  que  la  même  elpèce  d^arbres  n’eft  plus  fu jette  à  de 
telles  maladies ,  pourvu  qu’ils  foient  plantés  feulement  à  une  très  petite 
diftance  de  l’endroit  où  les  autres  font  morts; ce  qui  me  fait  conclurre 
que  les  Fonds ,  quoique  vdifins  ,  ne  contiennent  pas  également  &  par¬ 
tout  un  mélangé  de  telles  parties  contraires.-  11  fe  peut  pourtant  bien,; 
que  ces  maladies  viennentde  tout  autres  caufes  quinous  lbnt  inGônnües,fur- 
tout  quanddes  arbres  fruitiers  ont  été  entés  ou  gréfésfur  des  Sauvageons 
qui  leur,  font  contraires;  ce  qu’on  ne  fauroittdécouvrir  aujourdhui,àcaule 
de  la  manière  de  cultiver  qui  eft  en  ufage  puifque  la  même  forte  de  lè- 
mence  ne  produit  pas  toujours  les  mêmes  fruits;  car  les'  mêmes  pépins 
de  Pommes  &  de  Poires  produiront  indifféremment  des  fruits  aigres  & 
doux,,  des  fruits  d’Eté  &  d’fliver:  il  en  eft  de  même  des  autres  fruits, 
dont  les  Sauvageons  ont  été  entés  ou  gréfés,  avant  qu’ils  '  n’ayent  por¬ 
té  des  fruits  :  deforte  que,  pour  en  être  bien  alTuré  ,*  il  faut!  avoir  vu 
leurs  fruits  avant  ce  tems-là.  Quand  il  arrive  que  les  cimes  ,  d’ailleurs 
vigoureufes ,  des  jeunes  arbres  meurent on  peut  quelquefois  encore  les 
fauver,  en  les  tranfplantant  à  ime  petite  diftance  de  l’endroit  où  ils  é- 
toient  :  au-lieu  qu’il  n’y  a  plus  rien  à  efpérer.  de  la^  part' des  jeunes  ar¬ 
bres  qui  diftillent  de  la  gomme,  non  plus  que  de  ceux  qui  font  fujets  à 
fe  gangréner  ;  deforte  qu’on  ne  fauroit  mieux  faire  que  de  les  abatre  & 
de  les  brûler  ,  &  de  planter  enfuite  une  autre  forte  d’arbres  à  leur  pla¬ 
ce.  '  11 


«4  les  a  g  R  E  M  E  N  s 

Il  y  a  encore  des  arbres  de  différentes  eipèces,  qui  plantés  à  la  place 
d’autres,  ne  croifTent  pas  comme  il  faut,  mais  qui  meurent  tout  d’un 
coup  ou  en  languiflant.  C’efl  ce  qui  arrivera ,  quand  on  aura  planté 
un  Prunier  à  l’endroit  où  il  y  a  eu  un  Poirier.  On  voit  fou  vent  que 
deux  arbres  de  différentes  e^èces ,  plantés  fort  près  l’un  de  l’autre,  meu¬ 
rent  tous  les  deux  de  langueur  :  on  remarque  aulfi  que  l’un  d’eux' 
meurt,  dans  le  tems  que  l’autre  pouffe  comme  il  faut ,  quoiqu’ils  pouf¬ 
fent  l’un  &  l’autre  vigoureufement  :  ce  qui  fait  croire  qu’ils  ont  des  qua¬ 
lités  reffemblantes  ou  contraires  entre  elles  :  ce  que  je  ne  fàurois  adop¬ 
ter,  parce  que  je  pofe.en  fait  que  les  arbres  plantés  près  l’un  de  l’autre , 
&  qui  croiftent  vigoureufement  ,  ont  des  pores  de  .différente  flruc- 
ture  ,  qui  ont  befoin  de  diverfes  fortes  de  nourriture  ,  &  qui  la  tirent 
de  la  terre,  qui  dans  cet  endroit  en  efl  fuffifamment  pourvue;  que 
c’eft-là  la  raifon  pourquoi  les  Vignes  &  les  Figuiers  ,  les  Ormes  &  les 
Saules ,  plantés  près  les  uns  des  autres ,  pouffent  fi  vigoureufement  :  ce¬ 
pendant  ceux-ci  font  réellement  contraires  entr’eux,  quoiqu’on  prétende 
qu’ils  fe  reffemblent  ,  -&  qu’on  dife  le  contraire  des  autres.  Mais  je 
crois,  lorfqu’il  arrive  que  des  arbres  plantés  à  la  place  d’autres  ne  pouf¬ 
fent  pas ,  ou  que  deux  arbres  plantés  trop  près  languiffent,  ou  que  l’un 
continue  de  croître  &  que  l’autre  meure  ;  je  crois ,  dis-je ,  pouvoir  démon¬ 
trer,  que  les  racines  de  ces  arbres  ayant  une’  même  flruéfure  de  pores, 
ont  befoin  des  mêmes  parties  nourriffantes  pour  leur  liibfiflance  :  deforte 
qu’il  n’efl  pas  étonnant  que  4a  terre  refufè  de  nourrir  un  tel  arbre, dans 
le  même  endroit  ou  un  arbre  de  la  même  efpèce  efl  mort  de  langueur, 
&  qu’on  a  enfiiite  arraché.  Ce  qui  leve  auffi  la  difficulté ,  c’efl  qu’on  voit 
périr  enfemble  les  deux  arbres;  car^dans  ce  cas  les  parties  requifès  pour 
la  nourriture  ont  été  épuifés  dans  cette  terre ,  ou  bien  elles  n’y  ont  ja¬ 
mais  été  mêlées  :  ou  bien  encore  la  terre  n’a  pas  dans  cet  endroit  des 
conduits  faits  comme  il  faut  pour  y  retenir  les  parties  qui  doivent  fèrvir 
de  nourriture.  Il  peut  arriver  aiüfi  que  les -racines  vigoureufès  d’un  cer¬ 
tain  arbre, tirant  à  foi  de  la  terre  la  nourriture  requifè,  en  prive  par  ce¬ 
la  même  celui  qui  a  des  racines  moins  bonnes  ;  ce  qui  fait  que  l’un  croî¬ 
tra  à  fouhaitjdans  le  tems  que  l’autre  périra.  On  n’ignore  pas  au  refie 
que  l’If,  les  Aunes  &  les  Saules  épuifent  extrêmement  la  terre ,  ce  qui 
n’empêche  pas  que  toutes  fortes  d’autres  plantes  ne  viennent  fort  vigou¬ 
reufement  dans  les  Fonds  où  l’on  a  détruit  ces  arbres. 

Afin  donc  que  l’on  ait  le  plaifir  de  voir  pouffer  toute  chofè  à  fbuhait,  ü 
faut  favoir  quelles  plantes  il  efl  bon  de  planter  ou  de  femer  dans  levoifina- 

ge 


DE  LA  CAMPAGNE. 


fe  ou  dans  réloignement  les  unes  des  autres  :  il  eit  très  nécelTairc  aulîi 
e  bien  connoîcre  les  Fonds,  &  de  favoir  quelles  plantes  y  peuvent  croî¬ 
tre  le  mieux ,  &  quelles  font  celles  qui  n’y  viennent  pas  fi  bien  ;  c’eft  à 
quoi  l’on  doit  fur-tout  bien  prendre  garde  à  l’égard  des  terres  gralTes, 
marécageulès  &  làblonneulès ,  afin  que  les  plantes ,  chacune  félon  fon 
éfj‘)éce ,  n’^y  croifTent  pas  feulement  d’une  manière  plus  vigoureufe ,  mais , 
aiilfi  qu’elles  y  produifènt  de  plus  belles  fleurs  &  de  meilleurs  fruits. 
Pour  y  réuflir,  il  faut  aulîi  les  planter  plus  haut  ou  plus  bas,  au-delRis 
de  l’eau  3  chacune  félon  fa  qualité. 

Parmi  les  plantes  on  en  trouve  qui  viennent  naturellement  de  fémen- 
ce ,  &  qui  n’ont  pas  befoin  d’être  taillées  ou  tranfplantées  ;  qui  croifTent 
même  mieux  fans  aucune  culture  dans  les  Bois ,  que  celles  que  les  hom¬ 
mes  cultivent  avec  tout  le  foin  poflible  ;  encore  dans  ce  dernier  cas,  l’igno¬ 
rance  &  la  négligence  feront-elles  caufè  qu’elles  s’abâtardiront  davanta¬ 
ge,  quoiqu’on  puifTe  quelquefois  les  faire  changer  à  leur  avantage.  Quand 
il  arrive  que  les  Pins  &  les  Sapins,  qui  poufTent  naturellement  d’une 
manière  droite  &  en  pointe,  vers  le  haut,  aquièrent  contre  leur  natu¬ 
re  &  fans  être  cultivés  deux  ou  trois  tiges,  on  peut,  pourvu  qu’on  s’y 
prenne  à  tems ,  y  remédier  par  une  culture  convenable  ,  qui  confîfle 
arracher  les  rejettons  fuperflus,  avant  qu’ils  ne  deviennent  ligneux.  Il 
faut  auffi  fe  conduire ,  dans  tous  les  cas  qui  concernent  la  manière  de 
cultiver  les  plantes, de  telle  façon  qu’on  n’agifTe  pas  feulement  félon  leur 
nature  &  leurs  propriétés, mais  aulîi  qui  puifTe  nous  mener  au  but  qu’on 
fo  propofè:  c’efl-pourquoi  on  cultivera  d’une  autre  manière  les  mêmes 
arbres  qui  font  deftinés  à  former  des  haies  tondues ,  que  ceux  qui  le 
font  pour  du  bois  de  charpente  ou  à  brûler: ce  qui  étant  négligé,on  fait 
un  tort  confidérable  aux  uns  &  aux  autres. 

Les  arbres  fauvages  qui  font  deftinés  pour  le  travail  &  pour  brûler, 
fouffrent  fouvent  beaucoup  lorfqu’on  les  tranfplante  ;  car  il  eft  très  nui- 
liblede  tranfplanter  fouvent  les  vieux  &.les  gros, parce  qu’à  chaque  fois 
leurs  pores  fè  rétréciffent ,  ce  qui  empêche  la  circulation  de  la  fève:  il  eft 
encore  impoffible  de  les  arracher  fans  nuire  aux  racines ,  qui  fouvent  leur 
font  nécefTaires  3  &  jamais  fans  rogner  leur  racine  droite:  outre  que  les  ra¬ 
cines  font  fujettes  àfe  refTerrer  dès  le  moment  qu’elles  font  expoféesàl’air, 
ce  qui  fait  que  tant  les  racines  minces  que  les  chevelues  ne  font  plus  pror 
près  à  prendre  leur  crue,  &  qu’on  eft  obligé  de  les  couper  aulîi  bien  que 
les  grolTes  racines  qui  ont  été  endommagées,  fans  quoi  . elles  fe  pourif- 
fent ,  ce  qui  caufe  aux  racines  dont  celles-ci  font  forties ,  un  tort  conîidé- 
'  Fartîe  /.  1  ra- 


LES  AGREMENS 


66 

râble ,  retarde  la  crue ,  &  reflerre  davantage  les  pores  du  tronc.  Com¬ 
me  les  branches  qui  font  forties  du  tronc  par  delTus  la  terre ,  attirent  la 
fève  que  les  racines  leur  envoient  du  Fond;  il  faut  k  mehire  que  ces  raci¬ 
nes  ont  été  coupées  &  rognées ,  que  les  branches  latérales  d’en-haut  le 
foient  auffi  :  la  blelTure  que  caufera  la  taille  des  racines  &  des  branches 
des  côtés  5  ne  lè  guérira  cependant  pas  fans  produire  de  la  confufiondans 
la  difpofition  des  pores,  ce  qui  fait  que  la  racine  droite  ne  croît  plus 
dans  la  fuite  übien  vers  le  bas,&  qu’elle  aquiertplus  de  racines  latérales; 
que  les  arbres  ne  croilTent  pas  li  fort  en  pointe ,  qu’ils  ne  tiennent  pas  li 
ferme  en  terre,  lorlque  cette  dernière , étant  plus  remuée  parle  vent,  lë 
fend&  expofe  les  racines  à  l’air,  ce  qui  empêche  leur  crue,  au-lieu  que 
fl  on  les  lailToit  en  leur  place,  ils  ne  celFeroient  pas  de  croître  égaler 
ment.  ;  . 

Il  ell  cependant  k  remarquer  d’un  autre  côté,  prémierement  que  les 
arbres  qui  viennent  de  femence ,  me  font  pas  toujours  d’une  même  efpè- 
ce,  puifque la  même  femence.  en  produit  de  différentes  fortes,  comme 
cela  paroit  par  les  Chênes,  les  Hêtres,  les  Frênes,  les  Aunes,  les  Or^ 
mes,  les  rilleuls,  &c.  ce  qui  fait  qu’on  doit  varier  la  manière  de  les 
cultiver,  &  principalement  k  l’égard  de  ces  efpèces  dont  la  femence  pro¬ 
duit  une  plus  grande  variété  d’efpèces  bâtardes ,  comme  font  les  Tilleuls 
qui  ont  de  petites  &  mauvaifes  feuilles  de  Bouleau,  &  les  Ormes  qui 
donnent  le  plus  généralement  des  feuilles  d’Ypreaux  fort  fines.  Après 
avoir  fait  cette  découverte ,  j’ai  fini  mes  recherches  fur  les  efpèces  bâtar¬ 
des  des  plantes,  voyant  qu’elles  s’augmentent  de  tems  en  temsennomr 
bre.  11  arrive  de  l’autre,  que  les  arbres  qui  pouffent  dès  racines  droites  j 
&  qu’on  n’a  pas  tranfplantés ,  pénètrent  en  peu  d’années,  dans  nos 
terres  baffes ,  jufques  k  l’eau ,  ce  qui  les  fait  pourrir.  Ayant  fait  une  e- 
xaéf e  attention  a  tout  cela',  je  trouve  que  le  meilleur  parti  qu’il  y  ait 
a  prendre,  c’eff  de  tranlplanter  &  de  cuftiveiTes  arbres  dans  les  endroits 
où  ils  doivent  refter,  de  la  même  manière  que  le  font. les  Jardiniers:  la¬ 
voir,  de  prendre,  pour  tranfplanter,des  petits  arbres  qui  font, venus  dè 
femence,  qui  ayant  été  en  terre  pendant  une  année,  font  danslafecon- 
de  année  de  leur;  crue.  Ces  Sauvageons, quand  on  les  tranfplante,  doi¬ 
vent  être  coupés  jufques  k  terre,  aiin  qu’ils  faffent  une  tige  plus  droite , 
&  que  l’année  d’après  ils  pouffent  de  fortes  racines  :  c’eft  ainfî  qu’on 
traite  les  Chênes,  les  .Ormes,  les  Hêtres,  &c.  mais  on  ne  coupe  point 
les  Pins ,  les  Sapins,  les  Aunes,  &c.  Il  faut  auffi  que  les  Tilleuls- tranf¬ 
plantés,  lorfqu’ils  étoient  fort  jeunes,  foient  attachés  en  droite  ligne  k 


DELAÇA  M  PAGNE.  6r 

une  perche  pofée  en  terre  ;  en  prenant  bien  garde  que  cette  perche  foit 
poféc  du  côté  de  la  cavité  de  la  tige ,  &  non  pas  du  côté  de  là  convexi¬ 
té  9  comme  font  les  ignorans  ;  ce  qif on  doit  oblèrver  généralement  à 
régard  de  tous  les  arbres,  qu’on  fe  propofede  faire  croître,  par  la  liga¬ 
ture,  droits  &  fans  courbure. 

^  Quand  on  prend,  pour  transplanter ,  des  arbres  qui  font  plus  vieux 
&  qui  ont  un  plus  gros  tronc,  on  trouvera,  que  reftant  plus  longcems 
fans  croître ,  leurs  pores  ne  lè  relTerrent  pas  feulement  davantage ,  mais 
aulTi  qu’ils  ne  poulTent  pas  des  racines  alTez  fortes  pour  réfiher  à  de  vio¬ 
lentes  tempêtes;  ce  qui  oblige  très  Ibuvent  à  mettre  un  pilier  contre,  ce 
que  bien  des  gens  n’approuvent  pas, comme  étant  nuifible  à  la  crue.  J’ai 
trouvé  cependant  qu’un  tel  arbre  croît  fort  bien  ainfi,  julqu’à  ce  qu’il  ait 
de  fortes  racines,  pourvu  que  le  pilier  Ibit  fiché  en  terre  à  une  certaine 
diftance ,  qui  permette  de  mettre  de  la  paille  entre  l’arbre  &  lui ,  pour 
empêcher  qu’il  ne  blelTe  l’écorce:  il  faut  qu’il  Ibit  lié  avec  une  forte  liga¬ 
ture,  de  manière  qu’il  ne  puifle  être  ébranlé.  Mais  il'  faut  toujours  prendre 
garde  que  l’arbre  ne  frotte  point  contre  le  pilier,  &  qu’il  ne  foit  pas  fi  fort 
comprimé,  que  le  tronc  même  ait  de  la  peine  à  groirir;car  dans  ce  cas , 
il  arriveroit  que  cette  prelfion ,  empêchant  la  fève  de  monter  au-defTous 
de  la  ligature  le  long  de  l’écorce  intérieure ,  feroit  moins  grolTir  le  tronc 
dans  cet  endroit,  &  davantage  au-delfus  de  la  ligature  ;  au- lieu  que  fi  on 
empêche  cette  preflion,  les  humeurs  circulantes  &  continuellement  agi¬ 
tées  ,  feront  grolTir  d’une  manière  uniforme  tout  le  tronc.  On  maltrai¬ 
te  encore  les  arbres  làuvages,  quand  on  coupe  la  branche  de  la  tige;  ce 
qu’on  fait  aflez  fou  vent  aux  Ormes,  aux  Ypréaux,  aux  Chênes,  aux  Til¬ 
leuls  ,  aux  Peupliers ,  &  autres.  Cela  caufe  dans  le  tronc  une  confufion 
qui  empêche  la  circulation  des  humeurs ,  d’où  il  arrive  que  les  arbres  ne 
croiflent  pas  fi  fort  en  pointe,  qu’ils  pouffent  plus  débranchés  à  couron¬ 
ne  ,  &  qu’ils  ne  deviennent  pas  fi  grands  ;  outre  cela  jamais  le  bois  ne 
lè  réunit  enfemble  dans  le  milieu  de  l’arbre,  à  l’endroic  où  il  a  été  cou¬ 
pé  ;  ce  qui  fait  que  le  bois  des  vieux  arbres  ainfi  coupés ,  n’eil  jamais  fi 
fort  que  celui  dont  les  pores  continués  en  longueur  font  làns  aucune 
confufion.  Je  ne  difcon viendrai  pas  cependant  qu’il  eft  nécelfaire  de 
couper  les  branches  à  couronne  de  certains  vieux  arbres,  pour  les  fai¬ 
re  reprendre  plutôt,  &  pour  leur  faire  pouffer  des  branches  nouvelles 
avec  plus  de  vigueur  ;  parce  que  les  racines  de  tels  arbres  fort  hauts  ne 
font  pas  capables  de  pouffer  à  une  telle  élévation  la  feve  ou  les  parties 
nourriffantes ,  d’où  il  arriye  que  les  rejettons  de  leur  cime  meurent  fou- 

1  2  ■  vent. 


68 


LES  AGREMENS' 


vent,  ou  du  moins,  font  fort  tardifs  k  croître.  Le  feul  moyen  de  pré- 
cvenir  ces  inconvénièns,  c’eft  de  mettre  à  leur  place  de  jeunes  rejettons 
venus  de  provins,  couchés  en  terre,  ou  de  femence  de  deux  ou  trois 
ans ,  lefquels  il  faut  couper  jufqu'’à  terre  en  les  tranfplantant. 

Les  arbres  en  croilfant  font  un  circuit,  il  arrive  cependant  fort  rare¬ 
ment  que  leur  centre  foi t  celui  de  ce  circuit ,  parce  que  leurs  pores  ou 
leurs  petits  tuyaux  font  toujours  plus  ouverts  vers  le  Midi;  ce  qui  fait 
aulfi  que  leur  bois  n’elt  pas  fi  dur  de  ce  côté  que  de  celui  du  Nord  :  on 
aura  foin,  pour  cette  raifon,  en  tranlplantant  des  arbres  dont  le  rejetton 
de  la  tige  n’eft  pas  rogné  ni  coupé,  de  les  mettre  k  fégard  du  Soleil 
dans  la  même  expolition ,  où  ils  étoient  avant  qu’on  les  tirât  de  terre , 
ce  qui  les  fera  croître  en  moins  de  tems ,  &  fera  auiïi  de  plus  beaux  ar¬ 
bres:  (Sc  ce  qui  prouve  que  cela  eh;  néceflaire,  ce  font  certains  Poiriers  ^ 
Nelliers,  Chateigniers ,  &  autres  arbres  qui  font  courbés,  montrant 
par-lk  qu’ils  ne  font  pas  placés  dans  une  bonne  expofition  k  l’égard  du 
Soleil ,  fe  portant  naturellement  k  reprendre  celle  où  ils  étoient  aupa¬ 
ravant. 

Quand  on  a  une  fois  arraché  les  arbres  fouvages,  il  faut  les  tranf^ 
planter  le  plutôt  poirible;car  plus  l’air  defleche  les  humeurs  des  racines, 
ce  qui  reflerre  les  pores ,  plus  les  arbres  auront  de  peine  k  croître  :  ü 
faut  fur-tout  bien  prendre  garde  qu’ils  ne  fe  gelent,  ce  qui  les  delTéche 
encore  davantage,  &  épailfit  les  humeurs  des  pores,  d’où  il  arrive 
qu’elles  font  dans  la  fuite  hors  d’état  de  recevoir  &  de  dilperfer  les  fucs 
nécellaires;  ce  qui  eft  non  feulement  nuifible ,  mais  aulîi  très  fouvent 
mortel  pour  eux,(Sc  principalement  quand  il  s’agit  d’ Ypréaux, Ceriliers, 
&  autres. 

Pour  empêcher  que  les  arbres ,  qu’on  doit  recevoir  d’un  endroit  éloi¬ 
gné,  ne  fe  deflechent  ou  ne  fe  gelent,  on  aura  foin  d’envelopper  les  ra¬ 
cines,  (&  quand  on  feroit  la  même  chofe  k  l’égard  du  tronc  entier,  il 
n’en  fèroit  que  mieux),  de  paille, ou  de  mouffe  ;  après  cela  de  faire  gon¬ 
fler  &  étendre  dans  l’eau  leurs  racines  &  les  pores  relTerrés ,  avant  que  de 
les  mettre  en  terre  ;  ce  qui  ell  fur- tout  très  bon  quand  les  racines  ont  é- 
té  tant  foit  peu  gelées.  11  faut  de  plus  couper  les  racines  chevelues,  qui 
ont  été  bleflées ,  &  qui  ne  font  bonnes  k  rien.  Les  racines  qui  ne  valent 
rien ,  font  celles  qui  n’ayant  pas  crû  comme  il  faut ,  fe  compriment  les 
unes  les  autres,  qui  ont  par  enbas  des  excroifcences ,  qui  font  minces  ,  re¬ 
tirées  5  &  noires.  C’eft  ordinairement  en  tirant  les  arbres  de  terre ,  qu’on 
blelTe  les  racines.  11  faut  bien  prendre  garde  aulfi ,  en  taillant  les  raci¬ 
nes  ^ 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  6^ 

ncs,  que  la  coupe  foit  oblique,  &  cela  de  telle  façon  que  l’entaille  aille 
.  en  enbas  dans  la  terre.  Voyez,  pour  ce  qui  concerne  de  plus  la  ma* 
nière  de  planter  &  de  cultiver  les  arbres ,  lé  Chapitre  V.  de  ce  Livre. 

La  manière  de  cultiver  les  arbres  fruitiers  &  làuvages  eft  tout- à-fait 
différente  après  qu’ils  font  plantés  :  car  tout  ce  qu’on  fait  à  l’égard  des 
prémiers  ,  c’eft  dans  l’e^érance  d’en  retirer  des  fruits  abondans  & 
agréables  ;  au  -  lieu  qu’on  s’attend  de  la  part  des  autres  à  du  bois  vi¬ 
goureux  &  de  prix  ;  c’eft  là  le  principal  but  qu’on  fe  propole  à  l’un 
oc  à  l’autre  égard  ,  après  quoi  fuit  la  beauté  des  ornemens  fervans  à 
récréer  les  yeux ,  ce  qu’on  peut  bien  fe  procurer  de  la  part  des  ar¬ 
bres  fàuvages  à  couronne  ,  mais  non  pas  toujours  de  la  part  des 
haies  fauvages ,  ni  des  arbres  fruitiers;  éumt  plus  naturel  de  fàire  plus 
d’attention  à  la  fertilité  des  derniers  qu’a  leur  beauté,  &plus  à  l’orne¬ 
ment  des  arbres,  qui  forment  des  haies  fauvages,  qu’à  la  valeur  de 
leur  bois. 

Les  arbres  fruitiers ,  qui  croiffent  avec  vigueur  &  qui  ont  de  bonnes 
racines,  pouffent  plus  ou  moins  de  rejettons  ligneux,  à  proportion  de 
leurs  propriétés  &  de  la  flruéfure  de  leurs  pores  plus  ou  moins  refferrés 
pour  recevoir  les  humeurs  renfermées  5  &  pour  les  répandre  de  plus  en 
plus  par- tout.  Et  comme  les  apparences  des  boutons  de  fleurs  ne  fè 
voient  point,  qu’après  que  cette  fève  ne  monte  plus  fi  fort,  &  qu’elle 
ne  circule  plus  en  li  grande  abondance  ni  fi  promptement,  il  eft  nécef- 
faire  d’arrêter  dans  leur  crue  les  rejettons  ligneux,  qui  croiffent  trop 
vigoureufèment ,  ce  qui  fe  fait  en  tranfplantant  fou  vent  les  arbres, 
quand  on  les  ente ,  qu’on  les  greffe ,  &  qu’on  les  taille; c’eft  pour  cela  auft 
fi  qu’on  ne  les  plante  pas  dans  toute  leur  vigueur,  &  qu’on  ne  coupe 
pas  leur  couronne  jufqu’au  tronc, afin  de  modérer  par-là  la  diverfion^des 
humeurs  &  les  faire  changer.  C’eft  ce  que  confirment  les  arbres  qui  ont 
été  entés  ou  greffés  fur  un  petit  tronc  de  Coignalfier  ou  d’Epines,  vu 
qu’ils  ont  du  bois  extrêmement  compaéle ,  &  beaucoup  de  petites  raci¬ 
nes  menues  ;  deforte  qu’au  travers  de  leurs  pores  très  ferrés  il  ne  paife 
pas  une  li  grande  quantité  d’humeurs,  mais  elles  font  plus  mêlées;  ce 
qui  les  rend  bien  plus  fertiles ,  mais  qui  fait  auffi  que  le  bois  de  certaines 
efpèces  de  ces  arbres  eft  frêle,  fec,  rempli  de  nœuds, &  hors  d’état  de 
produire  des  fruits.  Cela  vient  donc  de  ce  -qu’ils  ne  peuvent  pas  rece¬ 
voir  une  jufle  quantité  d’humeurs  pour  la  produéfion  des  fruits,  leurs  po¬ 
res  n’étant  pas  allez  larges  :  c’eft-pourquoi  je  desaprouve  la  coutume 
d’enter,  de  greffer,  ou  de  greffer  en  approche  fur  des  Coignafliers  ou 

1  3  des 


•  LES  A  G  RE  M  E  N  S 


des  Epines, ’a  Pexception  cependant  de  quelques  efpèces 5  &  je  préfère 
de  choifir  pour  cela,  des  plants  fauvages,  qui  ont  du  rapport  avec  la 
qualité  du  fruit  qu’on  a  deffein '  d’enter  delTus  :  ces  plants  làuvages 
pourront  devenir,  en  les  foignant  comme  il  .faut,  très  fertiles  &  de 
bons  arbrés, pourvu  qu’on  lailTe  à  leurs  humeurs  aflez  de  tems  pour  pou¬ 
voir  circuler  libnsment,  jurqu’à  ce  qu’elles  ne  puifïent  .‘plus  s’évaporer 
en  ü  grande  quantité,  &  qu’elles  ne  foientplus  ü  minces;  ce  qu’on  pour¬ 
ra  faire  pareillement  à  des  arbres  qui  pouffent  des  rejettons  ligneux  fort 
vigoureux, ü  on  les  laiffe  croître  fans  les  tailler,  parce  qu’alors  leurs  hu¬ 
meurs  ne  font  pas  fiTujettes  à  s’exhaler  5  pouffent  par  ce  moyen  des  rejet* 
tons  moins  vigoureuxà  la  vérité,  mais  meilleurs  &  en  plus  grand  nombre^ 
par  les  côtés,  qui  deviennent  propres  k  porter  des  fruits, r  Ôc  produilènt 
des  boutons ■  &  des  feuilles  en  croix,  qui  ordinairement  fe  changent  l’an¬ 
née  fuivante  en  boutons  à  fleurs.  C’eft  là  la  meilleure  manière  de  faire 
venir  tout  naturellement  des  arbres  en  pleine  terre ,  pour  avoir  avec  le 
tems  du  bon  bois,  &  des  fruits  délicieux  ;  mais  on  eff  obligé  de  faire 
la  taille  d’Eté  aux  arbres  en  efpaliers  &  aux  nains ,  pour  les  arrêter  par 
ce  ihoyen  dans  leur  crue, &  parce  qu’il  ne  leur  convient  pas  d’avoir  des 
•jets  fi  longs  &  fi  difformes.  Comme  il  eft  très  mauvais  de  laiffer  gran- 
‘dir  trop  fubitement  des  arbres  fruitiers ,  en  laiffant  dès  le  commence¬ 
ment  trop  étendre  les  branches,  on  doit  auffi  tenir  pour  une  règle  gé¬ 
nérale  ,  qu’il  ne  faut  faire  produire  des  fruits  à  un  arbre,  qu’après 
qu’il  a  du  bois  vigoureux,  car  fi  on  les  retarde  dans  leur  crue  cela  pro¬ 
duit  fouvent  de  mauvais  arbres,  frêles,  noués,  &  tout  couverts  de 
•mouffe. 

Le  Traité  des  jeunes  arbres  fauvages  à  couronne  fe  trouve  dans  le 
quatrième  fuivant,  à  l’endroit  où  l’on  parle  des  provins  cou¬ 

chés  en  terre. 

'  On  ne  coupera  des' vieux  arbres  fauvages  qui  ont  un  tronc  uni,  en 
-les  taillant  ordinairement ,  que  les  branches  gourmandes  &  telles  autres 
-qui  attirent  trop  la  fève  à  foi,  &  empêchent  par-là  la  branche  capitale  de 
la  tige  de  croître  comme  il  faut,  parce  que  la  beauté  &  la  valeur  des  ar¬ 
bres  fauvages  confiflent  à  monter  droit,  n’ayant  qu’un  feul  jet,  d’où 
doivent  fortir  les  branches  des  côtés  5  pendant  que  ce  jet  capital  conti^ 
-nue  à  croître  avec  vigueur;  ce  qu’on  empêcher  oit  en  le  rognant  trop, 
parce  que  cela  arrête  la  pouffe ,  fur-to ut  quand  on  les  taille  pendant  l’E¬ 
té,  '<Sc  qu’on  en  coupe  de  trop  groffes  branches.  Cela  paroi t  évidem¬ 
ment  par  les  haies  tondues,  qui  ne  deviennent  jamais  de  gros  arbres > 

com- 


D  E  A  CAMPAGNE. 


n 

comme  aulli  par  ceux  auxquels  on  a  coupé  les  grolTes  branches. 

)»  11  faut  bien  faire  attention,  quand  on  coupe  les  branches  gourman¬ 
des,  à  la  pouffe  vigoureufe  des  arbres  &  à  leur  groffeur;  car  quand  ce 
font  des  arbres  qui  grofliffent  beaucoup ,  il  ne  faut  jamais  couper  ces 
branches  près  du  tronc  d’une  manière  unie,  car  il  arrivé  fouvent,en  le 
faifant  ainli,  qu’il  fe  forme  à  l’endroit  de  la  cicatrice,  une  cavité  qui  avan¬ 
ce  vers  l’intérieur,  &  que  l’arbre  a  beaucoup  de  peine  à  recouvrir  en 
grolfiffant.  Pour  prévenir  cela  ,  il  faut  couper  les  branches  à  uO  pouce  de 
largeur  du  tronc ,  &  couvrir  tout  d’abord  avec  quelque  forte  de  graif- 
fe  la  bieffure ,  ce  qui  empêche  l’introduélion  de  l’eau  &  de  l’ardeur  du 
Soleil.  -  '  ' ' 

11  paroitpar  l’Orme,  que  chaque  branche  tire  fa  nourritureide  fa  raci¬ 
ne  qui  eft  fous  terre,  &  que  cette  racine  correfpondante  à  cette  bran¬ 
che,  eft  étouffée  par  la  fève,  quand  on  taille  cette  branche  fupérieure; 
car  en  l’abattant,  on  trouvera  que  les  racines  correfpondantes  auxgrof- 
fes  branches  coupées  font  mortes.  Cela  paroit  auffi  par  les  Sapins  & 
les  Pins,  qui  meurent  toujours  dès  qu’on  leur  enlève  leurs  couronnes  fu- 
périeures;  &  l’on  remarque  aufli  fou  vent  la  même  chofe  à  de  vieux  Poi¬ 
riers,  Pommiers,  Pêchers,  plu  fie  urs  autres  arbres.*  Il  y'a>cepen- 
dant  dés  arbres,  qui  fe  renouvellent  au  contraire,  par  cela  même  qu’on 
les  prive  de  leurs  branches,  qui  attirent  trop  la  fève,  &  qu’ils  pouffent 
des  branches  vigoureufes  par  le  tronc,  comme  on  le  voit  par  les  Aunes, 
les  Frênes,  les  Noizetier s,  les  Vignes,  &c.  -  <  : 

Toute  forte  d’arbVes  croiffentdans  un  certain  fens,  félon  lequel  quand 
ri  font  jeunes,  ils  fe  laiffent  plier  facilement  fans  fe  rompre  ;  fi  on  les  plie 
ou  C  on  les  tord  contre  ce  fens ,  ils  le  rompent  ou  s’affolbliffent.  C’ell 
ce  qu’on  voit  le  mieux  quand  on  lie  avec  de  l’Olier,  lequel  fe  rompt, 
ou  fe  détache  de  lui-même,  s’il  n’effpas  tourné  de  la  gauche  à  la  droite, 
félon  le  cours  du  Soleil.  -  fJ.  ...  •  . 

Le  vieux  bois  qui  n’eff  pas  fléxible,  eft  le  meilleur  pour  du  gros  ou¬ 
vragé  &  de' longue  durée;  mais<Je  fléxible  vaut' mieux  pour  réfiffer  pen¬ 
dant  un  court  efpace  de  téms  à  de  violens  efforts,  parce  qu’il  eft  élafti- 
que,  ou  bien  parce  qu’il  reprend  fa  forme  après  avoir  cédé:  c’eff-pour- 
quoi  les  Saules  plians,  de  même  que  les  Peupliers,  font  meilleurs  pour 
fervir  dé  défenfe  contre -le  vent ,  que  les  Chênes  ou  les  Hêtres. 


C  H  A- 


7î  .  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

«  • 


CHAPITRE  II. 


[  Des  Arbres  ^  des  Herbes,^  tant  fauvages  que  cultivés^  ^  de  leurs 
'  .  ...  \  ,  .  genres^  ^e. 

LEs  Auteurs  réduifent  les -plantes  à  quatre  genres  en  général,  comme 
Arbres,  ArbrilTeaux,  Epines  &  Herbes:  ils  donnent  aux  trois  pré- 
miers  le  nom  d’ Arbres,  parce  qu’ils  pouflent  plus  ou  moins  de  jets  folides 
de  leurs  racines:  ils  appellent  le  quatrième.  Herbes parce  qu’elles  ne 
deviennent  pas  ü  folides  3.&:  qu’elles  Ont  de  petites  branches^  plus,  rnolles  ; 
mais  quoiqu’il  y,  en  ait  parmi  ces  derniers  (lelquels  toutefois  ne  parvien¬ 
nent  pas  à  la  même  hauteur,  ni  k  la  même  grolfeur  que  les  autres  ar¬ 
bres)^  qui  croilTent  de  la  même  manière  que  les  Arbres,  les  Arbrif- 
féaux,  &  les  Epines,  il  me  paroit  qu’on  devroit  les  ranger  tout  au  plus 
fous  deux  différentes  claffes-,  fa  voir  les  Arbres  &  les  Herbes,  qu’on  peut 
divifèr  enfuite  en  plufieurs  efpèces,  moins  générales. 

On  appelle  Arbres ,  les  plantes  qui  aquièrent  naturellernent  &  dans  le 
fort  de  leur  pouffe ,  une  ou  plufieurs  branches  folides  ;  c’eli-pourquoi  la 
Sauge,  leThim,  le  Romarin  &  leurs  fèmblables  font  comptés  parmi 
les  arbres. 

Les  Herbes  font  ces  plantes  qui  naturellement  &  dans  le  fort .  de  leur 
tr lie ,  ont  des  branches  tendres 5  foibles  &  molles,  qui  ne  fontpas  lig- 
neufes,  quoiqu’on  pourroit  en  prolongeant  artificiellement  la  vie  à  plu¬ 
fieurs  d’elles,  les  faire  transformer  en  bois,  comme  les  Violiers,  les 
Oeillets,  les  Fleurs  de  la  pafTion,  &c.  11  y  en  a  auffi  qui  en  mourant, 

aquièrent  une  ou  plufieurs  branches  folides,  comme  les  Mauves,  les  Ar- 
tichots ,  &  la  plupart  des  Chardons ,  lefquels  cependant  doivent  être 
tous  rangés  parmi  les  herbes  &  non  parmi  lesrarbres. 

-  On  diflingue  de  plus  ces  deux  genres,  chacun  féparément,  en  culti¬ 
vés  &  fauvages.  J’appelle  cultivés  ceux  qui  produifent  des  fruits  nour- 
riffans  5 agréables  au  palais,  ou  rafraichiffans,  au  nombre  defquels  je  com- 
prens  aulïl  ceux  dont  des  feuilles  fervent  à  affaifonner  les  mêts&  les  fau- 
ces,*  comme,  le  Laurier,  le  Romarin,  la  Sauge,  le  Tlum,&c.  Les  fiiu- 
vages  font  ceux  qui  ne  produifent  point  de  tels  fruits. 

La  plupart  de  ces  deux  fortes  d’arbres  cultivés  ôc  fauvages  fè  foutien- 
nent  par  eux-mêmes  ;  il  y  en  a  cependant  qui  ne  fè  foutenant  pas  ainfî ,  . 

ram- 


DELAÇA  M  PAGNE.  73 

rampent  5  parmi  lefqiiels  il  y  en  aaiiiïi  qui,  liés  aune  perche,  montent  fort 
haut,  comme  la  Vigne  parmi  les  cultivés;  parmi  les  fauvages,  le  Chè¬ 
vrefeuille,  &  comme  font  toutes  les  autres  fortes  de  Lière.  Les  herbes 
rampantes  &  cultivées  font  les  Melons,  les  Concombres,  les  Citrouilles 
&  les  Fraifes.  Ceux  qui  croiflent  ramés  font  les  Haricots,  &  les  Pois.  Il 
y  en  a  aulïï  parmi  les  làuvages  de  plufieurs  fortes ,  qui  lè  fortifient  par 
la  ligature  &  qui  montent  fort  haut. 

La  difdnétion  moins  générale  des  Arbres  ,eft  en  Arbres ,  ArbriiTeaux , 
&  Epines. 

L’Arbre  ell  une  plante ,  qui  monte  naturellement  ou  avec  très  peu  de 
foin  en  en-haut,  par  un  tronc  dur  &  droit,  du  moins  plus  haut  qu’un 
homme ,&  qui  s’étend  enfiiite  par  le  moyen  des  branches  qu’il  pouiFeen 
guife  de  bras  en  montant.  On  en  trouve  parmi  ceux-ci  qui  pouffent 
naturellement  une  feule  tige  fort  droite ,  d’où  fortent  les  branches  des  cô¬ 
tés,  comme  les  Pins,  les  Sapins,  les  Cyprès,  &  les  Cedres.  On  en 
trouve  d’autres  qui  deviennent  naturellement  fort  hauts  &  fort  gros , 
mais  pas  li  pointus  ;  quoiqu’une  efpèce  pouffe  naturellement  un  tronc 
plus  haut  que  l’autre ,  avant  que  les  branches  de  la  couronne  ne  fortent 
par  les  côtés  :  il  y  en  a  auffi  dont  les  branches  de  la  couronne  s’étendent 
plus  vers  les  côtés  ou  vers  en-haut.  Les  Ormes  en  font  foi ,  puilque 
leur  troncs  ne  croiffent  pas  fi  haut  fens  pouffer  des  branches ,  &  que 
leurs  branches  de  la  couronne  croiffent  plus  vers  en-haut,  que  les  Ciié- 
nes ,  qui  ont  de  plus  grands  troncs ,  &  dont  les  branches  de  la  couron¬ 
ne  font  plus  droites  aux  côtés.  On  met  auffi  au  nombre  des  grands  ar¬ 
bres ,  les  Aunes ,  les  Bouleaux ,  les  Frênes  fauvages ,  quoiqu’ils  n’aient 
pas  beaucoup  de  branches  étendues  au  loin ,  mais  des  troncs  fort  gros , 
&  qu’ils  ne  croiffent  pas  en  hauteur  comme  les  Trembles ,  les  Peupliers , 
les  Chênes,  les  Frênes,  les  Hêtres,  les  Ormes,  les  Ypréaux,  les  Til¬ 
leuls,  les  Chateigners  feuvages,  les  Saules,  &c.  ^ 

■  Les  Arbriffeaux  n’ont  pas  les  troncs  fi  gros  que  les  arbres  :  ils  ont  auf¬ 
fi  fouvent  plus  d’une  branche,  parce  qu’il  en  fort  fou  vent  plufieurs  de 
leurs  racines  :  leurs  troncs  &  leurs  branches  à  couronne  font  naturellement 
ligneux ,  &  vivent  fort  longtems.  On  ne  doit  pas  mettre  au  nombre 
de  ceux-ci  ceux  qui  relient  défeélueux  par  accident ,  ou  qui  par  une  cul¬ 
ture  particulière  relient  fort  bas  &  fort  minces  ;  puifque  fans  cela  ils  de- 
viendroient  de  fort  grands  arbres.  1 

Les  Ronces  ou  les  Epines  confillent  en  plufieurs  branches  ligneufes , 
qui  naiffent  de  leurs  racines ,  &  qui  ne  s’élèvent  que  très  peu.  11  y  en 

Tartk  L  K  a 


LES  AGREMENTS 


H 

a  de  deux  fortes ,  qu'mon  peut  réduire  à  deux  clafles ,  favoir  celles  qui  vi¬ 
vent  peu  5  ôc  celles  qui  vivent  plus  longtems.  Je  mets  au  nombre  des 
dernières  les  Vignes  &  le  Lière  :  au  nombre  dés  autres  les  Mûres  fauva- 
ges  &  le  bois  de  RegiifTe  ;  quoiqu’il  foit  douteux,  li  ce  dernier  doit  être 
mis  dans  la  clafle  des  arbres. 

Plufîeurs  de  ces  Arbres,  A liDriffeaux, Epines  ou  Ronces, le  dépouillent 
annuellement  de  leurs  feuilles ,  peu  de  tems  les  uns  après  les  autres ,  &. 
d’une  manière  fort  reconnoiflable  ;  c’eû:  ce  que  font  pareillement  les  ar¬ 
bres  qui  n’ont  point  de  feuilles  pendant  l’Hiver,  au-lieu  que  ceux  qui 
verdilTent  en  tout  tems ,  ne  les  perdent  pas  d’une  manière  li  vilible  & 
fl  prompte. 

Les  Herbes  font  naturellement  de  même,  mais  il  y  a  plus  de  dilFé- 
rence  entre  elles  ;  y  en  ayant  quelques-unes  qui  n’ont  point  de  tige  on 
de  ronces ,  mais  uniquement  de  petites  branches  longues  <Sc  garnies  de 
feuilles  qui  produilènt  les  Heurs  &  la  lèmence. 

Parmi  ces  deux  genres  d’ Arbres  «Sj  d'Herbes  on  en  trouve  qui  font 
de  fexe  dilferent,  &  par  conféquent  du  lèxe  mafculiii  &  féminin;  ils 
croilTent.  cependant  pour  la  plupart  les  uns  &  les  autres  précilèment 
de  la  même  manière  :  c’eR  ainlî  que  tous  nos  Arbres  fruitiers  &  les 
herbes  nourrilTantes ,  qui  produilènt  des  fleurs  &  des  fruits  font  tout 
à  la  fois  de  fun  &  de  l’autre  fexe.  Ces  plantes,  à  ce"" que  l’on  dit,  ne 
portent  point  de  fruits  à  leur  maturité,à  moins  d’avoir  reçu  de  lafemen- 
ce  virile ,  laquelle  efl;  très  yilîble  dans  les  queues  de  Chats  ou  Emouchet- 
tes  qui  font  aux  Noizetiers;  mais  beaucoup  moins  dans  les  fleurs  mâles,, 
qui  n’ont  pas  par  deflbus,  près  de  la  tige,  une  tumeur,  ou  qui  ne  font 
pas  prêtes  à  produire  du  fruit,  &  il  arrive  très  fouvent  qu’on  voit  ces 
fleurs  mâles  à  d’autres  branches  qu’a  celles  où  l’on  trouve  les  femelles  ou 
les  fleurs.  11  y  a  cependant  aufli  des  plantes  qui  portent  les  fleurs  mâles 
fur  les  mêmes  branches  des  fleurs  femelles.  Mais  je  trouve  une  difficulté 
à  l’égard  de  la  néceiîlté  de  cette  conjonélion  de  la  feinence  virile  pour 
l’accroiflement  des  fruits  ;  favoir  que  je  vois  que  la  fleur  du  Figuier  fo 
noue  dans  l’intérieur  du  fruit ,  &  que  le  fruit  fort  de  l’écorce  fans  aucun 
ligne  vifible  de  bouton;  dont  je  puis  à  mon  avis  conclurre,  que  dans  ce 
cas  cette  conjondion  ne  peut  pas  avoir  lieu: il  en  efl  de  même  des  Mûres 
qui  font  beaucoup  plus  abondantes,  quand  on  n’y  apperçoit  point  d’é- 
mouchettes ,  dans  le  tems  qu’on  en  trouve  à  peine  aux  Mûriers  qui  en 
font  fort  remplis  :  qu’il  y  ait  cependant  des  arbres  &  des  herbes  de  fexe 
mafculin  &  féminin,  cela  fe  voit  aux  arbres  qui  donnent  de  lafemence, 

Gom- 


DE-  LA  CAMPAGNE. 


comme  les  Frênes,  les  Tilleuls,  &c.  &c  parmi  les  herbes,  au  Chanvre , 
au  Lin,  &auxEpinars,  &c. 


CHAPITRE  ni. 

<  ■ 

Du  tem$  auquel  les  Arbres  eroljfent  £5?  virent  félon  les  Saîfons,  ^  Qu'une 
mauvaije  culture  £sP  um  trop  grande  fertilité  peuvent  racourcir 

leur  vie, 

.  _  ,  ;  -  -1  ..  <..1:  "ü; 

LEs  Plantes  vivent  plus  ou  moins  lougtenls  à  proportion  de  leurs 
propriétés ,  &  de  la  qualité  des  Fonds  ;  leur  vie  peut  être  racour- 
cie  par  des  caufes  connues  &  inconnues,  &  ils  peuvent  aufli  être  retar¬ 
dés  dans  leur  crue  ;  deforte  que  tout  ce  qu’on  fait  pour  la  fertilité  ou 
pour  l’ornement ,  eft  nuifîble  à  leur-  crue  &  racourcit  leur  vie  ,  ce  que 
produit  aulfi  la  tranfplantation  :  d’où  il  arrive  que  les  arbres  cultivés 
par  les  hommes  croiflent  pour  la  plupart  moins  bien  ,  &  vivent  moins 
îongtems,  que  ceux  qui  viennent  naturellement.  Du  refte,  il  en  elt  de 
la  crue*des  plantes  &  du  tems  qu’elles  vivent,  comme  des  Animaux  , 
dont  les  uns  font  naturellement  plus  grands  ou  plus  petits  ,  plus  ou 
moins  vigoureux  que  les  autres. 

Les  arbres  femelles  croiffent  généralement  en  moins  de  tems  que  les 
mâles:;  mais  ils  ont  du  bois  plus  mou,  gonflé,  &  ne  vivent  pas  fl  long- 
tems.  Cette  dernière  chofe  efl;  caufée  par  la  diflTipation  des  efprits  vi¬ 
taux  ,  qui  vient  de  leur  fertilité  &  de  leurs  facultés  produârices  ;  defor¬ 
te  que  les  arbres  les  plus  fertiles  croiflent  moins  vigoureufement  &  vi¬ 
vent  moins  longtems  ;  &  que  les  arbres  qui  croiflent  vite  &  qui  ont  u- 
ne  vie  vigoureule,  meurent  plutôt.  C’efl:  ce  que  confirment  ceux,  qui 
plantés  dans  des  terrains  fort  bas  ,  grandiflent  en  peu  de  tems ,  mais 
ne  vivent  que  très  peu  ,  parce  qu’ils  font  mous ,  gonflés ,  aqueux ,  &c 
ou’ils  ont  des  pores  fort  larges.  On  verra  au  contraire,  que  ceux  qui 
demandent  d’être  plantés  dans  des  endroits  plus  élevés, comme  n’ayant 
befoin  que  de  peu  d’humidité,  croiflent  moins  promptement,  mais  vi¬ 
vent  pour  l’ordinaire  plus  longtems  ,  par  cela  même  que  leurs  parties 
font  plus  compactes  &  leur  pores  moins  grands.  Cela  n’eft  pourtant 
pas  fans  exception  ;  car  les  Pins  &  les  Sapins  fuffoquent  fouvent  dans  le 
fort  de  leur  pouffe  5  par  la  trop  grande  abondance  de  réfine.  C’efl: ■  à 

K  2  quoi 


LES  AGREMENS 


quoi  font  aufli  expofées  plufieiirs  autres  fortes ,  fur-tout  les  arbres  qui  por¬ 
tent  des  fruits  à  noyau,  étant  fouvent  fort  chargés  de  gomme:  on  fait 
outre  cela  encore  plus  de  tort  aux  arbres ,  donc  les  humeurs  font  fujet- 
tes  à  fe  condenfer  &  à  fe  changer  en  réfine  ,  en  les  taillant ,  &  on  ra- 
courcit  plus  leur  vie,  que  de  ceux  dont  les  humeurs  font  plus  aqueufes 
&  plus  fluides.  Cefl  pour  cela  que  les  Pins  &  les  Sapins  languitTent , 
quand  on  coupe  leur  tige  :  &  ils  meurent  encore  plutôt  fans  pouffer  des 
racines ,  fi  on  les  coupe  plus  bas  ;  au-lieu  que  les  arbres  qui  contiennent 
beaucoup  d’humeurs  aqueufes , coupés  tout  près  de  terre, pouffent  géné- 
taîement  un  plus  grand  nombre  de  jets  par  leurs  racines.  Cefl  ainfi  que 
la  Vigne  coupée  rèz  terre,  rajeunit  &  produit  de  meilleurs  fruits:  c’efl 
cequi  arrive  auffi  aux  Grozeillers, qu’on  cultive  fur  des  fouches  qui  pouf¬ 
fent  plufieurs  rejettons ,  dont  on  en  coupe  annuellement  quelques-uns 
près  de  terre  ,  en  en  laiffant  venir  d’autres  plus  jeunes.  On  remarque 
la  même  chofe  parmi  les  arbres  fauvages , aux  Aunes, aux  Frênes  &  aux 
Chênes ,  qui  étant  coupés  rez  terre  (ce  qui  fe  fait  ordinairement  tous 
les  fept  ou  neuf  ans  aux  prémiers  pour  en  faire  du  bois  de  chauffage), 
pouffent  de  nouveau  chaque  fois  avec  vigueur.  Il  faut  cependant  bien 
prendre  garde  que  le  tronc  qui  doit  être  coupé,  nefoit  pas  trop  vieux, 
ni  hors  d’état  de  repouffer  :  car  fi  l’écorce  ell  trop  épaiffe  &  trop  feche, 
ou  fi  la  fouche  a  été  trop  fouvent' coupée,  elle  refufe  fouvent  de  re¬ 
pouffer  de  jeunes  rejettons,  parce  qu’elle  a  ceffé  de  croître. 

On  ne  peut  point  déterminer  le  tems  auquel  les  bourgeons,  les  bou¬ 
tons,  les  feuillles,  les  fleurs,  les  branches,  &c.  commencent  dans 
leurs  Saifons  a  croître  ou  à  paffer,  parce  que  cela  dépend  de  plufieurs 
incidens;  comme  des  qualités  des  Fonds,  de  la  manière  plus  ou  moins 
vigoureufe  dont  les  arbres  croiflent,  &  de  la  difpofition  de  l’air  &  du 
tems.  C’efl  ainfi  que  la  crue  commence  plutôt  dans  des  Printem's  a- 
vancésj  &  dure  plus  longtems  dans  de  Autonnes  pluvieufes  &  chau¬ 
des:  cela  produit  aufli  des  plantes  plus  vigoureufes  dans  des  Fonds 
chauds,  humides,  gras  &  bien  remués ,  que  dans  ceux  qui  font  froids, 
lècs,  durs  &  grêles.  11  en  efl  de  même  quand,  pendant  l’Eté,  les 
branches  des  arbres  qui  pouffent  avec  vigueur,  grofliffent  &  s’alon- 
gent;  car  cela  eft  bien  vifible,  &  plus  remarquable  aux  jeunes  arbres 
qu’aux  vieux.  Les  bourgeons  &  les  boutons  commencent  ordinaire¬ 
ment  à  pouffer  vers  la  fin  de  Juin,  ou  vers  le  commencement  de  Juillet', 
quoique  d’une  manière  très  peu  fenfible  jufques  vers  le  milieu  de  Jan¬ 
vier;  mais  dès  lors  ils  commencent  k  fe  gonfler  beaucoup,  continuant 

ainfi 


DE  LA  CAMPAGNE. 


77 


gent  en  fleurs ,  en  feuilles ,  &  en  rejettons  à  bois  :  cela  n’a  cependant 
pas  lieu  dans  le  même  tems  à  l’égard  de  toutes  fortes  de  plantes ,  ni 
d’une  manière  égale  &  durable  :  car  les  unes  commencent  à  poulfer  plu¬ 
tôt  3  les  autres  plus  tard  :  les  unes  plus ,  &  les  autres  moins  longtems  :  il  y 
en  a  aulTi  qui  pouflent  à  reprifes ,  après  avoir  celTé  pendant  des  interva- 
les,  comme  les  Pommiers  &  les  Poiriers.  La  prémière  pouffe  du  bois, 
efl  pourtant  la  plus  vigoureufe:  la  fécondé  produit  ordinairement  de  foi- 
bles  rejettons  tardifs:  la  prémière  dure  pour  l’ordinaire  jufques  vers  le 
mois  de  Juin,  &  la  tardive  commence  avec  la  mi-juillet; mais  les  inter- 
vales  du  repos  ordinaire  &  de  la  prémière  crue ,  qui  efl  la  plus  vigou¬ 
reufe  ,  font  racourcis ,  quand  dans  le  Printems ,  les  arbres  font  retardés 
dans  leur  pouffe  par  la  piqûre  des  vers ,  ou  parce  que  les  feuilles  font 
brûlées'  par  la  foudre  ou  par  des  feux  folets ,  auquel  cas  la  fécondé  crue 
commence  plutôt,  &  produit  aulfi  des  rejettons  tardifs  plus  vigoureux. 

i’ai  vu  dans  de  tels  cas  commencer  la  fécondé  pouffe  vers  la  fin  de  Juin, 
.es  Pêchers,  les  Pruniers,  les  Cerifiers  pouffent  fans  interruption;  les 
premiers  jufques  dans  le  commencement  d’Aout,  à  moins  que  de  jeu¬ 
nes  arbres,  qui  pouffent  fort  vigoureufèment,  ne  fuffent  retardés  dans 
leur  pouffe  par  une  féchereffe  extraordinaire  pendant  l’Eté,  &  par  des 
chaleurs  accompagnées  de  beaucoup  de  pluie ,  ou  par  une  taille  d’Eté 
hors  defaifon,  auquel  cas  ils  pouffent  quelquefois  jufques  au  mois  de 
Septembre.  D’autres  pouffent  d’une  manière  égale  &  continue ,  fans 
reprifes,  depuis  que  leur  crue  commence  jufques  à  ce  qu’elle  finiffe,  ce 
qui  arrive  lorfque  les  feuilles  commencent  à  tomber. 

Certains  Auteurs  difent  que  la  pouffe  du  bois  commence  avec  le  mois 
de  Septembre,  &  continue  jufques  en  Février.  Si  ils  entendent  par-là 
la  condenfation  des  humeurs,  enforte  qu’elles  deviennent  un  corps  plus 
folide,je  puis  en  convenir;  mais  je  n’ai  jamais  remarqué  que  pendant  ce 
tems-là  les  arbres  gagnent  beaucoup  en  groffeur,  n’ayant  trouvé  après  la 
mi-Septembre  que  peu  ou  point  de  changement  à  cet  égard;  &  quoique 
généralement  les  arbres  dont  la  pouffe  commence  le  plus  tard,  continuent 
ordinairement  à  croître  le  plus  longtems ,  comme  le  prouvent  ceux  qui 
produifènt  des  fruits  d’Hiver,  cela  fouffre  pourtant  quelque  exception  , 
car  les  Mûriers  commencent  le  plus  tard  à  pouffer,  &  font  des  prémiers 
à  perdre  leurs  feuilles. 

Qiioiqu’on  fiippofè  que  les  arbres  vivent  aufli  longtems  qu’ils  produi- 
fent  de  la  verdure,  on  ne  devroit  pas  cependant  leur  attribuer  une  vie 


K  3 


,  plus 


LES  AGREMENS 


7S 

plus  longue ,  qu’autant  que  les  arbres  fauvages  en  ont  befoln  pour  pro^ 
dtiire  du  bois  propre  au  travail  ou  au  chauffage,  &  que  des  arbres  francs 
produiront  du  gros  &  du  bon  fruit.  Suivant  ce  principe  un  Chêne ,  ve¬ 
nu  d’un  gland,  ne  vivra  pas  au-delà  de  cent  ans,  puilqiie  même  déjaa- 
.vant  ce  terme  fon  bois  commence  à  fè  pourrir;  c’ell- pourquoi  il  vaut 
mieux  l’abatre  après  qu’il  a  atteint  quatre-vingt-dix  ans,  &  avant  qu’il 
foit  parvenu  à  cent  Celui  de  tous  les  arbres  francs  qui  vit  le  plus  long- 
tems ,  c’eR  l’Oranger  ;  on  aflure  qu’il  y  en  a  eu  qui  ont  pouffé  pendant 
trois  cens ,  &  même  pendant  quatre  cens  ans.  Les  arbres  fruitiers  vi¬ 
vent  généralement  moins  longtems  que  les  fauvages  ;  ceux  à  couronne 
plus  longtems  que  les  arbres  nains  ;  &  les  arbres  à  haute  futaie  plus  long¬ 
tems  aulii  que  les  Arbriffeaux  &  les  Epines  ou  les  Ronces.  Encore  les  ar¬ 
bres  qui  produifent  des  fruits  à  pépins,  vivent  plus  longtems  que  ceux 
qui  en  produifent  à  noyaux  :  ceux  qui  produifent  des  fruits  d’Hiver  plus 
longtems  que  ceux  qui  en  produifent  d’£té  ;&  enfin  ceux  qui  produifent 
des  fruits  aigres ,  plus  que  ceux  qui  en  portent  des  doux. 

On  ne  peut  pas  attribuer  au-delà  de  foixante  ans  de  vie  pour  le  plus 
à  des  Pommiers  &  des  Poiriers  en  pleine  terre,  qui  font  bons  &  qui  pro¬ 
duifent  bien;  &  cela  dépend  encore  de  la  manière  qu’ils  auront  été  en¬ 
tés  &  gréfés;  les  arbres  nains  un  peu  plus  que  la  moitié  de  ce  tems:  les 
Pruniers  quarante:  les  Pêchers,  les  Abricotiers,  les  Coignaffiers  vingt 
&  cinq; les  Mérifîers,les  Cerifîers ,  les  Griottiers  qui  ont  été  gréfés, pro¬ 
duifent,  quand  ils  font  jeunes,  le  plus  de  fruits ,& en  même  tems  les  plus 
agréables  à  la  vue  &  au  goût  ;  c’efl-pourquoi  on  détruit  ordinairement 
ces  Vergers  vingt-cinq  ans  après  qu’ils  ont  été  plantés. 


CHAPITRE  IV. 


Be  la  manière  de  multiplier  les  Plantes  en  général  t  6?  particuliè¬ 
rement  les  arbres. 

ON  peut  multiplier  les  Plantes  de  quatre  manières,  dont  la  prémiè- 
re ,  qui  fè  fait  par  la  femence ,  efl  la  plus  générale  &  la  plus  na¬ 
turelle.  La  fécondé  fè  fait  par  l’accroiffement  des  racines ,  &  ainfi  par 
des  fauvageons  de  fouche,  par  des  rejettons  des  côtés,  ou  par  de  petits 
rejettons  adhérens.  La  troifième  de  bouture ,  en  mettant  en  terre  une 

peti- 


DELA  CAMP  A'G  NE, 


'79 

petite  branche  coupée  ,  pour  hii  faire  prendre  racine.  La  quatrième 
par  des  marcottes, qui  font  des  branches  qu’on  apofées  en  terre ,& qu’on 
kifle  attachées  aux  mères-plantes,  julqu’à  ce  qu’elles  aient  pris  des  racines 
en  terre.  11  y  a  quantité  de  plantes  qui  peuvent  être  multipliées  de  ces 
quatre  manières  dilFérentes,  dont  la  Vigne  fournit  un  exemple,  pou¬ 
vant  être  multipliée  par,  femence  ,  par  des  faavageons  de  fouche  par 
des  provins  couchés  en  terre  &  par  bouture;  mais  comme,  félon  lana- 
ture  des  plantes ,  une  manière  de  multiplier  eft  préférable  à  l’autre ,  je 
traiterai  de  chacune  en  particulier. 

lie  la  multiplication  par  femence. 

Toutes  les  Plantes,  fans  en  excepter  la  MoulTe  des  arbres  &  les 
Champignons ,  prodiiifent  leur  femence  par  le  moyen  de  laquelle 
elles  peuvent  être  multipliées:  mais  on  auroit  tort  de  croire,  que, parce 
que  certaines  plantes  viennent  dans  différens  climats ,  leur  femence  ar¬ 
rive  toujours  à  un  tel  point  de  perfeélion ,  qu’elle  ell  bonne  à  produire 
de  nouveau  d’autres  plantes  ;  pareillement  que  des  plantes  venues  de  lè- 
mence  prodiiifent  toujours  de  pareilles  plantes  à  tous  égards,  les  mêmes 
que  celles  qui  ont  produit  cette  femence  ,  &  encore  moins  qu’elles  don¬ 
nent  les  mêmes  fruits.  Cette  différence  fè  remarque  principalement 
dans  les  arbres,  dans  les  plantes  à  oignons  &  autres,  &plus  particuliè¬ 
rement  encore  dans  les  franches,  qui  produifent  quelquefois,  par  le 
moyen  de  leur  femence,  de  meilleures, mais  le  plus  fouvent  de  moindres 
fortes  :  c’efl  là  la  raifon  pourquoi  la  plupart  des  arbres  francs,  venus  de  fe¬ 
mence,  produifent  des  fruits  peu  agréables, ce  qui  oblige  très  fouvent  à 
les  enter,  ou  à  les  gréfer.  C’eft  encore  une  chofe  fort  fingulière  que  des 
pépins  de  la  même  forte  de  Pommes  &  de  Poires  produifent  des  fruits- 
peu  &  fort  agréables ,  doux  &  aigres ,  d’Hiver  &  d’Eté  ;  que  des  grains 
de  raifin  blanc  il  en  provienne  du  noir,  &  de  grains  de  raifin  noir,  du 
blanc.  On  voit  fouvent  arriver'la  même  chofe  aux  Noix,  car  après  en 
avoir  fèmé  des  meilleures,  il  en  proviendra  des  doubles,  des  mauvaifes, 
&  quelquefois  aulTi  des  petites  en  bouquets.  Tous  les  Pommiers  &  Poi¬ 
riers  viennent  de  femence ,  excepté  les  pommes  de  Paradis ,  qui  viennent 
de  fàuYageons  de  fouche  &  qui  après  cela ,  de  même  que  les  Mérifiers  y 
les  Orangers  amers  &:  doux,  les  Limoniers  provenus  de  femence,  doi¬ 
vent  être  entés ,  ou  gréfés ,  à  caule  que  la  femence  produit  plufieurs  ef- 
pèces  bâtardes:  mais  cela  ne  fe  pratique  point  à  l’égard  des  Noyers,  des^ 

Aman- 


80  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

Amandiers,  des  Chateigners,  leur  lèmence  jettée  en  terre  prodiii^nt 
de  bons  fruits. 

Il  en  eft  précifément  de  même  des  arbres  fauvages  provenus  de  fe- 
mence ,  que  des  francs  ;  car  il  y  a  diverfes  efpèces  de  Chêne ,  de  Hêtre , 
de  Frêne,  d’Aune,  de  Tilleul, d’Orme,  &c.  qui  font  provenus  de  la 
même  efpèce  de  fèmence  :  on  tire  auffi  de  femence ,  des  Cèdres ,  des 
Sapins,  des  Epines,  des  Chateigners  fauvages,  des  Pins,  des  petits 
Frênes,  &  de  la  Rue,  &c. 

On  peut  voir  dans  le  Chap.  IIL  du  Second  Livre  de  la  Seconde  Far- 
//>,  de  quelle  manière  il  faut  s’y  prendre  pour  gagner  la  femence,  la  con- 
ferver ,  la  femer  ;  &  ce  qu’il  faut  obferver  avant  que  de  femer ,  dans  le 
tems  qu’on  feme ,  &  après  avoir  femé* 

De  la  multiplication  par  des  Sauvageons  de  Souche. 

LEs  Sauvageons  de  fouche  donnent  ordinairement  la  même  forte 
d’arbres  &  de  fruits ,  que  donnoit  l’arbre  avant  qu’il  fut  enté.  11 
en  faut  cependant  excepter  les  Ypréaux  &  l’Orme;  car  il  produit  par 
fes  Sauvageons  une  plus  fine  elpèce.  -  Plus  on  fouhaite  de  conlèrver  la 
mère-plante,  plus  on  prend  de  précautions  enféparant  les  Sauvageons; 
car  à  l’égard  des  Sauvageons  d’une  mauvaife  plante,  lorfqu’ils  font  fort 
nombreux,  &  que  pour  vouloir  conlèrver  cette  plante  on  ne  leur  lailTe 
que  peu  de  racines ,  on  partagera  entre  ces  jeunes  Sauvageons  les  raci¬ 
nes  de  la  mère-plante,  &  on  les  plantera  avec  elles ,  quand  même  cela 
feroit  mourir  cette  dernière  ;  mais  quand  il  s’agit  d’une  bonne  plante 
qu’on  veut  conlèrver,  &  qui  a  moins  de  Sauvageons,  on  lè  fert  d’une 
pioche  bien  tranchante,  ou  de  quelque  autre  outil  convenable,  pour  fé- 
parer  prudemment  les  jeunes  Sauvageons  de  la  vieille  fouche ,  &  fans  la 
blelTer  beaucoup. 

Les  arbres  qui  lè  multiplient  par  des  Sauvageons  de  fouche,  font  les 
Trembles  &  les  Peupliers,  la  Guimauve,  les  Amandiers , l’Epine  vinet- 
te,  les  Framboifes,  les  Pommes  de  grenade,  les  Noizetiers,  le  Houx, 
les  Chevre-feuilles ,  les  Cornouillers ,  les  Cerifiers  fauvages ,  lelquels  ce¬ 
pendant  on  ente  ou  l’on  grefe  dans  la  fuite  ;  comme  aulfi  les  Pommes 
de  Paradis,  les  Lauriers,  le  Troene,  les  Mûres,  le  Bonis,  les  Pruniers 
fur  lelquels  on  peut  aulfi  enter  &  gréfer;  de  plus  les  Rofîers,  la  Sauge, 
le  Thim,  le  Sureau,  les  Figuiers,  le  bois  de  Regliflè.  Parmi  les  herbes 
on  multiplie  toutes  les  fortes  de  fleurs  à  oignon  ou  à  plante,  en  déta¬ 
chant 


8c 


DELA  C  A  M  PAGNE. 

pliant  les  cayeux,  ou  en  réparant  les  plantes ,  de  même  que  lesFrailès, 
les  Artichots,  la  Ciboulette,  les  Echalottes,  &  autres  herbes  fines  pro¬ 
pres  à  bien  aiTaifonner  les  Sauces. 

f  ^ 

;  De  la  multïpîîcatîon  par  Bouture, 

% 

TOiis  les  arbres  qui  ne  font  pas  chargés  de  gomme  ou  de  réfine  ,  peu¬ 
vent  être  multipliés  par  le  moyen  de  branches  coupées ,  lefquelies 
étant  mifes  en  terre  prennent  racine  :  c’eH  pourtant  ce  qui  ne  fe  prati¬ 
que,  que  lorfqu’on  fe  propofe  d’aquerir  par-là  des  plantes  plus  hâtives 
&  nieüleures;  ou  bien  loriqu’on  ne  fauroit  abfokiment  le  faire  d’une  au¬ 
tre  manière.  Les  Boutures  requièrent ,  pour  bien  réuOTir ,  une  chaleur 
tempérée,  &  une  humidité  railonnable,  ce  qui  leur  facilite  le  moyen 
de  pouffer  des  racines.  La  chaleur  &  la  féchereffe  font  au  contraire 
refferrer  les  pores, &  empêchent  ainfi  les  humeurs  de  circuler; delà  vient 
que  des  Boutures  miles  en  terre ,  dans  le  Printems  ,  contre  des  mu¬ 
railles  ou  des  cloifons  fort  expofées  au  Soleil,  prendront  rarement  raci¬ 
ne,  à  moins  qu’on  ne  prenne  à  cet  égard  les  précautions  néceffaires,  en 
couvrant  le  tour  de  ces  Boutures  &  en  les  humeéfant.  ' 

!  Les  Vignes  &  toutes  les  Plantes,  venues  de  Bouture,  donnent  une 
même  forte  de  plante  &  de  fruit,  que  l’arbre  dont  la  Bouture  a  été  cou¬ 
pée  ;  il  vaut  cependant  mieux  mettre  en  terre  les  bouts  de  Vignes  dans 
l’Autonne,  que  dans  le  Printems  ;  comme  on  a  foin  de  l’indiquer  dans  le 
^Traité  des  Vignes. 

Les  Grofeilles,  y  compris  les  vertes ,  prennent  aufii  de  Bouture  :  on  le 
lèrt  pour  cela  dans  le  Printems ,  du  bois  d’un  an ,  dont  on  a  auparavant 
coupé  les  petits  boutons,  julqu’à  l’endroit  où  le  bois  doit  entrer  enterre, 

&  cela  afin  qu’il  faffe  moins  de  Sauvageons  de  fouche  :  ceci  fe  pratique 
quand  ils  font  deffinés  à  de  petits  arbres  en  buiffon. 

.  Le  Lière  vient  des  Sauvageons  de  fouche ,  mais  ceux-ci  font  pour  l’or- 
Binaire  minces,  grêles,  ayant  des  pores  fort  refferrés;  delà  vient  qu’ils 
prennent  mieux  de  Bouture  par  le  moyen  de  branches  d’un  an,'  grof- 
lès,  gonflées  &  pleines  de  fuc. 

On  met  dans  le  Printems  en  terre  des  bouts  de  Saules ,  qui  ont 
deux  ou  trois  ans ,  &  qui  font  affilés  vers  le  bas ,  pour  entrer  plus  avant 
&  pour  refter  plus  fermes  ;  des  bouts  d’Üzier  de  deux  ans ,  ou  par  né- 
ceffité  d’une  année  même. 

Les  Tafmins,  lesMyrtheSjlesOléandres,  les  Troènes,  les  Romarins, 

^  Fartie  L  .  '  L  ^  les  ’ 


V 


82  LESAGREMENS 

r  ».  _ 

les  Ifs  5  les  Sabines,  prennent  pareillement  de  Bouture!.  Ilfaüt  âvoir  bien* 
foin  en  général,  à  l’égard  des  arbres  étrangers ,  que  le  bois  dur  guin’efli 
pas  hâtif  à  faire  des  racines  5  foit  mis  en  terre  dans  l’Autonne,  &  à  l’a¬ 
bri  du  froid  de  l’Hiver,  jufques  au  mois  d'Avril,  après  quoi  il  faut  mettre 
fous  des  vitres,  dans  du  Tan  recliaufant,  les  pots  qui  contiennent  des 
plantes  d’un  bois  dur  &  gonflé. 

Parmi  les  herbes, les  Giroflées  pourprées  &  jaunes  prennent  de  Bou¬ 
ture. 

Be  la  multiplication  par  des  Marcottes ’i  ou  par  des  Fr  ovins  coüchés 

en  terre. 

ON  aquiert  par  des  Marcottés,  ou  par  des  Provins  couchés  en  terre, 
la  même  forte  de  fruits,  qu’ils  produifoient  avant  que  d’être  mis  cil 
terre;  mais  on  ne  multiplie  pas  tant  de  cette  manière,  queparfemence 
ou  par  bouture. 

La  Marcotte  des  arbres  fe  fait  le  mieux  dans  le  Printems ,  immédia¬ 
tement  avant  le  tems  qu’ils  bourgeonnent,  lorfqu’il  commence  à  faire 
chaud ,  &  que  la  fève  efl  montée  dans  les  arbres  :  on  fait  à  quelques-unS 
une  petite  entaille  par  deflbus ,  à  l’endroit  où  la  branche  doit  être 
mife  en  terre,  afin  que  la  fève  ne  monte  pas  trop  fubitement.  Il  faut 
de  plus,  pour  que. le  Provin  coucJié  en  terre  pouÎTe  mieux  des  racines, 
raffurer  de  façon  qu’il  Ibit  immobile  ;  &  ne  faire  aucune  taille,  ni  arra¬ 
cher  aucune  feuille  au  bout  de  la  Marcotte ,  qui  fort  de  terre  dés  le  mo¬ 
ment  qu’elle  y  a  été  mife. 

Les  Lauriers  à  tige  droite  fè  multiplient  ainfî.  L’arbre  étant  coupé  tout 
près  de  terre,  pouffe  dans  la  même  année,  fans  beaucoup  de  peine,  & 
par  le  foin  qu’on  pj  end  d’arracher  les  rejettons,  tandis  qu’ils  font  enco¬ 
re  en  boutons,  un  jet  unique,  droit  &  d’une  hauteur  ralfonnable ,  dont 
on  ôte  l’écôrce  près  de  terre,  de  l’épaiffeur  d’une  paille;  après  quoi  on 
lie  d’abord  autour  de  cette  place  dégarnie,  un  jonc  deMofcovie,  on  cou¬ 
vre  de  terre  ce  jet  jufques  au-delTus  de  la  ligature,  dans  laquèlle  il  pafle 
des  racines  en  fort  peu  de  tems  :  cela  fait,  on  le  fépare  l’année  fuivante 
de  la  mère,  qui  pouffe  alors  de  nouveau  un  pareil  jet. 

Il  n’ell:  pas  poffible  de  multiplier  de  femence  les  Ormes  &:  les  Til¬ 
leuls,  parce  que  la  fèmence  d’Orme  produit  le  plus  fouvent  des  Ypréaux, 
&  celle  de  Tilleul  plufîeurs  efpèces  fort  abâtardies:  c’efl-pourquoi  oô 
•  ie  fait  ordinairement  de  la  manière  fuivante.  Oa  coupe  dans  le  com- 

men- 


D  E  .  LrÆ  :  C  A  M  P,  A  G  .N  E.  S3 

mencement  du  Printems  5  un  vieux  mais  vigoureux  arbre,  k  la  hauteur 
d’une  paume  au-deflus  de  terre,  lequel  poime  encore  ordinairement  a- 
vant  la  St.  Jean,  plufîeiirs  jets,  qui  font  propres  à  être  mis  alors  en  ter¬ 
re,  &  à  produire  dans  cette  même  année  des  racines ,  qu’on  peut  déta¬ 
cher  l’année  fiii vante  de  leur  arbre ,  &  planter  féparément  ;  après  quoi 
on  les  coupe  près  de  terre  :  de  cette  manière  ils  feront  dans  la  fuite  une 
feule  tige  droite,  &  cela  fans  beaucoup  de  foin.  Les  petites  branches 
qu’ils  pouiFent  par  les  côtés  ne  doivent  être  taillées  que  la  féconde  an¬ 
née,  à  moins  que  certaines  grolTes  branches,  nommées  brandies  gour¬ 
mandes  ,  ne  nuifilTent  a  la  poufle  du  jet  de  la  tige ,  auquel  cas  on  coupe¬ 
ra  feulement  ces  branches ,  ce  qu’on  .eil  obligé  de  faire  très  fouvenc 
aux  Tilleuls.  On  pofe  du  refte  en  terre  près  des  Ormes, la  prémière  an¬ 
née  de  leur  poufle,  un  pieu,  menu  &  droit,  pour  y  attacher  contre 
les  injures  du  vent,  le  jeune  jet  avec  du  jonc  de  Mofeovie,  lequel  pieu 
on  ôte  l’année  fiiîvante.  Les  Ormes  ayant  fait  aflez  de  bois  pour 
réflfter  au  vent ,  peuvent  naturellement  dans  la  fîiite  devenir  des  ar¬ 
bres  d’un  feul  tronc,  fans  qu’il foit  befoin  de  ligature;  mais  il  n’eft  pas 
aufli  affuré  que  les  Tilleuls  feront  une  tige  droite;  c’efl-pourquoi  on  les 
laifle  attachés  au  pieu  plus  longtems,  par  le  moyen  duquel  ils  fe  dref- 
fent. 

Les  Arborifles  ont  coutume  de  couper  les  Marcottes  tranfplantées ,  k 
un  grand  pied  au-deflus  de  terre,  &  l’année  fuivante  de  nouveau  près 
de  terre  ;  ce  qui  les  fait  poiifler  plus  vigoureufement  &  groflir  avec  une 
feule  tige.  . 

On  marcotte  les  Oeillets  au  commencement  du  mois  d’Aout.  On  fait 
par  deflbus  une  petite  entaille  julques  k  une  jointure  de  la  Marcotte, 
laquelle  on  couche  au  niveau  de  la  terre  où  eft  la  plante  :  on  la  couvre 
enfuite  avec  une  jufte  quantité  de  terre, pour  pouvoir  réflfter  au  froid  de 
l’Hiver  &  k  l’eau  de  neige  ;  ce  qui  vaut  mieux  que  de  mettre  la  Marcot¬ 
te  plus  avant  *en  terre:  il  faut  de  plus  avoir  foin  de  couper  im  peu  les  ex-- 
trémités  des  branches. 


L  2 


en  A- 


L  E  s  A  G  R  E  ME  N  s 


CHAPITRE'*  V. 


Le  la  Pépinière^  de  la  manière  de  cultiver  les  arhres. 

y  '  '  » 

SI  Ton  n’a  pas  une  Pépinière  en  propre ,  on  n’eft  'jamais  afliiré  de  la 
réuffite  des  arbres  qu’on  achète,  &  encore  moins  fi  les  fruits  répon¬ 
dront  à  notre  attente ,  &  s’ils  feront  d’un  goût  agréable  ;  car  à  l’égard  des 
arbres,  ceux  qu’on  fait  venir  de  loin  doivent  nécefiairement  refter  plus 
longtems  hors  de  terre  avant  que  d’être  tranlplantés ,  ce  qui  fait  auiïi' 
plus  deflecher  les  racines,  relTerrer  les  pores, &  retarder  en  même  tems 
par-là  leur  nouvelle  pouffe:  pendant  cet  intervalle  on  ignore,  fi  les  ra-' 
cines  ne  fouffrent  pas  de  la  gelée;  outre  cela  les  Arborifles,  encore  moins 
leurs  Ouvriers,  en  arrachant  ces  arbres,  ne  fe  mettent  pas  fort  en  peine 
s’ils  en  bleffent  les  racines  ou  non:  ce  qu’on  peut  entièrement  prévenir, 
en  ayant  une  Pépinière  en  propre  ;  les  Sauvageons  qu’on  a  gagnés  foi- 
même  fe  trouvant  enfuite  être  tranlplantés  dans  une  terre  pareille  à  cel¬ 
le  où  ils  ont  été  d’abord,  dans  laquelle  ils  produiront  des  racines  &  des 
jets  plus  vigoureux;  car  l’opinion  de  ceux  qui  croyent,  qu’un  arbre, 
tranfplanté  d’une  mauvaife  terre  dans  une  meilleure,  poulTera plus  vigou- 
reufement ,  eft  entièrement  contraire  à  l’expérience ,  puifque  les  Plantes 
font  dans  de  mauvais  Fonds  de  mauvaifes  racines ,  incapables  de  pouffer 
au  deliors  de  bonnes  &  de  vigoureufes  plantes  ;  le  bois  d’en-haut  étant 
grêle,  maigre,  ayant  des  tuyaux  bouchés,  nullement  propres  à  atti¬ 
rer  les  humeurs  qu’il  trouve  dans  de  meilleures  terres,  &  les  faire  monter 
plus  haut,  ^ce  qui  l’empêche  de  croître  d’une  manière  convenable.  Un 
arbre  au  contraire ,  qui  eft  né  dans  ime  bonne  terre,  où  il  a  fait  de  boil- 
nes  racines  &  de  bon  bois ,  tranfplanté  dans  une  autre  bonne  terre ,.  ne 
tardera  pas  à  y  croître,  &  y  pouffera  avec  vigueur.  .  On  dl  de  plus 
affuré^  quand  on  a  une  Pépinière  en  propre,  des  efpèces  de  Sauva¬ 
geons,  &  des  fruits  que  l’on  veut  fe  procurer;  par  où  l’on  ménagé  fon 
tems  &  fa  bourfe,  n’étant  pas  obligé  de  tranfplanter ,  ce  qu’il  faut  fai¬ 
re  quand  on  a  été  trompé  par  un  mauvais  fruit ,  ou  par  une  efpèce  dif¬ 
férente  de  celle  qu’on  avoit  demandée;  ce  qui  n’arrive  que  trop  fouvent, 
lorfque  l’Arborifte  n’a  pas  la  forte  d’arbre  qu’on  defire.  Il  efl  de  plus 
fafuel  chez  les  Arboriftes,  que  le  Sauvageon,  quand  on. l’ente, produi- 


P 


DE  LA  C  AM  P  A  G  NE.  Ss 

îè  précif^ment  &  naturellement  la  même  choie ,  puifqif il  eft  incertain 
quelle  forte  de  fruit,  (doux  ou  aigre,  d’ Hiver  ou  d’£té),il  en  provien¬ 
dra  ;  outre  que  les  Biiiflbns  venus  de  femence  ne  s*y  entent  que  la  qiia- 
■  trième  année,  ce  qui  ell  auffi  caufo  que  quantité  de  fruits  fort  agréables 
le  perdent,  comme  préfentement  la  bonne  Poire  fucrée,  la  Bergamot- 
te  &  la  Pêche  de  Zwol  &  autres,  ne  fe  trouvent  plus  :  car  on  elt  obli¬ 
gé  d’attendre  dix ,  douze  &  plus  d’années ,  pour  avoir  des  fruits  de  fe¬ 
mence,  &  avant  que  de  pouvoir  enter  les  Sauvageons  félon  leurs  efpè- 
ces.  Comme  donc  un  Arborifte  devroit  encore  attendre  quatre  années, 
depuis  le  tems  que  ces  Sauvageons  ont  été  entés ,  pour  pouvoir  les  ven¬ 
dre,  il  n’eft  pas  à  préfomer  qu’il  eftéétuera  jamais  cela:  il  n’attendra  pas 
iion  plus  affez  longtems  pour  lavoir  fi  les  Sauvageons  de  femence  don¬ 
nent  des  fortes  de  fruits  amendées ,  parce  qu’il  s’en  trouve  très  peu  de 
cet  ordre  parmi  les  fauvages  qui  ont  été  femés  :  il  n’entera  jamais  non 
plus  de  nouveau  un  fruit  connu,  quand  il  feroit  alTuré  que  ce  fruit  en 
deviendroit  meilleur ,  d’un  côté  à  caufe  de  la  perte  du  tems ,  &  de  l’au¬ 
tre  parce  que  cela  fait  du  bois  moins  précieux;  ce  qui  confoquemment 
l’empêcheroit  de  s’en  défaire  à  des  acheteurs  ignorans ,  comme  il  s’cn 
trouve  beaucoup ,  parce  que  cet  amendement  ne  fe  voit  pas  à  l’œil.  On 
peut  cependant,  fans  mauvaife  foi  de  la  part  de  l’ Arborifte,  fe  tromper 
'  à  l’égard  d’un  fruit.  Prémierement  lorfqu’il  a  été  lui-même  trompé  tout 
le  prémier,  en  recevant  de  tout  autres  Entes  ou  Grefes,que  celles  qu’il 
avoit  démandées;  car  cela  ne  pouvant  point  être  apperçu  extérieure¬ 
ment  au  bois,  fur-tout  à  l’égard  de  plufieurs  efpèces  étrangères,  il  arri¬ 
ve  qu’il  trompe làns  vouloir  tromper,  &  cela  d’autant  plus  qu’il  attend 
rarement  à  vendre  fos  arbres,  qu’ils  portent  du  fruit.  D’un  autre  cô¬ 
té,  il  fe  peut  fort  bien  que, par  le  labour  de  la  terre  ou  autres  aécidens, 
l’ordre  des  numéro  foit  troublé  &  ne  s’accorde  plus  avec  les  notices 
des  elpèces  qu’on  en  tient;  ce  qui  efi;  caufé  quelquefois  aufil  par  des  mal¬ 
intentionnés  ,  qui  le  font  à  delfein ,  &  même  par  des  propres  Domefti- 
ques ,  fe  propoîant  par-là  de  fe  venger  des  correélions  qu’on  leur  a  fai¬ 
tes  ,  quoique  bien  méritées.  Outre  cela  il  arrive  encore  qu’ils  fe  laüTent 
corrompre  à  ce  fujet  par  d’autres  Arboriftes  :  c’eft  ce  qu’on  peut  éviter 
dans  une  Pépinière  en  propre,  en  gardant  un  regitre  par  rangs,  fans 
être  obligé  d’y  planter  de  petits  piquets  pour  lors  entièrement  inutiles. 

Ayant  donc  confidéré  l’extrême  importance  d’avoir  une  Pépinière  en 
propre,  on  aura  foin  de  choifîr  pour  cela  un  bon  Fond  de  terre,  forté- 
levé  au-deffus  de  Peau ,  autour  duquel  il  doit  fe  trouver  une  Haie  de 

L  2  grands 


.LES  A  G  R  E  M  E  N  S  : 

grands  arbres  de  haute  futaie  &  propres  à  briièr  les  v-ents;  &  comm#, 
cette  Haie  ne  doit  pas  fervir  d’ornement  ,11  n’efl  pas  effentiel  qu’elle  foit 
fort  près  de  la  maifon.  On  n’y  cultivera  pas  les  arbres  à  la  manière  des 
Arborifles,  qui  ne  fe  propofènt  autre  chofè  que  de  les  vendre  à  profit; 
mais  on  tâchera  d’y  aquerir  de  bons  Sauvageons  pourtranfplanterj&de 
fè  procurer  divers  fruits  agréables.  C’eft-pourquoi  il  ne  faut  pas  planter 
trop  près ,  mais  faire  une  telle  difpofition  de  la  Pépinière ,  que  fon  éten¬ 
due  foit  proportionnée  au  nombre  des  Sauvageons  que  l’on  y  veut  pla¬ 
cer;  fiippofant  qu’on  n’entera  aucun  fruitier,  que  ceux  qu’on  juge  Vire¬ 
ment  le  demander  pour  l’amendement  des  fruits  ;  deforte  que  les  Sauva¬ 
geons  de  fèmence  doivent  y  relier ,  fans  être  entés ,  jufqu’à  ce  qu’ils  aient 
porté  du  fruit,  à  moins  que  quelqu’un  defirant  d’avoir  des  fruits  abâtar¬ 
dis  ,  ne  voulût  couper  d’un  Sauvageon  de  femence ,  des  branches  pour 
les  enter  liir  la  même  tige  dont  elles  ont  été  coupées  ;  ce  qui  peut  le  fai¬ 
re  la  quatrième  année.  C’eft  ici  le  lieu  de  parler  de  ce  qu’il  faut  oblèr- 
ver  pour  cultiver  des  arbres  dans  la  Pépinière,  pour  en  faire  en  peu  de 
tems  &  fans  beaucoup  de  peine  des  Plants  propres  pour  être  entés. 

j’ai  traité  dans  le  précédent  Chapitre  de  la  multiplication  de 
femence,  &  des  Plantes  qui  fe  multiplient  ainfl,  mais  je  traiterai  fort 
au  long  dans  le  IIJ.  Chapitre  du  Jecond  Livre  de  la  fécondé  Partie^ 
de  ce  qui  concerne  les  femences  en  général  ,  &  comment  il  faut  s’y 
prendre  en  lèmant,  foit  avant,  foit  pendant, foit  après  le  tems  d’enlè- 
mencer.  Il  eft  nécelTaire  de  plus  qu’on  fâche  arranger,  à  plus  ou  moins 
de  diftance,  les  plantes  félon  leurs  propriétés  particulières,  &  cela  tant 
en  femant  qu’en  tranfplantant  ;  comme  aulïi  le  tems  qu’il  faut  les  tranf- 
planter  après  avoir  été  fèmées,&lefquelles,  après  une  pouffe  d’une  ou  de 
plufieurs  années, foit  qu’elles. foient  venues  de  femence,  de  Marcotte  ou 
bien  de  Sauvageons  de  fouche ,  doivent  être  coupées  près  de  terre ,  pour 
croître  déformais  haut  à  tige  droite,  à  tronc  uni,  &  avec  vigueur,  & 
pour  les  rendre  plus  propres  à  être  entées;  ce  qui  ne  demande  point  d’au¬ 
tre  taille,  que  celle  d’être  coupées,  dans  le  tems  qu’on  ente,  à  la  Iiau- 
teur  requife.  Il  efl  encore  bon  de  favoir,  quelles  fortes  de  plantes  croif* 
fent  mieux,  mifes  à  la  place  d’autres,  &  quelles  font  celles  qui  n’y 
croiffent  pas  comme  il  faut.  11  faut  avoir  foin  à  cet  égard,  en  général, 
de  ne  pas  femer  ou  planter  fuccefTivement  dans  le  même  Fond,  une 
même  elpèce:  les  Cerifiers  &  les  Mérifiers  ont  befoin  du  plus  long  inter¬ 
valle,  car  il  doit  s’écouler  au  moins  dix  ans  depuis  le  tems  qu’on  les 
arrachés,  jufqu’à  ce  qu’on  puiffe  de  nouveau  femer  des  noyaux'  de  Mé- 


87 


DE  LA  CAMPAGNE. 

rifè  dans  cette  terre,  ou  bien  y  planter  de  petits  Cerifiers. 

Les  Arboriftes  fement,  pour  avoir  de  Sauvageons  de  Poirier,  des 
pépins  de  la  petite  Poire  St.  Nicolas;  &  pour  des  Pommiers,  des  pé¬ 
pins  de  la  petite  Pomme  appellée  Klapjlaart  ;  mais  ils  prennent  pour 
enter  de  petits  Pommiers,  en  buiflbn ,  les  Sauvageons  de  fouche  de  la 
petite  Pomme  douce  de, Paradis,  même  pour  y  enter  des  Pommes  ai¬ 
gres,  quoiqu'il  y  ait  aufli  des  Pommes  de  Paradis  aigres.  Les  pépins 
de  Poires  ne  germent  pas  fitôt  que  les  pépins  de  Pommes  ;  c’eft-pour- 
quoi  on  met  dans  du  fable  humide  les  premiers,  k  la  mi-Novembre,  & 
ceux-ci  à  la  mi-janvier  pour  les  faire  germer, &  on  les  femeenfuite  cha¬ 
cun  féparément  au  commencement  d’ Avril  :  après  qu’ils  ont  fait  ainli  ii- 
ne  pouffe  d'une  année,  on  affortit  l’Autonne  lîiivante  les  précoces,  & 
après  en  avoir  rogné  les  tiges  on  les  tranfplante  fur  des  couches ,  lailfant 
ceux  qui  font  plus  minces  &  plus  grêles  encore  un  anàleurplacejlkns  les 
tranfplanter  ;  &  pour  lors  s’il  s’en  trouve  qui  ne  font  pas  de  mife,  on  les 
arrache  pour  les  jetter,  vu  qu’il  n’y  a  rien  à  attendre  de  pareilles  plan¬ 
tes  fautives.  Après  que  ces  petits  arbres  ont  fait  fur  ces  couches  une 
pouffe  d’un  an ,  on  les  coupe  de  nouveau  tout  près  de  terre ,  pour  faire 
avec  plus  de  vigueur  luie  droite  tige,  lefquels  on  ente  après  deux  ans 
près  de  terre ,  après  quoi  on  les  laiffe  pouffer  encore  quatre  années  dans 
ce  même  endroit ,  &  les  Arboriftes  les  vendent  comme  des  arbres  de 
mife:  mais  dans  une  Pépinière  en  propre  on  aura  foin  de  tranfplanter, 
après  avoir  afforti  les  Sauvageons  de  îèmence,  les  petits  arbres,  k  fix 
pieds  de  diÜance  l’un  de  fautre ,  afin  qu’hs  puiffent  porter  du  fruit  a- 
vant  qu’on  les  ente  &  d’y  enter  conféqiiemment  telle  forte  de  fruit , 
qui  ait  du  rapport  avec  les  propriétés  naturelles  des  Sauvageons. 

On  ente  ou  on  grefe  des  Cerifiers  fur  des  Sauvageons  de  Mérifiers  ou 
de  Cerifiers;  ces  derniers,  comme  les  Sauvageons  de  Pommes  de  Pa¬ 
radis  ,  devant  venir  de  Sauvageons  de  fouche ,  &  non  pas  de  noyaux. 

On  feme  les  Mérifes  avec  leurs  noyaux,  on  les  tranlplante  &  on  les 
coupe  aulfi  enfemble,  de  la  manière  qu’il  a  été  dit  des  Poiriers  &  des 
Pommiers.  L’année  fuivante  on  ente  fur  leurs  jets ,  &  l’on  a  appris  par 
expérience,  que  plus  les  tiges,  fur  lefquelles  on  ente,  font  minces , 
quoique  propres  d’ailleurs  k  cette  opération ,  plus  elles  prennent  facile¬ 
ment  racine,  &  réulTiffent  mieux,  au-lieu  que  cela  ell  fort  incertain  à 
l’égard  des  tiges  plus  greffes  :  c’efl-pourquoi  auffi  on  a  coutume  de  les 
gréfer  en  approche.  Il  ne  faut  pas  oublier  cependant,  qu’il  faut  févrer 
les  entes  coupées,  pendant  trois  ou  quatre  fèmaines,  parce  que  celles 


4 


-LES  AGR.EM  E-N.S  . 

qui  ont  été  fraicliement  coupées  &  employées  fur  le  champ,  ne  prennent: 
pas  à  beaucoup  près  fi  facilement.  ‘ 

Les  Pruniers  viennent  naturellement  comme  les  Cerifiers  ,  &  les 
petits  Pommiers  de  Paradis ,  de  Sauvageons  de  louche ,  fur  lefquels  on 
peut  gréfer  fur  la  fin  de  TEté,  ou  bien  dans  le  commencement  de  PAu- 
tonne ,  d’autres  Pruniers ,  Pêchers ,  Abricotiers ,  après  que  dans  le  Printems 
fuivant ,  ayant  été  coupés ,  ils  ont  pouffé  des  tiges  droites. 

Qiiand  on  tranfplante  la  prémière  année  les  Noyers,  les  Amandiers, 
les  Chateigners,  on  les  expofe  au  danger  de  mourir;  c’eflpour  cela  que 
les  Arboriftes  les  plantent  d’abord  fur  des  couches  de  trois  pieds  de  lar¬ 
ge,  à  dix  ou  douze  pouces  les  uns  des  autres,  où  ils  les  coupent  après 
qu’ils  ont  pouffé  pendant  deux  ou  trois  ans ,  &  les  laiffent  pour  lors 
croître  encore  trois  ou  quatre  années ,  avant  que  de  les  tranfplanter. 

.  Après  que  les  Sauvageons ,  foit  de  femence ,  de  Souche  ou  de  Mar¬ 
cottes,  ont  été  plantés,  d’un  manière  convenable,  il  faut  les  entrete¬ 
nir  avec  foin,  les  tailler  peu  ou  point  les  deux  prémières  années,  non 
plus  que  les  arbres  fruitiers ,  fi  ce  n’efl  autant  qu’il  le  faut  à  l’endroit 
de  l’Ente,  laquelle  réuflit  le  mieux  tout  près  de  terre  ,&  cela  pour  deux 
railbns;  prémierement  parce  que  la  fève  fait  les  plus  vigoureux  jets 
ligneux,  près  de  l’Ente;  &  en  fécond  lieu,  parce  que  la  laideur  d’une 
plante  à  bourlet,  fi  il  s’en  trouve  à  cet  endroit,  peut  être  cachée  en  la 
couvrant  de  terre.  11  faut  de  plus  purger  foigneufement  la  terre  de  la 
Pépinière,  des  mauvaifes  herbes;  &  pour  y  mieux  réuflir,  &  avec 
moins  de  peine,  ori  couvrira  la  fuperhcie  de  la  terre  d’un  demi -pouce 
de  vieux  Tan,  ce  qui  empêche  les  mauvaifes  herbes  de  monter,  rend 
la  terre  légère,  &  tient  lieu,  lorfqu’il  efl  pourri,  de  très  bon  engra^. 


D  E  L  A’  A.M  P  A  G  N  E. 


S9 


I-  ^  C  H  A  P  ï  T  RE  VL 

.  ■  i  \ . 

'  "De  là  manière  de  planter  îes  Arbres.  Cc^  qu'on  doit  faire  amnt 

^  après  (pu'' ils  fini  plantés.  >  .  . 

-  ’  • '  ;I  .  .  -  C-  ^  ■  K.  '  ‘  '  !  . 

A  Fin  que  les  Arbres  puifFent  croître  comme  il  faut,  il  ne  fiifEt  pas 
:  que  le  Fond  foit  bien  fouillé,  mais  il  doit  auiïi  avoir  lefté  quel¬ 
que  tems  fans  être  planté,  pour  lui  donner  lieu  de  .s’afïailFer.;  après  cela 
il  faut  niettre  la  terre  au  niveau,  &  y  planter  les  arbres  à  une: même 
profondeur.  Il  faut  çependant,  avant  toutes  chofes,  faire  bien  atten¬ 
tion  aux  propriétés  naturelles  des  arbres  qui  doivent  être  plantés.,  6c  à 
Pattente  qu’on  en  aideforte  qu’en  fait  d’arbres  fiuvages,  on  n’en  plan¬ 
tera  que  des  jeunes  ;  au-lieu  que  les  fruitiers  doivent  être  plus  vieux  & 
d’un  bois  plus  folide, parce  que  la  fertilité  provient  du  mélange  des  huj- 
meurs  qui  montent  en  fève.  Ils  ne  doivent  pourtant  pas  être  trop  vieux, 
quand  on  les  plante,  ni  avoir  des  pores. trop  reflèrrés,  parce  qu’alors 
ils  ne  fauroient  faire  de  jets  propres  à  porter  du  fruit,  il  ne  faut  pas 
non  plus  planter  des  arbres  couverts  de  moufTe,  &  encore  moins  ceux 
dont  la  moufTe  a  été  ôtée,  comme  les  Arboriftes  ont  coutume  de  le  fai¬ 
re  à  l’égard  des  vieux  arbres  qui  ont  ce  défaut,  pour  les  faire  paroitre 
plus  vigoureux;  car  cette,  manière  de  les  nétoyer  nuit  à  l’ècorce  Sc 
empêche  la  poufFe.  • 

11  faut  planter,,  félon  la  fituation  des  Fonds  6c  félon  les  efpèces  d’ar¬ 
bres,  foit  au  Printems,  foit  en  Autonne.  En  général,  on  s’abftiendra 
de  planter  dans  l’arriere-fàifon  des  Marcottes  ou  des  Sauvageons  de  fe- 
mence.,  venus  dans  la  même  année,  parce  qu’ils  n’ont  pas  encore  des 
racines  afFez  fortes ,  puifqu’ils  ne  contraétent  leurs  qualités  ligneufes  que 
dans  le  commencement  de  Septembre,  &  cela  fucceffivement.  jufques 
en  Février;  deforte  qu’étant  plantés  dans  le  mois  de  Mars,  ils  ont  plus 
6c  de  meilleures  racines  pour  prendre  6c  pour  poufFer.  Il  y  a  aufïi  un 
grand  nombre  d’arbres,  plantés  dans  l’arrière-faifon ,  dont  les  racines 
moifîfFént  &  meurent  très  facilement,  fur-tout  quand  on  n’a  pas 
foin  de  les  comprimer  avec  de  la  terre,  parce  que  dans  ce  cas,  elles 
prennent  fbuvent  de  l’air,  ou  fe  gelent,  ce  qui  efl  encore  pire:  c’eft 
ce  qu’on  remarque  à  l’égard  des  Ypréaux ,  des  Pêchers ,  des  Ceri- 
iiers,  &c. 

.  fartie  L  M  On 


^  LES  AG  R  E  M  E  N  S 

.  On  ne  plantera  jamais  en  Autonne  dans  des  Fonds  Ixis-  &  humides  ^ 
parce  que  les  racines  y  périlTent  très  fouvent  par  une  trop  grande  quan¬ 
tité  d’eau,  ou  par  une  forte  gelée:  mais  les  arbres  qui  font  âgés,  &qui 
font  pourvus  d’une  quantité  lüffifante  de  racines  ligneufes ,  peuvent  ê- 
tre  plantés  en  Autonne,  dans  des  Fonds  élevés,  ou paffablement  fecs, 
&  cela  vers  la  fin  du  Mois  d’Odobre,  ou  au  commencement  de  No¬ 
vembre:  car  alors  la  terre  ell  plus  ferrée,  deforte  que  le  Printems  fui- 
vant  ils  croiflent  mieux  &  ne  prennent  plus  d’air  :  outre  que  les  racines 
ligneufes  pouffent  fouvent  des  racines  qui  germent.  On  peut  aufll  tranf- 
planter  fans  aucun  rifque  les  arbres  en  Autonne  ,  parce  qu’alors  il  ref* 
te  très  peu  de  feve  dans  le  bois  fupérieur:  c’eft  ce  que  donne  à  con- 
noître  la  chute  des  feuilles  des  arbres,  qui  ne  verdiffent  point  en  Hi¬ 
ver  ;  l’affluence  des  humeurs  étant  plus  grande  dans  des  Fonds  fecs,que 
dans  les  humides, moindre  dans  des  plantes  à  pores  fort  ferrés, que  dans 
celles  qui  les  ont  plus  ouverts;  ce  qui  fait  que  pour  tranfplanter  les  ar¬ 
bres  on  peut  les  arracher  d’un  Fond  bien  plutôt  que  d’un  autre,  &  qu’on 
tranfplante  les  arbres  qui  verdiffent  en  tout  tcms,  bien  plutôt  que  ceux 
qui  font  fans  feuilles  pendant  l’Hiver. 

Dans  tous  les  tems  propres  à  planter,  foit  au  Printems,  foi t  en  Au¬ 
tonne,  on  profitera  d’un  tems  fec,  lorfque  la  terre  efi:  molle,  moins 
rafiemblée  en  mottes,  6c  plus  facile  à  fouiller;  car  une  terre  raffemblée 
en  mottes,  comme  cela  arrive  toujours  pendant  la  pluie  ou  lorfqu’il  y 
a  de  la  neige,  ne  fauroit  embraffer  comme  il  faut  les  racines,  ce  qui 
fait  qu’il  refie  des  cavités  autour  d’elles ,  qui  font  extrêmement  nuifî- 
blés,  parce  que  l’air  qui  s’y  trouve  renfermé,  les  fait  moifir  pourrir: 
outre  qu’il  arrive  aufli  que  les  racines  s’y  deffèchentjau-lieu  d’aitirerde 
riiumidité;  mais  il  efi  très  avantageux  qu’il  faffe  dabord  après  avoir 
planté ,  une  forte  &  pénétrante  pluie ,  car  une  telle  pluie  joint  exaéle- 
ment  la  terre  avec  les  racines. 

On  arrachera  avec  beaucoup  de  prudence  les  arbres  qu’on  a  deffein 
de  tranfplanter,  &  on  les  plantera  avec  beaucoup  de  racines,  le  moins 
bleffées  ou  rompues  qu’il  fera  polfible,  ayant  foin ,  lorfqu’il  s’agit  de  les 
tirer  de  fa  propre  Pépinière,  <Sc  qu’ils  font  plantés  fort  près  les  uns  des 
autres,  de  ne  pas  les  détacher  tout-à-fait  dans  leur  circuit,  de  peur 
d’endommager  les  arbres  plantés  dans  leur  voihnage  ;  deforte  qu’après 
avoir  emporté  tout  autour  du  pié  un  peu  de  terre ,  on  le  découvrira  à 
moitié,  on  le  détachera, (Sc  on  l’arrachera  infenfîblement  avec  la  màin, 
fanS'  bleffer  les  racines.  C’efi  la  meilleure  méthode  pour  conferyer  les 


DE  LA  CAMPAGNE. 


farines  des  arbres  voifîns,  &  ne  pas  les  retarder  dans  leur  pouflê.  Ceft 
à  quoi  les  Arboriftes  ne  font  pas  aflez  d’attention  :  il  leur  importe  peu 
5iue  les  racines  des  arbres  voifins  Ibient  endommagées,  parce  qu’ils  les  ar¬ 
rachent  pareillement  pour  les  vendre  :  deforte  que  fi  on  achète  de  leurs 
arbres ,  on  aura  grand  foin  qu’ils  conlèrvent'  beaucoup  de  racines. 

En  traitant  dans  le  Chapitre  précédent  de  la  nécelTité  d’avoir  une  Pé¬ 
pinière  en  propre ,  on  a  compté  parmi  les  avantages  qui  en  réfultent , 
la  commodité  de  pouvoir  tranlplanter  tout  d’un  coup  les  arbres,  fans 
laifler  à  l’air  &à  la  gelée  le  tems  d’en  delTècher  ou  d’en  corrompre  les  ra¬ 
cines  :  c’eft-pourquoi  il  efi:  néceflaire  de  planter  incelfamment  les  arbres 
^u’on  a  arrachés,  pourvu  qu’on  ait  foin  avant  tout  de  bien  laveries  raci¬ 
nes  avec  de  l’eau ,  pour  en  détacher  la  terre  &  les  petites  mottes  qui  y 
tiennent ,  comme  aufll  de  faire  tremper  quelques  heures  les  racines  elles- 
mêmes  dans  l’eau,  pour  les  faire  gonfler,  au  cas  qu’elles  foient  deflé- 
chées ,  &  de  tailler  enfuite  le  bois  fupérieur  des  arbres  fruitiers  ;  on  ap¬ 
pelle  chez  nous,  arbres  à  haute  tige,  ceux  fous  lefqiiels  il  ne  croit  ni 
herbe  ni  blé,  qui  ont  cinq  pieds  de  haut;  ce  qui  fuflit  pour  faire  de 
bons  arbres  à  haute  tige:  mais  dans  les  Vergers  où  il  croit  de  l’herbe, 
ou  dans  les  champs ,  on  laifle  le  tronc  de  fîx  ou  de  fix  pieds  &  demi.  On 
efl;  revenu  des  arbres  à  demi-tige,  &  l’on  ne  voit  plus  perfonne  tant  foit 
peu  entendu ,  qui  en  plante.  La  meilleure  métliode  à  l’égard  des  arbres 
nains,  pour  être  plantés  en  Elpalier,efl:de  ne  leur  laifler  qu’un  jet,  qu’on 
coupe  tout  prè5  de  terre,  au  defliis  de  l’endroit  de  l’Ente  ou  de  la  Gre- 
fe,  afin  qu’ils  pouffent  de  nouveau  une  tige  droite,  d’où  fortent  de  tous 
les  côtés  les  branches:  on  coupe  les  racines  à  proportion  de  la  taille  dont  ' 
il  a  été  parlé  dans  le  prémier  Chapitre  de  ce  Livre  ;  le  refte  qui  regarde 
ia  taille  fe  trouvera  dans  le  Juivant  Chapitre  VIIL 

11  faut  prendre  pour  une  règle  générale,  quant  à  la  manière  de  piano¬ 
ter  des  arbres  fruitiers  à  haute  tige ,  de  ne  pas  cJiôifir  pour  cela  des  efl 
pèces  qui  produifènt  des  fruits  extraordinairement  gros  ;  parce  qu’étant 
extrêmement  expofés  aux  vents,  ils  tombent  &  fe  bleflent  ainfi,  en 
tombant  de  haut,  aulTi  bien  que  par  leur  propre  poids.  11  ne  faut  pas 
non  plus  planter  des  arbres  à  haute  tige,  qui  ne  poiiflent  pas  des  jets 
-d’un  bois  vigoureux ,  &  qui  font  naturellement  des  arbres  médiocres , 
ou  qui  font  fujets  au  chancre;  fur-tout  on  ne  fe  fervirapas  de  ces  derniers 
pour  des  Haies ,  car  une  branche  gangrénée  défigurera  entièrement  un 
arbre  planté  contre  une  Muraille ,  contre  une  Haie  ou  une  Cloifon.  Com¬ 
me  l’on  ignore  de  quelle  manière  croiflent  les  arbres  fruitiers  étrangers 
^  M  2  ‘  & 


pi  '  ■  'iE'S'ÎA-G'FL-EMÈÎ^S' 

\  r  *  ‘  *  » 

&  inconnu?  5  on  y,  plantera  des  ârbresinains,  auxquels  oh  peut  faire  fànS 
rifque  la  taillé  d’Eïé ,  pour  les  rèhdre  plus  hâtifs  à  porter  du  fruit. 

On  ne  plantera  jamais  contre  des  Murailles  ou  des  Cloifons,  qui  font 
expofées  au  Nord ,  &  fur-tout  quand  le  côté  du  Midi  dans  fon  propre  Jar¬ 
din  eft  planté  ;  lés  fruits  pouvant  à  peine  dédommager  du  travail^Sides  dé- 
penfes  en  doux  &en  Ofier, outre  que  Ton  confurhe  par-là  la  nourriture 
jiécefTaire  aux  arbres  plantés  dans  Texpofition  du  Midi.  Si  malgré  cela  on 
vouloit  le  faire,  on  plantera  pour  uvoir  plus  de  chaleur  y  k  racine  aufîi 
loin  qif il  eft  polfible  de  la  muraille ,  de  telle  façon  pourtant  que  Textré- 
mité  de  TElpalier  coupé  ateigne  à  la  muraille;  mais  on  aura  foin,  quand 
on  plante  des  Efpaliers  au  Nord  contre  des  Cloifons,,de  pofèr  lés  arbres 
perpendiculairement,  &  leurs  racines  auffi  près  de  laCloifon  qlfil  ef  pof- 
lible,  pour  recevoir  ainfi  plus  dé  chaleur  du  Midi:  on  plantera  tout  aà 
contraire  au  Midi  obliquement  les  arbres ,  enfbrte  que  léiirsTacines  foient 
à  une  certaine  diftance  de  la  doifon,  de  la  même  manière -qif il  a  été 
dit  tout-k-fiieure  des  Efpaliers  contre  des  Murailles  au  Nord  ;&  afin  que 
celles-ci  lôient  moins  exjxifées  à  Tardcur  des  rayons  du  Soleilg  ori  ks 
plantera  auffi  lin  peu  plus  avant  en  terre.  i  .  •  ' 

Les  arbres  plantés  fiir  une  fupérficie  unie  ont  befoin  que  le -Soleil'  re- 
f  haufe  leurs  racines  :  ckft-pourquoi  il  ne  faut  pas  les  mettre  fi  aéànt 
en  terre,  il  fiifiit  que  les  racines  fupérieures  foient  couvertes  de -deux 
pouces  de  terre:  mais  il  faut  bien'diftinguer  fi  Ton  plante  dans  des  Fonds 
forts  ou  légers  ,  marécageux,  de  Tuf,  ou  bitumineux  ;  ou' fi  l’on 
plante  dans  l’endroit  où  fon  a  arraché,'  ou  bien  où  font  morts  des  car- 
bres,  dont  on  s’eft  contenté  uniquement  de  fouiller  profondément  les 
Toflés.  Les  Fonds  fort  fouillés  en  qiiarré  baiffent  également ,  &  cela  tant 
ceux  qui  font  plantés,  que  ceux  qui  ne  le  font  point;  mais  les  arbres  plan¬ 
tés  dans  des  folles  baifiént  uniquement  à  cet  endroit,  fans  que  la  terre 
qui  n’a  pas  été  fouillée  s’afîailTe  :  la  même  chofo  arrive  naturellement  aux 
arbres,  à  mefure  qu’ils  grôlfilTent,  par  leur  poids;  dans  des  Fonds  lé¬ 
gers;  c’eft-pourquoi  on  les  plantera  dans  des  fo fies  plus  élevées  que  le 
Fond,  &on  couvrira  le  pied  de  terre:  dans  peu  d’années  ces  élévations 
bailTeront  au  niveau  de  terre-,  »Se-pour  lors  les  arbres  feront  plantés 
comme  il  faut.  11  faut  de  plus  couvrir  la  prémière  année  ces  petites  é- 
lévations  avec  quelque  forte  de  moulfe,  ou  de  verdure  d’eau,  pour  les 
garantir,  de  l’ardeur  du  Soleil  ou  de  la  fécherefie;  &  avoir  grand  foin 
par  tout  qu’il  ne  s’introduife  jamais  aucune  de  ces  verdures  fous  les  raci¬ 
nes  des  arbres,  parce  qu’en  le  poiirriiTant  elles  fe  ferrent  fi  fort,  que  les 


D  Z  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E. 


P3 

;lrbres  en  peu.  d’années  fe  trouveroient  plantés  beaucoup’ trop  bas.  Non 
lèulement  il  eft  bon,  pour  ce  qui  regarde  la  manière  de  planter  des  ar¬ 
bres  fruîtiers,  mais  il  elt  aulli  nécelfaire  dans  les  Fonds  bas,  de  mettre 
dans  de  fortes  terres  grafles,  de  fable, ou  marécageufes ,  du  gravier  groF 
fier  fous  leurs  racines ,  &  dans  des  terres  légères  &  poreufes ,  un  morceau 
d’une  large  planche,  fur  laquelle  il  fitut  mettre^  trois  ou  quatre  pouces 
de  terre,  dans  laquelle  entrent  les  racines,  car  pour  lofs  la  racine  prin^ 
cipale  fe  trouvant  arrêtée  par  le  gravier  ou  par  la  planche,  fera  obligée 
de  pouffer  plus  vers  le  haut  des  racines  latérales.. 

il  faut  fouiller  avant  l’Hiver  fort  en  profondeur  &en  largeur,  la  place 
:d’où  l’on  a  arraché  des  arbres , .  &  fur-tout  celle  où  il  en  eft  mort,  &  la 
laiffer  à  découvert  tout  l’Hiver  jufques  au  Printems  qu’on  vteut  planter.; 
•auquel  teins .011  garnira  les  foffeS  d’une  terre  fraîche  qui  n\a  jamais  fervi, 
&  on  ÿ  plantera  enfuite  une  autre  efpèce  d’arbre,  différente  de  celle 
qifon  y  a  arrachée  ou  bien  de  ceux  qui  y  font  morts-.  .  "  ‘ 

Avant  qu’on  retire  de  la  Pépinière  les  .arbres  qu’on  doit  planter,  il 
-faut  obferver  leur.expofition,  allnid.e  les  mettre  de  la  même  manière  en 
les  tranfplantant,  &  l’on  fera  aulîi  enforte  que  le  côté  où  il  y  a  le  plus 
de  racines ,  fôit  expoféi  aux  :vents  lès  plus  furieux  fi  cependant  ces  deux 
cliofès  ne-pouvoient  pas  fùbfifler  enfemble,  on  préférera,  quant  auxar- 
bres  fruitiers,  la  dernière  à  la  prémière. 

Suppofant  de  plus. qu’on  ne  plantera  jamais  que  dans  un  bon  Fond  de 
-terre,  on  n’a  aucun  befoin  de  fümicr,  qui  eft  même  nuifible  aux  jeunes 
.arbres,  mais  on  garnira  les  cavités,  qui  font  auprès  de  leur  racines, 
d’une  bonne  &  légère  terre  fablonneufe ,  qifon  aura  foin  d’y  mettre  a- 
-vec  la  main  :  on  lecouera  aulfi  fort  doucement  ces  arbres  de  bas  en  haut 
,  &  de  haut  en  bas,  afin  que  les  racines  fe  joignant  avec  cette  légère  ter- 
ire,  il  ne  refte  parmi  aucune  particule  d’air. 

On  plantera  dans  de  fortes  terres  gralfes  les  Poiriers  &  les  Pommiers 
.  à  haute  tige ,  à  la  diftance  de  trente-fix  pieds ,  dé  telle  manière  pourtant 
qu’au  milieu  de  quatre  Poiriers ,  ou  Pommiers  à  haute  tige  &  à  large 
couronne,  on  y  en  place  un  cinquième,  d’une  efpèce  differente  des 
quatre  autres;  mais  celui-ci  doit  pouffer  une  plus  haute  tige  &  une  coi>* 
;ronne.  moins  étendue.  On  plante  dans,  des  terres  plus  légères,  à  la  dif¬ 
tance  de  trente-deux,  trente  ou  vingt-huit  pieds,  au  milieu  defquels  on 
plante  encore  en  buiffondes  Pommiers,  Poiriers ,  Ceriflers ,  Pruniers, 
Abricotiers  jMeuriers,  Coignafîiers ,  &c.  cela  .ne  doit  fe  faire  cependant 
que  jufques  k  ce  que  les  arbres  k  haute  tige  couvrent  de  leur  couronne 

-  ■  M  3  '  tout 


P4.  LESAGREM  EN  S 

tout  le  Fond:  car  pour  lofs  on  y  cultiveroit  envainjn’y  ayant  aucun  feuil¬ 
lage ,  encore  moins  de  fruits  qui  puiflent  croître  jlorfqii’ils  font  privés  d’air 
&  fiijets  a  recevoir  la  pluie  goûte  à  goûte  fous  les  arbres.  On  plante  auf- 
li  tout  d’abord  ordinairement  dans  de  fortes  terres ,  parmi  les  arbres  en 
buifTon,  des  Grofeillers,  ou  autres  arbrifleaux  qui  portent  fruit. 

Les  Pommiers  &  les  Poiriers  à  haute  tige,  pourvu  qu’on  en  coupe  les 
couronnes ,  ne  fe  relTentent  pas  du  vent  ;  &  comme  leurs  racines  s’affer- 
miflent ,  à  mefure  que  leurs  branches  croiflent ,  il  eft  fort  rarement  né- 
ceflaire  de  les  appuier  d’un  pilier;  mais  quand  cela  eft  néceflaire,  il  faut 
avoir  grand  foin  qu’il  ne  frotte  en  aucim  endroit ,  &  qu’il  ne  blefle  ;  & 
c’eft  pour  cela  qu’on  le  placera  à  une  certaine  diftance,  garni  de  paille 
à  l’endroit  de  la  ligature. 

.  Si  l’on  a  deflein  de  planter  autour  d’un  Verger ,  pourfervir  de  répa¬ 
ration  ou  d’ornement,  une  Haie  tondue ,  d’Epine ,  deHoux,d’If  ou  de 
Troene,  &c.  il  faut  du  moins  qu’elle  foit  à  fix  pieds  de  diftance  des 
bords  de  l’eau,  afin  que  ces  bords  ne  foient  pas  endommagés  par  le  tra¬ 
vail  qu’on  eft  obligé  de  faire  à  la  Haie, pour  la  tondre  &  pour  l’entrete¬ 
nir. 

Pour  ce  qui  regarde  encore  la  diftance  des  Eipaliers,  foit  en  Haie, 
foit  contre  des  Murailles  ou  contre  des  Cloifons ,  comme  aulTi  ce  qu’on 
doit  faire  en  plantant  des  arbres  en  buiflbn  &en  plein  vent; voyez  l’en¬ 
droit  où  l’on  traite  de  chaque  efpèce  en  particulier.  J’ai  montré  pareille¬ 
ment  dans  le  fécond  Chapitre  du  prémier  Livre  ^  que  les  arbres  fauva- 
ges  doivent  être  plantés  félon  leurs  efpèces ,  plus  ou  moins  près  les 
uns  des  autres ,  &  chaque  efpèce  enfemble  fans  aucun  mélange. 

Pour  hâter  la  pouffe  des  arbres  plantés ,  on  aura  grand  foin  de  pur¬ 
ger  la  terre  des  mauvaifes  herbes ,  &  de  brifèr  de  tems  en  tems  les  Fonds 
de  terre  graffe,  en  prenant  bien  garde  de  ne  pas  bleffer  les  racines;  & 
cela  non  feulement  afin  que.  les  rayons  du  Soleil  puiffent  les  rechauf¬ 
fer  d’une  manière  égale,  mais  auffi  afin  que  les  arbres  (la  fuperficie  é- 
tant  rendue  plus  douce  &  plus  légère  par  ce  moyen)  y  puiffent  pouffer 
de  meilleures  racines.  Rien  n’eft  au  relie  plus  pernicieux,  que  de  re- 
hauffer  la  terre  autour  du  tronc  avec  les  feuilles  qui  en  font  tombées, 
parce  que  cela  y  produit  une  fermentation  qui  corrompt  l’écorce;  étant 
même  infiniment  meilleur  &  plus  utile ,  de  déchaüffer  tout  autour  vers 
l’Hiver  les  troncs  des  vieux  arbres,  afin  de  rendre,  par  le  moyen  de  l’air 
de  la  neige  &  de  la  pluie,  les  racines  fupérieures  qui  font  découvertes, 
plus  fertiles,  &  de  les  faire  pouffer  plus  vigoureufementr 

CHÂ- 


t 


DE  LA  CAMPAGNE 


P? 

CHAPITRE  VIL 

De  la  manière  tenter  ^  ie  gréfer^  £5?  de  gréfer  en  approche. 

ON  ente,  on  grefe ,  &  grefe  en  approche ,  afin  que  les  Sauva¬ 
geons,  qui  ne  portent  que  des  fruits  fàuvages,  en  produifent  de 
plus  gros, de  meilleurs  &  de  plus  agréables, &  pour  en  avoir  parce  mo¬ 
yen  de  différentes  fortes:  outre  que  cela  produit  aufli  plus  de  fertilité; 
vu  que  la  fève  arrêtée  dans  fa  circulation  par  TEnte  &  par  le  mélange  des^ 
pores,  fè  mêle  aufli  beaucoup  mieux.  Cette  fève  peut,  au  refte,  être 
aulîi  trop  arrêtée  dans  fa  circulation;  car  elle  ne  monte  pas  fiiffifamment, 
ni  comme  il  faut ,  s’il  arrive  que  la  confufion  efi:  trop  grande ,  ou  que 
les  pores  font  trop  refferrés;  ce  qui  rend  le  bois  grêle,  maigre  &  incapa¬ 
ble  de  produire  de  bons  fruits.  C’eft  ce  qui  arrive  quand  on  ente  fur  des 
Sauvageons  contraires  à  la  nature  del’Ente,  à  peine  prennent-ils;  &  la 
même  chofe  arrive  pareillement  à  toutes  fortes  de  fruits, dont  on  ente  ou 
dont  on  grefe  trop  fouvent  les  arbres.  11  y  a  des  perfonnes  qui  croient 
qu’en  coupant  les  fortes  racines  des  Sauvageons  abâtardis ,  &  par  la  taille 
des  racines  en  général,  on  peut  les  rendre  plus  francs,  &  leur  faire  pro¬ 
duire  de  meilleurs  fruits  ;  mais  c’eft  ce  que  je  n’ai  jamais  pu  vérifier  :  je 
crois  au  contraire ,  que  ceux  qui  proviennent  de  femence ,  fans  être  en¬ 
tés,  produifent  par  le  moyen  de  la  taille  des  racines,  de  bons  &  d’a¬ 
gréables  fruits,  en  produiroient,  fans  cette  taille,  de  la  même  efpèce; 
car  c’eft  ainfî  que  toutes  les  différentes  e^èces  font  venues  de  femence. 

Les  Anciens  ont  jugé  qu’il  étoit  néceflaire,  pour  faire  réuffir  les  En¬ 
tes  ou  les  Grefes , que  les  écorces  des  Entes,  &  celles  des  Sauvageons  fiir 
lefquels  il  s’agiffoit  d’enter,  fuffent  d’une  même  ftrudure,  comme  on  peut 
le  voir  àmsColimieïle  de  re  ruJlicaLib.V.Cap.  10.  mais  je  fuis  furprisque 
répétant  la  même  chofe  dans  le  XXFL  Cbap.  de  jdrhorihus^  il  foit  oppo- 
fé  dans  le  XXVIL  Cbap.  à  ce  fentiment  conftant  &  général  des  Anciens, 
Mon  expérience  ne  demande  pas  feulement  dans  ce  cas  une  convenance 
entre  les  écorces,  mais  auffi  qu’il  n’y  ait  aucune  contrariété  dans  la  na¬ 
ture  des  plants ,  qu’on  doit  enter  ou  grefer  ;  car  lorfque  cela  arrive  par 
hazard,  l’Ente  ou  la  Grefe  ne  prendra  point,  ou  fera  un  arbre  fort  noué, 
qui  dans  la  fuite  périt  infenfiblement,  fans  produire  de  bons  &  d’agréa- 


96  L  E  S  A  G  R  E  M  ENS  :  .  ^ 

blés  fruits.  Cefl  pour  cela  même  que  je  deraprouvc  tout-k-falt  ces  mo¬ 
des  Ongulières  d’enter  des  Pommes  fur  des  Poires ,  “comme  aulfi  fur  de5> 
Meuriers,  fur  des  Vignes, des  Noyers,  des  Saules , &c.  confidérant mê¬ 
me  comme  une  pure  fable,  ce  que  Pline  (Sc  d’autres  dilènt,  favoir 
qu’ils  ont  vu  un  lèiil  &  même  arbre  produire  en  même  tems  des  Pom¬ 
mes,  des  Poires,  des  Pêches,  des  Railins,  &  des  Noix.  .v.  '  . 

J’ai  dit,  en  traitant  dans  le  V Cbap.  de  ce  Livre ^  de  la  Pépinière, 
qu’il  èft  très  peu  fur  que  les  Arboriftes  .fe  fervent  de  bons.  Sauvageons 
qui  ne  font  pas  naturellement  contraires  entr’eux,  &  qu’à  caufe  de  cela 
je  jugeois  qu’il  étoit  très  effentiel  d’avoir  une  Pépinière  en  propre. 
Cette  difconvenance  des  Sauvageons  entre:  eux,  quoique  plus  ■  ou 
moins  grande,  n’eft  pas  toujours  extérieurement  viüble^  car  Texpérien- 
ce  apprend ,  qu’il  y  en  a  qui  fe  reffemblenti  extériéurement ,  &  qui  ce¬ 
pendant  ne  prennent  point,  ou  bien  difficilement,  après  les  avoir  en¬ 
tés  ou  gréfés,  6c  qui  dans  la  fuite  ne  poulTant  que  très  peu,  font  un 
arbre  fort  maigre  &  fort  grêle  :  tandis  que  la  grefè  des  autres ,  à  mefure 
qu’elle  pouffe,  groffit  davantage  que  le  tronc,  ou  fait  groflir  ce  tronc  à 
proportion  de  là  propre  groffeur.  C’eft  ce  qui  arrive  aux  Limonniers ,  65 
encore  plus  aux  Citronniers  gréfés  fur  des  Orangers,  ou  bien  à  des  O- 
rangers  Eir  des  Limonniers,  comme  auffi  aux  Pommes  douces  entées  fur 
des  aigres,  ou  bien  aux  aigres  fur  des  douces.  Afin  donc  de  cultiver  a- 
vec  fuccès  des  fruits  à  pépins,  on  n’ente  ou  on  ne  grefepas  feulement  des 
Pommes  fur  des  Pommes  &  des  Poires  liu*  des  Poires;  mais  aulfi  de 
l’aigre  ffir  de  l’aigre,  &  du  doux  fur  du  doux; du  fruit  d’Eté  fur  du  fruit 
d’Eté,  &  du  fruit  d’Hiver  fur  du  fruit  d’Hiver;  du  fruit  qui  a  beaucoup 
d’eau  fur  celui  qui  en  a  pareillement  beaucoup,  6c  du  fondant  6c  du 
caffant  chacun  fur  fon  elpèce.  < 

11  en  eft  tout  autrement  des  fruits  à  noyau  ;  car  on  ne  les  grefe  point 
fur  la  mêmeefpècede  Sauvageons,  parce  que  dans  ce  cas  ilsprendroient 
fort  difficilement  :  c’eft  pour  cela  qu’on  ne  grefe  jamais  des  Abricots  fur 
des  Sauvageons  de  cette  elpèce  venus  de  noyaux,  mais  fur  des  Sauva¬ 
geons  de  louche  de  Pruniers,  ou  bien  de  Sauvageons  venus  de  noyaux  de 
Prunes.  On  grefe  pareillement  avec  beaucoup  plus  de  fuccès  dans  ce 
Païs  furies  petites  Prunes  bleuâtres ,  les  Pêches,  qu’on  grefe  en  France 
lür  des  Amandes;  étant  certain  par  l’expérience,  que  l’écorce  des  Pê- 
chers  elf  contraire  à  l’écorce  des  gros  Pruniers  blancs,  fur  lesquels  ils  ne 
prennent  point  ou  difficilement.  Ces  Sauvageons  de  foiiçhe  font  au 

con- 

*  HilL  Nat.  Lib.  XVH.  Cap.  18.. 


DE  LA  CAMPAGNE. 


contraire  les  plus  naturelles  pour  la  Grefe  d’AbricotSjau-lieu  que  les  Sau¬ 
vageons  de  fouche  de  la  petite  Prune  bleuâtre  ne  s’accordent  pas  enlèm- 
ble.  Il  s’enfuit  de  ces  qualités  contraires  &  femblables ,  qu’il  ne  faut  jamais 
gréfer  des  Pêches  fur  des  Sauvageons  de  fouche  de  Pruniers ,  fur  lesquels 
on  a  gréfé  des  Abricots  ;  ce  qui  le  pratique  cependant  par  des  ignorans , 
qui  apprennent  alors  trop  tard,  que  le  Pêcher  gréfé  fur  l’Abricotier, 
ou  l’Abricotier  hir  lequel  ell  gréfé  la  Pêche,  périt,  &  qu’il  pouffe  des  jets 
par  les  racines.  On  peut  cependant,  pour  rendre  plus  précoces  &  plus 
fertiles  des  Pêchers,  les  gréfer  llir  des  Abricotiers  gréfés  auparavant  fur 
des  Pruniers ,  quoiqu’à  cet  égard  il  y  ait  grande  différence  dans  les  ef 
-pèces:  car  fi  on  lè  fervoit  pour  cet  ufage  ae  l’Abricot  blanc,  on  trouvc- 
roit  qu’il  ne  croîtroit  que  peu  ou  point;  c’eft-pourquoi  on  y  employera 
•Je  petit  Abricot  tiqueté, 

Il  faut  auffi,  quand  on  ente  ou  qu’on  grefe  dans  des  Saifons  conve- 
inables ,  faire  attention  au  tems.  On  n’entera  &  on  ne  gréfera  point  en 
•approche ,  &  lür-tout  on  ne  gréfera  point  lorfqu’il  fait  du  brouillard  ou 
de  la  pluie ,  parce  que  la  moindre  humidité  qui  s’introduit  entre  le  bois 
l’écorce,  fait  mourir  la  Grefe.  Rien  cependant  n’eft  plus  convena¬ 
ble  pour  cela  qu’une  année  pluvieufe,  pourvu  que  pour  l’opération  on 
profite  d’un  tems  fec  ;  &  c’eft  aufil  pour  cela  que  dans  des  Etés  fort  lècs, 
on  arrofè  quelquefois  les  Sauvageons,  fur  lefquels  on  doit  gréfer.  Mais 
-le  tems  le  plus  propre  à  cette  opération ,  eft  un  tems  fec  &  chaud  ;  & 
•plus  on  le  fait  promptement,  pourvu  cependant  qu’on  ne  précipite  rien, 

’  .mieux  il  en  eff ,  afin  que  la  petite  écorce  n’ait  pas  le  tems  de  fe  deffé- 
-cher  dans  la  main. 

Les  Outils  dont  on  fe  fert,  pour  enter,  gréfer,  &  gréfer  en  appro¬ 
che,  font  de  petits  Cifeaiix,  une  petite  Scie  bandée,  de  petits  Gréfoirs, 
qui  doivent  être  bien  nets  &  bien  affilés. 

Comme  il  faut  avoir  grand  foin  de  tenir  entièrement  à  l’abri  de  l’air 
ce  qui  a  été  enté ,  gréfé,  &  gréfé  en  approche ,  &  empêcher  que  l’eau  n’y 
pénètre,  on  enduira  la  Grefe  de  jonc  de  Mofcovie,&  on  couvrira  bien 
exaélement  avec  de  la  cire  par  le  liant  &  par  les  côtés,  les  jointures  du 
Sauvageon  à  l’endroit  où  il  aura  été  gréfé.  On  peut  fe  fervir  pour  ce¬ 
la,  à  peu  de  fraix  &  fur  le  champ,  du  fuif  indiqué  ci-après:  celui  dont 
on  fe  fert  pendant  l’Hiver,  eft  compofé  de  quatre  livres  de  la  meilleure. 
Corée  bien  fondue  &  bien  mêlée  avec  une  demi-livre  d’huile  de  navette  ; 
mais  comme  celui  dont  on  fe  fert  en  Autonne  doit  avoir  plus  de  confîf 
tance,  on  prend  alors  fur  les  quatre  livres  de  Corée, trois  huitièmes  d’u- 
fartie  L  N  ne 


pS  LESAGREMENS 

ne  livre  d’Iiuile  de  navette ,  &  cela  afin  que  la  chaleur  du  Soleil  ne  lô' 
fafle  pas  fondre  &  diililler  fi  facilement.  On  doit  bien  prendre  garde, 
au  refte ,  quand  on  fond  &  quand  on  mêle  ce  fuif,  qu’il  ne  caufe  quel¬ 
que  incendie,  étant  fort  fujet  à  monter  lorfqu’il  eft  îlir  le  feu  ;  c’eft-pour- 
quoi  l’on  aura  foin  de  ne  pas  le  faire  bouillir  fur  un  feu  à  grande  flam¬ 
me ,  &  de  ne  pas  le  perdre  un  feul  moment  de  vue;  un  petit  pot  de  mé¬ 
tal  ou  de  fer ,  efl  beaucoup  moins  dangereux  qu’un  de  terre  ;  ainfi  l’on 
fera  bien  de  s’en  fervir  préférablement  :  on  en  mettra  après  cela  chaque 
fois  autant  qu’on  en  aura  befoin  dans  un  petit  poêlon  de  cuivre  à  queue: 
on  le  fera. chauffer  à  une  chaleur  tempérée,  &  on  en  graiffera  l’entaille 
avec  un  pinceau  ;  car  étant  trop  chaud ,  il  feroit  retirer  l’écorce  tout  au¬ 
tour  de  la  fente,  &  cauferoit  par  cela  même  un  grand  inconvénient  au 
bourlet.  J’ai  appris  par  mon  expérience  que  c’eft  là  le  meilleur  fuif,  & 
qu’il  n’efl  point  du  tout  nuifîble ,  commue  l’efl  fouvent  celui  qui  efl  com- 
,  pofé  de  poix,  &  principalement  en  l’appliquant  aux  Cerifîers  &  aux 
Poiriers , lefquels  il  rend, par  defllis  &  à  côté  de  la  fente,  fujets  à  de  pe¬ 
tits  chancres ,  &  les  fait  mourir  par  la  cime. 

Ayant  traité  ainfi  en  général  de  la  manière  d’enter,  gréfer,  &  gré- 
fer  en  approche ,  je  pafle  à  chacune  de  ces  chofes  en  particulier. 

On  nomme  proprement  enter,  ce  qui  fè  pratique,  quand  on  intro¬ 
duit  dans  une  fente  faite  dans  le  bois ,  un  rejetton  d’un  an ,  coupé  d’un 
autre  arbre  fruitier,  les  rejettons  d’un  an  propres  à  porter  étant  les  meil¬ 
leurs  pour  cela.  C’efl;  ce  qui  fc  pratique  aiijourdhui  à  l’égard  des  Pom¬ 
miers  &  des  Poiriers  à  haute  tige ,  de  même  qu’à  l’égard  deS  jeunes  Ce- 
rifiers  &  Mérifîers.  L’on  entoit  pareillement  autrefois  de  vieux  Mé- 
rifiers  &  Cerifiers ,  comme  auffi  de  vieux  Pruniers  à  haute  tige  :  mais 
comme  l’écorce  des  vieux  arbres  efl  trop  fèche,  &  que  la  prémière  (fe 
ces  écorces  eft  fujette  à  tomber,  il  efl  très  peu  fur  de  réiiffir  quand  on 
les  ente,&  ils  prendront  rarement  ;  c’eft-pourquoi  la  Grefe  en  approche 
leur  efl  beaucoup  plus  convenable,  &  réuflit  aufll  paffablement  à  leur 
égard. 

Le  tems  le  plus  propre  pour  enter ,  eft  avant  que  les  arbres  montent 
en  fève;  c’efl  pour  cela  qu’on  entera  les  Cerifîers  immédiatement  avant 
le  mois  de  Mars,  ou  au  commencement  de  ce  mois:  enfliite  les  Poiriers 
à  la  mi-Mars,  ou  un  peu  plus  tard;  &  les  Pommiers,  dont  la  fève  efl 
plus  tardive,  vers  la  fin  de  Mars  ou  au  commencement  d’ Avril.  Mais 
il  faut  avoir  foin  de  mettre  pendant  quelque  tems  dans  un  endroit  fec, 
pour  lesy  févrer  avant  que  de  s’en  fervir, les  rejettons  coupés fur-tout 

ceux 


DE  LA  CAMPAGNE. 


CjCUx  de  Cerifîers  &  de  Poiriers  ;  delbrte  qu’il  faudra  couper  vers  la  fin  de 
Janvier  les  rejettons  de  Cerifîers,  ou  au  commencement  de  Février ,  & 
ceux  de  Poiriers  depuis  le  commencement  de  Février  jufqu’au  milieu  de 
ce  mois  :  cependant  le  lieu  defîiiné  pour  févrer  ces  rejettons  ne  doit  pas 
être  trop  fec;  car  ils  s’y  delTécheroient  entièrement;  ce  qui  fe  manifefte 
quand  la  prémière  écorce  efî;  toute  retirée  ;  quoique  quand  l’entaille  du 
bois  refte  blanche ,  il  arrive  encore  quelquefois  que  les  Entes  prennent. 
On  avoit  ci-devant  coutume  de  conlèrver  dans  des  Caves ,  pour  les  fé¬ 
vrer,  les  Entes, &  cela  afin  qu’elles  ne  fe  deflechaflent  pas;  mais  l’expé¬ 
rience  a  fait  voir,  que  toute  humidité  efî:  nuifîble  aux  Entes ,  &  même 
mortelle,  quand  elle  efî;  trop  grande  ;  ce  qui  fe  peut  voir  à  la  couleur 
rouflatre  que  prend  le  bois  à  l’endroit  de  l’entaille ,  ce  qui  l’empêche  aul- 
11  abfolument  de  prendre.  On  avoit  de  plus  coutume ,  d’enter  en  Jan¬ 
vier  les  Cerifîers ,  ce  qui  leur  tenoit  lieu  du  befoin  d’être  févrés ,  puif. 
qu’ils  n’étoient  pas  encore  alTez  en  leve  ;  ce  qui  fe  pratiquoit  aufîi  à  l’é¬ 
gard  des  Poiriers  qu’on  entoit  en  Février,  &  dont  alors  on  ne  févroit 
point  les  Entes. 

Pour  réufîir  par  conféquent  à  fouirait  dans  la  manière  d’enter ,  il  faut 
avoir  foin  de  couper  dans  le  même  tems  les  Sauvageons  de  Pépins, 
plantés  avec  ordre  dans  la  Pépinière,  '&  cela  afin  qu’ils  pouffent  égale¬ 
ment  fans  s’incommoder  les  uns  les  autres.  On  coupera  pour  cet  effet,  les 
petits  Sauvageons  en  talus, à  deux  ou  trois  pouces  au-deffus  de  terre ,& 
l’on  émouffera  enfuite  un  peu  le  côté  tranchant ,  pour  y  pouvoir  mieux 
pofer  l’Ente  ;  &  quand  les  Sauvageons  font  affez  gros ,  pour  que  l’on 
puiffe  y  en  pofer  deux,  on  le  fera  toujours,  quoiqu’on  doive  fe  propo- 
fer  de  n’en  l’aiffer  qu’une;  car  lorfqu’elles  viendroient  à  groffîr,  il  pour- 
roit  arriver  qu’elles  périroient  l’une  &  l’autre.  On  aura  foin  de  plus, 
puifqu’on  peut  choifîr  entre  ces  deux  Entes ,  de  confèrver  celui  des  ar^ 
bres  entés  haut ,  qui  ont  le  dos  tourné  du  côté  des  vents  les  plus  nuifi- 
blés;  &  découper  l’autre  en  talus  avec  un  Cifeau,  après  une  pouffe  de 
deux  années. 

La  coupe  étant  faite ,  on  fend  prudemment  vers  le  milieu  à  la  pro¬ 
fondeur  de  deux  ou  de  trois  pouces ,  le  tronc  ou  la  branche ,  en  prenant 
bien  garde  de  ne  pas  féparer  le  moins  du  monde  le  bois  de  l’écorce: 
c’eftce  qu’on  peut  faire  fort  commodément  par  le  moyen  d’une  Serpette 
commune  &  droite,  quant  aux  jeunes  arbres;  mais  quand  il  s’agit  de 
gros  troncs  ou  de  groffes  branches ,  il  faut  y  employer  une  Serpette  à 
longue  queue;  la  longueur  de  cette  Serpette  doit  être  de  trois  pouces, 

N  2  cl- 


ICO 


•L  E  s  A  G  R  E  M  E  N  s 

elle  doit  avoir  un  dos  épais;  <Sc  afin  que  la  fente  ne  iè  fafle  pas  plus 
grande  que  cela  ell  requis,  il  faut  avoir  foin  de  ne  pas  mettre  fur  le  mi* 
lieu  de  la  branche  ou  du  tronc,  la  Serpette  droite,  mais  un  peu  obIi*‘ 
quement:  on  introduit  enlliite  dans  la  fente  un  Coin  de  fer  ou  de  quel* 
que  autre  matière,  afin  de  la  tenir  ouverte,  après  quoi  on' coupe  avec 
un  petit  Couteau  bien  affilé,  les  menus  filamens  de  l’écorce  &  du  bois 
même ,  autant  que  cela  ell  nécelTaire  ;  car  à  proportion  de  l’épailTeur  du 
tronc  ou  de  la  branche, il  faut  en  couper  des  deux  côtés  le  bois, félon  la 
forme  de  l’Ente,  afin  que  l’Ente  introduite  dans  la  fente,  après  en  avoir 
retiré  le  Coin,  ne  foit  pas  trop  comprimée.  D’un  autre  côté,  il  ne  faut 
pas  aulfi  qu’on  en  retranche  trop  de  bois  ;  car  dans  ce  cas  l’écorce  do 
l’Ente  ne  pourroit  jamais  fe  joindre  avec  l’écorce  intérieure  de  l’arbre  ; 
ce  qui  étant  fait  bien  à  propos,  ell  le  vrai  moyen  de  faire  prendre  les 
Entes  fur  de  vieux  &  de  gros  arbres  ou  branches.  Qiiand  donc  on  a 
coupé  uniment  le  bois  &  l’écorce  jlàns  y  lailTer  aucun  filament ,  on  reti¬ 
re  le  Coin, &  on  coupe  auffi  des  deux  côtés  uniment  le  bois  &  l’écorce 
de  l’Ente,  félon  la  forme  du  tronc,  (on  doit  cependant  y  lailTer  autant 
de  bois  qu’il  ell  polîlble,  pourvu  que  l’écorce  confier ve  allez  de  fiuperfi- 
cie  pour  pouvoir  le  réunir  avec  celle  de  l’arbre),  on  l’y  introduit  de  ma¬ 
nière  qu’elle  fioit  droite  &  fixe ,  &  que  fion  écorce  paroilTe  être  réunie 
avec  celle  de  l’arbre  même.  Il  y  a  des  Jardiniers,  qui  ne  retirent  le- 
Coin  qu’après  cette  opération ,  s’imaginant  que  l’Ente  étant  tant  Ibit 
peu  comprimée,  prendra  plutôt.  Pour  moi,  je  fuis  d’avis  qu’jl  vaut 
mieux  le  retirer  avant  cela ,  pourvu  qu’on  fioit  alTuré  que  la  prelfion  né 
fera  pas  trop  forte;  mais  dans  ce  cas  il  faut  fur-tout  que  l’Ente  foit  po- 
fée  d’une  manière  bien  fixe ,  afin  que  les  deux  côtés  touchent  l’écor¬ 
ce  de  l’arbre,  fans  être  plus  en  dehors  ou  en  dedans:  après  cela  on  lié 
avec  une  petite  écorce  d’arbre,  préparée  pour  cela,  la  fente  entre  les' 
deux  Entes,  afin  que  le  fiuif  dont  on  l’enduit,  ne  pénètre  pas  dans 
le  bois  de  la  fente;  ce  qui  k  la  vérité  n’y  feroit  pas  grand  mal,  mais  qui 
pourtant  y  efit  inutile. 

Après  avoir  ainfi  pofié  &  Ibigné  comme  il  faut  les  Entes,  on  tâchera 
de  les  aider  à  prendre ,  &  k  bien  pouiTer  quand  elles  auront  pris.  Dans 
cette  vue,  il  faut  les  défendre  contre  tout  ce  qui  les  retarde  dans  leur 
crue,  contre  les  Chenilles  principalement,  leurs  ennemies  mortelles, les 
Araignées  &  les  Fourmis. 

11  faut  élever  les  arbres  félon  l’iifage  auquel  on  les  deftine,  foit  qu’on 
veuille  en  former  des  arbres  nains,  des  arbres  k  liante  tige,  des  Elpa- 

liers^^ 


DELACAMPAGNE.  loi 

liers  on  des  Haies.  Si  l^on  veut  bien  faire  croître  de  vieux  arbres ,  qui 
ont  été  entés,  on  leur  laiflera  quelques  petites  branches,  qui  abforbent 
une  partie  de  la.  trop  abondante  fèveT  La  même  raifon  fait  voir  qifil  ne 
faut  pas  couper  tous  les  bourgeons  de  ces  arbres  entés,  mais  feulement 
le  fuperflu.  Pour  ce  qui  regarde  les  grands  arbres  à  haute  tige,  on  ne 
manquera  pas  de  couper  prudemment  les  bourgeons  furnuméraires, 
lorsque  TEnte  fait  fa  pouffe  :  &  cela  afin  qu’il  n’y  ait  qu’un  feul  rejet- 
ton  bien  droit  pour  former  le  tronc  :  ce  qui  ayant  été  fait  une  fois ,  on 
n’en  coupera  plus  aucun  bourgeon,  &  on  laiffera  pouffer  l’Ente  en  tou¬ 
te  liberté,  vu  que  le  rejetton  eff  encore  menu  &  foible,  deforte  que- 
pour  peu  qu’on  en  retranchât , on  nuiroit  à  ce  petit  tronc, &  l’on  feroit 
caufe ,  qu’il  lui  faudroit  beaucoup  plus  de  tems  pour  parvenir  à  fa  lon¬ 
gueur  6c  à  fa  groffeur  requifes. 

Quant  à  la  manière  d’enter  de  jeunes  petits  troncs,  dont  le  bois  n’eff 
pas  affez  vigoureux,  pour  comprimer  comme  il  faut  la  fente  qu’on  y  a 
faite,  6c  pour  faire  réunir  leur  écorce  avec  celle  des  Entes,  il  eff  nécef- 
faire  de  les  lier  tout  autour  de  l’endroit  de  l’Ente ,  comme  cela  fe  prati¬ 
que  à  f égard  des  Grefes,  afin  que  l’Ente  fuffifamment  comprimée  6c 
réunie  pouffe  mieux. 

Enter  ou  gréfcr  en  approche  eff  une  manière  d’enter  dans  la  fente  du 
bois,  qui  fe  fait  de  la  même  façon  que  nous  venons  de  le  décrire,  mais 
avec  cette  différence  qu’on  ne  fépare  point  le  rejetton,  qui  doit  être 
vigoureux,  de  la  mère-branche,  que  l’année  ffiivante,  lorfque  leurs  é- 
corces  font  réunies  :  par  conféqiient  il  eff  néceffaire  que  l’arbre  fur  le¬ 
quel  cette  opération  fe  fait,  foit  planté  fort  près  de  l’autre:  on  le  pra¬ 
tique  quelquefois  aufli  en  prenant  une  branche  fort  vigoureufe,  laquel¬ 
le  on  couche  obliquement  en  terre  près  de  l’arbre ,  qu’on  veut  ainfi  en¬ 
ter:  ceci  pourtant  n’eff  pas  fûr,  parce  que  de  pareilles  branches  ne fau- 
roient  attirer  à  elles  la  nourriture  en  auffi  grande  quantité  qife  celles  qui 
ont  racine.  La  meilleure  manière  d’enter  en  approche ,  6c  la  plus  ii- 
fitée,  eff  que  l’année  précédente, on  plante  tout  autour  de  l’arbre  doijt 
on  veut  fe  fervir,  quelques  bons  Sauvageons, afin  qu’ils  aient  pris  raci¬ 
ne  vers  le  tems  qu’il  faudra  les  enter  ;  pour  lors  la  fève  montera  beau¬ 
coup  mieux  dans  cette  Ente  :on  doit  bien  prendre  garde, après  celajque 
la  branche  de  l’arbre  ne  foufre  jamais  la  moindre  fecouffe,  6c  c’eff  aulTi 
pourquoi  on  ne  manquera  pas  de  la  lier  bien  ferme  à  un  piquet  planté 
en  terre;  ce  qui  vaut  infiniment  mieux  que  de  la  lier  au  tronc  fur  le¬ 
quel  on  ente,  comme  cela  fe  fait  autrement.  Le  tems  le  plus  conve- 

'  N  3  na- 


102 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S':  ^ 

nable  pour  enter  ainfi  en  approche,  eft  depuis  le  commencement  de 
Mars  jufqii’au  quinze  de  ce  Mois.  Cette  manière  d’y  procéder  eft  la 
meilleure  &:  la  plus  fûre  à  l’égard  des  arbres,  dont  la  prémière  écorce 
peut  être  ôtée  tout  autour,  tels  que  font  les  vieux  &  les  hauts  Mérifiers, 
les  Ceriners,les  Griottiers  &  les  Pruniers.  On  fait  auiïi  la  même  cho- 
fe  à  de  gros  troncs  d’Orangers  &  de  Limoniers,  avec  cette  différence, 
qu’il  vaut  mieux  prendre  pour  ceux-ci  des  Entes  de  deux  ans  que  d’un: 
mais  cela  ne  fe  pratique  jamais  à  l’égard  des  Pommiers  ou  des  Poiriers. 

Gréfer  efl  une  manière  d’enter  le  bourgeon  ou  l’œil  dans  l’écorce, 
étant  la  plus  ufitée  &  la  meilleure  pour  des  Sauvageons  de  Prunier, 
pour  y  enter  des  Pêches,  des  Abricots,  ou  quelques  fortes  de  Prunes. 
On  grefe  pareillement  ainO  des  Pêches  fur  des  Abricots,  qui  ont  déjà 
été  gréfés  fur  des  Prunes.  On  grefe  fèmblablement  des  rejettons  vi¬ 
goureux  de  Poiriers,  dont  on  veut  faire  des  arbres  nains:  c’eft  ce  qui 
efl:  fur-tout  néceflaire ,  quand  on  grefe  des  Poiriers  fur  des  Coignafliers, 
parce  que  la  poufle  des  Entes  dans  les  fentes  des  CoignafTiers  efl  très 
peu  fûre. 

On  grefe  aulfi  de  jeunes  rejettons  d’Orangers  &  de  Limoniers.  La 
Grefe  fe  fait  de  deux  manières,  à  œil  dormant  ou  bien  k  pouffe, &  cela 
auffi  chacune  en  différente  faifbn.  La  Grefe  à  œil  dormant,  c’efl quand 
elle  pouffe  l’année  fuivante,  ce  qui  efl  la  meilleure,  la  plus  fûre  &  la 
plus  ordinaire  manière  de  gréfer.  On  ne  peut  pas  déterminer ,  à  quel¬ 
ques  jours  près,  le  tems  convenable  pour  cette  opération,  parce  qu’el¬ 
le  ne  dépend  pas  feulement  des  Saifons  plus  ou  moins  avancées,  mais 
auffi  des  arbres,  félon  qu’ils  ont  des  rejettons  plus  ou  moins  vigoureux, 
&  félon  les  efpèces  de  fruits;  car  quand  la  fève  efl  tellement  montée, 
que  l’écorce  peut  être  aifément  féparée  du  bois,  alors  on  peut  entre¬ 
prendre  la  Grefe,  dans  l’efpérance  d’un  bon  fuccès:  on  pourroit  même  le 
faire,  pourvu  que  l’écorce  fe  laiffàt  facilement  ôter  du  tronc  que  l’on 
veut  gréfer,  quoique  l’Ecuffon  ne  s’en  laiffât.pas  enlever  tout-k- 
fait  uniment  &  aifément.  Le  tems  ordinaire  pour  gréfer  k  œil  dor¬ 
mant,  eft  depuis  la  mi-juillet  jufqu’en  Septembre:  au-lieu  que  la  Grefe 
k  pouffe  fe  fait  depuis  Mai  jufqu’k  la  mi-juin,  auquel  cas  la  Grefe  pouffe 
la  même  année.  Cette  manière  de  grefèr  n’eft  cependant  en  ufàge  que 
dans  la  néceffité,  parce  qu’on  n’a  pas  alors  du  bois  propre  pour  la  gre¬ 
fe  à  œil  dormant.  Il  eft  auffi  très  peu  fûr  qu’elle  réufflra ,  parce  que  la 
prémière  fève  monte  trop  abondamment,  ce  qui  eft  caufe  que  l’Ecuf- 
fon  cède  en  dehors,  <Sc  diftille  tout  autour  une  gomme  qui  étoufe  l’œil: 

ou- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


105 


outre  que  ces  Grefes  commencent  foiivent  a  ponfler  fi  tard ,  que  le  bois 
n’efi;  pas  en  état  de  réfifter  aux  injures  de  l’Hiver. 

On  grefe  de  la  manière  fuivante  :  on  enlève  un  Ecufibn  avec  un 

œil  ainfi  1^^  tailléjd’un  bois  fort  vigoureux,  le  plus  propre  de  tous  à 

prendre ,  lequel  on  introduit  dans  un  rejetton  vigoureux  d’un  an  dont 
l’écorce  efi:  entaillée  &  féparée  de  la  façon  ci-jointe  T  j  après  quoi  on 
attache  tout  autour  du  rejetton,  où  l’Ecufion  a  été  mis,  au-deflbus  & 
au-defllis  de  l’œil,  un  jonc  de  Mofcovie , afin  que  l’air  ou  l’humidité  pé¬ 
nétrant  entre  deux  ne  nuife  point  à  la  poufîe  de  la  Grefe ,  mais  que  fe 
joignant  au  rejetton,  ils,  croifient  enfemble  fans  pouvoir  fe  féparer.  11 
faut  avoir  foin  d’ôter  cette  ligature  après  la  quatrième,  la  cinquième  ou 
la  fixième  femaine ,  à  proportion  que  la  branche  fe  gonfle. 

11  eft  cependant  aufll  néceflaire  que  la  Grefe  coupée  conferve  un  peu 
de  bois  vers  l’intérieur  de  l’œil ,  fans  quoi  elle  ne  prendra  jamais  :  & 
comme  il  arrive  à  certaines  Grefes ,  qu’on  enlève  qu  qu’on  arrache 
aux  Orangers  ou  aux  Limoniers,  que  le  bois  refle  a  la  petite  branche, 
&  que  l’œil  retient  intérieurement  une  petite  cavité  vuide,  (ce  qui  arri¬ 
ve  principalement  à  celles  qu’on  coupe  d’un  bois  épineux,  ou  d’ar¬ 
bres  très  minces  &  languiflàns) ,  il  faut  remédier  à  cela  en  n’enlevant 
ni  n’arrachant  point  la  Grefe,  mais  en  fendant  avec  un  petit  Couteau 
bien  affilé  la  branche  près  de  l’œil,  &  en  retranchant  le  fuperflu,  de  fa¬ 
çon  cependant  qu’il  relie  fiiffifamment  du  bois  à  l’œil-  11  faut  outre 
cela  que  de  pareilles  Grefes  confervent  à  l’œil  plus  de  bois  que  ce  qui 
s’enlaifle  communément  enlever  ou  arracher;  il  faut  aufll  que  les  O- 
rangers,  les  Limoniers  &  tous  les  fruits  à  pépin, confervent  plus  de  bois 
à  l’œil  que  les  autres.  Pour  ce  qui  regarde  la  manière  de  gréfer  les 
arbres  qui  font  des  bras,  comme  les  Griottiers,  les  Cerifiers,  les  Pê¬ 
chers,  il  efi:  abfolument  néceflaire  que  l’Ecuflon  ait  plus  d’un  œil,  par¬ 
ce  qu’il  efi:  très  incertain  fi  c’ell  un  bouton  à  feuilles  ;  &  fi  ce  n’en  efi  pas 
un ,  la  Grefe  eft  fûrement  morte.  C’efi  pour  cela  qu’il  vaut  mieux , 
&:  fur-tout  quand  il  s’agit  des  Pêchers,  que  l’Ecuflon  ait  trois  ou  quatre 
yeux  tout  près  les  uns  des  autres. 

Quoique  nous  ayons  déjà  dit,  que  le  tems  propre  pour  gréfer  dé¬ 
pend  des  faifons  plus  ou  moins  avancées ,  &c.  on  peut  cependant  pofer 
en  général  que  cela  fe  fait  le  plus  convenablement,  à  l’égard  des  fruits 
d’Eté  &  d’Autonne ,  un  peu  avant  la  maturité  des  fruits  ;  pour  lors  il 
y  a  plus  de  fève  dans  le  bois,  ce  qui  détache  d’autant  mieux  l’écorce ,& 
permet  d’enlever  ainfi  plus  facilement  l’Ecuflon.  Ç’cfi  pour  cela  que  le 

tems 


IC^  .  L  E  s  A  G  R  E  M  E  N  S  ^  ^ 

tems  de  gréfer  rAvant-PêcIier  ell  communément  vers  la  mi-juillet ,  6c 
celui  des  autres  Pêchers  a  la  mi-Aout. 

11  eft  certain  que  les  arbres  venus  d’une  feule  Grefe  font  les  meilleurs  : 
je  confeillerois  pourtant  d’en  mettre  toujours  deux  fur  chaque  tige ,  un 
de  chaque  côté,  quoique  jamais  l’une  au-delfus  de  l’autre,  afin  que  l’ar¬ 
bre  ne  vienne  pas  à  périr  :  quand  il  arrive  qu’elles  prennent  l’une  &c 
l’autre , on  en  coupera  une:  quand  on  les  met  l’une  au  defliis  de  l’autre, 
&  que  celle  d’embas  manque ,  la  tige  devient  trop  haute.  Pour  préve¬ 
nir  cet  inconvénient ,  il  ell  plus  à  propos  de  pofer  les  Grefes  le  plus  bas  ' 
qu’il  ell  polfible  aux  deux  côtés. 

L’écorce  des  branches  de  deux  ou  de  trois  ans ,  ell  pour  l’ordinaire 
trop  épailTe,  ce  qui  fait  que  l’entaille  a  befoin  de  trop  de  tems  pour  lè 
fermer;  d’où  il  arrive  que  les  Grefes,  qui  font  pofées  fur  du  gros  bois, 
prendront  &  croitront  très  rarement. 

Pour  ce  qui  regarde  le  bois  de  la  Pêclie  de  Montagne  ou  de  Zwol, 
ou  ne  fauroit  s’y  tromper  ;  car  la  branche  d’une  Pêche  de  Montagne, 
après  en  avoir  ôté  les  feuilles,  ira  à  fond,  lî  on  la  jette  dans  l’eau,  au- 
lieu  que  celle  d’une  Pêche  de  Zwol  fiirnagera. 


CHAPITRE  VIII. 


Le  la  Taille  des  Arhres  fruitiers  ^  tant  en  Hiver  qu'en  Eté.  . 

COmme  la  fertilité  des  arbres  augmente ,  quand  la  fève  monte  len¬ 
tement  en  fe  condenlànt,  &  non  pas  fubitement,  &  qu’au  con¬ 
traire  tous  les  arbres  d’un  bois  fort  vigoureux ,  (li  l’on  en  excepte  les 
Vignes  &  les  Figuiers) ,  font  les  moins  fertiles  ;  il  efl  nécefîkire  de  les 
tailler  pour  les  régler  dans  leur  pouffe, &  empêcher  ainfî  plus  ou  moins 
la  trop  prompte  circulation  de  la  fève  :  deforte  que  la  plupart  des  arbres 
fruitiers  demandent  d’être  taillés  pendant  riliver,  &  quelques-uns  pen¬ 
dant  l’Eté. 

On  commence  la  taille  d’Hiver  auflitôt  que  la  fève  de  l’arbre  efl  des¬ 
cendue  dans  les  racines,  ce  qui  fe  voit  par  la  chute  des  feuilles:  on  peut 
continuer  à  le  faire, tant  que  la  gelée  n’empêche  pas  qu’on  puiffe  couper 
le  bois.  Je  n’ai  jamais  trouvé  que  la  forte  gelée  nuisît  plus  aux  arbres 
taillés  qu’à  ceux  qui  ne  le  font  pas  :  elle  üe  nuit  pas  même  aux  Vignes, 

dont 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  loj 

dont  le  bois  ell  fort  fpongieiix,  quand  il  y  a  quelque  intervalle  entre 
leur  taille  &  la  forte  gelée. 

11  n’efl  pas  facile  à  déterminer  le  tems  précis  auquel  la  taille  d’Eté 
doit  commencer  &  finir,  car  cela  ne  dépend  pas  feulement  de  la  faifoii, 
mais  aufli  de  la  poulTe  plus  ou  moins  vigoureulè  des  arbres. 

Il  y  a  bien  des  chofes  à  remarquer  au  fujet  de  la  taille ,  qui  doit  fe  fai¬ 
re  diftéremment  lèlon  les  diverfes  circonftances;  &  non  lèulement  encore 
félon  les  qualités  particulières  des  arbres  dans  leur  elpèce ,  comme  Pom  , 
miers,  Poiriers,  Cerifiers,  Pêchers,  Vignes,  (Scc:  mais  aulîi  félon  la 
diverfité  des  fruits,  chacun  dans  Ibn  e^èce:  comme  femblablemenc  félon 
que  les  arbres  doivent  être  plantés  en  haute  ou  baffe  tige ,  en  plein  vent 
ou  dans  un  endroit  renfermé ,  contre  des  cloifbns  ou  contre  des  murailles; 
félon  encore  qu’ils  font  d’un  bois  qui  pouffe  vigoureufément  ou  plus  mo¬ 
dérément  ,  ou  d’ua  bois  plus  menu  &  plus  languiffant.  Il  faut  même 
bien  fe  garder  de  faire  à  ces  derniers  la  taille  d’Eté,  pas  même  celle 
d’Hiver,  qu’après  que  la  fève  eft  prête  à  monter,  ce  qui  arrive  vers  la 
mi -Janvier  :  encore  doit-on  fé  contenter  de  leur  faire  une  très  petite 
taille  ,  parce  qu’il  faut  les  conférver  plus  pour  leur  bois  que  pour  leurs 
fruits.  J’enféignerai  auLedeur  la  manière  de  tailler,  en  traitant  des  efpèces 
d’arbres  fruitiers,  me  contentant  de  joindre  ici  les  obfèrvations  générales. 

La  prémière  chofe  qui  fe  préfénte  à  remarquer  à  l’égard  de  la  taille 
des  arbres  qu’on  doit  planter,  eft  qu’on  en  rêtranche  les  racines  bleffées 
&  inutiles;  ce  que  les  arbres  fruitiers  ont  de  commun  avec  les  fauva- 
ges.  Pour  connoître  ces  derniers,  &  de  quelle  manière  fe  fait  cette 
taille,  il  n!y  a  qu’à  \oIy\q prémkr  Chapitre  du  IL  Lwre. 

On  taille  après  cela  les  branches  de  la  couronne  des  arbres  fruitiers  : 
on  coupe  les  arbres  nains  près  de  terre  ,  &  ceux  à  haute  tige  à  cinq  ou 
cinq  pieds  &  demi.  Voyez  fur  ce  fujet  le  VI.  Chapitre  de  ce  même  Lk 
vt'e.  Cette  manière  de  planter  fans  branchage  eft  très  nécelfaire  pour 
les  arbres  fruitiers  ;  car  quand  on  les  plante  avec  des  branches ,  on  le? 
prend  ordinairement  plus  vieux  que  les  fauvages:  alors  leur  fève  ne 
monte  pas  affez ,  en  attendant  que  les  racines  les  affermiffent  dans  la 
terre;  ce  qui  fait  que  les  petits  tuyaux  fe  ferrent  trop,  pour  pouvoir 
donner  dans  la  fuite  un  paffage  convenable  à  la  fève  ,  &  caufent  fou- 
vent  par-là  la  mort  aux  arbres,  ou  les  rendent  noués  pour  toujours,  & 
incapables  de  porter  des  fruits  d’un  bon  goût. 

Au  contraire  il  arrivera  que  des  arbres  coupés  poufferont  par  en- 
haut  des  jets  fort  vigoureux,  &  que  certains  arbres  à  tige  poufferont  par  les 
F^irtk  L  O  cô- 


so6  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

côtés;  lesquels  pouvant  lèrvir  à  amender  la  pouffe,  ne  doivent  pas  ê- 
tre  tous  retranchés  la  prémière  année ,  parce  qu’il  s’y  trouve  une  grande 
abondance  de  fucs  qui  y  reftent  quelque  tems ,  &  s’y  préparent  pour 
pouvoir  être  poulfès  plus  haut:  au -lieu  que  montant  en  trop  gran¬ 
de  quantité  3  ils  caufènt  quelquefois  une  fulFocation ,  ou  du  moins  des 
obflacles  qui  interrompent  la  pouffe ,  &  font  que  les  arbres  ne  produi- 
fent  jamais  que  des  jets  d’un  bois  fort  menu  &  fort  grêle  :  c’efl  pour  cela 
qu’il  ne  faut  pas  retrancher  toutes  les  brandies  vigoureufès ,  ni  tailler  des 
arbres  nouvellement  gréfés,  ou  en  retrancher  les  jets  qu’ils  ont  pouffes 
de  la  tige. 

.  Il  ne  faut  pas  lajffer  croître  trop  fubiteinent  en  hauteur  les  arbres  nou¬ 
vellement  plantés  :  on  fe  contentera  la  prémière  &  la  fécondé  années 
d’en  retrancher  les  branches  qui  pouffent  avec  trop  de  vigueur,  afin  quç 
les  autres  puiffent  d’autant  mieux  groffir  :  cela  efl.  d’autant  plus  néces- 
faire  k  des  arbres  à  liante  tige ,  que  par  ce  moyen  ils  feront  dans  la  fuite 
de  plus  grandes  Sc  de  plus  belles  couronnes  3&  qu’après  cela  ils  n’auront 
plus  befoin  d’être  taillés. 

Aux  petits  arbres  pour  des  Haies ,  dont  les  branches  pouffent  trop  vb 
goureufement ,  &  qui  par  cela  même  abforberoient  la  nourriture  des  au¬ 
tres,  on  leur  pince  une  feule  fois  la  tige,  pour  arrêter  un  peu  leur 
pouffe  trop  vigoureufe ,  &  les  engager  par-lk  k  pouffer  plus  de  branches 
par  les  côtés,  pour  pouvoir  couvrir  le  bas  de  la  cloifon  ou  de  la  muraille: 
mais  s’ils  pouffent  d’une  manière  égale  un  bois  bon  &  vigoureux ,  &  par 
les  côtés  des  branches  fuffifkntes,  on  ne  les  taillera  point  du  tout,  fi  ce 
n’efl  les  petites  bi*anches  de  Poiriers ,  qui  croiffent  précifément  devant 
branche  du  milieu ,  &  qui  par  cela  même  ne  pourroient  pas  être  atta¬ 
chées  d’une  manière 'unie,  laiffant  pouffer  toutes  les  autres  branches  eu 
pleine  liberté,  &  ayant  foin  de  les  attacher  de  tems  en  tems,  afin  d’en^ 
gager  par  ce  moyen  les  arbres  bien  difpofés,  k  la  fertilité.  On  a  encore 
coutume,  quand  la  branche  du  milieu  pouffant  fuffifamment  des  branches 
par  les  côtés,  continue  k  croître  vigoureufèment  en  hauteur,  d’en  faire 
une  petite  couronne  au-deffus  de  la  cloifon  ou  de  la  muraille  ;  &  quand 
le  bois  eft  propre  pour  produire, on  coupe  la  couronne,  &ron  taille  ces 
.arbres  tout  cornme  les  autres. 

Aux  arbres  qui  ont  aquis  leur  grandeur ,  qui  pour  avoir  été  peu  tail¬ 
lés  font  devenus  fertiles, &  qui  par  ce  moyen  pouffent  des  branches  fort 
yigoureuiès,  qui  confument  tellement  la  nourriture  des  autres  que  ces 
dernières  ne  peuvent  qu’être  minces  6s  languiffantes  ;  on  taillera  pru- 

dem- 


Sémuient  ces  prémières  (qui  s’appellent  gourmandes  quand  îl  s’agit  d’ar¬ 
bres  qui  verdiftent  en  tout  tems3&  jets  à  eau  quand  il  s’agit  des  autres); 
on  en  retranchera  quelques-unes ,  on  en  rognera  d’autres  on  en  lais- 
lèra  plufîeurs  en  leur  entier;  il  faut  pareillement  iilèr  de  beaucoup  db 
prudence  à  l’égard  des  Sauvageons  de  fouche  des  arbres  nouvellement 
plantés. 

Il  faut,  pour  bien  tailler  un  arbre,  rafraîchir,  à  proportion  delà  vr* 
gueur,  plus  ou  moins  fes  branches  annuellement.  On  retranchera  entiè¬ 
rement  les  branches  furannées,  &  l’on  en  attachera  de  jeunes  à  la  place,* 
afin  de  conferver  toujours  par  ce  moyen  les  arbres  dans  un  état  vigou¬ 
reux*.  On  doit  faire  une  plus  grande  taille  aux  branches  qui  ont  trop 
de  boutons  à  fleur  ,  afin  de  les  empêcher  de  trop  produire  ,&  de  les  en¬ 
gager  à  faire  de  bon  bois. 

Les  fruits  à  pépin,  dont  les  fucs  montent  en  abondance  &  font  di-r 
bois  vigoureux,  pourront  être  rendus  fertiles  par  la  taille  d’Eté,  &  mo¬ 
dérés  dans  leur  crue  par  celle  d’Hiver. 

11  efl  très  mauvais  de  rogner  par  la  taille  d’Hiver, les  arbres  qui  pous- 
lènt  des  jarrets,  c’eft-à-dire, des  bras  ou  des  branches  de  côté  dégarnies, 
&  qui  ont  fouvent  leurs  boutons  à  feuille  vers  l’extrémité; car  cela  ne  les 
émpêche  pas  feulement  de  croître,  mais  fait  auflTi  fouvent  tomber  les 
fruits,  ou  les  rend  petits  &  infipides,  parce  que  dans  ce  cas  les  fucs  ne 
fauroient  circuler  ;  outre  que  la  cefTation  de  la  circulation  des  fiics  caufè 
éncore  la  mort  à  d’autres  boutons  à  fleurs ,  &  les  fait  tomber  avant  que 
de  fè  nouer. 

Le  bois  le  plus  rond ,  le  plus  court  de  membres ,  &  pour  lors  aulTi  le 
plus  gros,  efl  le  meilleur;  c’efl  ce  qu’on  tachera  aulfi  d’avoir  le -plus 
qu’il  efl  pofTible  :  on  aura  foin  au  contraire  de  couper^  toujours  le 
bois  mince  &  frêle, pour  l’ordinaire  pfein  de  rides  &  de  nœuds:  car  ce 
dernier, loin  de  pouvoir  produire  des  fruits  d’un  bon  goût,  ne  produi¬ 
ra  jamais  une  bonne  branche  ;  ce  qui  arrive  encore  quelquefois  à  ce 
qu’on  appelle  jets  à  eau  :  il  eft  fur-tout  néceffaire  de  le  côuper  aux  Vi* 
gnes ,  aux  Figuiers  &  aux  Meuriers. 

Pour  ce  qui  regarde  la  taille  &  le  racourciiïement  des  branches  des 
arbres,  des  Haies,  des  Efpaliers  &  des  Nains,  il  faut  toujours,  autant 
qu^il  eft  poflible  ,  avoir  grand  foin  de  le  faire  au^deÏÏus  de  l’endroit  où  il 
y  a  deux  boutons  à  feuille  f que  des  ignorans  prennent  fouvent  pour 
des  boutons  à  fleur),  parce  qu’il  arrive  aflez  fouvent  que  de  pareils  bon** 
tons  fè  changent  l’année  d’après  en  boutons' à  flèùf  ;  5c  comme  par  ce 

O  2  moyen 


ïo8  LESAGREMENS 

moyen  la  vigueur  de  la  poulTe  eft  arrêtée ,  on  fe  gardera  bien  de  le?  ja¬ 
mais  couper,  <Sc  principalement  à  caulè  qu’il  n’en  proviendra  jamais  de 
fort  grolTes  branches  ;  outre  qu’il  narrive  que  rarement  ou  jamais  ,  que 
de  pareilles  grofles  &  vigoureufes  branches  aient  de  ces  doubles  bou¬ 
tons  :  mais  pour  rendre  fertiles  ces  brandies  vigoureufes  &  bien  venues 
des  arbres  nains  ou  des  Efpaliers  ,  on  les  coupera  près  du  bouton  par 
une  longue  entaille  en  talus ,  de  manière  qu’elle  y  touche  prefque  ;  ce 
qui  arrête  les  fucs ,  &  ne  permet  qu’à  une  partie  de  pénétrer  jufques 
'  au  bouton. 

Il  ne  faut  jamais  laifTer  aux  arbres  des  branches  qui  poufTent  en  de¬ 
dans  ,  pour  aider  à  former  la  couronne  de  l’autre  coté  de  l’arbre  & 
point  fur -tout  du  côté  du  Nord  au  Midi  :  cela  pourroit  quelquefois 
être  pratiqué  s’il  s’agiflbit  d’une  branche  qui  remplir  oit ,  pour  l’orne¬ 
ment  de  l’arbre,  du  Midi  au  Nord ,  une  place  qu’une  branche  rompue 
ou  morte  auroit  laifTée  vuide,  puisqu’elle  n’y  pouffera  guère  à  caufe  des 
vents  froids  de  Nord  &  du  peu  de  Soleil  qu’elle  y  recevra  :  ce  qui  fait 
qu’on  ne  doit  pas  couper  li  légèrement  une  greffe  branche  au  Nord 
qu’au  Midi.  Comme  il  ne  faut  jamais  laiffer  aux  arbres  en  plein  vent  des. 
branches  qui  poullent  en  dedans ,  on  doit  les  laiffer  encore  moins  à  des 
Haies  &  à  des  Efpaliers; car  leur  beauté  confifte  en  ce  que  leurs  ailes, ou 
leurs  branches  des  côtés, doivent  partir  d’une  manière  égale, de  la  tige> 
&  doivent  être  liées  au  niveau;  ce  qui  fe  verra  dans  le  Chapitre  fuivant, 

La  taille  des  arbres  à  haute  &  bafle  tige  doit  être  faite  de  manière 
que  les  branches  du  dedans  foient  plus  ou  moins  éclaircies, à  proportion 
de  l’étendue  qu’ont  leurs  branches  de  la  couronne  ;  &  cela  afin  que  le 
Soleil  puiffe  plus  ou  moins  rechauffer  les  branches  &  les  fruits  intérieurs. 
Les  arbres  ainfi  conduits  ne  feront  jamais  toufus ,  &  fur-tout  par  le 
haut  ;  &  comme  il  ne  faut  pa^  que  les  branches  fe  frottent ,  on  en 
rognera  toujours  une,  &  l’on  ne  foufrira  point  au  haut  ces  nids  de  Pie^ 
comme  on  parle.  Il  faut  de  plus  fonger  toujours,  en  taillant ,  de  cou¬ 
per  la  branche  près  du  bouton >  par  une  entaille  unie  ,  juffe  &  en  talus, 
à  une  telle  diffance,  que  d’un  côté  le  bouton  ne  fe  deffèche  pas,&  que 
de  l’autre  l’entaille  puiffe  être  couverte  comme  il  faut  ;  ce  qui  ne  lau- 
roit  être ,  quand  en  coupant  on  laiffe  de  plus  longs  moignons ,  qui 
pour  lors  fe  deffèchent ,  &  empêchent  que  l’entaille  ne  puiffe  fè  couvrir 
comme  il  faut  avec  l’écorce  du  bourlet  ;  ce  qui  cau.fè  à  cet  endroit  de  la 
pourriture,  &  aux  fruits  à  noyau  la  gangrène. 

On  coupe  pour  la  même  raifon  pendant  l’Hiver  toutes  les  groffes 

bran- 


DEL  A  CAMPA  G  N  E.  lop 

branches  près  de  leur  tronc ,  &  comme  ces  entailles  font  fi  grandes  qu’el¬ 
les  donnent  ordinairement  palTage  à  beaucoup  de  mes ,  il  faut  les  cou¬ 
vrir  exaètement  tout  aulTitôt  avec  du  fuif  convenable,  pour  conferver 
par  ce  moyen  les  fucs;  outre  que  cela  eft  encore  très'  propre  à  cacher 
plutôt  les  défauts  :  la  compofition  de  ce  fuif  a  été  indiquée  dans  le  Cha¬ 
pitre  précédent. 

En  pafiant  de  la  taille  d’Hiver  à  celle  d’Eté  ,  je  me  contente  unique¬ 
ment  de  remarquer ,  qu’elle  n’eft  nullement  propre  à  toutes  fortes  d’ar¬ 
bres  fruitiers ,  parce  qu’elle  rend  la  plupart  des  fruits  à  noyau  moins  ferti¬ 
les  ,&  qu’elle  en  rend  le  goût  moins  bon  &  plus  infipide.  Ceft-pourquoi 
on  fe  gardera  de  faire  aux  Pêchers  d’autre  taille  d’Eté,  que  de  couper 
dans  l’arrière  fàifon ,  les  jets  à  eau  trop  vigoureux  &  trop  abondans ,  & 
cela  jufqu’au  dernier  bouton  à  feuille,  afin  de  les  tailler  tout-à-fait  l’Hi¬ 
ver,  d’après;  la  taille  d’Eté  étant  en  général  nuifible  à  des  arbres ,  qui 
ne  pouffent  pas  par  intervalles ,  mais  fans  interruption.  On  pourra 
voir  dans  le  Traité  des  efpèces  d’arbres  fruitiers,  ce  qui  doit  s’obferver  à 
cet  égard.  La  Vigne  a  le  plus  befoin  de  la  taille  d’Eté  ;  j’en  traite  am¬ 
plement  &  en  particulier  ci-après. 

11  faut  enfin  bien  obferver  à  l’égard  de  toutes  fortes  de  tailles,  qu’on 
retranche  le  fuperflu  auffi  bien  des  minces  que  des  greffes  branches ,  en 
faifant  avec  une  Serpette  ime  entaille  unie  &  en  talus ,  &  cela  de  fa¬ 
çon  que  l’entaille ,  pour  ne  fè  pas  trop  deffécher  ,  reçoive  aulTi  peu  de 
rayons  du  Soleil  qu’il  efl  poffible.  Afin  que  cette  entaille  foit  plus  unie 
&;  plus  nette,  on  n’y  employera  jamais  une  Serpette  crochue ,  car  elle 
fait  beaucoup  plus  d’enta mures  que  celle  qui  efl  droite  &  courte  ;  en¬ 
core  vaut-il  mieux  fe  fervir  d’une  Serpette  dont  le  tranchant  foit  un 
peu  convexe  :  fur-tout  on  n’y  employera  point  de  Cifèaux  ,  pas  mê¬ 
me  pour  couper  les  plus  petites  branches  ;  car  outre  l’incertitude  où  l’on 
efl  fi  l’on  coupe  ces  branches  au  deffus  du  bouton,  il  efl  impolfible  de 
faire  avec  cet  inflrument  une  entaille  en  talus  :  fàns  compter  que  la  cou¬ 
pe  des  Cifeaux,  caufe  une  meurtriffure,  qui  empêche  que  l’entaille  ne 
puiffe  auffi  fe  couvrir  comme  il  faut 


f  10 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 


CHAPITRE  IX. 

(. 

Remarquas  touchant  Je  s  Murailles^  les  Cloîfons  £«?  la  manière  étaU 
tacher  ^  de  conduire  les  arbres  avec  de  rOJîer, 

Le  Traité  des  Murailles  &  des  Cloilbns  fervant  à  aiigmenter  là  cha¬ 
leur  ,  appartient  au  fécond  Volume,  dans  PIntrodudion  duquel 
on  dit,  que  les- Cloifons  bien*  jointes  ,  où' le  vent  ne  fauroit  pénétrer  lé 
moins  du  monde  par  derrière  ,  peintes  après  cela  en  brun ,  font  préfé¬ 
rables  aux  Murailles ,  pour  y  cultiver  des  Fruits  en  plein  air  :  que  mêmè- 
toutes  les  fortes  de  Murailles,  que  Part  a  inventées  ,  font  nuiubles:  de 
plus, ^que -les  Cloifons  &les  Murailles  en  droite  ligne  font  les  meilleu¬ 
res  ,  pourvu  qu’à  la  diftanee  de  vingt-quatre  ou  de  trente  pieds ,  elles 
foient  garnies  d’un  paravent  pour  rompre  les  vents  nuifîbles.  On  né 
peut  ficher  qu’avec  peine  des  cloux  dans  lès  Murailles,  &  encore  moins 
les  en  arracher ,  fans  faire  tomber  de  la  chaux  ,  ce  qui  fait  des  cavités, 
oùfe  nichent  les  Infedes  :  c’efi;  pour  cela  qu’il  faut  que  les  Murailles 
foient  garnies  de  petites  Lates  fort  minces,  pofées  en  longueur  de  haut 
en-bas,  à  cinq  pouces  les  unes  des  autres  ,  &  de  manière  que  POfieif 
puifle  pafler  pas  derrière.  On  ne  garnira  jamais  de  Lates  les  Cloifons, 
afin  que  la  branche  puiffe ,  pour  un  plus  grand  ornement,  être  liée  tout 
contre, félon  fon  cours :1a  jiifle  hauteur  d’une  Cloifon  pour  desTreilles, 
des  Pêchers ,  des  Abricotiers ,  des  Pruniers ,  efl  de  huit  pieds  *,  elles  doivent 
être  plus  hautes  pour  des  PoirierS'&  des  Meuriers,  &  c’ell-pourquoi  ori 
fait  mieux.de' planter  ceux-ci  contre  de  plus  hautes  Murailles  de  quel¬ 
que.  Bâtiment. 

Les  Efpaliers  font  hors  d’ufàge  ,  parce  qu’ils  coûtent  beaucoup  d’en¬ 
tretien  ,  ôéqu’ils  font  de  très  peu  d’utilité ,  parce  que  les  vents  de  bize 
les  percent  de  tous  cotés. 

Pour  donner  une  belle  figure  aux  arbres  par  la  manière  de  les  conduire 
&:  de  les  lier ,  on  commencera  par  la  branche  capitale  :  celle-ci  doit  être 
attachée  droit  vers  le  haut  ;  c’efi  d’elle  que  doivent  fortir  des  deux  côtés 
les  autres  branches.  Ces  dernières  ,  bien  tendues  ,  autant  qu’il  ell  poP 
fible  ,  doivent  être  liées  ,  fur-tout  de  manière  que  les  extrémités  n’en 
foient  pas  plus  bas  que  l’endroit  de  leiu*  origine.  On  lie ,  pour  bien 

faire. 


111 


DE  LA'  CAMPAGNE. 

faire  j  à  la  diflance  de  douiQ  pouces  les  unes  des  autres ,  les  branches 
d’un  vigoureux  Meurier;  de  dix  pouces  celles  d’un  Poirier  ;  &  fi  les  ar¬ 
bres  font  moins  vigoureux  ,  de  huit.  Qiioique  cette  diftance  paroifTe 
d’abord  fort  grande ,  l’expérience  fait  voir  5  que  ce  font  là  les  plus  beaux 
arbres  &  les  plus  fertiles:  au-lieu  que  les  branches,  liées  plus  près,  cau- 
lënt  en  groflifTant  plus  de  difformité  à  la  vue  ;  &:  même  il  arrivera  pour 
lors  aux  Meuriers'de  lailfer  tomber  fou  vent  leur  fruit,  avant  que  d’être 
mûrs,  à  caufè  de  la  trop  grande  quantité  de  feuilles. 

On  peut,  quand  il  s’agit  de  Bâtimens  fort  hauts, y  attacher  les  bran¬ 
ches  un  peu  plus  vers  le  haut ,  en  prenant  toujours  bien  garde  que  cela 
ait  la  figure  d’un  éventail ,  ou  des  doigts  d’une  main  étendue  :  il  faut 
auffi  avoir  foin  à  tems ,  que  les  extrémités  des  branches  ,  à  mefure  que 
ces  dernières  pouffent ,  ne  fe  touchent  jamais ,  mais  qu’elles  reftent 
toujours  dans  ime  jufle  diftance  :  encore  moins  doit-on  croifer  ces 
branches ,  ou  les  attacher  l’une  à  l’autre ,  ou  plier  de  petites  bran¬ 
ches  ,  à  moins  que  les  arbres  ne  fuftent  fort  furannés ,  ou  qu’ils  euffent 
été  entre  les  mains  d’un  Jardinier  ignorant,  qui  dès  le  commencement 
ait  négligé  de  les  tailler  ou  de  les  conduire  comme  il  faut  ;  d’où  il  arri¬ 
ve  qu’ils  font  dégarnis  au  milieu  des  branches ,  -:ce  à  quoi  on  remédiera 
alors  autant  qu’il  eft  ponible,en  garniffant  ces  places  vuides,  pour  pré¬ 
venir  par-là  une  plus  grande  difformité. 

On  aura  bien  foin  encore  que  les  branches  ne  fè  meurtriffent  pas  en 
les  courbant,  ou  qu’elles  ne  foient  pas  gênées;  car  étant  comprimées, 
de  manière  que  le  cours  de  la  fève  foit  interrompu,  elles  poufferont 
prefque  toujours  au  devant  de  la  courbure,  des  jets  à  eau,  qui  abforbe- 
ront  la  vigueur  du  refte  de  la  branche  :  l’interruption  de  la  fève  y  pro¬ 
duit  auffi  de  la  gomme ,  ce  à  quoi  les  Pêchers  &  les  Abricotiers  font 
fort  fùjets  :  outre  qu’il  eft  très  desagréable  de  voir  une  branche  mal 
attachée  ;  c’eft-pourquoi  on  ne  fe  fervira  jamais  des  branches  que  la  tigç 
pouffe  par  devant,  pour  les  conduire  &  les  attacher  par  les  côtés. 

Pour  faire  que  les  arbres  paroiffent  des  tapis  verds ,  garnis  de  bran¬ 
ches  depuis  le  haut  jufqu’en-bas ,  couverts  de  feuilles  &  chargés  de  fruits 
entrelacés,  il  faut  mettre  en  ulàge  les  moyens  indiqués:  de  plusilefl 
pour  cela  néceffaire  de  détacher  annuellement  tout-à-fait  &  d’attacher 
de  nouveau  les  arbres  nouvellement  plantés ,  dont  les  branches  groffis- 
fent  vifiblement  ;  de  renouveller  &  de  changer  les  liens  ;  ce  qui  produit 
non  feulement  un  bel  arrangement  de  branches ,  mais  empêche  aufli  que 
rOfîer  ne  les  rompe  à  mefure  qu’elles  groffiffent,  qu’il  ne  les  entame,  &  que 


ÏI2 


LES  AGREMENS 

les  (errant  trop  ,  il  n’y  caulè  de  la  gomme;  ce  qui  arrive  pareillement; 
lorfqiie  les  branches  en  grolTiiTant  font  comprimées  par  les  doux ,  ce 
qui  e(t  extrêmement  nui(ible  à  tous  les  arbres ,  mais  fur-tout  aux  Pêchers 
&  aux  Abricotiers.  Pour  prévenir  cet  inconvénient,  on  ne  négligera 
jamais  d’arracher  tous  les  Cloux  dont  on  n’a  pas  befbin  ;  &  l’on  aura 
foin  que  l’Ofier  que  l’on  tourne  autour  du  clou  foit  tellement  tors ,  que 
les  branches  en  groffiiTant  ne  touchent  point  à  ces  Cloux.  11  ne  faut 
pourtant  tordre  l’Ofier  qu’autant  qu’il  eft  néceflaire  pour  prévenir  cela;' 
car  autrement  cela  eft  difforme,  vu  que  les  branches  doivent  être  con¬ 
duites  aufti  près  des  Cloux  qu’il  eft  poffible,  fans  cependant  les  tirer 
trop,  fort  en  les  attachant.  Ainfî  pour  attacher  comme  il  faut  avec  de 
l’Ofier  les  branches ,  (ans  toucher  nulle  part  aux  Cloux  qu’on  a  plantés, 
on  fera  enforte  que  le  gros  bout  de  l’Olier  tordu  foit  mis  derrière  entre 
les  branches  &  les  ,Cloux.  Il  faut  aufll  avoir  grand  foin  de  ficher  les 
Cloux  au- deffus  des  branches  qu’on  doit  attacher;  &  quoiqu’alors  les 
branches  repolènt  davantage  fur  les  liens, &lbient  plus  lèrrées  contre  les 
Cloux,  cela  eft  pourtant  néceflaire,  puifqu’il  eft  autrement  impoffible  de 
pofer  les  liens  comme  il  faut.  11  faut  favoir  encore  pour  attaclier  avec 
de  roder  bien  tordu,  qui  de  lui  même  ne  fe  détord  pas,  que  tout  arbre 
croît  félon  le  cours  du  Soleil ,  &  qu’étant  tordus  dans  ce  fens ,  ils  font 
non  feulement  plus  fléxibles,  mais  aufti  que,  fuivant  leur  nature,  ils 
joignent  beaucoup  mieux. 

En  traitant  dans  la  fuite  des  arbres  làuvages,  on  remarque  au  fujet  des 
petits  Saules  ^  qu’il  y  a  parmi  eux  diverfès  fortes  d’Oder ,  &  qu’il  s’en 
trouve  qui  font  plus  longs,  plus  fléxibles  &  plus  forts  que  d’autres.  Ce¬ 
lui  qu’on  appelle  Oder  blanc  dure  le  plus  longtems  ;  c’eft  pourquoi  il 
eft  très  propre  pour  attacher  de  fort  grofles  branches ,  fur-tout  contre 
des  Murailles  fort  hautes ,  expofées  à  des  vents  violens  :  mais  comme  il 
eft  trop  groftier  &  moins  fouple  que  le  rouge ,  il  eft  aufti  peu  propre 
pour  attacher  de  minces  &  de  jeunes  branches  qui  groftiflent,  lefquelles 
il  entame  fouvent;  c’eft  pourquoi  à  tout  ce  qu’on  attache  pendant  l’Hi¬ 
ver,  on  y  emploie  de  l’Oder  rouge,  qui  eft  plus  mince  &  qui  çérit  tous 
les  ans.  Pendant  l’Eté  on  lie  les  tendres  rejettons  avec  des  joncs  qui , 
après  avoir  été  trempés  pendant  une  heure  ou  deux ,  font  très  propres  à 
cet  ufage;  6c  à  leur  défaut  on  peut  fe  forvir  de  jonc  de  Mofcovie. 


CH  A- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


la 

LIVRE  TROISIEME; 

^  I 

CHAPITRE  L 

Des  fleurs des  Boutons  de  Fleurs des  Fruits  en  général^  ^  de  quei^ 
ques  fortes  en  particulier comme  aujfi  du  tems  de  leur  maturité. 

ON  peut  voir  les  fleurs  de  toutes  fortes  de  fruits ,  (excepté  les  Figues 
dont  les  fleurs  relient  cachées  à  la  vue  dans  le  fruitj  ,  lefquelles 
pai’oilTent  en  divers  tems ,  de  différentes  manières ,  de  différentes 
formes  &  couleurs,  la  plupart  fortant  de  leurs  boutons  ,qui  l’Eté  précé¬ 
dent  ont  commencé  à  le  former  liir  de  vigoureux  rejettons ,  &  quelque¬ 
fois  aulli  fur  du  plus  vieux  bois  de  l’année  précédente ,  ou  de  plu- 
fieurs  autres  années.  Les  boutons  qui  viennent  de  rejettons  vigou¬ 
reux  la  même  année  ,  font  les  Railins ,  les  Griottes ,  les  Pêches  &  les 
Abricots  :  il  arrive  aulTi  quelquefois  que  les  Figues  viennent  à  du  bois 
de  la  même  année  ;  mais  les  Pommes, les  Poires,  les  Merifes,  les  Ceri- 
lès,  croiffent  toujours  fur  des  branches  d’une  ou  de  plulieurs  années. 

Les  boutons  le  formant,  comme  il  a  été  dit, pendant  l’Eté  vers  l’Au* 
tonne  ,  lè  gonflent  le  plus  pendant  l’Hiver  ,  jufqu’au  Printems ,  qu’ils 
crèvent  &  pouffent  des  fleurs.  11  n’y  a  que  les  boutons  des  Noizettiers 
qui  ne  crèvent  point ,  quoiqu’ils  pouffent  leurs  fleurs  par  la  pointe  , 
mais  ils  paroiflent  avant  tous  les  autres ,  prefque  [dans  l’Hiver,  &  mê¬ 
me  hérilTés  d’une  grande  quantité  de  petites  fibres  d’un  pourpre  é- 
clatant.  Après  cette  fleur  liiit  celle  de  Cornouille  ,  enfuite  celle  d’A- 
mandier  ,  de  la  couleur  de  la  fleur  de  Pêche  :  puis  celle  d’ Abricot  à 
feuille  blanchâtre  :  après  vient  la  fleur  de  Pêche ,  de  couleur  différente  , 
félon  lès  elpèces ,  comme  pâle-clair  ,  rouge  ,  rouge  plus  foncé  ,  pour¬ 
pre  ;  aufli  à  plus  grande  ou  plus  petite  fleur ,  mais  à  feuilles  ouvertes  , 
ayant  au  dedans  de  la  fleur  plus  ou  moins  de  filamens.  Les  Cerilès  des 
Cloifons  viennent  avec  les  Pêches  ;  mais  celles  qui  font  en  plein  vent 
paroiffent  un  peu  plus  tard  :  elles  ont  une  fleur  blanche  ,  &  il  y  en  a 
quelques-unes  qui  tirent  fur  le  rouge.  Enfuite  viennent  les  Poires , 
dont  une  efpèce  fleurit  avant  l’autre ,  mais  cependant  avant  les  Pom- 
Farîie  L  P  mes. 


114.  '  S  A  G  R  E  MENS 

mes  5  qui  viennent  après.  La  plupart  des  fleurs  à  fruit  ont  cinq  feuil¬ 
les  ;  l’Ananas  n’en  produit  hors  du  fruit  même  que  trois  autour  de 
chaque  bouton  :  s’il  s’en  trouve  plus ,  c’efl:  un  jeu  de  la  Nature. 

Les  fruits^à  queue  longue  ont  ordinairement  de  grandes  fleurs  aufTi  à 
queue  longue  ;  la  queue  de  quelques-unes  s’allongeant  après  qu’ils  font 
noués  3  comme  la  Bergamote  Crafane  ,  la  St.  Germain  ,  le  Beurrée, 
&c.  11  y  en  a  au  contraire  dont  les  queues  ont  la  longueur  requife,  a- 
vaut  que  les  fleurs  foient  nouées ,  comme  les  Poires  de  fafran  ,  la  Poiro 
Madame  ,  &c.  Les  fruits  dont  les  queues  font  les  plus  longues  &  les 
feuilles  des  fleurs  les  plus  grandes ,  ont  pour  l’ordinaire  la  fleur  plus 
Ample  &  pas  tant  en  forme  deRolèjque  ceux  qui  ont  une  queue  courte, 
mais  pendante  en  guifè  de  cloche.  Qiiand  les  fleurs  ne  pouffent  pas  trop 
fort  3  elles  fe  nouent  beaucoup  mieux  3  parce  qu’alors  il  leur  refte  plus 
de  tems  pour  fè  transformer  en  fruit  ;  ce  qui  fe  voit  fur -tout  aces 
fruits  3  dont  le  bois  efl  poreux  ,  &  dont  la  feuille  a  une  longue  queue  : 
car  quand  la  fève  monte  abondammant  3  les  queues  deviennent  trop 
minces  en  s’allongeant  3  ce  qui  les  mettant  hors  d’état  de  recevoir  les  fucs 
abondans  3  les  fera  périr  :  celles  qui  ont  la  queue  courte  jauniront ,  &  les 
unes  &  les  autres  tomberont  avant  que  d’êtré  nouées.  D’un  autre  côté  il 
eft  très  nuiflble  que  les  fleurs  relient  longtems  à  fleurir  3  ce  qui  arrive  par 
un  trop  long  froid  3  parce  qu’après  avoir  été  ainfl  expofées  pendant  quel¬ 
que  tems  3  elleâ  tombent  pour  l’ordinaire  3  quoique  les  fruits  foient  déjà 
formés  3  ne  pouvant  abfolument  venir  à  maturité. 

Qiioique  les  fruits  des  plantes  foient  tout  ce  qui  efl  utile  3  qu’il  y  en 
ait  dont  les  fruits  font  les  racines ,  les  écorces  ,  les  rejettons  vigou¬ 
reux  3  les  feuilles  3  les  boutons  3  les  fleurs  3  la  fèmence  3  àc.  j’entens  ce¬ 
pendant  par  le  mot  de  fruit ,  ce  qui  peut  d’une  manière  ou  d’autre  cha¬ 
touiller  la  langue  ;  en  exceptant  ce  qui  fert  uniquement  &  Amplement  à 
la  nourriture  ou  aux  remèdes.  Ainfi  on  appelle  fruits  3  toutes  fortes  de 
Pommes  3  Poires ,  y  compris  les  Coings  3  les  Pommes  de  la  Chine  3  les  O- 
ranges,  &  les  Limons  (quoique  ces  trois  derniers  foient  des  fruits  étran¬ 
gers)  3  les  Cerifès3  Merifes,  Meures,  Pêches 3  Abricots 3  Prunes 3  Rai- 
11ns  3  Figues  3  des  Framboifès  3  des  Grozeilles  rouges 3  vertes,  noires, 
blanches,  de  l’Epine  Vinettejdes  Bayes  de  Suraii3Cornouilles,  Nefles, 
greffes  Noix  ,  Noizettes ,  Amandes  &  Châtaignes ,  tous  ceux-ci  étant 
des  fruits  d’arbre  ;  à  quoi  j’ajoute  encore  les  Fraifes,  les  Melons,  &  les 
Ananas  ,  dont  les  deux  derniers  font  des  fruits  étrangers  ,  mais  qu’on 
peut  cependant  cultiver  aiilîl  bien  chez  nous  que  dans  leur  propre  Cli¬ 
mat.  Que 


DE  LA  CAMPAGNE.  uç 

Que  tous  les  fruits  dont  je  viens  de  faire  mention  aient  befoin  pour 
faire  du  bois ,  des  boutons,  des  fleurs  >  pour  fe  nouer  pour  mûrir,  de  plus 
ou  moins  de  chaleur,  &  d’en  être  diverfèment  affeétés,  c’eft  ce  qui  pa- 
roit  clairement  quand  ils  fleuriflent,  &  enfuite  aù  tems  de  leur  crue  & 
de  leur  maturité  dans  la  faifon.  Que  les  arbres  puiflent  aufli  réfifter  à 
plus  ou  moins  de  froid ,  &  cela  non  feulement  dans  leurs  elpèces ,  comme 
les  Pommes ,  les  Poires ,  les  Pêches ,  &c.  mais  aufli  quant  aux  différentes  for^ 
tes  d’efpèce,  c’eft  une  vérité  très  certaine:  il  y  a  ainfi  dans  des  Climats- 
fort  froids  (comme  en  Mofcovie) ,  une  forte  de  Pommes  transparentes 
dans  lefquelles ,  quand  elles  font  mûres ,  on  peut  voir  les  Pépins  :  dans  le' 
tems  qu’il  n’y  en  fauroit  croître  aucune  autre  forte,  encore  moins  des  Poi¬ 
res.  On  trouve  pareillement  dans  des  Païs  plus  méridionaux  de  la  Mofco¬ 
vie,  quoique  pourtant  forts  froids,  des  Griottes,  dans  le  tems  qu’il  n’y 
fauroit  croître  des  Cerifès,  ni  des  Merifès, encore  moins  des  Pêches, des 
Raifins  ou  des  Figues.  Comme  donc  les  arbres  &  les  fruits  demandent 
moins  de  froid ,  ils  ne  fauroieut  réfifler  aulTi  à  une  trop  grande  chaleur  ; 
c’efl-pourquoi  on  ne  fauroit  cultiver  dans  plufieurs  Climats  fort  chauds , 
pas  même  par  art,  nos  Grozeilles,  nos  Pommes,  nos  Poires,  nos  Ceri- 
lès,  &c.  Notre  Climat  de  Hollande  eft  très  propre  pour  produire  les 
arbres  dont  je  viens  de  parler  ,  &  pour  faire  bien  mûrir  les  fruits ,  & 
fur-tout  des  Grozeilles,  des  Cerifes,  des  Merifès,  des  Griottes ,  des 
Pommes ,  des  Poires ,  des  Pêches ,  des  Prunes  ;  quoique  parmi  ces  der^ 
niers  il  s’en  trouve  quelques  -  uns  qui  n’y  parviennent  pas  à  une  matu¬ 
rité  parfaite ,  &  font  privés  ainfi  du  jus  délicieux  requis  pour  être 
mangés  cruds  ;  ce  qui  fait  que ,  pour  les  rendre  mangeables,  il  faut  emplo¬ 
yer  le  feu ,  en  les  étuvant  ou  en  les  rotiflant,  comme  cela  fe  void  à  l’é¬ 
gard  du  bon-Chrétien,du  Virgoulé,des  Prunes  de  Damas,  &  de  plufieurs 
autres , qui, quoique  cruds,  ne  laifTent  pas  d’être  excellons  en  France:  en 
faifant  attention  à  cela ,  il  me  paroit  probablement  que  nos  Poires  à  cui¬ 
re  pendant  l’Hiver ,  ne  pouvant  parvenir  à  leur  maturité  pour  être 
mangées  crues, aquéreront  par  la  chaleur  dans  d’autres  Climats,  une  eau 
beaucoup  plus  agréable. 

Tous  les  fruits  en  quefl;ion,(Sc  même  les  Raifins  &  les  Figues,  ne  de¬ 
mandent  pas  trop  de  pluie  vers  le  tems  qu’ils  font  en  fleurs,  für-tout 
point  de  pluies  fortes  ;  mais  beaucoup  après  être  formés ,  particulière¬ 
ment  quand  les  pépins  étant  formés ,  commencent  à  fe  gonfler ,  car 
alors  ils  groffiront  davantage  ,  ce  qui  fè  voit  vifiblement  aux  Raifins  <Sc 
aux  Pêches  :  il  leur  faut  d’un  autre  côté  de  la  féchereffe  vers  le  tems  de 

P  2  leur 


LES  AGREMENS 


■  ii6 

leur  maturité ,  pour  rendre  leur  jus  meilleur ,  comme  aufll  une  chalem* 
continue  ,  mais  tempérée  ,  la  trop  grande  chaleur  étant  toujours  fort 
nuifible  ,  parce  qu’elle  reflerre  les  pores  du  bois ,  &  empêche  ainfî  la 
fève  de  monter  autant  qu’il  le  faut  pour  nourrir  les  fruits  &  les  feuilles. 
C’ell:  aulfi  pourquoi  une  expofition  continuelle  au  Soleil  nuit  toujours 
aux  fruits ,  même  à  ceux  qui  ont  befoin  d’une  chaleur  durable  ,  telle 
qu’il  en  fait  peu  dans  ce  Païs  pendant  l’Eté  :  car  cela  fait  reflerrer  les 
pores,  à  caufe  que  la  peau  des  fruits  devient  trop  fèche  ,  ce  qui  empê¬ 
che  aulfi  que  les  parties  aqueufes ,  qui  par  la  fermentation  dans  Tinté* 
rieur  des  fruits ,  doivent  être  pouflees  au  dehors,  ne  peuvent  s’exhaler: 
outre  qu’une  telle  évaporation  eft  très  néceflaire  ,  elle  donne  auflTi  aux 
fruits ,  quelque  chofe  d’agréable  à  l’œil ,  parce  que  les  parties  les  plus 
déliées  fe  fixent  autour  de  la  peau ,  y  formant  un  coloris  qui  femble  don¬ 
ner  un  bon  goût  au  fruit.  La  chaleur  eft  fur-tout  nécelTaire  au  Prin* 
tems  &  dans  TAutonne ,  failànt  mûrir  bien  plutôt  les  fruits ,  quand 
même  il  feroit  plus  froid  &  plus  humide  au  milieu  de  l’Eté  &  au  mois 
de  Juillet  :  &  afin  que  les  fruits  ne  foient  pas  trop  expofés  à  l’ardeur  du 
Soleil ,  il  eft  très  bon,  fur-tout  quand  il  s’agit  des  Efpaliers  ,  que  ces 
fruits  foient  à  Tombre  du  feuillage  ,  ce  qui  leur  fait  avoir  plus  de  colo¬ 
ris  ,  &  leur  commiuiique  ainfî  un  meilleur  goût.  Mais  comme  trop  de 
pluie  dans  la  faifon  des  fleurs  les  fait  tomber, fans  qu’elles  fè  nouent,  & 
caulè  dans  la  faifon, où  les  fruits  mûriirent,des  fruits  aigres  &  defagréa- 
bles  ;  il  eft  aufll  très  pernicieux  de  les  couvrir  de  trop  de  feuilles- ,  par¬ 
ce  que  cela  empêche  le  bois  de  parvenir*  à  fa  maturité ,  &  les  fruits  de 
fermenter  d’une  manière  convenable  ,  d’où  il  arrive  que  ces  derniers 
mûriflant  très  peu,  font  toujours  d’un  très  mauvais  goût.  11  faut  les  plan¬ 
ter  dans  une  difl'érente  expofition  au  Soleil  ,.  &  les  traiter  diverfement 
félon  les  befoins  des  fruits  ;  la  nature  des  Fonds  <Sc  des  Plants  donnera 
plus  ou  moins  de  bon  goût  aux  fruits  r&  fi  on  les  cueille  bienàproposau 
tems  de  leur  maturité,  leur  goût  fera  aulfi  infiniment  meilleur  ,  fi  vous 
en  exceptez  les  Raifins  &  les  Figues  ;  car  aulfi  longtems  que  les  Raifins 
Ibnt  gonflés  &  fans  rides ,  &  que  les  Figues  quoique  ridées  ne  fè  cor¬ 
rompent  pas  ,  ils  feront  meilleurs  étant  cueillis  lorfqu’ils  font  plus  que 
murs  :  mais  ce  font  là  auifi  les  feuls  qu’il  faut  cueillir  ainfi,car  après  le 
jufte  tems  de  la  maturité ,  le  bon  jus  commence  à  rentrer  dans  le  bois  : 
delà  vient  que  les  fruits  venus  comme  il  faut  au  point  de  maturité,  fans 
être  piqués  par  les  Infeéles,  qui  tombent  fort  doucement  d’eux-mêmes, 
n’ont  jamais  un  aulfi  bon  goût ,  que  ü  on  les  avoit  cueillis  un  jour  ou 

deux 


DE  LA  CAMPAGNE. 


^7 

deux  avant  leur  chute,  outre  que  ces  fruits  d’Eté  tombés  font  pour  l’or¬ 
dinaire  pâteux  ,  mous ,  &  d’un  goût  aigre  ,  &  ceux  d’Hiver  beaucoup 
moins  durables ,  fans  compter  qu’ils  perdent  leurs  parties  les  plus  fubti- 
les.  Les  fruits  qui  ont  été  cueillis  avant  leur  maturité  ,  leur  eau  n’a¬ 
yant  pas  fermenté  alTez ,  font  par  cela  même  d’un  goût  rude  &  âpre, 
peu  ou  point  mangeables  ,  à  proportion  du  tems  qu’il  leur  auroit  falu 
pour  mûrir  parfaitement  ;  c’eft  pour  cela  que  les  fruits  d’Eté  cueillis 
bien  mûrs,  font  les  plus  agréables,  quoiqu’ils  puiflent  être  moins  maniés, 
&  qu’ils  fe  pourriffent  très  facilement  quand  on  les  transporte.  Ceux 
au  contraire , qui  font  moins  mûrs ,  peuvent  réfîller  à  plus  de  fatigue,  par 
cela  même  que  la  prelTion  les  failant  fermenter,  les  fait  aulîl  entière¬ 
ment  mûrir.  On  vend  les  fruits  peu  mûrs  d’Eté  ,  parce  qu’ils  paroif- 
fent  de  bonne  heure  mûrs ,  plus  cher  qu’on  ne  feroit ,  fi  on  les  cueilloit 
quelques  jours  après  ,  lorfqu’ils  feroient  en  état  ;  c’eli  -  pourquoi  chacun 
s’emprelTe  à  vendre  le  prémier ,  ce  qui  fait  qu’on  peut  acheter  rarement 
d’excellens  fruits  d’Etè  cueillis  bien  mûrs,  qui,  mangés  fur  le  champ,, 
font  fort  préférables  aux  autres  ;  &  cela  fur-tout  quand  on  doit  les  rece¬ 
voir  d’un  endroit  éloigné.  La  plupart  des  fruits  d’Eté  indiquent  vifi- 
blement  le  tems  propre  à  les  cueillir  ;  il  n’efi:  pas  fi  vifible ,  quand  ils 
font  les  plus  propres  à  être  mangés  après  avoir  été  cueillis ,  parce  qu’ils 
paflent  fort  vite  de  leur  jufte  maturité  à  la  pourriture.  C’eli  près  de  la 
queue  qu’ils  ont  leur  meilleure  eau ,'  &  leur  goût  eft  ordinairement  plus 
agréable  ,  quand  l’entamiire  de  la  queue  va  vers  le  haut,  que  quand  elle 
va  du  haut  vers  la  queue  :  c’eft  aulTi  près  de  la  queue  qu’ils  commen¬ 
cent  à  mûrir. 

Plufieurs  fruits  mûrilTent  entièrement  fur  l’arbre  ,  làns  avoir  belbin 
d’être  gardés;  mais  la  plupart  des  fruits  d’Autonne  &  tous  ceux  d’Hi¬ 
ver  aquièrent  leur  bonté,  quand, après  avoir  été  cueillis  bien  mûrs ,  on 
les  garde  pendant  quelque  tems,  les  uns  plus  &  les  autres  moins.  Mais 
comme  on  cueille  dans  le  même  tems  les  fruits  d’Autonne  &  d’Hiver, 
lèlon  leurs  elpèces ,  &  que  ces  fruits  ne  m-ûriflent  pas  pourtant  tous  à  la 
fois,  il  n’eftpas  rare  que  les  uns  foient  meilleurs  &plus  durables  que  les 
autres  ;  les  indices  de  leur  maturité  précilè  étant  aiifll  plus  équivoques 
que  ceux  des  Pommes  &  des  Poires  d’Eté:  on  connoitra  qu’il  efi:  tems 
de  les  cueillir  quand  ils  tombent  pendant  le  calme.  Les  indices  géné-‘ 
raux  de  la  maturité  des  fruits  font,  qu’avec  leur  couleur  requife  ,  ils  pa- 
roiflent  à  l’œil  verniffés ,  &  les  opaques  en  quelque  façon  transpareris  r 
il  faut  fur-tout  regarder  au  vernis, car  il  dilparoit  de  plus  en  plus, à  me- 

P  3  fure 


IIS  LESAGREMENS 

fiire  que  les  fruits  deviennent  trop  mûrs  ;  on  peut  cependant  fe  tromper 
à  cette  marque  ,  fur-tout  aux  Pêches  ,  parmi  lesquelles  on  en  trouve 
fouvent  d’une  telle  cueillette  que ,  pour  les  avoir  gardées  trop  long- 
tems  5  elles  deviennent  coriaces ,  molles  &  d’un  goût  fort  desagréa¬ 
ble,  &  d’autres  fi  mûres ,  qu’elles  perdent  tout  d’un  coup  leur  couleur: 
elles  ne  font  pus  fi  bonnes  à  beaucoup  près ,  que  celles  qui ,  après  avoir 
été  ferrées  pendant  vingt  &  quatre  heures ,  font  devenues  tendres  par 
ce  moyen.  Quoique  la  prelTion  nuife  k  toutes  fortes  de  fruits ,  elle  efi: 
principalement  niufible  aux  Pêches ,  qui  le  donnent  bientôt  à  connoître 
en  fe  pourrHTant  :  on  efi  pourtant  obligé  quelquefois  de  le  faire  ,  pour 
s^alTurer  de  leur  maturité  ,  en  les  ferrant  entre  les  doigts  :  il  faut  s’y 
prendre  bien  prudemment, quand  il  s’agit  de  toucher  ces  fruits,  de  mê¬ 
me  que  tous  les  autres ,  &  le  faire  toujours  à  l’endroit  par  lequel  ils 
commencent  à  mûrir  ,  lavoir  à  la  couture  tout  près  de  la  queue , 
quand  ce  font  des  Pêches  ou  des  Abricots.  La  meilleure, la  plus  pruden¬ 
te,  &  la  moins  ruineufe  manière  cependant,  efi  de  les  lèrrerdans  le  creux 
de  la  main,  pour  voir  fi  fans  prelfion  ils  quittent  fans  peine  leur  queue. 
La  prelfion  n’efi  pas  feulement  nuifible ,  mais  aiilfi  l’attouchement , 
quelque  doux  qu’il  foit ,  parce  qu’on  emporte  par-lk  le  coloris ,  plus  ou 
moins  :  c’efi  pour  cela  qu’il  faut  manier  les  Pêches  fort  prudemment,  mê¬ 
me  quand  on  les  cueille  ,  &  que  pour  leur  donner  un  plus  beau  coloris, 
il  faut  après  la  cueillette  en  emporter  le  coton  avec  un  petit  coupon  d’u¬ 
ne  fort  douce  étoffe. 

Parmi  les  fruits  crus  dans  des  terres  graffes  ou  fablonneufos ,  les  plus 
gros  dans  leurs  efpèces  font  ordinairement  les  meilleurs  ;  par  conféquent 
fos  groffes  Pêches  provenues  du  même  arbre ,  avec  de  plus  petites ,  font 
les  plus  agréables  ;  &  ces  dernières  fort  rarement  bonnes  :  les  plus  pe¬ 
tits  Abricots,  au  contraire,  font  très  fouvent  les  meilleurs  :  il  en  efi  de 
même  des  Prunes ,  pourvu  que  cette  petitefTe  ne  foit  pas  caufée  par  une 
trop  grande  quantité  de  fruits  de  l’arbre  qui  les  a  produits.  Ce  ne  font 
pas  pourtant  toujours  les  plus  gros  fruits  qui  font  les  meilleurs  ,  il  arri¬ 
ve  fouvent  au  contraire  ,  qu’ils  font  fpongieux  ,  comme  la  plupart  de 
ceux  qu’on  momme  doubles ,  excepté  les  Pêches  &  les  Poires ,  que 
nous  nommons  Riet-peeren^  qui  font  meilleures  que  les  fimples ,  au-lieu 
que  les  Courtpendus  ,les  Pommes  d’or,  &  les  Noix  doubles,  ne  font  pas  fi 
bonnes  que  les  fimples.  Lors  donc  que  je  dis  que  les  plus  gros  fruits  font 
les  meilleurs,  j’entens  parler  de  ceux  de  la  même  efpèce ,  crus  à  un  même 

arbre  ;  comme  font  les  Pommes  rayées  de  gris ,  les  Courtpendus ,  crues 

\ 

a 


DE  LA  CAMPA  G  N  E.  up 

à  lin  même  arbre,  car  les  plus  groflbs  font  les  meilleures. 

Les  fruits  des  arbres  furchargés  n’ont  jamais  le  goût  fort  relevé ,  ils 
l’ont  même  Ibuvent  infipide.  Ceux  qui  doivent  être  mangés  peu  après 
la  cueillette, comme  ils meuriffent  làns  qu’on  foit  obligé  de  les  ferrer, in¬ 
diquent  d’une  manière  plus  vifible  que  toute  autre,  le  tems  précis  où  il 
les  faut  cueillir.  Les  Cerifès  &  les  Mérifès  doivent  avoir  la  couleur 
brune  tirant  fur  le  noir ,  être  d’un  brun  plus  ou  moins  foncé ,  d’un  rou¬ 
ge  plus  clair  ou  plus  foncé,  d’un  rouge  mêlé  de  blanc.  Il  y  en  a  quel¬ 
ques-unes  qui  doivent  être  blanches  lèlon  leur  elpèce,  mais  toutes  doi¬ 
vent  être  couvertes  de  coloris  ;  c’ell  par  où  l’on  peut  juger  de  leur  ma¬ 
turité.  11  y  a  pourtant  des  efpèces  qui  ont  la  chair  plus  caflante,  moins 
remplie  d’eau  que  les  autres  ;  <Sc  cela  ,  félon  qu’après  avoir  été  cueillies 
bien  mûres ,  on  peut  les  conierver  plus  longtems  les  unes  que  les  autres. 

Les  Mérilès  font  toutes  d’une  même  couleur,  &  lorfqu’elles  font  mû¬ 
res  ,  cette  couleur  eft  d’un  beau  brun  tirant  fur  le  noir. 

Les  Meures ,  quoique  moins  colorées  &  moins  transparentes  que  les 
Mérilès,  font,  étant  mûres,  d’un  beau  brun  tirant  fur  le  noir:  leur  co¬ 
loris  ,  quand  elles  font  trop  mûres ,  s’efface ,  &  elles  s’aigriffent  ôc  fo 
moiliftent  :  auiïi  font-elles  fujettes  à  tomber. 

Les  Framboifes  font  d’un  rouge  foncé,  moins  colorées,  mais  plus 
cotonncufes. 

Les  Ronces  ou  les  Meures  Ikuvages  font  de  pourpre-bleu  ,  très  colo¬ 
rées  ,  beaucoup  plus  que  les  Meures. 

Les  Meures  de  Renard  font  d’un  bleu  foncé  ou  obfcur. 

‘  Les  Grozeilles  noires  font  d’un  noir  parfait  luifant  ;  elles  s'^aigriffent 
quand  elles  font  trop  mûres,  &  alors  elles  tombent  de  leurs  grapes. 

Les  Grozeilles  blanches  font  prefque  de  couleur  de  chair. 

Les  Grozeilles  rouges  font  d’un  rouge  foncé  clair  ;  ces  deux  derniers 
fruits  font  fort  luifans ,  &  lailfent  apercevoir  les  grains. 

-  -  L’Epine  Vinette  a  moins  de  jus ,  la  peau  plus  épailTe,  eft  plus  petite, 
longue  «Sc  plus  mince  que  les  Grozeilles ,  &  par  cela  même  moins  tranft 
■parente  ;  quand  elle  eft  mûre  ,  elle  doit  être  d’une  couleur  agréable, 
d’un  luifant  rougeâtre. 

Les  Baies  de  Sureau  font  de  couleur  brune  tirant  fur  le  noir. 

Les  Cornouilles  font  d’un  rouge  foncé. 

Les  Abricots.  11  y  en  a  de  trois  ou  quatre  fortes  ,  parmi  lesquels  il 
s’en  trouve  de  jaunâtres ,  &  de  blanc  -  vermeils  ;  mais  les  meilleurs  font 
d’un  vermeil  orange ,  tiquetés ,  d’un  brun  foncé  tirant  fur  le  rouge. 

Les 


120 


LES  AGREMENS 


Les  Prunes  font  de  différentes  couleurs  ,  comme  d’un  jaune  foncé  âc 
pâle,  bleues,  violettes,  rouges,  rougeâtres,  tachetées,  vertes,  parmi 
lesquelles  il  y  en  a  qui  ont  plus  ou  moins  de  jus  ,  la  chair  plus  cafl'an- 
le  &  plus  beurrée.  Celles  qui  ont  beaucoup  de  jus  doivent  avoir  la  peau 
transparente ,  &  toutes  doivent  auffi  avoir  une  tranfparence  luifànte 
fur  leur  coloris  ;  ce  qui  eft  plus  particulier  aux  Prunes  &  aux  Raifins 
qu’à  tout  autre  fruit. 

Les  Pêches.  Pour  ce  qui  les  regarde ,  les  Friands  ne  font  pas  d’ac¬ 
cord  touchant  la  préférence  qu’on  doit  leur  donner.  Il  y  en  a  qui  pen- 
lènt  qu’elles  font  meilleures ,  quand  on  les  mange  dabord  après  les  avoir 
cueillies  :  il  y  en  a  d’autres  qui  affurent  que  ce  n’eft  qu’après  avoir  été 
gardées  pendant  un  jour  ou  un  jour  &  demi ,  qu’elles  ont  leur  goût  le 
plus  exquis  :  il  a  été  remarqué  ci-devant  qu’on  ne  peut  favoir  fùrement 
le  tems  précis  de  leur  maturité. 

Les  Raifins.  11  y  en  a  de  difïérentes  fortes  ,  des  blancs  ,  d’un  brun 
foncé,  &:  d’un  brun-bleuâtre  plus  clair,  de  noirs  tachetés ,  &c.  comme 
auffi  d’im  jus  plus  ou  moins  fondant ,  à  proportion  de  leur  maturité  :  ce 
qui  fait  aulfi ,  qu’ils  font  plus  ou  moins  tranfparens ,  éc  font  voir  leurs 
pépins.  Ils  ne  fauroient  être  trop  mûrs ,  car  aulfi  longtems  que  les  gra- 
pes  ne  le  deffèchent  pas,&  que  leurs  grains  reftent  gontlés  fans  rides, ils 
gagnent  de  plus  en  plus  à  la  Treille. 

Les  Figues  meuries ,  jufques  à  fè  rider ,  font  les  meilleures  au  goût, 
quoique  moins  agréables  à  l’œil. 

Les  Grozeilles  nommées  en  Hollandois  Kruys-bezten.  11  y  en  a  de 
jaunâtres, de  blanches, de  rouges; des  tiquetées, des  luifantes,des  trans¬ 
parentes  ,  qui  ont  des  grains  tirant  fur  le  brun. 

Les  Oranges  de  la  Chine ,  ou  Orânges  douces  ,  font  d’un  beau  rou¬ 
ge  foncé  clair,  luifànt,  de  même  que 

Les  Oranges,  avec  cette  différence,  que  le  rouge  de  celles-ci  tire  fur 
le  jaune.  Auffitôt  qu’elles  perdent  leur  coloris ,  elles  ont  déjà  perdu 
leur  jus. 

Les  Limons  font  d’un  beau  jaune  luifànt  :  quand  cette  couleur  com¬ 
mence  à  fe  changer  en  un  jaune  plus  foncé  tirant  fur  le  brun,  alors  leur 
jus  eff  déjà  defféché. 

Les  Noix  :  quand  leurs  Chatons  commencent  à  fe  fendre  &  à  créver 
tout-à-fait ,  de  manière  que  les  Noix  paroiflent ,  pour  lors  les  parties 
Jiuileufes  font  déjà  trop  épailfies. 

Les  Châtaignes  font  tout  comme  les  Noix. 


Les 


DE  LA  CAMPAGNE;  ni 

Les  Noizettes  :  leurs  chatons  deviennent  jaunes. 

Les  Coings  font  jaunes ,  &  ont  de  Podeur. 

On  ne  peut  pas  compter  lurement  fur  les  changemens  des  couleur* 
des  Foires  &  des  Pommes  d’Eté  5  &  encore  moins  connoître  le  tems 
précis  de  la  maturité  des  fruits  d’Autonne  &  d’Hiver ,  parce  que  c’eft 
iorlqiPils  font  ferrés  qu’ils  deviennent  d’un  goût  agréable. 

Les  Nefles  fo  cueillent  en  même  tems  que  les  dernières  Pommes  5c 
Poires,  &  deviennent  molles  étant  ferrées,  ce  qui  leur  tient  lieu  de  ma¬ 
turité  pour  être  bonnes  à  manger. 

Les  indices  de  la  maturité  des  fruits  des  plantes ,  qu’on  nomme  Her- 
.bes,  font  très  clairs.  '  ■  - 

^  On  coupe  les  Melons  quand  la  queue  commence  à  fe  détacher  tout  a 
J’entour  :  ils  font  meilleurs  après  avoir  été  gardés  deux  ou  trois  jours , 
que  lorfque  lair  queue  tombe  lorfqu’ils  font  encore,  fur  la  couche. 

Les  Frailès  doivent  être  luifantes ,  tendres  &  agréables  ;  étant  cueil¬ 
lies  bien  mûres,  on  ne  làuroit  les  conlèrver  pendant  un  jour. 

Les  Ananas  font  mûrs,  quand  ils  font  d’un  jaune  foncé  ,  luifant,  5c 
qu’ils  deviennent  d’un  brun  tirant  fur  le  jaune  par  delTus  leurs  tumeurs; 
quand  ils  font  verdâtres ,  tant  foit  peu  tranfparens  ,  c’elt  une  marque 
qu’ils  ont  été  trop  humeélés. 

Les  fruits  qui  s’aigriflent  en  pourrilTant ,  font  rafraichiflans  :  parmi  les¬ 
quels  ceux  qui  font  pleins  de  foc ,  fo  détruifont  &  fe  gâtent  fort  vite  ;  ils 
font  fort  làins  pendant  les  chaleurs ,  mangés  modérément  ;  5c  très  mal 
fains  quand  l’ellomac  eil  rempli,  fur-tout  ceux  qui  ont  la  chair  caiïante  5c 
ne  contiennent  pas  beaucoup  de  foc  ,  parce  qu’ils  relient  plus  longtems 
dans  Pellomac  ,  où  ils  caufent  de  la  fermentation  ,  ce  qui  fait  que  Pair 
entre  dans  le  corps  en  beaucoup  plus  grande  quantité ,  d’où  provien¬ 
nent  les  vents  5c  les  Ipafmes. 

Les  fruits  qui  ne  s’aigriflent  pas  en  pourrilTant  font  échaüflfans. 

La  dillérence  des  efpèces  dans  chaque  genre  de  fruits ,  qui  viennent 
de  fomence  ,  ell  due  à  ceux  à  qui  il  plait  de  donner  à  un  tel  fruit  venu 
de  fomence,  qui  leur  eft  inconnu, un  nom  à  difcrétion,  quoique  ce  nom 
foit  déjà  connu  depuis  longtems  :  le  goût  en  eft  pourtant  fort  différent, 
les  mêmes  fruits  auffi  quoique  provenus  des  mêmes  Sauvageons ,  n’ont 
pas  le  même  goût  ni  le  même  jus.  Les  Climats  5c  les  Fonds  çaulènt 
aulTi  fouvent  la  bonté  du  jus  ,  il  y  a  même  de  la  différence. ,  quand  les 
fruits  après  un  Printems  fort  favorable ,  un  Eté  5c  une  aiitonne  à  fou- 
hait ,  meuriffent  plutôt  ou  plus  tard.  On  ne  fora  pas  forpris  de  la  di- 

Farîie  L  ^  ver- 


.  iLE  s;  A  G  R  E  M  E  N  s 

verfité  des  noms  que  portent  les  fruits  ,  quand  on  confidêfeira  qité  dans 
un  Païs,  une  Ville,  un  Village, un  Hameau, le  nom  d’un  feul  &  même 
fruit  varie;  que  même  on  en  fait  une  différente  defcription  ,  quoique  le 
fruit  ne  foit  point  du  tout  'équivoque. .  Cefl  pour  cela  qu’on  ne  doit  pas 
s’en  raporter  aux  autres,  quand  il  s’agit  de  planter  des  arbres,  tant  pour 
le  nom  que  pour  le  goût  des^  fruits  ;  mais  il  faut  l’éprouver  foi-même. 
Ôn  trouve  ce  même  inconvénient  chez  les  Auteurs  François.  L’Auteur 
<îu  petit  Livre  intitulé,  InJiru[iions  pour  connoître  les  bons  fruits ^  dit^. 
T  Orange  rouge  d'un  goût  très  relevé ,  excellente,  Certeau  dEté ,  la  heUti* 
fime  ^  la  belle  ^  bonne  :  la  Bernardine  excellente:  la  Jargonnelle  très 
bonne:  &  l’Auteur  du  Théâtre  du  Jardinage  dit  de  ce  même  früit:  Ex^ 
cellent ,  qui  a  ■  le  goût  relevé  :  &  Mr.  de  la  Qiiintinie  dit  de  toits  ceux- 
là  :  Outre  les  méchantes  Foires  que  je  ne  connoîs  pas  ^  voici  une  lifte  par¬ 
ticulière  de  celles  que  je  eonnois  pout  fi  mauvaifes ,  que  je  ne  confeilk  à 
perfonne  d'en  planter  ;  &  l’Auteur  de  P  Abrégé  des  bons  Fruits  dit  :  1(l 
Bobine  a  la  chair  dure  :  De  la  Quintinie  au  contraire,  la  chair  eft  caf- 
fantè  fans  être  dure..  Comme  donc  ,  félon  ces  exemples ,  ils  diffèrent 
entr’eux  pour  le  goût,  ils  diffèrent  auffi  quant  aux  noms  y  à  la  formé; 
au  tems  de  leur  maturité  ;  ce  qui  eff  vrai  non  feulement  à  l’égard  deâ 
Poires,  mais  auifi  à  l’égard  de  tous  les  autres  fruits.. 


CHAPITRE  IL 


'  ■  .  '  Bes  Foïriers  £cp  de  leurs  fruits. 

ON  trouve  parmi  les  Poiriers,  des  arbres  extrêmement  hauts,  dont 
les  racines  entrent  plus  avant  en  terre  que  celles  des  Pommiers,, 
■qui  étendent  davantage  leurs  branches  à  couronne.  Les  Poiriers  ont 
cette  propriété,  préférablement  à  toute  autre  forte  d’arbres  fruitiers ,  dè 
produire  les  meilleurs  fruits  fur  du  bois  raboteux, garni  de  branches  gan- 
grénées ,  qui  empêchent  aulfi  ces  arbres  de  devenir  fort  grands. 

Le  bois  de  Poiriers  eft  plus  rouffâtre  ,  plus  fibreux  &  moins  confus  ^ 
que  celui  de  Pommiers  :  il  contient  auffr  plus  de  flic,  &  l’écorce  en  eft 
plus  épaiffe,  plus  fèche,  &  plus  crévaffée  :  les  feuilles  en  font  plus  lon¬ 
gues  ,  plus  pointues ,  plus  épaiffes ,  plus  lilTes  &  plus  luifàntes- 
'  Ijês  fruits  en  font  d’une  rondeur  plus  oblongue ,  &  plus  pointue 

ver^^ 


DE  LA  CAMPAGNE;  I23 

vers  la  queue  :  leur  queue  eft  auiri  plus  longue. 

On  emploie  plus  au  travail  le  bois  de  Poiriers  que  celui  de  Pom¬ 
miers  5  mais  ce  dernier  eft  meilleur  à  brûler  ,  donnant  plus  de  chaleur  , 
6c  pendant  plus  longtems. 

On  ne  trouve  aucun  arbre  parmi  les  Fruitiers  ,  qui  en  produife  de  le- 
mence  un  li  grand  nombre  de  difierentes  efpèces  ;  c’eft-pourquoi  il  faut 
bien  prendre  garde  à  ces  Sauvageons ,  afin  de  ne  pas  leur  faire  chan¬ 
ger  de  nature  quand  on  les  grefe  ;  mais  de  leur  conferver  leur  bonté ,  ou 
de  les  amender  3  afin  d’aquerir  par-là  de  bons  arbres  :  étant  vifible,  quant 
à  ces  arbres,  que  le  Sauvageon  ne  {q  conforme  pas  toujours  à  riinte3  6t 
que  TEnte  au  contraire  lè  tait  beaucoup  à  la  nature  du  Sauvageon. 

On  diftingue  ces  fruits  en  Poires  d’Eté,  d’Autonne5&  d^Hiver.  Ces 
derniers  fe  divifent  encore  en  trois  fortes  :  -  les 'unes  ont  la  chair  caftante 
Refondante  ;  les  autres  font  caftante  ou  moins  fondante  ,  &  les  troi-* 
fièmes  tiennent  le  milieu  entre  ces  deux  qualités.  On  les  diftingue  auf- 
fi  en  Poires  qu’on  fert  à  table ,  &  en  Poires  qui  doivent  être  étuveés. 

Les  prémières  font  celles  qu’on  mange  crues  ,  telles  qu’elles  font  na¬ 
turellement  3  qui  ont  une  bonne  eau,  qu’elles  aquièrentfur  l’arbre ,  pu 
bien  dans  les  Serres.  ■  .  ^ 

Les  Poires  à  étuver  aquièrent  leur  degré  de  maturité  ,  par  le  moyen 
du  feu:  étant  trop  âpres  &  trop  rudes,  pour  être  mangées  crues. 
Les  Poires  qu’on  fert  à  table  font  encore  excellentes  à  étuver. 

Après  avoir  fait  ces  obfèrvations  générales ,  je  vais  parler  \des  pro¬ 
priétés  de  quelques-unes  de  ces  dernières  Poires..,,,  .  I  . 

Le  Citron  de  Sirène  eft  une  Poire  d’une  grofteur  ordinaire  ,  oblon- 
gue,  fans  être  pointue  vers  la  queue:  la  peau  en  eft  épaifte,  remplie  de 
petites  taches  brunes:  quand  elle  eft  mûre  ,  elle  eft  de  couleur  jaune 
caftante ,  &  l’une  des  meilleures  Poires  d’Eté.  C’eft  la  feule  raftbn  qui 
la  rende  digne  d’être  cultivée;  elle  a  une  eau  fucrée,  qui  n’a  rien  de  re¬ 
levé:  étant  trop  mûre  elle  devient  farineufe:  elle  fait  très  peu  &  de  très 
mauvaifes  racines ,  &  cependant  du  bois  fort  vigoureux  ;  ce  qui  fait* 
qu’on  en  emploie  beaucoup  les  Sauvageons ,  &  qu’on  les  grefè  :  les 
boutons  font  paflablement  gros  ,  pointus  par  devant ,  pouffant  chacim 
douze  fleurs  qui  tiennent  à  de  petites  queues  d’une  jufte  longueur ,  à 
côté  d’une  feuille  qui  eft  de  la  nature  du  bois. 

Les  Poires  fucrées  précoces  font  de  la  plus  petite  forte  de  Poire? ,  & 
font  cependant  un  fort  grand  arbre  ,  qui  a  peu  de  racinçs  &  produit 
beaucoup  :  elles  meuriffent  en  même  tems  que  leLitfon  de  Sirène ,  ce  qui. 

(i  2  "  '  fait 


124  L  E  s  A'  G  R  E  M  ENS 

* 

fait  qu’on  en  cultive  beaucoup  pour  Vendre;  elles  ont' un  aiïez 
vais  goût  5  &  deviennent  bientôt  farineufes. 

Les  Foires  Jucrées  grifes  ,  appellées  par  les  Romains  (a)  Fyrum  Fa- 
/fr/vw/7î,  étoient  autrefois  fort  elîimées  chez  nous,  mais  elles  font  perdues 
aiijonrdhui  par  l’ignorance  ou  par  la  négligence  des  Arborilfes  ,  ayant 
employé,  en  les  gréfknt,desSauvageons  qui  leur  étoient  contraires.  C’é- 
toit  une  Poire  médiocre  pour  la  grofleur ,  &  dans  la  maturité  elle  étoit 
d’un  rouge  tant  foit  peu  tirant  lür  le  jaunâtre ,  luifante ,  tachetée  de 
gris ,  palTablement  ronde  ,  finilTant  en  pointe  vers  la  queue  ,  bientôt 
molle  quand  elle  eft  trop  mûre ,  &  cela  à  l’arbre  même  ;  ayant  autre¬ 
ment  une  eau  excellente  ,  tenant  le  milieu  entre  les  Poires  fondantes 
&  caflantes.-  L’arbre  qui  produifoit  cette  Poire  ,  étoit  fort  haut ,  fort 
grandjavoit  beaucoup  de  racines,  &  étoit  fort  fertile  k  mefure qu’il  vieil- 
lilToit. 

Les  Poires  fucrées  d’aujourdhui  n’ont  pas  un  jus  fi  agréable  :  leurs 
branches  outre  cela  font  fort  ûijettes  au  chancre  ;  ce  qui  les  rend  beau¬ 
coup  moins  dignes  d’être  cultivées. 

Les  boutons  des  Poires  fucrées  font  longs  ,  menus ,  &  s’allongent 
lènfiblement ,  en  pouffant  par  des  extrémités  déliées  qui  fini ffent  d’une 
manière  fort  pointue:  chaque  bouton  produit  ordinairement  huit  fleurs, 
dont  les  queues  font  courtes,  &  un  peu  plus  longues  que  celles  des  Ber¬ 
gamotes.  • 

La  Poire  Madame  Suprême  ^  que  les  Grecs  appellent  Mvpdnov  &  O/p'- 
ebînum  ,  nom  fous  lequel  elle  efl  aufli  connue  des  Romains  ;  eil:  une' 
des  meilleures  Poires  d’Eté,  &  a  une  chair  fort  fondante  :  elle  elt  grof- 
fè  <Sc  longue ,  roulfâtre  d’un  coté  ;  quand  fon  verd  clair  jaunit ,  elle  eft 
toujours  molle  ,  même  à  l’arbre  ;  &  quand  elle  eft  trop  dure  ,  elle  a 
très  peu  de  goût.  Et  comme  de  dures  qu’elles  font  elles  deviennent 
molles  en  fort  peu  de  tems ,  &  que  leur  bon  goût  paffe  fort  vite  ,  iî 
faut  bien  prendre  garde  en  les  cueillant,  de  ne  prendre  jamais  que  cel¬ 
les  que  l’on  foupçonne  devenir  jaunâtres.  Ces  Poires  cueillies  bien  à  pro¬ 
pos  font  d’un  goût  merveilleux  ;  de  cette  manière  on  pourra  manger 
pendant  plufieurs  femaines  confécutives  cette  Poire  à  l’arbre.  Elle  n’efl 
nullement  propre  à  être  transportée ,  parce  qu’étant  cueillie  dans  fa 

matu- 

(û)  Voyez  les  Remarques  de  BooÆUs’fur  Théophraste  Hijl.  Plant.  Lib.  IF'. 
Cap.  VI.  pag.29S>  col  i.  Les  nôms  Latins  de  quelques  Poires  fuivantes  font  tirés  du 
*îéme  Auteur,  «  fe  trouvent  dans  le  même  endroit,  pag.  365  (7*  39(5. 


DE  LA  CAMPAGNE. 


iij 

ïftatnricé  parfaite ,  il  ne  lui  faut  que  vingt  &  quatre  heures  pour  devenir 
molle. 

Cet  arbre  ell  pour  l’ordinaire  aflez  mal  fait ,  ayant  des  branches  re¬ 
courbées,  gangrenées  ,&  mortes  par  les  fomrnités,  ce  qui  efl  caiifé  fort 
fouvent  par  le  Sauvageon.  Ses  boutons  font  des  premiers  à  fe  gonflerais 
Ibnt  groS)  grands,  pointus,  d’un  gris  tirant  fur  le  jaune:  chacun  d’eux 
donne  pour  l’ordinaire  douze  grandes  feuilles  rondes ,  qui  ont  de  lon¬ 
gues  queues  3  &  pendent  vers  la  terre  en  guife  de  cloches. 

La  Poire  que  nous  nommons  Franje  Kaneet  Peer  ,  &  que  les  Ro¬ 
mains  appelloient  Pyrum  Latîeum  ,  eh  une  Poire  calfante  ,  remplie 
d’une  bonne  eau,  un  peu  plus  ronde  &  plus  grofîe  parle  haut  qu’une 
Poire  fucrée  grife  ,  plus  courte  ,  &  finilTant  à  la  queue  par  une  pointe 
plus  mince  :  quand  elle  eh  mûre  ,  elle  eh  jaune  ,  &  a  des  taches  tirant 
fur  le  brun  :  les  meilleures  font  tachetées  de  gris  iür  le  jaune ,  ont  la 
peau  épailTe,  &  le  goût  un  peu  mufqué. 

Cet  arbre  parvient  à  une  affez  grande  hauteur ,  &  eh  affez  bien 
fait  :  il  a  beaucoup  de  racines ,  ce  qui  le  rend  très  propre  à  devenir  ar¬ 
bre  à  haute  tige  :  fes  boutons  fant  plus  petits  que  ceux  de  la  Poire  Ma¬ 
dame,  quoiqu’ils  foient  très  grands,  pointus  par  devant,  &  de  couleur 
grifè  :  chacun  d’eux  donne  ordinairement  huit  fleurs  ,  dont  les  petites 
muilles  flniflent  par  devant  &  par  derrière  en  pointe ,  &  repréfentent  ^ 
étant  épanouies,  une  étoile  tenant  à  des  queues  d’une  longueur  conve^.  . 
nable. 

Le  Safran  d'Jutonne  ,  que  les  Romains  appelloient  Pyrum  Narâî^. 
num^  eh  une  des  plus  grofles  efpèces  de  Poires,  longue,  raboteufè,  & 
ronde  vers  la  queue  :  quand  elle  eh  mûre  ,  elle  eft  jaunâtre  ,  &  d’un 
rouge  liiiiànt ,  reflemblant  en  tout  au  Bonchrétien  :  elle  a  la  peau  épaif* 
fe  ,  caflantè  &  pleine  d’eau  :  elle  devient  encore  meilleure  dans  les 
Fonds  fouplirés  de  Tuf 

Cet  arbre  eh  bien  fait ,  il  vient  fort  bien  dans  les  Villes,  où  II  pro^ 
duit  du  meilleur  fruit ,  &  en  plus  grande  quantité  qu’ailleurs  rfès  boutons 
font  les  plus  gros  de  tous,  après  ceux  de  la  Poire  Madame  ,  un  peu 
moins  gros,  &  un  peu  plus  pointus  :  ils  commencent  aulTi  des  prémiers 
à  fe  gonfler ,  &  chacun  d’eux  produit  flx  fleurs  qui  tiennent  à  des 
queues  affez  longues ,  plus  longues  même  que  celles  des  Poii*es  Mada¬ 
me:  les  petites  feuilles  des  fleurs  ne  font  pas  fl  rondes,  ce  qui  fait  qu’elles 
ne  pendent  pas  en  guife  de  cloches. 

Foire  d'orange  ;  il  y  en  a  plufîeurs  fortes ,  toutes  fort  petites  parmi 

Q-  S 


Ii6  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

4'  -  . 

les  Poires  ;  les  meilleures  font  rondes  ,  tachetées  de  jaune  ,  ont  la  peaa 
épailTe,  &  une  eau  fort  fucrée  &  fort  mufquée.  Cet  arbre  charge  ordi¬ 
nairement  beaucoup  5  &  c‘’eft  ce  qui  m’a  engagé  à  en  faire  mention  ici. 

Poire  la  Reine  appellée  en  Hollande  Poire  bénite  à  caufe  de  fa  gran¬ 
de  fertilité,  eh:  delagrofleur  d’un  Courtpendu  ,  quoique  moins  grof- 
fe  :  elle  efl  pointue  vers  la  queue  ,  de  couleur  jaunâtre  mêlée  d’un  beau 
rouge  d’un  côté ,  félon  qu’elle  a  été  plus  ou  moins  expofée  au  Soleil, 
ce  qui  la  rend  aulfi  meilleure  à  proportion:  elle  efl  cafTante,  pleine  d’u¬ 
ne  bonne  eau  mufquée  :  elle  a  la  peau  épaifle  ,  &  eft  très  fujette  à  mol¬ 
lir,  même  à  l’arbre, quand  on  l’y  laiffe  trop  longtems ; deforte  qu’il  faut 
avoir  grand  foin  de  la  cueillir  dans  le  tems  précis  de  fa  maturité,  étant 
pour  lors,  à  ce  que  prétendent  plufîeurs  perfonnes,  une  des  meilleu¬ 
res  Poires.  On  peut  cependant  fe  tromper  très  fort  en  cueillant  ces 
Poires  ,  car  il  arrive  qu’elles  font  encore  dures  &  fans  goût,  quoique; 
prefque  jaunes ,  &  que  peu  de  tems  après  elles  jaiiniffent  :  elles  com¬ 
mencent  à  meurir  vers  la  fin  du  mois  d’Aout ,  on  peut  pendant  fix  fe- 
maines  confécutives  les  manger  à  l’arbre. 

Dans  un  bon  Fond  cet  arbre  devient  beau  &  raifonnablement  haut;; 
mais  comme  on  en  doit  cueillir  journellement  les  fruits ,  on  le  plante 
rarement  à  haute  tige.  Les  boutons  en  font  moins  gros  que  ceux  du 
Safran  d’Autonne,  mais  du  refteils  leur  reffemblent  beaucoup:  chacun 
d’eux  donne  aiiffi  fix  fleurs  :  les  feuilles  en  font  plus  petites ,  &  les 
queues  plus  courtes:  quand  ils  fleuriffent^  ils  ont  à  peu-près  la  figure 
de  cloches,  quoiqu’ils  ne  s’épanouiffent  pas  tout-à-fait. 

La  Poire  nommée  RonJJekty  eh:  une  petite  Poire  ronde  d’im  rouge 
foncé,  reflemblant  beaucoup  par  le  goût  à  la  Poire  la  Reine,  quoique 
plus  musquée  ;  c’efl-pourquoi  plufieurs  préfèrent  cette  Poire  :  elle  a  la 
peau  épaifle ,  &  charge  peu.  ^ 

La  Bergamote  connue  des  Romains  fous  le  nom  de  Pjrum  Regium^ 
n’eft  pas  grofle :  elle  efl  d’un  rond  aplati  vers  le  haut,  elle  a  la  queue 
un  peu  enfoncée  dans  la  chair,  elle  efl  d’un  verd  tacheté,  &  d’un  goût 
exquis ,  pleine  d’eau  ,&  fondante.  Il  y  en  a  une  forte  qui  ne  jaunit  pas 
fi  fort,  étant  ferrée,  qui  ne  devient  jamais  farineufe,  mais  qu’on  trou-, 
ve  à  peine  aujourdhui,  étant  perdue,  de  même  que  les  Poires  fiicrées 
grifes ,  par  la  négligence  des  Arboriftes  :  celles  qu’on  a  aujourdhui  font 
&aucoup  plus  grofles,  elles  ont  moins  d’eau,  &  molliflent  ordinaire-: 
ment  quand  on  les  a  ferrées.  11  me  paroit  fort  vraifèmblable  que  cette. 
Poire  vient  originairement  de  la  Turquie  en  Afie^  &;  qu’elle  s’appelle 

■  propre- 


D  E  L  A  C  A  M  PAGNE.  î2? 

proprémènt  Begar^  ce  qui  fîgnifie  une  Poire  de  Grand  Seigneur^  parce 
qu’elle  furpafîe  toutes  les  autres  pour  le  goût,  &  c’ell  aiilTi  pour  cela 
que  les  Romains  Tappelloient  foire  de  Roi.  Les  Bergamotes  ou  Be- 
garmotes  ne  deviennent  bonnes  qu’après  avoir  été  ferrées  pendant 
quelque  tems.  Les  arbres  en  font  ordinairement  d’une  grandeur  raifon- 
iiable ,  mais  ils  chargent  peu. 

Beuré ,  foire  cP Anjou  ,  foire  dPAmhoîfe ,  en  Normandie  appellée 
Ifamhert  k  bon  &  Gijamhert ,  a  une  eau  d’un  goût  fort  exquis ,  &  ell 
la  plus  grofle  des  Poires  fondantes ,  qualité  qu’elle  aquiert  après  avoir 
été  cueillie  &  ferrée  pendant  quelque  tems.  Si  cette  Poire  meuriflbit 
deû^  ou  trois  mois  plutôt ,  elle  pafTeroit  à  jufle  titre  pour  la  meilleure 
de  toutes; mais  comme  elle  paroit  dans  une  faifon  plus  froide qu’elle 
a  aufli  une  eau  extrêmement  froide  ,  fon  bon  goût  le  perd  par-là.  Sâ 
couleur  &  Ton  bon  goût  varient  aulfi  félon  les  Sauvageons  fur  lefquels 
elle  a  été  gréfée  :  les  meilleures  en  font  grifes ,  couleur  de  canelle  ,  & 
plus  elles  s’éloignent  de  cette  couleur,  moins  elles  valent. 

Elles  font  un  arbre  plein  de  nœuds ,  dont  les  branches  font  fort  fujet- 
tes  à  fe  gangréner  ,  ce  qui  doit  émpêcher  de  le  deftiner  à  de  hautes  ti¬ 
ges  ,  quoiqu’il  pouffe  de  bonnes  racines  en  terre.  Les  boutons  éri  font 
paffablement  gros  &  grands,  pointus  par  devant ,  de  couleur  brunè*ti^ 
rant  liir  le  jaune,  pouffant  quinze,  feize,  fouvent  même  vingt  &  u- 
ne  fleurs ,  dont  les  queues  ne  font  guère  longues  ;  deforte  qu’'elles  pa-^ 
roiffent  eri  guilè  de  Rofes  ,-  les  queues  des  fleurs  s’allongent  à  mefuré- 
qu’elles  croiffent.  ‘ 

Beuré  hJme  ,  foire  de  Neige  ,  foire  de  St.  Michel  ^  la  bonne  Ente  y. 
foire  a  courte  Queue  ^  £«?  Citron  de  Septembre  ,  eft  une  feule  &  même 
Poire ,  appellée  Ibuvent  mal-à-propos  Doyenné  £«?  gros  Doyenné.  C’ell 
une  grande  &  groffe  Poire  ,  finiffant  un  peu  en  pointe  vers  la  queue  ^ 
pleine  d'aune  eau  fucrée  de  couleur  jaune  &  tachetée  elle  efl  bonne  a 
vendre ,  mais  peu  digne  d’être  cultivée  par  un  Curieux  pour  la  table. 

Le  Doyenné  reffemble ,  quant  à  là  groffeur  &  à  fa  figure ,  au  Beuré 
blanc;  iPeft  comme  lui  dàm  gris  roullàtre,  tiqueté  d’un  grand  nombre- 
de  taches  noirâtres ,  ayant  la  peau  mince  &  pleine  d’eau,  &  la  chair  a- 
gréable  &  fondante  comme  la  Poire  d’Anjou  ,  à  laquelle  plulîeurs  le 
préfèrent,  parce  qu’ils  prétendent  qifil  a  le  goût  plus  fin  &  qu’il  n’eft  pas 
Il  rafraichiffant.  Plulîeurs  de  ces  Poires  n’ont  pas  une  eau  fi  agréable,  les 
prémières  années  de  la  pouffe  des  Grefes &  reffemblent  fort  pour  le 
goût  au  Beuré  blanc  ;  mais  au  bout  de  quatre  ou  cinq  années  elles  ga 
gnent  à  ces  deux  égards.-  L« 


^2^  LESAGREMENS 

Le  bois ,  comme  celui  du  Beuré  blanc ,  en  eft  plus  jaune ,  plus  min¬ 
ce  5  moins  épineux ,  &  moins  fujet  à  la  grangrène ,  que  celui  du  Beuré  ;  il 
ne  fait  pas  un  fort  grand  arbre ,  les  boutons  en  font  plus  petits ,  mais  un 
peu  plus  gros  à  proportion  que  ceux  du  Beuré  3  il  fleurit  autrement , 
mais  les  queues  fe  reflemblent. 

La  Poire  St.  Germain ,  que  Ton  nomme  aiifli  Poire  de  TArteloire  & 
V Inconnue  de  la  ,  eft  une  Poire  oblongue  de  la  plus  grofle  forte  5  plus 
mince  vers  la  queue,  fans  être  pointue  :  la  peau  n’ell  pas  épailTe  ,  mais 
verte  &  tachetée ,  pleine  d’une  eau  douce  &  agréable  :  la  chair  en  ell 
moins  fondante  que  celle  de  la  Poire  d’Anjou ,  malgré  cela  on  la  met  dans 
la  clafle  des  Poires  fondantes  :  elle  devient  bonne  feulement  après  avoir 
été  cueillie.  Les  Sauvageons  influent  beaucoup  fur  cette  bonté ,  caulànt 
à  cet  égard  de  grandes  variétés ,  &  cela  de  manière  que  ces  Poires  gré- 
fées  fur  certains  Sauvageons  n’ont  ni  goût  ni  laveur.  Cet  arbre  vient 
aulfi  beaucoup  mieux  en  plein  vent ,  que  contre  des  cloilbns  ou  des  mu¬ 
railles  :  il  fait  des  jets  fort  droits.  Qiiand  on  ne  cueille  pas  trop  tard 
cette  Poire ,  éc  qu’on  la  lèrre  bien  ,  elle  peut  le  garder  jufqu’au  mois  de 
Mars  ;  mais  quand  on  la  laiffe  jaunir  à  l’arbre ,  elle  le  pourrit  fort  vite , 
&:  ne  fauroit  durer  ordinairement  plus  longtems  que  jufqu’en  Décem¬ 
bre. 

Les  boutons  en  font  raifonnablement  gros  &  grands:  ils  ne  s’ouvrent 
pas  en  pointe,  mais  uniment  par  le  haut,  &  comme  en  le  recoquillant: 
il  en  fort ,  comme  hors  de  la  Poire  d’Anjou,  quinze,  lèize  ,  &  même 
jufqu’à  vingt  &  une  fleurs,  qui  ont  de  courtes  queues:  ces  fleurs  paroif* 
fent  en  guilè  de  rofe  :  les  queues  s’allongent  à  mefure  que  le  fruit 
avance. 

La  Bergamote  Crafane  eft  une  Poire  ronde  &  un  peu  pointue 
vers  la  queue,  d’une  grofleur  ordinaire:  elle  eft  plus  grande,  «Sc  non  pas 
d’un  rond  plat  comme  la  Bergamote  commune.  Les  meilleures  font 
d’un  gris  rouflatre  comme  la  Poire  d’Anjou:  il  y  en  a  aufli  qui  font 
d’un  brun  verdâtre ,  tachetées  &  rayées  de  couleur  rouflatre  :  l’une  & 
l’autre  remplies  d’une  eau  délicieufe  &  d’une  chair  très  fondaiite  :  quali¬ 
tés  que  cette  Poire  aquiert  après  avoir  été  cueillie  ;  &  pourvu  qu’on  ne 
s’y  prenne  pas  trop  tard ,  on  peut  avoir  le  plailir  de  la  manger  en 
Janvier. 

Les  boutons  en  font  plus  grands,  rouflatres,  plus  pointus,  &  moins 

Sm'os  que  ceux  de  la  Bergamote  ordinaire:  ils  ont  ordinairement  dix 
CLirs,  dont  les  feuilles  font  plus  grandes,  plus  rondes,  moins  larges 

vers 


DE  LA  CAMPAGNE. 


12(} 

vers  la  queue  que  celles  de  la  Bergamote  :  les  fleurs  ont  aiifll  de  plus 
longues  queues  ;  &  c'efl  pour  cela  qu’elles  ne  s’ouvrent  pas  en  guilè  de 
rofe,  mais  plus  uniment. 

UEchûJJene  eft  une  forte  de  petite  Poire  ronde,  &  qui  a  la  peau  é- 
paifle  :  quand  on  la  cueille  au  tems  qu’il  faut ,  elle  peut  durer  julqu’aii 
mois  de  Mars. 

La  Virgoulée^  ou  Virgoukufe  ^  efl  une  Poire  oblongue,  d’une  grolTeur 
médiocre  ;  elle  a  la  peau  épaifle ,  &  efl;  entre  le  fondant  &  le  calTant. 

Ayant  traité  des  principales  Poires  de  table  ,  je  paflerai  k  quelques 
Poires  peu  communes  &  excellentes  à  étuver  ;  à  quoi  toutes  les  Poires 
de  table  font  aufli  très  propres ,  pourvu  qu’on  ait  foin  de  les  cueillir  a- 
vant  qu’elles  foienc  bonnes  à  manger  :  &  principalement  les  Poires  fu- 
crées  gr  if  es  celles  que  nous  appelions  Poires  canelles  de  France  ^  Fran- 
fe  Kaneel  Peeren^  ^  les  Poires  de  la  Reine  ^  &c. 

La  Poire  que  nous  nommons  Double  Rietpeer^^  qui  étôit  connue  des 
Romains  fous  le  nom  de  Pyrum  Signinum ,  eft  du  nombre  des  plus  grof- 
fès  Poires  :  elle  finit  en  pointe  vers  la  queue ,  efl  d’une  couleur  de  canel- 
le  grife  ,  ni  caflante  ,  ni  fondante  :  elle  aquiert  la  tendreur  &  fon  eau 
après  avoir  été  cueillie  ;  elle  efl  cependant  un  peu  rude  ,  ce  qui  fait 
que  les  Curieux  ne  la  mettent  pas  au  nombre  des  Poires  de  table  ,  mais 
c’efl  la  meilleure  de  toutes  pour  mettre  en  pâte  ,  ou  pour  faire  fécher  ; 
c’eft-poLirquoi  il  faut  en  planter. 

Cet  arbre  devient  fort  beau  ,  fort  grand ,  cliarge  beaucoup  ,  quand 
il  efl  planté  dans  un  bon  fond  de  terre ,  &  gréie  fur  un  bon  Sauva¬ 
geon. 

Les  Poires  d’Hiver  a  étuver  qui  fuivent ,  ne  parviennent  pas  dans  ceî 
Païs  en  les  ferrant  ,  à  avoir  allez  d’eau  agréable  &  fluide  pour  être 
mangées  crues;  mais  elles  retiennent  toujours  une  certaine  âpreté ,  qui 
vient  de  ce  qu’elles  ne  font  pas  bien  mûres,  &  que  l’on  peut  corriger  u- 
niquement  par  le  moyen  du  feu. 

La  Poire  de  Bon-Chrétien^  chez  les  Grecs  T uiu’^TitCm  &  chez  les 
Romains  Mufteum^  efl  en  France  la  meilleure  de  toutes  les  Poires;  mais 
elle  ne  fauroit  parvenir  chez  nous  à  une  maturité  parfaite  pour  être 
mangée  telle  qu’elle  efl  naturellement  :  c’efl-pourquoi  je  la  mets  au 
nombre  des  Poires  d’Hiver  à  étuver. 

La  Poire  que  nous  appelions  en  Hollande  Kamper  &  Kamper  Venus- 
Rr^r,eft-la  même  qui  étoit  connue  des  Romains  fous  le  nom  de  Pirum 
Venereum:  l’une  ayant  la  couleur  plus  luifante  &  plus  agréable  que  l’au- 

Partie  L  R  tre. 


ï3a  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

tre  5  ce  qui  vient  du  Sauvageon.  Elle  ell  d’une  grandeur  &  grolTeur 
médioc’  s,  oblongue,  allant  en  diminuant  vers  la  queue.  C’eft  la  meil* 
leure  Poire  à  étuver ,  auffi  rougit-elle  d’elle-même  quand  on  rétuve* 

,  Lorfque  ces  Poires  font  gréfèes  fur  de  bons  Sauvageons  ,  elles  font; 
des  arbres  paflablement  grands  &  beaux ,  qui  chargent  aflez  ;  ce  qui  é- 
tant  négligé  ,  les  arbres  en  font  très  mauvais  &  les  branches  fujettes  à 
fe  gaugréner. 

La  Poire  que  nous  connoiffons  en  Hollande  fous  le  nom  de  Laeuwjes» 
Teer  ,  eft  une  petite  Poire  oblongue  ,  approchant  fort  de  la  précéden¬ 
te,  quand  on  Tétuve  ,  &  rougiflant  comme  elle.  L’arbre  en  eh  grand 
&  beau,  il  produit  beaucoup. 

''  Celle  que  nous  appelions  Foppen-Peer ,  eh  d’une  couleur  luiïànte  & 
agréable ,  plus  grande  &  plus  grolfe  que  la  précédente  ,  plus  courte  & 
plus  pointue  ,  allant  en  diminuant  vers  la  queue  comme  la  Ramper-^ 
Feer^  dont  nous  venons  de  parler,  &  étant  à  peu  près  d’un  goût  auili 
bon ,  pouvant  durer  plus  longtems  que  ces  deux-là.  Cet  arbre  charge 
extrêmement,  ce  qui  l’empêche  auhi  de  devenir  fort  grand. 

Celle  qui  porte  le  nom  de  Maagden-Feer  eh  grolfe  ,  plus  ronde  que  la 
Kamper-Feer  ^  n’allant  pas  lifort  en  diminuant  vers  la_  queue  ,  d’une' 
couleur  grife  roulfâtre ,  point  du  tout  luifante ,  d’un  goût  palfable,  ap-^ 
prochant  de  la  précédente:  elle  peut  durer  jufques  vers  le  mois  d’Avril. 
L’arbre  eh  beau  &  grand,  mais  n’eh  pas  de  ceux  qui  produifent  le  plus^ 

La  Foire  de  Livrer,  que  nous  appelions  Winter-Gratiool ,  eh  une 
Poire  grande  ,  grolfe  &  ronde  ,  ayant  une  fort  courte  pointe  vers  la. 
queue  ;  d’un  verd  pale  avec  un  peu  de  roux ,  d’une  chair  beaucoup  plus 
ealfante  &  plus  grolTière  que  celle  des  quatre  précédentes  :1e  jeune  bois 
en  eh  aufîi  plus  gros ,  plus  fragile  &  moins  Ûéxible.  Cet  arbre  cliarge 
extraordinairement,  &  comme  les  Poires  en  deviennent  fort  grolfes ,  it 
vaut  mieux  que  l’arbre  Ibit  à  balfe  qifà  haute  tige. 

Qiioique  cette  Poire  foit  inférieure  à  celles  aont  on  vient  de  parler,^ 
elle  vaut  pourtant  bien  la  peine  qu^on  la  plante  ,  fur-tout  pour  ceux  qui 
font  négoce  en  fruits,  parce  qu’elle  eh  très  mafîive ,  &  qu’à  caufe  de  fa 
grolTeur  on  n’en  a  befoin  que  d’un  très  petit  nombre  pour  remplir  un 
panier,. 


CHA- 


DE  LA  CAMPAGNE, 


CHAPITRE  IIL 


Des  Fommters  leurs  Fruits. 

IL  en  efl:  des  Pommes  tout  comme  des  Poires,  les  meilleures  viennent 
aux  arbres  les  plus  noués ,  dont  les  branches  font  fort  fujettes  k  fo 
gangréner  ,  ce  que  les  Renettes  ordinaires  &  celles  d’Angleterre  mon¬ 
trent  entr’autres  bien  évidemment. 

Les  Pommiers  ne  croiflent  pas  fi  droits  que  les  Poiriers,  mais  ils  font 
une  couronne  plus  ronde  &  plus  étendue  :  leurs  racines  s’étendent  au  fil 
beaucoup  plus ,  &  ne  pénètrent  pas  fi  avant  en  terre  :  l’écorce  en  efi 
plus  platte ,  plus  unie  ,  moins  crévalTée ,  plus  mince ,  &  contient  plus 
de  fuc:  le  bois  en  efi  plus  dur, plus  confus,  moins  rouirdtre,&;  contient 
plus  de  fuc,  il  donne  aulfi  plus  de  chaleur  en  brûlant,  que  le  Poirier  : 
les  Feuilles  font  un  peu  plus  larges,  longuettes,  &  d’un  uni  luifant;mais 
plus  rondes,  plus  minces  &  plus  cotonneufes:  les  fruits  en  font  plus  ou 
moins  ronds ,  n’allant  point  en  diminuant  ;  mais  ils  font  plus  ou  moins 
aplatis  vers  le  haut  &  vers  le  bas  :  la  queue  fait  aufil  dans  le  fruit  une 
entamure  :  ce  fruit  eft  en  général  plus  fèo;  &  fur-tout  celui  des  Pommes 
douces ,  il  n’a  pas  befoin  de  tant  de  chaleur  que  les  Poires ,  pas  même  les 
Renettes  ordinaires  ni  celles  d’Angleterre  ;  c’eft-pourquoi  les  Pommes  qui 
viennent  d’arbres  de  haute  tige,  font  ordinairement  meilleures  que  cel¬ 
les  que  produifent  les  arbres  de  baffe  tige,  &  elles  ne  font  jamais  bonnes 
lorfqu’elles  viennent  d’arbres  plantés  contre  des  Murailles  &  des  Cloifons 
expofées  au  Soleil. 

On  trouve  des  Poires  qui,  dans  ce  Climat, ne  parviennent  pas  k  une 
maturité  parfaite  ;  au-lieu  que  je  ne  connois  aucune  Pomme  qui  n’y 
meuriffe  parfaitement. 

11  faut  k  l’égard  des  Pommiers  obfèrver  la  même  cliofe  que  ce  qui  a 
été  dit  k  l’égard  de  la  culture  &  du  choix  des  bons  Sauvageons  dans 
leurs  efpèces:  mais  il  ne  leur  faut  pas  k  tous,  pour  bien  produire,  une 
feule  &  même  taille  d’Eté. 

On  ne  peut  guère  fe  fier  aux  Auteurs  pour  ce  qui  regarde  le  goût, 
les  efpèces ,  &  les  noms  des  fruits ,  parce  que  (comme  il  a  été  remarqué 
tout-k-l’heure)  ils  varient  extrêmement  entre  eux ,  &  que  chacun  leur 

R  2  (  don- 


132  L  E  s  A  G  R  E  M  E  N  s  ' 

donne  des  noms ,  &  les  change  de  même  félon  fon  caprice. 

Toutes  les  Pommes  qu’on  appelle  doubles  j  font  plus  coriaces  &  plus 
infipides ,  comme  les  Renettes  doubles ,  celles  d’Angleterre  ,  les 
Courtpendus,  les  Pommes  d’or  ,  &c.  On  en  trouve  aulîi  un  nombre 
infini  d’elpèces  ,  parce  qu’un  feul  &  même  fruit  varie  plus  ou  moins- 
pour  le  goût ,  à  proportion  du  changement  des  Sauvageons ,  des 
Fonds  de  terre ,  &  des  Climats.  * 

11  y  a  en  général  très  peu  de  Pommes ,  qu’un  Curieux  ne  puifTe  plan¬ 
ter  pour  fa  propre  provifîon  5  cependant  les  meilleures  Pommes  aigres  de 
table  font: 

Les  Courtpendus  fimples  &  doubles  :  le  double  eft  coriace  &  a  très 
peu  de  goût  :  le  fimple  eft  rond  ,  d’un  rouge  foncé  ,  tacheté  de  gris. 
11  me  paroit  que  c’eft  la  meilleure  de  toutes  les  Pommes  aigres  ,  &  cela 
non  feulement  pour  être  mangée  crue ,  mais  auffi  pour  être  étuvée  de 
quelque  manière  que  ce  foit ,  pour  être  mifè  en  pâte  &  rôtie.  Il  efi:  ce¬ 
pendant  bien  fâcheux  -,  que  la  meilleure  efpèce  de  ces  Courtpendus  fo 
foit  perdue  par  l’ignorance  &  par  la  négligence  des  Arboriiles ,  & 
qu’on  ne  puifTe  plus  la  trouver  dans  ce  Païs. 

Ces  arbres  ne  viennent  pas  bien  à  bafle  tige  ,  encore  moins  contre 
des  Cloifons:  ils  font  un  bois  mince,  prefqiie  comme  les  Pommes  d’Oi- 
gnon  (Kannetjes-appeh')  :  ils  deviennent  cependant  afTez  grands ,  & 
produifent  des  fruits  très  agréables:  mais  ceux  que  l’on  vend  ordinaire¬ 
ment  dans  ce  Païs  font  fort  fujets  à  fe  gangréner,  &  leurs  jeunes  rejet- 
tons  à  mourir  par  les  fommités;  ils  meurent  aulfi  tous  les  ans  ,  &  les 
fruits  qu’ils  produifent  ne  font  ni  fi  bons,  ni  fi  agréables,  ni  jaunes  par 
dedans  comme  de  l’or. 

Les  Renettes  d'' Angleterre.  La  plus  petite  efpèce,  qui  eft  fort  ronde,, 
eft  la  meilleure.  Ces  Pommes  ne  font  pas  ,  à  mon  avis ,  d’un  goût 
aufli  exquis  ,  quoique  plus  pleines  d’eau  ,  que  les  Courtpendus  :  elles 
perdent  auiri  bien  que  celles-là  un  peu  de  leur  goût ,  quand  on  les  met 
en  pâte  ,  ou  bien  quand  on  les  étuve.  L’arbre  n’en  eft  pas  grand  ,  ni 
d’une  belle  figure ,  parce  que  les  branches  font  fort  fujettes  à  fe  gan¬ 
gréner. 

Les  Renettes  grifes  ,  blanches ,.  vertes.  Les  grifes  font  les  meilleu¬ 
res  à  manger,  telles  qu’elles  font  naturellement:  après  celles-là,  les  blan¬ 
ches.  Les  vertes  font  meilleures  en  pâte  ou  étuvées ,  ayant  pour  lors 
une  couleur  j’aune  d’or ,  &  un  goût  fort  relevé  femblable  à  celui  des- 
Courtpendus ,  pouvant  être  confervées  jufqu’au  mois  de  Février  ou  do  ' 

Mai’S. 


D  E'  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  153 

Mars.  'Les  autres  Renettes  ne  font  pas  bonnes  k  étiivér,  en  compotte 
ou  en  pâte  :  elles  font  même  moins  bonnes  que  les  Pommes  d’or ,  les 
Renettes  vertes  &  les  Courtpendus.  Ces  arbres  font  fort  fiijets  k  avoir 
des  branches  gangrénées. 

htsFommes  d'or  fimples  d" Hiver  ^  dont  les  meilleures  font  d’un  jaune 
foncé  5  &  tacheté  de  gris  ;  on  peut  cependant  k  peine  les  mettre  du 
nombre  des  Pommes  de  table  ,  quoiqu’elles  aient  un  goût  fort  agréa¬ 
ble,  &  qu’elles  deviennent  jaunâtres  quand  on  les  fait  étiiver,  &  qu’on 
les  met  en  compote  &  en  pâte.  Les  arbres  produifent  beaucoup  ,  ce 
qui  les  empêche  de  devenir  fort  grands.  Ils  font  fort  connus  dès  les 
tems  les  plus  reculés ,  6s  les  Romains  leur  donnoient  le  nom  de 
Scttntiana  (a). 

Les  meilleures  Pommes  aigres,  pour  être  bouillies ,  étuvées ,  ou  mifes 
en  pâte,  font,  k  mon  avis: 

Celle  qu’on  nomme  la  Couleur  de  chair  une  des  prémières  Pom¬ 
mes  d’Eté:  elle  eft  petite,  ronde,  tant  foit  peu  platte,  jaunâtre  , rayée 
de  rouge-pâle,  de  couleur  luifante. 

*  La  Kruyd-Hppel ^  dont  il  y  en  a  aufll  une  efpèce  un  peu  plus  petite, 
mais  qui  lui  rell'emble  d’ailleurs  en  tout ,  6s  que  nous  nommons  Louris- 
jens.  La  Kruyd- Appel  eft  la  meilleure  &  la  plus  précoce  des  Pommes 
d’Hiver,  pleine  d’une  eau  aigrelette  exquife;  6s  ft  elle  ne  paroiffoit  pas 
dans  une  fkifon  où  il  y  a  d’autres  fruits  fondans ,  on  la  mettroit  au 
nombre  des  Pommes  de  table. 

Les  arbres  qui  produifont  ces  Pommes  ,  .  font  fertiles  6s  d’une  gran¬ 
deur  médiocre,  faifant  des  couronnes  fort  belles  6s  fort  étendues. 

Les  Courtpendus^  les  Pommes  d'or  ^  les  Renettes ^  dont  on  a  traité  il 
n’y  a  qu’un  moment  dans  la  cîafte  des  Pommes  de  table. 

Les  Roode-Kruys ,  6s  les  Gelderfe-Kruys  font  de  la  grofleur  des  Court- 
pendus  ordinaires  :  les  prémières  font  prefque  toujours  d’un  rouge 
foncé  ;  les  autres  plus  rayées ,  6s  d’une  couleur  fi  relTemblante  k  celle 
des  Courtpendus,  qu’k  moins  d’une  grande  attention  on  peut  très  facile¬ 
ment  prendre  l’une  pour  l’autre  :  ce  font  de  très  bonnes  Pommes  k  cui¬ 
re  ,  qui  fe  confervent  fort  longtems  :  les  arbres  n’en  font  pas  fort 
grands ,  parce  qu’ils  cliargent  beaucoup. 

La  Pomme  d' Oignon  ( Kannetjes- Appel)  tft  fort  platte,  ronde,  d’une 

cou- 

(a)  Voyez  les  Notes  de  Bkiæus  fur  Tbéopbrajie  ^  Hijlor.  Plant.  Lib.  IV'.  Cap,. 
6.  pag.  ^6.  où  le  Ledlcur  trouvera  divers  noms  de  rommcs,  qui  fc  rapportent  aux 
nôtres. 

K  3 


LES  AGREMENS 


134 

couleur  luifante:  elle  dure  longtems;  &  quoique  ce  foit  une  fort  bonne 
Pomme  k  cuire,  on  n’en  fait  chez  nous  que  très  peu  d’ufage.  L’arbre 
cliarge  beaucoup ,  fait  une  grande  couronne ,  &  des  branches  fort 
minces. 

La  Pomme  connue  Ibus  le  nom  de  Fieterfeli-Jppeï^  efl  une  Pomme 
connue  depuis  fortdongtems,  d’une  grofleur  médiocre  ,  ronde  ,  &  ra¬ 
yée  de  rouge  ,  elle  fe  conferve  longtems.  L’arbre  elî;  beau  ,  &  pro¬ 
duit  beaucoup.  On  fera  bien  d’en  planter,  fur-tout  dans  des  Vergers, 
dont  on  fe  propofe  de  vendre  les  fruits. 

Celles  que  nous  nommons  Spiegel-^ppel  &  Tfer-Jppel ^  peuvent  être 
confervées  jufques  dans  l’Eté  ,  après  que  toutes  les  autres  ont  fini  ;  el¬ 
les  n’ont  leur  véritable  goût  qu’après  le  mois  de  Mars ,  &  font  tout-à- 
fait  infipides  avant  ce  tems-lk  ,  mais  pour  lors  excellentes  en  compote 
&  en  pâte.  Les  arbres  en  font  beaux  ,  &  les  Pommes  d’une  grolTeur 
convenable. 

Les  meilleures  Pommes  douces  k  mon  avis  font  : 

Celle  qui  fe  nomme  en  Hollandois  Blom-Zoet-i  ou  Goe-Zo€t\  c’efî 
une  des  meilleures  Pommes  douces  de  la  plus  grolTc  efpèce,  d’une  cou¬ 
leur  luifante  &  agréable,  &  d’un  très  bon  goût.  L’arbre  en  eft  grand, 
pouflTe  de  hautes  branches  k  couronne,  mais  produit  peu. 

La  Graeuwe-Zoet  ^  Hooî-Zoet  &  Vlmmfe-Zoet ,  ell  une  Pomme  fort 
ronde,  d’une  grolTeur  médiocre  ,  d’un  très  bon  goût  quand  on  l’étuve 
ou  quand  on  la  rôtit.  L’arbre  en  devient  fort  grand  &  produit  beau¬ 
coup:  c’ell-pourquoi,  on  ne  manquera  pas  d’en  planter,  quoique  le' 
fruit  ne  puille  s’en  conferver  que  jufques  vers  le  mois  de  Février,  & 
qu’il  fe  ride  k  mefure  qu’il  fe  defleche. 

La  Borne  douce  eft  une  Pomme  grife  ,  ronde  <Sc  un  peu  plate  ,  afle^ 
petite  ,  k  peu  près  de  la  couleur  de  la  Renette  grilè.  La  plupart  font 
un  peu  luifantes,  ont  la  peau  épailïè,  une  douceur  fort  agréable  ,  fans 
être  fade.  L’arbre  eft  beau,  &  produit  beaucoup. 

La  Zoeîe  Hooîaart  eh:  d’une  grofleur  médiocre  ,  ronde  ,  d’une  cou¬ 
leur  grife  luifante  ,  tachetée  ,  &  l’une  des  meilleures  Pommes  douces 
d’Hiver;mais  on  ne  doit  la  manger  qu’en  Janvier, parce  qu’elle  peutTe 
conlerver  j’ufques  au  mois  d’Avril.  Cet  arbre  eh:  fort  fujet  à  avoir  des 
branches  gangrénées,  &  il  produit  très  peu. 

La  Witte  Zoete  eft  d’une  grofleur  médiocre,  ronde,  &  quand  elle  eh: 
mure  k  l’arbre,  elle  eft  jaune  ;  mais  elle  eft  moins  agréable  au  goût  que  la 
précédente:  cependant' elle  vaut  bien  la  peine  qu’on  en  plante, parce  que 

les 


\ 


DE  LA  CAMPAGNE. 


13? 


les  arbres  en  font  grands  &  beaux ,  &  font  de  belles  couronnes ,  des 
branches  fort  minces,  &  qu’ils  produilènt  beaucoup.  , 


'V  i 


CHAPITRE  IV. 

Les  Mérifes^  desCerifeS:,  ^  des  GîioteS. 

ON  peut  diftinguer  les  Mérifesjles  Cerires3&  les  Griotes,  non  feule¬ 
ment  au  fruit,  mais  aulTi  au  bois:  malgré  cela  pluüeurs  perfonnes 
comprennent  ces  trois  fortes  fous  le  feul  nom  de  Cerilès ,  parce  qu'^elles- 
ont  beaucoup  de  qualités  qcii  leur  font  communes.  Les  François  font: 
pareillement  mention  de  ces  trois  fortes  fous  les  noms  de  Guignes  dé- 
Cerifes  gsP  de  Grmtes. 

Le  fruit  &  le  noyau  des  Mérifes  ell:  oblong  ;  &  on  les  diHingue  en- 
Mérifes  fauvages ,  ou  en  Mérifes  affranchies  par  la  Grefe. 

Parmi  les  Mérifes  fauvages  il  y  en  a  de  noires ,  de  rouges  &  de  bi¬ 
garrées  5  comme  aulfi  de  petites  &  de  grolTes ,  d’un  goût  fort  doux  &• 
aufÏÏ  fort  âpre.  Les  noires  font  ordinairement  douces ,  &  les  rouges 
pour  l’ordinaire  moins  ;  les  arbres  en  deviennenr  allez  grands ,  ils  ont 
comme  les  Cerifîers  une  écorce  unie ,  &  produifent  beaucoup. 

La  différence  qu’il  y  a  entre  leur  fruit  eft  venue  de  femence  :  on  le 
grefe  fur  de  petits  Sauvageons  de  Mérifes  pour  la  confervation  &  pour 
la  multiplication  de  chaque  espèce  ,  ce  qui  vaut  mieux  que  fur  des  Sau¬ 
vageons  de  Gerifes  fauvages  :  c’ell  pour  cela  qu’il  ne  faut  jamais  enter  ni 
grèfer  en  approche  des  Mérifes  fur  des  Cerifes.  Pour  lavoir  comment 
il  faut  s’y  prendre,  il  n’y  a  qu’à  voir  le  V.  Chap.  du  IL  Lw.  le  FIL 
Chûp.  du  même  Liv,  Les  Mérifiers  gréfés  ne  deviendront  jamais  fort 
grands,  ils  feront  cependant  plus  grands  que  les  Cerifîers  gréfés  :  ces- 
derniers  pouffent  aufîi  plus  volontiers  &  vivent  plus  longtems. 

Le  fruit  &  le  noyau  des  Cerifes  font  ronds  :  on  n’en  garde  point  de 
fauvages  ;  mais  on  les  cultive  de  Sauvageons  de  fouche  de  Cerifîers  qu’on- 
arrache  à  ces  arbres ,  &  non  pas  de  noyau  comme  les  Mérifès.  Ces  Sau¬ 
vageons  font  en  croiffant  plus  remplis  de  nœuds,  &  moins  unis  que  les 
troncs  de  Griotiers ,  &  ne  deviennent  pas  fi  grands ,  mais  produilènt  ’ 
plus  ;  ce  qui  fait  qu’on  fe  fert  de  ceux-là:  il  y  en  a  cependant  qui  préfè¬ 
rent  pour  enter  ou  gréfer  les  troncs  de  Griotiers.- 


LES  AGREMENS 


136 

■  On  a  plufieurs  efpèces  de  Cerifes:  il  y  en  a  d’un  rouge  foncé,  d’un 
rouge  clair  &  obfcur ,  des  blanches  &  des  bigarrées ,  lefquelles  font 
venues  chacune  dans  fon  efj^ècejde  femence  ou  de  noyau  ,&  fe  confèr- 
vent  préfentement  en  les  entant  ou  bien  en  les  gréfant  en  aproche.  Il 
y  en  a  aufli  parmi  celles-là  qui  viennent  avec  des  bouquets  fort  près  à 
près  le  long  des  branches ,  &  fans  pouITer  beaucoup  de  feuillage ,  com¬ 
me  cela  fe  voit  à  la  Cerife  de  Prague  (Praûgjè  Kers)  ,  dont  la  fleur  efl 
de  couleur  de  chair ,  &  la  Cerife  Duc  (Hertoge  Kers)  ;  mais  les  Muf- 
cats  de  Prague  ont  la  queue  plus  longue  ,  &  pouffent  quelquefois  des 
feuilles  entré  les  fleurs ,  ce  que  font  aufli  les  Cerifes  de  Mai  &  celles 
qu’on  nomme  Ke?'J'en  van  den  BroeL  Les  jeunes  Cerifîers  ne  pouffent 
pas  tant  de  fleurs ,  ni  même  fl  ferrées  que  les  vieux  ,  ce  qui  fait  aiifTi 
que  ceux-ci  ne  fleuriffent  pas  en  forme  de  rofè ,  ni  même  les  Mufcats  de 
Prague. 

Les  Griotes  font  beaucoup  plus  greffes  &  plus  grandes  que  les  Cerifes 
&  les  Mérifes  :  elles  font  moins  oblongues  que  les  Mérifès ,  &  moins 
rondes  &  moins  plates  à  l’endroit  de  la  queue  que  les  Cerifes.  Celles- 
ci  ne  viennent  pas  de  noyau  ,  ni  de  Sauvageons  de  fouche  ,  mais  uni¬ 
quement  par  le  moyen  de  la  Grefe  fur  de  petits  troncs  de  Mérifes  dans 
leurs  efpèces ,  n’y  ayant  qu’une  feule  efpèce  de  Griotiers  qui  me  foit 
connue ,  qui  donnent  de  plus  gros  ou  de  plus  petits  fruits ,  en  moindre 
ou  en  plus  grande  quantité,  félon  la  nature  des  Fonds  de  terre,  &:  félon 
la  manière  dont  ils  pouffent.  Ces  Griotes  font  d’un  brun  foncé  tirant 
fur  le  rouge  ,  d’un  goût  aigrelet ,  &  plus  charnues  que  la  plupart  des 
Mérifès  &  plufleurs  Cerifes  :  elles  réfiflent  aufîi  beaucoup  mieux  que  ces 
dernières  au  grand  froid ,  ce  qui  fait  qu’on  les  plante  fouvent  contre  des 
Murailles  ou  des  Cloifons  expofées  au  Nord.  Je  ne  fàurois  cependant 
que  desaprouver  cette  méthode ,  parce  que  ces  Efpaliers  expofés  au 
Nord  ne  produifènt  que  peu  de  fruits ,  &  même  des  fruits  fort  mauvais, 
qui  ne  fàiiroient  feulement  dédommager  de  la  peine  &  des  fraix  de  la 
taille  &  de  l’ofîer:  ils  prennent,  quand  ils  font  contre  des  Cloifons ,  là 
nourriture  des  arbres  fruitiers  qui  font  de  l’autre  côté  au  Midi ,  &  pro- 
duifent  auffi  très  peu.  Les  Griotiers  ne  font  jamais  aufli  grands  que  les 
Cerifiers  ou  les  Mérifiers  ;  c>ft  -  pourquoi  on  les  grefe  fouvent  fur  de 
baffes  tiges  près  de  terre. 

De  tous  les  arbres  fruitiers  il  n’y  en  a  point  qui  demandent  autant  de 
circonspeéfion ,  tant  à  l’égard  de  la  nature  des  Fonds  de  terre,  qu’à  l’é¬ 
gard  de  la  manière  de  les  planter  ,  de  les  gréfer ,  &  de  les  tailler,  que 
les  Mérifiers ,  les  Cérifiers  &  les  Griotiers.  Ils 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  13? 

Ils  deviennent  les  plus  grands  &  les  plus  làins  arbres  quand  ils  font 
plantés  dans  de  bons  Fonds  de  terre  grafTe  élevés  :  ils  vivent  auffi  le  plus 
longtems ,  &  produifent  les  plus  gros  fruits. 

Dans  de  bons  Fonds  de  fable ,  ni  les  fruits  ni  les  arbres  ne  grandüTent 
pas  autant,  quoique  ces  prémiers  ne  foient  pas  moins  bons  que  dans  des 
Fonds  de  terre  grafle. 

Les  Fonds  de  terre  Ibuphrés ,  bitumineux  ou  de  Tuf,  leur  font  con^ 
traires ,  (quoique  les  Arboriftes  cultivent  dans  ces  Fonds  en  très  peu 
d’années  ,  de  gros  arbres  bien  venus  &  propres  à  tranfplanter)  ,  parce 
qu’ils  ne  parviennent  pas  dans  ces  Fonds  à  la  vieillefle  ,  &  qu’ils  n’y 
croiiTent  pas  comme  il  faut ,  mais  qu’ils  y  meurent  ordinairement  d’an¬ 
née  en  année  par  la  gangrène  à  laquelle  les  branches  font  fujettes  ;  & 
même  quelquefois  fubitement  &  entièrement  dans  la  vigueur  de  leur 
pouffe ,  &  lorfqu’on  s’y  attendoit  le  moins.  Il  faut  auffi  bien  fe  garder , 
quelque  bons  que  foient  les  Fonds  de  terre,  de  replanter  des  Mérifîers, 
Cerifiers,  Griotiers, dans  les  endroits  où  l’on  a  arraché  un  de  ces  arbres 
qui  y  avoit  été  pendant  quelques  années ,  &  plus  encore  ,  &  où  il  elc 
mort  :  car  quelque  peine  qu’on  fe  donne  en  creufànt ,  avant  que  de 
planter ,  de  profondes  foffes ,  &  en  les  remplilfant  avec  de  la  terre  neu¬ 
ve  j  on  ne  réuffira  jamais  à  y  faire  venir  de  bons  arbres  ;  mais  ils  y 
mourront  infailliblement  dans  peu  d’années,  fuppofé  même  qu’ils  aient 
pu  y  croître  pendant  quelque  tems.  Il  faut  aufîl  détruire  ,  fans  perdre 
de  tems  ,  les  arbres  nouvellement  plantés  ,  quand  ils  diftillent  de  la 
gomme,  parce  qu’il  n’en  viendra  jamais  rien  de  bon. 

On  a  dit  ci-devant  qu’on  multiplie  ces  arbres  par  la  Grefe,  ce  qui  fe 
pratique  fur  des  Sauvageons  d’un  ou  de  deux  ans  ;  car  il  efl  fort  incer¬ 
tain  fi  la  Grefe  réulfira ,  quand  cela  fe  fait  fur  des  Sauvageons  plus  vieux 
ou  plus  gros  ;  &  alors  on  ente  en  aproche  ,  parce  qu’jl  arrive  fouvent 
que  la  Grefe  ne  réufTit  pas  à  l’égard  de  ces  fruits  à  noyau.  11  faut  bien 
prendre  garde ,  quand  on  les  ente ,  que  la  Grefe  ait  au  liant  un  bouton 
à  feuille ,  ce  qu’on  trouve  affez  rarement  à  des  rejettons  de  Griotiers 
dont  on  a  coupé  la  tige ,,  mais  toujours  aux  extrémités  ;  ce  qui  fait 
qu’on  ne  doit  jamais  prendre  pour  cela  que  des  Grefes  des  extrémités 
de  ces  rejettons. 

On  prend  pour  tranfplanter  ,  parmi  les  arbres  gréfés  ,  ceux  dont  la 
Grefe  a  fait  une  pouffe  d’un  ou  de  deux  ans,  mais  jamais  d’autres  que 
d’un  an,  parmi  ceux  qui  ont  été  gréfés  en  aproche  ;  prenant  bien  gar¬ 
de  que  leur  tronc  foit  jeune  &  gros  à  proportion ,  que  le  branchage 

Tartïe  L  S  con- 


LES  AGREMENS 


13^ 

confifle  en  rejettons  vigoureux ,  Sc  que  le  talus  de  l’entaille  5  ou  le  def- 
fus  du  tronc ,  foit  bien  environné  d’un  bourlet,  &  que  l’écorce  foit  bien 
jointe  à  la  Grefe  ,  cette  dernière  devant  être  fur-tout  bien  faine  à  l’en¬ 
droit  de  l’entaille.  Après  avoir  fait  un  pareil  choix,  on  plantera  ces  ar¬ 
bres  au  commencement  du  Printems ,  afin  que  leurs  racines  foient  moins 
fujettes  à  fe  moifir,ce  à  quoi  ces  arbres  font  fort  fujets  quand  leur  pouffe 
fe  trouve  interrompue,  quand  on  laiffe  la  moindre  cavité  entre  les  raci¬ 
nes  &  la  terre  qui  les  contient:  fans  compter  encore  que  leurs  racines j 
de  même  que  celles  des  Ormes ,  fe  reffentent  d’abord  de  la  gelée. 

Il  ne  faut  pas ,  quand  on  les  plante,  couvrir  trop  de  terre  leurs  raci¬ 
nes,  parce  que  cela  nuit  à  la  pouffe;  mais  on  les  plantera  fort  haut, 
prefque  à  niveau  du  Fond,  &  on  couvrira  leurs  racines,  jufqu’à  ce  qu’el¬ 
les  aient  pris,  avec  un  peu  -  de  verdure  d’eau,  du  vieux-  Tan,  &c.  pour 
empêcher  qu’elles  ne  fe  deffèchent. 

On  n’eft  plus  dans  le  goût  des  arbres  à  demi-tige  ,  en  fait  d’arbres 
fruitiers ,  de  quelque  espèce  qu’ils  foient ,  parce  qu’ils  occupent  inutile¬ 
ment  &  fans  produire  mieux, plus  de  place ,&  qu’il' n’eft  pas  à  beaucoup 
près  aulfi  commode  d’y  faire  la  cueillette  qu’aux  nains.  Cela  n’empêche 
pas  que  je  ne  préfère  les  demi-tiges ,  quand  il  s’agit  de  certaines  e^èces 
de  Cerifiers  qui  ont  des  branches  menues, &  qui  au-lieu  de  monter, font 
retrouffés ,  comme  ceux  qui  portent  lesCerifes  auxquelles  on  a  donné  les 
noms  de  Pan  (1er  Nat  ^  J  an  Jrendfe  quand  les  bran¬ 

ches  montent  droit ,  comme  les  Cerifiers  de  Gatrop ,  d’Agathe ,  (Sc  comme 
le  Mufcat  de  Prague,  les  nains  valent  mieux. 

il  faut,  pour  ce  qui  regarde  ce  fruit,  obferver  les  mêmes  chofès,'  qui 
ont  été  indiquées  pour  la  taille  des  arbres  en  général  dans  le  FUI. 
Cbap.  du  II  Liv.  retranchant  le  moins  de  branches  à  ceux  qui  produi- 
fent  le  moins ,  quoiqu’ils  faffent  ordinairement  du  bois  plus  vigoureux 
6c  en  plus  grande  quantité.  11  ne  faut  pas  non  plus  couper  les  bouts  des 
Cerifiers ,  moins  encore  ceux  des  Griotiers ,  parce  que  les  extrémités  de 
ces  derniers  n’ont  très  fou  vent  qu’un  feul  bouton  à  feuille,  lequel  étant 
coupé,  empêche  les  fruits  de  recevoir  autant  de  nourriture  qu’il  leur  en 
faut,  d’où  il  arrive  qu’ils  font  beaucoup  plus  petits, plus  inflpides , 6c  que 
jbuvent  même  ils  ne  meuriffent  pas  ,  par  la  foibleffe  6c  la  langueur  de: 
k  branche  qui  les  porte. 

Quoique  les  Mufcats  de  Prague,  les  Gotrops,  6c  les  Agathes ,  6cc. 
s’abâtardiffent  beaucoup ,  quand  on  n’en  retranche  pas  les  bouts  des 
branches ,  6c  qu’ils  pouüènt au  contraire,^  lorfqu’oaen  coupe  les  extré- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


129 

mités  5  d’autres  branches  fuffifantes ,  qui  paroiflent  bien  plus  belles ,  étant 
garnies  d’une  grande  quantité  de  boutons  à  feuille  &  à  fleur  j  que  lorf- 
qu’on  les  laifle  croître  fans  en  rien  couper  ;  il  eft  pourtant  de  la  derniè¬ 
re  nécelîité  d’observer  cette  dernière  circonftance ,  pour  fe  procurer  plus 
de  meilleurs  fruits  &  en  plus  grande  quantité. 

La  Taille  d’Eté  eft  nuifible  à  tous  les  fruits  à  noyau  ,  qui  croifTent 
en  plein  air  &  fans  être  génés,  &  par  cela  même  aiilîi  aux  Cerifès:  au- 
lieu  que  la  Taille  d’Eté  eft  bonne  à  ceux  qui  font  contre  des  Murailles 
&  des  Cloifons. 

Après  avoir  fait  ces  obfervations  générales  j  je  vais  traiter  en  particu¬ 
lier  de  quelques  elpèces  de  Cerilès. 

Les  Mérifes  noires  font  les  plus  grofles  des  Mérilès  fauvages ,  ou  qui 
n’ont  pas  été  gréfées ,  &  les  plus  petites  des  gréfées ,  les  plus  grêles 
Jes  moins  charnues  ;  mais  elles  Ibnt  pleines  d’une  eau  fiicrée.  Ce  Ibnt 
les  arbres  les  plus  grands  &  les  plus  fàins. 

Les  Mérifes  que  nous  nommons  Kriek  van  âen  Broek  ,  font  les  plus 
grandes  &  les  plus  grofles  de  toutes  les  Mérifes.  Quand  elles  font  mû¬ 
res  3  elles  font  d’un  brun  prefque  noir ,  pleines  d’une  eau  fucrée ,  plus  a- 
gréable  que  celle  des  fauvages.  Elles  font  un  arbre  raifbnnablement 
‘grand,  qui  ne  produit  que  peu  dans  le  commencement  de  fa  poulie,  & 
beaucoup  à  mefure  qu’il  vieillit  :  fes  branches  ne  font  pas  fi  droites  que 
.  celles  des  fauvages ,  mais  d’un  bois  plus  épais. 

Les  Cerifes  connues  fous  le  nom  de  Cerifes  du  Prince  Maurice mais 
qui  font  mal  nommées, ont  les  mêmes  qualités  que  les  Mérifes  fauvages, 
excepté  qu’elles  font  un  peu  plus  grofles,  de  couleur  écarlate,  couvertes 
de  petites  taches  d’un  blanc  manqué:  elles  font  moins  douces, mais  d’un 
goût  plus  agréable  que  les  précédentes. 

Les  Cerifes  doubles  de  Rouen  ,  auiri  mal  nommées ,  ont  les  mêmes 
qualités  qu6  les  précédentes , mais  elles. font  un  peu  plus  grofles, fermes, 
charnues ,  &  croquantes ,  quoiqu’un  peu  moins  que  les  Cerifes  de  Gatrdp , 
d’un  rouge  clair  &  bigarré. 

Les  Cerifes  doubles  de  Mai^  pareillement  mal  nommées  ,  font  appel¬ 
les  par  plufieiirs ,  le  Mufcat  tardif  de  Prague,  auquel  elles  relie mblent 
en  effet  beaucoup  pour  les  qualités,  le  goût  &  la  couleur,  excepté  que 
leur  noyau  eft  comme  un  noyau  de  Mérifè.  Elles  produifent  outre  cela 
fort  peu,  fleuriffent  beaucoup,  &  quittent  prefque  tous  lésons  leurs 
fleurs,  comme  cela  arrive  aufli  à  beaucoup  de  fruits  déjà  noués. 

Les  Cerifes  fmiples  de  Mai  n’ont  rien  qui  puiffe  engager  à  en  planter, 

S  2  fi 


14.0  LESAGREMENS 

Il  ce  ii’cft  qu’elles  font  des  premières  à  meurir  ;  ce  font  de  petites  Cerifes 
qui  produilènt  peu. 

Les  Cerifes  nommées  Mufcats  de  Prague  font  de  deux  fortes  :  il  y  en 
a  de  rondes ,  &  d’autres  qui  font  un  peu  longues.  La  ronde  meurit  la 
première:  Tune  &  l’autre  étant  bien  mûres  font  d’un  brun  foncé,  char¬ 
nues,  mais  moins  douces,  cependant  fort  agréables.  Les  longues  font 
les  meilleures  au  goût  des  vrais  Curieux:  elles  méritent  l’une  &  l’autre, 
comme  les  meilleures  Cerifes ,  d’être  cultivées ,  parce  que  ce  ne  font  pas 
feulement  parmi  les  bonnes  Cerifes  celles  qui  meurilTent  des  prémières, 
mais  aufli  parce  qu’elles  font  fort  agréables  &  fort  abondantes  ;  outre 
qu’elles  font  de  bons  arbres  qui  viennent  bien  ,  &  qui  pouffent  des  re- 
jettons  vigoureux  «Sc  bien  droits ,  &  fur-tout  les  longues  ,  dont  les  ar¬ 
bres  font  pour  le  moins  du  bois  aulfi  fort  que  les  rondes.  Pour  les  pré- 
maturer,  on  les  plante  puelquefois  contre  des  Murailles  ou  des  Cloifbns 
expofées  au  Sud-eft  ou  bien  au  Midi  r  mais  les  meilleurs  fruits  en  vien¬ 
nent  à  des  arbres  de  baffe  tige. 

Les  Cerifes  qu’on  nomme  jfan udrendzens-Kers ^ibnt  plus  petites, bru¬ 
nes  ,  rondes ,  comme  la  Cerhè  ronde  nommée  Mufcat  de  Prague  ;  mais 
elles  font  moins  douces  &  moins  agréables  :  cependant  à  mefure  que 
eette  dernière  a  commencé  d’être  en  vogue  ,  on*a  abondonné  la  cultu¬ 
re  de  l’autre ,  deforte  qu’il  efl  bien  rare  d’en  trouver. 

Les  Cerifes  tardives  nommées  font  des  Cerifes  rouges  «Sc  ron¬ 

des  ,  plates  vers  la  queue ,  peu  charnues ,  mais  pleines  d’une  eau  qui  n’a 
que  peu  de  goût:  on  en  a  pareillement  abandonné  la  culture  à  mefure 
que  les  Mulcats  de  Prague  ont  été  connus.  Cependant  ces  Cerifes  fi 
peu  eftimées  font  beaucoup  plus  faines  que  les  Mufcats  de  Prague ,  ou  au¬ 
tres  Cerifes  plus  charnues,  dans  des  Etés  fort  cliauds,  parce  qu’elles 
paffent  vite  dans  l’eftomac:  elles  font  auffi  fort  bonnes, à  caufe  de  leur 
agréable  rougeur ,  pour  être  confites  ou  étuvées  &  c’efl  pour  cela 
tju’elles  méritent  bien  d’être  cultivées.  Elles  font  d’affez  bons  arbres , 
dont  les  branches  ne  font  ni  groffes ,  ni  droites ,  mais  poulTent  vers  les 
côtés  des  bras  fort  minces. 

Toutes  les  Cerifes  qu’on  nomme  en  France  Griotes  ou  Cerifes  à  cour¬ 
te  queue  .,  font  de  la  même  efpèce,  quoiqu’elles  foient  un  peu  plus  char¬ 
nues  &  beaucoup  plus  groifes  :  on  ne  fauroit  en  diflinguer  les  efpèces 
qu’en  les  confrontant  enfemble.  Toutes  ces  Cerifes  produifènt  très 
peu^  quoiqu’elles  foient  les  meilleures  à  confire,  à  caufe  de  leur  couleur 
ée  de  leur  grolfeur  extraordinaire..  Les  arbres  en  font  plus  grands  que  les- 
Cerifiers  tardifs.  Le& 


DE  LA  CAMPAGNE. 


Les  Cerîjes  d'' Orange^  de  la  Comte jje  ,  ou  les  Cerîfes  rouges  de  Bru¬ 
xelles  5  ne  different  point  entre  elles.  Elles  font  d’un  rouge  un  peu 
plus  clair  que  les  tardives  ,  plus  greffes  &  plus  charnues  ;  mais  comme 
elles  d’une  rondeur  plalte  :  elle  ontla"  peau  épaiffe  ,  une  eau  blanchâtre 
comme  les  tardives ,  &  font  cependant  d’un  goût  fort  relevé.  Elles 
produilènt  très  peu  3  &  font  des  arbres  qui  n’ont  pas  belle  apparence. 

Les  Cerifes  d^ Agathe  font  d’une  rondeur  plat  te  comme  les  tardives. 
Etant  mûres  elles  font  d’un  brun  tirant  fur  le  noir ,  charnues  comme  le 
Mufcat  de  Prague  ,  mais  d’un  goût  plus  relevé.  Elles  produifent  beau¬ 
coup  de  fleurs  ;  mais  ces  fleurs  tombent  en  quantité  quand  elles  font 
nouées  >  d’où  il  arrive  que  ces  arbres  chargent  très  peu. 

Les  Cerifes  de  ^appellées  au (Ti  Croquantes  caufe  de  leur  chair 

croquante  quand  on  les  écrafe  dans  la  bouche  ,  font  un  peu  longues, 
■d’un  brun  tirant  fur  le  noir  ,  &  d’un  bon  goût.  Elles  font  des  rejet- 
tons  qui  pouffent  vigoureufement  vers  le  haut ,  &  des  arbres  paffable- 
ment  bien  formés. 

-  Les  Cerifes  qui  portent  le  nom  de  mn  der  Nath un  peu  plus  pe¬ 
tites  que  la  ronde  nommée  Mufcat  de  Prague  ;  elles  font  aulfi  un  peu  plus 
rondes  3  &  ont  une  plus  longue  queue.  Elles  doivent  être  d’un  brun  tirant 
•  fur  le  noir  quand  on  les  mange ,  ayant  alors  un  goût  aigrelet  fort  agréa¬ 
ble  :  au-lieu  qu’elles  font  rudes  &  âpres  quand  elles  ne  font  pas  bien  mû¬ 
res.  11  y  a  bien  des  Curieux  qui  les  regardent  comme  les  meilleures  Ceri¬ 
fes  :  elles  font  des  plus  tardives ,  &  excellentes  féchées.  Elle  font  un  arbre 
affez  bon,  garni  par  les  côtés  de  branches  fort  minces:  c’efl  pour  cela 
qu’on  ne  doit  point  les  planter  à  baffe  tige. 

Les  Cerifes  (CEJpagne^  ou  Bigarreaux  &  blanches, d’un 

goût  fort  femblable  à  la  double  Cerife  de  Rouen,  mais  plus  croquantes, 
moins  groffes  &  moins  agréables,  &  produifent  plus. 

Les  Cerifes  nommées  tVitte  Spekkers^  font  des  corps  fans  réalité,  & 
quoique  fort  abondantes ,  elles  ne  méritent  cependant  pas  d’être  culti¬ 
vées. 


S 


3 


C  H  A" 


142 


E  s  A  G  R  E  M  E  N  S 


CHAPITRE  V.  ~  ; 


Les  Féchers  ^  de  leurs  Fruits. 

TOus  les  Fruits  auxquels  on  donne  dans  ce  Païs  le  nom  de  Pêches, 
font  diftingués  par  les  Auteurs  François  en  quatre  clafTes  :  ils  don¬ 
nent  le  nom  commun  de  Pèches  à  celles  dont  la  peau  extérieure  eft  co- 
tonneufe,  qui  ont  une  chair  pleine  de  fuc  &  fondante ,  &  quittent  fans 
peine  le  noyau,  comme  font  les  Pêches  de  Zwol  <Sc  celles  de  Monta¬ 
gne,  &c. 

Ils  appellent  la  fécondé  eipèce  Pavîes.,  dont  la  peau  efl  encore  plus 
cotonneiifé ,  mais  la  chair  moins  fondante ,  &  qui  ne  quittent  pas  li  fa¬ 
cilement  le  noyau. 

On  appelle  la  troifième  efpèce  Brugnons  :  celles-ci  ont  la  peau  unie 
comme  les  Prunes,  ce  qui  fait  qu’on  les  nomme  chez  nous  Pèches  chau- 
fves  ou  Angloîjes. 

La  quatrième  efpèce,  appellée  Perjîque^  a  la  peau  cotonneufe,  & 
le  fruit  un  peu  long.  Nous  avons  cette  eipèce  parmi  nos  Pêches  de  Mon¬ 
tagne,  mais  elles  font  toujours  âpres  &  rudes. 

On  ne  multiplie  les  Pêchers  que  par  la  grefe  dans  l’écorce ,  6c  cela 
chez  nous  fur  des  Pruniers  ou  fur" des  Abricotiers,  après  qu’ils  ont  été 
gréfés  fur  des  Pruniers  &  non  fur  des  Amandiers ,  comme  cela  lè  fait 
en  France  quoique  le  Pêcher  fur  l’Amandier  prématuré  le  fruit,  on  le 
gardera  bien  de  le  pratiquer  dans  ce  Païs ,  parce  que  les  fruits  n’en  au¬ 
ront  pas  feulement  moins  de  goût ,  mais  aulTi  que  les  arbres  ne  croî¬ 
tront  pas  à  beaucoup  près  fi  bien,  vivront  moins  longtems,  &  mour¬ 
ront  même  fouvent  avant  qu’on  les  transplante  ;  deforte  qu’on  les  gréfe- 
ra,  félon  les  qualités  des  Fonds  de  terre  6c  les  elpèces  de  fruits,  fur  des 
Pruniers  ou  fur  des  Abricotiers. 

Dans  des  Fonds  fecs  6c  fablonneux  il  n’en  faut  point  planter  d’autres 
que  ceux  qui  ont  été  gréfés  fur  des  Pruniers ,  car  ceux  qui  l’ont  été  fur 
des  Abricotiers,  ne  feroient  dans  de  pareils  Fonds  que  des  arbres  fort 
grêles ,  6c  par  une  fiiite  néceflâire  ,  de  mauvais  fruits.  C’eft  aulTi  une 
réglé  fûre  que  les  Pêches  k  noyau  rouge jcrûes  dans  des  Fonds  trop  fecs, 
ont  le  goût  infiniment  meilleur  ,  quand  elles  ont  été  gréfées  fur  des  A- 
bricotiers ,  que  fur  des  Pruniers  :  cela  fe  voit  fur-tout  k  la  Pêche  pourprée 

ou 


DE  LA  CAMPAGNE. 


ou  vineufe,  car  elle  a  autrement  fort  fouvent  une  eau  d\m  goût  verd  & 
peu  mûr  :  au-lieu  que  les  Pêches  de  Montagne  fur  des  Pruniers  font 
meilleures  ;  encore  faut-il  agir  d\ine  manière  qui  convienne  à  la  nature 
des  Fonds  de  terre  ,  car  celles  qui  font  gréfees  fur  des  Pruniers ,  pren¬ 
nent  dans  des  Fonds  bas  &  naturellement  froids,  un  goût  verd  &  rude, 
par  conféquent  il  vaut  mieux  gréfer  fur  des  Abricotiers  dans  ces  endroits- 
là:  cependant  les  Pêches  fur  des  Abricotiers  dans  des  Fonds  fecs,font  fou- 
vent  pâteufes  &  moins  agréables. 

11  faut  pour  gréfer  fur  des  Pruniers ,  prendre  des  Sauvageons  venus 
de  Souche,  qui  n’ont  pas  été  gréfés  auparavant;  deforte  que  li  l’on  veut 
gréfer  des  Pêches  fur  des  Prunes  de  Damas, on  le  fera  auHi  fur  des  Sau¬ 
vageons  venus  de  Souche,  qui  produiront  de  très  bons  arbres;  au-lieu 
que  celles  qu’on  grefe  fur  des  Prunes  de  Damas ,  gréfées  déjà  fur  ces 
fortes  de  petites  Prunes  que  nous  nommons  Kroosje ,  ne  prendront  que 
fort  difficilement.  Pour  les  Pèches  gréfées  furdes  Abricots, il  faut  que  le 
petit  Abricot  tacheté  ait  été  gréfé  fur  la  grolTe  Prune  blanche ,  &  jamais 
fur  la  petite  rouge  :  cette  double  confuiion  dans  la  circulation  des  fucs 
rend  ces  arbres  plus  fertiles  ;  cela  avance  aulïi  la  maturité  des  fruits  > 
quoique  par-là  ils  ont  fouvent  moins  d’eau. 

]’ai  indiqué  dans  le  Chap.  Vil  du  II  Lh\  les  Sauvageons  qu’on  doit 
ernployer  à  cet  ufage ,  &  j’ai  fait  voir  que  la  groffe  Prune  blanche ,  do 
même  que  l’Abricot  blanc, ne  s’accordent  pas  avec  le  bois  de  Pêcher, & 
que  c’eft  pour  cela  qu’il  faut  prendre  ,  pour  gréfer  des  Pêches  fur  des 
Prunes  ,  la  petite  rouge  ou  la  Prune  de  Damas ,  &c.  On  fait  ordinaire¬ 
ment  deux  ou  trois  grefes  fur  chaque  Sauvageon  ,  pour  être  affiiré  de¬ 
là  réiüîite  ,  mais  on  fe  contente  d’en  conferver  la  plus  baffe  quand  elle 
eft  bien  prifè  ,  &  on  retranche  le  refte.  La  multiplication  des  Pêchers; 
de  noyau  n’étant  pas  fi  avantageufe,  eft  aiiiu  hors  d’ufage. 

11  faut  avoir  bien  foin,  quand  on  plante  des  Pêchers,  de  ne  pas  faire 
une  trop  petite  taille  à  leurs  racines ,  fans  quoi  ils  auront  beaucoup  de 
peine  à  prendre.  Comme  toutes  les  plantes  aiment  des  Fonds  de  terre 
neufs,  cela  efl  encore  plus  particulier  au  Pêcher:  j’en  ai  planté  fur  une 
Terraffe  de  fable  tout  pur,  de  la  largeur  d’un  peu  plus  de  trois  pieds, 
couvert  d’un  pied  en  profondeur  de  limon  menuifé  par  la  gelée,  &  les 
ai  vus  devenir  de  grands  &  de  bons  arbres  bien  fertiles  ;  &  comme  j’é- 
toisfurpris  de  voir  continuer  ainfi  ces  arbres  à  bien»  produire  pendant 
plus  de  dix-neuf  ans ,  je  ne  laiffois  pas  d’admirer  encore  davantage  la 
pouffe  6c  la  fertilité  d’un  arbre,  q,ui  étoit  planté  dans  un  Fond  fort  ma¬ 
rées 


144.  LES  AGREMENS 

récageiiXjà  Fendroit  où  le  Jardin  alloit  en  pente ,  où  Teaii  venoit  chaque 
année  autour  du  tronc  pendant  Tliiver,  s’élevoit  par  delTus  la  terre  à  la 
hauteur  d’un  pouce  ,&  s’y  convertilToit  en  glace. 

11  eft  encore  néceffaire  de  prendre,  pour  planter,  de  jeunes  arbres 
dont  les  Grefes  n’ont  qu’une  année  &  une  feule  tige  ;  ils  deviennent  plus 
beaux,  parce  que  cette  tige  d’un  an,  coupée  deux  ou  trois  pouces  au- 
delTus  de  l’endroit  de  la  Grefe,  fulîit  pour  poiilTer  aflez  de  petites  bran¬ 
ches  par  les  côtés ,  qu’on  doit  attacher  aulfi  alors  aux  Cloifons  en  ‘guifè 
d’éventail  ouvert.  Les  arbres  dont  les  Grefes  font  plus  vieilles  &  qui 
ont  plus  de  branches ,  ne  font  pas  h  bons;  les  prémiers  font  moins 
propres  à  bourgeonner ,  &  on  ne  îàuroit  faire  des  autres  de  beaux  éven¬ 
tails;  deforte  qu’on  fe  gardera  bien  d’en  planter,  fi  ce  n’ell  au  défaut 
de  meilleurs  ;  on  n’en  plantera  non  plus  aucun  dont  la  Grefe  n’a  pas 
poufie  ;  car  alors  il  arrive  très  fouvent ,  qu’arrêtée  dans  fa  poufle  par  la 
tranlplantation , l’œil  fè  delTèche  trop, avant  que  fa  poufle  ne  recommen¬ 
ce,  &  il  ne  fauroit  par  conféquent  croître  avec  vigueur. 

Les  Pêchers  de  même  que  leurs  fruits  requièrent  une  chaleur  durable, 
tempérée,  mais  non  pas  excelfive;  ce  qui  fait  que  ni  les  arbres  ni  les 
fruits  ne  viennent  pas  fi  bien  contre  les  Murailles  que  contre  les  Cloifons: 
les  meilleurs  fruits  étant  ceux  qui  font  crus  le  plus  loin  de  la  Cloifon  & 
du  tronc  ;  par  conféquent  il  eft  rare  que  les  fruits  des  arbres ,  dont  on  ar¬ 
rête  le  cours  par  une  taille  d’Eté  pour  le  plaifir  de  la  vue ,  foient  bons; 
mais  ils  font  ordinairement  meilleurs  quand  on  laifle  ces  arbres  poulfer 
en  pleine  liberté  :  c’eft  pour  cela  qu’on  leur  laiflera  quelquefois  pouffer 
des  branches  dégarnies  ,  car  ces  branches  produifcnt  fouvent  les  plus 
gros,  les  meilleurs  fruits,  &  en  plus  grande  quantité. 

Les  Arbres  gréfés  fur  des  Pruniers ,  font  une  plante  bien  plus  vigou- 
reufe  que  fur  des  Abricotiers  :  aufîi  gagnent-ils  plus  ou  moins  du  côté 
du  bois ,  félon  la  diftérence  qu’il  y  a  entre  les  efpèces  de  fruits  :  c’efl 
ainfl  que  la  Pêche  verdâtre  de  Montagne  croît  mieux  que  la  blanche , 
qui  meurit  plutôt.  Ces  Pêches  de  Montagne  verdâtres  fur  des  Pruniers 
doivent  du  moins  être  à  une  Cloifon  de  huit  pieds  par  deflus  terre,  &  il- 
faut  les  planter  à  quinze  pieds  de  diftance  :  au-lieii  qu’une  Cloifon  de 
cinq  pieds  de  haut  fuffit  pour  celles  qui  font  gréfées  fur  des  Abricots,  & 
que  leur  diftance  ne  doit  être  que  de  dix  pieds  feulement  :  de  cette 
manière  les  arbres«en  deviendront  bien  plus  beaux  &  plus  fertiles  en  Efl 
paliers ;au-lieu  qu’autrement ie  bois  en  devient  trop  gros,  plus  mou,  & 
pouffe  des  branches  gourmandes.  11  eft  fort  remarquable  que  toutes  les 

fleurs 


DE  LA  CAMPAGNE.  nç 

fïeiirs  qui  viennent  à  ces  fortes  de  gros  bois,  font  des  fleurs  mdles ,  qui 
ne  donnent  jamais  de  fruits ,  ou  bien  fi  quelquefois  &  par  hazard  il  y 
vient  des  fleurs  femelles,  elles  tombent  avant  le  tems,  parce  que  la  fe- 
ve  monte  trop  dans  ces  branches. 

Les  Pêchers  pouffent  ordinairement  TEté  fans  interruption  jufques 
vers  la  Saint  Jaques,  après  ce  tems-là  les  rejettons  des  vieux  arbres  croil- 
fênt  rarement  en  longueur  ,  mais  bien  en  groffeur  :  c’eft  auffi  alors  que 
le  fruit ,  qui  pendant  quelques  femaines  qifil  emploie  à  faire  fon  noyau ,  - 
ceffe  pour  ainfi  dire  de  croître  ,  &  commence  tout  d’un  coup  à  fe  gon¬ 
fler,  &  enfuite  à  meurir.  Mais  la  pouffe  des  arbres,  qui  font  jeunes  & 
vigoureux,  dure  fouvent  jufqu’à  la  mi-Aout,  &  même  plus  tard,  félon 
que  le  tems  efl  mieux  difpofé  à  force  d’humidité  :  les  fruits  meuriffent 
auffi  plus  tard.  Cefl  fur  quoi  il  faut  fè  régler  pour  la  taille  d’Eté,  en 
prenant  bien  garde  de  ne  la  commencer,  que  lorsque  la  pouffe  du  bois 
eft  achevée:  on  n’attachera  non  plus,  que  le  moins  qu’il  efl  polfible 
avant  ce  tems-là ,  les  jeunes  branches  vigoureufes ,  fur-tout  aux  Cloifons 
expofées  au  Midi,  &  cela  afin  que  les  fruits  ou  ces  rejettons  ne  foient 
pas  trop  affeélés  par  le  Soleil. 

Pour  n’être  donc  pas  fujet  à  avoir  du  mauvais  bois  &  à  voir  de  la 
gomme  aux  arbres,  mais  pour  conferver  l’arbre  en  bon  état,  garni  de' 
bon  bois  à  fruit ,  on  ne  commencera  jamais  la  taille  d’Eté  avant  le 
mois  d’Aout,  à  moins  que  ce  ne  foient  des  arbres  qui  croiffent  fort  vigoii- 
reufèment,  ou  dans  des  années  pluvieufès;  dans  ce  cas  on  peut  le  faire 
plus  tard,  à  commencer  l’onze  ou  le  douze;  on  coupe  alors  les  bran¬ 
ches  gourmandes  jufqu’à  leur  dernier'  bouton  à  feuille  (à  compter  depuis 
le  haut  vers  le  bas),  pour  poüvoircouper  enfuite  après  la  chute  des  feuilles, 
le  petit  moignon ,  qu’on  y  laiffe  d’abord  pour  prévenir  la  gomme.  On 
ne  tranche  encore  tout -à- fait  plufieurs  branches  furnuméraires ,  foit  à 
fruit  foit  languiffantes,fans  couper  ou  làns  rogner  d’autres  branches.  Je 
comprens  auffi  fous  le  nom  de  branches  furnuméraires,  toutes  celles 
qui  forcent  fur  le  devant  du  tronc  ou  de  la  branche,  &  qu’on  ne  fàiiroit 
attaclier  fans  les  plier  &  fans  caufèr  de  la  difformité  ;  il  efl  bon  par  con- 
féquent  de  n’en  laiffer  aucune. 

On  doit  retrancher  aux  Pêchers  à  baffe  tige  leurs  jeunes  branches 
gourmandes,  de  la  même  manière  qu’aux  Elpaliers;  mais  le  refte  de 
leur  taille  ne  doit  fe  faire  qu’après  l’iiiver,  parce  que  ces  Pêchers  font 
encore  plus  fujets  que  les  Elpaliers  à  mourir  par  les'fommités,  par  le 
froid  du  Printems.  On  ne  doit  non  plus  rogner  aucunes  branches , 

Fartk  L  T  grandes 


146  LES  AGREMENS 

grandes  ou  petites ,  ni  pendant  Pliiver ,  ni  pendant  l’Eté:  mais  comme  iî 
arrive  fouvent  que  les  tendres  bouts  fe  gelent  &  meurent,,  quand  il  faut 
de  nécefTité  leur  faire  la  taille,  il  ne  faut  cependant  pas  dans  ce  cas  les 
retrancher  tout -h -fait,  ou  les  rogner  plus  loin  que  juiqifau  premier  œil 
vivant  qui  paroit.  Ce  qui  doit  néanmoins  être  bien  obfèrvé,  quant  â 
cette  méthode,  c’efi:  qu’il  ne  faut  jamais  faire  cette  taille  au-deffusd’un 
feul  &  limple  œil,  étant  incertain  fi  ce  n’ell  pas  un  bouton,  auquel  cas 
la  petite  branche  mourroit ,  &  c’eft  pour  cela  qu’il  faut  toujours  la  faire 
au-deflus  d’un  bouton  à  feuille  :  pour  en  être  alTuré  ,  on  rogne  jufqu’à 
l’endroit  où  paroiflent,  un,  deux  ,  ou  trois  petits  boutons  près  à  près. 
On  retranchera  de  plus  toutes  les  branches  chifonnes ,  menues  ,  grê¬ 
les  ,  <Sc  l’on  n’en  conlèrvera  que  de  vigoureufes ,  pourvu  que  ce  ne 
foient  pas  des  branches  gourmandes  ,  car  ce  bois  vigoureux  févré  pro¬ 
duit  les  fruits  les  plus  agréables.  On  ne  conlèrvera  pourtant  pas  trop 
de  ce  bois ,  fur-tout  quand  il  apartient  k  des  Abricotiers  ,  &  quand  le 
fruit  a  le  noyau  rouge ,  prce  que  ces  arbres  n’étant  pas  des  plus  vigou¬ 
reux  ,  meurent  aflez  facilement  quand  ils  font  furchargés  de  bois  :  CQ. 
qui  arrive  aulfi  Ibuvent  k  ces  mêmes  arbres  quand  ils  font  furchargés  dè 
fruit.  Dans  ce  cas-lk  on  les  épluchera  k  tems ,  d’abord  après  que  les 
fruits  font  noués,  enfuite  une  féconde  fois  encore,  &  pour  la  troifième 
après  leur  mue ,  auquel  tems  les  arbres  ne  doivent  avoir  que  peu  d^i 
fruit,  n’en  avoir  jamais  deux  l’un  près  de  l’autre,  pas  même  à  une  tel^ 
le  dillance  qu’ils  piiilTent  fe  toucher ,  quand  ils  auront  aquis  toute  leur 
grolTeur.  De  cette  manière  on  le  procure  les  plus  grollès  &  les  meil¬ 
leures  Pêches  ,  n’y  ayant  aucun  aul^e  fruit  dont  les  petits  foient  plus 
infipides  &  les  gros  plus  agréables.  Les  vieux  arbres  qui  pouflent  avec 
vigueur ,  produilènt  ordinairement  les  plus  gros ,  les  plus  délicieux: 
fruits ,&  en  plus  grande  quantité:  au- lieu  que  les  jeunes  emploient  fort 
fouvént  toute  leur  vigueur  pour  des  brandies  dont  on  ne  retire  que  dit; 
bois. 

-  Il  faut  pour  défigner  la  grofTeur  &  les  qualités  aétuelles  dii  fruif:,  en 
donner  k  connoître  auÜl  le  contour  &  la  peiànteur  ;  les  plus  pefantes  é- 
tant  pour  l’ordinaire  les  plus  agréables  au  goût.  La  plus  greffe  Pêche  > 
que  j’aie  vue,  pefoit  onze  onces,  poids  de  marc:  elle  étoit  un  peu  plus 
ronde  qu’à  l’ordinaire ,  &  avoit  treize  pouces  de  circuiç  mefüre  de 
Rliynl^de.  ,  , 

_Ûne  EêçhS'de  fept  pn^es^  poids  de  marc,  e$  déjà  une  Pêche  d’uge 
groffem:  peu  î  ^  ^  ordinairement,  plus  de  neuf  pouces  de 

<jrcuiL  Une 


DE  LA  CA  Mf  AG  NE. 

ttne  Pêche  de  heiif  pouces  ell  d’uhe  grolfeiir  peù  columutKî  ^  &  pefc 
ordinairemeut  fix  onces  &  dix  eftelins ,  &  quelquefois  'jiifqu^îi  douze, 
quatorze  &  feize  eftelins, 

La  fleur  de  Pêcher  a  cinq  feuilles,  mais  ces  feuilles  félon  les  différen¬ 
tes  qualités  des  fruits  ,  font  plus  grandes ,  plus  petites  &  divérfement 
colorées ,  ont  aufli  plus  ou  moins  d’étamines  au^dedans  'de  la*  fleur. 
Les  arbres  qui  prodiiifènt  les  plus  gros  fruits  ont  aulTi  les  plus  groïTe» 
fleurs*  La  Pêche  pourprée  ou  vineufo ,  quoiqu’elle  ne  le  cède  pas  fouvent 
en  grofleur  à  la  groffe  verte  de  Montagne  ,dont  la  fleur  efl  très  petite,  a 
de  petites  feuilles  rondes  de  couleur  cramoifî  tirant  fur  le  violet  ,  qui  sfou- 
vrent  fort  rarement  tout-à-fait  ,maisfo  tiennent  plus  fermées, du  milieu 
desquelles  s’élèvent  ordinairement  trente -huit  étaitiinés  qui  paffent  le 
haut  de  la  fleur.  Les  Pêches  de  Montagne  &  de  Zwol  ont  les  fleurs 
leurs  feuilles  plus  grandes,  qui  s’ouvrent  tout-à-fait  en  fleuriffant,  celle  de 
la  Montagne  eft  pour  l’ordinaire  un  peu  plus  ouverte  &  unie,  d’une  cou¬ 
leur  plus  claire,  d’une  couleur  de  chair  plus  blanche,  &  moins  rouge 
dans  le  cœur, plus  ronde  autour  que  celle  de  Zwol,  qui  dans  le  cœur  efl 
d’un  rouge  violet  qui  forme  comme  un  cercle. 

Quoique  les  Pêchers  meurent  fouvent  par  la  forte  gelée  ,  &  que  leurs 
fleurs  tombent  fouvent  avant  que  de  nouer  ,  par  le  froid  du  Printems, 
je  ne  confeille  cependant  pas  de  les  couvrir  avec  des  nates  de  rofeau  : 
j’ai  apris  &  me  fois  convaincu  par  mon  expérience ,  que  cela  leur  ell  en¬ 
core  plus  nuifible.  J’ai  trouvé  qu’il  vaut  mieux  mettre  en  terre  devant 
les  arbres ,  des  rames  à  ramer  des  poids ,  pour  rompre  les  vents  de  bi- 
îte ,  en  les  y  laiflant  jufqu’à  ce  que  le  fruit  foit  noué.  Les  meilleures 
Pêches  font  : 

Avant-Pêche  rouge ,  qui  efl  à  peu  près  de  la  même  couleur  que  la 
Pêche  de  Zwol,  d’un  goût  plus  exquis  que  la  blanclie,  plus  ronde  ,  & 
un  peu  plus  groffe  :  elle  ne  fait  pas  un  arbre  vigoureux ,  quoiqu’elle  doi¬ 
ve  être  gréféie  for  Prunier  ,  ce  qui  fait  qu’on  a  de  la  peine  à  en 'tirer  de 
bons  rejettons  à  gréfer  ;  outre  que  la  Grefe  fe  détache  rarement  en  la 
tordant,  deforte  qu’on  efl  très  fouvent  obligé  de  la  couper  dans  le  bois, 
comme  cela  le  fait  aux  branches  épineufes  des  Limoniers. 

Avant-Péche  blanche  efl  un  peu  longue  &  pointue  comme  la  Pêche 
d’ Amande  ;  elle  produit  plus  que  la  rouge ,  &  fait  un  arbre  plus  vigou¬ 
reux  :  les  fruits  en  meuriffent  bien  aufiitôt. 

Les  Anciens  ont  donné  mal-à-propos  le  nom  d’Avant- Pêches  aux 
Abricots ,  fans  les  défigner  autrement.  Dodonée  leur  donne  l’un  & 
l’autre  de  ces  noms.  ^  T  2  La 


*4*8  vL  Ç  S' A  G  R  E.M  E  N  S 

La  'Montagne  blanche.  Il  y  en  a  de  plufîeurs  fortes.  Elle  meurît  la 
première  après  les  Avant  -  Pêches.  Sa  chair  ell  blanche,  &  là  peau 
quand  elle  éll  mure  ,  paroit  aulfi  d’un  blanc  jaunâtre ,  &  elle  eft  d’un 
côté  d’un  rougeâtre  luifant.  Les  meilleures  font  de  la  grofleur  des  ver¬ 
tes,  &  point  pâteufes.  La  fécondé  forte  eft  plus  petite  ,  &  moins  co¬ 
lorée  ;  &  la  plus  mauvaife  eft  d’un  rond  un  peu  long  j  &  d’un  goût  â- 
pre  &  rude. 

La  Montagne  verte.  Il  y  a  encore  plus  d’elpèces  de  celle-ci  que  de 
la  Montagne  blanche,  dont  les  plus  grofles  font  toujours  les  plus  exqui- 
fes  au  goût ,  &  les  plus  belles  à  la  vue  ;  elles  finilTent  très  fouvent  par 
une  bofle  à  la  cime  en  pointe  ,  &  comme  c’eft  là  ordinairement  la  figu¬ 
re  des  Amandes  ,  on  nomme  ces  Pêches ,  pour  les  diftinguer  des  au¬ 
tres  ,  Pèches-  Montagne-  Amande.  La  chair  &  la  peau  en  font  un  peu 
verdâtres  ,  &  l’im  des  côtés  eft  d’une  couleur  luifante  fort  agréable. 
Celle-ci  meurit  environ  quinze  jours  après  la  Montagne  blanche  ,  &  en 
Hollande  on  a  ordinairement  coutume  de  la  planter.  Je  crois  que  c’eft 
la  même  que  Mr.  de  la  Quintinic  nomme  V Admirable  ^  quoiqu’elle  meu- 
rifle  dans  ce  Pais,  en  elpalier,  avant  la  mi -Septembre,  qui  eft  le  tema 
qu’il  leur  aftigne. 

La  Pêche  de  Zwoï.  II  y  en  a  aufîi  de  plufieurs  fortes ,  quoique  dif- 
tinguées  le  plus  fouvent  en  Pêches  de  Zwol  doubles  &  communes  ,  les 
doubles  étant  les  meilleures.  Cette  Pêche  eft  d’une  couleur  blanche  ti¬ 
rant  fur  le  rouge  ,  en  général  plus  colorée  de  rouge  par  dehors  que  les 
Alontagnes ,  ayant  aulfi  le  noyau  rouge  r  elle  meurit  dans  le  même 
tems  que  la  Montagne  ,  (avoir  à  la  fin  d’Aout  &  au  commencement  de 
Septembre. 

Celle-ci  varie  quant  au  goût ,  félon  les  années ,  &  félon  que  les  arbres 
font  d’un  bois  plus  ou  moins  vigoureux  :  les  fruits  en  (ont  aufti  ou  plus 
gros  ou  plus  petits  ,  à  proportion  du  foin  qu’on  a  pris  de  les  éclaircir, 
ôc  par  une  fuite  nécelFaire  aulTi  d’une  eau  plus  ou  moins  abondante  & 
exqiülè.  Quant  à  moi,  je  préfère  de  ces  deux  meilleures  efpèces  de  Pê¬ 
ches  de  Montagne  &  de  Zwol ,  les  dernières.  Je  crois  que  Mr.  de  la 
Qiiintinie  les  appelle  Mignones  ,  &  qu’il  les  met  aans  la  troilième  chf- 
(è ,  parce  qu’il  dit  qu’elles  n’ont  (buvent  que  très  peu  de  goût. 

.  La  Pêche  qu’on  nomme  en  France,  ou  vineufe ,  eft  orcfinaire- 

ment  plus  grolTe  que  la  Pêche  de  Zwol  :  la  peau  extérieure  eft  tache¬ 
tée  de  violet  foncé  ,  &  ce  qui  n’en  eft  pas  coloré  ,  moins  jaunâtre  y 
mais  plus  ou  moins  verdâtre  >  comme  aufli  la  cliair,  qui  tout  proche  du 

noyau,: 


DE  LA  campagne.  14^ 

noy^u  5  ainfi  que  le  noyau  même  5  eft  d’un  violet  tirant  for  le  rouge. 
Elle  retient  un  goûtverd  dans  des  Fonds  de  terre  froids,  quoique  gréfée 
fur  Abricotier  ;  mais  elle  eft  pleine  d’une  eau  délicieufe  dans  des  Fonds 
fablonneux  chauds,  quoiqu’elle  foit  gréfée  fur  Prunier. 

]J Hermaphrodite  ^  que  noùs  nommons  aulTi  Féche  de  Burat^  que  fes 
François  appellent  V Admirable  jeune  la  Sandaîie  ^la  Féçhe  dAbricot^ 
ell  de  la  grofleur  de  la  Pêche  de  Zwol ,  &  fans  goût  quand  elle  eft  pe^ 
tite;  autrement  d’une  eau  paflablement  agréable  ,  tachetée  par  dehors 
d’un  pourpre  foncé  :  elle  a  une  peau  cotonneulè  tirant  fur  le  jaune,  par  de¬ 
dans  elle  eft  aulfi  jaune  ,  excepté  le  noyau  qui  eft  d’un  pourpre  rouge  : 
elle  fait  une  petite  fleur.  On  la^grefe  fur  Prunier,  &  alors  elle  devient 
un  arbre  affez  grand  ,  mais  le  fruit  n’en  a  pas  une  eau  aufli  exquifè  que 
lorfqu’elle  eft  gréfée  fiir  Abricotier.  Mr.  de  la  Qiiintinie  dit  qu’elle 
eft  Mirlicotonne, 

Celle  que  nous  nommons  Féche  dAngleterre^  que  les  Anglois  appel¬ 
lent  NeBorins^  &  les  François  Brugnons  ^  Ferfe-Noix^  eft  de  la  grof* 
feur  d’une  grofte  Prune  blanche  ordinaire  ,  d’un  rond  un  peu  long  , 
mais  moins  pointue  vers  la  queue  ,  ayant  dans  fa  longueur  une  couture 
crévaffée.  Elle  eft  de  couleur  de  Prune,  mais  tirant  plus  fur  le  verdâtre, 
&  d’un  côté  rayée  de  rouge,  unie,  fans  être  cotonneufè  comme  les  Pru¬ 
nes.  Les  Anglois  vantent  ces  Pêches ,  comme  étant  d’un  goût  plus 
exquis  qu’aucune  autre.  Mr.  de  la  Quintinie  dit  la  même  chofe  d’une 
des  trois  elpèces  ,  mais  il  ajoute  ,  qu’il  faut  pour  cela  la  cueillir  bien 
mûre.  Chez  nous  elle  a  un  goût  fort  commun  tirant  fur  la  Prune,  ce 
qui  à  mon  avis  vient  en  grande  ^partie  de  nos  Fonds  de  terre. 

La  Pêche  nommée' en  Gafcon  Mirlkoton^  eft  une  Favie  d’Autonne, 
qui  ne  quitte  pas  le  noyau  :  elle  eft  très  cotonneufe  &  fort  grofte,  jaune 
en  dehors  &  en  dedans  ,  fans  aucune  rougeur  extérieurement.  Ces 
Pêches  ne meuriftent  pas  tout-à-fait  chez  nous, quoiqu’on  les  laifteà  l’ar¬ 
bre  jufques  dans  le  Mois  d’Oélobre  ,  ayant  alors  la  chair  encore  dure. 
Mr.  de  la  Quintinie  les  appelle  Favies  jaunes, 

La  Féche  Franpoîfe^  différente  de  la  précédente  ,  qu’on  appelle  dans 
ce  Païs  MirJicoton  ,  eft  de  toutes  les  Pêches  la  plus  belle  &  la  plus  a- 
gréablement  colorée;  elle  a  la  chair  blanclie:  du  refte  on  doit  la  mettre 
au  nombre  des  Mîrlicotons^  puifqu’elle  ne  quitte  point  le  noyau-,  qu’el¬ 
le  refte  aulfi  dure  qu’une  Pomme  ,*  &  qu’elle  n’a  point  de  goût.  Elle 
fait  un  beau  èôup  d’œil ,  lorfqu’on  la  voit  pendre  encore  à  l’arbre  dans 
le  Mois  de-  Septembre  ^  où  elle  commence  à>fe  pourrir  avant  que  de 

T  %  loeii- 

te 


X-ES  AGREME  NS 

meurir  ;  c’efi- pourquoi  on  l’appelle  la  Futain  fardée. 

Celle  que  nous  nommons  double  Pêche-fleur  5  fe  plante  pour  les  belles 
fleurs  que  produit  Tarbre  ,  faifant  au  Printems  un  beau  coup  d’œil  5  car 
les  arbres  en  font  très  beaux  &  les  brandies  garnies  de  fleurs.  Le  fruit 
çft  comme  le  Mirlicoton  ,  moins  coloré  ;  mais  plus  rempli  d’eau ,  & 
moins  jaune  par  dedans  &  par  dehors ,  elle  meurit  vers  la  fin  du  Mois 
•d’Odobre.  .  i  j  . 

CHAPITRE  VL  * 

Des  Abricotiers  ^  de  leurs  Fruits. 

Le  s  Abricotiers  croiflent  de  la  même  manière  que  les  Pêchers,  quoi¬ 
qu’ils  pouffent  des  branches  ligneufes  plus  yigoureufes  ,  plus  lon¬ 
gues  &  plus  grofles ,  deforte  qu’ils  deviennent  plus  grands  que  ceux-là. 
On  les  grefe  fur  Prunier  ,  &  en  s’y  prenant  de  cette  façon  on  conferve 
le  fruit  5  &  même  on  le  rend  meilleur  :  la  Prune  de  Damas  venue  de 
Souche  eft  la  meilleure  pour  cela  ;  mais  comme  on  ne  la  trouve  point 
chez  les  Arboriftes ,  on  prend  pour.gréfer  des  Sauvageons  de  la  groffe 
Prune  blanche. 

. .  Ces  arbres  fruitiers  aiment  les  expofitions  les  plus  chaiideis ,  &  c’eft 
pour  cela  qu’ils  viennent  le  mieux  contre  une  Muraille  ,  à  la  diftancc 
de  quinze  pieds  les  uns  des  autres  ,  ce  qui  en  rend  le  fruit  de  meilleur 

On  ne  multiplie  jamais  les  Abricotiers  de  noyau, parce  qu’alors  ils  ne 
font  pas  de  beaux  arbres,  &  que  leur  fruit  n’ell  pas  à  beaucoup  près  lî 
bon,  que  lorfqu’ils  fontgréfés  fur  Pruniers  :1e  bois  cependant  ne  fe  réunit 
jamais, mais  bien  l’écorce,  avec  laquelle  l’Abricotier, commd  ayant  une 
poulie  plus  vigoureufe,  couvre  le  Sauvageon  de  Prunier,  y  faifant  un 
boiirlet ,  aux  environs  duquel  il  arrive  que  les  couronnes  des  arbres  de 
tige  s’abatent  aflez  légèrement  par  un  vent  fort  :  c’efl-pourquoi  il  faut 
planter  les  arbres  de  tige  dans  des  endroits  où  ils  foient  à  l’abri  des  vents,, 
'&ne  pas  trop  étendre  leurs  couronnes ,  mais  leur  faire  occuper  un  moin; 
dre  efpace  par  la  taille  :  ce  qui  eft  caufe  qu’on  ne  plante  guère  d’ Abri¬ 
cotiers  de  tige ,  outre  que  dans  ce  cas  les  fleurs  Ibufrant  plus  par  les 
gelées  du  Printems,  tombeoLfort  fouveut ,  que  les  fruits  ont  befoin 

d’une 


t 


DE  LA  CAMPAGNE. 

6’une  chaleur  bien  plus  longue  pour  meurir  :  du  refie  les  fruits  d’arbres 
de,  tige  ont  le  goût  beaucoup  plus  exquis^  que  ceux  qui'  meuriflent  contre 
des  Murailles  ou  des  Cloifbns. 

La  raifon  qui  a  engagé  les  anciens  Auteurs  à  donner  à  ce  fruit  le 
nom  d'Jvant-Péche^  ne  peut  pas  être  tirée  du  bois ,  qui  efl  plus  roufla- 
tre  5  croît  plus  vigoureufement ,  &  forme  aufli  les  boutons  d’une  ma¬ 
nière  différente;  ni  pareillement  du  fruit,  qui  diffère  entièrement  de  la 
Pêche  5  en  groffeur ,  en  couleur ,  en  figure ,  &  pour  le  goût.  11  n’y  a  que 
l’Abricot  blanc  qui  puiffe  avoir  plus  ou  moins  de  reffemblance  avec  la' 
Pêche,  fi  peu  cependant,  qu’il  ne  fàui'oit  pour  cela  porter  le  nom  d’A- 
vant- Pêche. 

Ces  fruits  font  plus  charnus  &  moins  remplis  d’eau  que  les  Pêches:  ils- 
font  cependant  dans  ce  Païs  ,  même  les  plus  petits  ,  fort  agréables  au^ 
goût ,  &  peuvent  être  mangés  cruds  ;  ce  qui  fait  que  plufieurs  Friands 
les  mettent  dans  la  claffe  des  meilleurs.  Le  fucre  aiguifè  auffi  beaucoup 
le  goût  des  Abricots,  &  cela  à  un  point, que  l’on  fait  des  Tartes  excel¬ 
lentes  d’ Abricots  verds,  dont  les  noyaux  ne  font  pas  feulement  encore 
formés;  &  lorfqu’ils  font  féchés,  on  les  tient  pareillement  pour  la  meil¬ 
leure  forte  de  Confiture. 

U  Abricot  bîanc  eft  le  plus  gros  &  le  moins  agréable  au  goût ,  tirant 
un  peu  fur  la  Pêche  :  il  devient  pâteux  quand  il  meurit. 

Je  crois  qu’on  a  appellé  en  Grèce  &  en  Afie  cet  Abricot ,  Pèche  hùf* 
tïve ,  &  que  les  ei^ces  fuivantes  leur  ont  été  inconnues. 

V Abricot  de  Breàa  efl  le  plus  gros  après  le  blanc,  par-tout  de  couleur  • 
Orange  fans  taches. 

V  Abricot  Orange  eft  de  la  couleur  de  celui  de  Breda  ,  mais  il  efl:  pte 
petit  :  il  produit  beaucoup  &  eft  très  fouvent  furchargé. 

V Abricot  de  Bois-le-Duc  efl  à  peu  près  de  la  même  grofleur  que  celui 
de  Breda ,  mais  il  æfl  tacheté. d’un  pourpre  foncé.  Il  efl  meilleur  au 
goût  .que  le  précédent..  ' 

Le  petit  Abricot  dont :1e  bois  efl  le  plus  propre  pour  y  gréfer  des  Pê¬ 
ches,  eft  petit,  ordinairement  tacheté  de  brun,  avec  de  petits  points 
d’un  pourpre  foncé.  ^C’^eft  de  tous  les  Abricots  le  meilleur,  &  cela  tant 
pour  manger  tel  qu’il  ell ,  que  pour  des  Confitures  feches  ou  liquides, 
(Comme  aiifi  pour  des  Tartes  &  pour  étuveri  'cepénd^t  il  produit  peu* 


CH  A- 


1 


LES  ACRE  ME  NS 


r.  .  ■  ...  .  ;,r  r  » 


C  H*  A  P  I  T  R  E  VIL, 


Les  Pruniers  £3?  de  leurs  Fruits, 

LEs  Pruniers  doivent  être  multipliés  par  des  Sauvageons  de  Souche, 
&  portent  lans  être  gréfés  :  leur  fruit  eft  cependant  meilleur  quand 
ils  ont  été  gréfés  Amplement  ou  en  aproche  :  les  arbres  portent  auITi 
davantage  par  ce  moyen.  Les  Arborifles  choififlent ,  pour  les  gréfer , 
la‘  Prune  nommée  Roft-pt'uym'<i  qui  eft  une  petite'  Prune  fauvage  ,  qui 
produit  beaucoup,  &  fait  de  vigoureux  arbres  ;  mais  je  crois  qifil  vaut . 
mieux  y  employer  les  Sauvageons  de  Souche  de  chaque  efpèce. 

'  Les  Pruniers  poulTent  beaucoup  de  petites  racines  chevelues  ,  aimant 
à  être  plantés  dans  un  endroit  humide  ,  &  où  il  n’y  ait  que  peu  de  fu¬ 
mier,  car  cela  les  empêche  de  croître ,&  fait  qu’ils  produilènt  moins, lur- 
tout  quand  c’efl  du  fumier  de  Cheval ,  qui  fait  tomber  les  fruits  à  moi¬ 
tié  mûrs.  11  ne  faut  pas  leur  faire  une  forte  taille  ,  ni  les  dégarnir  de  „ 
branches  en  dedans  ,’  parce  que  leurs  ^fleurs  qui  ne  fauroieiit  réufter  aux 
froids  frimats  du  Printems ,  font  alors  défendues  par  les  branches  du  de¬ 
dans  ,  qui  font  fort  toufues ,  &  nouent  beaucoup  mieux.  Les  Pruniers 
d’un  bois  fort  vigoureux  produifent  rarement  beaucoup  ;  mais  on  les 
amendera' en  les  transplantant ,  &  en  lailTant  delfécher  un  peu  à  rail¬ 
les  racines  de  ces  arbres ,  qu’on  tire  de  terre  ,  avant  que  de  les  y  plan¬ 
ter  de  nouveau. 

De  tous  les  fruits  il  n’y  a  que  les  Prunes,  dont  les  petites  diffèrent  fi 
peu  au  goût ,  des  groffes  :  delà  vient  que  c’efl  de  tous  les  fruits  celui 
qui  a  le  moins  befoin  d’être  épluché  ,  quelque  furchargés  que  foient  les 
arbres.  Elles  ne  font  cependant  pas  exception  à  la  règle  générale,  fa- 
voir  que  tous  les  fruits  des  arbres  furchargés  font  plus  inlipides. 

On  diflingue  les  Prunes  en  diverfes  efpèces ,  &  cela  tant  pour  le 
goût ,  la  figure ,  la  couleur  ,  que  pour  la  chair ,  qui  eft  plus  ou  moins 
ferme  &  pleine  d’eau. 

Les  Mirabelles  /impies  £5?  doubles  font  verdâtres:  les  Amples  font  ron- , 
des  à  peu  près  comme  des  chiques  ,  produifent  beaucoup ,  &  ne  font 
bonnes  que  pour  conftre.  La  double  eft  plus  exquife  au  goût ,  de  la 
groffeur  de  la  double  blanche  commune  ,  mais  moins  ronde  ,  plus  lon¬ 
gue. 


DE  L  Â  C  A-tà^P^A  GN  E.  1^5 

giie  5  ayant  la  couture  plus  enfoncée  ;  elle  ell  auITi  plus  cliarnue. 

'  Là  double  blanche  commune  eft  ronde  ,  jaune  ,  tirant  un  peu  fur  îè' 
verd,  plus  pleine  d’eau  &  plus  agréable  au  goût  que  la  double  Mirabel¬ 
le,  mais  elle  diffère  peu  pour  le  goût  de  la  fimple  blanche  commune. 

La  (impie  blanche  commune  eft  d’un  jaune  plus  obfcur  que  l’autre 
la  meilleure  forte  en  eft  tachetée  de  fougé.  11  y  a  beaucoup  de  perfon- 
nés  qui  eftiment  ces  Prunes  plus  que  toutes  les  autres  de  ce  Pais ,  fur- 
tout  quand  elles  viennent  d’arbres 'de  tige!'  '  j-  •  '  '  -  ^ 

La  Frune  -  Abricot  fuit  les  précédentes  :  elle  efl  de  la  grolTeur  des 
doubles,  mais  un  peu  longue  &  plus  charnue,  de  couleur  rouge  tirant 
fur  le  violet,  tachetée,  &  fouvent  mêlée  de  taches  d’un  rouge  foncé 
meilleure  au  goût  que  les  grolTes  Prunes  oblongues,'  mais  moins  agréa¬ 
ble  que  les  blanchesLCommunes. 

‘  La  petite  Prune  à  confire^  que  je  nomme  ainfi ,  efl  de  l’avis  de  tous 
ceux  qui  l’ont  goûtée  la  plus  exquife  au  goût,  &  la  plus  digne  de  toutes 
d’être  plantée  en  elpalier ,  étant  fort  charnue  <Sc  d’un  goût  délicieux  ; 
cependant  elle  produit  très  peu:  fa  figure  efl  presque  ronde,  elle  eft 
de  la  groffeur  de  la  petite  Prune  bleuâtre  commune  ,&  de  couleur  de  bleu 
foncé  violet  tirant  fur  le  rouge.  v  -  ‘ 

•  La  Prune  de  Damas  de  Ste.  Catherine  efl  encore  plus  fèche  &  plus 
charnue  que  la  précédente  :  elle  n’efl  guère  agréable  au  goût  dans  ce 
Païs,  parce  qu’elle  n’y  meurit  pas  comme  il  faut;  il  y  en  a  de  diverfès 
fortes,  de  couleur  violette,  &  un  peu  longues.  ^  ' 

-  Les  greffes  Prunes  molettes  ^  blanches  d’une  figure  qui  reffemble  k 
un  œuf  5  produifent  beaucoup  ,  &  c’efl- pourquoi  il  y  a  de  l’avantage  k 
les  planter  pour  vendre,  flir-tout  les  violettes,  qui  font  plus  belles  à  la 
vue ,  &  auffi  réellement  plus  agréables  au  goût.  -  - 

Les  petites  Prunes  bleuâtres  font  de  plufleurs  fortes  ;  la  plupart  font 
bleues  &  violettes elles  produifent  toutes  beaucoup  ,  mais  elles  ont  un 
goût  affez  mauvais. 

Les  Prunes  font  pour  la  plupart,  comme  les  Raifins,  couvertes  de  cette 
efpèce  de  fraîcheur  qu’on  nomme  ;c’eft-pourquoi  il  faut  les  cueillir 
prudemment  &  fans  les  manier  beaucoup ,  fur-tout  celles  qiü  font  pleines 
d’eau,  fans  quoi  elles  perdent  bientôt  leur  bonté. 


4 


Poi'tîe  L 


V 


CHA- 


CHAPITRE  VIIL 


•  i'  JDes  Figuiers. 

ON  multiplie  les  Figuiers  par  bouture ,  mais  mieux  encore  par  des 
Sauvageons  de  Souche  qui  ont  racine,  &  qui  nailTent  abondant- 
ment  tous  les  ans.  On  ne  les  grefe  point ,  parce  qu’ils  produifènt  le  mê¬ 
me  fruit  que  l’arbre.  Les  arbres  venus  de  lèmence  font  la  plupart  du  tems 
des  efpèces  bâtardes.  Ces  arbres  réfîftent  bien  à  une  petite  gelée  , 
mais  pas  à  une  forte  ,  deforte  qu’on  doit  les  confecver  dans  la  mailbn , 

^  ou  les  couvrir  avec  des  Nattes  de  Rofeau  quand  on  les  lailTe  à  leur  pla¬ 
ce  :  encore  faut-il ,  en  les  couvrant ,  agir  avec  prudence  ,  &  le  faire 
d’une  manière  convenable  ;  car  quand  on  les  couvre  11  fort  ,  qu’ils  ne 
fauroient  tranfpirer  (comme  cela  m’eR  arrivé  plus  d’une  fois  en  les  cou¬ 
vrant  avec  des  Nattes  de  paille  ,  qui  joignent  mieux)  ,  on  leur  fait  au-^ 
tant  de  tort  que  fi  on  les  laifibit  expofés.  à  la  gelée. 

'  Les  Figuiers  pouffent  une  grande  quantité  de  racines  minces  &  fer¬ 
rées  ,  deforte  qu’on  peut  tous  les  ans  les  arracher  avec^ine  motte  de 
terre  marécageulè  ou  gralfe,  les  conlèrver  dans  la  maifon>  &  les  plan¬ 
ter  de  nouveau  auPrintems  fuivant,de  la  même  manière:  par  ce  moyen 
ks  arbres  produiront  plus ,  &  feront  bien  meilleurs  que  fi  on  les  enfer- 
moit  dans  des  Cailfes  on  dans  des  Pots.  On  les  arroîè  légèrement  avec 
de  l’eau  avant  que  de  les  planter ,  afin  que  la  terre  tombe  moins  en 
les  tranfportant  ,  &  que  les  racines  prennent  mieux  :  c’efi:  -  pourquoi 
il  faut  aufii  les  arrofer  copieufement  après  qu’ils  font  plantés  \  ce  qui 
joint  d’autant  mieux  la  terre  tout  à  l’entour  &  intérieurement.  Ils  ai¬ 
ment  un  Fond  de  terre  bien  gras,  marécageux,  de  même  qu’un  Fond 
fablonneux  bien  fumé,  &  plus  ou  moins  humide  félon  les  efpèces,  le» 
pluies  trop  abondantes  leur  étant  ordinairement  contraires ,  faifanc 
tomber  les  fruits  avant  leur  maturité.  Les  Figues  blanches  par  de¬ 
dans  réfiftent  le  moins ,  &  les  rouges  le  plus  à  ime  grande  humidi¬ 
té  :  c’efi  pour  cela  que  les  blanches  doivent  être  plantées  dans  des 
terrains  plus  élevés.  Les  Printems  froids ,  où  il  gele  dans  les  mois  de 
IVlai  &  de  Juin,  n’empêdient  pas  feulement  leur  pouffe,  mais  font  auf^ 
£  qu’ils  ne  produifènt  que  peu  ou  point  de  fruits.  11  leur  faut  de  plus 
.  ;  ^  un 


DE  LA  campagne;  tsf 

un  air  ouvert  &  libre,  une  chaleur  durable,  mais  modérée ,  ce  qui  leur 
convient  le  mieux  :  c’eft- pourquoi  les  Figues  font  meilleures  à  des  ar¬ 
bres  en  plein  vent ,  qu’en  Efpaliers.  11  en  efl  précifément  du  bois  de 
Figuier  comme  de  celui  de  Vigne  :  le  plus  vigoureux  produit  le  plus  ; 
car  ce  font  ces  jeunes  remettons  qui  n’ont  pas  encore  porté,  qui  donnent 
le  fruit  :  &  comme  les  fruits  d’ Autonne  tombent  au  Printems  ,  &  font 
que  les  arbres  ont  d’autant  plus  befoin  de  tems  pour  pouffer  d’autres  re¬ 
mettons  à  fruit,  on  tâchera  de  prévenir  cet  inconvénient, en  les  dépouil¬ 
lant  de  ces  jeunes  fruits  d’Autonne  ,  afin  qu’ils  puiffent  par  ce  moyen 
pouffer  d’autres  rejettons  fans  fruit  pour  l’année  fuivante.  Les  Figuiers  , 
comme  on  vient  de  dire,  ne  portant  pas  de  fruit  comme  la  Vigne , fi  le 
bois  n’efl  encore  jeune ,  il  s’enfuit  qu’ils  doivent  pouffer  de  longues 
branches  dégarnies,  qui  font  fbuvent  du  defordre,  quoique  les  uns  plus 
que  les  autres.  Les  Figues  rondes  &  blanches  viennent  à  des  branches 
plus  droites,  plus  groffes ,  &  mieux  rangées  que  les  rouges.  Toutes  ces 
branches  ont  befoin  d’être  taillées,  tant  pour  un  plus  grand  ornement, 
que  pour  produire  davantage  ,  mais  jamais  de  manière  ,  que  les  bran¬ 
ches  furnuméraires  &  dégarnies  foient  retranchées  ou  rognées,  à  rnoins 
que  les  arbres  ne  viennent  à  dépérir  &  ne  ceffent  de  produire  ;  auquel 
cas  on  les  rajeunira  pas  ce  moyen ,  &  on  les  mettra  dans  un  meilleur 
état. 

La  taille  du  Figuier  doit  fè  faire  vers  la  fin  d’Avril  ou  au  commen¬ 
cement  de  Mai,  quand  les  bourgeons  donnent  à  connoître  qu’il  eii:  en 
leve;  il  faut  bien  lè  garder  de  le  tailler  plutôt. 

11  y  a  de  plufleurs  lortes  de  Figues ,  toutes  fort  faines. 

La  Ronde-hlamhe  meurit  la  prémière  ,  efl  par  dehors  d’un  verd  ti¬ 
rant  fur  le  jaune.  Dans  des  Etés  fort  chauds  cet  arbre  porte  deux  fois 
des  fruits  qui  viennent  à  maturité  ,  &  qui  font  généralement  ef limés, 
pourvu  qu’ils  foient  bien  mûrs,  fans  quoi  ils  font  fort  mauvais:  ils  paffent 
outre  cela  fort  fubitement  à  leur  parfaite  maturité,  après  qupi  ils  molif^ 
font  en  fort  peu  de  tems  &  fe  gâtent. 

La  Longue -blanche  n’efl  pas  fi  bonne,  &  ne  meurit  pas  de  fi  bonne 
heure  que  la  ronde 

Les  Figues  qui  font  rouges  par  dedans ,  font  d’un  rond  oblong  ,  & 
les  meilleures  après  la  ronde  -  blanche  :  il  y  en  a  même  qui  les  confon¬ 
dent  enfemble. 

Les  Figues  violettes  on  pourprées  par  dedans  font  plus  longues ,  mais 
à  proportion  moins  groffes ,  &  d’un  goût  moins  fin  que  la  rougeâ- 

V  2  tre 


.:î  X  E  S  G  R  E  M  E  N  S-  : 


tre  'dont  je  viens  de  parler  ,  niais  elles  font  plus  grofles. 

Les  Figues  qui  font  par  dehors  d’un  verd  titant  fur  le  brun  jaunâtre;, 
&.  ponceau  par  dedans ,  que  l’on  nomme  Figues  grifes  en  France ,  font 
plus  petites  que  les  précédentes  :  elles  meurilTent  des  dernières  5  parce 
que  les  arbres  produifent  fouvent  vers  la  tin  de  l’Autonne  beaucoup  de 
fruits,  qui  tombent  au  Printems,  deforte  que  l’Eté  fe  palTe  avant  qu’il 
ne  s’y  en  forme  de  nouveaux. 


CHAPITRE  IX. 

Bh  Mewriers: 

LEs  Meuriers  ne  font  pas  des  arbres  naturels  à  ce  Païs ,  car  la  forte 
gelée  les  fait  fouvent  mourir  quand  ils  font  en  plein  vent ,  mais 
rarement  lorfqu’ils  font  en  Elpaliers.  On  les  multiplie  ,  de  même  que 
les  Figuiers,  par  des  Sauvageons  de  Soudie:  ils  produifènt  enfuite,  fans 
être  gréfés  ,  des  fruits  qui  viemient  au  jeune  bois  de  Tannée  précé¬ 
dente,  &  cependant  pas  au  bois  le  plus  vigoureux;  car  les  petites  bran* 
ches  d’une  grolTeur  médiocre  donnent  les  meilleurs  fruits  &  le  plus  fure-* 
ment,  dans  le  tems  que  les  vigoureufes  font  de  nouvelles  branches.  Ces 
arbres  jettent  aulîi  cxüraordinairemeng  de  racines  ligneufès,  profondes', 
étendues ,  quoique  peu  chevelues.  Leur  bois  eft  dur,  mais  facile  à  calTer, 
ce  qui  fait  que  le  vent  les'rompt  allez  facilement,  &  qu’il  faut  les  planter 
dans  des  endroits  'où  ils  foient  à  Tabri.  Ils  viennent  extrêmement  bien 
autour  des  vieilles  mazures,  deforte  qu’à  une  muraille  de  vingt  pieds  ^ 
ilfaut  les  planter  du  moins  à  trente  piedsdes  uns  des  autres ,  afin  qu’ils 
puiffent  ydevenir  de,  beaux  arbres  bien  unis ,.  6c  bien  garnis  de  feuilles. 
:■  11  y  a  des  Meuriers  blancs  ,  dont  .les,  feuilles  fervent  de  nourriture  aux 
vers  à  foye  ,  6c  il  y  en  a  dont,  le  fruit  eft  d’un  brun  rougeâtre  tirant  fur 
le  non*:  on  dit  que  parmi  ces  derniers  il  y  en  a  de  plulieurs  efpèces  dif¬ 
férentes  ,  qui  produiiènt  de  groffes ,  de  longues  6c  de  plus  petites  Meu¬ 
res  rondes  ;  6c  d’aufres  qui  produiïènt  les  fkulTes  Meures  qui  ibnt  très 
peu  bonnes  à  manger.  Pour  moi  je  n’enconnois  qu’unei  feule  eipèce,dont 
les  fruits  font  plus  ou  moins  gros ,  félon  la  vigueur  de  Tarbre  ,  placé  de 
manière  qu’il  n’ait  ni  trop  de  chaleur  ni  trop  de  froid  ,  6c  félon  que  l’E¬ 
té  eft,  plus  ou  moins  tempéré.. 

Ou 


DELACAMPAGNE. 

On  appelle  faiifles  Meures  ee  qu’on  appelle  queues  de  chat  aux  Noi- 
iettiers.  Ce  font  de  petites  fleurs  verdâtres ,  pendant  par  grapes ,  con¬ 
tenant  de  la  fomence  en  pouflière ,  &  qui  ne  fo  changent  jamais  en 
fruits.  J’ai  vu  cela  à  quantité  d’arbres ,  qui  avoient  produit  auparavant 
des  Meures  d’ime  grofleur  peu  commune. 


CHAPl-TRE  X. 

Bes  Framboifes  £«P  des  Meures  faumges, 

LEs  Framboifes  &  les  Meures  làuvages  croiflent  fur  des  Ronces  :  ce 
font  des  eljDèces  de  Meures.  Les  fauvages  font  aufli  connues  des 
Grecs  fous  le  nom  de  Meures  à  bafle  tige ,  &  les  franches  Meures  fous 
celui  àUdea. 

Les  Meures  làuvages  font  aifées  à  diftinguer  des  autres  qui  croilTent 
dans  leur  voilinage  ;  car  elles  font  plus  petites  &  plus  rondes  que  les 
Framboifes,  d’un  violet  bleu  foncé,  &  ont  de  petits  pépins:  elles  croif- 
fent  dans  les  cliamps,  fouvent  au  bord  des  petits  fofles  ou  dans  des 
bois.  L’arbriffeau  a  de  longues  &  minces  brandies  fort  fléxibles  &  re¬ 
courbées ,  garnies  d’épines, qui  ne  fe  foutiennent  pas,. mais  pendent  fort 
près  de  terre.  » 

Les  Framboifos  ne  viennent  pas  chez  nous  dans  les  bois ,  mais  on  les 
cultive  dans  nos  jardins.,  &  on  les  multiplie  par  des  rejettons  de  leur 
Souche:,  c’elt  ainli  qu’on  les  conferve.  Ces  rejettons  parviennent  ordi¬ 
nairement  à  la  hauteur  de  dnq  &  tout  au  plus  de  fix  pieds ,  dont  on  cou¬ 
pe  annuellement  rez  terre  les  plus  vieux ,  ne  refervant  que  les  jeunes 
dont  on  ne  laifle  en  tout  que  deux  ou  trois  fur  chaque  plante,  dont  les 
plus  vieux  ne  doivent  avoir  que  deux  ans.  Les  jeunes  rejettons  n’ont 
point  d’épines,  mais  les  vieux  en  ont  plus  ou  moins,  moins  cependant 
que  les  làuvages.  Qiioique  ces  arbrilTeaux  foient  droits,  ils  ne  laiflcnt 
pas  que  d’être  fort  foibles,  parce  que  leur  bois  elt  mince  &  mou ,  ce 
qui  les  repd  fort  fujets  à  fc  brifor.  Pour  prévenir  cet  inconvénient  on 
les  échalalïe  fort  fouvent.  Leur  fruit  eft  beaucoup  plut  petit  &  moins- 
agréable  au  goût ,  quand  on  laifle  à  ces  ronces  trop  ou,  de  trop,  vieux  re- 
jettons ,  ce  qui  arrive  quand  on  les  rogne. 

Les  Framboilès  fontd’uia  rouge  foncé  ou  bien  d’un  blanc  jaunâtre.  Les; 

.  ..  .  Via 


ijS  ..LES  A  G  R  Ë  M  E  N  S  . 

prémières  font  les  meilleures  :  les  unes  &  les  autres  font  plus  petites  que 
les  Meures ,  mais  plus  grandes  &  un  peu  plus  rondes  que  les  Meures  fau« 
vages,  étant  mûres  elles  tombent  facilement  de  leur  queue,  laquelle  en 
étant  réparée  laifle  une  petite  cavité  dans  le  fruit.  Quand  le  fruit  eft 
trop  mûr  il  s’y  engendre  d’abord  un  petit  ver  :  il  eft  aufti  fort  fujet  à  le 
moifir,  &  à  perdre  par-là  tout  fon  goût. 


CHAPITRE  XL 

Des  Gromlles  £«?  des  Grozeîlles  ^ertes^ 

LEs  Groseilles  viennent  à  des  ArbrilTeaux ,  &  ne  font  nulle  part 
aufîi  bonnes  que  chez  Nous ,  où  il  y  en  a  de  trois  fortes ,  de  rouges , 
de  blanches  &  de  noires. 

'  Les  rouges  d’une  couleur  rouge  luifante  &  claire  montrent  par  leur 
tranfparence  les  pépins  ;  &  font  les  plus  exquifes  au  goût.  Les  blanches 
ont  à  peu  près  la  couleur  de  chair  ,  elles  font  transparentes  comme  les 
rouges ,  &,  peu  s’en  faut ,  de  même  goût.  Leurs  arbres  font  pré- 
cifément  de  même  ,  les  Grozeilles  y  viennent  à  de  longues  queues  en 
grapes ,  qui  ont  fouvent  vingt  &  plus  de  grains  chacune. 

Les  noires  d’une  même  grape  ne  font  pas"  toutes  de  la  même  grof- 
leur;  elles  manquent  toujours  en  fleuriftant  ,de  manière  qu’on  en  trouve 
de  gros  &  de  petits  grains  à  la  même  grape  ,  à  laquelle  il  n’y  en  a  ja¬ 
mais  autant  qu’aux  autres.  Les  arbrifleaux  auxquels  ces  Grozeilles  noi¬ 
res  viennent,  font  plus  grands,  leur  feuilles  plus  crénelées,  à  peu  près 
comme  celles  de  vigne  :  elle  ont  aulTi  de  l’odeur  ,  &  fur-tout  quand  ce 
font  de  jeunes  rejetions  ;  leur  goût  eft  aulîi  différent  de  celui  des  rou¬ 
ges  &  des  blanches.  '  ' 

Ces  trois  elpèces  viennent  toutes  de  Bouture;  mais  comme  les  plus 
greffes  Grozeilles  &  les  meilleures  au  goût  proviennent  de  jeunes  rejet- 
tons  ,  elles  viennent  mieux  fur  Souche  que  ftir  de  petits  arbres  de  tige. 
On  retranche  tous  les  ans  de  ces  Souches  qui  pouffent  quatre  ou  cinq  re¬ 
mettons,  les  plus  vieux, &  l’on  conlèrve  les  tendres,  jufqu’à  l’âge  de  qua¬ 
tre  ans  &  point  au-delà:  cette  taille  fe  fait  le  plus  convenablement  pen¬ 
dant  l’hiver  ;  auquel  tems  on  rogne  aulfi  tant  foit  peu  les  rejettons  vigou¬ 
reux  des  rouges  &  des  blanches;  mais  cela  ne  le  fait  point  aux  noires, 
dont  on  retranche  tout-à-fàit  les  furnuméraires.  Les 


DELACAMPAGNE: 

■  '  Les  [Groseilles  viennent  le  mieux  dans  des  Fonds  lablonneux  bien  fu* 
més  5  devenant  dans  ces  endroits  (quoique  d’une  grofleur  médiocre) 
fort  exquilès  au  goût ,  fucrées  &  avec  des  queues  jaunes  :  elles  abforbent 
confidérablement  la  graifle  de  la  terre,  principalement  les  noires ,  ce  à 
quoi  il  faut  bien  fonger  quand  on  plante  des  Vergers. 

Les  Groseilles  vertes,  que  nous  nommons  Kruys-hezien^  viennent 
à  un  arbrifleau  garni  d’épines ,  non  pas  par  grapes  comme  les  Gro¬ 
seilles  ,  mais  chacune  féparément.  On  les  multiplie  comme  celles-là  par 
bouture.  Elles  viennent  auffi  de  la  même  manière  fur  de  petits  arbres 
ou  lîir  des  Souches ,  parce  que  les  meilleures  croiflent  pareillement  aux 
jeunes  rejettons.  Elles  font  chaque  année  plus  de  Sauvageons  de  Sou- 
.  che  que  les  autres  Groseilles  :  on  en  conferve  quatre  ou  cinq,  &  l’on  re¬ 
tranche  toutes  les  autres. 

On  en  a  aulFi  de  différentes  efpèces ,  des  blanches ,  des  jaunâtres  y 
d’autres  d’un  bleu  pourpré ,  des  rouges ,  &c.  comme  aulTi  des  rondes  & 
des  longues.  De  toutes  ces  Groseilles  les  vertes  longues  font  les  meil¬ 
leures  pour  être  étuvées  avant  qu’elles  foient  mûres,  &  quand  elles  n’ont 
pas  encore  de  pépins  ;  &  les  blanches  pour  manger  quand  elles  font 
bien  mûres.  ? 

De  tous  les  fruits ,  qu’on  veut  confèrver  par  art  hors  dé  leur  faifbn 
pour  manger,  il  n’y  en  a  aucun  que  l’on  puifte  confèrver  aiilfi  naturel¬ 
lement  ,  comme  fi  on  ne  faifoit  que  de  les  cueillir ,  que  les  Groseilles 
vertes  quand  elles  ne  font  pas  mûres ,  defbrte  qu’on  peut  les  étuver  en 
hiver,  &  en  faire  un  mêts  auiTi  agréable  que  fi  elles  étoient  encore  dans 
leur  faifon. 


CHAPITRE  XIL 
De  VEpine  Vînette, 

C’Eft  un  ArbrifTeau  qui  devient  plus  haut,  &  fait  plus  de  Sauva¬ 
geons  de  Souche  que  les  Groseilles.  Les  rejettons  qu’il  pouffe 
chaque  année,,  font  garnis  d’Epines  fort  pointues,  ce  qui  les  rend  très 
propres  à  lervir  de  liaies  de  féparation  dans  les  Jardins  à  fruits ,  & 
pour  les  fermer.  On  les  multiplie  par  bouture ,  &  on  les  diftingue  en 
Epines  Vinettes  avec  ou  fans  pépins ,  quoiqu’il  arrive  quelquefois  que  ceL 


î'6ô  L  E^'S  AGREMENS 

le  qui  d'abord  n’a  voit  point  de  pépins,  èn  aqiiiert  dans  la  fuite  par  une 
poufle  vigoureiife  ;  c’eil-pourquoi  on  ne  laiÆera  point  à  ces  arbriffoaux 
derejettbns  ligneux  trop  vigoureux. 

L’Epine  Vinette  eft  un  petit  fruit  un  peu  long,  rouge,  coriace, 
ayant  très  peu  d’eau,  qui  vient  à  des  grapes  pendantes  comme  les  Gro¬ 
seilles  noires ,  c’eft-à-dire  avec  moins  de  grains ,  &  pendant  plus  obli¬ 
quement  que  les  Groseilles  rouges  :  il  meurit  vers  la  fin  de  Septembre. 

CHAPITRE  XIIL 

Du  Cornouiller,  . 

ON  ne  lânroit  mettre  au  nombre  des  grands  arbres  les  Cornouillers , 
quoiqu’ils  grandilTent  plus  que  les  autres  arbrifleaux  :  on  les  mul¬ 
tiplie  par  des  Sauvageons  de  Souche:  leur  bois  eft  fort  noué,  &  dur 
fans  épines  :  leur  fruit  eft  encore  moins  pourvu  d’eau  que  l’Epine  Vinet¬ 
te  ;  mais  beaucoup  plus  grand ,  un  peu  long ,  venant  feul  à  fèul  chacun 
à  la  queue,  comme  les  Grozeilles  vertes  :  il  a  un  noyau- fort  dur. 


CHAPITRÉ  XIV, 


Du  Sureau. 

Le  Sureau  vient  à  fou  hait  dans  des  endroits  humides  &  ombragés^ 
mais  fon  fruit  6c  fon  bois  font  meilleurs  6c  ont  plus  de  fubftance, 
lorsqu’ils  croiftent  dans  des  Fonds  de  terre  fecs  6c  élevés  :  le  jeune  bois 
forme  un  tuyau ,  rempli  d’une  moelle  blanche  6c  Ipongieulè ,  qui  périt 
au  bout  de  quelques  années,  comme  cela  arrive  auffi  aux  Vignes,  6c 
alors  le  bois  en  elt  fort  dur  6c  fort  coriace. 

.  Il  y  en  a  de  plufieurs  efpèces ,  qu’on  diftingue  en  Sureau  ordinaire 
de  Montagne,  6c  Sureau  d’eau;  en  deux  fruits  différens,  lavoir  le  brun 
tirant  fur  le  noir,  qui  eft  le  meilleur;  6c  le  jaunâtre  ou  d’un  blanc  p⬠
le,  qui  eft  d’une  elpèce  inférieure,  6c  par  cela  même  moins  bon:  il  eft 
d’un  rond  un  peu  long  :  chaque  graine  vient  féparément  à  une  petite 

queue, 


\ 


DE  LA  CAMPAGNE:  lét 

queue,  qui  pend  tout  autour  d’une  queue  commune  en  guife  de  cou*: 
ronne. 

Les  PaiTans  plantent  beaucoup  le  Sureau  commun  aux  environs  de 
leurs  Caves  pour  intercepter  l’air  &  le  Soleil ,  parce  qu’il  fait  beaucoup' 
d’ombrage  par  la  grande  quantité  de  Sauvageons  de  fouche  qu’il  pro¬ 
duit.  11  vient  de  Bouture ,  mais  plus  fouvenc  de  Sauvageon  de  Souche. 

Les  tendres  rejettons  de  Sureau  commun  ,  comme  auflTi  les  boutons 
à  fleurs ,  mangés  en  ragoût  ou  en  falade  ,  purgent  fort  doucement. 
Les  fleurs  en  étant  féchées  &  tirées  en  guife  de  tliée ,  font  un  fpécifiquc 
pour  bien  des  maux. 

Le  Vinaigre  de  Sureau  qu’on  fait  avec  ces  mêmes  fleurs  féchées,  efl 
très  rafraichiflant  &,très  propre  pourdiffiper  la  chaleur  des  chambres  des 
malades  :  on  en  fait  aulfi  des  fauces  excellentes ,  il  ne  faut  pourtant  ja¬ 
mais  le  mêler  avec  du  beurre. 

On  fait  du  jus  de  ces  graines  bien  mûres  des  Syrops  &  des  Confèr- 
Tes  fort  falutaires. 

CHAPITRE  XV. 

Lu  CoîgnaJJ΀t\ 


Le  nom  commun  de  Coing  mâle  fè  donne  auffi  par  ignorance  aux 
Coings  femelles  5  que  la  plupart  des  Arboriftes  cultivent  pour  man¬ 
ger.  Le  Coing  mâle  efl  plus  long  &  plus  de  la  figure  d’une  Poire, que  le 
Coing  femelle  ,  ordinairement  plus  gros ,  plutôt  mûr  &  meilleur  au 
goût.  On  les  diftingue  en  ceux  qui  meuriffent  de  bonne  heure ,  &  ceux 
qui  font  plus  tardifs  :  ceux  -  ci  ne  valent  pas  la  peine  qu’on  les  plante  ; 
au-lieu  qu’on  cultive  principalement  les  précoces  pour  la  grefe  de  nos 
Poires  communes.  On  multiplie  ces  arbres  par  des  Sauvageons  de  Sou¬ 
che  ,  mais  plus  encore  par  des  Marcottes ,  produifant  ainfi  fans  être  gré- 
fés,  de  fort  bons  fruits  :  on  en  amende  cependant  le  fruit  quand  on  les 
grefe  fur  Epine. 

Les  meilleures  des  Coings  mâles  font  ceux  qu’on  appelle  de  Portu- 

fal,  qui  font  très  aifés  à  diftinguer,  à  leur  écorce  brune  prefque  noire, 
e  refpèce  tardive  fàuvage,  dont  l’écorce  eft  d’im  gris  couleur  de  bois, 
plus  tirant  fur  le  blanc. 

Partie  L  X  fl 


X 


^6z  E  S  ^  A  G  R  E  M  ENS 

U  faut  conferver  y  quand  on  leur  fait' la  taille  ,  le  bois  le  plus  jeunes 
le  plus  rond  &  le  plus  épais ,  &  en  retrancher  le  mince  &  le  grêle  :  il  ne 
faut  pas  non  plus  trop  rogner  ce  meilleur  bois ,  parce  que  c’ell  à  l’ex¬ 
trémité  qu’il  produit  le  plus. 

CHAPITRE  XVI. 

Du  Néflier. 

IL  y  a  diverfes  fortes  de  Nèfles ,  des  franches  &  des  fàuvages.  Le 
franc  Néflier  a  le  fruit  gros  &  htcré,  il  fa  auffi  aigre,  &  quantité  de 
petits  fruits  près  les  uns  des  autres.  On  les  multiplie  par  des  Sauva¬ 
geons  de  Souche  :  ils  produifent  de  fort  bons  fruits ,  quoiqu’on  les  a- 
mende  encore  en  les  gréfant  fur  leurs  propres  Sauvageons  ;  ce  qui  vaut 
mieux  que  de  les  gréfer  fur  Coignaffier  ou  fur  Epine. 

<  11  eft  profitable  de  planter  des  Néûiers  ,  parce  qu’ils  viennent  alTez 
bien  dans  des  endroits  perdus ,  qu’ils  donnent  à  coup  fur  du  fruit  tous 
les  ans ,  &  que  le  bois  en  eft  aflez  recherché. 

CHAPITRE  XVII.  -, 

Du  Noyer. 

LEs  Noyers  fe  multiplient  par  le  moyen  des  Noix  que  l’on  fait  ger¬ 
mer  pendant  l’Hiver  ,  &  que  l’on  met  dans  la  terre  au  Printems. 
Ils  portent  fans  être  gréfés  ;  mais  on  n’a  aucune  certitude  par  raport  à 
l’espèce  qui  en  viendra  ;  parce  qu’il  arrive  même  que  d’une  très  bonne 
efpèce  ,  il  provient  de  très  mauvais  fruits  ;  deforte  que ,  comme  parmi 
les  Poires  &  les  Pommes,  il  y  en  a  une  infinité  d’efpèces ,  de  groffes, 
de  petites ,  de  longues  à  coquille  dure  ou  molle  ;  mais  on  les  diftingue 
plus  généralement  en  doubles  &  en  fimples,  dont  les  doubles  font  les 
moins  bonnes.  On  diftingue  les  fimples  en  becs  de  Corbeau  y  en  Noix 
de  Cologne,  &  en  Noix  à  bouquet. 

Les  becs  de  Corbeau,  que  nous  nommons  Kraei-bekjens y  ont  le  bois 

fort 


DE  L>A  CAjM^A  O-  N  E* 

fort  mou,  fur-tout  par  devant,  ou  fouvent  il  y  en  a  peu  ou  point  :  elles 
font  plus  douces  &  meilleures  au  goût,  mais  moins  ledies  que  les  Noix* 
de  Cologne. 

Les  Noix  de  Cologne  font  plus  grofles  ,  plus  longues ,  &  ont  le  bois 
plus  dur  :  cependant  on  les  cafle  très  facilement  avec  la  main  ;  elles  font 
plus  belles  à  la  vue  ,  &  pour  cela  même  plus  eflimées  ,  &  elles  font 
réellement  les  meilleures  après  les  précédentes. 

Les  Noix  à  bouquet:  il  y  en  a  de  plufieurs  fortes,  toutes  plus  peti¬ 
tes  ,  plus  rondes ,  d’un  bois  plus  dur ,  &  d’une  chair  plus  fèche  ;  ks 
arbres  en  font  auftl  moins  grands  &  moins  gros. 

Les  doubles  Noix  font  Ipongieulès,  pleines  d’eau  &infipides,  mais 
elles  font  les  plus  gros  arbres ,  ëc  cela  en  moins  de  tems  que  les  autres. 

Le  bois  a  aufll  les  pores  plus  ou  moins  larges  ou  ferrés,  à  proportion 
des  fruits. 


CHAPITRE  ^XVIIL 
Bu  Noizettîer* 

—  t 

ON  multiplie  les  Noizettiers  par  des  Sauvageons  de  Souche ,  qui 
viennent  en  abondance.  11  y  en  a  de  beaucoup  de  fortes  aulîl 
bien  que  des  Noyers.  On  dillingue  les  Noizettiers  en  francs  &  en  fau- 
vages.  Les  Noizettes  franches  font  un  peu  longues ,  les  unes  ont  les 
cernaux  rouges ,  d’autres  les  ont  blancs  :  les  prémières  font  les  plus  efti- 
mées  ,  quoique  les  blanches  &  les  longues  foient  les  meilleures  ;  il 
en  vient  une,  deux,  &  au  plus  trois  ou  quatre,  à  une  même  queue. 

On  peut  rendre  le  fruit  plus  gros  par  la  grefe  en  approche ,  mais  cela 
le  rend  auÛTi  moins  bon,  durcit  &  épaiflit  extrêmement  l’écale:  deforte 
qu’on  ne  le  fait  plus.  On  doit  laifler  aux  arbres  leurs  propres  Sauva¬ 
geons  de  Souche,  ce  qui  les  rend  plus  féconds. 

Les  fauvages  font  toutes  rondes  &  par  bouquets ,  de  même  que  le« 
grolTes  Noix  qui  viennent  ainfi. 


C  H  A- 


Î64  -'LES-'  A  G  R  E  ME  N  S 

CHAPITRE  XIX. 

De  V Amandier, 

ON  ne  grefe  point  en  écufTon  les  Amandiers ,  mais  on  les  grefe  en 
approche  fur  Prunier,  &  on  les  multiplie  ainfî,car  quand  ils  font 
venus  d’Amandes ,  ils  meurent  fort  fouvent  quand  on  les  tranfplante  : 
ils  ne  réfîftent  aufli  qu’avec  peine  au  froid  de  nos  Hivers  rigoureux  ,j(iir- 
tout  les  Amandes  douces  :  on  en  a  de  diverfès  efpèces ,  comme  des  Noix. 
11  s’en  trouve  dont  l’écale  ell  plus  ou  moins  dure  ,  il  y  en  a  de  longues , 
&  de  rondes  ;  on  les  diftingue  communément  en  Amandes  douces  & 
amères. 

Les  Amandes  longues  &  amères ,  dont  l’écale  eh  fort  dure  ,  ne  le 
cultivent  dans  notre  Païs  que  pour  la  beauté  de  la  fleur ,  &  pour  le  cha¬ 
ton  que  l’on  confit.  Ces  fortes  d’Amandes  réfiltent  le  mieux  à  nos 
froids  d’Hiver. 

CHAPITRE  XX. 

;  Du  Cbateïgner, 

LEs  Chateigners ,  de  même  que  les  Noyers,  viennent  de  leur  fruit ,  & 
deviennent  de  fort  grands  &  de  fort  gros  arbres.  On  en  a  diver- 
lès  efpèces  ,  qu’on  diftingue  en  Chateignes  fàuvages  &  franches.  Les 
franches  font  bonnes  k  manger,  mais  elles  ne  réfîftent  point  au  froid  ri¬ 
goureux  de  nos  Hivers  :  outre  qu’elles  ne  viennent  pas  comme  il  faut 
dans  des  Fonds  de  terre  marécageux  &  basjproduifànt  dans  ces  endroits 
des  fruits  pâteux,  petits  6c  fans  goût. 


L  I- 


( 


DE  LA  CAMPAGNE, 


LIVRE  QUATRIEME. 

DELA 

\ 

VIGNE. 


CHAPITRE  !. 

Be  la  culture  de  la  manière  de  planter  la  Vigne, 

La  Vigne  efl  un  arbre,  qui  ne  monte  &  ne  croît  en  hauteur  qu’au- 
tant  qu’on  l’y  conduit  :  fon  jeune  bois  a  de  larges  pores,  étant 
Ipongieux  &  fait  en  manière  de  tuyaux ,  dans  lesquels  lè  trouve  une 
moelle  coriace  rouflatre  :  chaque  tuyau  ell  aulTi  féparé  à  chaque  œil 
par  une  efpèce  de  cloifon;  &  comme  le  bois  Te  lèrre  plus  avec  le  tems, 
qu’il  devient  plus  ferme  &  plus  dur,  il  arrive  delà  que  les  tuyaux  fe  bou¬ 
chent,  que  la  moelle  diminue,  &  que  la  cloifon  dilparoit.  Quand  les 
Sarmens  font  vieux,  leur  écorce  eft  nerveule,  ayant  des  elpèces  de  fila- 
mens,  &  elle  peut  être  otée  fort  aifément. 

On  peut  cultiver  &  multiplier  la  Vigne  de  quatre  manières ,  lavoir  de 
Semence,  de  Bouture,  de  Marcottes  &  de  Sauvageons  de  Souche. 

Multiplication  de  Semence, 


II  eft  fort  incertain  quelle  efpèce  de  fmit  on  aquerera  de  fèmence, 
étant  fort  remarquable  que  les  pépins  de  Raifîns  blancs  produifent  fou- 
vent  des  Raifîns  noirs,  &  les  pépins  de  Raifîns  noirs  des  blancs,  &  mê¬ 
me  fort  fouvent  atiffi  des  efpèces  bâtardes  :  c’eft-pourquoi  on  multiplie 
fort  rarement  la  Vigne  de  femence,  cela  ne  devroit  pourtant  pas  en  dé¬ 
tourner  un  vrai  Curieux ,  parce  que  ce  n’eft  pas  feulement  de  femence 
que  les  meilleurs  Raifîns  viennent ,  mais  on  peut  aufli  par  le  moyen 
d’une  bonne  culture  en  avoir  du  fruit  dans  très  peu  d’années. 

Pour  donc  les  avoir  à  fouhait  de  femence,  on  choifit  des  pépins  des 
meilleures  Raifîns  parfaitement  mûrs  ;  pépins  qui  bruniffent  :  il  faut  les 
femer  au  commencement  de  Novembre  dans  une  bonne  terre  fablon- 

Xi3  ''  neu- 


i 


t66 


il 


L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

neulè  5  raifonn^blement  humeâ:ée  ,  &  les  bien  couvrir  contre  le  froid 
de  l’Hiver;  11  faut  aufTi  avoir  foin  pendant  l’Eté  découvrir  contre  l’ar¬ 
deur  du  Soleil  les  tendres  rejettons ,  de  les  munir  contre  les  vents  fu¬ 
rieux  ,  de  les  attacher  à  mefiire  qu’ils  croifTent ,  6c  de  les  entretenir  con¬ 
tinuellement  dans  une  moiteur  convenable.  Quand  ces  Sauvageons  de 
fèmence  ont  plus  d’un  firment  ^  il”  faut  pincer  le  plus  foible  dans  le 
cœur,  afin  que  l’autre  reliant  lèul  puilTe  ppulTer  plus  vigoureufement ,  & 
faire  de  meilleur  bois ,  àla  hauteur  d’environ *^trois  pieds  :  on  pince  pa¬ 
reillement  à  cette  tige  le  farment  mitoyen  ,  afin  que  le  bois  groflilTe 
mieux  5  &  que  les  yeux  fe  gonflent  davantage.  ‘  Pour  que  cela  réuflilTs 
d’autant  mieux  ,  il  faut  aiilfi  pincer  chaque  fois  les  tendres  rejettons, 
qui  fortent  à  côté  des  yeux ,  ju^ues  au  defllis  de  la  dernière  feuille  :  il 
faut  de  plus  qu’au  Printems  fuivant  cette  branche  foit  coupée  julques 
aux  trois  ou  quatre  derniers  yeux  ,  afin  d’aquerir  par  ce  moyen  du  bois 
bien  vigoureux;  car  une  chofe  que  l’on  doit  fur-tout  obferver,  c’efl  qu’il 
'  faut  faire  tous  fes  efforts  pour  mettre  les  jeunes  vignes  en  état  de  faire 
du  bois  bien  vigoureux,  afin  d’avoir  dans  la  fuite  par  ce  moyen  des  Vi¬ 
gnes  bien  arrangées  6c  bien  fertiles.  Cefl  l’unique  6c  le  meilleur  mo¬ 
yen  que  l’on  puilfe  employer  pour  cela.  Quand  il  arrive  que  les  jeunes- 
Vignes ,  tant  celles  de  fèmence ,  de  bouture  ou  autres ,  ne  font  plus 
l’anneé  fui  vante ,  après  avoir  été  coupées  rez  terre  ,  des  branches 
ligneulès  vigoureufès  6c  groffes ,  on  doit  les  tailler  au  Printems  de  la  fé¬ 
conde  année  liiivante  de  la  même  manière,  mais  en  prenant  bien  garde 
que  cette  taille  fe  falfe  au  -  deffus  d’un  œil ,  6c  jamais  au  -  deffus  d\in 
bouton  à  fruit ,  ce  qui  arrive  rarement  aux  Vignes  venues  de  fèmence  ; 
^  &  fi  cela  arrive,  on  peut  compter  d’avoir  toujours  de  très  mauvaife* 

plantes. 

'  Multiplication  de  Bouture, 

I 

Il  n’y  a  guère  que  quelques  curieux  qui,  pour  avoir  des  efpèces  diffé¬ 
rentes,  multiplient  les  Vignes  de  femence,  parce  que  la  meilleure  mé- 
thode  de  les  multiplier  efl  par  Boutures ,  qui  doivent  être  miles  en  terre 
au  commencement  d’Avril  ;  mais  après  une  expérience  plus  fure ,  en¬ 
core  au  commencement  de  Novembre,  quand  le  bois  efl  bien  fermé, 
parfaitement  mûr,  6c  queda  Vigne  n’ell  plus  en  fève. 

On  coupe  la  Bouture  d’un  fois  gros,  dont  les  yeux  6s  les  boutoni 
font  fort  près  à  près,  &  dont  le  boi»  inférieur  a  deux  ans,  le  bois  fù- 

périeuc 


DE  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  léj 

périeur  d’un  an  devant  avoir  trois  ou  quatre  yeux  &  boutons;  ayant 
bien  foin  que  le  bouton  d’en-Iiaut  foit  un  bouton  à  feuille  &  non  pas  à 
fruit  5  pour  être  plus  aiTuré  d’une  pouffe  bien  vigoureufe  ;  ce  qui  doit 
fur-tout  être  pratiqué  quand  on  veut  mettre  des  Boutures  de  Raifîns 
fort  pleins  de  jus,  parce  que  ces  Vignes,  ayant  du  bois  plus  ferré, 
que  les  Raifîns  charnus  &  musqués,  ne  prennent  pas  fî  bien,  &  ne 
pouffent  pas  des  Provins  aufll  vigoureux.  Mais  comme  la  Bouture, 
dont  la  partie  qui  efî:  au-deffus  des  trois  ou  quatre  jointures  tenant  au 
vieux  bois ,  devant  avoir  un  bouton ,  a  presque  toujours  un  œil ,  & 
qu’il  efî:  même  fort  rare  de  pouvoir  la  couper  à  des  Vignes  auxquelles 
on  a  fait  comme  il  faut  la  taille  d’Eté,  on  ne  négligera  jamais  de  pincer 
les  bouquets  de  fleur  qu’on  voit  s’y  former,  ’  • 

Le  vieux  bois,  qui  refte  au  tendre  Provin  bien  nourri,  doit  avoir  du 
moins  une  main  en  largeur,  avant  qu’il  foit  mis  en  terre,  être  tordu 
à  cet  endroit ,  de  manière  que  cela  craque  ;  afin  que  par  ce  moyen  les 
pores  du  bois ,  (le  paffage  des  fucs  étant  en  quelque  façon  arrêté  par 
cette  froiffure) ,  fe  difpolènt  d’autant  mieux  k  faire  des  racines.  11  faut 
après  cela  que  la  bouture  foit  pofée  jufqu’k  la  profondeur  d'une  bonne 
largeur  de  main  dans  de  la  terre  fablonneufe ,  affez  obliquement  pour 
que  l’œil  fupérieur  ne  foit  que  peu  ou  point  vifîble,  &  cela  dans  des  en¬ 
droits  où  il  y  ait  de  l’ombrage  ;  à  moins  qu’on  n’en  eût  befoin  pour  des 
cloifons  ou  pour  des  murailles,  auquel  cas  on  aura  foin  que  ces  Boutu-^ 
res  ne  lè  deffèchent  par  l’ardeur  du  Soleil ,  en  les  humeélant  pour  cela 
comme  il  faut ,  &  leur  donnant  un  peu  d’ombre  ,  julqu’k  ce  qu’elles 
foient  en  pleine  vigueur  ,  ce  qu’on  peut  faire  en  couvrant  la  fuperficie 
de  la  terre  avec  un  peu  de  vieux  Tan  ,  de  la  verdure  d’eau  ,  6c  en  les 
arrofant  quelquefois  pendant  la  féchereffe. 

On  fera  au  refte  ,  à  l’égard  des  Boutures ,  les  mêmes  chofes  qui  ont 
été  dites  k  l’egard  des  Vignes  de  femence  ,  favoir  qu’on  ne  doit  confer- 
ver  qu’un  feul  jet  ;  qu’il  faut  couper  a  tems  les  jets  furnuméraires  près 
du  dernier  bouton  k  feuille  ,  6c  pincer  continuellement  jufques  k  la  der¬ 
nière  feuille ,  les  tendres  petits  jets  k  côté  de  l’œil  ,  comme  aulTi  toutes 
les  Vrilles.  Quand  cette  Bouture  aura  fait  un  jet  ligneux  affez  gros, 
on  en  fait  un  Courfon,  ou  bien  on  la  coupe  l’Autonne  fui  vante  ou  en 
Hiver,  k  proportion  de  fa  vigueur,  en  lui  laiffant  deux  ou  trois  yeux, 
quelquefois  auffi  plus  ou  moins  ;  tachant  toujours  de  fè  procurer  une  Vi¬ 
gne  bien  vigoureufe  :  on  tâchera  auiîi  ,  s’il  efî  polfîble ,  de  la  couper  en 
ne  lui  laifiant  qu’un  œil. 


i5S 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 

Multiplication  de  Sauvageons  de  Souche, 

Les  Vignes  qni  viennent  de  Souche  ,  doivent  être  uniquement  dé¬ 
chargées  de  leurs  racines  froiflees  ;  après  quoi  on  étend  bien  les  autres 
quand  on  les  plante,  on  les  couvre  tout  autour  ,  de  terre  bien  foulée, 
afin  que  le  fond  ne  foit  pas  trop  ouvert.  On  aura  foin  de  plus  de  les 
tenir  à  Pabri  de  la  prémière  gelée ,  de  la  grande  ardeup  du  Soleil ,  de  la 
féchereffe  &  du  vent: on  cultivera  aulfi  les  tendres  Provins ,  &  on  les 
attachera  continuellement,  comme  cela  a  été  remarqué  à  Pégard  des  Vi¬ 
gnes  de  fèmence. 

Multiplication  de  Marcottes  où  de  Provins  couchés  en  terre. 

On  cultive  les  Vignes  de  Marcottes  ,  de  la  même  manière  que  celles 
de  Bouture ,  tordant  pareillement  le  bois  d’un  an  qui  doit  être  mis  en 
terre ,  afin  qu’il  prenne  d’autant  mieux  racine  :  la  feule  différence  de  ces 
deux  méthodes  confiflant  en  ce  que  le  bois  des  Marcottes  refie  uni  à  la 
Vigne  ,  jufqii’à  ce  qu’il  ait  pris  racine  ,  &  qu’il  s’en  nourrifle  jufqu’à  ce 
qu’on  le  tranfplante  dans  PAutonne  ou  le  Printems  fuivant. 

Les  Marcottes  font  fbuvent  de  jeunes  farmens  plus  vigoureux  que  les 
Vignes  de  Bouture  ,  ce  qui  n’empêche  pas  que  je  ne  préfère  à  toutes  la 
manière  de  multiplier  de  Bouture  ,  fur-tout  quand  la  Bouture  peut  refter 
où  elle  eft  fans  être  tranfplantée  ;  quoiqu’encore  qu’il  faille  la  trans¬ 
planter,  elle  faffe  une  meilleure  plante  :  au-lieu  que  les  Marcottes  trans¬ 
plantées  ,  fe  trouvant  privées  de  la  nourriture  ordinaire  qu’elles  atti- 
roient  à  foi  de  la  Vigne  ,  tardent  plus  à  pouffer  ;  mais  c’efi  de  quoi  on 
tâche  de  les  dédommager  ,  en  mettant  le  Provin  dans  un  petit  panier 
rempli  de  terre  pour  y  prendre  racine,  avec  lequel  on  le  tranfplante 
dans  la  fuite ,  brifànt  après  cela  le  panier  Sc  Pôtant ,  pour  donner  ainfi 
un  libre  cours  à  la  pouffe  des  racines  :  j’ai  trouvé  cependant  que  cette 
méthode  nuit  plus  à  la  pouffe ,  quë  de  les  planter  fans  panier. 

De  tous  les  arbres  il  n’y  en  a  point  qui  doivent  plus  néceffairement 
être  tranfplantés  jeunes  que  les  Vignes,  parce  que  les  vieilles  qu’on  a 
tranfplantées ,  meurent  fort  fouvent.  11  faut  bien  prendre  garde  en  trans¬ 
plantant  ces  jeunes  Vignes,  que  les  racines  enfoientbiennétoyées,  bien 
étendues ,  bien  couvertes  de  terre  foulée  ,  comme  auffi  qu’elles  ne  le 
deffèchent  pas  ;  ce  qui  efi  bien  difficile  à  empêcher ,  quand  ces  Vignes 
viennent  d’endroits  éloignés  ;  c’efi  pour  cela  qu’on  les  fait  mieux  provi- 
gner  de  Bouture.  Corn- 


DELA  campagne,  I69 

Comme  l'Autonne  eft  le  tems  le  plus  convenable  pour  mettre  en  ter¬ 
re  les  Boutures ,  c’eft  aulTi  la  faifon  la  plus  propre  pour  planter  les  Vi¬ 
gnes  5  &  cela  d’abord  que  le  jeune  bois  a  quitté  fes  feuilles  &  ell  bien 
mûr.  Les  jeunes  Vignes  qu’on  veut  tranfplanter ,  ne  doivent  conferver 
qu’autant  de  bois  qu’il  en  faut  pour  fortir  à  peine  de  terre  avec  deux  ou 
trois  yeux. 

•  Toutes  les  Vignes  doivent  être  plantées  dans  des  Fonds  de  terre  éle¬ 
vés  &  hors  de  l’eau,  &  même  dans  une  terre  molle  ,  fablonneufb  ,  hu¬ 
mide  ,  fur  -  tout  quand  elles  font  jeunes  ;  car  pour  lors  une  terre  fort 
grafle ,  mêlée  avec  du  fumier  ou  du  vieux  tan ,  leur  eft  mortelle  :  il  faut 
par  conféquent  bien  fe  garder  de  mettre  du  fumier  dans  la  terre  aux 
environs  des  jeunes  Vignes ,  parce  que  leurs  tendres  petites  racines  ne 
périflent  pas  feulement  par  l’acreté  de  ce  fumier  ,  mais  auiîi  font  fujet- 
tes  à  être  rongées  des  vers ,  que  ce  fumier  ou  cette  terre  grafle  pro¬ 
duit.  Qiiand  on  veut  faire  prendre  racine  à  de  jeunes  Vignes  dans  des 
terres  fortes ,  comme  font  les  grafles ,  il  faut  les  planter  dans  des  fof- 
lès  profondes  d’environ  un  pied ,  &  larges  de  trois ,  remplies  d’une  ter¬ 
re  molle,  grife  ,  fablonneufe  :  pour  lors  les  racines  y  pouflèront  avec 
tant  de  vigueur  ,  qu’elles  feront  en  état  après  cela  de  percer  une  terre 
plus  ferme  ;  &  afin  que  les  vieilles  Vignes  puiflent  continuer  à  bien 
poufler  dans  de  pareils  Fonds  de  terre  grafle  ,  il  eft  néceflaire  de  leur 
faire  de  tems  en  tems  un  petit  labour  ,  afln  que  leurs  racines  puiflent 
par  ce  moyen  être  humeélées  lufiSfamment  par  l’eau  de  j^luie  &  de  nei¬ 
ge  ,  &  être  échaufées  par  la  chaleur  du  Soleil.  On  fe  lèrt  le  plus  con¬ 
venablement  pour  ce  labour  d’une  houlette  à  deux  dents ,  '  chacune 
longue  environ  d’un  pied ,  &  large  par  deflbus  environ  d’un  demi-pou¬ 
ce,  &  dont  l’extrémité  d’embas  foit  un  peu  plus  pointue  pour  pénétrer 
d’autant  mieux  :  ces  dents  devant  être  de  plus  à  deux  pouces  de  diftan- 
ce  3  &  avoir  par  defliis  une  douille  pour  y  introduire  un  manche  :  c’eft 
là  l’inllrument  le  plus  convenable  pour  ne  pas  blefler  les  racines. 

Les  Anciens  avoient  coutume  de  faire  ce  labour  non  feulement  pour 
faire  mieux  poufler  par  ce  moyen  les  racines ,  de  même  que  la  tige , 
mais  auiîi  pour  défendre  les  Railins,  lors  de  leur  maturité,  de  la  trop 
grande  ardeur  du  Soleil.  Par  le  moyen  de  ce  troifième  ou  dernier  la¬ 
bour  (qui  le  fait  ordinairement  lorfque  les  Railins  commencent  à  être 
tranfparens  ,  &  par  conféquent  immédiatement  avant  qu’ils  meuriflent) 
on  brilbit  la  terre ,  on  la  réduifoit  en  poulfière  ,  dont  ils  fe  cou- 
vtoient,  alin  que  leur  peau  étant  par-là  moins  coriace,  ils  pulTent-d’au- 
L  Y  tant 


jffQ  -LESAGREMENS 

tant  mieux  meurir.  J’ai  éprouvé  che^  nous  la  même  chofe  à  Pégard  de 
la  trop  grande  chaleur  ;  car  quoique  les  Raifins ,  fîir-tout  les  charnus, 
comme  les  Tocayes  mufqués,  les  Frontignac,  les  Catalogne,  &c.  foient 
des  fruits  de  Climats  plus  chauds  que  n’ell;  le  nôtre,  &  que  par  cela  mê¬ 
me  ils  meurilTent  rarement  parfaitement  dans  ce  Païs ,  quoiqu’étant 
contre  des  murailles  ou  des  Cloifons  ils  reçoivent  plus  de  chaleur  par  la 
réverbération  ;  ces  raifins  pourtant  ne  demandent  pas  une  chaleur  ar¬ 
dente  du  Soleil ,  mais  une  chaleur  durable  ,  hir-tout  vers  le  tems  qu’ils 
meuriffent.  J’ai  même  vu  que  ces  Raiüns  charnus  ,  expofés  contre  des 
murailles  à  une  grande  chaleur  ,  liaient  fi  fort  par  la  chaleur  dans  des 
Ftés  brulans,  que  les  feuilles  &  les  grapes  le  delTéchent  pour  la  plupart, 
enforte  qu’ils  ne  meuriffent  jamais  :  tandis  que  les  Vignes ,  qui  portent 
des  Raifins  pleins  de  jus  &  d’eau,  ne  fouftrent  pas ,  ou  que  fort  peu, 
dans  le  même  afpeét  du  Midi ,  donnant  des  fruits  parfaitement  mûrs» 
11  paroit  delà  que  l’afpeét  du  Midi  eft  moins  nuifible  aux  Raifins  pleins 
de  jus ,  deforte  qu’il  faut  planter  ceux-ci  contre  des  cloifons  qui  y  font 
expofées,  tout  ce  qui  eft  au-delà  du  Midi  du  côté  de  l’Ouefi;  étant  nui¬ 
fible  :  d’un  côté  parce  qu’il  vient  de  mauvais  vents  de  ces  quartiers  ;  de 
l’autre  parce  que  la  chaleur  du  Soleil  n’y  eft  pas  fi  grande,  &  que  dans 
des  Printems  froids  &  où  il  gele  ,  le  froid  fuccède  fubitement  à  la  cha¬ 
leur. 

La  meilleure  expofition  pour  tous  les  fruits  d’Autonne,  qui  eft:  néceA 
faire  à  tous  les  Raifins  mufqués  dont  je  viens  de  parler ,  comme  ayant 
befoin  pour  meurir  d’une  chaleur  durafile,  eft  que  fur  la  muraille  ou  fur 
la  Cloilbn  peinte  en  brun  ,  le  Soleil  faffe  à  dix  heures  un  angle  droit , 
étant  un  peu  plus  vers  l’Éft,  que  vers  le  Sud- fud- eft.  Le  Soleil  eft 
moins  brûlant  contre  de  pareilles  Cloifons ,  &  dure  tout  aulfi  longtems 
vers  le  tems  de  la  maturité,  que  le  Soleil  du  Midi ,  outre  que  ces  Cloi- 
ibns  reçoivent  au  Printems  les  rayons  du  Soleil  de  meilleure  heure  ,  ce 
qui  n’empêche  pas  feulement  ce  premier  froid  fi  fenlible ,  mais  rend 
aulfi  la  chaleur  du  jour  plus  longue  ;  fans  compter  qu’elles  font  auiït 
moins  expofées  aux  vents  nuifibles. 

Les  Anciens ,  comme  il  a  été  dit,  faifoient  trois  labours  à  leurs  ter¬ 
res  :  la  prémière  au  Mois  de  Mars ,  quand  la  Vigne  monte  en  fève  :  la. 
fécondé  au  mois  de  Juin,  quand  elle  fleurit:  &  la  troifième  au  mois 
d’Aout ,  quand  les  Raifins  commencent  à  meurir  ;  mais  comme  nos 
terres  légères  font  naturellement  fort  menuifées,  &  fu jettes  pendant  la 
fèchereûb  à  fe  convertir  en  pouirfère,ce  labour  eft  fuperflu  dans  ce  Païs  r 

au-lieu 


DE  LA  CAMPAGNE. 


au-îieu  de  nos  murailles  6c  de  nos  Cloifons,  ils  fèfèrvoient  pour  con¬ 
duire  6c  attacher  leurs  Vignes,  du  petit  Erable,  du  Frêne  fauvage  6c  d® 
rOrmeau.  Les  Romains  donnoient  aux  Vignes  plantées  de  cette  ma- 
tiière,  le  nom  à^Arhujîa.  Les  arbres  en  queftion,  de  même  que  le* 
Frênes  6c  les  Ormes,  font  aufli  ceux  dont  les  racines  niiifenc  le  moin* 
aux  Vignes. 

I 

C  H  A  P  I  T  R  E  IL 

He  la  Taille  âe  la  Vigne  en  général. 

IL  n’y  a  point  d’arbres  qui  aient  plus  befoin  de  la  taille  que  les  Vig¬ 
nes,  fur- tout  de  celle  d’Eté;  mais  comme  les  farmens  de  Vigne  les 
plus  gros ,  crus  avec  vigueur ,  6c  qui  ont  les  plus  courtes  jointures ,  pro- 
duifent  les  plus  groffes  grapes  ,  6c  en  plus  grande  quantité  ,  de  même 
que  les  plus  excellons  RaiOns ,  il  ne  faut  pas  leur  faire  la  taille  d’Eté , 
avant  qu’ils  aient  pouffé  de  pareils  fermons  bien  vigoureux  ;  c’efl  pour 
çela  qu’on  laiffera  fans  taille  ,  la  prémière  année  ,  toutes  les  jeunes  Vi¬ 
gnes  plantées,  ou  bien  qui  ayant  pris  de  Bouture,  n’ont  pas  pouffé  vi- 
goureiilèment ,.  6c  on  aura  foin,  comme  il  a  été  dit,  d’attacher  les  jets  : 
à  moins  qu’il  n’arrivât  qu’une  jeune  Vigne  plantée  ne  fit  des  branches 
gourmandes ,  qui  font  feuvages ,  plattes ,  6c  qui  ont  de  longues  jointu¬ 
res  :  pour  lors  on  coupera  ces  branches  ,  quand  elles  feront  de  deux 
pieds  ou  plus  au  deffus  de  l’œil ,  6c  dans  ce  cas  feulement  on  leur  fera 
la  taille  d’Eté,  afin  de  rendre  franche  par  ce  moyen,  cette  plante  grof- 
fiére  6c  fauvage  :  on  coupera  aulfi  chaque  fois  les  petites  branches  à  cô¬ 
té  des  yeux ,  afin  que  les  fermens  puifl’ent  pouffer  avec  plus  de  vigueur. 
Quand  donc  cette  jeune  Vigne  pouffe  comme  il  faut,  6c  que  ces  branches 
font  ligneufes,  on  la  coupe  rez  terre,  comme  il  a  été  dit  dans  le  Chapi¬ 
tre  L  afin  qu’elle  faffe  dans  la  fuite ,  avec  d’autant  plus  de  vigueur  > 
des  branches  groffes  6c  épaiffes. 

Tout  le  monde  n’approuvera  pas  à  coup  fur ,  que  je  preferive  la  taills 
au  Mois  de  Novembre, 6c  ainfi  avant  l’hiver,  puifqu’on  croit  qu’il  fiiffit 
de  faire  la  taille  d’hiver  au  Mois  de  Février  :  mais  j’ai  appris  par  expé¬ 
rience  ,  que  la  gelée  ne  nuit  pas  davantage  a  des  Vignes  taillées ,  qu’à 
celles  qui  ne  le  font  point, fur-tout  quand  l’entaille  efl  fermée  ,6c  que  la 

y  2  gelée 


-172  L  E  s  A  G  R  E  M  E  N  s  - 

^elée  ne  fuit  pas  de  fort  près  la  taille ,  ce  qui  arrive  rarement  quand  on 
la  fait  de  li  bonne  heure  ,  parce  que  les  Vignes  ont  alors  plus  de  tems 
-pour  fe  fermer  à  l’endroit  de  l’entaille  :  par  ce  moyen  la  lève  de  la 
pouffe  fuivante  lè  dilfipe  ,  &  s’écoule  beaucoup  moins  ;  deforte  que 
j’ai  trouvé  cette,  taille  d’Autonne  meilleure  que  celle  d’hiver  ,  fur-tout 
aux  Vignes  qui  font  dans  des  Serres ,  &  qui  commencent  leur  pouffe 
^e  bonne  heure.  Ce  que  je  propofe  n’eft  pourtant  pas  fans  exemple; 
car  les  Anciens  faifoient  cette  taille  après  la  Vendange ,  comme  cela  fe 
voit  dans  Columelle  de  Arhoribus  Cap.  X,  &  dans  Falladius  Lib.  IL 
fît.  4.  Il  eft  bien  vrai  que  leurs  Climats  étoient  moins  fujets  à  la  ge¬ 
lée  ;  mais  cela  ne  fait  rien  à  ce  qui  vient  d’être  dit  ;  &  quoique  je  pour- 
rois  confirmer  ma  méthode  par  les  Auteurs  qui  viennent  d’être  cités  j 
comme  aulli  par  Théophrafte  ,  de  eau  fis  Plantarum  Lib.  111.  Cap.  20, 
qui  preferit  la  même  taille  dans  des  Païs  plus  froids,  où  il  gele  ,  immé¬ 
diatement  avant  que  la  Vigne  bourgeonne  ;  je  ne  le  fais  cependant  que 
fur  l’expérience  que  j’en  ai  faite  moi-même  dans  nôtre  Climat  fi  froid. 

C  H  A  P  1  T  R  E  III. 

he  la  Taille  de  la  Vigne ,  qui  fe  fait  à  rentrée  de  THmr ,  ou  a  la  fin 

de  PAutonne. 

Le  tems  le  plus  convenable  pour  cette  taille  eft,  comme  je  l’ai  dit,  en 
Autonne,  d’abord  que  les  branches  font  ligneufes,  quand  même  les 
extrémités  n’en  feroient  pas  encore  tout-à-fait  lâns  feuilles,  comme  cela 
arrive  quelquefois  encore  au  commencement  de  Novembre  ;  car  alors 
l’entaille  a  du  tems  de  refte  pour  fe  fermer  avant  la  gelée  ,  &  les  Vi¬ 
gnes  ne  foufriront  pas  davantage  de  la  gelée  quand  elle  furvient ,.  que 
ii  elles  n’avoient  pas  été  taillées. 

11  y  a  des  gens  qui  mettent  une  différence  pour  le  tems  de  la  taille 
des  Vignes  qui  pouffent  avec  trop  de  vigueur  ,  voulant  qu’on  faffe  la 
tîiille  à  celles-ci  au  Printems  ,  quand  elles  commencent  à  monter  en  fè¬ 
ve  ;  afin  que  par  la  diftillation  des  fucs  ,  elles  faffent  moins  de  progrès 
dans  leur  poullè  ,  &  produifent  une  plus  grande  quantité  de  boutons  à 
fruit.  Cela  eft  cependant  tout-à-fait  füperflu  ,  quant  à  celles  à  qui  on  a 
flic  comme  il  faut  la  taille  d’Eté^  lesquelles  produiront  fuffifamment  en 

dilli- 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  173 

diiïlpant  moins  de  leurs  forces  ;  'delbrte  que  les  Curieux  expérimentés 
ne  doivent  jamais  négliger  cette  taille  d’Autonne. 

Au  refte  on  ne  fauroit  déterminer  la  taille  des  branches  k  une  cer¬ 
taine  longueur  ou  k  un  certain  nombre  de  boutons  ,  ni  donner  des 
règles  fûres  pour  favoir  quels  farmens.  il  faut  laifTer  plus  ou  moins 
longs:  étant  une  marque  d’ignorance  chez  ceux  qui  le  prétendent  autre¬ 
ment  5  parce  que  cela  dépend  uniquement  de  la  pouffe  vigoureufe  de  la 
Vigne  5  comme  aulîl  des  farmens  qui  en  font  provenus:  ce  qui  fait- 
qu’on  laiffe  fouvent  l’extrémité  d’en  haut  plus  longue ,  &  qu’au  contrai¬ 
re  on  la  retranche  quelquefois  entièrement  ,  fe  contentant  de  confer- 
ver  la  branche  fuivante.  11  ne  faut  au  refte  jamais  oublier  de  conferver 
avec  foin  le  bois  le  plus  grofîier,  rond,  bien  mûr  &  k  petites  jointures, 

•  pour  les  plus  longs  làrmens,&  celui  qui  le  fliit  pour  la  taille  en  courfon, 
étant  en  général  très  néceffaire  d’attacher  les  farmens  k  une  bonne  di(- 
tance  les  ims  des  autres ,  &  de  tailler  les  courions  fort  court.  Dans  cet¬ 
te  fuppofîtion  ,  on  coupe  tout-k-fait ,  à  la  lin  de  l’Autonne  ,  toutes  les 
vieilles  branches  furniiméraires:  on  retranche  même  auffi  les  jeunes  far- 
-mens  fuperflus ,  quoique  féconds  :  ou  bien  on  les  racoiircit  comme  des 
courfons  k  un  ou  k  deux  boutons ,  &  les  courfons  de  manière  qu’il  ne 
•leur  refte  qu’un  ou  deux  yeux  ,  &  cela  pour  que  la  Vigne  continue  à 
pouffer  avec  vigueur  :  on  retranche  encore  tous  les  farmens  greles  & 
minces;  k  moins  qu’on  ne  juge  k  propos  d’en  laiffer  quelques-uns  k  une 
•vieille  branche  pour  y  arrêter  la  fève  :  pour  lors  on  les  taille  k  deux  ou 
k  trois  yeux  ;  &  comme  ces  branches  minces  &  greles  ne  procluifent 
que  de  très  petites  grapes  de  llaifin ,  il  ne  faut  pas  en  faire  plus  de 
courfons  qu’il  n’eft  néceffaire  ,  &  il  faut  outre  cela  l’année  fuivante  les 
couper  entièrement ,  de  même  que  les  rcjettons  qu’ils  ont  pouffés. 

Cette  taille  k  courfon,  faite  avec  la  taille  fur  un  bouton  k  fleur,  com¬ 
me  aufli  de  manière  que  le  petit  moignon  d’en -haut  ne  foit  coupé  ni 
trop  long  ni  trop  court ,  comme  je  le  montrerai  dans  la  fuite ,  eft  aufli 
bien  que  la  taille  d’iité  le  moyen  d’avoir  peu  ou  beaucoup  de  Raifins: 
c’eft-pourquoi  celui  qui  taille  ne  doit  pas  feulement  mettre  de  la  difte- 
rence  entre  des  boutons  k  fleur  &  des  yeux  ,  mais  même  aufli  entre 
des  boutons  plus  ou  moins  gonflés.  En  général  les  boutons  font  plus 
gros  &  prefque  une  fois  plus  gonflés  que  les  yeux  :  les  yeux  font  au  con¬ 
traire  plus  minces  &  plus  pointus.  11  y  a  encore  de  la  différence  parmi 
les  boutons ,  car  les  uns  font  plus  gros  &  mieux  nourris  que  les  autres, 
&  cela  non  feulement  k  proportion  de  la  vigueur  du  bois  auquel  ils  font 

Y  3  ve- 


LES  AGREMENS 


174- 

venus  3  mais  aiifîl  félon  que  pendant  l’Eté  ils  ont  eu  un  petit  bourgeon 
dans  leur  voifinage  ou  non.  Les  boutons  avec  ces  bourgeons  qu’on  a 
racourcis  par  la  taille  d’Eté  5  font  moins  gros ,  moins  vigoureux  en 
pouffant  5  que  les  autres  boutons  bien  gros  &  bien  nourris  ;  c’ell  pour 
Cela  qu’on  fera  à  ceux-là  la  taille  jiifqu’aux  boutons  les  plus  hauts  ,  pour 
conduire  d’autant  mieux  vers  le  bas  la  trop  grande  feve  ,  &  faire  que 
les  autres  boutons  fuivans  produifent  plus  furement  de  bons  fruits  bien 
nourris.  Comme  la  fève  ,  en  montant ,  caulè  vers  le  liant  la  plus  vi- 
goureufe  pouffe,  &  que  les  boutons  les  plus  élevés  &  les  plus  gros  atti¬ 
rent  à  foi  la  nourriture  des  autres  ,  il  arrive  delà  que  ces  boutons  d'en 
haut  pouffent  fort  vigoureulèment ,  les  fuivans  avec  moins  de  vigueur, 
&  produifent  aulfi  de  très  petites  grapes  :  il  arrive  au  contraire  ,  quand 
on  taille  fur  des  boutons  d’en  -  haut  moins  vigoureux  ,  que  la  prémièrc 
fève  les  fait  gonfler  &  grolfir  ,  tandis  que  les  boutons  fuivans  conti-  ^ 
nuent  de  croître  ,  quoique  les  boutons  d'en-haut  femblent  ne  pas  pouf¬ 
fer,  à  en  juger  extérieurement. 

On  aura  de  plus  grand  foin  de  tailler  toujours  fur  un  bouton,  &  non 
fur  un  œil  à  feuille  ;  car  fi  cela  fe  fait  fur  un  œil  (fur-tout  à  de  vigou¬ 
reux  farmens ,  qui  par  le  moyen  de  la  taille  d’Eté  ont  pouffé  abondam¬ 
ment  des  boutons) ,  il  arrivera  que  plufieurs  boutons  ne  produiront  que 
des  jets  garnis  de  feuilles  fans  fruits  :  outre  cela  le  petit  moignon  au- 
deffus  du  bouton  ne  doit  pas  être  ni  trop  long  ni  trop  court  ;  car  s’il  eff: 
trop  long,  il  arrivera  pareillement  que  plufieurs  boutons  à  fruit  fe  chan¬ 
geront  en  feuilles ,  parce  qu’il  fe  raff'emble  trop  de  fucs  dans  ce  moignon 
trop  long:  s’il  eft  trop  court,  &  que  l’entaille  foit  trop  près  du  bouton, 
on  court  rifque  que  le  bouton  ne  fe  deffeche  ;  auquel  cas  le  bois  au  del- 
fous  du  bouton  deffeché  deviendra  un  long  moignon  dans  lequel  fe  raf- 
fembleront  les  fucs  les  plus  folides ,  qui  pour  lors  contraignent  pareille¬ 
ment  les  boutons  fuivans  à  fe  changer  en  boutons  à  feuilles  ;  deforte  que 
la  taille  doit  être  faite  au-defflis  d’un  bouton  ,  de  manière  que  le  petit 
moignon  conferve  par  le  moyen  d’une  entaille  un  peu  oblongue,la  lar¬ 
geur  d’une  paille  au  defflis  du  bouton  ,  quand  la  fève  elt  fuiîifamment 
arrêtée  en  montant ,  pour  produire  des  fruits  d’autant  plus  fùrement: 
outre  que  la  fève  ,  par  le  moyen  d’une  pareille  taille  ,  dcfcend  mieux 
jufqu’aux  plus  baffes  branches  ;  ce  qui  fait  que  la  Vigne  reffe  toujours 
garnie  par  deffbus  de  jets  bien  vigoureux  :  au-lieu  que  la  taille  étant 
faite  fur  un  œil,  les  boutons  ne  fe  changent  pas  feulement  en  boutons  à 
feuille ,  mais  attirent  aulTi  à  foi  les  fucs  des  branches  qui  font  plus  bas , 

ce 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  ^ 

ce  qui  fait  que  la  Vigne  lè  dégarnit  entièrement  de  branches  par  def- 
fous.  Jl  faut  bien  prendre  garde  encore  que  l’entaille  fè  fafle  de  l’autre 
côté  du  bouton,  afin  que  la  Vigne,  quand  elle  pleure,  ne  diftille  point 
fon  fuc  fur  ce  bouton ,  mais  du  côté  oppofé. 

Quand  on  taille  la  Vigne  on  retranche  la  plus  haute  branche,  &  on 
confèrve  ordinairement  la  fuivante  ;  ce  qui  fe  fait  pour  deux  raifons  :  la 
prémière ,  parce  que  le  fécond  farment  a  fouvent  le  meilleur  &  le  plus 
fécond  bois;  &  la  fécondé,  parce  que  la  Vigne  ainfî  taillée,  s’abâtardit 
moins. 

Lorsqu’on  attache  les  farmens  qui  croifTent  avec  vigueur,  qui  font  du 
bois  trop  fort ,  &  qui  font  parvenus  à  une  grandeur  requife ,  de  maniè¬ 
re  qu’on  ne  lauroit  leur  donner  plus  d’étendue  ,  on  doit  avoir  foin  de 
les  tordre,  comme  je  l’ai  dit- dans  le  /  Chap.  âe  ce  Lm'e^  à  l’égard  des 
boutures,  afin  que  la  fève  trop  abondante  foie  arrêtée  dans  fa  circula¬ 
tion  ordinaire,  &  que  fans  plier  ces  farmens , comme  on  a  coutume  de  le 
faire,  ils  pouffent  plus  régulièrement,  en  les  attachant  toujours  propre¬ 
ment  félon  leurs  plis.  Il  faut  aufîi  bien  prendre  garde  que  les  farmens, 
à  force  d’avoir  bien  ferré  les  liens,  ne  fbient  ni  comprimés,  ni  froifTés, 
encore  moins  bleffés ,  car  cela  arrêteroit  les  jets  dans  leur  pouffe ,  de 
même  que  les  grapes. 

On  peut  rajeunir  de  vieilles  Vignes  en  les  coupant  fort  près  de  terre  ^ 
afin  de  les  engager  par -là  à  pouffer  de  nouveau  de  vigoureufes  bran¬ 
ches  :  mais  il  faut  bien  prendre  garde  en  pratiquant  cela  ,  que  cela  fe 
faffe  au  delfus  d’une  élévation  de  nœuds,  ou  telle  inégalité  qui  fait  pré- 
fümer  qu’à  cet  endroit  elle  poun'a  bourgeonner  ;  car  autrement  elles 
tardent  fouvent  fi  longtems  à  repouffer  ,  que  les  fucs  trop  abondans  les 
étouffent  ;  &  afin  que  le  bois  ne  foit  pas  pour  cela  trop  gros  &  d’une 
trop  dure  écorce ,  ce  qui  rendroit  le  bourgeomiement  fort  difficile  ,  on 
fait  cette  taille  près  de  terre  tous  les  neuf  ou  dix  ans ,  &  quelquefois 
plutôt  encore  :  il  me  paroit  fort  vraifèmblable  que  les  Ifraélites  le  fai- 
foient  tous  les  fept  ans». 


C  H  A- 


LES  AGREMENS 


C  H  A  P  I  T  R  E  IV. 

Be  la  taille  d'Eté  des  Vignes, 

De  tous  les  Arbres  portant  fruit  il  n’y  en  a  point  qui  aient  plus  befbia. 

de  la  taille  d’Eté  que  la  Vigne  ,  par  le  moyen  de  laquelle  elle  fait 
du  bois  plus  fort,  &  devient  aulîi  plus  belle  &  plus  féconde:  il  n’ell  pas 
cependant  poffible  de  déterminer  le  ^ems  auquel  cette  taille  doit  com¬ 
mencer  &  finir  ,  parce  que  cela  ne  dépend  pas  feulement  de  la  failbn 
pendant  laquelle  elle  pouffe  plus  ou  moins  longtems ,  mais  auffi  du  plus 
ou  du  moins  de  branches  vigoureufes  qu’a  la  Vigne.  On  taille  donc  plus 
tard  les  Vignes  qui  pouffent  avec  vigueur  ,  afin  que  les  nouveaux  yeux 
furvenus  puiffent  fe  gonfler  comme  il  faut ,  lesquels  deviennent  autre¬ 
ment  5  à  caufe  des  fucs  qui  montent  en  abondance ,  des  fàrmens  fort  min¬ 
ces.  11  faut  aulfi  pour  la  même  railbn  laiffer  alonger  davantage  les  far- 
mens  des  Vignes  vigoureufes, c’efl-à-dire,  leur  laiffer  plus  d’yeux , qu’aux 
fàrmens  moins  vigoureux,  avant  que  de  les  racourcir,  parce  que  les 
yeux  des  Vignes  vigoureufes,  fe  dilpofànt  plutôt  à  devenir  des  boutons, 
quand  ils  font  taillés  courts ,  fe  convertiroient  fouvent  dans  la  même 
année  en  feuilles ,  ou  bien  que  leurs  grapes  fe  convertiroient  l’année  fui- 
vante  en  fauffes  grapes ,  &  cela  par  trop  de  vigueur  ;  ce  que  tâchant 
d’empêcher,  il  arrivera  que  les  nouveaux  yeux  poufferont  plufieurs  jeu¬ 
nes  fàrmens. 

11  faut  tailler  fort  court  toutes  les  branches  greles ,  minces ,  auffi  bien 
que  celles  dont  les  Vignes  ne  pouffent  pas  avec  affez  de  vigueur  ,  afin 
que  leurs  yeux  deviennent  en  fe  gonflant  des  boutons ,  qui  produifent 
de  bonnes  grapes,  ce  qu’on  auroit  tort  d’attendre  quand  on  fait  la  tail¬ 
le  moins  grande. 

En  général  les  Vignes  de  Raifîns  musqués ,  &  fur-tout  ceux  que  nous 
connoiffons  fous  le  nom  de  Franken-daelders  charnus ,  deviennent  de 
plus  gros  arbres ,  que  celles  des  Raifîns  d’une  eau  fucrée  &  autres  moins 
charnus ,  quoique  plus  remplis  de  jus:c’eft  pour  cela  qu’avant  de  racour¬ 
cir  les  mufqués  &  les  charnus ,  il  leur  faut  laiffer  deux  ou  trois  yeux  de 
plus. 

Qiioique  les  plus  vigoureux  fàrmens  foient  les  meilleurs,  il  faut  pour¬ 
tant 


DE  LA  CAMPAGNE.  177 

tant  bien  prendre  garde  s’ils  font  provenus  d’un  bois  à  petites  jointures  ; 
car  on  confervera  toujours  ceux-ci  comme  les  meilleurs  <Sc  les  plus  fé¬ 
conds.  D’un  autre  côté  on  retranchera  dans  leur  prémière  poulie  ceux 
qui  Ibrtent  près  ou  hors  de  terre  (comme  cela  arrive  fouvent  à  de  jeune» 
Vignes  qui  poulTent  vigoureufement) ,  étant  pour  l’ordinaire  fauvages , 
gourmandes ,  &  llériles.  11  faut  encore  obferver  fi  les  Vignes  ont  leur 
étendue  requife  ;  car  de  celles  qui  ne  l’ont  pas,  on  racourcit  fouvent  le 
larment  d’en-haut,  &  on  lailTe  croître  ,  fans  le  racourcir,  l’œil  fuivant, 
jufqu’à  ce  qu’il  foit  allongé  d’un  ,  de  deux,  ou  de  trois  yeux  de  plus, 
après  quoi  feulement  on  le  racourcit  ;  ce  fécond  farment  étant  pour 
l’ordinaire  le  plus  rond ,  le  plus  épais ,  à  plus  petites  jointures ,  &  le 
plus  fécond  bois  pour  l’année  fuivante  :  c’ell  dans  cette  vue  qu’on  le 
conferve  ,  retranchant  tout- à-fait,  comme  je  l’ai  dit,  par  la  taille  d’hi¬ 
ver,  le  farment  d’en-haut. 

La  taille  d’Eté  commence  plutôt  &  finit  plus  tard  ,  à  proportion  de 
la  chaleur  &  de  la  fécondité  des  faifons  :  on  la  commence  fouvent 
dans  des  faifons  précoces  avant  la  mi-Mai,  &  elle  dure  fouvent,  quand 
dans  l’Autonne  la  chaleur  continue,  jufques  en  Septembre,  dans  lequel 
intervalle  il  y  a  toujours  à  faire  ;  &  quoiqu’il  y  ait  ici  de  l’intervalle ,  je 
ne  laifle  pas  que  de  dillinguer  cette  taille  d’Eté  en  prémière ,  fécondé  & 
troifième 

11  ne  faut  pas  commencer  trop  tôt  la  prémière  taille  d’Eté  ,  afin  que 
les  yeux  ne  lè  gonflent  pas  trop  vite ,  parce  qu’il  en  arrive  qu’au-lieu  de  ■ 
devenir  des  boutons  ,  ils  croiffent  en  pointe  «Si  deviennent  des  jets  :  il 
ne  faut  pas  non  plus  la  commencer  trop  tard ,  afin  que  le  bois  ait  le 
tems  de  meurir  comme  il  faut,  &  que  les  yeux  fe  gonflent  jufqu’a  deve¬ 
nir  de  gros  boutons  :  le  tems  convenable  efi:  ordinairement  vers  la  fin 
de  Mai. 

Les  Anciens  commençoient  cette  prémière  taille  d’Eté  environ  huit 
ou  dix  jours  avant  que  les  prémières  petites  grapes  commençalTent  à  fleu¬ 
rir;  ce  que  je  préfère  pour  nos  Vignes  qui  lont  dans  des  Serres, dont  la 
chaleur  efi  au  même  degré  que  chez  eux  ;  mais  cela  doit  être  fait  plutôt 
à  nos  Vignes  qui  fe  trouvent  en  plein  air ,  fouvent  même  trois  fèmaines 
avant  qu’elles  ne  fleurifient. 

Cette  taille  faite  comme  il  faut ,  donne  lieu  à  l’agrandiflement  de  la 
Vigne  3  &  en  fait  l’ornement ,  puifqu’on  ne  retranche  pas  feulement  a- 
lors  tout-à-fait  quelques  farmens  fiiperflus ,  &  qu’on  en  taille  quelques- 
uns  à  un  ou  deux  yeux  pour  des  courfons  (  à  l’égard  de  cette  taille  à 

Fartie  /.  Z  cour- 

•  4 


ï78  ..LESAGREMENS 

coiirfbn  ,  il  faut  prendre  garde  à  l’état  de  la  Vigne  &  à  la  vigueur  des 
farmens ,  qui  doivent  être  racourcis)  ,  mais  qu’alors  on  coupe  pareille» 
ment  les  grapes  fuperflues  (favoir  quand  chaque  bouton,  produit  plus 
d’une  grape  ,  ce  k  quoi  on  doit  s’attendre  infailliblement ,  quand  les 
Vignes  font  bien  cultivées)  ,  alin  que  les  autres  puiffent  meurir  mieux 
&  plutôt ,  être  plus  grandes  &  d’un  meilleur  goût ,  fur-tout  les  Vignes 
mufquées ,  auxquelles  il  faut  lailTer  moins  de  grapes  qu’à  celles  d’une 
eau  fucrée  ,  parce  que  les  mufquées  furchargées  ne  meuriflent  jamais , 
mais  celles  d’une  eau  fucrée  quelquefois.  De  plus  on  coupe  pour  lors , 
toujours  dans  la  fuite  ,  les  vrilles ,  car  elles  abforbent  confîdérable- 
ment  la  nourriture  des  Vignes,  &  par  ce  retranchement  continuel ,  il 
arrivera  que  les  yeux ,  qui  font  à  l’oppofite  des  vrilles ,  iè  gonfleront 
avec  plus  de  force,  &  deviendront  des  boutons  à  fleur.  11  faut  que 
le  pied  &  les  vieilles  branches  d’une  bonne  Vigne  bien  cultivée  foient 
garnis  par  embas  de  farmens  &  de  feuilles  :  non  pas  cependant  de 
manière  que  ces  tendres  petits  rejettons  foient  li  près  les  uns  des  au¬ 
tres  qu’ils  caufent  de  la  confufion;  c’ell  pour  cela  qu’on  aura  foin  de 
les  ranger  à  une  jufte  diftance  par  la  prémière  taille  d’Ecé ,  afin  qu’on 
puilTe  les  conferver  dans  une  agréable  propreté  à  mefure  qu’ils  pouflent  :■ 
on  ne  foiifiira  pas  non  plus  trop  près  les  uns  des  autres  les  farmens  des 
côtés  qu’on  taille  à  courfon  :  ceux-ci  ayant  pour  l’ordinaire  plufîeurs 
jets  ,  doivent ,  après  avoir  été  réduits  à  un  feul  jet ,  &  racourcis  à  un 
œil ,  être  placés  à  un  pied  de  diftance  pour  le  plus  près  ;  parmi  lesquels 
petits  courfons  venus  au  devant  d’une  Vigne  moins  grande  ,  dont  tous 
les  farmens  ont  été  pareillement  coupés ,  ou  bien  autour  de  leurs  pe¬ 
tits  furgeons  tardifs ,  il  ne  doit  le  trouver  qu’un  furgeon  tout  au  plus  , 
lequel  on  racourcit  félon  qu’il  efl  à  feuille,  à  deux  ou  à  trois  yeux.  La 
railbn  pour  laquelle  on  taille  li  court  les  gros  courions  ,  venus  par  les 
côtés, eft  d’une  part  pour  éviter  la  confullon  des  branches  fuperflues,  & 
de  l’autre  pour  en  attendre  de  bons  farmens  propres  à  être  attachés  :  au- 
lieu  que  lorlqu’on  ne  les  retranche  pas ,  &  qu’on  laifle  quelques  jets ,  en 
guife  de  bofquet  enfemble,  il  y  furvient ,  au  tems  de  leur  bourgeonne¬ 
ment  ,  une  cavité  lèmblable  à  un  tuyau  ,  qui  eft  très  nuilible  aux  Vig¬ 
nes:  cela  caillé  aufli  une  grande  conflilion  ,  fait  du  bois  mince  ,  grele,. 
&  moins  bon,  que  quand  on  taille  les  courfons  a  une  plus  grande  lon¬ 
gueur. 

'  Le  racoiircilTenient  des  autres  branches  le  fait  plus  haut  ou  plus  bas^. 
Lion  la  vigueur  de  la  Vigne;  ce  racourcilîément  à  des  farmens  bien  ve¬ 
nus 


DELACAMPAGNE. 

nus  de  Vignes  bien  traitées,  fe  fait  ordinairement  au-defTus  de  la  féconde 
feuille  5  ce  qui  vient  au  delTus  de  la  dernière  ou  de  la  fécondé  grape 
d’en  haut  (dans  la  fuppofition  que  ce  farment  produit  du  moins  deux 
grapes)  :  pour  lors  l’œil  qui  efl  au-delTus  de  cette  feuille  devient  ordinai¬ 
rement  un  bouton  à  fleur  ,  lequel  on  conferve  pour  le  dernier  en  fai  Tant 
la  taille  d’hiver.  Cependant  les  farmens  bien  vigoureux  de  Raifîns  char¬ 
nus  &  mulqués  ont  le  bois  moins  creux  &  de  plus  larges  pores  ;  c’eft- 
pourquoi  il  faut,  fuivant  leur  état,  leur  faire  la  taille,  un  ,  deux,  &  mê¬ 
mes  trois  yeux  plus  haut  ;  mais  fi  c’efl  un  farment  qui  n’efl  pas  fort  vi¬ 
goureux  ,  quand  même  il  porteroit  deux  grapes  ,  il  faut  la  faire  plus 
bas ,  fouvent  auprès  ou  au-deffous  de  la  grape.  On  ne  laiffera  point  au 
refte  aux  Vignes  de  pareilles  branches  languilTantes ,  à  moins  que  cela 
ne  foit  néceffaire  pour  leur  agrandilTement  ;  mais  on  les  retranchera 
tout-à-fait  par  la  taille  d’hiver. 

11  faut  auffi  avoir  foin  ,  quand  on  fait  la  prémière  taille  d’Eté ,  de 
remplir  la  place  de  quelque  vieille  branche  qu’on  a  deflein  de  retrancher 
l’année  fui  vante,  &  de  conferver  pour  cela  une  brandie  furnuméraire  à 
la  Vigne  ,  laquelle  il  faut  laifTer  devenir  plus  longue  en  toute  liberté, 
fans  la  raconreir  ,  en  l’attachant  à  mefure  qu’elle  s’allonge  :  alors  elle 
deviendra  bien  plus  vigoureufe,  au-lieu  que  fi  on  la  racourcit,  elle  s’af- 
foiblira,  &  pouffera  plufieurs  petites  branches  par  les  côtés.. 

De  plus  il  ne  faut  ôter  aux  Vignes  que  les  feuilles  qui  tombent  en  fai- 
fant  cette  taille  d’Eté  fi  néceffaire  ;  car  elles  fervent  beaucoup  à  la  nourriture 
&  à  la  pouffe  des  branches  &  des  tendres  farmens ,  comme  auQi  k  intercepter 
la  brûlante  ardeur  du  Soleil,qui  nuit  extrêmement  tant  aux  branches  qu’aux 
Raifins ,  les  pores  du  bois  devenant  par  ce  moyen  moins  larges ,  ce  qui 
empêche  la  fève  de  monter  comme  il  faut ,  &  rend  la  peau  des  Raifins 
épaiffe  &  coriace  ,  fait  qu’ils  ne  meuriffent  pas ,  parce  qu’ils  ne  tranfpi- 
rent  pas  quand  ils  fermentent  au  travers  d’une  peau  fi  durcie,  ce  à  quoi 
les  Raifins  mufqués  font  principalement  fujets  :  il  ne  fiut  pas  pourtant 
que  les  grapes  foient  à  l’ombre ,  de  manière  qu’elles  foient  entièrement 
privées  des  rayons  du  Soleil  ;  car  cela  empêche  pareillement  les  Raifins 
de  meurir ,  parce  que  la  fève  ne  fauroient  dans  ce  cas  fermenter  comme 
il  faut;  les  Raifins  même,  quand  il  arrive  qu’ils  meuriffent,  en  font  au  ITI 
moins  agréables,  outre  que  le  bois  qui  efl  trop  k  l’ombre  ne  meurira  pas 
non  plus  parfaitement  ;  il  faut  par  conféquent  intercepter  d’une  maniè¬ 
re  convenable  les  rayons  du  Soleil  trop  ardens ,  65  laiffer  jouir  le  fruit, 
de  même  que  le  bois,  d’une  chaleur  tempérée. 

Z  2 


Qiiant 


iSo  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S  ' 

Qiiant  à  la  manière  d’attacher  les-branclies  racourcies ,  fur-tout  quand 
elles  font  grolTes  &  pleines  de  fuc  ,  il  faut  bien  prendre  garde  ,  en  les 
pliant  5  de  ne  pas  les  froifler  ou  de  les  rompre ,  &  que  cela  lè  faffe  félon 
leur  cours,  uniment,  fans  froiffure,  &  fans  que  le  lien  les  blelTe  ;  c’ell 
pour  cela  qu’on  ne  les  attachera  jamais  que  dans  un  tems  chaud  quand 
le  Soleil  luit ,  les  gros  farmens  pleins  de  fiic  étant  alors  plus  lléxibles; 
au-lieu  qu’ils  le  rompent  facilement ,  quand  on  le  fait  làns  que  le  Soleil 
paroilTe  ,  le  matin  de  bonne  heure  ,  ou  bien  pendant  un  tems  froid  & 
pluvieux  :  on  fe  fervira  pour  ces  liens  de  jonc  rond  dont  on  lait  les 
cliaifes ,  qu’on  lailTe  un  peu  tremper  dans  l’eau  avant  que  de  s’en  fervir > 
après  quoi  il  ell  d’un  très  bon  ufage  pour  cela. 

'La  leconde  taille  d’Eté  commence  ordinairement  après  que  les  Vi¬ 
gnes  ont  fleuri ,  ou  d’abord  après  la  St.  Jean  :  tems  auquel  le  tendre 
làrment,  après  avoir  été  racourci ,  a  poulie  de  nouveau  trois  ou  quatre 
yeux  ,  dont  font  forties  quelques  autres  petites  jeunes  branches  :  alors 
on  racourcit  ce  farment  d’en-haut,  de  même  que  ces  jeunes  petites  bran¬ 
ches  ,  jufqu’au  delTus  de  leur  dernière  feuille  ,  où  Ton  peut  voir  un 
œil.  11  faut,  quant  à  cette  fécondé  taille  d’Eté  ,  avoir  grand  foin  de 
lailTer  de  très  petits  moignons, pourvu  cependant  qu’on  ne  blelTe  pas  les 
yeux  ;  quoiqu’il  y  auroit  plus  de  mal  encore  à  lailTer  les  moignons  trop 
•longs  qu’à  blefler  un  peu  légèrement  les  yeux  ,  parce  que  les  yeux  qui 
font  aux  environs  des  moignons  trop  longs  &  trop  éminens,  lè  fonne- 
roient  en  pointe  ,  Si  deviendroient  des  branches  dans  la  fuite  :  au-lieu 
qu’étant  coupés  fort  court  &  même  un  peu  blelTés  ,  ils  deviennent  lou- 
vent  de  doubles  boutons  ;  mais ,  comme  je  l’ai  dit ,  il  vaut  mieux  que 
les  yeux  ne  foient  pas  blelTés ,  &  que  la  taille  fe  falTe  tout  joignant ,  a- 
lors  ils  lè  gonflent  &  deviennent  de  gros  boutons  à  fleurs.  Mais  comme 
toutes  les  branches  ne  poullènt  pas  avec  la  même  vigueur  ,  enforte 
qu’on  puilTe  dans  le  même  tems  les  racourcir  ou  les  tailler  également,  il 
peut  arriver  qu’on  eft  obligé  de  faire  dans  le  même  tems,  la  prémièrej 
la  fécondé ,  &  la  troifième  taille  d’Eté. 

On  peut  comprendre  fous  cette  féconde  taille  d’Eté,  l’épluchement  des 
grapes  qui  font  en  trop  grand  nombre  ,  ou  bien  qui  font  venues  de 
fleurs  tardives  ;  comme  auffi  i’épluchement  des  grains  qu’on  pince  de 
chaque  grape  ,  ce  qui  eft  très  néceffaire  aux  Mulcats  blancs  &  paillets 
à  courte  queue  &  fort  ferrés.  Cela  fe  fait  par  le  moyen  de  petits  ci- 
feaux  pointus  &  bien  affilés,  aulîitôt  que  les  Raifins  ont  fleuri,  &  qu’ils 
font  de  la  grofTeur  d’une  tête  d’épingle  :  alors  les  petites  queues  des 

grains 


DE  LA  CAMPAGNE. 


iSi 

grains  font  tendres  &  fibreufes ,  ce  qui  fait  que  les  entailles  fe  ferment 
bientôt  fans  aucun  inconvénient.  11  faut ,  pour  bien  faire  ,  en  retran¬ 
cher  au  Mufcat  blanc  ,  comme .  ayant  les  plus  courtes  queues  de  tous^ 
étant  fort  ferrés ,  pour  le  moins  .deux  tiers  ^  qu'oiqu’il  vaudroit  mieux 
encore  ,  trois  quarts ,  afin  que  les  autres  plus  fimples  puiffent  devenir 
aulli  plus  gros  &  meurir  mieux. 

Les  Mufeats  paillets ,  les  Frontignac  ,  ont  pareillement  de  courtes 
queues  &  font  fort  ferrés ,  mais  moins  que  les  blancs  ;  deforte  qif  on  fe 
contentera  d’en  retrancher  les  deux  tiers.  On  fera  la  même  choie  aux 
autres  mufqués  noirs  ,  comme  aiiffi  à  ceux  qu’on  nomme  Catalans ,  & 
qui  font  d’un  brun  noirâtre  foncé.  Ceux  que  nous  nommons  Fran- 
ken-daelders  ont  de  plus  longues  queues ,  mais  ils  font  fort  ferrés  ,  par¬ 
ce  qu’ils  fe  gonflent  extrêmement,  fiifant  ordinairement  de  grolfes  gra- 
pes  5  dont  les  Railins  meurilTent  difficilement ,  &  pour  cela  on  en  re¬ 
tranchera  du  moins  les  deux  tiers. 

On  fait  la  troilième  taille  d’Fté  à  des  fàrmens  ,  dont  les  yeux  ,  aux¬ 
quels  on  a  voit  efpéré  de  voir  des  boutons  à  fleur  ,  fè  font  convertis, 
contre  toute  attente  ,  en  jets  ;  on  leur  fera  la  taille  de  la  même  maniè¬ 
re  qu’il  a  été  dit  de  la  fécondé  taille  d’Eté. 


CHAPITRE  V. 


Remarques  concernant  quelques  propriétés  de  la  Vigne ,  quelques  ef¬ 
fets  remarquables. 

IL  en  eft  précifément  des  Vignes  comme  de  tous  les  autres  arbres  frui¬ 
tiers  5  favoir  qu’elles  ne  veulent  pas  être  dans  un  endroit  trop  expo- 
fé  à  l’ardeur  du  Soleil ,  fur  -  tout  les  Raifins  mufqués  &  autres  charnus, 
qui  peuvent  moins  Eiporter  une  chaleur  ardente  ,  que  ceux  qui  ont  une 
eau  fucrée.  Les  Raifins  qui  viennent  à  des  échalas  font  généralement 
meilleurs  au  goût,  quand  ils  font  bien  mûrs,  que  ceux  qui  font  venus  à 
des  efpaliers. 

On  ne  fauroit  faire  bien  meurir  les  Raifins  dans  des  Serres  vitrées , 
ni  fous  de  la  gaze  ,  pour  les  défendre  par  ce  moyen  des  Guêpes  :  c’eft 
pour  cela  que  ,  lorfqu’on  veut  les  conferver  dans  de  petits  facs  de  gaze 
ou  de  papier  contre  les  infeétes ,  il  faut  attendre  qu’ils  foient  à  peu  près 

Z  3  mûrs^, 


LES  AGREMENS 


îS2 

mûrs  5  encore  lèront-ils  moins  bons  que  ceux  qui  viennent  à  découvert , 
quoiqu’à  la  vue  le  coloris  en  foit  bien  plus  beau. 

Cette  forte  de  vapeur  nommée  Fleur ,  qui  ell  for  les  Raifins  mûrs, 
ell  une  évaporation  ,  que  l’intérieur  du  Railin  exhale  extérieurement , 
&  qui  refte  condenfé  for  la  peau  extérieure.  Ce  qui  le  prouve  incontef- 
tablement,  c’eft  que  tous  les  Raifins  qui  ont  été  dans  de  petits  facs  de 
papier,  font  plus  chargés  de. cette  Fleur  ,  &  font  beaucoup  plus  agréa¬ 
bles  à  l’œil  que  les  autres ,  qui  font  expofés  à  l’air  &  à  la  rolée  ,  parce 
que  la  peau  extérieure  de  ces  derniers  devient  dure  &  coriace  parla 
trop  grande  ardeur  du  Soleil  ;  ils  ne  paroiflent  non  plus  jamais  fi  colo¬ 
rés  5  parce  que  les  parties  fubtiles  dont  cette  Fleur  ell  compofée,  ne  peu¬ 
vent  pas  pénétrer  au  travers  de  la  peau. 

Les  Vignes  qui  produifent  des  Raifins  mufqués  &  fort  charnus  ,  ont 
befoin  de  plus  de  place  ,  pour  que  leurs  branches  produifent  des  fruits 
aulfi  abondans  qu’agréables  au  goût ,  que  celles  dont  les  Raifins  ont 
l’eau  fucrée  &  qui  font  moins  charnus ,  deforte  qu’on  peut  cultiver  ces 
derniers  contre’ des  cloifons  balTes,  mais  non  pas  les  autres  avec  le  mê¬ 
me  fuccès. 

La  trop  grande  abondance  de  fruits  ne  rend  pas  foulement  les  Rai¬ 
fins  plus  petits ,  mais  les  empêche  auili  de  meurir  ,  &  même  à  un  tel 
point  que,  dans  des  Etés  où  il  fait  une  chaleur  à  fouhait,  on  fera  à  pei¬ 
ne  meurir  ceux  d’une  eau  fucrée  à  des  Vignes  forchargées ,  &  jamais  les 
mufqués  &  les  charnus. 

Les  Raifins  les  plus  agréables  au  goût  font  ceux  ,  qui  à  de  jeunes  Vi¬ 
gnes  vigoiireufos  meurifient  le  plus  loin  du  pied  :  &  au  contraire  les 
plus  agréables  au  goût  à  de  vieilles  Vignes ,  font  ceux  qui  meurifient  le 
plus  près  du  pied,  &  non  pas  à  des  branches  fi  étendues,  parce  qu’ils 
n’ont  pas  eu  foiivent  aflez  de  nourriture  ;  du  refte  ces  Raifins  venus  à 
de  vieilles  Vignes  font  ordinairement  moins  bons. 

Les  jeunes  Vignes  qui,  par  le  moyen  d’une  bonne  culture,  ont  fait 
du  bois  bien  vigoureux ,  produifent  plus  de  fruits ,  même  de  plus  beaux 
fruits  &  meilleurs  au  goût,  que  les  vieilles  ;  mais  ils  ne  meurilfent  pas  de 
fi  bonne  heure  ;  une  feule  &  même  efpèce  différant  quelquefois  à  cet  é- 
gard  de  quinze  jours ,  les  Raifins  d’une  jeune  Vigne  meuriflant plus  tard 
que  ceux  d’une  vieille. 

Un  Printems  avancé ,  auquel  vers  la  mi-Mai  le  froid  fiiccède. ,  accom¬ 
pagné  de  pluie  &  de  vent ,  fait  fouvent  que  les  fleurs  manquent  :  les 
Etés  trop  fecs  font  pour  le  moins  auili  nuifibles  que  les  Etés  froids  & 

plu- 


pluvieux;  &  cela  non  feulement  parce  que  la  peau  des  Raifins  devient 
trop  dure  &  coriace,  fans  que  les  grains  puiflènt  tranfpirer,mais  encore 
parce  que  cela  ferme  trop  le  bois,  ce  qui  empêche  qu’il  ne  monte  aflez 
de  feve  par  fes  pores  pour  nourrir  &  pour  meiirir  les  fruits  :  d’où  il  ar¬ 
rive  fouvent  que  les  feuilles  &  les  queues  des  grapes  fe  flêtriflent ,  ce  que 
j’ai  vu  lür-tout  aux  Mufcats,  &  même  à  un  point  que  dans  des  Etés 
chauds ,  pendant  lefquels  il  n’y  eut  que  quelques  jours  extrêmement 
chauds,  beaucoup  de  Vignes  fe  grillèrent:  on  ne  peut  alors  faire  meurir 
aucun  Raifin  en  efpalier,  mais  bien  en  échalas,  comme  cela  m’eft  arri¬ 
vé  dans  les  années  1713 ,  ivip?  1720,  1723,  1726,  &c. 

Qiiand  les  feuilles  de  Vigne  ont  par  defTus  une  éminence  comme  une 
pullule  de  figure  ronde  &  point  unie,  elles  ont  par  delTous  dans  la  cavi¬ 
té  correfpondante,  une  matière  d’un  gris-blanc,  fpongieufe,  qui  con¬ 
tient  une  humidité  gluticeufe:  cela  eft  caufé  aux  farmens  vigoureux  par 
la  gelée  du  Printems  ;  les  Mufcats  &  fur-tout  les  blancs  y  font  extrême¬ 
ment  fujets. 

Les  Raifins  en  plein  air  cominencent  ordinairement  à  fleurir  dix 
lèmaines  après  que  les  grapes  fe  font  fait  voir  au  Printems  entre  le  jet 
ou  la  feuille  :  mais  Tintervalle  requis  pour  ceux  qui  viennent  fous  des 
vitres  fans  feu ,  eft  de  fept  à  huit  femaines ,  &  de  quatre  dans  une  Serre 
où  l’on  fait  du  feu  au  Printems. 

Le  tems  de  la  maturité,  après  celui  qu’ils  ont  fleuri  en  plein  air  ,  dér»- 
pend  en  général  de  la  cJialeur  des  Sailbns  ;  ceux  qui  meurilTent  fous  des 
vitres  ont  ordinairement  befoin  pour  cela  de  neuf  ou  dix  femaines  après 
avoir  fleuri  :  ceux-ci  pouvant  tout  comme  ceux  qu’on  cultive  en  plein  aiiv 
produire  fucceflivement ,  quand  on  fe  contente  de  les  voir  mûrs  au 
mois  d’Aout  :  ceux  pour  lefquels  on  a  employé  le  feu  au  Printems, 
n’ont  befoin  que  de  huit  ou  neuf  femaines ,  quelquefois  même  quel¬ 
ques  jours  de  moins. 

En  1714.  il  fit  au  Printems  extrêmement  froid  ,  même  jufqu’au 
a  J  de  juin  :  il  y  avoit  même  encore  la  nuit  de  ce  jour -là  de  la  glace 
dans  les  petits  foffés  :  depuis  le  2^  de  Juin  il  fit  jufqu’aii  8  d’Aout  un 
tems  d’Lté  à  fauhait  avec  fécherefle  depuis  le  8  d’Aout  jufqu’àu  ir 
il  plut  :  depuis  le  1 7  d’Aout  jufqu’au  1 1  de  Septembre  le  Soleil  pa¬ 
rut  :  depuis  le  1 1  jufqu’au  24,  de  Septembre  il  ht  une  pluie  continuel¬ 
le:  mais  depuis  le  24.  de  Septembre  jufqu’au  10  de  Novembre  il  ht  u- 
ne  Autonne  charmante.  Je  n’ai  jamais  eu  des  Raifins  plus  mûrs  que 
cette  année-là.  -  .  ; 


LES  AGREMENS 


134. 

Pareillement  en  1715:  il  fit  en  Juillet  &  en  Août ,  un  tems  froid  & 
pluvieux  ;  en  Septembre  un  tems  d’Eté  à  fouhait  ;  en  Octobre  un  tems 
chaud  accompagné  de  pluie  &  de  tempête  :  le  Printems  fut  fi  favorable 
que  la  taille  d’Eté  commença  le  6  de  Mai  à  une  Vigne  fort  vigoureulè 
de  trois  ans, plantée  en  plein  air  contre  une.  muraille  panchée  en  arrière 
uu  dos  d’une  Terralî’e  ;  &  la  fécondé  taille  d’Eté  le  4  de  Juin  ,  conti¬ 
nuant  avec  celle-là  jufqu’à  la  fin  d’Aout  :  mais  comme  quantité  de 
boutons  de  cette  Vigne,  ainfi  gênée  ou  étoufi'ée  quant  à  fa  circulation, 
lè  changèrent  en  branches ,  je  remarquai  que  j’avois  fait  trop  tôt  la  pré- 
mière  &  la  fécondé  taillée  d’Eté  :  on  lui  fit  pourtant  en  Novembre  la 
taille  d’iiiver  ,  dans  le  tems  qu’elle  avoit  de  nouveau  une  quantité  fuffi- 
fante  de  gros  boutons  à  fleur.  Cette  Vigne  fut  mife  fous  des  vitres  à  la 
fin  de  Janvier  1716  :  le  Printems  fiiivant  fut  froid  &fec,  quoique  le 
Soleil  parut  beaucoup  ;  ce  qui  rendit  le  tems  très  favorable  pour  les  Vi¬ 
gnes  mifes  dans  des  Serres ,  mais  point  pour  celles  qui  refièrent 
en  plein  air  :  celles-là  av oient  quantité  de  grapes  le  30  d’Avril  :1a  taille  d’E¬ 
té  commença,  lorfqu’elles  étoient  fur  le  point  de  fleurir  ,  &  celle  des 
Vignes  en  plein  air  feulement  le  28  de  Mai.  11  efi  remarquable  que  je 
coupai  à  ces  Vignes,  mifes  dans  des  Serres ,  quoique  ces  Vignes  n’euf- 
iènt  que  quatre  pieds  de  haut ,  la  Serre  en  ayant  trente-huit  en  longueur, 
(la  figure  de  cette  Serre  le  trouve  dans  la  féconde  Partie  au  1  Lw, 
Chap.  1.)  plus  de  deux  cent  grapes ,  &  que  j’y  en  laiffai  pour  le  moins 
encore  autant  pour  meurir. 

En  1717  le  Printems  fut  fort  venteux  ,  froid,  rude,  plus  favorable 
pourtant  aux  Vignes ,  tant  à  celles  qui  étoient  en  plein  air  qu’à  celles 
qui  fe  trouvoient  dans  les  Serres,  de  cinq  jours  qu’en  1716;  deforte  que 
ia  taille  d’Eté  commença  à  fe  faire  aux  Vignes  qui  étoient  dans  les  Ser¬ 
res,  le  24.  d’Avril,  &  aux  autres  le  2^  de  Mai. 

Le  Printems  de  l’année  1718  fut  fi  favorable  ,  que  les  perfonnes  les 
plus  âgées  ne  fe  fouvenoient  pas  d’en  avoir  jamais  vu  un  pareil ,  ce  qui 
avança  les  Vignes  de  quatre  jours  plus  qu’en  1717.  Je  coupai  le  9  d’A¬ 
vril  quelques  extrémités  de  Vignes  fous  des  vitres  ,  auxquelles  je  ne  fis 
pourtant  la  taille  d’Eté  que  le  2  J  d’Avril ,  &  à  celles  qui  étoient  en 
plein  air  le  20  de  Mai. 

En  1719  il  fit  aux  mois  d’Avril  &  de  Mai  généralement  fort  froid, 
&  le  tems  fut  très  rude  :  je  vis  de  petites  grapes  à  des  Vignes  dans  des 
Serres  échaufées  artificiellement  le  4  de  Février,  auxquelles  je  fis  la  tail¬ 
le  le  28  ;  mais  trop  tôt ,  parce  que  toutes  ces  petites  grapes  manquè¬ 
rent; 


DE  LA  CAMPAGNE. 


rent;  cela  peut  cependant  bien  être  venu  auiïi  de  ce  qu’îl  fit  très  peir 
de  Soleil  avant  la  taille  &  beaucoup  après  ,  accompagné  de  vents  du 
Nord  contre  lelquels  ces  Vignes  furent  miles  à  couvert:  la  taille  des  Vi¬ 
gnes  qui  étoient  dans  des  Serres,  commença  à  lè  faire  le  27  d’ Avril,  & 
à  celles  qui  étoient  en  plein  air  le  2  J  de  Mai.  L’Eté  du  relie  fut  fort 
chaud  &  fort  lèc  ,  ce  qui  fit  griller  prelque  .toutes  les  feuilles  des  muf- 
qués  3  &  empêcha  qu’il  ne  meurît  une  feule  grape  des  charnus. 

Je  lèmai  en  1722  des  pépins  du  Railîn  blanc  précoce  nommé  vroege 
van  âer  Laan  ;  &  je  cueillis  en  1725*  aux  Vignes  venues  de  ces  pépins 
des  Raifins  noirs  &  aulTi  des  blancs. 

Je  mis  en  terre  en  172-f  une  bouture  du  Railîn  nommé  FrankendaeU 
àer  contre  une  Cloifon  expofée  à  l’Eft ,  laquelle  bouture  fans  que  je 
l’eulTe  racourcie ,  monta  la  même  année  jufqu’à  la  hauteur  de  dix  pieds , 
que  je  taillai  dans  le  Printems  de  1725;  à  fix  yeux  ,  &  qui  porta  fix  gra- 
pes;  en  1726  j’en  cueillis  ti*ente-lix  grapes,  &  en  1727  c’étoit  une  fort 
grande  Vigne  ,  qui  avoit  des  branches  vigoureufes  chargées  de  plus  de 
cent  grapes. 

Je  mis  avec  le  même  fuccès  en  terre  en  \"ji6  &  1727  des  boutures 
pour  des  Vignes  en  échalas  contre  une  Cloifon  au  Midi, où  le  Soleil  des- 
îéchoit  extrêmement  :  cela  m’engagea  à  les  arrofèr  un  peu  deux  fois  la 
lèmaine  avec  de  l’eau  tirée  de  la  plus  grande  profondeur  du  folTé  :  ou¬ 
tre  cela  je  mouillai  encore  chaque  fois  alTez  copieufèment  le  feuillage  a- 
vec  de  l’eau  de  pluie  froide  :  l’une  de  celles-là  produifit  au  mois  de  Sep¬ 
tembre  de  la  même  année  une  petite  grape:  mais  en  1728  quelques-unes 
d’un  an  &  celles  de  deux  ans  en  produifirent  abondamment  :  *  j’eus  aulFi 
un  pied  de  Raifins  de  Tokai  extrêmement  chargé. 

En  1725:  nous  n’eumes  pour  ainfî  dire  point  d’Hiver,  il  fit  beaucoup 
de  Soleil ,  &  la  Saifon  au  mois  de  Mars  &  d’Avril  fut  la  plus  favorable 
qu’on  eût  jamais  vue  pour  les  plantes  qui  étoient  dans  des  Serres  :  les 
Vignes  qui  étoient  en  plein  air  avoient  aulTi  pouffé  d’une  manière  in¬ 
croyable,  &  il  ell  remarquable  que  la  Vigne  du  Raifin  nommé  FaerU 
druyf ,  plantée  contre  une  haute  muraille,  avoit  le  22  de  Mai  en  plein 
air  des  grapes  qui  commençoient  à  fleurir  :  malgré  cela  on  n’eut  pas  de 
Raifins  mûrs  en  plein  air  cette  année,  parce  qu’il  fit  fort  froid  cet  Eté- 
là ,  &  qu’il  plut  beaucoup. 

En  1727  il  arriva  par  haï,ard  qu’il  panit  fur  une  couche  de  Tubereufè 
une  Viçne  de  fèmence,qui  ayant  été  d’abord  réchauffée  fous  des  vitres 
de  la  même  manière  que  les  Tubereufes,  &  pouffée  par  du  fumier,  crût 

Fcü'tie  L  A  a  tellement 


îS5  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

tellement  que  par  notre  taille  d’Eté  ordinaire,  elle  auroit  vrailèmblable- 
ment  produit  l’année  1728  fuivante  des  grapes,  fi  on  eût  pu  l’élever  où 
elle  étoit. 

On  trouvera  le  refie  de  la  culture  des  Vignes,  renfermées  dans  des 
.Serres,  dans  la  fécondé  Partie,  où  Ton  traite  amplement  de  la  manière 
de  prématurer  les  fruits  par.  le  moyen  du  feu. 


CHAPITRE  VI. 

Des  àiférentes  fortes  de  Raîpns» 

Quoique  les  Mufcats  bien  mûrs  foient  regardés  prelque  généralement 
^comme  les  plus  agréables  au  goût,  &  doivent  par  cela  même  être 
les  prémiers  en  rang  dans  ce  Traité:  dans  ce  Climat  cependant  ceux 
qui  ont  l’eau  llicrée,  méritent  la  prémière  place,  parce  qifils  meuriflent 
d’ordinaire  tous  les  ans ,  au -lieu  que  les  Mufcats  meuriflent  rarement 
chez  nous ,  <Sc  même  prefque  jamais.  Je  mets  donc  dans  le  prémier 
rang  des  Vignes: 

Le  Raifîn  précoce  nommé  mege  van  der  Laan  ,  provenu  de  femen- 
ce  ,  par  les  foins  ^Adrien  van  der  Laan  ,  en  fon  vivant  Receveur-  du 
Rhynland.  Je  mets  ce  Raifin  dans  le  prémier  rang,  parce  qu’il  manque 
rarement  de  fleurir,  parce  qu’il  eft  un  peu  plus  charnu ,  &  qiPil  a  un  jus 
un  peu  plus  épais ,  ce  qui  fait  qu’il  dure  davantage  :  mais  fans  ces  deux 
qualités  le  Raifin  nommé  Faerl -  di^uyf  méxittioit  la  préférence.  Les, 
grains  font  un  peu  longs ,  leur  peau  eft  épailfe ,  &  ils  ne  meuriflent  pas 
de  fi  bonne  heure  que  les  Faerl-druyven  ,  &  font  aulfi  moins  agréables 
au  goût,  de  l’avis  des  plus  fins  Connoiffeurs.  Cette  Vigne,  outre  cela,, 
ne  lauroit  ni  s’élever  ni  s’étendre  beaucoup, làns  le  dégarnir  de  feuilles  à 
l’endroit  des  vieilles  branches  ;  elle  ne  produit  pas  non  plus  autant  qu& 
l’autre:  pour  la  rendre  plus  fertile,  il  faut  lui  faire  produire  du. bois  bien 
vigoureux  :  c’eft  pour  cela  qu’on  la  coupe  tous  les  neuf  ou  dix  ans  près 
de  terre;  il  faut  l’expofçr  au  Soleil  du  Midi, ou  bien  au  Sud -Eft;  l’Oueft: 
eft  extrêmement  nuifible  à  la  fécondité.  11  me  paroit  cependant  fort  vrai- 
femblable  que  le  Raifin  nommé  Diamant  eft  un  nom  fuppofé ,  qui  a  été 
donné  à  un  vroege  van  der  Laan  bien  cultivé  &  bien  venu. 

Je  mets  dans  le  fécond  rang  la  Vigne  nommée  la  Ferle  (de  FaerU 

druyj^.y 


iruyf)  )  qui  mériteroit  pour  fes  nombreuiès  qualités  le  prémier  ,  fi  les 
raifons  que  je  viens  d’alléguer  ne  décidoient  en  faveur  de  l’autre  :  ce 
Raifin  elt  auffi  rond  qu’une  boule  ,  &  quand  il  efl  bien  mûr ,  il  eft  le 
plus  gros  de  tous  les  blancs  que  je  connois,  &  des  prémiers  mûrs,  ordi¬ 
nairement  plus  de  huit  jours  avant  le  vroege  van  der  Laan  :  Ibn  jus  efl 
plus  fluide  &  plus  agréable,  <Sc  c’eftpour  cela  qu’on  ne  peut  pas  le  con- 
lerver  fi  bien  Thiver. 

Des  Railins  qui  ont  l’eau  jfùcrée  je  mets  dans  le  troifiènie  rang  le 
Raifin  nommé  Frankendaelder ,  étant  originaire  de  Franconie  &  fort 
connu  chez  nous  fous  ce  nom.  Cette  Vigne  venue  de  Bouture,  com¬ 
me  cela  a  été  dit  dans  Chap.  de  ce  Liv.  fait  au  bout  de  peu  d’an¬ 
nées  une  Vigne  parfaite  d’un  bois  extraordinairement  vigoureux  ;  elle 
efl;  très  féconde ,  portant  des  grapes  &  des  grains  d’une  grofleur  admi¬ 
rable.  11  y  a>  cinquante  ans  que  j’en  ai  goûté  deux  efpèces  d’une  même 
couleur  &  d’un  même  goût:  mais  aujourdhui  on  ne  connoit  plus  l’elpè- 
ce  dont  les  grains  font  longs ,  &  l’on  n’en  trouve  plus  chez  nous  qu’à 
grains  ronds.  Ces  Railins  ont  une  couleur  d’un  bleu  foncé  ,  &  font 
charnus ,  ce  qui  fait  qu’ils  meuriflent  difficilement  :  ils  meuriflent  ordi¬ 
nairement  en  même  tems  que  le  Mufeat  de  Catalogne  ,  favoir  un  peu 
plus  que  trois  lèmaines  après  le  Raifin  nommé  la  Ferle  ;  deforte  qu’ils 
ne  meuriflent  jamais  comme  il  faut  dans  des  Etés  un  peu  froids.  11  faut 
décharger  de  quelques  grapes  cette  Vigne  ,  qui  en  produit  de  fort  gref¬ 
fes  &  de  gros  grains  bien  lèrrés ,  ce  qui  les  empêche  de  meurir  ,  &  ne 
leur  en  laifler  que  très  peu  pour  meurir  :  il  faut  auffi  couper  les  grains 
pour  qu’ils  fe  gonflent  davantage  ,  de  manière  que  de  trois  il  n’en  refle 
qu’un,  j’ai  mangé  en  1726  d’une  grape  fi  bien  épluchée  ,  que  les 
plus  petits  grains  avoient  trois  pouces,  mefure  de  Rhynland,  de  cir¬ 
cuit;  plufieurs  trois  pouces  &  demi,  &  quelques-uns  en  petit  nombre 
trois  pouces  &  trois  quarts.  Cette  Vigne  avoit  environ  trente  ans ,  é- 
toit  expofée  au  Midi  contre  une  Muraille  ,  &  avoit  en  hauteur  plus  de 
douze  pieds ,  mefure  de  Rhynland. 

Le  Raifin  de  Catalogne  efl  rond ,  paflablement  gros",  d’un  brun  bleu⬠
tre  foncé  ,  tirant  un  peu  plus  fur  le  mufe  ,  que  le  petit  Mulcat ,  qui 
meurit  plutôt ,  &  après  celui-là  l’un  des  prémiers  parmi  les  mufqués  ; 
mais  il  efl  moins  agréable  au  goût  que  le  Mufeat  blanc  &  le  Frontignac. 

Le  Mufeat  blanc  efl  rond  ,  paflablement  gros ,  &  a  la  queue  fort 
courte ,  ce  qui  fait  que  les  grains  en  font  fort  ferrés  :  ces  grains  font 
fort  charnus,  &  meuriffent  difficilement:  quand  ils  font  bien  mûrs  ils 

Aa  2  paflent. 


193  LESAGREMENS 

paflent,  au  goût  de  plufieurs,  pour  les  plus  agréables  de  tous  les  Rai- 
lins. 

Le  Frontignac  efl  un  peu  long ,  d’une  couleur  bigarée,  rouge  & 
blanche ,  c’ell  pour  cela  qu’on  l’appelle  Frontignac  pâle  :  il  a  auSi  fes 
Partifans,  qui  préfèrent  le  goût  de  ce  Raifin  à  celui  du  Mufcat  blanc: 
il  meurit  aulTi  fort  difficilement ,  tant  parce  qu’il  efi:  fort  charr.iu ,  que 
parce  que  les  grains  en  font  extrêmement  lèrrés.  J’ai  coupé  à  une 
lèule  &  même  Vigne  des  grapes  11  différentes ,  que  l’on  croyoit  qu’il  y 
en  avoit  de  quatre  diverfes  efpèces  :  les  grains  des  grapes  qui  n’avoient 
point  été  à  l’ombre  étoient  d’un  rouge  obfcurun  peu  paffé  5  &  avoient  la 
peau  dure  &  coriace  par  l’ardeur  du  Soleil  :  les  grapes  qui  avoient  été 
médiocrement  à  l’ombre ,  &  qui  avoient  reçu  une  chaleur  convenable  y 
avoient  aulîi  la  peau  moins  dure  &  moins  coriace ,  les  grains  en  étoient 
aulfi  plus  ou  moins  longs  &  d’une  couleur  bigarée  verdâtre  ,  tirant 
fur  le  blanc  mêlé  de  rouge.  Les  grapes  qui  avoient  été  entièrement  à 
l’ombre  ,  fans  avoir  été  échauffés  par  le  Soleil ,  poftoient  des  grains 
qui  avoient  une  peau  plus  mince  ,  fans  aucune  rougeur  ,  d’uns  couleur 
verdâtre  tirant  fur  le  blanc  :  cette  Vigne  prodiiilît  auffi  des  grapes  dont 
les  grains  étoient  fort  lerrés ,  &  d’autres  grapes  dont  les  grains  étoient 
fort  clairs-femés. 

Le  Mufqué  bleu  a  de  plus  petits  grains  &  de  plus  petites  grapes  :  les 
grains  font  un  peu  longs  ,  d’tme  couleur  bleue  ,  mais  pâle  &  falie  5  & 
d’un  goût  un  peu  mufqué  :  il  meurit  de  bonne  heure  ,  &  en  même  cem» 
que  ceux  qui  ont  l’eau  fucrée:  &  mérite  pour  cela  d’être  planté. 

Les  Efpèees  fuîvantes  font  celles  que  je  ne  confeîlle  à  perfonne  de  planter. 

Le  Raifin  long  de  Lisbonne ,  qui  m’a  été  donné  fous  le  nom  de  Raifin 
de  Tokai-i  a  des  grapes  extrêmement  grandes  &  des  grains  fort  gros: 
il  eff  fort  charnu  &  tire  un  peu  fur  le  mufc  ;  mais  il  ne  meurit  point 
chez  nous. 

Le  Mufcat  bleu  à  gros  &  à  petits  grains  :  ceux  à  petits  grains  font 
ronds ,  d’un  bleu  foncé  5  tirant  auffi  davantage  fur  le  mufc  que  les  autres. 
Je  leur  ai  donné  le  nom  de  Marfemine  di  Fincenza  ,  qui  paffent  dans 
cet  endroit  pour  les  plus  agréables  au  goût. 

Le  Raifin  bleu  perlé  eff  gros  comme  les  plus  gros  grains  des  blancs  ,11 
»e  meurit  pas  également  :  il  arrive  très  rarement  que  tous  les  grains  de 
k  même  grape  meurilTentj  quelquefois  même  ils  ne  meuriffent  pas;  ils 

maii- 


DE  LA  CA  Al  PAGNE.  .i8> 

manquent  encore  plus  fouvent  que  les  blancs  en  fleuriirantjdeforte  que 
je  n’ai  jamais  pu  cueillir  de  cette  efpèce  une  grape  bien  conditionnée  : 
les  grains  précoces  meurilTent  dans  le  tems  des  blancs  perlés  y  mais  à 
peine  font -ils  mûrs  que  les  mouches  les  dévorent,  s’y  attachant  en 
grande  quantité. 

Le  Raiftn  bleu  que  nous  nommons  Tottehakker  y  a  un  goût  fucré  fort 
commun  ;  il  eh  un  peu  long,  d’un  bleu  foncé  ,  produit  beaucoup, 
meurit  de  bonne  heure  &  donne  de  fort  grofles  grapes. 

Les  Raifîns  d'une  eau  fucrée  y  nommés  Wat  er-zoeten  yïont  de  plufîeurs 
elpéces  différentes , ,  très  aifées  à  dillinguer. 

Le  Raijîn  nommé  Pieter-Jeli-druyf  eff  de  l’elpèce  de  ces  fucrés ,  mais 
moins  agréable  au  goût;  fes  feuilles  font  plus  crénelées,  ayant  quelque 
-raport  à  celles  du  Ferlil. 

Le  Rmfin  blanc  de  Leipfîc  eft  un  peu  long,  mais  plus  petit  &  fait  au¬ 
trement  que  celui  de  Tokai  :  il  eff  d’une  couleur  verdâtre  tirant  fur  le 
blanc ,  plus  charnu  que  les  lucres  ,  mais  hormi  cela  de  même  goût  :  il 
meurit  dans  le  même  tems  que  les  fucrés. 

Le  Raifîn  qu’on  nomme  de  Fin  de  Rhin  ,  ou  Ritzeling  ,  eff  petit  & 
blanc ,  a  de  petites  grapes  &  fort  ferrées  :  il  ne  meurit  pas  dans  ce  Païs 
d’auffi  bonne  heure  que  les  Raiffns  fucrés;  du  relie  il  eft  d’un -fort 
‘  mauvais  goût  tirant  fur  l’aigre. 

Amnt-Raifin  vient  de  bonne  heure,  le  prémier  de  tous,  a  de  pe¬ 
tits  -grains  ,  &  un  mauvais  goût. 

Le  Raifm  bigarè  eff  beau  à  peindre ,  à  caulè  de  la  diverlîté  dcs- 
grains  d’une  même  grape  ,  étant  d’un  bleu  parfait  ,  blanc  ,  &  aulfi  de 
deux  couleurs  au  meme  grain;  mais  il  eff  d’un  goût  extrêmement  mau- 


LES  AGREMENS 


LIVRE  CINQUIEME. 


CHAPITRE  I. 

'Traité  général  des  Arbres  fumages ,  qui  réfiflent  au  froid  qu'^iï  fait 
chez  nous  pendant  P  hiver.  La  manière  de  les  planter  ^  de  les  tailler  y 
^  de  les  tondre  ^  pour  en  faire  des  Haies. 

JE  fais  liiivre  ici  les  arbres  fauvages  après  les  francs  ou  les  fruitiers, 
quoique  le  prémier  rang  leur  foit  dû  à  julte  titre  ;  car  fans  le  fervice 
qu’ils  rendent  en  rompant  les  vents,  il  n’y  a  ni  Verger, ni  Potager,  ni 
Jardin  à  fleurs ,  qui  pourroient  fubfifter.  D’un  autre  côté  on  peut  jouir 
par  le  moyen  des  arbres  fauvages  bien  cultivés ,  de  toutes  fortes  d’agré- 
mens  tant  pour  le  corps  que  pour  l’efprit ,  &  cela  fans  inquiétude  ;  au- 
lieu  qu’on  ne  tire  fouvent  aucun  avantage  des  fruits ,  ou  qu’ils  manquent 
même  ,  lorfqu’on  s’atcendoit  à  une  abondante  cueillette.  11  efl  fort  in¬ 
certain  en  troifîème  lieu  ,  fi  planter  pour  faire  du  bois  de  charpente,  ou 
à  briller  ,  n’efi:  pas  plus  profitable  ,  que  de  planter  des  fruitiers ,  quand 
.même  ces  Vergers  lèroient  placés  près  des  Villes  bien  peuplées ,  où 
l’on  peut  vendre  les  fruits  plus  chèrement  :  on  fe  trompe  fouvent  à  cec 
'égard,  parce  qu’on  en  tranfporte  ordinairement  en  abondance  dans  ces 
Villes  ;  outre  qu’on  deftine  infiniment  plus  d’endroits  à  y  planter  des 
arbres  fruitiers  ,  &  qu’on  en  trouve  très  peu  qui  foient  plantés  d’arbres 
làuvages. 

J’ai  traité  dans  les  ^prémier s  Chapitres  du  Jecond  Livre Arbres 
en  général ,  &  de  la  manière  de  les  multiplier  en  particulier ,  comme 
aufii  du  tems  qu’ils  vivent ,  y  ayant  ajouté  quelques  remarques  concer¬ 
nant  la  pouffe  de  ces  arbres  &  la  manière  de  les  cultiver. 

Il  efl  dit  à  la  page  66  ,  qu’il  y  en  a  qui  produifènt  de  femence  plu- 
fieurs  elpèces  bâtardes ,  &  que  pour  cette  raifon  il  faut  multiplier  d’ime 
autre  manière  ceux  qui  font  îûjets  à  cet  inconvénient  ;  de  plus ,  qu’il  y 
en  a  qui  prennent  plutôt  ou  mieux  de  Bouture ,  de  Sauvageons  de  Sou¬ 
che,  ou  bien  par  des  Provins  couchés  en  terre  ;  &  ,  dans  le  Chap.  IF. 
on  a  fait  voir  de  quelle  manière  cela  doit  être  fait ,  ôc  comment  il  faut 
fe  conduire  quand  on  plante  ou  lorfqu’on  tranlplante. 


DE  LA  CAMPAGNE.  ï>i 

pai  dit  à  la  page  70,  qu’il  y  a  des  arbres  fauvages  qui  ne  doivent  pa§ 
du  tout  être  taillés  3  &  qu’en  général  il  n’en  faut  retrancher  que  les  bran¬ 
ches  gourmandes  ;  qu’il  faut  aulfi  avoir  grand  foin  de  les  faire  monter 
droit  avec  une  feule  tige ,  &  qu’ils  poulTent  de  cette  tige  de  tous  côtés  y 
des  branches  étendues  pour  former  la  couronne  :  mais  quand ,  par  quel¬ 
que  accident 5 il  arrive  que  l’on  eh:  obligé  de  couper  de  grofles  branches, 
il  faut  que  cela  fe  faffe  fans  blefler  qu’auITi  peu  qu’il  eft  polTible  le  tronc 
d’où  ces  branches  font  forties  ;  cette  taille  doit  fe  faire  uniment  à  l’en¬ 
droit  de  leur  origine  :  on  ne  doit  cependant  le  pratiquer  que  quand  il 
s’agit  d’arbres  qui  ne  grolîilTent  pas  beaucoup  :  car  on  ne  coupera  pas  li 
près  du  tronc  les  arbres  vigoureux  qui  grofllflent  fort,  mais  à  un  bon 
demi-pouce  delà  ,  afin  qu’à  mefure  qu’ils  grolîiflent  l’entaille  fe  couvre 
mieux  ;  fans  quoi  il  s’y  forme  une  cavité  ,  où  il  fe  raiïemble  fouvent  de 
l’humidité.  Pour  prévenir  encore  mieux  cet  inconvénient ,  il  faut  cou¬ 
vrir  fur  le  champ  entièrement  &  uniment  Ten taille  avec  de  la  graifle 
(cela  ne  doit  s’entendre  que  des  grolTes  branches  coupées ,  car  cela  fe- 
roit  inutile  quand  ce  font  de  petites  branches)  r  par  ce  moyen  on  n’em¬ 
pêche  pas  lèulement  l’air  &  l’eau  extérieure  de  pénétrer ,  mais  aulfi 
que  la  lève  en  montant  ne  diftille  par  les  ouvertures  des  cicatrices  ;  ce 
qui  ne  manque  pas  de  produire,  lorfqu’on  le  néglige,  cette  humidité 
dont  on  vient  de  parler. 

]’ai  dit  en  traitant  dans  le  Chûp,  III  du  Lw,  IL  du  tems  que  les  ar¬ 
bres  vivent ,  que  ceux  qui  croilTent  vite  ,  périlTent  vite  aulTi  :  il  n’y  a 
pas  même  jurqu’au  bois  qu’on  en  a  retranché ,  qui  ne  foit  plus  fujet  à  fo 
conftimer  que  celui  des  arbres  qui  pouflent  moins  vite  :  deforte  que  les 
Arbres  d’une  même  grofleur ,  venus  dans  des  terres  fablonneufes ,  font 
du  bois  plus  précieux  &  plus  durable, que  ceux  qui  font  venus  dans  des 
terres  marécageufes  ou  gralTes.  Tous  fes  arbres  aulfi ,  chacun  dans  fon 
efpèce ,  dont  les  parties  font  les  plus  ferrées ,  font  plus  forts  &  plus  du¬ 
rables  ,  que  ceux  dont  les  parties  le  font  moins  :  cependant  le  bois  qui 
eft  le  plus  précieux. ,  après  avoir  été  coupé  ,  porte  rarement  le  plus  de 
profit  à  celui  qui  l’a  planté  ,  parce  qu’il  ne  groffit  que  très  peu  chaque 
année.  C’efl;  pour  cette  rarfon  qu’on  trouve  plus  de  profit  à  planter  des 
Ormes,  parce  qu’ils  groffifTent  plus  que  les  Ypréaux ,  &  encore  plus  que 
les  fins  Ypréaux  ,  quoique  le  bois  des  Ypréaux,  &  for- tout  celui  des 
derniers ,  foit  d’une  plus  grande  valeur.  11  faut  cependant  dans  tous 
^  ces  cas ,  foit  qu’on  plante  pour  le  profit ,  foit  qu’on  plante  pour  le  plai- 
fir,  fe  gouverner  fâon  la  nature  des  fonds  ,  &  félon  <iu’ils  s’accordent 

avês: 


J^2  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

avec  les  qualités  des  arbres  quant  à  la  faculté  de  les  nourrir.  Il  faut  de 
plus  5  quand  il  s'’agit  de  planter  des  endroits  expofés  à  des  vents  vi- 
olens,  cJîoifir  ceux  qui  peuvent  leur  réliiler  le  mieux:  de  cette  manière 
on  trouvera  fouvent  plus  de  profit  &  de  plaifir  à  voir  bien  poufler  des 
arbres  &  à  les  vendre  ,  quoiqu’ils  valent  fouvent  moins  que  d’autres , 
quand  on  les  vend. 

Je  décrirai  préfèntement  les  arbres  fauvages  fuivant  leurs  e/pèces  dif¬ 
férentes  y  leurs  qualités  &  leur  ulàge  5  avant  &  après  qu’ils  ont  été  cou¬ 
pés  ;  Sc  comme  le  bois  de  Chêne  5  celui  de  Sapin  rouge  &  blanc  font 
d’un  grand  ulàge  dans  ce  Païs ,  je  traite  aulfi  des  Chênes ,  des  Pins  & 
des  Sapins  y  quoique  nos  Fonds  bas  ne  foient  nullement  propres  pour 
ces  arbres,  &  que  ni  les  Pins  ni  les  Sapins  ne  doivent  pas  être  taillés  ni 
tranlplantés  5  fi  l’on  veut  qu’ils  deviennent  de  grands  arbres. 

Les  Planes  deviennent  de  grands  arbres  ,  mais  ils  ne  font  pas  de  lî 
belles  couronnes  que  les  Tilleuls  ;  leurs  feuilles  font  fort  grandes ,  <Sc 
ont  les  bords  crénelés.  C’eft  pour  cela  qu’ils  font  peu  propres  à  en 
faire  des  Haies  tondues  ;  &  comme  ils  font  fort  lîijets  à  lè  rompre  par 
le  vent  ,  &  que  leur  bois  coupé  n’eft  d’aucune  utilité  ou  de  peu  de  va¬ 
leur  y  je  ne  confeillerois  à  perfonne  d’en  planter. 

Les  arbrifleaux  toujours  verds  &  autres  qui  fleurilTent ,  fe  mettent 
dans  de  beaux  Plantages  fauvages  plus  naturellement  que  dans  des  jar¬ 
dins  à  fleurs  5  parce  qu’étant  tondus  proprement  (Scimiraent,  ils  ne 
produifent  que  peu  ou  point  de  fleurs. 

Il  y  a  de  plus  une  grande  différence  à  faire  quant  à  la  manière  de 
travailler  les  Fonds  des  Maifons  de  Plaifance  ,  &  le  choix  des  arbres 
qu’on  y  doit  planter  ;  &  quant  à  celle  de  travailler  les  Fonds  qui  font 
d’un  entretien  moins  beau  ,  &  qu’on  plante  avec  du  bois  de  charpente 
ou  à  brûler.  J’ai  traité  fort  amplement  des  labours  des  Fonds  des  Mai¬ 
fons  de  Plailànce  dans  le  Chap.  FUI  du  L  Livre.  On  feme,  on  met 
en  terre ,  &  on  plante  dans  ces  derniers  5  des  arbres  qui  conviennent  le 
mieux  pour  brifer  les  vents ,  donner  de  l’ombrage  ,  de  l’Ornement  ou 
bien  pour  des  Haies  k  tondre ,  fans  fonger  au  profit  qui  pourra  en  reve¬ 
nir  à  celui  qui  les  plante,  ou  à  fes  defoendans ,  quand  ils  feront  en  état 
d’être  coupés  ;  car  c’efl  là  le  foui  but  qu’on  fo  propofo  quand  on  plante 
du  bois  dans  le  delTein  de  le  faire  forvir  à  la  charpente  ou  au  chaufage. 
On  efl  encore  fouvent  obligé  de  planter  dans  des  Campagnes  dePlaifan- 
fe,  de  jeunes  arbres  pour  les  bien  alligner  ,  lesquels  viendroient  autre- 
«leot  mieux  avec  une  racine  droite  fans  être  tranlplantés ,  étant  pour 

lors 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  193 

Jors  non  feulement  plus  fermes  contre  les  vents ,  mais  pouffant  aulfi  a- 
vec  plus  de  vigueur.  J1  faut  au  commencement  faire  monter  près  à  près 
les  arbres  deftinés  à  la  charpente,  afin  qu’ils  fe  contraignent  les  uns  les 
autres  à  ne  pouffer  qu’une  fèule  tige, ce  qui  épargne  aulli  la  peine  de  les 
tailler  pour  cette  fin  ;  &  quand  on  prend  foin  d’ôter  à  tems  ceux  qui 
incommodent  les  autres  ,  il  arrive  que  cette  taille  naturelle  fait  de  plus 
beaux  arbres  que  quand  on  les  taille  réellement,  ün  n’ôte  les  mauvais 
les  herbes  des  fonds  qui  font  plantés  pour  le  profit  qu’on  en  retire ,  qu’au- 
tant  qu’elles  font  nuifibles  àlapouffedcs  arbrres;on  fait  au  contraire  tout 
ce  que  Ton  peut  pour  que  la  fuperficie  n’en  fbit  pas  poudreufè  :  c’eft  ce 
qui  fait  qu’on  feme  de  la  paille  lorsque  ce  font  des  terrains  d’une  grande 
étendue,  chofe  fur-tout  fort  néceflaire  dans  des  terres  fablonneufès  & 
fèches. 

Pour  planter  avec  ordre  &  comme  il  faut,  on  doit  mettre  dans  l’al- 
lignement  des  arbres  qui  bourgeonnent  en  même  tems  &  qui  foient 
d’un  même  verd:  il  faut  auffl  que  celui  qui  plante,  marque  l’année 
d’auparavant  les  arbres  qui  bourgeonnent  en  même  tems,  &  qu’il  les 
marque  pour  la  fécondé  fois  quand  ils  font  verds;  car  cela  déplait  fu- 
rieufement  quand  dans  des  Jardins  de  plaifance  ,  &  fur -tout  à  des 
Haies  tondues, on  voit  du  meme  coup  d’œil,  des  arbres  plantés, qui  ne 
pouffent  pas  également,  qui  ne  font  pas  du  même  verd,  qui  bourgeon¬ 
nent  en  différens  tems ,  &  qui  perdent  de  même  leurs  feuilles  ;  cette  di- 
verfité,  quant  au  bourgeonnement,  fè  voit  dans  toutes  les  efpèces  d’ar¬ 
bres  qu’on  multiplie  de  femence  ;  tout  comme  il  vient  diverfes  plantes 
&  divers  fruits ,  de  la  femence  des  arbres  fruitiers ,  félon  les  efpèces  de 
Pommes,  Poires,  Cerifès,  Prunes,  Pêches ,  Noix,  &c.  &  qu’un  arbre 
bourgeonne  plutôt  au  Printems  que  l’autre  ,  que  leurs  fruits  meuriffent 
de  meilleure  heure ,  &  qu’ils  quittent  plutôt  leurs  feuilles. 

il  faut  planter  à  une  grande  diftance  dans  les  Jardins  de  plaifance, & 
plus  près  quand  c’eft  pour  le  profit;  car  quoique  le  bois  qui  eff  venu  en  plein 
6c  grand  air  à  une  bonne  diffance ,  foit,  quand  on  l’à  coupé,  plus  ferme, 
plus  dur,  &  plus  précieux,  il  n’eff  pourtant  pas  bon  de  le  planter  de  cette 
manière  quand  c’eft  pour  le  profit,  parce  que  (fans  compter  que  le  terrain 
donne  moins  d’arbres)  les  arbres,  qui  font  ainfi  expofésde  tous  côtés  aux 
vents  furieux  ,  grolîiffent  très  peu  ,  &  ne  font  pas  fi  beaux  à  l’œil ,  ce 
qui  fait  qu’il  n’y  a  que  les  Connoiffeurs  qui  les  préfèrent  à  ceux  qui 
plaifent  plus  à  la  vue  :  il  arrivera  au  contraire  que  les  arbres  plantés  plus 
près  à  près  fe  contraindront  les  *uns  les  autres  à  poufler  une  plus  liante 

Fartie  L  B  b  tige, 


IP4.  LES  A  G  R  E  M  E  N  S 

tige  5  dont  on  peut  attendre  le  plus  de  gain  :  il  faut  pourtant  avoir  foin 
de  faire  ôter  à  tems  ceux  qui  font  femés  ou  plantés  trop  près ,  afin  que 
les  arbres  du  voifînage  n’en  foient  point  endommagés  :  &  fi  dans  l’ali¬ 
gnement  il  s’en  trouve  quelques  -  uns  qui  foient  trop  toufus  ,  il  faut  les 
couper  près  de  terre  après  la  pouffe  d’une  année  ,  afin  qu’ils  montent 
avec  plus  de  vigueur  &  avec  une  lèule  tige. 

.  Pour  faire  que  les  Tilleuls  à  couronne  ,  les  Chateigners  làuvages,  les 
Bouleaux  ,  les  Ormes ,  &:c.  qui  font  à  couvert  comme  il  faut  des  plus 
violens  vents,  foient  beaux,  fort  étendus,  ayent  des  branches  menues, 
de  grandes  &  de  vigoureufes  feuilles ,  il  faut  les  planter  à  la  diftance  de 
trente-fix  pieds  ou  plus  encore  ,  &  dans  des  terres  légères  k  la  diftance 
dé  trente  ,  &  prendre  garde  qu’on  ne  raccourciffe  les  branches  des  ar¬ 
bres  qui  ne  s’étendent  pas  beaucoup. 

Les  Haies  tondues  fort  hautes ,  dont  les  troncs  font  dégarnis  de 
branches ,  doivent  être  plantées  k  la  diftance  de  dix-huit  pieds  ,  &  de 
quinze  dans  des  terres  plus  légères.  Les  Ormes ,  les  Hêtres ,  &c.  ton¬ 
dus  p*ar  en- bas,  tout  au  moins  k  la  diftance  de  cinq  pieds. 

Ileft  certain  que  les  arbres  font  auPrintems  leurs  plus  vigoureux  jets 
aiideffus  de  terre  ;&  que  depuis  le  commencement  de  l’Autonne  jufques 
dans  l’Hiver ,  ils  produilènt  le  bois  tant  des  branches  que  des  racines ,  fur- 
tout  les  arbres  qui  verdiffent  en  tout  tems  :  c’eft-pourquoi  on  plantera  les 
derniers  au  mois  de  Septembre, excepté  le  Bouis  dont  on  veut  faire  des 
ornemens ,  lequel  il  vaut  mieux  planter  au  Printems ,  après  la  gelée, 
&  immédiatement  avant  fa  pouffe  ,  parce  qu’au trement  il  foufre  trop 
quand  la  terre  eft  gelée.  On  plantera  pareillement  les  autres  arbres  fau- 
vages  dans  l’Autonne ,  dès  que  la  chute  de  leurs  feuilles  commence; 
&  feulement  au  Printems  les  Pins  &  les  Sapinsv 

On  peut  voir  dans  le  I  Chap.  du  II  Lwre  ,  ce  qu’il  yak  obferver 
avant  que  de  planter,  dans  le  tems  qu’on  plante ,  &  après  qu’on  a  plan¬ 
té.  11  faut  abattre  &  couper  les  arbres  plantés  dans  des  fonds  bas  deft 
tinés  k  la  charpente  ou  au  chaufage  ,  qui  naturellement  demandent 
beaucoup  d’humidité  &  en  contiennent  auiïl  beaucoup  ,  dès  qu’ils  ont 
(quitté 'leurs  feuilles  :  mais  plus  tard  quand  ce  font  des  arbres  dont  le 
bois  eft  plus  dur  &  plus  ferme  :  on  ne  doit  couper  qu’au  Printems 
ceux  dont  la  fève  eft  réfîneufe  ,  quand  ils  font  prêts  k  bourgeonner ,  le 
bois  en  étant  alors  beaucoup  plus  dur  &  plus  ferme.  Suivant  cette  rè¬ 
gle  on  abat  prémierement  les  Saules ,  enfuite  les  Peupliers  &  les  Au¬ 
nes,  après  cela  les  Ormes,  les  Chênes  après  tous  les  autres,  afin  que  la 

fève 


c 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  ip; 

lève  ait  le  tems  de  fe  dilPiper, parce  qu’ayant  une  efpèce  d’aigreur,  cela 
caufe  une  efpèce  de  fufFocation  :  il  faut  au  contraire  que  les  Pins  &  les 
Sapins  montent  aèluellement  en  fève  quand  on  les  abat. 

11  faut  5  quant  au  choix  des  bons  Plants  pour  des  Haies ,  qui  fervent 
tant  pour  brifer  le  vent,  que  d’ornement  ou  de  féparationjfe  conduire  fé¬ 
lon  qu’on  veut  que  les  Haies  tondues  foient  hautes  ou  baffes.  11  faut 
en  général  que  les  Haies  tondues,  qui  fervent  d’ornement,  foient  minces, 
qu’elles  ayent  auffi  des  branches  bien  déliées  &  de  petites  feuilles  ;  qu’el¬ 
les  foient  cependant  fort  garnies  de  feuilles,  &  près  à  près;  qu’elles  foient 
unies,  fans  aucun  vuide  ou  fans  aucune  éminence,  ayant  des  branches 
de  côté  fermes  &  entrelaffées ,  pointues  par  le  haut,  minces;  de  maniè¬ 
re  'qu’elles  ne  paroiffent  qu’un  feul  arbre  à  branches  étendues ,  dont  on 
ne  puiffe  voir  le  bois  à  l’endroit  où  on  les  a  tondues.  On  ne  peut  pas 
faire  tant  d’attention  à  l’ornement  des  Haies  qui  doivent  fèrvir  de  bri- 
lè-vents ,  parce  que  les  qualités  qu’on  y  demande  confiflent  à  parer  le 
vent  5  a  l’empêcher  qu’il  n’y  pénètre  ,  &  à  le  forcer  à  fe  gliffer  le  long 
des  cimes.  C’eft  pour  cela  que  leurs  branches  doivent  être  plus  grol- 
fes ,  fléxibles ,  point  fujettes  à  fe  rompre  aifément  :  c’efl  ce  qui  fait  que 
les  Peupliers  font  les  meilleurs  &  les  plus  hauts  brifè- vents  dans  les  Al¬ 
lées  extérieures ,  parce  qu’ils  ont  des  racines  fort  groffes  &fort  éten¬ 
dues  ,  du  bois  fort  gros ,  fléxible ,  &  beaucoup  de  feuillage. 

Les  grands  Saules  à  écorce  blanche  font  ceux  de  leur  efpèce  qui  mon¬ 
tent  le  plus  haut ,  ils  réfîftent  mieux  au  vent  que  ceux  à. écorce  rouge; 
leurs  branches  montent  en  très  peu  de  tems  fort  haut, font  fléxibles  fanâ 
fe  rompre  ;  les  feuilles  font  peu  larges  &  réfiflent  affez  bien  au  vent: 
ces  bonnes  qualités  font  qu’on  les  plante  ordinairement  derrière  les  Peu¬ 
pliers  dans  les  Allées. 

On  en  plante  aufîi  dans  de  nouveaux  Plantages,  &  cela  dans  de  peti¬ 
tes  partitions ,  à  la  diftance  de  trois  pieds  les  uns  des  autres ,  pour  for- 
vir  pendant  un  court  efpace  de  tems  de  défonfe  contre  les  vents  aux  au¬ 
tres  arbres;  comme  aufîi  pour  empêcher  la  diffipation  des  terres  fablon- 
neufès  en  tems  de  féchereffe. 

L’Aune  croît  aufli  fort  vite:  fà  feuille  efl  grande  ,  épaiffe,  dure  ,  & 
réfifte  paffablement  bien  au  vent  ;  mais  il  ne  devient  pas  fort  haut ,  fes 
branches  fè  rompent  aufli  plus  aifément  ;  comme  il  n’a  pas  des  raci¬ 
nes  fort  groffes  &  fort  étendues, il  efl  le  plus  propre  de  tous  pour  fervir 
de  Haie  liir  de  petites  partitions  dans  des  champs  potagers ,  où  on  plan¬ 
te  ces  arbres  par  allignement  à  trois  pieds  de  diftance  les  uns  des  autres. 

Eb  3  On 


LES  AGREMENS 


196 

On  en  plante  aufli  dans  les  Allées  extérieures  entre  les  Peupliers  &  les 
Saules,  On  ne  plantera  jamais  pour  Tornement  des  Haies,  des  Peu¬ 
pliers,  des  Saules  ou  des  Aunes;  on  n’y  employera  pas  non  plus  des  Epi¬ 
nes,  à  moins  que  ce  ne  foit  pour  fervir  de  défence,  étant  extrêmement 
fujettes  à  être  rongées  par  les  Chenilles. 

On  ne -peut  pas  tondre  proprement  les  arbres  qui  ont  de  grandes 
feuilles ,  parce  que  les  feuilles  endommagées  font  un  fort  mauvais  elfet 
à  la  vue,  comme  le  Platane  ,  le  Plane,  le  Chateigner  fàuvage,  ni  mê¬ 
me  les  Tilleuls  ordinaires ,  dont  les  feuilles  font  aulfi  trop  grandes  pour 
des  Haies  qui  doivent  être  bien  vertes  par-tout,  depuis  le  haut  jufqu’aii 
bas;  mais  ces  derniers  à  haute  tige,  déjà  parvenus  à  une  grande  hauteur 
&  grandeur ,  pour  lors  tondus ,  font  de  hautes  &  de  très  belles  Haies. 

Ün  peut  faire  les  plus  belles  Haies  tondues  hautes  &  balfes,  du  Hêtre 
à  feuille  petite  &  luiiànte  &  à  branches  minces  ;  étant  pour  cela  de  tous 
les  arbres  qui  quittent  leurs  feuilles  ou  bien  dont  les  feuilles  fe  fèchent, 
le  meilleur  :  &  après  celui-là  le  Charme  dont  les  feuilles  font  plus  é- 
pailTes ,  point  luiîantes ,  pleines  de  petites  côtes ,  d’un  verd  plus  foncé 
que  celles  des  Ypréaux. 

Les  feuilles  de  Chêne  font  grandes,  d’un  verd  foncé  luilànt,  épaifles 
&  fermes  :  c’eh:  pour  cela  que  les  Haies  n’en  font  pas  desagréables  ;  la 
feuille,  quoique  coupée  en  partie, ne  laifle  pas  d’y  produire  au  alTezbon 
elfet. 

Les  Ormes  &  les  Ypréaux  deviennent  de  plus  gros  arbres ,  mais  le 
verd  de  leurs  feuilles  n’efl  pas  fi  agréable  à  la  vue: on  en  fait  cependant 
de  fort  hautes  Haies ,  parce  qu’ils  réfiltent  mieux  au  vent. 

Le  Petit  Chêne  ne  devient  pas  fort  haut ,  mais  il  a  une  belle  petite 
feuille  d’un  verd  foncé  ;  c’eli  pour  cela  qu’il  efi;  propre  pour  de  baffes 
Haies.  On  plante  aulfi  uniquement  pour  la  feuille  les  Cornouillers , 
l’Epine  vinette  ,  les  Troefhes  ;  car  quand  ils  font  tondus  uniment ,  ils 
ne  donnent  ni  fleur  ni  fruit. 

Comme  parmi  les  arbres  dont  les  feuilles  fe  fèchent ,  le  Hêtre  con¬ 
vient  le  mieux  pour  faire  les  plus  belles  Haies  tondues  ;  de  même  les 
plus  belles  Haies  de  ceux  qiiiverdiffent  en  tout  tems,font  faites  d’ifs  qui 
ont  pris  de  bouture  ,  lesquels  on  peut  par  le  moyen  d’une  bonne  cultu¬ 
re  conferver  minces  &  bien  garnis  par -tout  jufques  à  la  hauteur  de  qua¬ 
torze  pieds  &  plus.  L’If  réfifle  beaucoup  mieux  à  la  gelée  que  le  Houx. 

Le  Houx  a  de  grandes  feuilles  garnies  de  petits  piquans;  c’eft  -  pour¬ 
quoi  on  en  fait  des  Haies  qui  fervent  de  défenfe  ;  mais  il  eft  très  fouvent 

fujet 


DE  LA  CAMPAGNE. 


’fujet  k  fè  geler  jiifques  à  la  racine  ,  quand  la  gelée  eft  rude  ;  du  refte  il 
monte  comme  l’If,  à  la  hauteur  de  quatorze  pieds  &  plus. 

11  faut  en  général  que  toutes  les  belles  Haies  foient  mifes  k  couvert  des 
vents  furieux  par  d’autres  arbres ,  fur  -  tout  ceux  qui  verdiflent  en  tout 
tems  3  comme  l’If  ,  le  Houx  &  le  Bouis  :  ces  trois  plantes  ne  font  pro¬ 
pres  que  pour  de  belles  Haies  tondues. 

Le  gros  Bouis  ne  monte  pas  fl  haut  que  Tlf  &  le  Houx  ;  c’eft  - pour¬ 
quoi  on  en  fait  des  Haies  plus  baffes. 

l.e  Bouis  fin  n’efl  pas  propre  pour  des  Haies ,  mais  il  vaut  mieux 
pour  des  ornemens  de  Parterre  ;  &  c’efl  le  feul  arbre  toujours  verdoyant 
qui  foit  bon  à  cet  ufage  &  qu’on  y  employé. 

Tous  les  arbres,  dont  les  feuilles  font  de  deux  couleurs,  font  eftimés 
k  caiife  de  leur  rareté  ;  mais  dans  le  fond  ils  font  moins  beaux  k  la  vue  ; 
c’eft -  pourquoi  on  ne  plantera  ni  Houx ,  ni  Bouis ,  ni  Ifs,  qui  ont  ces 
deux  couleurs ,  fut  -  tout  pour  en  faire  des  Haies. 

Pour  faire  de  beaux  ornemens  de  Bouis ,  &  de  plus  pour  les  confèr- 
ver  en  bon  état ,  il  faut  y  employer  du  Bouis  fin  ordinaire  ,  qui  a  été 
planté  pendant  trois  ans  fans  jamais  avoir  été  tondu  :  le  Bouis ,  q^uand 
il  eft  plus  vieux,  étant  déjà  trop  ligneux  pour  cela,  de  même  que  celui 
qui  a  été  tondu,  mais  flir-tout  encore  celui  quia  été  tondu  Tannée  précé^ 
dente.  On  peut  ordinairement ,  quand  c’eft  du  pareil  Bonis  de  trois 
ans,  dont  on  a  retranché  les  queues  ligneufès,  qui  n’a  aiiffi  que  des  jets 
vigoureux  &  quia  tout  au  plus,  k  côté  Tune  de  l’autre,  trois  petites  bran- 
chesvertes ,  planter  Tefpace  de  deux  tçifès ,  fur  la  longueur  de  douze  toifes, 
pour  ces  fortes  d’ornemens  ;  car  il  faut  le  planter  k  une  telle  diftance, 
que  les  petites  branches  étendues  par  les  côtés  fe  touchent  k  peu  près. 

Il  faut  que  le  Plantoir  ,  par  le  moyen  duquel  on  enfonce  le  Bouis  en 
terre ,  foit  aux  deux  côtés  de  la  cavité  ,  rond  &  point  tranchant ,  afin 
de  ne  pas  froiffer  ou  rompre  ces  tendres  branches  du  Bouis  en  les  en-^ 
fonçant  en  terre  ;  &  comme  le  Planteur  peut  d’abord  s’en  appercevoir 
par  fentinientjil  arrachera inceffamment  de  pareilles  branches  rompues,. 
&  y  en  mettra  d’autres  k  la  place.  Il  ne  faut  pas  tondre  le  Bouis  nou¬ 
vellement  planté. 

Un  Tondeur  habile  tond  en  tenant  les  cifeaux  droit  de  bas  en  haut  & 
de  haut  en  bas ,  prefque  fans  faire  de  bruit  ;  au -lieu  que  les  ignorans 
tondent  obliquement ,  &  font  beaucoup  de  fracas. 

On  diminue  la  vigueur  des  arbres  k  force  de  les  tondre  ;  on  tond'auft 
|i  chaque  fois  les  racines  chevelues  qui  font  fous  terre  j  ce  qui  rend  dés 

Bb  3  ”  fenil- 


ips  L  E  s  A  G  R  E  M  E.N  s 

feuilles  de  ce  bois  languiflant  plus  minces  &  plus  greles5d'où  il  arrive  que 
les  arbres  toujours  verdoyansne  réfillent  pas  li  bien  auvent  ni  à  la  gelée, 
qu’ils  perdent  par-là  leurs  feuilles ,  ou  bien  qu’ils  meurent.  Pour  préve¬ 
nir  cet  inconvénient ,  on  ne  tondra  qu’une  feule  fois  par  an  toute  forte 
de  Haies  ,  excepté  les  Ormes  &  les  Ypréaux  ,  qui  pouffent  avec  une 
extrême  vigueur  ,  &  qui ,  à  caufe  de  -cela  ,  doivent  être  tondus  deux 
fois  par  an ,  afin  de  les  engager  à  faire  de  meilleures  &  de  petites  bran¬ 
ches  bien  déliées. 


'CHAPITRE  IL 

« 

Des  âîjférentes  fortes  à'^ Arbres  faumges ,  de  leurs  propriétés ,  de  la  ma¬ 
nière  de  les  élever  dans  les  fonds  qui  leur  font  propres  ,  de  celle  de  les 
cultiver  ,  de  les  plant  er^  de  les  tailler^  ^  de  Pufage  qu'on  doit  faire 
de  leur  bois, 

A  Près  avoir  traité  jufques  ici  des  arbres  fàuvages  en  général,  je  paf 
ferai  préfèntement  à  la  defcription  de  leurs  propriétés ,  fuivant 
leurs  efpèces  différentes,  en  indiquant  auffi  ce  qu’il  faut  obfèrver  pour  les 
planter,  les  cultiver  les  tailler,  comme  auffi  à  quoi  ces  arbres  font  pro¬ 
pres,  &  l’ufage  qu’on  fait  de  leur  bois. 

Le  Peuplier.  Il  y  en  a  de  trois  diverfès  efpèces,  fàvoir  ,  Je  Peuplier 
noir,,  le  blanc  &  le  Tremble, 

Le  Peuplier  ordinaire  ou  noir  fait  un  arbre  fort  grand  ,  ayant  des 
branches  à  couronne  très  nombreufes  &  très  étendues  :  il  fait  auffi  de 
greffes  racines  qui  s’étendent  fort  loin  :  l’écorce  efl  grifatre  ,  &  a 
de  profondes  crévaffes  :  le  bois  eft  noué  ,  nerveux  ;  les  prémiers  ger¬ 
mes  en  font  glutineux  ou  réfîneux  ,  s’attachant  aux  doigts  ;  fes  feuilles 
font  unies  &  luifantes  des  deux  côtés ,  plus  rondes ,  plus  petites  & 
moins  crénelées  que  celles  des  deux  autres  efjoèces. 

Les  deux  autres  efpèces  ont  l’écorce  plus  blanchâtre,  le  bois  plus 
blanc ,  plus  mou  &  plus  facile  à  fendre  ;  ils  jettent  moins  de  rameaux 
en  haut,  mais  plus  élevés,  commençant  naturellement  plus  haut:  les  ra¬ 
cines  s’étendent  fort  loin  &  font  fortes  ;  mais  elles  pénètrent  moins 
profondément  que  celles  du  Peuplier  noir ,  ce  qui  fait  que  ces  arbres 
font  plus  fujets  à  être  abatus  par  des  tempêtes. 


Le 


DELACAMPAGNE.  ipp 

Le  Peuplier  blanc  a  la  feuille  luifante ,  dont  la  queue  eft  moins  lon¬ 
gue  que  celle  de  la  feuille  du  Tremble,  qui  eft  un  peu  plus  ronde,  d’un 
verd  en  deflus  plus  brunâtre,  blanche  &  lanugineufe  en  deflbus. 

Toutes  ces  feuilles  s’agitent  d’abord  au  moindre  vent  ;  celles  du 
Tremble  fur -tout  font  beaucoup  de  bruit ,  d’où  vient  auÜl  qu’on  lui  a 
donné  ce  nom. 

Le  bois  ou  les  branches  des  Peupliers  &  des  Trembles  font  fort  fléxi- 
blés  :  les  feuilles  épailTes  réfîftent  au  vent ,  ce  qui  les  rend  les  meilleurs 
brife- vents  ;  mais  comme  leurs  racines  font  fortes ,  &  s’étendent  fort  au 
long  en  terre  ,  il  eft  nécelTaire  qu’il  y  ait  un  folTé  entr’eux  &  entre  les 
autres  Plantages. 

On  préféré  ordinairement  le  Peuplier  noir  pour  fervir  de  brife- vent, 
parce  qu’il  efl  moins  fujet  à  être  renverfé  par  le  vent ,  &  qu’il  fait  moins 
de  bruit. 

Le  bois  de  ces  arbre's  efl  de  très  peu  de  valeur  ;  mais  comme  il  efl 
mou  &  très  facile  à  fendre ,  il  efl  très  bon  pour  fervir  aux  Bouchers  de 
billot. 

Le  Bouleau  vient  fous  les  arbres  de  haute  futaie  ,  &  efl  rarement  auf- 
fl  grand,  aufli  gros  qu’un  des  plus  gros  Aunes  :  il  prend  le  mieux  dans 
des  terres  fablonneufes ,  fèches  &  élevées  :  il  fait  une  couronne  dont  les 
branches  font  minces  &  fléxibles;  mais  il  pouffe  avec  beaucoup  plus  de 
vigueur  ,  &  il  devient  plus  grand  dans  de  fortes  terres  graffes  ou  maré- 
cageufes ,  quoique  ces  arbres  viennent  naturellement  fur  les  rochers  de 
Norvège. 

Le  bois  en  efl  dur  ,  &  fert  prefque  uniquement  au  chaufage  ,  quoi¬ 
qu’il  ne  faffe  pas  une  flamme  fort  vive  ni  fort  agréable  ,  à  moins  que 
d’être  coupé  extrêmement  mince  ;  car  d’abord  que  l’écorce  en  efl  brû¬ 
lée  ,  il  efl  tout  amorti  ,  s’il  n’eft  pas  au  milieu  d’un  feu  bien  ardent  : 
mais  on  en  étouffe  les  charbons  qui  font  meilleurs  que  ceux  du  bois 
d’ Aune ,  &  moins  bons  que  ceux  de  Hêtre. 

Les  tendres  rameaux  en  font  fort  propres  pour  des  balets  d’Ecurie  y 
on  en  fait  auffi  des  Verges  pour  fouetter. 

Le  Hêtre,  J1  y  en  a  de  deux  fortes  :  l’un  efl  un  grand  &  gros  ar¬ 
bre  ,  dont  les  feuilles  font  petites ,  minces ,  un  peu  rondes  ,  pointues , 
unies  ,&  d’un  verd  luifànten  deffus:  le  bois  en  efl  dur  &  difficile  à  fen¬ 
dre  ,  &  d’un  ufàge  plus  général  qu’aucun  autre.  L’autre  forte  de  Hêtre 
ne  devient  ni  fi  grand  ni  fl  gros;  fès  feuilles  ne  font  pas  luifantes ,  elles 
font  d’un  verd  plus  obfcur  ,  plus  épaiffes ,  avec  plus  de  côtes ,  plus 

poin- 


'200 


LES  A  G  R  E  M,E  N  S 

pointues  5  refTemblant  beaucoup  à  celles  des  Ypréaux.  Cet  arbre  ,  à 
proprement  parler ,  n’eft  pas  un  Hêtre  ,  mais  celui  que  ThéopJirafte 
{Uiftor,  PJmitar.  Lib.  IlL  Cap.  IL)  nomme  Carpinus  :  le  bois  en 
eft  fort  &  dur  ,  '  &  on  en  fait  d’admirables  charbons  pour  les  Orfèvres  : 
on  fait  aulîi  de  fes  tendres  &  flexibles  rameaux  entrelacés  de  fortes 
claies. 

On  ne  multiplie  ces  arbres  que  de  femence  ,  dont  il  en  vient  plu- 
fleurs  elpèces  ,  mais  peu  différentes ,  la  différence  confiftant  prelque 
toute  en  ceci ,  que  fune  bourgeonne  avant  l’autre  ,  Sc  verdit  de  même, 
&:  que  le  verd  des  feuilles  varie  aufli.  Ces  arbres  aiment  à  croître  dans 
des  fonds  paffablement  humides ,  quoique  point  trop  bas  ,*  leurs  raci¬ 
nes  ne  font  pas  fort  nombreufes  ;  la  plus  petite  elpèce  en  a  très 
peu  de  bonnes  :  c’ell  pour  cela  que  les  Sauvageons  de  iix  ou  lèpt  ans 
prennent  fort  difficilement  ,  &  fiir-tout  quand  ils  font  plantés  dans  des 
endroits  où  le  vent  les  ébranle  :  -il  faut  dans  ce  cas  les  attacher  à  un  pi¬ 
lier  fiché  en  terre  ,  de  manière  qu’ils  foient  immobiles  :  il  vaut  cepen¬ 
dant  mieux  planter  de  vigoureux  Sauvageons  de  deux  ans. 

On  fait  de  ces  derniers  les  plus 'hautes  &  les  plus  belles  Haies  ton¬ 
dues  5  auquel  cas  il  faut  fur  -  tout  avoir  grand  foin  qu’ils  bourgeonnent 
en  même  tems,  &  qu’ils  foient  d’un  même  verd: il  faut  alors  les  planter 
dans  de  bons  Fonds  de  terre  à  cinq  pieds  de  diftance  ;  &  quand  ce  font 
de  grands  arbres  à  couronne ,  à  trente-fix  pieds. 

Le  bois  eft  d’un  fort  grand  iifage,  &  très  propre,  à  caufe  de  fa  dureté, 
pour  des  eflieux  de  Chariots ,  &  pour  les  grandes  roues  ,  qui  doivent 
bèaucoup  fatiguer.  Il  eft  aufli  très  bon  à  brûler,  meilleur  même  que  le 
Chêne. 

Le  Sapin.  Les  Auteurs  le  diftingiient  en  7^ouge  &  blanc ,  «Sc  chacu¬ 
ne  de  ces  deux  elpèces  encore  en  deux  autres, donnant  fauflement  à  la 
plus  liaiite  elpèce  de  blancs  Je  nom  d' Arbres  de  Mâts  (^Majl^boom) -,  les¬ 
quels,  à  ce  que  Dodonée  &  d’autres  airurent,ont  le  bois  blanc,  compofé 
-de  plulleurs  envelopes ,  précifément  comme  un  oignon  ;  deforte  qu’il 
eft  mou,  a  de  larges  pores  comme  dans  ce  Païs  le  bois  de  Sapin, qui  a, 
quand  on  le  fcie.,  un  fuc  blanc  ,-  tranlparent,  clair  &  réfineux,  &  des 
nœuds  noirs  ;  le  bois  des  Mâts  au  contraire  a  des  parties  plus  ferrées  & 
plus  déliées,  moins  blanches,  &  qui  diftillent  de  la  réfîne  rouflatre  plus 
épaifle  3  moins  tranlparente  :  les  noeuds  en  font  aufli  rouffatres,  &  point 
noirs ,  tels  que  nous  le  difons  dans  la  defcription  du  bois  de  Sapin  rou¬ 
ge,  Les  Sapins  blancs  ont  tout  autour  le  long  de  leurs  rameaux  ,  de 

petites 


DE  LA  CAMPAGNE. 


ÎOI 

petites  feuilles ,  minces  &  rondes ,  oblongues ,  un  peu  piquantes  :  les 
arbres  de  diverlès  elpèccs  en  font  plus  ou  moins  gros ,  &  entr'autres  le 
Sapin  5  qu’on  nomme  en  Hollande  Sparre-boom  :  ceux  de  cette  elpèce 
qu’on  appelle  Vmren-fparren  ^  viennent  de  Norvège.  Ce  dernier  a  fes 
racines  fort  haut,  proche  la  fuperficie  de  la  terre;  elles  font  fort  grofles: 
on  peut  transplanter  cet  arbre  avec  plus  de  fuccès  que  le  Sapin ,  dont 
les  feuilles  font  lèmblables  à  celles  des  Ifs,  quoique  d’un  verd  plus  clair; 
on  peut  aulfi  fe  fervir  des  autres  pour  faire  des  Haies  tondues. 

Les  Sapins  a  feuille  platte  &  dentelée  pouflent  des  racines  droites 
&  profondes,  &  ne  foufrent  pas  qu’on  les  tranfplante  ;  il  faut  fur -tout 
bien  le  garder  de  racourcir  leurs  racines. 

On  nomme  à  tort  le  bois  le  plus  compaéle  &  le  plus  dur  de  ce  Sapin 
blanc  qui  a  les  plus  fins  nerfs ,  Fuuren-hout ,  comme  on  appelle  faiilTe- 
ment  aulfi  le  bois  de  Sapin  rouge  ,  qui  ell  rempli  d’une  réîine  rouflatre 
&  épaifle ,  qu’il  diftille ,  &  dont  les  nœuds  font  aulfi  rouflatres ,  Greenen* 
bout  :  car  comme  ce  Sapin  nommé  Fuuren-hout  ell  plus  fujet  à  fe  pour¬ 
rir  ,  que  le  Fuuren-hout  de  Pins  ;  celui  qu’on  nomme  Greenen-hout  ell 
encore  plus  fujet  à  fe  corrompre  que  celui  qu’on  nous  apporte  des  Pins 
de  Norvège. 

Le  Chêne  eft  un  arbre  qui  croît  dans  des  endroits  élevés  &  fecs ,  qui 
a  une  racine  droite  fort  profondément  en  terre  ,  &  par  cela  même  con¬ 
traire  en  tout  à  nos  fonds  bas  &  humides  ;  il  prend  de  glands ,  lesquels 
prodiiilènt  cependant  fouvent  diverles  fortes  d’arbres  durs  ou  moins 
durs  ,  différons  auffi  dans  leur  pouffe  &  dans  leur  feuillage.  Cette  di- 
verlité  remarquable  ell  encore  caufée  par  la  différence  des  Climats  Sù 
des  Fonds  ;  car  le  bois  le  plus  dur  &  le  meilleur  croît  dans  une  terre  là- 
blonneufe  ,  &  y  produit  des  fibres  plus  entrelacées.  Il  grolTit  plutôt 
au  contraire  dans  des  terres  marécageulès ,  devient  plus  gros  &  plus 
grand  ,  mais  le  bois  en  ell  plus  Ipongieux  ,  &  a  de  plus  longues  fibres, 
comme-celui  d’ais  de  Chêne.  L’expérience  fait  voir  qu’il  ell;  faux  que 
cet  arbre  vive  trois  cens  ans ,  &  produife  pendant  tout  ce  tems  -  là  de 
bon  bois  ^  car  li  l’on  en  veut  faire  un  bon  ulàge  ,  il  faut  qu’il  n’âit  tout 
au  plus  que  cent  ans ,  parce  qu’après  ce  tems-là  il  arrive  fouvent  que  le 
tronc  en  meurt ,  vu  que  fon  bois  contraéte  de  mauvaifes  qualités  très 
remarquables. 

Le  bois  de  Cliêne  compaéle  ,  qu’on  appelle  chez  nous  bois  de  JFe^ 
feî ,  eft  très  dur  &  fort  durable  ,  propre  pour  des  pilotis ,  des  fenils  de 
Croifées ,  ou  bien  pour  ce  qui  doit  avoir  en  plein  air  une  certaine  épaif 
ï*4irtis  L  Ce  '  four  J 


202 


LES  AGREMENS 


feur  ;  car  quand  il  eft  fujet  à  fe  retirer ,  il  ne  vaut  rien  pour  les  lam¬ 
bris  5  les  fenêtres ,  ni  pour  les  ouvrages  qui  fervent  d’ornemens  exté¬ 
rieurs,  à  quoi  on  emploie  les  ais  de  Chêne. 

Les  Ais  de  Chêne  font  la  moitié  de  répailTeur  de  Tarbre  ,  ou  moins 
encore,  quand  Tarbre  efi;  Icié  en  trois ,  depuis  la  circonférance  jufqu’au 
cœur  ;  c’eft  pour  cela  qu’il  a  un  côté  dur  ,  le  bois  eft  aufli  en  général 
plus  dur  vers  le  côté  intérieur ,  &  vers  l’extérieur  plus  mou  &  plus 
blanc  :  c’ell  ce  côté  qu’on  appelle  l’Aubier  ,  qui  ell  du  bois  très  mau¬ 
vais  ,  mou ,  làns  couleur  &  fujet  à  fe  pourrir.  Du  refte  tout  le  bois  de 
Chêne  ,  de  même  que  celui  que  nous  appelions  Sapin  blanc  (Greenen- 
loouî)  a  de  femblables  côtés  chargés  d’ Aubier  ;  &  plus  le  bois  a  crû  vite 
&  avec  vigueur ,  plus  l’Aubier  eli  mou ,  épais ,  &  fujet  k  fe  corrompre  : 
quand  cet  Aubier  ell  en  plein  air  ,  il  s’emplit  d’eau ,  &  fe  pourrit: 
quand  il  ell  k  couvert  &  dans  des  lieux  lècs ,  il  ell  fujet  aux  vers  &  de¬ 
vient  vermoulu;  c’ell- pourquoi  un  Seigneur  qui  bâtit  ,  ne  permettra 
pas  qu’on  lailTe  au  bois  le  moindre  Aubier.  Le  Nord  de  tous  les  ar¬ 
bres  croît  le  moins ,  quoique  ce  bois  foit  le  plus  compaéle  &  le  plus 
dur  ;  il  en  ell  de  même  des  ais  de  Chêne  ,  ceux  du  Nord  font  les  plus 
durs  &  les  moins  fujets  k  périr  :  mais  les  durs  font  aulll  fouvent  fujets  k  fe 
relTerrer  ,  &  par  cela  même  peu  propres  pour  de  beaux  ornemens  inté- 
rieiirs,  fur- tout  quand  on  ne  les  peint  pas:  on  choilit  alors  pour  cela  les 
ais  blancs ,  6c  d’une  même  couleur  ,  qui  ont  de  longues  libres ,  des 
nerfs  fins  &  peu  nuancés  ;  c’ell  -  Ik  le  bois  le  plus  précieux  ,  mais  il  ell 
difficile  k  trouver. 

La  fève  du  Chêne  ell  aigrelette  6c  mine  extrêmement  le  bois ,  fur- 
tout  le  gros  bois, quand  il  ell  renfermé;  ce  qui  pourrit  en  peu  de  tems  6c 
entièrement  les  plus  grolTes  poutres  :  il  faut  pour  cela  abatre  le  bois  de 
Chêne  de  bonne  heiue ,  c’ell-k-dire  au  milieu  de  l’hiver  ,  quand  la  lève 
ell  k  peu  près  defcendue  toute  entière  dans  les  racines:  il  faut  outre  ce¬ 
la  encore  ,  quand  ce  bois  eft  préparé  pour  des  poutres ,  lui  lailTer  per¬ 
dre  fes  fucs  pendant  quelques  années  fous  de  l’eau  douce  ;  mais  quand  il 
eft  plus  mince  ,  comme  lorfqu’on  en  fait  des  piliers  pour  les  Cloifons, 
une  année  fuffit  ;  après  quoi  il  le  fèche  en  très  peu  de  tems.  On  ne 
met  pas  les  ais  de  Chêne  fous  l’eau  pour  leur  faire  perdre  leur  lève ,  par¬ 
ce  qu’ils  y  perdent  trop  de  leur  couleur ,  6c  qu’ils  deviennent  moins 
beaux  ;  mais  on  les  drelTe  en  plein  air  k  un  doigt  de  dillance  l’un  de 
l’autre,  ce  qui  .ell  la  meilleure  méthode.  >. 

Le  bois  de  Chêne,  c.oupé  trop  tôt,. ne  vaut  rien, étant  plein  de  fucs; 

6c 


DE  LA  CAMPAGNE. 


202 

&  comme  ■on  trompe  fouvent  en  le  coupant  en  Eté  ,  parce  que  cela 
peut  fe  faire  alors  en  moins  de  tems  &  à  moins  de  fraix,  les  jours  étant 
alors  plus  longs  &  la  terre  plus  fèclie ,  &  qu’on  peut  auffi  le  tranfporter 
de  même  en  Autonne ,  les  Rivières  étant  alors  fort  enflées  ;  il  me  paroit 
qu’il  n’efl  pas  avantageux  d’employer  de  gros  bois  de  Chêne  dans  les 
cas  où  l’on  peut  employer  le  meilleur  bois  de  Sapin  de  Norvège,  &  ce¬ 
la  d’autant  plus  encore  qu’il  n’y  a  aucune  différence  fenfible  entre  le 
Chêne  coupé  à  tems  ou  hors  de  fàifon. 

Théophrafte  {Hiftor.Pîantar.Lib.V.  Cap.  5‘)5  &  principalement  Bo- 
dæusdans  leurs  remarques,  difent  que  le  bois  de  Chêne  fous  l’eau  douce, 
eft  prefque  incorruptible ,  &  fous  l’eau  falée  fujet  à  le  corrompre  bientôt  : 
ce  qui  efl  abfolument  contraire  à  l’opinion  de  ceux  ,  qui  chargent  les 
Vaiffeaux ,  de  Sel  à  leur  prémier  voyage ,  afin  que  le  bois  en  étant  im¬ 
bibé  foit  plus  durable. 

Vjiune,  On  le  multiplie  de  fomence  :  nos  PaiTans  qui  font  leur  fé- 
jour  dans  les  endroits  marécageux  ,  en  fement  beaucoup  dans  leurs  ter¬ 
res  ,  &  les  tranlplantent  l’année  d’après  ;  les  plus  courts  &  les  plus  gros 
de  ces  arbres  de  deux  ans  font  les  meilleurs  pour  planter  dans  toute  for¬ 
te  de  fonds  nouvellement  remués ,  où  il  n’y  a  point  d’autres  arbres  en¬ 
tremêlés.  Les  précoces  ou  les  plus  gros  de  ceux  qui  viennent  de  femencé 
&  qui  ont  trois  ans,  font  les  meilleurs  pour  mettre  au  milieu  des  autres, 
dans  les  endroits  où  l’on  craint  pour  de  mauvaifès  Iierbes ,  mais  hors 
de  ce  cas-là  on  n’en  plantera  jamais. 

Les  Aunes  aiment  un  fond  bas  ,  humide  ,  marécageux  ou  fablon- 
neuxrilsy  croiflentplus  naturellement  &  mieux  que  dans  des  terres  graf- 
fès  &  élevées.  Les  arbres  deviennent  paflablement  hauts ,  mais  ils  n’ont 
pas  des  couronnes  fi  étendues  que  les  Ormes ,  les  Tilleuls ,  les  Chênes, 
les  Hêtres  &  les  Saules  :  leur  bois  eft  aulîi  moins  fouple  que  celui  de 
Saule  ,  mais  plus  fujet  à  fe  rompre  ;  c’eft-pourquoi  on  plante  plus  fou- 
vent  l’Aune  parmi  les  Saules  &  les  Peupliers ,  dans  des  allées  extérieu¬ 
res  ,  afin  qu’étant  jeunes  encore  ils  s’aident  à  parer  les  vents ,  jufqu’à  ce 
que  les  Peupliers  étant  devenus  grands  les  couvrent  de  leur  ombre ,  & 
diftillent  fur  eux  l’eau  de  pluie.  L’Aune  croît  vite,  il  a  peu  de  racines,' 
peu  groftes  &  peu  étendues ,  mais  minces  &  qui  pénètrent  profbndé^ 
ment  en  terre ,  de  manière  qu’elles  ne  nuifènt  guère  à  la  terre  des 
environs  :  ils  ont  outre  cela  une  feuille  épaifle  &  vifqueufe  ,  qui_réfifte 
affez  au  vent  :  leurs  feuilles  tombées  &  leur  petit  bois  de  taille  fervent 
aufii  d’engrais  à  leur  propre  fond  :  on  les  plante  beaucoup  pour  ces 

Ce  2  trois 


LES  AGREMENS 


204 

trois  bonnes  qualités  dans  &  autour  des  Jardins  potagers ,  «pour  fervir 
d’ombre  aux  herbes  qui  y  font  femées.  On  en  plante  outre  cela  pour 
'  brûler,  autour  des  terres  dont  a  ôté  le  fable,  &  dans  de  grands  champs 
entiers  :  on  les  coupe  fouvent  tous  les  fept  ans ,  quoique  ceux  qui  ont 
véritablement  leur  intérêt  à  cœur  ne  le  feront  jamais  qu’au  bout  de 
douze  ;  car  outre  que  dans  ces  dernières  années  ils  grolfiflent  confidéra- 
blement  plus ,  &  font  ainfi  d’une  valeur  bien  plus  grande  ,  le  bois  en 
ell  plus  durable  &  donne  plus  de  chaleur  quand  il  brûle  ,  &  par  cela 
même  eh:  plus  cher  quand  on  le  vend. 

Le  bois  d’Aune  prend  feu  fort  vite,  mais  n’efl  ni  fi  chaud  ni  fi  dura¬ 
ble  que  le  Frêne  ,  le  Chêne  ,  l’Orme  ou  le  Hêtre  ,  &  cependant  chez 
nous  c’eft  le  bois  qu’on  brûle  le  plus  communément  :  il  eft  du  refte  de 
peu  d’ufige  ,  fe  corrompant  aifément  fur  terre  pendant  le  tems  qu’il  fe- 
che  ,  &  étant  fort  fujct  aux  vers  ;  c’ell-pourquoi  on  ne  doit  pas  le  gar¬ 
der  longtems ,  parce  qu’il  perd  alors  toute  fa  force  :  il  eh  comme  incor¬ 
ruptible  fous  l’eau  ;  c’eft-pourquoi  on  en  faifoit  autrefois  &  aujourdhui 
encore  des  tuyaux  pour  conduire  l’eaü  ,  de  même  que  des  pilotis.  On 
faifoit  auOTi  autrefois  de  ce  bois,  de  grandes  pompes  pour  les  VailTeaux, 
mais  aujourdhui  à  caufe  de  la  cherté  du  bois  ,  ou  bien  à  caufe  qu’on  ne 
trouve  pas  d’ahez  gros  arbres  pour  cela  ,  on  y  emploie  des  mâts  de  Sa¬ 
pin.  On  fait  aulTi  de  ce  bois  d’Aune  des  charbons  pour  les  Orfèvres, 
mais  ils  ne  font  pas  fi  bons  que  ceux  de  Charme ,  ou  de  Bouleau. 

Le  Frêne  ne  fe  multiplie  que  de  femence ,  &  il  en  produit  différentes 
efpèces.  Les  Frênes  qui  ne  donnent  point  de  femence  ,  &  qui  n’ont 
pas  les  feuilles  fort  luifantes ,  font  les  meilleurs  :  au-lieu  que  ceux  dont 
les  feuilles  luifènt  beaucoup  font  les  plus  mauvais ,  parce  qu’ils  ne  de¬ 
viennent  jamais  fort  grands  :  les  meilleurs  de  ceux  qui  donnent  de  la  fè- 
mence,  font  aulTi  ceux  qui  en  donnent  le  moins, dans  de  grands  follicu¬ 
les  fimples  &  membraneux,  au-lieu  que  les  plus  mauvais  ont  ces  follicules 
plus  petits  &  par  bouquets  :  ces  arbres  ont  fouvent  beaucoup  de  gros 
boutons. 

Les  Frênes  croiflent  avec  vigueur  ,  &  deviennent  de  graffds  6c  gros 
arbres  droits ,  dans  des  terres  humides ,  comme  l’Aune ,  6c  même  quel¬ 
quefois  dans  l’eau  :  fes  racines  ne  font  pas  fi  profondes ,  mais  elles  s’é¬ 
tendent  beaucoup  plus  6c  font  plus  grofles  ;  c’eh-pourquoi  ils  n’eft  pas 
fi  propre  que  l’Aune  â  être  planté  autour  des  prés: du  refte  on  le  plante 
aufii  pour  brûler  ,  6c  l’on  remplace  même  fouvent  les  fouches  d’ Aunes 
qui  font  mortes,  par  des  Frênes.  11  eft  encore  remarquable,  que  queb 

que 


DE  LA  campagne. 


205* 

qne  fortes  racines  qu’aient  les  Frênes  ,  toutes  fortes  d’arbres  croififent  h 
fouhait  dans  les  fonds  d’où  ces  Frênes  ont  été  arracliés. 

Le  bois  en  efl  blanc  ,  nuancé,  à  longues  fibres,  dur,  uni,  fouple  & 
pliant;  deforte  qu’il  eft  très  propre  pour  du  bois  de  charpente,  qui  doit 
être  un  peu  plié:  mais  il  ell  fort  llijet  à  fe  corrompre  pendant  une  lon¬ 
gue  fécherefle  ,  llir-tout  quand  on  le  manie  peu  ;  car  alors  il  eft  dans 
peu  d’années  tout  vermoulu.  Il  eft  cependant  plus  dur  que  l’Aune,  & 
chaufe  davantage  quand  on  le  brûle,  &  eft  par  conféquent  meilleur.  • 

V Epine  devient  par  une  bonne  culture  un  arbre  à  couronne  ,  plus 
liant  &  plus  gros  que  le  Frêne  fauvage.  Elle  vient  de  femence  bien  mû¬ 
re  ,  laquelle  on  met  tremper  jufqu’au  Printems ,  pour  la  femer  au  mois 
de  Mars  quand  il  ne  gele  plus.  L’Epine  blanche  ,  dont  les  baies  font 
rouges ,  quand  elles  font  mûres ,  rélifte  au  froid  qu’il  fait  chez  nous 
pendant  l’Hiver  :  fon  bois  eft  fort  dur  ,  fort  compaéfe  ,  &  fort  propre 
pour  des  peignes  &  autres  pièces  de  réfiftance.  On  fait  de  cette  Epine 
des  Haies  de  défenfè  ;  mais  elle  eft  fort  fujette  à  une  efpèce  de  Chenil¬ 
les  noires ,  qui  à  caufe  de  leur  prodigieufè  quantité  mangent  dans  peu 
de  tcms  les  feuilles ,  &  n’y  laiffent  que  leurs  ordures  &  leurs  toiles  : 
pour  prévenir  cela  autant  qu’il  eft  polîible  ,  on  baliera,  fouvent  ces  Ha¬ 
ies  de  bonne  heure  avec  des  balets  ;  étant  impolfible  de  les  en  délivrer 
quand  une  fois  elles  en  font  couvertes.  On  ente  des  Poiriers  fur  ces 
communes  Epines  blanches  ;  fans  cela  ces  arbres  font  de  très  peu  d’u- 
fage  dans  ce  Païs ,  qui  eft  bas  humide  ,  parce  que  les  petits  foflés  y  _ 
tiennent  ordinairement  lieu  de  féparation  &  de  défenfe.^ 

Le  Houx  fe  multiplie  en  femant  des  baies  mûres,  comme  on  vient  de 
le  dire  de  l’Epine.  11  n’eft  jamais  ni  fi  grand  ni  fi  gros  que  l’Epine  ; 
mais  on  en  peut  faire  des  Haies  de  feize  pieds  de  haut.  Ses  feuilles 
font  luifantes ,  vertes  en  tout  tems ,  garnies  tout  autour  de  piquans , 
très  propres  par  conféquent  pour  des  Haies  tondues  ;  mais  quand  le 
Houx  eft  furanné  ces  piquans  s’émoufTent  :  il  eft  auÜi  fujet ,  quand  il 
fait  de  rudes  gelées ,  à  fe  geler  jufqu’à  terre. 

Parmi  les  elpèces  de  Houx  piquans ,  il  y  en  a  dont  les  feuilles  font 
d’un  verd  mêlé  de  jaune,  6c  d’autres  d’un  verd  mêlé  de  blanc  :  l’un  & 
Fautre  réfiltent  moins  à  la  gelée  que  les  verds  :  il  y  en  a  aufti  une  efpè¬ 
ce  dont  les  feuilles  font  moins  pointues  &  cornues. 

L’If,  qu’on  nomme  en  Latin  Arhor  mortis^à^Ni^nt  dans  des  fonds  élevéa 
6c  gras, par  une  bonne  culture,  un  grand  &  gros  arbre ,  même  comme 
un  Tilleul  ordinaire:  mais  ordinairement  il  a  fans  culture  une  couronne. 

Ce  3  “  plus 


2o6 


LES  A  G  R  E  E  N  S 


plus  ronde  qu’un  Pommier  palTablement  grand  :  Tes  racines  ont  quantité 
de  fibres  &  font  fort  entrelacées ,  ce  qui  femble  devoir  confumer  la  graille 
de  la  terre  ;  cependant  toutes  fortes  d’arbres  croiffent  à  fouliait  dans  des 
terres  bêchées,  d’où  ces  Ifs  ne  font  que  d’être  arrachés. 

La  femence  d’If  produit  plulieurs  efpèces  différentes'  :  les  feuilles  de 
l’une  font  fort  foncées,  celles  de  l’autre  font  d’un  verd  nailTant,  plus  fi¬ 
nes  (Sc  plus  minces ,  de  même  que  le  bois  :  les  feuilles  de  l’elpèce  la  plus 
groflière  font  d’un  verd  oblcur  ,  &  d’un  bois  plus  grolTier  ;  il  devient 
aulîi  plus  grand,  ayant  de  fortes  branches  étendues,  mais  plus  llmples; 
delà  vient  qu’on  ne  lauroit  faire  de  celui-ci,  des  Haies  tondues,  balTes, 
belles  &  bien  fermées ,  comme  on  en  fait  de  l’elî^èce  qui  eR  plus  fine. 

Quoiqu’en  Angleterre  l’If  croilTe  en  plulieurs  endroits ,  feul ,  &  dans 
des  bruières  ouvertes,  jufqu’à  la  hauteur  qu’ont  chez  nous  les  Pommiers 
ordinaires ,  il  faut  dans  ce  Païs  les  planter  dans  les  endroits  les  moins 
expofés  au  vent ,  làns  quoi  ils  meurent  facilement  pendant  l’Hiver , 
fur-tout  quand  ils  font  encore  jeunes  ,&  quand  on  les  a  tondus, foit  pour 
en  faire  de  petits  arbres  pommés ,  Ibit  pour  en  avoir  de  petites  Haies. 

L’If  aime  un  fond  Ipongieux,  gras,  humide,  lliffilàmment  élevé:  on 
peut  aulTi  faire  en  peu  de  tems  ,  dans  de  bonnes  terres  fablonneufes  mê¬ 
lées  avec  beaucoup  de  limon  de  foliés ,  de  parfaites  Haies  tondues ,  par  le 
moyen  de  bouturesd’unan,quiaientaubasun  peu  de  bois  de  deux  ans; 
il  faut  pour  ces  boutures  choilir  des  jets  de  tige  bien  droits ,  qui  Ibient 

farnis  tout  autour  de  petites  feuilles  ;  ces  jets  montent  avec  une  tige 
roite,  &  fe  fouticnnent  d’eux-mêmes;  au -lieu  que  la  bouture  des  jets 
des  côtés ,  dont  les  petites  feuilles  forcent  par  les  deux  côtés  des  bran¬ 
ches  dentelées ,  comme  celles  des  Sapins  rouges ,  ne  poullent  jamais 
droit  en  haut ,  ne  font  par  conféquent  pas  propres  pour  des  arbres  de 
tige ,  ou  pour  des  Haies  qui  lè  foutiennent  d’elles-mêmes. 

Il  faut  de  plus ,  pour  ce  qui  regarde  l’entretien  d’une  jeune  &  belle 
Haie  tondue  d’If,  avoir  foin  de  couper  chaque  fois  tout  près  de  leur 
origine, les  jets  de  tige  qui  montent,  jufqu’à  ce  qu’ils  foient  fuffifammenc 
entourés  de  jets  de  côtés ,  plats  &  dentelés  :  fans  quoi  on  n’aura  ja¬ 
mais  de  belles  Haies  tondues  bien  fermées ,  ni  de  jolis  petits  arbres  : 
ces  jets  droits  viennent  rarement  de  Sauvageons  qui  ont  pris  de  lèmen- 
ce,  mais  ordinairement  de  ceux  de  bouture;  mais  de  bouture  on  a  plu¬ 
tôt  des  Haies  &  de  petits  arbres  ;  &  par  ce  moyen  on  eR  auRi  aRuré  de 
l’elpèce  d’arbre  qu’on  veut  avoir.  Quand  on  plante  des  J  fs  dans  de 
bons  Fonds  de  terre  3  pour  des  Haies  à  quatre  pieds  de  diRance  les  uns 


DE  LA  CAMPAGNE. 


des  autres,  &  qu’on  les  tond  une  fois  l’an,  après  leur  première  pouffe  pen¬ 
dant  un  tems  de  pluie,  &  qu’on  les  cultive  dans  la  fuite  comme  il  faut, 
en  coupant  au  commencement  les  tiges ,  &  en  les  mettant  aiüTi  à  l’abri 
des  vents  impétueux  &  de  l’ardeur  du  Soleil,  pourvu  qu’ils  ne  foient  pas 
trop  à  l’ombre  ,  ni  mouillés  par  d’autres  arbres  on  peut  alors  en  faire 
de  magnifiques  ,  très  bien  fermées ,  &  toujours  verdoyantes  Haies, de 
la  hauteur  de  feize  pieds ,  &  même  de  plus. 

Le  Genévrier  ,  en  Latin  Arhor  vitæ^  réfille  au  froid  de  nos  Hivers; 
mais  comme  ce  n’eft  pas  un  bel  arbre  ,  &  qu’on  ne  fauroit  en  faire  de 
belles  Haies  ,  il  n’ell  pas  avantageux  d’en  planter  ;  d’ailleurs  ce  ne  font 
pas  des  arbres  de  tige  ,  mais  des  arbriffeaux. 

Le  Tilleul  prend  de  Provins  couchés  en  terre ,  parce  que  ceux  qui 
viennent  de  femence  produifent  différentes  efpèces ,  &  prefque  toutes 
bâtardes  ,  comme  le  Tilleul  qui  a  la  feuille  de  Peuplier  ou  de  Bouleau  , 
qui  n’eft  jamais  un  arbre  li  grand  ,  ni  fi  garni  de  feuillage  :  il  en  eft  de 
même  des  Tilleuls  qui  ont  une  écorce  rouge  ,  ils  croiffent  dabord  fort 
vite ,  &  font  un  arbre  vigoureux  à  grandes  feuilles  ;  mais  leur  pouffe  di¬ 
minue  de  plus  en  plus  au  bout  de  quelques  années ,  &  leurs  jeunes  bran¬ 
ches  font  fort  fujettes  à  fe  gangréner. 

Le  Tilleuls  qui  ont  de  la  femence  &  les  plus  grandes  feuilles  ,  font 
les  plus  beaux  6c  les  plus  grands  ;  aiiffi  eff  -  ce  pour  cela  que  des  Arbo- 
riftes  entendus  les  cultivent.  Le  Tilleul  croît  vigoureufoment ,  6c  na¬ 
turellement  dans  nos  Fonds  marécageux  6c  humides  ;  c’eft  pour  cela  que 
les  François  l’appellent  Tilleul  de  Hollande  ,  6c  les  Anglois  Hollandfe- 
Tree,  11  n’aime  pourtant  pas  d'être  planté  trop  bas  près  de  l’eau  , 
comme  les  Saules, les  Aunes, les  Frênes,  6cc.  mais  du  moins  un  pied  6c 
demi  au  deffus  de  la  plus  grande  hauteur  de  l’eau  pendant  l’Hiver  :  il 
ne  fauroit  outre  cela  réfifter  au  vent  impétueux ,  fa  feuille  étant  grande  6c 
mince  (qui  au  défaut  de  foin  ou  d’herbe  eff  de  toutes  les  feuilles  d’arbres 
la  meilleure  nourriture  pour  certains  animaux);  mais  il  devient,  quand  il 
eft  planté  dans  des  endroits  renfermés ,  un  fort  grand ,  fort  beau  6c  bien 
touffu  arbre  à  couronne  fort  étendue  ,  lequel  il  fuit  avoir  foin  dès  le 
commencement  de  faire  monter  par  le  moyen  de  la  ligature  avec  un 
feul  jet  droit ,  d’où  doivent  fortir  tout  autour  les  branches  à  couronne, 
après  quoi  il  ne  faut  jamais  plus  le  tailler.  11  faut  auffi  que  les  'l'illeuls 
pour  faire  un  bel  ombrage  dans  de  bons  Fonds  de  terre ,  foient  placés 
pour  le  plus  près  à  trente-fix  pieds  de  diffancé. 

Le  bois  de  Tilleul  eff  de  peu  de  valeur,  ét^nt  léger  ,  peu  propre  an 

chau- 


-208 


LES  A  G  R  E  M  ENS 

cliaufage  5  blanc  &  mou  :  on  en  fait  k.caufe  de  fa  blancheur  des  plan¬ 
ches  non  peintes,  fur  lesquelles  les  Femmes  plient  le  linge,  ou  bien  de 
petits  tiroirs  pour  f  y  mettre  :  il  fert  aulfi  à  caufe  de  fa  tendreur  aux  Cor¬ 
donniers  &  aux  Sculpteurs. 

VOrme^  fTpréau  ,*  &  ce  que  nous  nommons  ^Herjleer  ,  font  trois 
cfjoèces  du  même  genre  ,  venant  toutes  les  trois  de  lemence  d’Orme, 
laquelle  produit  plus  d’ Ypréaux  que  d’Ormes  ;  c’eft-pourquoi  on  multi¬ 
plie  ces  trois' efpèces  comme  les  Tilleuls,  chacune  féparément  par  des 
provins  couchés  en  terre  ,  avec  cette  feule  différence  qu’on  ne  les  atta¬ 
che  point;  mais  après  les  avoir  féparés  &  tranlplantés ,  &  lorlqu’ils  ont 
fait  une  pouffe  d’un  an.,  on  les  coupe  au  niveau  de  terre.,  afin  qu’ils 
puiffent  croître  avec  vigueur  &  avec  une  feule  tige. 

De  ces  trois  efpèces  VOrme  eft  le  plus  grand  &  groffit  le  plutôt ,  mais 
le  bois  en  eft  moins  compaéle  ,  les  feuilles  plus  grandes  ,  plus  rondes, 
moins  pointues ,  &  d’un  verd  plus  brunâtre  :  il  y  en  a  aufîi  une  efpèce 
appellée  Oîine  hrun-i  dont  l’écorce  efl  plus  claire  &  les  .feuilles  plus  bru¬ 
nes,  &  lanugineufes  en  deffous,  comme  aufîi  les  tendres  rejetions  ;  cet¬ 
te  efpèce  groffit  encore  incomparablement  plus  que  l’Orme  commun:  il 
y  en  a  outre  cela  encore  deux  efpèces  ;  l’une  a  la  feuille  &  l’écorce  plus 
brune ,  &  l’autre  moins\*  il  eft  fort  . remarquable  que  les  Sauvageons  de 
Souche  d’Orme  font  des  Ypréaux. 

\fTpréau.  il  y  en  a  qui  l’appellent  Orme  rouge  ,  parce  que  Ibn  bois 
eft  plus  rouffâtre  :  il  ne  devient  jamais  fi  grand  ,  &ne  croît  pas  non 
plus  fitôt  que  l’Orme;  fes  feuilles  font  plus  petites, d’un  verd  plus  clair, 
plus  étroites  &  plus  pointues  que  celles  d’Orme.  Le  bois  en  eft  plus 
.dur,  plus. compaéle.,  &  de  plus  de  valeur. 

Le  Hersker  eft  un  Ypréau  qui  groffit  &  grandit  fort  lentement , 
jd’où  il  arrive  que  ces  arbres  font  fou  vent  étouffés  ;  du  refte  fon  bois, 
quand  il  a  bien  réuffi ,  eft  encore  plus  dur ,  plus  compaéfe  &  de  plus 
de  valeur  ^que  l’autre. 

Les  Ormes  réfiftent  le  mieux  au  vent ,  &  pour  cela  on  les  plante  fou- 
vent  autour  des  vergers  pour  les  couvrir,  &  on  en  fait  aiiftl d’autres  très 
beaux  plantages  ;  ils  font  bien  plus  précieux  que  les  Peupliers  &  les 
>Saules.,  lefquels  toutefois ,  étant  fort  plians  &  fouples ,  ont  dé  meilleurs , 
brife- vents ce  qui  fait  aufft  qu’on  en  plante  beaucoup  dans  les  allées 
extérieures. 

Les  Ypréaux  font  les  meilleurs  pour  faire  de  hautes  Haies  tondues 
lesquelles  on  tond  de  bas  en  en-haut  ;  mais  je  ne  trouve  pas  qu’on  puiffe 

plau-5 


I 


t 

DELACAMPAGNE.  209 

planter  avec  le > même  avantage  que  l’Orme,  qui  grôflit  avec  plus  de  vi¬ 
gueur  5  la  troifième  efpèce,  quoique  plulleurs  la  préfèrent ,  fous  prétexte 
que  le  bois  en  efi:  plus  précieux  :  outre  que  cet  Orme  fait  des  Haies 
moins  touilles,  qui  forment  tout  autour  des  excroifl’ances  ligneufes  fem- 
blables  à  du  Liège,  très  delàgréables  à  la  vue,  deforte  que  je  n’en 
.  planterois  jamais. 

Aucun  de  ces  arbres  ne  croît  avec  une  feule  tige ,  mais  avec  des  bran¬ 
ches  à  couronne  qui  montent  droit.  Voyez  dans  le  I  Chap.  du  H  Lw. 
ce  qu’il  faut  obferver  ,  quand  on  plante  les  Ormes ,  ou  quand  on  en 
couche  des  provins  en  terre. 

L’Orme,  &  encore  plus  T  Ypréau,  comme  étant  plus  compaéle  ,  eft 
un  bois  admirable  de  charpente  ;  car  on  en  fait  des  pivots  de  moulins , 
des  affûts  pour  les  plus  gros  Canons ,  &  beaucoup  de  pièces  de  charon- 
nage.  C’eft  aufli  un  excellent  bois  de  cliaufage  ,  il  produit  beaucoup 
de  chaleur  :  on  peut  même ,  quand  il  eft  brûlé  ,  en  conlèrver  des  char¬ 
bons  allumés  comme  on  le  fait  à  l’égard  des  Tourbes. 

Le  Chateigner  Sauvage ,  que  nous  connoiftbns  en  Latin  fous  le  nom 
de  Cajlanea  Equina  ,  devient  un  arbre  grand ,  gros ,  avec  une  couron¬ 
ne  fort  étendue  &  ombragée  ,  qui  a  tous  les  ans  de  très  belles  fleurs  en 
forme  de  bouquets ,  lesquelles  produilènt  dans  TAutonne  des  CJiatei- 
gnes  amères  ,  rondes  &  groftes.  Cet  arbre  a  autant  de  racines  qu’au¬ 
cun  autre  qui  me  foit  connu  -,  mais  peu  profondes  :  &  comme  il  aime  af 
lèz  l’humidité  ,  il  croît  à  ibuhait  dans  nos  fonds  médiocrement  élevés: 
les  feuilles  viennent  à  de  longues  queues, ordinairement  à  fept  petits ra- 
îneaux  fur  une  queue. 

Le  bois  en  eft  de  peu  de  valeur ,  étant  Ipongieux  mou  :  il  n’eft 
bon  ni  pour  la  charpente  ni  pour  le  chaufage. 

Le  Bonis  grofîier  &  fin  à  bords  dorés  &  argentés.  Voyez  ce  qui  en  a 
été  dit  dans  le  1  Chap.  de  ce  Livre. 

Le  Tlane  a  de  grandes  feuilles  rondes ,  qui  font  un  peu  pointues  fur 
le  devant,  d’un  verd  clair,  &  minces;  l’écorce  eft  blanchâtre,  &  à  rne- 
fure  qu’elle  croît ,  elle  fe  dépouille  de  certaines  envelopes.  Le  bois  eft 
fort  caftant, delbrto  que  Je  vent  rompt  aifément  fes  branches;  il  eft  auiîl 
de  très  peu  de  valeur. 

Le  Platane  devient  un  très  grand  arbre,  &  d’une  grofteur  fi  extraor¬ 
dinaire  ,  qu’on  afture  qu’il  eft  arrivé  fou  vent  que  douze  perfonnes  ont 
pris  leur  repas  fur  une  table  faite  du  tronc  fans  l’écorce  :  fes  feuilles  font 
d’une  grandeur  extraordinaire  ,  encore  plus  anguleufes  6c  plus  pointues 
Partie  /.  Dd  que 


210 


LES  A  CRE  MENS 

que  les  feuilles  de  Vigne  ;  relTemblant  davantage  fur  le  devant  aux  feuil¬ 
les  du  Cliateigner  fauvage  ;  mais  Tes  feuilles  pointues  ne  font  pas  fépa- 
rées  les  unes  des  autres.  Le  bois  eft  caflant,  &  ne  rélifte  pas  à  un  vent 
un  peu  fort. 

Le  Frêne  Sauvage  eft  aufli  appellé  Frêne  de  Montagne  par  oppofî- 
tion  à  nos  Frênes  ordinaires ,  qui  aiment  les  endroits  bas  &  humides ,  & 
qu’on  appelle  à  caufe  de  cela  Frênes  de  Campagne.  Comme  les  prémiers 
n’aiment  point  à  être  plantés  dans  des  endroits  aiüTi  bas  &  aulfi  humi¬ 
des,  ils  ne  deviennent  jamais  aufli  grands  chez  nous^  que  fur  les  Mon¬ 
tagnes. 

L’elpèce  de  Flâne •i  nommé  Schotfe  Linden^,  Booghouty  Ffcbdooruy 
Luyt  -  bout  5  a  les  feuilles  anguleufes ,  elles  reffemblent  fort  à  celles 
de  Vigne,  mais  elles  font  d’un  verd  plus  oblcur,  &  plus  minces.  Ces 
arbres  deviennent  fort  grands,  &  ont  des  branches  à  couronne  fort 
droites,  ce  qui  fait  que  leurs  couronnes  ne  font  pas  11  étendues  ni  fi  om¬ 
bragées  que  celles  des  Tilleuls:  le  bois  eft  caflant,  delbrte  qu’un  vent 
un  peu  fort  le  rompt  facilement  :  il  ell  aulTi  de  peu  de  valeur,  &  uni¬ 
quement  bon  à  faire  des  inftrumens  de  muliqiie.  Je  ne  le  crois  nulle-^ 
ment  propre  à  fervir  d’ornement ,  ni  à  apporter  du  profit.  • 

-  Le  Petit  Cbêne^  que  nous  nommons  Spaanfe  Aker  o\\  Haag-Ejky  le 
multiplie  chez  nous  par  des  provins  couchés  enterre;  il  ne  devient  pas  fort 

frand  :  c’eft  pour  cela  qu’on  ne  s’en  fert  que  pour  faire  de  belles  Haies  ton¬ 
nes  ,  balTes ,  lefquelles  étant  tondues  uniment  peuvent  monter  jufqu’à 
la  hauteur  de  dix  ou  douze  pieds.  La  feuille  eft  d’un  verd  oblcur ,  dif¬ 
férant  peu  de  celle  de  l’Epine  blanche ,  mais  elle  efl  un  peu  plus  grande 
&  plus  anguleufe.  - 

Le  Lierre.  11  y  en  a  de  beaucoup  d’efpèces,  parmi  lefquelles  le  Lier¬ 
re  commun  toujours  vert  eft  le  meilleur ,  &  mérite  feul  de  trouver  ici 
fa  place.  Il  ne  fauroit  croître  en  enhaut  fans  quelque  appui,  auquel  il 
s’attache  par  de  petits  rejettons  en  guife  de  racines:  il  croît  dans  des 
endroits  &  des  Fais  humides  ;  il  prend  beaucoup  mieux  de  vigoureux 
rejettons,  comme  de  bouture,  que  de  branches  qui  ont  racine;  parce 
que  ces  racines  font  minces ,  àporesrefferrés  &  grêles;  au-lieu  que  les  re¬ 
jettons  de  tige  vigoureux  font  gros,  plus  gonflés,  ayant  des  pores  plus 
larges ,  plus  propres  par  conféquent  a  recevoir  les  fucs  néceffaires.  On 
met  ces  rejettons  en  terre  depuis  le  mois  de  Mars  jufques  à  celui  de  Juil¬ 
let,  ayant  bien  foin  qu’il  fè  trouve  aux  deux  côtés,  à  un  demi-pied  de 
diflance,  un  petit  bouton  d’une  feule  feuille,  le  refie  devant  être  fiiis 

.  '  fous 


2111 


D  E  L  A  C  AU?  lA  G  NX. 

fous  terres,  après  avoir  été  paflablement  humeèlé  pour  prendre  à  la  pro¬ 
fondeur  de  deux  pouces;  &  afin  que  les  murailles  contre  lefquelles  le 
Lierre  s’attache  le  mieux,  en  foient  entièrement  couvertes,  il  ne  faut 
pas  qu’il  foit  planté  trop  près,&  il  faut  avoir  foin  de  l’attacher  ferme  au 
bas  de  la  muraille,  afin  qu’il  monte  uniment  fans  s^écarter  ailleurs. 

11  faut ,  quand  on  retranche  les  rameaux  furnuméraires  ou  mal  venus, 
toujours  les  couper  de  bas  en  haut,  &  jamais  de  haut  en  bas,  ou  bien 
les  arracher  ;  car  il  en  naitroit  des  inconvéniens  fans  remède ,  &  le  ra¬ 
meau  arraché  en  détacheroit  plufieurs  autres  de  la  muraille,  ce  qui  n’ar¬ 
rivera  jamais  quand  on  le  tire  en  en-haut. 

Il  eil  contre  toute  expérience  que  le  Lierre  gâte  les  murailles  bienraaf 
fonnées  &  bien  jointes;  elles  deviennent  au  contraire  meilleures  par-là; 
en  ce  que  la  pluie,  le  vent  &  le  froid  ne  fauroient  à  beaucoup  près  fi 
bien  pénétrer  ;  mais  il  eft  funelle  à  de  vieilles  murailles  dont  la  chaux  eft 
ufée ,  &  qui  ont  de  larges  jointures ,  parce  qu’il  pénètre  dans  cette  terre  mê¬ 
lée  de  chaux  &  de  fable  qui  eft  entre  les  jointures,  où  il  s’attache  &lè  gonfle.’ 

Le  tort  que  fait  le  gros  Lierre  eft  qu’en  Hiver  &  en  Eté  ce  font  des  nids 
à  Rats:  mais  il  eft  d’un  excellent  uîàge  contre  le  dos  des  Fourneaux 
des  Orangeries ,  parce  que  le  Lierre  bien  cultivé  eft  d’une  défenfe  plus 
grande  contre  le  froid ,  qu’une  Muraille  épaifle  d’une  demi-brique. 

Le  Fin  Sauvage,  11  y  en  a  de  différentes  efpèces,  parmi  lefquelles 
fe  trouve  le  Pin  dont  on  fait  les  planches  (Greenen-hout).  Les  Pins  ont 
tout  autour  de  leurs  branches  des  feuilles  plus  rondes,  plus  oblongues,  plus 
grandes,  &  plus  en  manière  de  queue  que  les  Sapins:  on  les  fait  prendre 
de  femence,  &  ils  ne  doivent  pas  être  tranfplantés. 

Le  Pin  Sauvage  eft  un  arbre  de  Montagne.  Quand  il  croît  dans  un 
fond  pierreux ,  il  eft  plus  dur ,.  plus  compaéte  &  plus  durable  ;  c’eft-pour- 
quoi  le  meilleur  bois  de  Sapin  vient  de  Norvège:  mais  comme  les  pe¬ 
tites  Rivières  qui  font  dans  ce  Païs-là,  vont  en  ferpentant,  les  groffes 
poutres  ne  peuvent  confèrver  que  quinze  ou  feize  pieds  de  longueur. 

Après  ces  Poutres ,  dont  le  bois  a  les  plus  fins  nerfs ,  &  eft  le  plus 
compaéte  &  le  meilleur,  fuit  le  Sapin  de  la  Norvège  Danoife  ,  &  qui 
eft  le  plus  durable.  &  le  meilleur.  Après  celui-là  le  Sapin  de  la  Norvè¬ 
ge  Suédoifejqui  eft  plus  long,  mais  il  a  les  nerfs  moins  fins,&  eft  moins 
compaéte  &  moins  durable. 

Le  Sapin  de  Hanebourg  eft  fort  réfineux,  fort  gonflé  &  fort  ftijet  àfo 
corrompre,  fur-tout  près  des  endroits  humides;  deforte  que  les  poutres 
qu’on  en  fait,  placées  dans  des  murailles  humides,  fè  pourriftent  en  fort 
peudetems.  Dd  2  Le 


212 


LES  Â  G  R  E  M  E  N  S 

Le  Sapin  de  Bedin  eft  de  tous  le  moins  compacte  &  le  plus  llijet  à  le 
corrompre.  Le  meilleur,  le  plus  compacte,  celui  qui  aies  plus  fins  nerfs, 
vient  des  Pins  fauvages  qifon  charge  à  Nerva. 

Les  Saules.  Il  y  en  a  différentes  elpèces  très  aifées  à  diftinguer ,  fur- 
tout  quand  ce  font  ou  de  fort  grands  ou  de  fort  petits  Saules ,  les  der¬ 
niers  étant  dans  la  clalfe  des  Arbriffeaux. 

On  diflingiie  auffi  les  grands  Saules  en  plufîenrs  elpèces  r  les  uns  ont 
récorce  blanche  &  roulTàtre  ;  les  autres  font  blanche  :  ceux-ci  font  les 
plus  grands,  &  réfiftent  aulfi  beaucoup  mieux  aux  vents  impétueux  qiie 
les  autres.  Ils  aiment  d’être  plantés  dans  un  fond  bas,  humide,  maré¬ 
cageux;-  auiïl  ne  croiffent-ils  nulle  parc  mieux  que  dans  notre  Païs  a- 
qiiatique ,  où  on  les  fait  prendre  de  bouture.  Le  bois  en  eft  fort  fouple , 
pliant;  &  comme  il  n’y  a  point  d’arbres  qui  parviennent  en  fî  peu  de 
tems  à  une  aulfi  grande  hauteur  &  grolTeurque  les  Saules,  ils  font  aulïi 
les  meilleurs  pour  couvrir  d’autres  plantes  plus  tendres ,  d’autant  plus 
qu’ils  poulTent  quantité  de  branches  k  couronne,  &  qu’ils  ont  fous  terre 
beaucoup  de  racines  chevelues  &  autres,  ce  qui  fait  que  le  vent  ne  les 
renverfe  pas  aulTi  facilement  que  les  Trembles.  C’efl  aufïi  pour  cela 
qu’on  plante  fouvent  au  côté  extérieur  des  Allées,  une  rangée  de  ces 
grands  Saules  à  écorce  blanche ,  pour  fervir  de  défenfe  contre  les  vents 
les  plus  impétueux,  quand  on  fait  de  beaux  plantages:  on  en  met  aufll 
communément  au  milieu  des  Allées,  une  rangée  pour  des  Haies  tondues, 
à  trois  pieds  de  diftance,  pour  fervir  de  prémière  défenfè,  ce  qui  eft  for- 
tout  néceflaire  dans  des  fonds  légers,  fablonneux,  fiijets  à  le  convertir 
en  poulTière ,  pour  empêcher  la  diiripation  du  labié. 

Les  petits  Saules  donnent  l’Ofier  à  écorce  blanche ,  jaune ,  rouge  & 
verte:  celui  qui  a  l’écorce  blanche  ell  le  meilleur,  le  plus  long,  fans  re¬ 
mettons  latéraux,  très  fouple,  &  très  pliant,  lànsêtre  fojet  à  le  rompre: 
il  efl  très  bon  pour  lier  des  fagots  &  pour  attaclier  de  greffes  branches  ; 
mais  il  ne  vaut  rien  du  tout  pour  de  petites  branches  tendres ,  fur-tout 
pour  celles  de  Pêcher  ou  d’ Abricotier,  parce  qu’il  entame,  fait  gommer 
&  mourir  les  branches  ;  il  meurt  lui-même  au  bout  de  l’an.  Après  l’O- 
lier  blanc,  le  plus  long,  le  plus  fort  &  le  plus  gros,  c’eft  le  jaune.  Le 
rouge  ou  bien  l’orange  a  phifieurs.  petits  rejettons  latéraux ,  qui  meu¬ 
rent  tous  les  ans;  c’efl-pourquoi  il  ell  le  meilleur  pour  attacher  de  tendres 
&  de  petites  branches  déliées.  . 

Qiioique  le  bois  de  Saules  foit  de  très  peu  de  valeur,  on  ne  laiffe  pas 
que  de  les  planter  à  bon  profit  dans  des  fonds  bas,  parce  qu’ils  croif- 

fent 


215 


DE  LA  campagne. 

{bnt  vite,  &  qu’ils  font  d’un  fort  grand  ufage  à  caufe  de  leur  foupleife; 
fèrvant  beaucoup  aux  Charrons,  &  à  ceux  qui  conftruilènt  des  Moulins, 
&c.  Ce  bois  eft  bon  encore  pour  faire  des  cercles,  pour  ramer  des  poids,.- 
faire  des  paniers,  &C.;  mais  il  ne  vaut  rien  pour  brûler,  car  il  donne 
peu  de  chaletu:  &  beaucoup  de  cendres  qui  voltigent  par-tout. 

CHAPITRE  III. 

Les  Arhrîffeaux  qui  fleurijjent. 

LEs  fleurs  des  ArbrilTeaux  qui  fleurilTent ,  viennent  à  de  tendres  re- 
jettons,  deforte  que  quand  on  les  tond  coure  &  uniment  ils  n’en: 
produifent  que  peu  ou  point;  c’eft-pourquoi  on  ne  les  place  pas  dans  les 
jardins  à  fleurs,  mais  dans  de  beaux  plantages,  où  ils  conviennent 
beaucoup  mieux.  Je  traiterai  de  quelques-uns  de  cette  elpèce,  qui  ré- 
flftent  au  froid  de  nos  hivers. 

La  Guimauve  eft  im  ArbrifTeau  qui  prend  de  femence  &  de  bouture:  il 
pouffe,  quand  on  le  cultive  bien ,  de  fort  jolies  petites  branches  étendues 
en  rond ,  à  la  hauteur  de  trois  ou  quatre  pieds  :  l’écorce  eft  de  couleur 
de  cendre:  les  feuilles  font  dentelées,  &  finiffent  en  pointe  un  peu  lar¬ 
ge.  Les  fleurs  font  blanches,  ayant  au  centre  une  belle  tache  rouge 
ronde  :  il  y  en  a  aufli  qui  ont  des  fleurs  d’une  feule  couleur  violette.  La 
Guimauve  commence  à  bourgeonner  en  même  tems  que  les  arbres  les 
plus  tardifs ,  &  fes  fleurs  paroiffent  comme  des  cloches  au  commence- 
4nent  du  mois  d’Aout ,  elles  font  fui  vies  aulTrtôt  qu’elles  tombent  par 
d’autres,  &  cela  confécutivement  jufqu’en  Odobre. 

La  Coluthée  ou  le  Bagnaudier  eft  un  Arbriffeau,  qu’on  fait  prendre 
de  femence ,  ou  bien  de  tendres  Sauvageons  de  Souche  :  il  poufle  des 
rameaux  plus  longs  que  la  Guimauve  ;  deforte  qu’on  n’en  fauroit  faire 
un  aufll  joli  petit  arbre;  il  vient  des  fleurs  jaunes  à  lès  tendres  petites 
branches. 

Le  Chèvî'e-feuille  ^  appelle  en  Autriche  Rofe  de  Jtrîco  ^  eft  un  Arbrif 
fèau  qui  s’attache  en  rampant,  il  y  en  a  de  diverfes  elpèces ,  lavoir  a  fleurs 
Jaunes,  rouges,  bigarrées:  les  rouges  ne  réOftent  point  au  froid  de  nos 
hivers:  ceux  qui  font  d’un  rouge  plus  clair,  &  dont  les  feuilles  font 
prefque  blanches  &  rouges ,  de  même  que  les  bigarrés ,  ont  les  fleurs  les  plus 

D  d  5  bel- 


LES  AGREMENS 


214. 

belles  5  les  plus  durables  &  les  plus  agréables  tant  k  la  vue  qii'’à  l’odo¬ 
rat.  On  les  fait  prendre  de  leurs  jeunes  branches  qui  ne  fleurilTent  point, 
en  les  mettant  en  terre. 

Le  Millepertuis  n’étoit  pas  connu  des  Anciens ,  &  n’a  été  connu 
dans  ce  Pais  que  depuis  peu  d’années  qu’on  l’a  aporté  des  lies  Canaries. 
11  croît  ordinairement  à  la  hauteur  de  trois  pieds ,  ayant  un  petit  tronc 
d’un  bois  fort  dur ,  &  de  petites  branches  garnies  de  petites  feuilles,  qui 
donnent  continuellement  de  fort  jolies  fleurs  à  cinq  feuilles  chacune  ;  cel¬ 
les-ci  ne  tiennent  pas  k  une  queue,  mais  elles  font  contiguës  aux  bran¬ 
ches  ,dejfbrte  qu’il  faut  les  couper  avec  la  branche  même.  On  peut  parla 
tonfure  donner  k  cet  Arbrifleau  une  très  belle  figure  :  il  prend  de  Sauva¬ 
geons  de  Souche;  il  refifte  k  un  froid  modéré,  mais  non  pas  k  une  forte  gelée. 

Le  Jasmin,  Il  y  en  a  de  différentes  e4)èces;  mais  les  fiiivantes  réfîfi 
tent  k  notre  air  froid  k  découvert.  Le  Tetit  bleu^  ou  le  Jasmin  de  Fer^ 
fe^  eft  un  petit  Arbriffeau ,  qui  par  conféquent  borne  peu  la  vue  dans 
un  Jardin  k  fleurs:  fa  fleur  tire  fiir  le  violet,  mais  le  bouquet  eft  plus  petit 
que  celui  du  Syringa  :  les  feuilles  font  petites,  pointues  fur  le  devant  ;  il 
prend  de  Sauvageons  de  Souche.  Le  Jasmin  blanc  Jauvage  a  les  fleurs 
6c  les  feuilles  k  peu  près  femblables  k  celles  du  Jasmin  de  Catalogne  :  il 
ne  réfifte  point  k  un  froid  fort  rude;  car  il  arrive  fouvent  alors  que  fes 
feuilles  &  fes  racines  meurent:  mais  quand  le  froid  eft  modéré,  &  qu’il 
eft  planté  dans  une  expofîtion  au  Midi  ou  au  Sud- eft,  il  refte  quelque¬ 
fois  en  vie  pendant  plufîeurs  années,  même  fans  être  couvert;  &  il  ré¬ 
fifte  k  un  froid  aflez  rude ,  quand  on  le  couvre  avec  une  natte  de  rofèau 
ou  autre,  &  qu’on  a  bien  foin  de  fes  racines,  quoiqu’il  quitte  fes  feuil¬ 
les  tous  les  ans  :  il  prend  de  Bouture ,  mais  plus  encore  de  Sauvageons 
de  Souche:  on  grefe  en  approche  fur  ces  petits  Sauvageons,  le  Jasmin 
blanc  de  Catalogne.  Cet  Arbrifleau  eft  en  Angleterre ,  ae  même  que  1’^- 
laterne  <Sc  hFhyllirea  ou  Fikiria^h,  couverture  ordinaire  des  murailles, 
-  comme  chez  nous  le  Lierre.  Le  Heuning-bloem^  nommé  mal  k  propos 
Jasmin  blanc  Sauvage,^  &  cependant  connu  chez  nous  fous  ce  nom,  eft 
appellé  par  plufîeurs  Syringa  bldnç  y  ou  Syringa  d'' Italie  y  &  en  Hollan- 
dois  Fluit en-boom',  fon  bois  eft  k  jointures,  &  plein  de  tuyaux,  de  cou¬ 
leur  rouflatre  5  6c  rempli  par  dedans  d’une  moelle  blanche ,  Ipongieufè , 
molle:  les  feuilles  font  dentelées ,  de  coilleur  rouflatre,  d’un  verd  pâle , 
6c  point  unies:  les  fleurs  viennent  kdesfommités  tendres,  6c  ont  quatre 
ou  cinq  feuilles  rondes,  larges  6c  pointues. 

L’ Arbrifleau  nommé  en  Holiandois  Dubbelde  Bloem-ker  s  y  eft  petit, 

6c 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  2ij 

&  a  une  fleur  d’une  odeur  fort  agréable,  en  guife  d’une  petite  rofe. 

Le  Vogel-kers  a  une  grande  fleur  en  guife  de  bouquet,  prefque  com¬ 
me  celle  du  Chat eigner  fauv âge  \  il  prend  de  Sauvageons  de  Souche. 

Le  Laurier-Cerïjè  à  feuilles  vertes  Infantes  eft  connu  en  Latin  fous  le 
nom  de  Laurus-Cerafus.  11  y  en  a  de  deux  fortes ,  qu’on  dillingue  en 
grand  &  petit  Laurier \  il  a  une  feuille  luifante  fort  belle;  mais  il  fleurit 
rarement  chez  nous,  à  moins  que  l’été  ne  foit  extrêmement  cliaud;  les 
fleurs  font  blanches  :  il  rélifte  au  froid  de  nos  hivers  :  il  prend  de  Sauva¬ 
geons  de  Souche. 

Le  Troefne^  en  Latin  Ligujlrum^  a  une  fleur  blanche  en  giiilè  de  bou¬ 
quet,  femblable  à  celle  du  Syringa  blane\d^hvtQ  qu’on  pourroit  le  pren- 
de  pour  une  efpèce  blanche  plus  petite  ;  comme  on  pourrok  prendre 
le  "Jasmin  de  Perfe  pour  l’efpécê  du  petit  bleu.  11  rélIfte  à  un  froid 
fort  rude  :  il  prend  de  Sauvageons  de  Souche.  Le  bois  a  des  rameaux 
fort  minces  &  des  feuilles  étroites  &  pointues;  deforte  qu’il  efl:  fortpro- 
pre  pour' faire  des  Haies  tondues  baffes;  aiilfi  l’emploie-t-on  beaucoup 
à  cela  ;  mais  alors  il  ne  faut  pas  s’attendre  à  le  voir  beaucoup  fleurir. 

L’Arbrilfeau  que  nous  nommons  Naenties-Amandel croît  environ  à  la 
hauteur  de  quatre  pieds.  11  y  en  a  deux  efpèces ,  l’une  ayant  des  fleurs 
Amples  &  l’autre  des  doubles,  les  unes  &  les  autres  fort  belles,  d’un  rou¬ 
ge  clair.  Il  prend  de  Sauvageons  de  Souche  &  de  Marcottes;  mais  il 
ne  croît  pas  dans  des  terres  de  tuf  ou  de  bitume. 

Le  Poivrier,  il  y  en  a  deux  elpèces  :  Tune  dont  les  fleurs  font  de 
couleur  de  chair,  qui  viennent  au  commencement  du  Printems,  joig¬ 
nant  le  bois ,  avant  les  feuilles  :  l’autre  dont  les  fleurs  ne  font  pas  fi  bel¬ 
les,  elles  font  vertes  &  recoquillées  :  on  ne  peut  guère  les  faire  croître  l’u¬ 
ne  &  l’autre  à  plus  de  deux  pieds  de  hauteur,  fàvoir  en  plein  vent  &  a- 
vec  une  petite  couronne  ;  ils  prennent  de  Sauvageons  de  Souche. 

Les  Rofiers  font  des  Arbriffeaux ligneux,  lefquels  croiffent  félon  leurs 
efpèces ,  à  plus  ou  moins  de  hauteur ,  en  plein  vent.  Je  mets  aiilfi 
dans  la  même  claffe  V Eglantier  dont  les  rameaux  font  plus  fins  &font 
de  plus  beaux  petits  arbres  à  couronne  :  les  feuilles  ont  une  odeur  plus  a- 
gréable,  les  fleurs  ont  moins  de  feuilles,  mais  le  bois  en  efl  garni  d’é¬ 
pines  plus  greffes ,  plus  courtes  &  plus  crochues.  En  général  les  Ro- 
liers  ont  des  rameaux  plus  longs  &;plus  étendus  que  les  Eglantiers;  de- 
forte  que  ces  derniers  ne  font  pas  fi  propres  pour  en  faire  de  petits  arbres 
pommés.  11  y  en  a  plufieurs  efpèces  différentes,  comme  des  rofes  bru¬ 
nes,  rouges,  jaunes,  blanches,  doubles  &  Amples  ;  il  en  eft  de  même 
des  Eglantiers.  Ils  prennent  tous  de  Sauvageons  de  Souche  &  de  Mar¬ 
cottes, 


21^  LES  AGREMENS  DE  LA  CAMPAGNE. 

cottes  5  comme  îiufTi  de  petits  morceaux  de  leurs  racines ,  qu’on  met  en 
terre  à  la  profondeur  de  deux  pouces. 

Les  Rolès  les  plus  communes  font  celles  qifon  appelle  chez  nous/Jj^i 
de  Frovins^  dont  il  y  en  a  beaucoup  de  rouges,  de  jaunes  &  de  blanches  : 
on  diftingue  les  rouges  en  grandes  <Sc  petites  doubles  :  nous  donnons  à 
ces  dernières  le  nom  de  Juffer-roosje,  La  plus  grande  Rofe  de  Provins^ 
eft  la  meilleure  pour  être  mife  dans  des  pots,  car  elle  y  devient  plus 
mignone  ;  c’ell  pour  cela  que  la  petite ,  ou  Juffer-roosje ,  ne  donne  pas 
des  fleurs  comme  il  faut  quand  elle  eft  dans  des  caifTes.  • 

La  double  jaune  a  rarement  dans  ce  Païs  des  fleurs  en  plein  air  com¬ 
me  il  faut,  elle  ne  réfîfle  pas  non  plus  à  un  froid  un  peu  rigoureux.  El* 
le  n’aime  point  à  être  mouillée  par  deflus ,  car  alors  les  boutons  périfTent  : 
il  ne  faut  pas  aulTila  rogner  beaucoup  par  le  haut,  &on  ne  doit  la  tailler 
que  peu. 

Celle  que  nous  nommons  Maend-  7'oos  efl  mlfe  par  quelques-uns  dans 
îa  clafle  des  Rofes  de  Provins,  mais  elle  eft  beaucoup  plus  fimple,  & 
la  fleur  dure  très  peu, 

La  Roje  lanugineufe  eft  defàgréable  à  la  vue,  parce  que  fa  feuille 
lanugineufe  refTemble  beaucoup  aux  poux  verds. 

La  Rofe  niufquée:  la  double  ne  rélifte  point  au  froid  de  nos  hivers. 

'L'Eglantier  fimpk:  fes  boutons  font  fort  gros,  rouges,  excellens  en 
confitures  &  en  ragoût. 

La  Rofe-Canelle  eft  petite  &  a  de  petites  feuilles,  mais  en  grande 
quantité:  ce  Rolier  eft  de  la  grandeur  de  l’Eglantier. 

11  y  a  des  Rolès  qu’on  nomme  Rofes  de  Camelot  de  Terre  y  de  Mor- 
Icon  y  brunes  &  pâles. 

Le  Rojier  de  Quel  dre  ne  peut  pas  être  mis  au  nombre  des  Rolès,  le 
bois  ayant  une  écorce  grifâtre  fans  épines,  faifant  un  joli  petit  arbre 
pommé,  quia  de  petites  branches, '&  qui  vient  à  la  hauteur  de  qua¬ 
tre  ou  cinq  pieds  :  les  feuilles  font  fort  rondes  &  fort  dentelées  ;  la 
fteur  relTemble  à  celle  du  Sureau,  &  forme  comme  une  boule  ramaffée; 
deforte  que  cet  ArbrilTeau  ne  reflemble  point  au  Rolier,  ni  du  côté  du 
bois,  ni  de  la  feuille,  ni  de  la  fleur. 

Le  Seringa,  il  y  en  a  des  bleus  &  des  blancs.  Il  croît  en  Arbrif 
fèau,  avec  des  rameaux  fort  minces,  qui  s’étendent  loin ,  à  une  gran¬ 
de  diftance  les  uns  des  autres,  il  parvient  quelquefois  à  la  hauteur  de 
plus  de  douze  pieds;  fes  feuilles  font  palfablement  grandes  &  larges j 
étroites  en  haut,  &  finiflant  en  pointe:  les  fleurs  viennent  par  bqu- 
quets  à  des  queues,  avec  un  pédicule  par  delTous:  il  prend  de  Marcottes. 

Fin  de  la  Frémière  Partie, 


LES 


LES 

A  G  R  E  M  E  N  S 

DELA 

CAMPAGNE, 

OU 

REMARQUES  PARTICULIERES 

Sur  la  manière  de  cultiver  6P  de  prématurer  les  Plantes»  Avec 
une  dejcription  exacte  de  la  manière  de  cultiver  aes  herbes  po¬ 
tagères  &  des  L/égumes,  De  même  que  pour  avoir  infatlli’- 
blement  en  abondance  tous  les  ans  des  fruits  <i’AN  A  nas 
^  autres^  comme  Citrons,  Limons,  Oranges, 
des  Raisins,  par  le  moyen  de  Serres  artificiellement  ré^ 
chaufées  :  avec  un  avis  fur  la  fabrique  ^  des  Thermomètres 
néceffaires  pour  cela, 

SECONDE  PARTIE. 


'Avertijjement  touchant  la  manière  de  cultiver  les  Plantes  hors  des  Saifons 
ordinaires^  £5?  touchant  quelques  Plantes  étrangères de  même  que 
touchant  les  herbes  du  Parterre^  £«?  les  ArbriJJeaux  du  Potager. 

L  en  eft  des  Plantes  tout  comme  du  corps  humain ,  lequel 
félon  qu^il  y  eft  accoutumé ,  peut  réfifter  à  plus  ou  moins 
de  froid ,  ce  qui  fait  aufli  qu’on  trouve  au  Midi  de  la  Lig¬ 
ne,  dans  le  même  point  que  chez  nous  au  Nord,  des 
gens,  qui  vont  tout  nuds ,  &  qui  ne  font  pas  fi  fenfibles 
au  froid..  Il  y  a  aulli  plufieurs  Plantes  ,  qui  étant  fort  tendres  dans 
Partie  IL  E  e  ce 


2i8  les  a  g  R  E  MENS 

ce  Pais ,  font:  fuiettps  à  mouric  par  le  moindre  froid  ^  gu’on  peut  cepen¬ 
dant  accoutumer  infenfiblement  déplus  en  plus  à  ce  Climat;  ce  que  prou¬ 
vent  bien  évidemment ,  les  Citronniers ,  les  Limoniers  ,  les  Orangers, 
venus  des  Climats  plus  chauds  j  où  il  ne  gele  iamais  ;  puifque  dans  plu- 
iîeurs  endroits  5  en  pleine  terre ,  dans  un  air  libre  Redécouvert,  ilscroH^ 
fent  vigoureufement  fans  aucun  empêchement,  &  y  produifent  des  fruits; 
&  même  dans  des  endroits  où  l’hiver  convertit  l’eau  en  glace.  Il  vaut 
infiniment  mieux  dans  ce  Païs  ne  pas  trop  couvrir  les  plantes  venues  des 
Climats  plus  chauds  ;  mais  les  accoutumer  plutôt  à  un  plus  grand  froid  ; 
quoiqu’il  me  paroifle.  impraticable  de  les  faire  tellement  changer  de  na> 
ture,  qu’elles  puilTent  réfifter  à  la  gelée  rigoureufe  &  aux  vents  de  bize 
qu’il  fait  dans  ce  Païs  ;  deforte  qu’il  faut  tâcher  par  des  moyens  artifi¬ 
ciels,  fervans  à  les  aider  dans  leur  pouffe  &  à  meurir  leurs  fruits,  non 
feulement  d’avancer  les  Saifons ,  de  les  défendre  contre  la  gelée  &  les 
vents  de  bize,  mais  auffi  d’augmenter  tellement  la  chaleur,  qu’elle  foib 
dans  chaque  faifon  au  même  point ,  que  ces  plantes  font  accoutumées 
d’avoir  dans  leur -propre  Climat  pour  y  pouvoir  croître,  &  faire  meurir 
leurs  fruits. 

11  eft  bon  de  favoir,  avant  que  dé  paffer  à  ce  Traité,  que  je  diftingue 
le  plus  ou  moins  de  chaud  de  l’ardeur  même  ;  comme  auffi  le  plus  ou 
moins  de  froid,  de  la  gelée.  J’appelle  ardeur  lorfque  les  parties  ignées 
font  tellement  abondantes  &  vives,  que  les  corps  qui  en  font  aueétés 
fe  brûlent  ;  chaleur ,  quand  ces  parties  ignées  ne  font  pas  en  fi  grande 
quantité  ni  affez  ardentes  pour  faire  brûler,  maisfuffifàmment  cependant 
pour  féparer  davantage  les  vapeurs,  &  pour  les  entretenir  dans  un  tel 
mélange ,  que  la  poune  &  la  maturité  des  fruits  fe  faffent  par  le  moyen 
de  ces  parties  mêlées.  J’appelle /roiJ,  quand  les  parties  ignées  font  en 
fi  petite  quantité  ou  font  fi  peu  ardentes ,  que  les  vapeurs  dont  elles  fe 
trouvent  mêlées,  font  plus  étroitement  jointes  enfemble,  ce  qui  rend  le 
froid  plus  ou  moins  grand ,  Rc  approchant  de  celui  qui  produit  la  glace. 
Je  nomme  quand  ces  parties  ignées  font  encore  en  moindre  quan¬ 
tité  ,  &  moins  ardentes ,  de  manière  que  les  vapeurs  raffemblées  en  eau  , 
fb  condenfent  ou  deviennent  glace. 

C’eft  de  plus  une  chofè  remarquable,  Rc  la  règle  félon  laquelle  les  Sai¬ 
fons  &  tout  ce  qui  regarde  l’art  de  les  avancer  doit  être  fait,  favoir  que 
les  rayons^  folaires  caulent  la  plus  grande  chaleur ,  par  réfléxion  :  com¬ 
me  aulli  lorfqu’on  les  tient  raflemblés  pêle-mêle.  Ainfi  l’on  voit  que 
de  grands  miroirs  bien  polis ,  Rc  des  miroirs  de  bois  dorés  concaves , 

bru- 


DE  LA  campagne.  219 

brûlent  tèrriblement,  ians  qu’ils  s’échàufent  eux -mêmes  le  moins  du 
monde,  ou  qu’ils  en  fbient  endommagés;  que  l’air  refte  fouvenc 
chargé  de  glace,  &  les  Montagnes  couvertes  de  neige  pendant  l’Eté, 
quoique  les  rayons  folaires  caufent  dans  ce  même  Fais  une  chaleur  ex- 
ceflive;  que  l’air  à  la  hauteur  de  7^  degrés  iniques  dans  les  80,  quoique 
le  Soleil  y  luifè  continuellement  pendant  l’Eté,  n’eft  pas  cependant  ü 
chaud  chez  nous  k  cinq  degrés  près ,  que  dans  le  Printems  &  l’Aii- 
tonne  :  au -lieu  que  dans  les  endroits  où  le  Soleil  n’éclaire  la  Terre, 
que  douze -heures  les  vingt  -  quatre ,  &où  a  midi  il  eft  perpendiculaire , 
il  y  fait  fouvent  une  chaleur  excelTive ,  parce  que  les  rayons  folaires  qui 
fénéchilTent  vers  le  haut ,  font  repouflés  chaque  fois  par  ceux  qui  ten¬ 
dent  vers  le  bas,  &  y  reftent  confondus. 

Comme  dans  ce  Fais  pendant  l’hiver  &  au  commencement  du  Prin- 
■tems,  le  Soleil  eft  fort  bas ,  qu’il  ne  décrit  qu’un  très  petit  cercle,  & 
n’éclaire  la  Terre  que  par  des  rayons  obliques  ;  ces  rayons  par  cela  mê¬ 
me  ne  peuvent  y  produire  aulTi  que  très  peu  d’effet,  ce  qui  fait  fouvent 
que  les  vapeurs  &  les  exhalaifons  reftent  raffemblées  &  comme  fufpen- 
nues  autour  de  nous ,  &  caufent  un  air  fort  bas  chargé  de  nuages ,  de 
brouillard  ou  de  glace  :  encore  moins  eft-il  poffible  que  ces  rayons  obli¬ 
ques  mettent  tellement  en  mouvement  les  fucs  de  la  terre ,  qu’ils  les  faf 
4ènt  fèrvir  à  l’agrandifTement  des  plantes  ;  pas  même  quand  le  Soleil  lui- 
roit  alors  beaucoup  tous  les  jours,  parce  qu’on  eft  fort  fujet  à  tout  mo¬ 
ment,  à  des  vents  fort  rudes  de  Nord-eft,  d’Efl  ou  de  Sud-efl,qui  con- 
denfènt  encore  davantage  ces  vapeurs  &  ces  exhalaifons.  C’efl  -  pour¬ 
quoi  il  faut  tâcher  avant  tout  de  défendre  les  corps  &  les  terres,  qu’on 
veut  rechaufer ,  de  tout  ce  qui  peut  nuire  à  la  force  des  rayons  ;  il  faut 
faire  aiilTi  enforte  que  ces  corps  &  ces  terres  foient  éclairés  par  ces  ra¬ 
yons  en  angles  droits. 

On  ne  fauroit  mieux  rompre  les  vènts  que  par  des  arbres  de  haute 
futaie,  qui  foient  fort  garnis  de  branches,  &  uniment  tondus,  lesquels 
on  peut  planter  au  Nord,  à  l’Efl  &  à  l’Oueft,  fans  qu’ils  y  gênent  le 
moins  du  monde  les  rayons  folaires.  Lorsque  ces  grands  arbres ,  ou 
brife- vents  uniment  tondus  fe  plieront  par  la  force  des  vents ,  ils  laiffe- 
ront  aufli  couler  les  vents  le  long  de  leurs  cimes ,  lesquels  vents  après 
cela  tomberont  feulement  à  une  grande  diflance  delà  :  il  en  efl  tout  au¬ 
trement  aux  environs  des  Bàtimens  peu  exhauffés ,  murailles  ou  Cloi- 
fons,  car  les  vents  dans  ces  endroits  s’étant  gliffés  par  derrière  jufqu’au 
haut ,  &  tombant  près  delà  de  l’autre  côté ,  -y  caùferont  des  tourbillons 

Ee  2  fort 


220 


LES  AGREMENS 


fort  ruineux,  ce  que  font  pareillement  par  réfléxion  les  vents  de  devant.’ 
Ces  brife- vents  bien  joints  font  encore  très  bons  pour  conferver  les  ra¬ 
yons  folaires ,  lesquels  s’y  mêleront  &  y  refteront  en  grande  quantité 
comme  fufpendus,  ce  qu’on  ne  fauroit  fe  procurer  par  le  moyen  des 
murailles  ou  des  cloifons,  étant  trop  baffes  pour  cela. 

Outre  ces  brifes- vents ,  confiftant  en  de  fort  hautes  Haies  tondues  au 
Nord-eff  &  à  l’OueftjOn  plante  aulTi  dans  de  plus  petites  partitions,  des 
Haies  tondues  moins  hautes ,  pour  retenir  encore  d’autant  mieux  les  ra¬ 
yons  folaires  dans  ces  moindres  partitions  :  on  aura  par  le  moyen  de  ces 
fortes  de  brife- vents ,  une  chaleur  plus  grande  &  plus  féconde ,  fur-tout 
pendant  l’Hiver  ou  au  commencement  du  Printems ,  que  là  où  le  Soleil 
luit  plus  longtemsfans  être  ainfi  renfermé:  mais  il  faut  fonger  avant  qu’on 
plante ,  &  lur-tout  quand  on  conftruit  des  Edifices ,  des  murailles  ou 
des  Cloifons,  que  pendant  l’Hiver  &  dans  l’Autonne,  leur  ombre  s’é¬ 
tende  fort  loin ,  &  qu’ils  interceptent  par  conféquent  confidérablement 
le  Soleil,  comme  on  peut  le  voir  ci-après,  où  la  déclinaifon  du  Soleil, 
fa  hauteur  au-deffus  de  l’Horizon,  &  par  conféquent  fon  ombre  eft  cal¬ 
culée  à  un  pied  de  hauteur  perpendiculairement;  à  la  hauteur  du  Pôle 
de  51 ,  5:2 ,  ph  53  ^  54-  divifés  par  pouces,  &  ceux-ci  chacun 

en  cent  parties. 

Le  2 1  de  Décembre  la  déclinaifon  du  Soleil  eft  de  23  degrés  30  minutes. 

Le  2 1  de  Janvier  .  -  -  .  ipdegr.  min. 

Le  21  de  Février  -  -  .  -  -  -  lodegr.  26  min. 

Hauteur  du  Pôle.  ,i 


Le  21  de  Décembre 

54degrés. 

à  12  heures,  hau¬ 

51  degrés. 

52. 

52-1 

53-  & 

teur  du  Soleil. 

15  degr.  30 

14.30. 

14. 

13- 30- 

12. 30. 

Ombre. 

à  1 1  &  à  I  heures , 

43-  «5 

46.  x.'ô 

48.  Ih 

49-  îf; 

54-117 

hauteur  du  Soleil. 

14. 11.&20  fécond. 

13.  12.  10. 

12.43.50. 

12. 15. 

II.  15. 

Ombre. 

à  10  &  à  2  heures. 

47"  To5 

CT  ‘i- 
J  100 

53-  îh 

55-  Hz 

60.33. 

hauteur  du  Soleil. 

10.  12. 

9.  18.20. 

8.51.30. 

8.  24.40. 

7-3i-3<^ 

Ombre. 

Le  21  de  Janvier 
à  12  heures,  hau¬ 

<56.  IÎ5 

73-  rU 

77- 

81.  Hz 

90.  xtz 

teur  du  Soleil. 

Ip.  15' 

18. 15. 

17* 45- 

17. 15- 

16.  IT. 

Ombre. 

à  1 1  &  à  I  heures , 

34-  ils 

3^5,  Ifs 

37-  tîo 

38.  îs: 

hauteur  du  Soleil. 

18.  20. 

17.  1.30. 

16. 32. 

id.  2.20. 

15.  a. 10. 

Ombre. 

3<5.  Ils 

39-  îb 

40-  Hz 

41-  Hz 

44-  Hz 

à  iQ. 

(■ 


DE  LA  CAMPAGNE 


221 


à  10  &  à  2  heures , 
hauteur  du  Soleil. 

Ombre. 

à  9  &  à  3  heures, 
hauteur  au  Soleil. 

Ombre. 

Le  21  de  Février  à 
midi,  hauteur  du 
Soleil. 

Ombre. 

à  II  &  à  I  heures, 
hauteur  du  Soleil. 

Ombre. 

à  lo  &  à  2  heures , 
hauteur  du  Soleil. 

Ombre. 

à  9  &  à  3  heures , 
hauteur  du  Soleil. 

Ombre. 


14.  II.  10. 
47-  rh 

7*  37-  30* 

89»  15* 


28.  34- 

22.  ils 

27.  28. 

23.  îlô 

24.  2.  40. 
0.6  î?- 


18.  7.  40. 
36.  fis 


13. 15.50. 
50.  îéï 

12.49.40. 
'52.  xîz 

12.  22. 10. 
54*  Ifs 

6.52.  10. 
99.  Isô 

6.  29.50. 
105.  H; 

5.  7. 10. 

III 

27- 34- 
22.  fis 

27.  4. 

23*  l.-s 

N 

25.34.  1 

23. ff S  1 

26. 28. 20. 
24.  îô# 

25.58.40. 
24-  Î3S 

25.  29.  10. 
25-  Vzz 

23.  6. 40. 
28.  îh 

22.37.50. 
28.  Ils 

22.  22.  30.  1 

29.  rZZ 

1 

17. 18.50.  1 
38.  Ih  1 

1 

15.54. 40- 
39.  i 

9 

1 

15.30.20.  1 
40.  \zz  1 

II.  24.30. 
59-  tI; 

5.  23. 
127. 


25-  34- 
25-  î?: 

24. 30. 10. 


21. 15.40. 
30-  Isô 

15  42. 30. 
42.  îh 


.  Les  Plantations,  les  Edifices,  les  Murailles,  &  les  Cloilbns  doivent 
être  placées  à  une  telle  diftance,  qu’elles  ne  puillent  donner  de  l’ombre  aux 
corps  qui  ont  befoin  d’être  alfeaés  par  le  Soleil  :  &  comme  on  a  démon¬ 
tré  ci-devant  que  les  rayons  obliques,  fur-tout  en  Hiver,  donnent  peu 
ou  point  de  chaleur,  il  faut  tâcher,  autant  qu’il  eft  polTible,  que  ces  ra¬ 
yons  alFedent  les  corps  par  des  angles  approchans  des  droits,  ce  qui  eft 
iiir-tout  néceflaire  à  l’égard  des  vitres ,  parce  que  ces  rayons  pénètrent 
alors  beaucoup  mieux  au  travers  de  leurs  pores;  au-lieu  qu’autrement 
ils  réfléchiflent  fans  produire  aucun  effet.  11  faut,  pour  la  même  raifon, 
que  la  terre  foit  placée  en  talus  du  côté  du  Soleil  ;  &  comme  les  corps 
noirs,  fpongieux,  légers  ,  laiffent  un  plus  libre  paffage  aux  rayons  fo- 
laires,  qu’aucun  autre ,  il  faut  que  la  terre  foit  bien  fumée,  légère  & 
noirâtre;  mais  il  faut  que  les  fonds  qui  font  devant  les  Serres ,  les  Caif- 
fes  vitrées,  les  Murailles,  les  Cloifons,  foient  bas,  durs,  unis,  ahnque 
les  rayons  folaires  en  réflécliiffent  delà  vers  les  Serres ,  &  qu’ils  y  aug¬ 
mentent  la  chaleur  :  il  faut  bien  prendre  garde  auffi  qu’au  devant  des 
Orangeries, des  Serres  &  des  Caiffes  vitrées, un  grand  air  fort  fpacieux 
rend  pendant  l’Hiver  la  gelée  plus  rude ,  &  cela  d’autant  plus  .que  dans 
cette  Sailbn ,  il  fait  fouvent  pendant  plufieurs  jours  de  fuite  un  air  char¬ 
gé  &  fombre  fans  Soleil. 

Qiiand  on  garnit  des  deux  côtés  les  Orangeries,  les  Serres  &  les  Caif 
fes  vitrées,  de  brilè- vents,  lesquels  renvoient  les  rayons  folaires  vers  ces 
Orangeries,  &c.  ils  n’augmentent  pas  feulement  auprès  des  Orange- 

E  e  3  ries , 


,ries5  Scc.  la  chaleur ,  mais  ils  rompent  aufll  continuellement  le  vent,  cè 
qui  eft  caufe  que  les  rayons  folaires  raflemblé’s  fe  perdent  d’autant  moins. 
11  ne  faut  pas,  au  refie,  que  ces  brife-vents  des  côtés,  placés  aux  envi¬ 
rons  des  CaifTes  pour  prématurer  les  fruits  pendant  THiver  ,  foient  à  u- 
ne  trop  grande  diflance  les  uns  des  autres ,  afin  qu’ils  empêchent  d’au¬ 
tant  mieux  l’entrée  aux  vents  :  car  de  tels  brife-vents  placés  près  les  uns 
des  autres,  &réfléchifrant  ainü  les  rayons  obliquement,  ne  rompent  pas 
le  Soleil,  parce  qu’ils  font  fort  bas  &  d’une  petite  étendue.  On  place 
auffi  par  la  même  raifbn  des  brife-vents  par  derrière,  &  l’on  en  place  au 
deffus  des  Serres  &  des  CaifTes  vitrées  obliquement ,  d’oîrles  rayons  fo¬ 
laires  réfléchifTent  vers  le  bas  fur  les  vitres.  Ces  derniers  ne  doivent 
pas  pencher  trop  en  avant,  afin  qu’à  la  mi  Février  ou  au  mois  de  Mars, 
quand  le  Soleil  s’élève  plus  haut,  ils  n’interceptent  point  de  rayons;  à 
moins  qu’on  ne  fafTe  faire  ces  Cloifons  de  manière  qu’on  puifTe  les  racour- 
cir  &  les  rendre  plus  hautes.  11  faut  que  tous  ces  brife-vents  foient  faits 
d’un  bois  dur,  compade,  peint  en  dedans  en  blanc ,  afin  qu’il  réfléchit- 
fe  de  ce  côté-lk  d’autant  mieux  les  rayons  folaires  ;  au-lieu  que  ce  qui  doit 
abforber  la  chaleur  doit  être  peint  en  noir  ou  bien  en  brun  foncé  ;  car 
j’ai  remarqué  à  des  efpaliers,  que  les  rayons  réfléchis  d’une  couleur  Man¬ 
che  nuifoient  fouvent  beaucoup  aux  fruits, fur-tout  aux  Raifins  charnus. 

Il  n’efl  pas  bon  de  couvrir  les  Cloifons  de  planches ,  parce  que  ce  ne 
font  pas  feulement  des  nids  à  Araignées, à  Chenilles,  à  Perce-oreilles  & 
autres  infèdes,  mais  auffi  parce  qu’elles  détournent  la  rofèe  &  l’eau  de 
pluie,  de  manière  que  lès  plantes  n’en  font  pas  fi  bienarrofèes  par  devant, 
outre  que  ces  planches  arrêtent  aufll  les  vents  furieux  du  Midi,  ou  du 
Sud-ouefl,  qui  vont  par  devant  en  montant,  &  les  font  enfuite  def- 
cendre  de  nouveau,  en  froiflant  &  rompant  les  tendres  rejettons,  &en 
les  pliant  à  contre-fèns;  ce  qui  nuit  infiniment  davantage  que  des  tor- 
rens  de  pluie  ou  des  bourasques  de  grele ,  lefquels  font  plus  rares,  &  par 
.  cela  même  moins  ruineux. 

Celui  qui  voudra  augmenter  aux  environs  des  arbres  fruitiers ,  la  cha¬ 
leur  de  l’Eté  par  une  certaine  conflrudion  de  Murailles  ou  de  Cloifons,  ne 
fe  trompera  pas  moins, que  celui  qui  fait  conftruire  d’autres  Orangeries, 
Serres,  CaifTes  vitrées,  autrement  qu’en  droite  ligne:  car  celles  qui  font  en 
droite  ligne  font  les  feules  bonnes, &  reçoivent  en  Eté  unechdèur  fuffi* 
fante;  les  murailles  creufes  ,  celles  à  retranchemens ,  les  zig-xacs  &  les 
Cloifons  penchées  en  avant, peintes  en  blanc,  brûlent:  car  les  Murailles 
font  ordinairement  trop  chaudes  à  caufe  de  la  réflexion  des  rayons  folai- 


pes';  defbrte  que  j’ai  trouvé  infiniment  meilleures  les  Cloifons  étroite¬ 
ment  jointes  ;  mais  il  ne  faut  pas  les  garnir  de  lates ,  parce  qu’autrement 
les  vents  qui  y  paflent  entre-deux  cliaflent  la  chaleur  du  Soleil  ;  &  afin 
de  prévenir  encore  d’autant  mieux,  le  long  des  Cloifons,  cet  vents,  on 
pofe  à  la  diftance  de  24.  ou  de  30  pieds  un  petit  brife-vent ,  qui  confifte 
uniquement  dans  une  feule  planche  placée  en  longueur ,  clouée  k  la  Cloi- 
fon  en  angle  droit.  Les  Murailles  doivent  être  garnies  de  lates,  parce 
que  les  petits  doux,  dont  on  a  befoin  pour  lier,  n’y  tiennent  pas  aflez, 
&  parce  qu’en  les  arrachant  on  emporte  une  partie  de  la  diaux,  d’où  ilfe 
forme  des  creux  où  le  nichent  les  inlèétes  :  du  relie  ,  il  ne  faut  y  em¬ 
ployer  que  des  lates  d’un  demi-pouce  d’épailTeur,  fur  lefquelles  on  doue 
des  lates  tout-à-fait  pareilles  en  longueur  à  la  dillance  de  cinq  pouces , 
auxquelles  on  peut  attacher  pour  lors  comme  il  faut  les  branches  des  ar¬ 
bres,  lefquelles  Ibufriront  aulîl  beaucoup  moins  alors  parla  réfléxiondes 
rayons  folaires. 

Toutes  ces  précautions  font  très  nécelTaires  pour  augmenter  &  pour 
Gonlèrver  les  rayons  folaires ,  à  l’égard  des  plantes  qu’on  conferve  à  l’a¬ 
bri  de  la  gelée  pendant  l’Hiver ,  dans  des  endroits  fermés ,  comme  O- 
rangeries ,  Serres  artificiellement  chaufées ,  ou  autres  Cailles  vitrées  r 
elles  font  au  contraire  nuilibles  à  l’égard  de  celles  ,  qui  croilTent  en  plein 
air,  car  cela  fait  ralTembler  de  nouveau  par  la  gelée  de  la  nuit  ou  du  ma¬ 
tin,  la  fève  que  le  Soleil  avoit  fait  monter;  &  plus  la  gelée  fuit  de  près 
la  chaleur  du  Soleil ,  plus  aulH  elle  eft  nuilible  :  ainli  l’on  voit  de  tendres 
plantes ,  qui  peuvent  réfiller  à  peine  au  froid  qu’il  fait  chez  nous  pen¬ 
dant  l’Hiver ,  mourir  beaucoup  plus  fouvent  vers  le  Printems  fur  des  cou¬ 
ches  fort  expofées  au  Soleil  au  devant  des  Murailles  ou  des  Cloifons,  que 
celles  qui  pendant  l’Hiver  n’ont  point  du  tout  de  Soleil ,  &  dont  la  fè¬ 
ve  efl  ainfi  montée  :  delà  vient  que  les  Cloifons  au  Sud-ouefl ,  &  les  cou¬ 
ches  qui  font  au  devant  d’elles,  font  infiniment  moins  avantageulès, 
que  celles  qui  font  au  Sud-ell,  parce  que  les  prémières  étant  beaucoup 
plus  affectées  par  le  Soleil,  fe  reffentent  d’abord  de  la  gelée,  &  que  ce¬ 
la  continue  jiilqu’k  ce  qu’elles  pafTent  encore  fubitement  du  froid  ou  de  la 
gelée  k  la  plus  grande  chaleur,  comme  dans  un  endroit  où  le  Soleil  luit 
pendant  douze  heures  ;  au-lieu  que  les  Cloifons  expofées  au  Sud-efl  & 
les  couches  qui  font  au  devant ,  ont  le  Soleil ,  lorfqu’il  a  le  moins  de 
force,  &  lorfqu’on  a  le  plus  de  lieu  de  s’attendre  k  la  gelée,  qui  au  Prin¬ 
tems  ,  pénètre  ordinairement  plus  que  jamais  ;  le  Soleil  les  quittant  de 
nouveau  lorfqu’il  a  le  plus  de  force,  &  que  la  chaleur  du  jour  ell  ordi- 


224  LESAGREMENS 

nairement  au  plus  haut  point:  par  ce  moyen  les  plantes  qui  font  au  de¬ 
vant  &  contre  de  telles  Cloifons  s’accoutument  infenüblement  à  un  plus 
grand  froid  <Sc  à  une  plus  rude  gelée. 

11  faut  avoir  des  endroits  artificiels  pour  conferver  pendant  THiver  les 
tendres  plantes ,  &  plus  encore  pour  les  faire  poufler;  des  endroits  où 
Fori  attire  la  chaleur  du  Soleil  par  le  moyen  de  vitres,  où  on  tâche  delà 
conferver  non  feulement  par  des  couvertures,  mais  auffi  de  l’augmenter 
par  le  moyen  du  feu.  Les  meilleurs  endroits  artificiels  deïlinés  à  cet  u- 
îàge  font  ceux  qui  peuvent  chaufer  en  peu  de  tems  Fair  qui  y  eft  renfer¬ 
me,  &  le  conferver  longtems  dans  cet  état;  c’eft  pour  cela  qu’on  les  fe¬ 
ra  conftruire  de  manière  qu’ils  aient  par  devant  autant  de  vitres,  &par 
dedans  aulFi  peu  d’air  qu’il  efl  poflible  ;  de  telle  manière  cependant  que 
ces  vitres  puifTent  être  comme  il  faut  à  couvert  de  la  gelée;  car  il  ne  faut 
pas  fur-tout  ignorer  que  la  chaleur,  que  l’on  conferve  par  le  foin  qu’on 
prend  de  couvrir  pendant  la  nuit,  eft  beaucoup  plus  féconde  &  meilleu¬ 
re  ,  que  celle  qu’on  pourroit  procurer  par  le  moyen  du  feu. 

Les  Serres  doivent,  félon  l’ufage  qu’on  en  veut  faire,  avoir  une  lon¬ 
gueur,  hauteur  &  profondeur  requifes  ;  étant  une  choie  remarquable  que 
par  le  moyen  du  feu  feulement ,  fans  le  iècours  du  Soleil ,  on  peut  faire 
croître  aulTi  peu,  que  l’on  pourroit  faire  croître  en  Hiver, làns  l’aide  du 
feu ,  des  tendres  plantes.  Pour  fe  fervir  avec  fuccès  de  ces  endroits  artifi¬ 
ciels,  il  eft  de  plus  néceflaire  qu’on  iàche  juiqu’à  quel  degré  de  froid  ou 
de  chaleur  les  plantes  doivent  être  afFeélées:  Ü  faut  auffi  avoir  une  idée  de 
la  chaleur  naturelle  de  Fair  extérieur  félon  les  Saifbns  ;  ïl  faut  encore  ià- 
voir  comment  il  efl  dans  les  Orangeries ,  dans  les  Serres  &  dans  les 
Caiffes  vitrées ,  fans  &  avec  feu  ;  &  ne  pas  ignorer  l’effet  de  cette  cha¬ 
leur.  Enfin  on  doit  connoître  les  moyens  de  remédier  à  ce  qui  y  man¬ 
que,  pour  imiter  auffi  naturellement  qu’il  eft  poffible,  félon  les  Saifons, 
Fair  du  dehors. 

Le  froid  ralentit  le  mouvement ,  &  fait  que  les  vapeurs  fe  raffemblant 
davantage,  fe  condenfent  plus  auffi,  &  fe  convertirent  en  glace  lorf- 
qu’elles  fè  gelent.  La  Chaleur,  au  contraire,  caufe  du  mouvement, 
ce  qui  fépare  &  diffout  les  corps.  De  ces  vérités  infaillibles  il  fuit,  que 
les  corps  mous,  fluides,  font  beaucoup  plus  atténués  &  difperfés,  que 
ks  corps  plus  durs,  plus  folides,  plus  fecs:  de  plus,  que  lorsque  de  tels 
corps  fluides  &  mous  font  agités  fous  la  terre,  leurs  vapeurs  font  contrac¬ 
ter  auffi  à  Fair  des  parties  plus  molles  &  plus  fluides:  pareillement  que 
ces  corps  atténués  &  difperfés ,  fe  laiflent  pouffer  fans  beaucoup  de  ré- 

fiftan- 


DELACAMPAGNE.  22s 

fiftance,  ou  attirer  dans  les  petits  tuyaux  des  plantes ,  où  fe  condenfant , 
pour  peu  qu’ils  fè  raflemblent ,  y  caufent  une  pouffe  fort  vigoureufè. 

11  en  efl  ainfi  particulièrement  à  l’égard  de  la  chaleur  dans  les  Serres 
vitrées 5  où  les  vapeurs  de  la  terre,  ou  des  Pots  &  des  Caiffes  fouvenc 
arrofees ,  liquéfiées  par  l’introduétion  des  rayons  Iblaires  &  nullement 
defféchées ,  relient  comme  fufpendues  autour  des  plantes ,  jufques  à  ce 
que  le  froid  les  ralTemblant  davantage,  les  condenfe.  Mais,  comme 
dans  les  terres  molles  &  humides,  la  poulTe  pendant  les  Etés  pluvieux, 
ell  ordinairement  un  compofé  de  corps  mous  fubitement  formés ,  il  en 
eft  de  même  de  la  poufle  de  ceux,  dont  les  arbres,  les  plantes,  de  mê¬ 
me  que  leurs  fruits ,  font  grands ,  &  ont  des  tuyaux  larges ,  mous ,  gon¬ 
flés  ,  &  pleins  d’eau:  au-lieu  que  la  pouffe  n’ell  pas  fi  forte, ni  fi  fubite, 
lorfque  la  chaleur  met  en  mouvement  des  corps  plus  lècs,  plus  folides; 
mais  les  arbres  &  les  plantes  font  alors  plus  compactes,  plus  îblides  &ont 
des  pores  moins  larges;  les  fruits  en  font  aufli  alors  meilleurs  au  goût, 
à  caufe  que  par  ce  moyen  ils  parviennent  à  une  plus  promte  &  une  plus 
|)arfaite  maturité;  ce  qui  ne  fauroit  jamais  avoir  lieu,  tant  que  la  cha¬ 
leur  promène  autour  des  fruits  de  pareils  corps  mous  &  fluides  ;  car  pour 
la  maturité  des  fruits  il  faut  une  chaleur  qui  agite  des  corps  folides  &  plus 
petits  :  Sc  de  même  qu’un  pot  qui  bout  fans  couverture ,  exhale  à  tout 
moment  des  vapeurs  aqueufes ,  il  faut  que  les  parties  minces  &  aqueufes 
que  les  fruits  contiennent ,  en  foient  expulfées  comme  en  bouillant ,  & 
s’exhalent  enfuite  par  les  ouvertures  qui  font  au  haut  des  Serres. 

.  On  ne  trouvera  pas  feulement  infaillible  ce  qui  vient  d’être  dit  à  l’é¬ 
gard  des  fruits  qui  meuriffent  en  plein  air ,  &  cela  dans  des  années  fort 
pluvieufes  où  le  Soleil  luit  fort  peu  ;  mais  aufii  toujours ,  quand  dans  des 
endroits  renfermés  &  vitrés ,  on  veut  faire  meurir  des  Raiflns  ;  fur-tout 
quand  les  Serres  font  profondes  &  que  la  Viigne,  de  même  que  lès  bran¬ 
ches  ,  eft  loin  des  vitres  ;  car  les  Raifins  y  deviendront  bien  alors  d’une 
groffeur  ordinaire,  mais  ils  ne  meuriront  jamais  parfaitement,  quoiqu’il 
s’en  faudra  de  peu  ;  ce  qui  ell  caufé  par  les  exhalaifons  qui  y  voltigent 
continuellement,  qui  fe  fixent,  étant  comme  condenfécs  autour  des  fruits, 
lefquels  par  ce  moyen  deviennent  dans  le  commencement,  avant  que 
de  meurir ,  coriaces ,  fe  moifilTent  &  fe  pourilTent  dans  la  fuite.  Pour 
prévenir  cela,  il  faut  à  l’égard  de  tout  ce  qu’on  cultive  fous  des  vitres, 
dans  des  Serres  ou  des  CailTes  vitrées ,  avoir  foin  de  donner  beaucoup 
d’air,  &  lur-tout  quand  il  s’agit  de  faire  meurir  des  fruits  qui  ont  la  peau 
mince  &  la  chair  pleine  d’eau;  ceux-ci,  de  même  que  les  Melons  préco- 

Fcirtie  IL  Ff  ces. 


tzô  L  E  s  A  G  R  E  ME  NS 

ces,  doivent  être  airés  continuellement,  pour  laifler  exhaler  les  parties 
ignées,  &  cela  par  derrière,  en  y  employant,  pour  les  couvrir,  plus 
ou  moins  de  couvertures  de  poil ,  félon  que  la  gelée  eft  forte.  Quand 
à  Taide  du  Soleil,  ou  par  quelque  autre  moyen,  les  vapeurs  ne  font  ni  af- 
fez  liquéhées ,  ni  féparées ,  la  meilleure  voie  pour  les  pouffer  en  dehors- 
eft  alors  le  feu  ;  mais  quand  ces  corps  mous  (confiftant  pour  la  plus  grande 
partie  en  vapeurs  &  moins  en  exhalaifons) ,  fe  fixent  deffus&  autour  des 
plantes,  ou  bien  qu’ils  y  voltigent,  comme  il  arrive  fouvent  en  hiver, 
que  le  Soleil  qui  n’a  alors  que  peu  de  force,  ne  fauroit  mettre  affez  en 
-mouvement  l’air  intérieur  au  deffus  du  fond, ou  bien  que  l’air  extérieur 
ell  tellement  gelé,  qu’il  n’y  a  pas  moyen,  à  moins  d’un  dommage  bien  réel^ 
d’ouvrir  ou  de  découvrir  les  Orangeries ,  les  Serres ,  les  Caiffes  vitrées ,  a- 
lors  ces  vapeurs  font  moifir  &  pourrir  les  plantes  :  cela  arrive  prelque  tou^ 
jours  lorfque  par  le  moyen  du  fumier  de  Cheval  on  peut  cultiver  dans  les 
Mois  de  Novembre,  de  Décembre,  &  de  Janvier,,  des  fruits  précoces;, 
&  cela  fur-tout  encore  quand  on  ne  les  lailîe  par  exhaler  par  derrière. 

Il  eft  encore  très  néceffaire,  que  l’air  renfermé  dans  les  Orangeries, 
dans  les  Serres  &  les  Caiffes  vitrées  foit  quelquefois  rafraichi  par  un 
‘  air  de  paffage  ;  tout  comme  le  vent  en  plein  air  cliaffe  les  mauvailès  ex¬ 
halaifons,  qui  nous  environnent;  deforte  qu’on  ne  laiffera  échaper  au¬ 
cune  occafion  favorable,  pour  laiffer  entrer  par  un  côté  un  air  frais  &- 
pur ,  &  laiffer  exhaler  de  l’autre,  l’air  chargé  de  parties  corrompuîss  & 
mauvaifes;  ce  qui  doit  toujours  être  pratiqué,  lorfqii’il  ne  fait  pas  trop 
froid,  ou  quand  il  ne  gclepas:  «Sc  afin  que  cet  air  extérieur  en  péné¬ 
trant  ,  ne  caulè  aucun  dommage  aux  plantes  renfermées ,  on  chaufera 
un  inffant  auparavant  l’air  intérieur,  en  lui  procurant  une  chaleur  un 
peu  plus  grande  que  celle  qu’il  doit  avoir ,  pourvu  cependant  qu’elle  ne- 
foit  pas  nuifible.  Pour  être  affuré  de  cela,  comme  aulîi  dans  la  fuite,, 
de  laconltitution  de  l’air  intérieur  ,  quant  au  froid  &  à  la  chaleur,  on 
fe  fert  de  Thermomètres,  qui  en  décident  infailliblement,  &  dont  on 
ne  peut  abfolument  fe  paffer;  je  les  décris  amplement,  de  même  que  les 
expériences  faites  par  leur  moyen  dans  le  Chap.  IIL  füivant,  &  je  don¬ 
ne  pareillement  dans  le  Chap.  IV.  fuivant  une  defcription  de  l’air,  &de 
lès  effets  fur  les  plantes,  comme  auffi  de  la  clialeur,  du  froid,-  de  la 
pluie ,  de  la  neige,  de  la  grele,  des  frimats,  de  la  rofée  &  des  vents.  ^ 
Un  air  fpacieux  &  libre ,  pareil  à  celui  dont  les  plantes  jouiffent  na^ 
turellement  lorfque  le  Soleil  les  éclaire  dans  leurs  Saifons  fécondes ,  eft 
celui  qui  leur  fait  faire  la  plus  naturelle  pouffe ,  &  qui  fert  le  plus  naturelles 

ment 


ment  aufïï  à  nourir  leurs  fruits  :  'deforte  que  Tendroit  le  plus  convenable 
dans  les  Orangeries,  dans  les  Serres,  &  dans  les  Caifles  vitrées,  ellce-' 
lui  où  les  plantes  peuvent  jouir  d’un  air  libre  ,  tel  qu’ell  celui  qui  le 
trouve  le  plus  près  des  vitres  ;  car  on  voit  que  c’eft  là  qu’elles  croiflent 
avec  le  plus  de  vigueur  &  qu’elles  produifènt  le  plus  de  fruits  ;  ce  à  quoi 
on  ne  doit  jamais  s’attendre  de  celles  qui  étant  plus  enfoncées ,  ne  reçoi¬ 
vent  point  de  Soleil ,  &  cela  fur-tout  lorfqu’elles  font  trop  ferrées  ;  c’ell 
pour  cela  qu’il  ne  faut  pas  feulement  placer  les  plantes  ae  manière  que 
près  des  vitres  elles  puilTent  recevoir  le  Soleil,  mais  encore  que  leurs  feuil¬ 
les, &  leurs  branches  libres  &  dégagées,  puilTent  tout  autour  être  àffedées 
d’un  tel  air  échauffé  par  le  Soleil  ;  étant  prcfque  une  erreur  générale,  par 
laquelle  quantité  de  plantes  fe  gâtent  &  périflent,  &  par  laquelle  auffl  la 
prématuration  des  fraits  réuffitfouvent  très  mal,  qu’on  fait  trop  d’ufage  & 
même  un  mauvais  ufage  des  Orangeries,  des  Serres,  des  Caifles  vitrées;  je 
dis  trop,  fâ  voir  quand  on  y  gêne  trop  les  plantes ,  quand  on  n’y  lalfle  pas 
le  moindre  vuide  ,  ce  qui  réellement  eft  un  abus  pernicieux  ;  car  c’elî  la 
même  choie ,  que  lî  un  nombre  fort  conlidérable  d’hommes  étoient  obli¬ 
gés  de  demeurer  enfemble  près  à  près  dans  un  Üeu  renfermé,  fans  aucun 
rafraichiflement  d’air  :  puifqu’il  elt  certain  que ,  lî  parmi  une  quantité 
de  plantes  fort  ferrées,  il  s’en  trouve  quelques-unes  d’une  mauvaifecon- 
llitution,  &  dont  par  conféquent  les  exhalaifons  foient  plus  corrom¬ 
pues,  ces  dernières  infeéieront  leurs  voilînes  &  celles-là  d’autres.  On  fe 
trompe  encore  quand  on  place  des  plantes  qui  doivent  être  affeélées  di- 
verlèment  de  l’air,  de  plus  ou  de  moins  de  chaleur  ou  de  froid,  près  les 
unes  des  autres ,  ou  bien  de  telle  manière  quelles  jouiflent  de  la  même 
chaleur  &  du  même  froid ,  comme  cela  eft  immanquable  dans  les  Oran¬ 
geries,  dans  les  Serres,  &c.  où  l’on  a  placé  enfemble  ces  différentes  for¬ 
tes  de  plantes. 

La  règle  fondamentale  pour  cultiver  les  plantes  tendres  &  pour  a- 
vancer  les  Saifons ,  eft  principalement  d’imiter  leur  poufle  naturel¬ 
le  ,  afin  qu’autant  qu’il  eft  poffible  elles  foient  de  tems  en  tems  affec¬ 
tées  de  la  manière  qu’elles  le  font  naturellement  en  plein  air  :  on  trouve 
à  cet  égard  que  celles  fur  qui  la  pluie  diftille ,  ou  celles  qui  font  trop  fer¬ 
rées,  ne  deviennent  jamais  bonnes ,  &  ne  produifènt  pas  de  bons  fruits  ; 
comme  auffi  que  la  Nature,  rélativement  à  la  poufle  &  à  la  maturité  des 
fruits,  produit  félon  la  diverfité  des  Saifons,  fur  une  plante,  un  effet 
différent  que  lîir  ime  autre  ;  ce  qui  fait  qu’en  tout  tems  danslePrintems, 
dans  l’Eté,  dans  i’Autonne>  &  même  dans  l’Hiver,  on  a  des  fleurs  & 
des  fruits.  Ff  2  La 


228  LESAGREMENS 

La  Nature  nous  apprend  encore,  qu’il  n’eil:  pas  pofTible  dé  cultiver 
enfemble,  dans  un  endroit  renfermé,  où  il  y  a  la  même  conftitution  d’air, 
des  Cerifes,  des  Pêches  &  des  Raifins;  parce  que  les  Pêches  &  les  Ce- 
rilès  n’ont  pas  befoin  au  tems  qu’elles  fleurifTent  d’une  aufîi  grande  cha¬ 
leur  que  les  Raifins.  Les  Cerifes ,  outre  cela ,  meuriflent  en  moins  de 
tcms,  &  par  la  chaleur  ordinaire  de  l’Eté;  au-lieuque  les  Pêches,  quoi¬ 
que  plutôt  fleuries ,  ont  befoin  de  beaucoup  plus  de  tems  pour  croître  & 
pour  meurir ,  &  ne  font  bonnes  à  manger  qu’en  Autonne.  De  plus  les 
unes  &  les  autres  fleurifTent  avant  que  d’avoir  des  feuilles:  on  voit  le 
contraire  à  l’égard  de  la  Vigne ,  puifque  fes  fleurs  fe  manifeflent  au  mi¬ 
lieu  de  l’Eté,  lorfque  la  chaleur  efl  à  fon  plus  haut  degré,  &  deux  mois 
par  conféquent  après  lapoufTe  desSarmens  &  après  que  le  fruit  s’efl:  mon¬ 
tré;  d’où  il  fuit  évidemment  qu’il  n’efl  pas  pofTible  de  cultiver  enfemblc 
des  Cerifes  &des  Pêclies  dans  des  Serres  où  il  y  a  des  Cerifes  &des  Pêches. 

Traitant  dans  le  Chap.  V.  fuivant,  de  la  Terre  &  de  fon  ufage,  on 
dit  auflî  que  les  arbres  &  autres  plantes  prennent  une  meilleure  &  une 
plus  naturelle  nourriture ,  étant  plantés  dans  un  vafte  terrain ,  que  lorf- 
qu’ils  font  plantés  dans  un  terrain  fort  reflerré ,  comme  dans  des  pots 
ou  dans  des  CaifTes  :  ce  qui  doit  fur-tout  être  obfervé  quand  il  s’agit  de 
prématurer  les  fruits  dans  les  Saifons  ,  les  arbres  devant  être  plantés 
derrière  les  vitres  contre  les  murailles  des  Serres  dans  un  terrain  fpacieux 
&  libre  ,  de  telle  manière  que  leurs  racines  puifTent  par  devant  chercher 
&  tirer  leur  nourriture  en  long  &  en  large  dans  la  terre  extérieure,  & 
aufll  profondément;  étant  très  remarquable,,  par  raport  à  ces  arbres 
plantés  en  plein  air,  que  quand  on  rechaufle  par  le  feu  les  extrémités  de 
leurs  racines  &  de  leurs  branches ,  on  avance  la  Saifon  de  cinq  mois  ou 
peu  s’en  faut,  par  cette  chaleur  intérieure,  pourvu  que  devant  ces  Serres 
la  fuperficie  de  la  terre  ,  où  les  arbres  &  les  Vignes  font  de  fortes  raci¬ 
nes,  foit  couverte  contre  les  fortes  gèlées,.  d’un  peu  de  paille  détachée; 
alors  lapins  rude  gelée  ne  fera  pas  le  moindre  tort  à  la  racine  des  arbres, 
ni  ne  retardera  en  aucune  manière  leur  pouffe. 

Je  diftingue  les  Serres , qui  fervent  h  prématurer  les  fruits,  en  chaudes 
&  en  froides  ;  étant  les  unes  &  les  autres  fabriquées  de  telle  manière , 
que  par  devant  en  terre  fous  les  vitres  il  n’y  a  aucune  féparation  de  mu>* 
raille  ou  de  planche,  afin  de  ne  pas  empêcher  les  arbres,  qui  y  font  ren¬ 
fermés,  de  pouffer  leurs  racines  dans  la  terre  extérieure:  les  fenêtres  vi¬ 
trées  font  par-embas  dans  la  rainure  d’un  foliveau ,  lequel  repofe  fur  trois 
petits  piliers  pour  l’empêcher  de  bailTer  ,  6c  contre  ces  pilliers  on  cloue 
-  une 


DE  LA  CAMPAGNE. 


^29 

une  planche  étroite  de  deux  pouces  d’épaifleur  ,  laquelle  defcend  jul^ 
qu’à  la  fuperficie  de  la  terre  commune ,  enforte  que  la  terre  qui  eft  dans 
la  Serre,  foit  égale  &  de  niveau  avec  celle  de  dehors.  Les  fenêtres  vi¬ 
trées  de  ces  deux  fortes  de  Serres ,  font  par  embas  &  par  en- haut  à  peu 
près  à  une  égale  dillance  des  arbres  qui  y  font  plantés,  &  cela  afin  que 
ces  arbres  puilTent  profiter  autant  qu’il  eft  poflible ,  de  l’air  &  du  Soleil. 
Voyez  pour  ce  qui  regarde  une  plus  ample  defcription  de  ces  Serres  le 
2  Cbap.  fuivant  du  1  Livre:  &  vers  la  fin  du  Liv.  111,  où  l’on  traite  en 
particulier  de  la  manière  de  cultiver  les  Vignes  dans  des  Serres  artificL 
ellement  échaufées. 

On  trouvera  de  plus  exaélement  dans  chaque  Chapitre  du  prémier  LU 
vre^  félon  fon  fujet,  ce  qu’on  doit  obferver  à  l’égard  de  la  manière  de 
cultiver  les  Plantes  d’un  Climat  plus  chaud,  comme  aulTide  celle  d’avan¬ 
cer  les  Saifbns. 

Le  Second  Livre  commence  par  un  Traité  concernant  la  manière 
de  cultiver  des  herbes  potagères, des  légumes,  fous  le  nom  de  Potager, 
auquel  appartiennent  aufll  le  Laurier,  le  Romarin,  &  le  Thym,  dont 
les  feuilles  font  bonnes  à-alTaifonner  les  Sauces,  de  même  que  les  racines 
du  bois  de  ReglilTe  &  la  Rhue. 

|e  divifè  en  lèpt  clalTes  les  herbes  du  Potager. 

De  la  prémîère  efpêce  font  les  fruits  bons  à  manger  qui  croiflent  fous 
terre:  je  les  appelle  herbes  patagères,  comme  Oignons,  Ciboules,  Echa- 
lottes.  Porreaux,  Reponces,  Navets  (lefquels  font  dans  nos  Potagers 
extrêmement  gras ,  fort  amers  &  pleins  de  piqûres  de  vers ,  c’eft  pour¬ 
quoi  on  les  feme  avec  plus  de  foccès  après  la  moifibn  dans  des  champs 
fablonneux) ,  Carottes  de  toutes  les  fortes,  comme  jaimes,  de  couleur  o- 
range,  blanches;  des  racines  de  Perlil,  de  Sallifix,  de Scorfonnerres , de 
la  PafTerage ,  qui  fervent  à  alTaifonner  les  mêts. 

De  la  fécondé  efpêce  font  les  Afperges,  les  Choux  de  toutes  les  fortes, 
comme  Choux-fleurs,  blancs,  rouges,  frifés,  cabus,  pommés;  déplus 
du  Celeri  &  du  Fénouil. 

De  la  troifème  efpêce  font  les  Fèves  de  Marais,  dont  les  Anciens  ne 
font  aucune  mention,  les  Haricots,  les  Pois  tant  à  écoffes  que  des  autres 
de  différentes  fortes:  il  y  a  plus  d’efpèces  diverfès  de  ces  prémiers  que 
des  féconds.  Il  y  a  des  Pois  dont  on  mange  les  coffes ,  lefquelles  font 
meilleures  que  les  grains  :  il  y  en  a  parmi  ceux-ci  de  plus  précoces  &  dé 
plus  tardifs  qui  font  fucrés  ;  des  petits  précoces ,  &  d’autres  plus  tar¬ 
difs,  gros,  larges,  crochus,  comme  auffi  des  bâtards  :  de  ces  derniers, 

F  f  3  qui 


2^0 


LES  AG  REMENS 

qui  font  moins  larges ,  mais  qui  font  remplis  'de  quantité  de  gros 
grains:  outre  cela  encore  des  Pois  nains  qui  rampent  prés  de  terre.  Par¬ 
mi  les  Pois  à  écofles ,  dont  les  cofles  font  plus  dures ,  lefquels  on  ne 
mange  point  àcaufe  de  cela,  il  y  en  a  de  blancs,  deeoiileiir  pafTée,  de 
gris,  des  bleus,  &  des  verds,&  de  chacune  de  ces  elpèces encore  d’au¬ 
tres  efpèces ,  lerquelles  ne  fe  cultivent  guère  que  par  les  Curieux  dans  les 
Potagers  de  leurs  Mailbns  de  Campagne,  &  cela  pour  les  manger  verds 
éc  tendres  ;  les  pois  verds  fécliés  croilfent  pour  Pordinaire  dans  les 
<:Iiamp3,  fans  être  ramés,  mais  en  rampant;  les  Pois  ramés  des  Jardins 
potagers  font  infiniment  meilleurs. 

De  la  quatrième  efpèce  font  les  plantes  rampantes,  comme  les  Fraifos, 
les  Melons  de  plulieurs  diftérentes  fortes, les  Concombres  &  les  Citrouil¬ 
les  ,  dont  il  y  a  moins  de  fortes  différentes  :  ces  dernières  au  refte 
font  un  mauvais  mêts,  difficile  à  aprêter,  deforte  que  de  même  que  les 
Courges,  elles  ne  méritent  pas  d’occuper  une  place  dans  un  Potager. 

De  la  cinquième  c/affe  font  toutes  les  fortes  de  Salade,  comme  Laitues 
pommées  de  plulieurs  elpèces  différentes,  de  la  Doucette,  de  la  CJiico- 
rée ,  des  Epinars ,  de  la  Poirée ,  du  Cerfeuil ,  du  Pourpier ,  de  l’Ofèille 
&  du  Ferfil. 

De  la  fixième  efpèce  font  les  fruits  de  Chardons,  comme  Artichots 
francs  &  làuvages,appellés  Cardons,  dont  les  cotes  ayant  été  liées,  & 
par  ce  moyen  étant  devenues  blanches  &  tendres ,  font  bonnes  dans  de 
longs  bouillons. 

De  la  feptième  efpèce  font  les  fournitures  de  Salade ,  comme  du  Bali- 
lic,  de  la  Bourache,  de  la  Ciboulette,  de  la  Meliffe,  de  la  Sariette,  de 
la  Menthe,  delà  Marjolaine,  du  Calament,  de  la  Pimprenelle,  de  la 
Roquette. 

Toutes  ces  plantes,  ces  Arbriffeaux,  &  ces  herbes,  font  décrits  am¬ 
plement  dans  le  Chap.  IF,  du  Second  Livre',  en  attendant  il  eft  bon  de 
remarquer,  que  la  plupart  des  herbes  ne  fe  multiplient  que  de  fomence. 
Les  Fraifes  fe  multiplient  cependant  de  plants  enracinés.  Les  Artichaux, 
l’Eftragon ,  la  Ciboulette  &  l’OzeilIe  frandie ,  de  touffes  éclatées.  Les 
Chalons  &  les  Echalottes ,  de  Cayeux  ;  &  la  Pafferage  de  lès  fommités. 

Pour  femer  avec  fuccès  ,  il  ne  lüffit  pas  d’avoir  foin  de  recueillir  de 
bonne  femence ,  d’en  connoître  les  bonnes  qualités ,  &  de  lavoir  fi  elle  a 
été  produite  de  fon  propre  fruit  ou  d’un  épi  ;  mais  on  ne  doit  pas  non 
plus  ignorer  ce  qu’il  faut  faire  avant ,  pendant  &  après  la  femaille.  11  faut 
de  plus  connoître  la  nature  de  la  terre  la  convéxité  du  fondj^c  quels 

font 


DE  LA  CAMPAGNE. 


font  les  grains  de  femence  germés  qu’on  doit  laifler  où  ils  font  venus  j 
&  quels  lônt  ceux  qui  doivent  être  tranfplantés ,  comme  aiilTi  le  tems 
convenable  pour  cela.  De  plus  il  faut  favoir  quelles  font  les  plantes  dont 
on  doit  femer  les  graines  d’une  année ,  &  quelles  font  celles  qui  produi- 
fent  de  meilleurs  fruits,  lorfqu’elles  font  venues  de  graine  de  deux  ou  d’un 
plus  grand  nombre  d’années.  J’ai  traité  fort  amplement  de  tout  cela , 
comme  aulTi  de  la  purge  de  la  terre  en  arrachant  les  mauvaifes  herbes, 
&  des  plantes  femées  qui  viennent  trop  ferrées,  dans  Je  111.  Chap.du  fé¬ 
cond  Livre. 

La  culture,  l’entretien  &  la  confervation  des  Herbages  demandent  u- 
ne  grande  &  continuelle  application  :  c’ell-pourquoi  j’ai  cru  ne  pouvoir 
mieux  placer  la  culture  du  Jardinage  pour  chaque  mois,fuivant  le  cours 
de  l’année  ,  comme  aufli  quels  fruits  &  quelles  fleurs  cliaque  mois  pro¬ 
cure,  qu’à  la  tête  du  Potager  ,  deforte  que  cela  fait  le  fujet  du  1  Chap. 
du  fécond  Livre. 

je  mets  de  la  différence  entre  le  Potager ,  dont  les  fruits  fervent 
uniquement  au  ménage ,.  &  les  diamps  Potagers  que  travaillent  &  cul¬ 
tivent  en  Hollande  certains  Jardiniers  pour  le  profit.  Nos  Potagers,, 
placés  contre  les  brifè-vents  qui  les  entourent ,  font  communément  envi¬ 
ronnés  de  Cloifons,  du  moins  à  l’afpeâ:  le  plus  chaud  du  Soleil,  pour  ÿ 
cultiver  certains  fruits ,  lefquels  fans  ce  moyen  ne  meuriroient  jamais , 
ou  du  moins  qu’imparfaitement  dans  ce  Climat. 

Dans  le  Chap  IL  du  Jecond  Livre  ,  j’aï  donné  un  plan  d’un  tel  Pota¬ 
ger  garni  de  fruits  délicats  &  fins  ,  comme  Raifins ,  Pêches ,  Abri¬ 
cots  ,  Cerifes ,  &c.  Ce  Potager  eft  environné  en  quarré  d’un  folTé ,  en 
partie  pour  faciliter  l’écoulement  de  la  trop  grande  quantité  d’eau  de  pluie 
qui  tombe  au  Printems  &  en  Autonne,  &  en  partie  aulfi  afin  que  les  ar¬ 
bres  plantés  pour  rompre  les  vents  fîirieux,  ne  confument  pas  par  leurs 
racines  trop  étendues  la  graiffe  de  la  terre ,  comme  aulTi  pour  avoir  plus 
de  fureté,  &  pour  faciliter  tout  ce  qu’on  doit  y  apporter  ou  en  tranfporter. 

On  peut  objeéter  à  cela,,  que  les  jeunes  arbres  (vu  que  les  Cloifons  ne 
font  qu’à  fix  pieds  de  diftance  du  fofTé)  courent  plus  de  rifque  que  leurs 
racines  ne  foient  rongées  par  les  Rats-d’eau  ;  deforte  qu’il  vaudroit  mieux. 
Quand  on  n’a  pas  foin  d’attraper  ces  animaux  fi  nuifîbles,  ce  qui  peut  fe 
faire  cependant  fans  peine  par  le  moyen  de  quelques  ratières  ou  trapes, 
de  ne  pas  creufer  des  foffés  près  des  Cloifons ,  &  de  rogner  tous  les  deux 
ans  les  racines  des  Ormes  à  la  diflance  de  huit  ou  dix  pieds  de  la  Cloi- 
fom 


LES  AGREMENS  DE  LA  CAMPAGNE. 

J’ai  traité  dans  les  Chap.  8,  9  5  £5?  10  âuprémier  Livre  de  la  pré- 
mère  Partie  ^  en  général  5  de  la  manière  de  travailler  les  Fonds  &  de 
les  amender  parle  moyen  du  fumier;  deforte  que  je  n’y  reviendrai  plus, 
quoique  la  dernière  de  ces  chofes  appartienne  proprement  à  cette  fécon¬ 
dé  Partie ,  puifque  le  Potager  &  les  arbres  plantés  dans  des  Pots  ou  dans 
des  CaiiTes  ont  befbin  annuellement  de  plus  d’engrais,  que  les  arbres 
francs  &  fauvages ,  lefquels  ont  rarement  ou  point  du  tout  belbin  de  fu¬ 
mier:  mais  je  renvoie  le  Ledeur  aux  Chapitres  que  je  viens  d’alléguer. 

J’ai  traité  dans  les  Jîx  Chapitres  du  troijîème  Livre  fuivant^  de  la  ma¬ 
nière  de  planter  &  tranfplanter,  tailler,  &  cultiver  les  Orangers,  les 
Citronniers ,  les  Limoniers ,  comme  auiTi  de  la  manière  de  les  foigner 
pendant  l’Hiver  ou  l’Eté;  après  quoi  fui  vent  quelques  remarques  tou¬ 
chant  certaines  plantes. 

Je  donne  enfuite  des  oblèrvations  exades  touchant  la  culture  de  la 
Vigne  &  la  manière  infaillible  d’avoir  des  Raifîns  dans  des  Serres  échau- 
fées  par  le  feu. 

On  trouvera  encore  ci-après  la  véritable  manière  de  cultiver  furement 
des  plantes  &  des  fruits  d’ Ananas;  &  comment  il  faut  les  foigner  pen¬ 
dant  l’hiver  dans  les  Serres  chaudes ,  &  pendant  l’Eté  dans  les  Caifles  vi¬ 
trées  garnies  de  Tan. 

Le  tout  enfin  finit  par  une  ample  dédudion  touchant  la  culture  des 
Tubereufès ,  &  par  une  dédudion  moins  détaillée  toucliant  les  autres 
fleurs  en  général. 


LES 


LES 


A  G  R  E  M  E  N  S 

DELA 

CAMPAGNE, 

O  U 

REMARQUES  PARTICULIERES 

Sur  la  manière  de  cultiver  les  Plantes  en  avançant  les  Saifons, 

SECONDE  PARTIE. 
LIVRE  PREMIER. 
CHAPITREE 

Obfervatîons  fur  la  manière  âe  conjlruïre  des  lieux  convenables  pendant 

-  r Hiver  gep  de  s'en  fervîr  :  ou  des  Orangeries ,  Serres  échauffées  par  le 

-  feu  Ê«?  autres Caiffes  vitrées^  fixes  mobiles^  Murailles iCloifons y 
iffc. 

^  qui  mérite  en  prémier  lieu  d’être  confideréici  c’eftl’expo- 
fîtion  au  Soleil ,  celle  qui  eft  au  Midi  étant  la  meilleure  de 
toutes  en  liiver  pour  les  Serres  &  les  Caifles  vitrées.  Mais 
quant  aux  Murailles  &  aux  Cloifons,  celles  fiir  lelquelles  les 
rayons  du  Soleil  font  à  dix  heures  ou  à  dix  heures  &  de¬ 
mi  des  angles  droits ,  font  d’un  meilleur  &  d’un  plus  grand  ulàge ,  n’é¬ 
tant  pas  11  ardens,  &  recevant  au  Printems  le  Soleil  de  meilleure  heure. 

Tout  ce  qui  au  devant  desBàtimens  s’éloigne  de  l’expofition  au  Midi, 
eft  nuifible  ;  Péloignement  de  cette  expolition  vers  ie  Couchant  eft  plus 
Fartie  IL  G  g  nui- 


23+  LES  ÂGRE'MENS 

! 

nuifible  qaç  vces  ^Orient-:  de.  m^me  les  murailles  expofées  ^  Sud-ell 
font  préfà’àibles  k  éelles  qui  font;  au  Sud-oueft.  Toutes  les  Orangeries, 
les  Serres  échauffées  par  le  feu  &  autres,  leS'Murailles(Sc  les  Cloifons,  font 
infiniment  meilleures  lorfqü’elles  font  en  droite  ligne  ou  tirées  au  cor¬ 
deau,  que  lorfqu’elles  font  convèxes  ou  concaves. 

Les  Serres  convèxes  rendent  le  moins  de  fer  vice,  fîir-tout  pendai^ 
riiiver ,  quand  le  Soleil  donne  une  chaleur  naturelle  feulement  depuis  dix 
jflifques  à  deux  heures;  car  pour  lors  ,  la  rude  gelée  pénétrant  vive¬ 
ment  ,  il  y  aura  plufieurs  vitres  qui  ne  recevront  point  du  tout  de  ra¬ 
yons  folaires  ou  tout  au  plus  fort  obliquement ,  ce  qui  fait  que  les  plan¬ 
tes  qu’elles  couvrent  ne  reçoivent  que  peu  de  chaleur  ;  tandis  que  les  au¬ 
tres,  vitres,  fur  lefquelles  le  Soleil  ne  donne  point  du  tout,  lorlqù’on 
les  découvre,  ne  fauroient  être  comme  il  faut  mis  à  Tabri  d’une  gelée 
rude;  &, fi  on  ne  les  découvre  point,  elles  empêcheront  l’air  réquis  d’y 
parvenir.  Outre  que  ces  dernières  ne  reçoivent  pas  affez  de  chaleur, 
parce  que  le  Soleil  darde  toujours  fes  rayons  perpendiculairement  dan? 
un  même  point:  aufii  rendent-elles  moins  de  fervice  à  proportion- dè 
leur  grandeur  &  de  l’air  qui  y  efi  renfermé  ;  & ,  en  général ,  on  ne  lauroit 
non  plus  les  bien  couvrir  contre  une  forte  &  rude  gelée. 

Celui  donc  qui  fera  conftruire  une  SeiTe  échaufée  par  du  feu  en  droi¬ 
te  ligne ,  ne  fauroit  mieux  faire ,  que  de  placer  derrière  elle  au  Nord 
une  efpèce  de  Serre  que  nous  norumons  Trek-kas^  pour  y  mettre  pen¬ 
dant  l’Hiver  les  plantes  qui  font  dans  des  pots  ou  dans  des  Caifles,  & 
qui.  ne  fauroient  réfifter  autrement  au  froid  de  l’Hiver  ,  laquelle  pourra 
dans  ce  cas-là  être  écliaufée  par  un  feul  &  même  poele.  Encore  eft-Ô 
très  bon  d’y  conftruire  par  derrière  une  loge,  pour  couvrrir  les  deux 
Serres  :  dans  la  Muraille  mitoyenne  on  place  les  conduits  pour  l’exhala¬ 
tion  des  vapeurs  de  la  Serre,  lefquels  doivent  avoir  leur  fbrtie  dans  le 
grénier  de  la  Loge.  Cette  Serre  doit  être  intérieurement  par  devant , 
haute  de  1 2  I  pieds,  &  par  derrière  de  ip;  de  plus  large  de  pi  pieds, & 
longue  de  5oà  3 1  ;  le  Poele  pour  la  Serre  fuivante occupant  les  8  ?  pieds 
qui  reftent.  La  Serre  doit  être  pourvue  en-haut  de  fenêtres  placées  ob¬ 
liquement,  lefquelles  il  faut  couvrir  pendant  l’Hiver,  comme  on  le  re¬ 
commande  dans  le  2  Cbap.Jüivant,  La  Serre  échaufée  par  le  feu,  qui 
cfi;  placée  au  devant,  doit  être  telle,  qu’on  l’a  indiquée  dans  le 7  Chap. 
où  l’on  traite  du  Poele,  fig,  L  étant,  fuivant  la  place  coupée  par  le  mi¬ 
lieu  qui  y  efi  jointe  7^.  IL  intérieurement  au  delTus  du  fond  ,  par  deffus 
le  pavé  des  conduits ,  liante  par  devant  de  8  I  pieds  &  par  derrière  de 

6,  & 


DE  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  23^ 

-(î,  &  longue  intérieurement  de  39  I  ;  les  fenêtres  a  ont  8  pieds  de  liaut^ 
ce  qui  déborde  par  en-haut  ^  a  i  î  pied  :1a  Serre  c  eft  couverte  de  tuiles  : 
le  vuide  qui  efi;  fous  les  tuiles  d  eil  rempli  avec  du  foin  :  e  font  les  con¬ 
duits  pour  la  fumée:  la  muraille  de  brique  qui  eli:  fous  la  Serre  /  a  2  î 
pieds  de  haut:  la  Serre  a  par  delTous  fur  les  conduits  pour  la  fumée  6% 
pieds  de  profondeur  :  la  muraille  qui  fépare  les  deux  Serres  eft  jiifqifà 
ia  goutière,  de  deux  briques;  &  les  vitres  qui  font  par  deflus  devant  k 
Serre  ont  quatre  pieds  de  haut. 

Les  vitres  qui  font  devant  les  Murailles  qui  font  derrière  les  Serre# 
échaufées  par  le  feu  ou  autres,  doivent,  félon  qu’on  ena  befoin  dans  les 
faifons,  être  plus  ou  moins  penchées  en  arrière.  Une  Muraille  penchée 
en  arrière  contre  une  Terraffe  ou  un  ados,  lesquels  on  peut  couvrir  par 
devant  avec  des  vitres ,  eft  extrêmement  propre  pour  y  placer  une  Vig¬ 
ne,  qu’on  n’échaufe  pas  par  le  feu,  parce  qu’à  caufo  de  cette  pente  les 
vitres  font  par-tout  à  une  égale  diitance  de  la  plante.  On  peut,  foloa 
la  figure  ci-jointe ,  conftruire  une  pareille  Serre  avec  plus  ou  moins  de 
fenêtres  :  elle  penche  9  pouces  fur  chaque  pied  :  elle  a  en  pente  par  en- 
iiaut  £5^  pouces  en  dedans  des  fenêtres,  lefquelles  font  hautes  de  61  pieds, 
de  larges  de  3  Comme  le  Printems  avance  davantage,  lorfqu’on  fo 
fert  de  cette  Serre,  on  pofo  enfuite  les  fenêtres  plus  obliquement:  Ôc 
comme  l'air  qui  y  efi:  renfermé,  ne  làuroit  être  échaufé  par  le  feu  mir 
-toyen,  il  ne  faut  pas  hâter  lîcôt  la  pouffe  des  plantes  qui  y  font  renfer- 
.^nées,  parce  qu’une  gelée  inattendue  furvenant  pourroit  nuire  beaucoup 
aux  tendres  rejettons,  fur-tout  quand  il  n’y  auroit  pas  moyen  de  les  en 
garentir  par  la  couverture  :  deforte  qu’il  ne  faut  pas  fe  fervir  d’une  telle 
^rre  froide  avant  le  mois  de  Février,  quand  le  Soleil  montant  plus  haut 
de  jour  en  jour,  fait  pénétrer  plus  vivement  fes  rayons  ali  travers  des 
vitres  plus  penchées  ;  &  comme  cette  Serre  efl  pourvue  au  haut  d’un  pa- 
rafol,  il  efl  impoffible  que  les  petites  ouvertures  d’en-haut  donnent  dans 
les  mois  de  Mai,  de  Juin  &  de  Juillet,  une  quantité  fuffifante  d’air, 
c’efl-pourquoi  on  ouvre  de  tems  en  tems  les  petits  volets  qu’on  a  prati¬ 
qués  au  bas,  &  par  ce  moyen  on  donne  plus  d’air. 

Les  Croifées ,  &  par  conféquent  auffi  les  fenêtres  d’une  place  d’Hiver 
pour  les  Orangers  &  les  Limoniers,  font  droites , parce  qu’on  ne  fauroit 
les  fermer  autrement  fi  bien  contre  la  gelée:  celles  des  Serres  édiaufées 
par  le  feu  font  un  peu  penchées  en  arrière,  parce  qu’au  commencement 
du  Printems  elles  font  d’un  plus  grand  ufàge  ;  celles  des  Serres  fans  feu  pour 
des  Vignes  ou  autres,  defquelleson  fe.fert  le  plus  après  l’Autonne ,  font 

G  g  2 


236  LES  A  GRE  ME  NS 

encore  plus  penchées  ;  &  tout  cela  pour  recevoir  les  rayons  folairés  îé 
plus  perpendiculairement  qu’il  eft  poflible,  comme  cela  eft  indiqué  dans 
les  figures. 

Dans  les  Serres  d’Hiver  a  haut  étage,  qui  font  couvertes  par  devant 
de  beaucoup  &  de  hautes  vitres,  les  Plantes  feront  beaucoup  moins  af- 
feétées  des  vapeurs  voltigeantes:  mais  d’un  autre  coté  il  faut  remarquer, 
que  ces  endroits  font  fort  expofés  à  la  gelée  fur  les  vitres  &  fur  les  jointu*- 
res  :  &  cela  d’autant  plus  encore  que  pendant  l’Hiver  il  geîe  fou  vent 
longtems  de  fuite ,  &  il  fait  un  air  fombre  ;  deforte  qu’il  eft  difficile  alors 
de  défendre  contre  la  gelée  des  endroits  fi  vaftes  :  cependant  quand  l’O¬ 
rangerie  eft  conftruite  de  manière  qu’on  la  peut  couvrir  <Sc  fermer 
comme  il  faut ,  ainfi  que  nous  le  dirons  dans  k  fuite ,  on  ne  doit  rien 
craindre  pour  la  gelée ,  parce  qu’alors  on  faifit  toujours  le  tems  que  le 
Soleil  luit  clairement  pour  la  rechaufer.  Je  trouve  cependant  fort  bon , 
quoiqu’on  n’ait  pas  belbin  de  feu  pour  rechauffer ,  de  ne  point  le  négli¬ 
ger  à  cet  égard ,  à  caulè  des  accidens  qui  peuvent  liirvenir.  J’ai  trouvé 
que  la  gelée  pénètre  rarement  dans  la  terre  à  plus  de  dix-huit  pouces  de 
profondeur  :  j’ai  même  trouvé  que  la  glace  dans  cet  Hiver  fi  rude  &  fî 
long  de  l’année  1684,  tems  auquel  il  gela  pendant  dix-fept  femaines  de 
fuite,  &  même  avec  toutes  fortes  de  vent,  n’étoit  pas  feulement  épaiffe 
de  deux  pieds. 

Onabefoin,  pour  donner  paffage  aux  vapeurs  voltigeantes  &  aux 
mauvaifes  exhalaifons,  auxquelles  on  eft  fort  lujet  dans  les  Orangeries 
fermées,  &  encore  plus  dans  les  Serres  échaufées  parle  feu,  de  tuyaux 
ou  conduits ,  dont  l’ouverture  la  plus  éloignée  du  feu  foit  dirigée  en  en- 
haut.  Ces  conduits  font  aufli  par  devant  plus  larges,  que  par  derrière, 
où  ils  vont  en  fe  retréciffant ,  pour  laiffer  entrer  moins  de  froid.  Pour 
prévenir  cet  inconvénient,  &  faciliter  encore  davantage  la  fortie  des  va¬ 
peurs,  il  eft  néceffaire  que  la  prémière  évacuation  fe  laffe  dans  la  place 
renfermée,  parce  qu’autrementla  preffion  du  froid  &  du  vent  extérieurs 
condenlèroient  par  k  contre-preffi on  les  vapeurs,  &  les  empêcheroient 
ainli  de  fortir  ;  c’eft  pourquoi  on  fera  conftmire  en  même  tems  par  de¬ 
hors  des  cheminées  tout-k*fait  fembkbles  à  celles  des  Serres  échaufées 
par  le  feu  (par  le  moyen  defquelles  k  fumée  communique  k  chaleur 
qu’elle  a  reçue  du  feu ,  &.  fort  lèulement  enfuite):  car*  pour  lors  le  froid 
ne  pénétrera  pas  au  travers  des  jointures  de  ces  conduits,  quelque  pré¬ 
caution  que  Fon  prenne.  Qiiant  à  l’évacuation  de  ces  vapeurs  humides, 
les  endroits,  renfermés ,  &  plus  encore  ceux  qu’on  échaufe  par  k  feu  ou 

par 


DELACAMPAGNE.  2^7 

par  quelque  autre  chaleur  ^  ne  îaiflent  pas  que  d’en  contenir,  &  ces  humeurs 
chaudes  étant  pénétrantes ,  font  périr  dans  peu  toutes  choies  :  deforte 
qu’il  efl  d’une  nécelîité  indifpénfable  de  faire  maiTonner  tout  ce  qui  peut 
être  fait  de  brique,  &cela  avec  des  briques  fort  dures  &  fort  compares, 
leiquelles  doivent  être  pofées  comme  il  faut  dans  de  la  chaux  mêlée  avec 
un  peu  de  ciment ,  pour  réfifter  au  froid  qui  pourroit  entrer  :  pour  cet 
effet  de  la  chaux  bien  préparée  &  bien  cuite  avec  de  k  brique  efl  préfé¬ 
rable  à  celle  qui  efl  faite  de  coquille  brûlée. 

On  iè  fervira  pour  tout  ce  qui  doit  être  fait  de  bois ,  du  bois  de  Sapin 
de  Norvège,  d’arbres  âgés,  comme  étant  le  plus  durable,  &  moins  fu- 
jet  à  fe  pourrir  que  le  Chêne:  ce  bois  de  Norvège  étant,  comme  il 
a  été  dit  dans  la  7  Partie ,  dans  le  II.  Chap.  du  cinquième  Livre  fous 
l’Art,  du  Fin  Sauvage^  le  meilleur;  car  il  eft  dur,  compaéfe,  chargé 
de  beaucoup  de  réfine,  &  le  moins  fujet  à  fè  fendre.  On  n’employera  à 
ces  Bàtimens  aucun  autre  bois ,  comme  étant  moins  durable. 

On  fera  fier  de  ces  meilleures  Poutres  de  Norvège  le  bois  pour  les 
eroifées,  &  tout  ce  qu’on  doit  employer  dans  l’intérieur  en  Solivaux: 
pour  les  revêtements  intérieurs  des  Portes, des  Volets, des  Planchers,  & 
des  Toits,  on  fe  fervira  de  pareilles  planches  de  Norvège,  ou, k  leur  dé^ 
faut,  du  meilleur  Sapin  de  Nerva. 

Le  bois  de  Chêne  qui  defcend  Rhin ,  eft  plus  durable  que  celui  de 
Norvège  ;  &  celui  de  Weefèl  l’efi  encore  davantage  ;  mais  comme  ce 
dernier  eft  fort  dur  &  fort  noueux  ,& fujet  par-là  à  fè  courber, on  auroit 
tort  aulli  de  l’employer  à  ces  fortes  de  Bàtimens. 

Les  fenêtres  extérieures,  &  les  chaflis  des-  vitres  doivent  être  faits 
d’ais  de  Chêne  qui  ne  foient  pas  fort  rudes  :  lefquels  doivent  aulfi  avoir 
perdu  entièrement  leur  fève  &  avoir  été  féchés  pendant  plufieurs  années 
en  plein  air,expofés  à  la  pluie,  au  vent  &  au  Soleil,  drelTés  pour  cet  effet 
à  jour ,  &  encore  être  féchés  à  couvert  parfaitement  avant  que  de  s’en 
lèrvir.  C’eft  une  règle  générale ,  que  tout  ce  qui  doit  fervir  à  bâtir  u- 
ne  Orangerie,  une  Serre  échaufée  par  le  feu,,  ou  fimplement  vitrée,, 
de  même  que  les  Caiffes  vitrées, doit , avant  qu’on  l’emploie ,  être  parfai¬ 
tement  fèc,  afin  d’être  affuré  qu’il  ne  fè  fendra  pas  quand  on  l’aura 
employé ,  ou  qu’il  ne  deviendra  pas  fujet  à  fe  fendre  :  car  tout  le  boifa- 
ge  doit  être  uni ,  fans  fentes ,  poli ,  bien  joint  &  exaéfement  ferré.  Les 
Croifèes  doivent  être  faites  juftes  félon  l’équerre ,  ayant  par  dehors  des 
rainures  doubles  pour  les  fenêtres  ,  &  par  dedans  trois  rainures  pour  des; 
volets  doubles:  les  rainures  doivent  être  faites  de  manière  que  les  fenê- 

Gg  î  très 


L  E,S  A  G  R  E  M  E  N  S 


■  238 

très  s’ouvrent  aifément ,  <Sc  celles  du  feuil  inférieur  de  manière  qu’elles  ne 
retiennent  pas  l’eau.  Tout  bois  qui  eft  cloué  fur  bois,  ou  qui  joint 
dans  ou  fur  d’autre  bois ,  doit  être  peint  avant  toutes  chofes  d’une  pein¬ 
ture  épaiflé,  &  être  joint  ainfi  par  le  moyen  de  cette  peinture  avant 
qu’elle  ne  foit  lèche  :  mais  tout  ce  qu’on  peint  d’huile  ou  de  peinture  a- 
près  la  bàtiflè,  doit  être  parfaitement  fècjafin  que  l’huile  imbibée  &  la 
peinture  enduite,  par  la  croûte  qu’elles  forment,  empêchent  d’autant 
mieux  l’humidité  d’entrer  dans  le  bois ,  dans  le  tems  qu’elles  empêchent 
autrement  l’évaporation  des  fucs  qui  y  font  reftés ,  lesquels  fucs  mis  dans 
la  fuite  en  plus  grand  mouvement  par  la  chaleur ,  font  pourrir  d’autant 
plutôt  le  bois. 

Le  fin  &  le  meilleur  fer  de  Suède  périt  bientôt  par  les  humeurs  chau¬ 
des:  c’eft-pourquoi  on  ne  s’en  fèrvira  point;  mais  on  prendra  le  meilleur 
fer  d’Allemagne ,  qui  efi:  plus  dur  &  plus  grolîier  ;  &  afin  que  la  rouille 
ne  le  gâte  pas  tant,  on  le  plongera  tout  ardent  dans  un  pot  d’huile,  a- 
fin  qu’elle  le  pénètre  :  on  fera  la  même  choie  aux  fers  qui  Ibutiennent 
les  vitres,  &  en  général  à  toute  la  ferraille  qui  eft  cxpolèe  à  l’air  &  à 
l’humidité  >  &  enfuite  on  aura  foin  de  la  peindre  :  ces  fers ,  quand  il  s'a¬ 
git  de  vitres,  de  Serres  ou  de  Caifles  vitrees,  doivent  être  attachés  par 
dedans. 

,  Le  verre  fin  &  mince,  ou  bien  les  glaces,  quoique  les  rayons  folai- 
res  y  pafient  mieux ,  font  inutiles fans  compter  qu’elles  coûtent  fort 
cher,  parce  qu’elles  fe  calfent  plus  aifément,  &  qu’elles  fe gâtent  plu¬ 
tôt.  Le  Verre  mince  d’Allemagne  ell  pareillement  fort  agile ,  & 
fe  gâte  aulTi  en  moins  de  tems  qu’une  efpèce  de  Verre  plus  grof- 
fier,  lequel  ell  connu  en  Hollande  fous  le  nom  de  Gilde-glas:  quand 
ce  dernier  tire  llir  le  jaune ,  il  eft  le  moins  fiijet  de  tous  à  le  g⬠
ter ,  &  il  eft  le  plus  propre  de  tous  à  fervir ,  quand  il  eft  uni,  làns  de  cer¬ 
taines  petites  ondes,  convéxités  ou  cavités:  je  dis  qu’il  doit  être  uni  & 
poli ,  parce  que  les  convéxités  font  les  miroirs  ardens ,  &  brûlent  ainfi 
les  plantes  renfermées  ;  dans  le  tems  que  les  autres  défauts  allégués  em¬ 
pêchent  la  pénétration  des  rayons  folaires.  Le  même  elfet  eft  aufii  pro¬ 
duit  par  le  Verre  fale:  pour  cette  raifon  on  le  lavera  pour  le  moins  deux 
ou  trois  fois  l’an  avec  de  l’eau  de  pluie,  quand  il  fait  un  air  couvert,  & 
on  le  purifiera  ainfi  de  toute  ordure  ;  auquel  cas  il  ne  fe  gâtera  pas  non 
plus  fitôt.  Les  Carreaux  ne  doivent  être  ni  trop  grands  ni  trop  petits, 
fur-tout  quand  ils  font  enchalTés dans  du  plomb,  &  cela  fort  exaèlement, 
comme  aufii  lorlqu’ils  font  enchafles  dans  du  bois,  par  le  moyen  d’une 

cer- 


*  Jk 


rr  rr 


DE  LA  CAMPAGNE. 

èertame  pâte  ou  compofîtion;  car  outre  que  les  grands  carreaux  font 
fort  fragiles,  on  ne  peut  pas  non  plus  les  faire  joindre  li  bien ,  ni  les  fai¬ 
re  tenir  fi  ferme  dans  le  plomb;  &  quand  ils  font  trop  petits,  le  plomb 
intercepte  trop  de  rayons  fblaires. 

Le  plomb  des  vitres  doit  être  aufil  d\ine  jufie  largeur;  afin  qu’on 

puifTe  faire  joindre  les  carreaux  exaêlementjildoit  être  épais  dans  le  cœur, 
&  avoir  des  côtes  d’une  grofleur  raifonnable ,  car  lorfque  ces  côtes  font 
trop  minces  5 elles  font  fujettes  àfe  recoquiller  par  l’ardeur  du  Soleil,  com¬ 
me  aufiTi  à  force  de  les  couvrir  &  de  les  découvrir;  lorlqu’elles  font  trop 
grofies,  on  ne  làuroit  les  refermer  comme  il  faut,  en  y  remettant  des 
carreaux  neufs  à  la  place  de  ceux  qui  ont  été  cairés;&le  cœur  étant  trop 
mince  ,  il  arrive  que  les  carreaux  s’afFaiflent  aifément  au  travers  du 
plomb.  Il  ne  faut  jamais  employer,  pour  lier  les  vitres,  de  plomb  tiré 
dont  fc  fervent  les  Vitriers ,  mais  fe  fervir  de  plomb  non  tiré,  d’une  é- 
paifieur  raifonnable;  &  cela  afin  que  les  vitres,  fur-tout  celles  des  fenê¬ 
tres  penchées ,  foient  d’autant  moins  fujettes  à  s’aftaifler.  Encore  faut- 
il  que  tous  les  bouts  qui  fe  joignent  foient  foudés  exaétement  &  uniment. 

Pour  foigner  pendant  Thiverfans  le  fecours  du  feu, foixante Oranger^ 
dans  des  Caifies,  &  quelques  autres  petites  plantes  dans  des  pots,  je  crois 
que  rOrangerie,  félon  la  figure  ci-jointe  ,&  félon  la  mefure  de  Rhinlan- 
de ,  doit  avoir  intérieurement  cinquante-quatre  pieds  de  long ,  vingt  de 
large ,  &  feize  en  hauteur ,  depuis  le  fond  jufqu’à  la  partie  inférieure  des 
folives ,  &  que  le  pavé  doit  avoir  deux  pieds  de  haut  de  plus ,  que  la  fu- 
perficie  du  fond  du  Jardin.  Elle  doit  être  de  plus  de  toutes  parts  envi¬ 
ronnée  d’une  double  muraille  :  la  muraille  extérieure  doit  être  lafge  d’u¬ 
ne  brique  &  demi, &  avoir  au  Nord  &  à  l’Eft  un  vuide  ou  un  intervalld 
de  fix  pouces,  &  de  quatre  au  Sud&  à  l’Otiefi:;  enfuite  vient  la  murail¬ 
le  intérieure, large  d-’une  brique,  cette  muraille  ayant  au  deflus  du  fond 
la  hauteur  de  dix-fept  pieds ,  &  la  muraille  extérieure  deux  pieds  &  de¬ 
mi  de. plus.  Ces  doubles  murailles  doivent  relier  ouvertes  par  le  haut, 
non  feulement  afin  de  pouvoir  remplir  comme  il  faut  cet  intervalle  de  fix 
pouces  avec  du  fon  bien  fec  de  Sarrazin  ,  quand  les  murailles  feront 
parfaitement  feches,  mais  aiifii  afin  de  pouvoir  le  remplir  continuelle¬ 
ment  à  mefure  que  ce  fon  s’aflfailTe.  Ces  murailles  féparées  font  de  qua¬ 
tre  pouces  plus  balTes  que  le  pavé,  lequel  eft  pofé  dans  du  ciment  de  bri¬ 
ques  placées  de  plat,  fur  un  autre  pavé.  Ces  deux  murailles  doivent  ê- 
tre  foutenuçs  dans  quelques  endroits  au  Nord  par  des  crampons  minces 
■&  ronds  ÿ  il  faut  auüi  queles briques,  quand  on  maifonne  toutes  les  mu¬ 
railles 


LES  AGREMENS 


railles,  foient  trempées  comme  il  faut,  bien* enduites  de  chaux,  &quc 
leurs  jointures  foient  bien  fermées:  comme  aulfi  les  murailles  féparées, 
lefquelles  à  mefure  qu’elles  rehaulfent,  il  faut  enduire  par  dedans  uni¬ 
ment  avec  de  la  chaux ,  pour  empêcher  encore  d’autant  plus  que  le  froid 
ne  pénètre,  &  afin  auffi  que  le  fon  de  Sarrazin  s’arrange  mieux; 

Les  Solives  de  cette  Orangerie  ont  dix  &  douze  pouces  relies  font  gar¬ 
nies  par  delTous  d’ais  de  4  pouce,  ce  qui  fait  un  plancher  de  i  |  pouce, 
il  en  faut  lailTer  le  tiers  ou  le  quart, fans  être  cloué,  pour  pouvoir  remplir 
de  nouveau  l’intervalle  avec  du  fon  de  Sarrazin ,  quand  il  vient  à  s’aC- 
failTer.  Immédiatement  fous  les  Solives  garnies,  il  y  a  par  derrière  des 
conduits  pour  les  exhalaifons.  Les  Solives  du  faîte  &  les  apuis  font  des  che¬ 
vrons  de  7  &  P  pouces  ;  ce  que  nous  nommons  Spruitcn  de  j  &  7  pou¬ 
ces:  les  chevrons  de  4  &  6  pouces;  le  faîtage  de  4  &  5  pouces:  la  mu¬ 
raille  qui  fait  le  fond  de  la  goutière,  de  4&  16  pouces;  fur  laquelle  doit 
être  pofée  une  planche  de  2  de  de  12  pouces.  Ce  toit  doit  être  couvert 
avec  des  planches  d’un  pouce  &  | ,  bien  exactement  jointes  enfemble  par 
le  moyen  de  rainures ,  fur  le/quelles  il  y  ait  des  ais  de  | ,  enfuite  avec 
des  lattes ,  &:  celles-ci  enfin  avec  des  tuiles. 

Au  milieu  de  la  muraille  extérieure.,  vers  le  Couchant,  fiir  un  para¬ 
pet  de  I  1  pied  au-deflusdu  pavé  doit  être  mile  une  croifée,  laquelle  làns 
î’épailTeur  du  bois  doit  avoir  14  ?  pieds  de  haut  &  6  pieds  de  large;  le 
lèuil  de  cette  croifée  ell  une  pierre  bleue, large  de  1 1  pouces,  &  épailTe 
de  8 ,  avec  de  doubles  rainures.  Le  bois  du  haut  de  la  croifée  a  1 1  & 
8  pouces  ;  &  le  bois  pour  les  vitres  au  deffus  du  feuil  6  *  pieds  :  les  pi¬ 
liers  ont  6  &  I J  pouces  ;  &  le  bois  pour  les  vitres  6  &  p  pouces.  La 
croifée  doit  avoir  au  haut  une  fenêtre  fixe,  &  une  en-bas  qui  puilTe  mon¬ 
ter  &  defeendre;  lefquelles  on  ferme  par  dehors,  parle  moyen  de  qua¬ 
tre  fenêtres  (favoir  deux  en-haut  &;  autant  en  -  bas) ,  d’ais  de  chêne  de 
:l  pouces,  clouées  en  double,  avec  de  doubles  rainures,  chacime  pro¬ 
fonde  d’un  pouce. 

Au  milieu  de  la  muraille  intérieure  au  Couchant,  il  doit  y  avoir  aufll 
à  la  même  hauteur,  une  Croifée  de  la  grandeur  prelcrite;  mais  leslèuils, 
dont  l’inférieur  cft  pareillement  une  pierre  bleue, ne  doivent  avoir  que  8 
pouces  en  quarré ,  les  piliers  &  le  bois  pour  les  vitres  6  &  8  pouces.  On 
pofè  devant  elle  par  dedans  quatre  volets,  dont  les  traverlès  ont  intérieure¬ 
ment  2  &  3  I  pouces  :  les  cadres  des  vitres  font  des  Solivaux  de  4  &  6  pou¬ 
ces,  avec  de  doubles  rainures ,  chacune  de  la  profondeur  d’un  pouce,  mais 
celle  du  côté  intérieur  de  ^  pouce.  Les  volets  font  doublés  des  deux  côtés  de 


D  E  L  A  C  A  M  Ê  A  G  N  E.  24.1 

planches  de  »  ;  il  doit  y  avoir'au  milien^  dô  chaque  volet  une  planche  dé¬ 
tachée,  qu'on  afTujettit  par  le  moyen  de  tourniquets,  pour  pou  voir  en  tout 
tems  combler  la  cavité  mitoyenne,  laquelle  elt  remplie  de  fon  de  Sarra¬ 
sin.  Ces  volets  doivent  être  attachés  par  des  gonds  à  des  pantures  en  é- 
querre ,  &  fe  fermer  par  des  verroüx' plats. 

'  Ces  croifées  pofées  à  quatre  pouces  de  diftancc  les  unes  fur  les  autres  ^ 
doivent  être  jointes  enlèmble  par  le  moyen  d’une  planche  de  deux  pou¬ 
ces  au  côté  extérieur  des  poteaux,  pour  empêcher  que  le  fon  de  Sarra¬ 
sin  ne  vienne  k  le  diiriper.  11  faut  aulfi  que  l’ouverture,  qui  eft  fous  les 
feuils,  foit  couverte  d\ine  pareille  planche,  mais  fixée  par  des  vis. 

11  faut  pofer  dans  la  muraille  intérieure  &  extérieure  au,  Midi,  quatre 
croifées  intérieures  avec  des  volets  faits  de  même  hauteur ,  largeur  & 
grandeur  que  je  les  décris:  &  cela  quatre  pieds  hors  deda  façade  k  l’O¬ 
rient  &  au  Couchant,  &k  quatre  pieds  les  unes  des  autres;  ce  qui  pro¬ 
curera  des  trumeaux  de  quatre  pieds.  Au  milieu  de  cette  muraille  au 
Midi  doit  être  placé  le  Cadre  de  la  porte,  .lequel  làns'compter  l’épailTeur 
du  bois  eft  large  de  fix  pieds  &  haut  de  15P  i  pieds, depuis  la  partie  ftipé- 
rieure  du  fèuil  d’en-haut,  jufqu’à  la  partie  fupérieure  dufeuil  inférieur, 
ayant  8  ~  pieds.  Le  feuil  d’embas  eft  une  pierre  bleue,  qui  a  23  pouces 
de  large  &  8  pouces  d’épaifleur,  k  doubles  rainures  pour  fermer  les  por¬ 
tes  tant  intérieures  qu’extérieures.  Les  Poteaux  de  la  croifée  extérieure 
ont  6  &  1 1  pouces  :  le  feuil  d’en-haut  a  8  &  1 1  pouces  ;  &  le  bois  des  vitres 
6  &  1 1  pouces.  Les  Poteaux  du  cadre  de  la  porte  intérieure ,  lequel  eft 
précifément  de  la  grandeur  prefcrite,ont  6&8  pouces, le  feuil  fupérieur 
8  &  8  pouces,  &  le  bois  des  vitres  6  &  8  pouces.  ■^11  doit  y 'avoir  dans 
le  cadre  extérieur  deux  portes  de  trois  pouces  d’épaifleur  k  double  rai¬ 
nure,  k  paneaux  au  bas  &  vitrées  au  haut,  dont  les  vitres  s’ouvrent  en 
dehors  :  de  plus  aii-defliis  du  bois  des  vitres  il  doit  y  avoir  un  chafîis 
fixe  avec  une  rainure  tout  autour ,  qui  entre  k  un  pouce  de  profondeur 
dans  le  cadre  ;  cette  fenêtre  de  mêmé-que  les  portes  vitrées,  fé  ferment 
par  le  moyen  de  doubles  fenêtres  de  bois  de  chêne ,  comme  cela  a  été 
ait  au  fujet  du  cadre  extérieur  dont  on  vient' de  parler:  comme  aulîl 
le  cadre  de  la  porte  intérieure,  par  le  moyen  de  doubles  volets,  félon 
que  cela  a  été  indiqué  ci-devant.  i  . 

'  On  devroit  faire  cortftruire  un  petit  bâtimént  à  l’Orient  de  l’Orange¬ 
rie,  pour  pouvoir  y  entrer  l’Hiver  par  une  porte  intéfieure..  Cette  por¬ 
te  doublée ,  placée  dans  la  muraillè  intérieure ,  doit  avoir  fon  ouverture 
haute  de  6  ^  pieds  &  large  de  3  :  il  faut  que  cette  porte  fôit  aulTi  remplie 
avec  du  fon  de  Sarrasin  ;  k  moins  qu’on  ne  voulût  conftruire  à  côté  de 

Fartie  IL  >  H  h  l’Oran- 


242  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

rOrangerie  au  Nord  une  loge  pour  y  ferrer  tout  ce  qui  appartient  au  Jar¬ 
dinage,  auquel  cas  onpourroit  entrer  par- là  par  une  porte  inrérieure 
dans  rOrangerie ,  &  alors  on  pourroit ,  au-lieu  du  petit  bâtiment  en 
queftion  &  de  la  porte  intérieure,  placer  à  l’Orient  une  croifée  à  cliaf^ 
fis  tOLit-à-fait  fèmblable  à  celle  qui  eft  au  Couchant. 

11  faut  que  toutes  les  croifées  foient  garnies  de  ce  qu’on  nomme  en 
HollandoisjQ«^/-te/m,qui  foient  épaifles  d’un  pouce  &  larges  de  deux, 
lefquelles  on  fait  entrer  à  la  profondeur  de  3  |  pouces  dans  le  devant  des 
croifées:  il  faut  encore  pofèr  au  devant  d’elles  des  Architraves  en  quarré, 
qui  repofent  un  pouce  fur  les  trumeaux. 

Il  ne  faut  pas  faire  ufàge  des  Orangeries,  Serres  échaufées  par  le 
feu  &  autres  nouvellement  conllruites ,  qu’après  que  la  brique  &  la 
chaux  ont  été  parfaitement  féchées  ,  fans  qu’il  y  relte  la  moindre  hu¬ 
midité  ,  piiifqu’autrement  le  fourneau  créveroit  d’abord  çn  y  faifant  du 
feu  5  les  murailles  donneroient  palTage  à  la  fumée ,  &  caufèroient 
ainfi  en  général  un  air  très  nuifible.  Pour  la  même  raifbn  on  laifiera 
fécher  parfaitement ,  avant  que  de  s’en  fervir ,  tout  ce  qui  aura  été 
peint  5  afin  d’empêcher  que  les  exhalaifons  huileufes  ne  caufènt  un  air  é- 
touffé  &  pernicieux. 

Le  remplage,  quoique  exaélement  ferré,  efl  cependant  toujours  fujet 
à  s’affailTer,  fur- tout  celui  des  murailles,  volets  pendans , portes  &  toits 
en  talus  :  deforte  qu’il  y  refie  enfuite  inévitablement  au  haut  un  vuide , 
au  travers  duquel  le  froid  pénètre  fouvent  fans  qu’on  fâche  à  quoi  l’attrL 
biier.  Pour  prévenir  cet  inconvénient ,  il  faut  que  tout  ce  qui  devra  ê- 
tre  ainfi  rempli,  foit  fait  de  manière  qu’on  puilTe  l’ouvrir  &  le  fermer 
fans  aucun  dommage,  par  le  moyen  de  tourniquets ,  afin  de  pouvoir  ajou¬ 
ter  du  nouveau  remplage  félon  le  befoin ,  comme  cela  a  été  dit  ci-devant. 

Une  Caijfe  vitrée  pour  les  Ananas  pendant  P  Eté ,  laquelle  on  chaufe 
au  Printems  par  le  moyen  du  feu ,  &  dans  là  fuite  avec  du  Tan.  Cette 
CaifTe  doit  être  faite  félon  le  modèle  qui  s’en  trouve  dans  la  planche  ci- 
jointe;  on  y  va  en  montant  obliquement.  Elle  a  au, Nord  une  murajlle 
de  deux  briques,  &  enfuite  tout  autour  d’une  brique  &  demi:  la  Fig.L 
fait  voir  fa  hauteur  &  fa  largeur;  les  vitres  qui  la  couvrent  ont  6  pieds 
de  haut  &  3  ,  de  large,  montant  fur  chaque  pied  en  talus  ÿ  *  pouces  : 
il  y  a  pan-defliis  6  volets  ,,  lefquelsnn  leve  &  baiffe  par  derrière  par  le 
moyen  d’une  corde  qui  pafTe  au  travers  d’une  poulie;  il  y  a  pareillement 
dans  la  muraille  de  derrière  des  conduits  pour  les  vapeurs,  qu’on  peut 
boucher  (  un  derrière  chaque  volet  )  ;  •  l’ouverture  de  ces  conduits  é- 
.  •  tant 


XJ 


ÇP':v:£UysVyrk  Jetin:  àcJÎ^H 


L  A  CAMP  A  G  N  E,  -4:3 

tant  ia^ge  de  2  /  pouces  en  quarré,  poüi*  faire  fortir  par-là  les  mauvaifes 
exhalailons:  le  trou  des  deux  côtés  pour  tirer  les  cendres  étant  large  d’un 
pied  &  J5  &  haut  d’un  pied.  Dans  la  Fig.  efl:  lè  trou  des  deux 
côtés  par  où  l’on  fait  le  feu  :  bb  la  voûte  des  deux  côtés  fur  la  longueur 
mitoyenne  de  la  couche,  depuis  une  muraille  jufqu’àJ’autre,  au  bout  de 
laquelle  il  y  a  dans  l’un  des  coins  une  ouverture  qui  va  en  tournoyant 
pour  la  chemineé,  par  laquelle  la  fumée  eft  conduite  vers  les  rigoles  des 
deux  côtés  :  ayant,  fans  compter  l’ouvragé  même ,  8  pouces  de  haut; 
de  plus  ces  rigoles  des  deux  côtés  pour  la  fumée  lè  joignent  dans  le  mi¬ 
lieu  de  la  couche ,  où  la  fumée  qui  vient  de  chaque  côté  fort  alors  par  la 
cheminée. 

Des  Caîjjes  mobiles  pour  des  fleurs  pendant  PHk^er  ,  £«?  des  Caljjes 
pour  prémaîurer  avec  du  fumier.  Ces  Cailles  font  faites  de  bois,  & 
compofées  fîmplement  d’une  planche  de  derrière  ,  d’une  de  devant ,  & 
de  deux  planches  des  côtés ,  comme  aulTi  de  lates  alTemblées  en  queue 
d’aronde,  qui  tiennent  aux  planches  de  derrière  &  de  devant,  &  hir  lefquel- 
les  on  polè  les  vitres.  La  planche  de  derrière  eft  la  plus  large,  fur  laquelle 
eft  clouée  au  haut  en  dehors  une  planche  large  de  3  pouces,  laquelle 
planche  déborde  alTez  l’autre ,  pour  faire  la  rainure  dans  laquelle  on  po- 
fe  les  vitres ,  &  pour  empêcher  ainfî  les  vents  de  Nord  de  pénétrer  par 
derrière  les  vitres  au  travers  des  jointures  :  au  bout  de  la  planche  de  de¬ 
vant  &  de  derrière  ,  il  y  a  des  crampons  de  fer  à  reflbrt  ,  qui 'étant  paf- 
fés  dans  les  trous  des  planches  des  côtés,  ferrent  par  le  moyen  de  che¬ 
villes  de  bois  enquarré  la  CailTe;  après  quoi  on  place  les  lates  alFembléesen 
queues  d’aronde ,  dans  les  ouvertures  qui  doivent  être  ex  trêmemeiitjuftes, 
&  fur  elles  les  vitres.  Ces  Caiflès,  quand  elles  font  bien  faites ,  font  les  plus 
utiles  &  coûtent  peu 3  pouvant  être  placées  par-tout  à  fouhait,  &  être 
mifes  plus  ou  moins  en  talus  à  l’alpeél  du  Soleil  ;&  après  s’en  être  fervi, 
on  peut  les  démonter  en  très  peu  dé  tems,&  les  réduire  en  un  très  petit 
volume.  On  les  polè  fur  le  fumier ,  après  avoir  mis  un  peu  de  terre 
entre  le  fumier  &  la  partie  inférieure  de  la  planche,  pour  empêcher 
celle-ci  de  fe  pourrir  par  la  chaleur  du  fumier.  On  aura  foin  cependant 
de  garnir  de  toutes  parts  les  Càiffes,  de  fumier  long  ou  de  paille,  pour 
les  défendre  du  vent  &  de  la  gélée  :  c’eft  ainfî  qu’on  garnit  pareillement 
les  Caiflès  pour  des  fleurs  pendant  l’hiver,  de  Tan,  qui  eft  fort  chaud. 
On  les  pofe  de  plus ,  de  même  que  leurs  vitres ,  aufli  près  de  terre  qu’il 
eft  poffible ,  &  à  proportion  que  les  plantes  qui  y  font  renfermées  croif» 
fent3on  les  fait  aufll  monter  de  plus  en  plus,  ayant  foin  chaque  fois  que 

Hh  2  cela 


244  ‘  LES  A  G  R  E  M  E  N  S 

cela  fe  fait,  de  les  garnir  de  toutes  parts  de  terre  tant  en  dedans  qu’en 
dehors. 

Les  Caîffes  à  mîets  ne  diffèrent  des  précédentes  qu’en  ce  que  ces  der¬ 
nières  lè  ferment  par  de  petits  volets  de  bois,  au-lieu  de  vitres.  Les 
Fleurifles  s’en  fervjoient  autrefois  ,  fur-toùt  pour  la  culture  des  Renoncu¬ 
les  &  des  Anémones:  mais  on  a  appris  par  l’expérience,  qu’ils  ne  font 
d’aucun  ou  que  de  peu  d’ufage  ;  &  cela  parce  qu’en  ouvrant  ces  petits 
volets  en  hiver,  le  Soleil  étant  toujours  accompagné  d’un  vent  de  bize, 
y  caufe  plus  de  mal  que  de  bien. 


CHAPITRE  IL 


De  la  manière  d'empêcher  le  froid  èf  la  gelée  par  le  moyen  de  couvertes-: 
de  celles  qui  font  les  plus  propres  à  cela^  0?  comment  on  doit  s'en  fervir, 

1: 

C’Efl  très  fouvent  par  négligence  que  la  gelée  ou  les  vents  de  bize 
font  mourir  les  tendres  plantes  ;  &  cela  non  feulement  parce  qu’on 
n’a  pas  foin  de  les  couvrir  comme  il  faut  ,  mais  fur- tout  parce  qu’on  ne 
les  couvre  pas  affez  longtems ,  ou  parce  qu’on  ne  les  découvre  pas  cha¬ 
que  fois  qu’il  fait  du  Soleil,  &  qu’on  les  couvre  de  nouveau  quand  le 
tems  change:  car  on  aquiert  par  le  moyen  de  la  couverture  une  chaleur 
infiniment  meilleure  que  par  le  feu.  ^  r 

En  traitant  dans  le  fiiivant  Chap.  IV.  de  l’air,  je  dis  que  dans  des  en¬ 
droits  renfermés,  le  froid  &  le  chaud,  ou  bien  le  chaud  &  le  froid  ne  fe 
mêlent  pas  fort  fubitement  enfemble,  &  que  lorfqu’une  fois  la  gelée  a  pé¬ 
nétré  jufques  dans  les  Orangeries,  on  l’en  bannit  difficilement  par  le  mo¬ 
yen  du  feu,  fans  faire: préjudice  aux  plantes  qui  y  font  renfermées;  de- 
forte  qu’iJ  efl  d’une  importance  extrême  d’empêcher  à  tems  par  toutes 
fortes  de  moyens  poflibles  qu’il  ne  s’y  introduife.  Le  meilleur  &  le  pre¬ 
mier  pour  cela,  c’eft  d’y  attirer  les  rayons  du  Soleil.  Pour  cet  effet  on 
ne  négligera  jamais,  quand  le  Soleil  luit  clairement  après  neuf  heures  & 
demi  (pendant  les  plus  courts  jours ,  quand  même  il  geleroit  très  fort) 
de.  tout  ôter,,  ^excepté  îes_ vitres  ^  &  de  laiffer  ainfî  darder  le  Soleil  fur 
les  vitres  jufque  ver^^^ux  heures,  après  quoi  ces  vitres  doivent  de  nou¬ 
veau  être  couvertes  comme  auparavant  :  ce  tems  convenable  pour  la  cou¬ 
verture  fe  manifefte  par  des  vapeurs  qui  obfcurciffent  intérieurement  les 
vitres.  '  Qiiand 


DELACAMPAGNE.  245: 

Quand  pendant  un  certain  tems  il  a  gelé  fi  fort,  que  la  gelée  a  pé¬ 
nétré  fort  avant  en  terre  ;  &  fur-tout  encore  quand  la  terre  elt  couverte 
de  beaucoup  de  neige,  alors  cette  gelée  ne  fauroit  y  pénétrer  plus  profon¬ 
dément  ,  ce  qui  fait  qu’elle  cherche  d’autant  plus  à  entrer  dans  les  plus 
petites  fentes  des  Orangeries ,  Serres  vitrées ,  &c.  pénétrant  outre  cela  a- 
vec  le  plus  de  force  tout  près  de  terre.  11  faut  dans  de  p^areils  tems  avoir 

frand  foin  de  les  en  garantir  par  le  moyen  de  la  couverture  ;  cepen- 
ant  la  gelée  efi:  rarement  fi  forte  ou  fi  durable ,  quelle  pénètre  à  plus  de 
dix-huit  pouces  dans  les  fonds  de  terre:  ce  qui  arrivant,  il  faudroit  y 
prendre  garde. 

Une  couverture  légère  empêche  mielix  que  toute  autre  chofe  la  péné¬ 
tration  de  la  gelée ,  parce  que  les  corps  ne  font  pas  affeétés  par  une  prelîion 
égale  :  par  conféquent , 

La  Neige  dt  la  plus  convenable  couverture  pour  détourner  la  forte 
gelée ,  parce  que  chaque  flocon  légèrement  entaflé  fur  les  autres ,  eft  u- 
ne  couverture,  qui  féparément  empêche  la  pénétration,  &  détourne  ain- 
fi  la  gelée.  Il  faut  encore  Remarquer  au  fujet  de  cette  couverture  de  nei¬ 
ge,  que  les  vapeurs  &  les  exhalaifons  delà  terre  paffent  beaucoup  mieux 
au  travers  d’elle  qu’au  travers  de  telle  autre  couverture  contre  la  gelée  ; 
ce  qui  fait  que  les  plantes  ne  font  jamais  au  rarement  endommagées  fous 
la  neige,  mais  qu’elles  paroiflent  tout  au  contraire  fouvent  d’un  verd 
plus  beau.  Pour  cette  raifon  il  faut  tâcher,  autant  qu’il  eft  polfible,  de 
le  fervir  de  cette  couverture,  <Sc  principalement  quand  il  fait  une  rude  ge¬ 
lée  &  que  l’air  efi:  couvert. 

La  efi: 5  après  la  neige,  la  plus  légère  couverture,  parce  que 

chaque  tuyau  contenant  un  e4>ace  rempli  d’air  mitoyen,  fait  comme  u- 
ne  double  couverture;  plus  la  paille  efi:  légèrement  entalTée,  mieux  elle 
empêchera  le  froid  de  pénétrer  ;  mais  comme  le  vent  a  beaucoup  de 
,  prife  fur  de .  la  paille  détachée  ,  il  en  diflipe  beaucoup  :  ^  comme  el¬ 
le  occupe  beaucoup  de  place  ,  qu’elle  déplaît  à  la  vue,  &  eft  aufll  fort 
difficile  à  manier  quand  on  s’en  ferten  couvrant  ou  en  découvrant,  on 
la  joint  enfemble  dans  toute  là  longueur  par  des  liens  faits  de  corde  gou¬ 
dronnée,  &  l’on  en  fait  ainfi  des  nattes  de  deux  pouces  d’épailfeur  ou 
même  un  peu  plus  :  de  pareilles  nattes  de  paille  font  d\in  grand  ufage 
pour  couvrir  des  vitres  couchéeS' pendant  une  rude  &  fèche  gelée;  mais 
elles  font  inutiles  pour  des  vitres  drelTées,  parce  que  la  paille  eft  trop 
fléxible,  &;  fujetteàfe  rompre  facilement  à  force  de  la  placer  6c  de  la 
déplacer  continuellement:  outre  cela  elle  boit  trop  d’eau  dans  des  pluies 

H  h  3  qu’on 


24<5  LESA  GRE  MENS 

qu’on  n’a  point  prévues,  ^Scenfuite  étant  mouillée 'êlle  fefèche  difficile¬ 
ment  à  caufè  de  fan  épaiffeur,  ce  qu’on  prévient  quand  il  s’agit  de  vitres 
couchées  en  les  couvrant  de  nattes  de  rofeau ,  qui  boivent  moins  d’eau , 
&  qui  la  lailTént  mieux  pafler:  mais  il  faut,  quand  le  tems  le  permet, 
les  mettre  chaque  fois  à  couvert. 

Les  Couvertures  épaiffes  làns  cordes ,  faites  ou  tiffiies  entièrement 
de  poil  de  Vache ,  font  bonnes  &  propres  à  couvrir  :  après  les  nattes  de 
paille,  elles  empêchent  mieux  que  toute  autre  chofe  la  pénétrationdela 
gelée,  &  pourvu  qu’elles  foient  bien  tiflues,  elles  font  aulîi  fort  dura-- 
bles  ;  mais  elles  boivent  beaucoup  d’eau ,  ce  qui  les  rendant  fort  épaif¬ 
fes,  fait  qu’elles  ont  non  feulement  beaucoup  de  peine  à  fe  fécher,  mais 
aulïi  qu’étant  devenues  pefantes  elles  caffent  fouvent  les  vitres  quand  on 
les  ferre.  Pour  prévenir  cela,  il  faut  faire  la  même  choie  que  ce  qui 
vient  d’être  dit  au  fujet  des  nattes  de  paille,  favoir  les  couvrir  de  nattes 
de  rofeau ,  &  d’abord  qu’on  en  a  l’occafion ,  les  faire  fécher  au  Soleil. 

Ces  couvertures  de  poil  de  Vache  (fans  compter  leur  durée)  font  fort 
fouples,&  s’accommodent  très  bien  aux  rainures  des  fenêtres  couchées, 
&  par  conféquent  font  les  meilleures  pour  intercepter  le  vent  &  la  ge¬ 
lée:  on  peut  aufll  aifément  les  plier  &  déplier  fans  falir  les  vitrés;  quand 
elles  font  au  devant  de  Serres  dreflees ,  attachées  à  de  petits  crampons , 
elles  pendent  uniment  vers  terre;  ce  qui  fait  que  pour  .la  couverture  in¬ 
férieure  c’ell  la  meilleure  de  toutes. 

Les  Nattes  de  rofeau.  On  s’en  fert  pour  la  prémière  couverture  fur 
des  vitres  couchées ,  quand  la  gelée  n’eft  pas  forte  ;  mais  comme  elles 
ne  font  pas  fouples  ,  elles  ne  joignent  pas  fi  on  \eut  les  pendre,  & 
par  cela  même  elles  ne  fauroient  être  employées  fur  des  vitres,  pour  les 
défendre  du  vent  ou  de  la  gelée,  à  caufe  des  rainures  antérieures  &pof- 
térieures. 

Quand  les  nattes  peuvent  être  faites  de  rofeaux  minces,  compares, 
durs ,  alors  elles  empêchent  beaucoup  mieux  la  pénétration  du  froid  & 
de  l’eau  de  pluie ,  que  celles  qui  font  faites  de  rolèaux  plus  grofliers  & 
'  plus  épais ,  parce  que  celles  qui  font  faites  de  rolèaux  minces ,  ont  plus 
de  timiquesque  les  autres:  telles  font  entr’autres communément  les  nat¬ 
tes  dont  on  fe  lèrt  pour  couvrir  les  Melons  &  les  fleurs  d’Hiver;  mais 
quand  il  s’agit  de  nattes  plus  hautes,  il  n’eft  pas  poflible  d’en  faire  de 
rolèaux  minces ,  mais  on  y  emploie  des  rofeaux  plus  grolfiers  &  plus 
longs;  étant  meilleures  ainli 5  que  lorfque  pour  les  faire  plus  hautes,  on 
joint  enfemble  deux  rolèaux,  non  feulement  parce  que  dans  ce  cas  elles  fe 


DE  LA  CAMPA  G  N  E. 


247 

brifent  plus  facilement,  maisaufll  parce  qu’elles  ne  peuvent  pas  le  dé¬ 
charger  de  l’eau  dont  elles  font  pénétrées. 

Pour  faire  de  bonnes  nattes  de  rolèau,  il  faut  de  bons  rolèaux,  durs 
&  fins,  crus  dans  des  fonds  inondés  par  une  eau  douce,  car  ceux  des 
fonds  làumaches  ne  font  pasfi  bons,  6c  ceux  qui  viennent  dans  des  fonds 
inondés  par  l’eau  falée  font  encore  plus  mauvais.  Il  faut  de  plus  les  bien 
ferrer ,  &  les  lier  dans  toute  leur  longueur  avec  de  la  ficelle  bien  gou- 
dronée  à  2,  3,  4,  ^  6c  même  quelquefois  à  6  cordes.  La  méthode 
d’employer  de  la  ficelle  goudronnée  n’étant  plus  en  ufage  à  l’égard  de 
la  plus  petite  forte  de  ces  nattes,  on  aura  foin  de  bien  recommander 
que  cela  fe  fafle  de  cette  manière.  Pour  les  rendre  plus  fortes,  il  faut 
que  les  cordes  extérieures  foient  près  des  extrémités  des  deux  côtés;  6c 
comme  il  efi;  plus  profitable ,  payant  à  proportion ,  de  faire  mettre  une 
corde  de  plus  à  chaque  natte ,  on  fera  mettre  trois  cordes  goudronnées 
à  celles  qui  n’en  ont  ordinairement  que  deux;  celles-ci  font  faites  des 
plus  minces  rolèaux. 

Les  Nattes  à  trois  cordes  font  faites  ordinairement  de  rolèaux  plus 
grolTiers,  plus  épais  6c  plus  longs  :  elles  ont  fix  pieds  en  hauteur,  cinq 
en  largeur  3  6c  font  jointes  enlèmble  par  le  moyen  de  cordes  goudronnées. 

On  fe  fert  de  ces  nattes  pour  couvrir  ordinairement  pendant  l’Hiver 
6c  au  Frintems  quand  il  fait  de  petites  gelées  ;  mais  quand  le  Thermo¬ 
mètre  annonce  des  gelées  plus  fortes,  comme  quand  il  efi:  à  treize  de¬ 
grés,  on  emploie  des  nattes  doubles;  on  couvre  aulfi  d’abord  avec  de 
pareilles  nattes  les  couches  de  Melons  ;  mais  celles  où  on  en  a  femés  doi¬ 
vent  être  couvertes  d’une  couverture  épailTe  de  poil  de  Vache,  6c  celle- 
ci  avec  des  nattes  doubles. 

Les  Nattes  à  quatre  cordes  font  faites  de  rolèaux  plus  épais  :  elles  font 
hautes  de  fept  pieds ,  6c  de  même  largeur  :  à  l’égard  defquelles  il  faut 
fur-tout  bien  recommander,  qu’on  le  ferve  d’une  forte  de  corde  gou¬ 
dronnée  ,  meilleure  que  celle  qu’on  y  emploie  communément. 

Ceft  'de  celles-ci  dont  on  fe  lèrt  pour  la  prémière  couverture  d’hiver 
fur  des  couches  vitrées  plus  larges ,  comme  aulTiau  devant  des  Serres  ar¬ 
tificiellement  échaufées  6c  des  Serres  à  vignes,  d’abord  limples,  6c,  lî  le 
froid  augmente ,  doubles. 

Les  IVattes  a  cinq  cordes  n’ont  pas  tout-à-fait  huit  pieds  de  haut,  mais 
elles  font  larges  de  fept ,  les  plus  hautes  étant  de  toute  la  longueur  des 
rofeaux;  6c  afin  que  les  deux  extrémités  d’en-haut  6c  d’embas  foient 
moins  fujettes  à  fe  rompre,  on  met  les  cordes  à  quatre  pouces  de  difian- 
ce  de  çes  deux  extrémités.  Cel- 


Celles-ci  font  encore  meilleures  pour  couvrir  les  Serres  artificiellement 
échaufées,  comme  auiri  pour  les  Serres  a  Vignes,  quan'd  elles  ne  font 
pas  trop  longues:  encore  vaut-il  mieux ,  qifon  lie  celles-ci  ou  bien  cel¬ 
les  qui  font  hautes  de  huit  pieds,  un  peu  moins  qu’à  trois  pouces  des  ex¬ 
trémités,  &  qu’on  en  falTe  ainlî  des  nattes  à  lix  cordes. 

On  couvre  la  Serre  nommée  Trek'kaSy  au  commencement  de  l’Hiver 
avec  des  nattes^ à  cinq  ou  dix  cordes,  autant  qu’elles  peuvent  s’éten¬ 
dre  depuis  le  bas,'  &  ce  qui  relie  avec  une  couverte  de  poil:  mais  quand 
l’Hiver  ell  plus  avancé,  on  lè  fert,  aii-lieu  de  nattes  de  paille,  limple- 
ment  de  paille  détachée,  laquelle  on  fait  entrer  peu  à  peu,  de  manière  , 
cependant  qu’elle  foit  épaiffe  &  bien  jointe,  autant  qu’il eft  poflible ,  en¬ 
tre  les  petits  volets  qui  fe  trouvent  en  cet  endroit ,  &  -entre  ceux  qui 
ont  trois  quarts  de  pouce  d’épailTeur,  &  qui  les  couvrent. 

La  prémîêre  Couverture  dont  on  Je  Jert  pour  les  Serres  artifïcieUement 
échaujées  contenant  des  Ananas,  &c.fe  fait  avec  des  rideaux  d’une  grolTe 
toile  nommée  vulgairernent  toile  de  flandre, laquelle  doit  fur-tout  avoir 
été  bien  tanée,  &  doit  l’être  tous  les  deux  ou  trois  ans,  afin  que  les  ri¬ 
deaux  foient  moins  fujets  à  fe  pourrir- par  le  bas;  car  c’ell  à  quoi  ilsfont 
fort  expofés  par  les  vapeurs  &  les  exhalaifons  des  Serres  échaufées  par  le 
feu.  On  fait  au  relie  cette  couverture  à  proportion  du  plus  ou  du  moins 
de  chaleur  que  demandent  les  plantes  renfermées  ;  parce  qu’il  faut  tou¬ 
jours  abfolument  empêcher  que  la  gelée  ne  les  touche.  Quand  il  paroit 
par  le  Thermomètre  placé  dans  la  Serre,  que  le  froid  eft  à  lix  ou  à  lix  de¬ 
grés  &  demi  au  delTus  de  la  gelée ,  on  met  ordinairement  ces  rideaux  de¬ 
vant  la  Serre  à  la  mi-Novembre,.&  plutôt  quand  il  gele  de  meilleure  heu¬ 
re  ;  <Sc  quand  la  gelée  ell  encore  plus  forte,  on  met  par  deflus  les  rideaux, 

La  fécondé  Couverture ,  faite  d’une  toile  d’Ofnabrug ,  laquelle  étant 
mouillée  &  enfuite  peinte,  feplie  aifément,  quoiqu’elle  foit  doublée  d’u¬ 
ne  fort  grofle  toile  à  voiles  qui  a  peu  fervi.  Pour  que  ces  couvertes 
joignent  bien  exaélement ,  &  qu’on  puilTe  les  rouler  en  petit  volume, 
on  les  lie  par  en -haut  à  la  planche  qui  déborde  ,  'à  de  petits  cram¬ 
pons  qu’on  a  fichés  près  à  près  dans  cet  endroit;  après  quoi  ces  couver¬ 
tes  pendent  entre  deux  cordes  ;  les  deux  bouts  de  chaque  corde  at¬ 
teignant  en-haut  à  la  corniche ,  &  les  deux  autres  bouts  palTés  par  une 
petite  poulie  pendante  devant  la  corniche,  autour  de  deux  perches  ron- 
'  des  bien  unies,  qui  pendent  dans  des  liens  delTous  la  couverte  doublée, 
&  autour  defquelles  ces  couvertes  lè  roulent  quand  on  les  tire  :  les  per¬ 
ches  en  queilion  font  meilleures  quand  elles  pendent  ainfîdans  des  liens, 

que 


DELACAMPAGNE.  24^ 

que  quand  on  les  coût  dans  un  fàchet,  étant  moins  fujettes  alors  à  h 
pourriture.  ^  On  les  attache  par  deirous  à  une  late  clouée  a  la  muraille. 

De\ant  la  Serre  écliaufee  par  le  feu,  longue  de  quarante  pieds,  il  y 
a  cinq  couvertes  pareilles ,  dont  chacune  déborde  Fautre  d’environ  qua¬ 
tre  ou  cinq  pouces,  ahn  que  le  vent  d’Eil:,  qui  fouiie  plus  froid  que  les 
autres,  palfe  par  defllis.  On  attache  de  plus  ces  couvertes  à  une  hauteur 
où  l’on  puilfe  atteindre,  chacune  avec  trois  liens,  pour  empêcher  que  le 
vent  ne  les  enleve,  y  ayant  pour  chaque  lien  un  anneau  de  cuivre,  au 
travers  duquel  paflant  un  bout  du  lien ,  on  le  lie  ainh  enlèmble  ;  il  y  en  a 
pareillement  par  deflbus  aux  extrémités  &  au  milieu  des  liens ,  quatre 
à  chaque  couverte  ,  par  le  moyen  defqiiels  on  attache  au  bas  prés  de 
terre  les  perches  aux  couvertes  ;  ces  couvertes  extérieures  ayant  auiîides 
deux  côtes  un  rempli ,  enlorte  que  les  vents  froids  d’Elt  ou  d’Oueft  ne 
làuroient  y  fiénétrer. 

•  La  troifième  Couverture ^  quand  il  commence  à  geler  plus  fort,  fe  fait 
en  clouant  au  haut ,  immédiatement  au  delTous  de  la  corniche ,  une  dou¬ 
ble  couverte  de  poil,  laquelle  dans  fon  elpèce  doit  être  des  plus  minces 
&  des  plus  larges;  &  ahn  que  cette  couverte  pende  bien  uniment  &  joi¬ 
gne  exaétement,  on  cloue  en  longueur  par  delTus  une  petite  late  extrê¬ 
mement  mince  :  on  pofe  devant  les  couvertes  peintes  qu’on  rouie,  &  qui 
enlèvent  aulfi  de  cette  manière  les  couvertes  de  poil ,  une  natte  de  ro- 
lèaii  de  cinq  ou  iix  bandes ,  dont  le  bout  d’en-liaut  couvre  la  couverte 
de  poil  :  on  pofe  ces  nattes  de  rofeau  félon  le  vent ,  de  manière  qu’elles 
fe  débordent  de  la  largeur  d’une  main ,  ahn  que  le  vent  pafTc  par  def- 
fus  ;  &  de  plus  on  fait  pafTer  au  milieu  une  grolfe  corde  bien  tendue ,  at¬ 
tachée  aux  deux  côtés  de  la  Serre, 

Quand  la  gelée  ell  encore  plus  rude  on  a  pour 

La  quatrième  Couverture  ^  une  pareille  fécondé  natte  de  rofeaux,  & 
dans  la  plus  rude  gelée , 

-  Ldi  cinquième  Couverture^  embas  fous  les  rideaux,  fuivantla  longueur 
de  la  Serre , une  couverte  de  poil,  quoique  je  me  ferve  fouvent  pour  cela 
une  troifieme  natte  de  rofeaux  au-lieu  delà  couverte  en  queftion,  ayant 
trouvé  que  cela  vaut  mieux;  ces  nattes  étant  moins  embaraflantes ,  & 
pouvant  être  plus  aifémenc  roulées  &  tranfportées. 

La  fixième  Couverture  pourroit  fe  faire  à  l’aide  de  couvertes  de  poil: 
mais  comme  'je  crois  qu’il  eft  impolTible  que  la  gelée, quelque  rude  qu’el¬ 
le  foit,  pénètre  au  travers  des  trois  nattes  de  rofeau  dont  je  viens  de  par¬ 
ler  ,  cela  eft  inutile.  11  eft  cependant  bon  de  lavoir,  qu’il  faut  très  fou- 

-  Partie  IL  li  r.  vent 


..  LE.S  AGREME  NS 

Tcnt,  même  fans  qu’il  gele,  couvrir  avec  ces  nattes  de  rofeau  pendant 
h  nuit  5  pour  aquerir  par  ce  moyen  une  chaleur  requife  ,  quand  le  jouf 
ne  l’a  pas  fournie. 

Dans  les  Serres  qu’on  écliaufe  par  le  moyen  du  feu ,  pour  faire  croî-^ 
tre  les  plantes  &leur  faire  produire  plutôt  des  fruits,  on  cloue  au  delTus 
des  petites  fenêtres  qui  fervent  à  airer,  à  la  muraille,  des  couvertes  de 
poil,  lefquelles, pourvu  que  ces  petites  fenêtres  ayent  par  delTous une ou-> 
verture  d’dn  peu  plus  de  .trois,  quatre  ou  plus  de  pouces,  doivent  des¬ 
cendre  jufques  au  fécond  carreau  des  vitrages  en  queftion,  afin  qua 
quand  elles  s’ouvrent  pour  faire  entrer  l’air,  on  exhaler  les  vapeurs,  el* 
les  ne  laiflent  pas  entrer  le  froid  ou  la  gelée:  il  faut  pour  cela,  quecet^ 
te  couverte  de  poil  foit  pour  le  moins  de  trois  bandes  féparées,  &  que 
chacune  déborde  l’autre  afrez,pour  prélèrver  une ,  deux  ou  trois  petite» 
fenêtres  ouvertes  de  la  pénétration  du  vent  ou  de  la  gelée;  ce  qui  ne 
fauroit  fe  faire  par  le  moyen  de  cette  couverture  quand  elleeft  d’une  feu¬ 
le  pièce  en  longueur. 

On  commence  à  faire  du  feu  vers  la  fin  de  Décembre,  ou  au  com4 
mencement  de  Janvier ,  <Sc  on  ne  couvre  pas  les  vitres  de  devant  aufli 
longtems  qu’il  ne  fait  qu’une  petite  gelée  blanche  ;  car  alors  le  Thermo¬ 
mètre  qui  ell  dans  la  Serre  montre  la  clialeur  à  i6,  17,  18  ou  plus  de- 
degrés  :  feize  étant  dans  le  commencement  le  plus  grand  froid  quand  la 
gelée  efl  plus  forte,  enforte  que  le  Thermomètre  defcend  davantage: 
on  met  devant  les  vitres  des  nattes  dreffées,  qui  comprennent  la  couver¬ 
te  dont  ces  vitres  font  déjà  munies.  Qiiand  la  gelée  efl  plus  rude  en¬ 
core  ,  on  y  ajoute  des  nattes  doubles ,  qui  font  plus  Jiautes  :  cela  fe  fait 
aulfi  à  mefure  que  la  faifon  avance ,  &  que  le  Thermomètre  doit  monter 
davantage.,  Onfefertpour  la  troifième  couverture,  de  couvertes  de 
poil  par  deflbus,  qui  étant  attachées  à  de  petits  crampons,  defeendent 
depuis  le  haut  jufques  au  deflbus  des  Carreaux  inférieurs  :  la  quatrième 
couverture 'fe  fait  par  defllis  par  le  moyen  de  pareilles  couvertes;  les  vi¬ 
tres  dreffées  étant  alors  entièrement  munies  de  couvertes  par  devant. 

:  On  a  parlé  ci* defllis  dans  ce  Chapitre,  de  la  Couverture  des  Melons, 
&c.  mais  on  l’augmente ,  quand  celle  qu’on  a  ne  fuffit  pas.  Lorfqu’on  tranf- 
plante  les  Melons,  il  ne  gele  point  ou  rarement  fi  fort,  que  des  dou¬ 
bles  nattes  ne  fuffifènt  pas  à  empêcher  le  pénétration,  fouvent  même  Û 
fait  au  mois  d’ Avril  un  tems  fi  doux,  qu’une  Ample  couverture  fuffit,  & 
que  vers  la  An  de  ce  même  mois,  ou  au  commencement  de  Mai,  on  s’en  pafl& 
entièrement ,  fuffifant  alors  que  les  plantes  de  Melons  &  autres  foient 
couvertes  de  vitrés.  Le 


DE  LA  campagne. 


2yt 


Le  vieux  Tah  eil:  léger  &  lanugineux,  ce  qui  fait  qu'èn  én  mettant 
une  couche  d’un  demi-pouce  fur  les  Renoncules,  les  Anémones,  les  Nar- 
cilTes ,  &  les  Jonquilles,  celafuffit  pour  les  munir  contre  une  petitege- 
lée;  mais  quand  la  gelée  ell  plus  forte,  on  met  encore  par  delTiis  le  Tan 
des  rameaux, &  quand  elle  ell  plus  rude  encore,  on  le  couvre  de  paille. 

Les  Rameaux  font  une  bonne  couverture  pour  des  herbres  potagères 
d'hiver,  comme  Choux,  Salade,  Cerfeuil  d’hiver,  Epinars,  Carottes 
d’hiver;  mais  quand  la  gelée  ell  rude,  ces  dernières  ont  befoin  d’être 
plus  couvertes.  On  couvre  de  plus  avec  ces  rameaux  ce  qu’on  a  planté 
ou  lèmé  au  commencement  du  Printems ,  comme  aulîi  les  Heurs  &  autres 
plantes ,  qui  font  moins  tendres ,  mais  auxquelles  les  vents  de  bize  nui- 
fent  plus  que  la  gelée;  ce  que  les  rameaux  couchés  légèrement  lùr  terre 
cmpedient  à  merveille. 


CHAPITRE  III. 


Des  Thermomètres  qui  font  conndtre  la  température  de  Pair  ^  fa^ow  la 
chaleur^  le  froid  £«?  la  gelée;  leur  nécejfité  pour  cultiver  des  plantes  é- 
trangères ,  £«?  pour  avancer  la  maturité  des  fruits  dans  les  faijons  qui 
leur  Jont  propres  :  de  leur  fabrique ,  £«P  de  la  îtianière  dont  on  peut 
les] aire:  avec  quelques  objervations particulières, 

Comme  toutes  les  Plantes,  pour  croître  comme  il  faut  &  pour  pro¬ 
duire  leurs  fruits, n’ont  pas  feulement  belbin  de  chaud,  mais  aulîl 
de  froid,  <Sc  que  lèlon  leurs  propriétés,  elles  doivent  être  plus  ou  moins 
affedlées  par  le  froid  ou  par  le  chaud  ;  de  plus ,  (ce  qui  demande  une  at¬ 
tention  nécelTaire)  qu’une  pareille  aftéélation  doit  fe  faire  félon  les  Sai- 
fons  d’une  manière  diverlè  dans  chaque  Climat,  il  ell  nécelTaire,  quand 
on  veut  cultiver  avec  fuccès  des  fruits  de  Climats  plus  chauds,  ou  bien 
avancer  artificiellement  les  laifon's  pour  les  prématurer,  d’être  in ftruit  de 
cela,  comme  aufli  de  la  température  de  l’air  quant  au  chaud  &  auTroid, 
au  tems  pluvieux  &  fec  félon  les  fàifons,  dans  les  endroits  où  ces  Plarir 
tes  viennent  &  produilènt  des  fruits  en  plein  air.  On  peut  être  fiiffiTaôi- 
ment  infiruit  fur  les  tems  pluvieux  &  fecs,  tels  qu’il  en  fait  ordinairement' 
dans  cliaque  fâifon  dans  des  Cfmats  étrangers-,  par  ceiix  qui  ont  vôyàgé 
fou  vent  dans  Ces  Pais;  mais  c’ell  ce  qui  ne  peut  fe  faire,  quant  à  latem- 


252  .LES  A:G  R  E  M  E  N  S 

pératiire  'du  cteud  &  du  froid ,  que  lorfqu’on  a  fait  là-delTus  dés  obfer» 
.vationsfexaétes'par  le  moyen  de  Thermomètres:  car  nos  corps  ne  fau* 
Toient  en  juger,  d’une  manière  infaillible  ,  parce  qu’on  en  jngeroit  tou¬ 
jours  félon  que  ces  corps  font  plus  ou  moins  accoutumés  au  chaud  & 
au  froid ,  &  par  cela  ^même  les  jiigemens  qu’on  en  porteroit ,  feroient 
fort  différons  les  uns  dps  autres;  c’eft  ce  qui  oblige  à  abandonner  cette 
.voie  5  ^  à  recourir  aux  Thermomètres  pour  favoir  peu  à  peu  par  desob- 
fervations  fondées  ffir  l’expérience,  quels  degrés  de  chaud  &  de  froidJes 
Plantes  étrangères  doivent  avoir  5-comme  aulfi  quelle  eft  félon  les  Sai- 
fons,  la  température  de  l’air  extérieur  pour  faire  grolTir  mourir  les 
fruits;  ce  qui  peut  être  pratiqué  affez  facilement. 

Ceux  dont  qui,  dans  ce  Païs,  veulent  cultiver  des  fruits  étrangers, 
ou  bien  tâcher  d’avancer  les  Saifons  pour  faire  mourir  les  fruits  d’Eté  dans 
PAutonne ,  &  des  fruits  d’Autonne  en  Eté,  ou  même  plutôt  encore, doi¬ 
vent  (comme  nous  l’avons  dit  dans  l’introduélion)  avoir  pluüeurs  Ser¬ 
res  vitrées,&  pendre  dans  chacune  un  Thermomètre  d’une  même  fabrique  : 
lefquels  Thermomètres  doivent  être  tels  que,  par  une  égale  affedation  de 
chaud  &  de  froid ,  ils  paffent  par  degrés  les  mêmes  indications ,  par 
l’élévation  ou  l’abaiffement  de  la  liqueur. 

J’indiquerai  ici  de  quelle  manière  on  peut  fabriquer  ces  Thermomè¬ 
tres,  qui  agiffent  uniformément ,- faifant  par  degrés  des  indications, 
quand  la  liqueur  defcend  ou  monte.  , 

Je  fiippolè  d’abord,  que  les  Thermomètres  à  Phiole  Ibnt  meilleurs 
pour  la  culture  des  Plantes  dont  je  traite  uniquement ,  que  ceux  qui  ont 
par  deffous  des  Cilindres;  parce  qu’un  Cilindre  qui  contient  autant  de  lir 
queur  qu’une  Phiole,  raccourcit, trop  le  tuyau  par  fa  longueur  ,  ce  qui 
lait  qu’on  ne  peut  pas  rendre  les.  divilions  de  pareils  Thermomètres  auffi 
diftindes ,  que  de  ceux  à  Plûole  ,  dont  par  cela  même  les  tuyaux  font 
plus  longs  :  outre  qu’on  ne  làuroit  vuider  çes  grands  Cilindres  ni  fi  bien 
ni  aulïi  également  quedes  Phioles;  ni  les  reehaufer  fi  facilement  aVec  la 
bouche,  ce  dont  il  fera  parlé  ci-après.  , 

‘  dl  faut  encore  que  ces  Thermomètres  ne  Ibientni  trop  longs  ni  trop 
courts  :  on  a  déjà  dit  pourquoi  il  ne  faut  pas  qu’ils  Ibient  trop  courts  : 
quand  .ils  font  trop  longs,  ils  embaraffent,  &  on  ne'  peut  pas  les  pla¬ 
cer  dans  les  couches  vitrées.  Ainfi  je  crois  qu’un  Thermomètre  dont  le 
tuyau  a  quinze  pouces  de  long,  qui  a  une  cavité  égale  à  celle  que  j’indique 
ici  par  cette  figure  (O).,  &  qui  a  à  ce  tuyau  une  petite  Phiole  d’un  ver- 
le  extrêmement  mince  3 dont  1^  diamètre  cff  d’un  pouce  &  de  deux  lignes 

me- 


DE  LA  CAMPAGNE.  55-5 

^efîiro  de  Rhinlandc,  eft  comme  il  fane,  ponr’obièrver  par  fbn  moyeil 
le  pins,  grànd  froid  &  la  plus  grande  chaleur  ;  quand  on  Ta  rempli  cTef. 
prit  .de  Vin  très  fort  dans  un  tel  tuyau  ,•  la  liqiieim  .ne  montera  pas  aïïez 
■haut,  pour  que  fair  fupérieiir  lui  rélifte  beaucoup,  &  principalement 
quand  le  tuyau  ell  un  peu  plus  large  vers  le  liant  ;  car  fi  fair  fupérieur 
rélifte  trop ,  il  faut  nécefiairement  que  la  Phiole  crève  :  il  faut  pourtant  qu’il 
y  ait  au  delTus^dèda  liqueur  un  air  commun  dans  le  tuyau,  afin  que  la 
liqueur  rélle  rafiemblé  iàns  aucune  divifion ,  laquelle  fe  fépareroit  autre¬ 
ment  bientôt  fi  ,  la  chaleur  venoit  à  l’alfcder  trop  fubitement.  Cette  Phio- 
le  eft  aufli  fort  luiette  à  le  rompre,  quand  elle  efi:  tant  Ibit  peu  compri¬ 
mée  ,  ou  quand  la  planche  à  laquelle  elle  efi:  ajullée,  le  gonfle  ou  fe  refi 
ferre  :  ç’ell-pourquoi  je  ne  fâche  rien  de  meilleur  qu’une  petite  planche  de 
J)Oui&.,  fur  laquelle,  après  l’avoir  peinte  en  blanc,  on  marque  les  degrés 
par  de  petites  lignes  noires ,  lefquelles  on  numérote  enfuite  de  cinq  à 
cinq  au  côté  avec  de  grands  chiffres  noirs  :  il  faut  de  plus  qu’il  y  ait  dans 
cette  planche  ime  cavité  ample  &  profonde  pour  la  Phiole,  &  une  rai¬ 
nure  pour  le  tuyau;  par  en-haut  un  trou,  pour  pouvoir  la  pendre  à  un 
clou  :  fa  largeur  dpit  être  'd’un  peu  plus  de  deux  pouces, 

.  Si  on  poLivoit  faire  fabriquer  par  un  habile  Soufleur  de  verre  les  tu¬ 
yaux  d’une. même  largeur,  &  lès  Phioles  proportionnellement  à  la  ca¬ 
vité  des  tuyaux ,  on  pourroit  auffi  alors  félon  la  vertu  élaftique  de  la  li¬ 
queur  ,  prescrire  une  longueur  déterminée  pour  ces  Thermomètres: 
mais  cela  n’étant  pas  poflible,  il  efi  nécefîaire  qu’on  faffe  tirer  les  tuyaux 
de  la  longueur  d’un  peu  -plus  de  dix-fèpt  pouces ,  pour  en  rogner  après 
cela  à  proportion  qu’on,  trouvera  que  la  Phiole  efi  ou  trop  grande  ou  trop 
petite.  i 

;  La  liqueur  de  ces  T herraomètres  doit  fe  montrer  d’une  manière  fort  fen- 
fible,  afin  que  par  dehors  on  puifTe  découvrir  au  travers  des  vitres  la  tempé¬ 
rature  de  l’air  intérieur  de  là  Serre.  C’efi:  pour  cette  railbn  que  les  tuyaux 
doivent  avoir  une  telle  largeur,  &  que  la  liqueur  doit  être  aufii  fort  colorée 
&  avoir  une  vertu  élaflique.  G’eft  pour  cela  que  dans  ce  cas  l’argent  vif,, 
qui  efi,  id’ailleurs  ce  qu’il  y  a  de'  meilleur ,  efi:  très  peu  convenable  :  la-  meil¬ 
leure  liqueur  pour  ces  Thermomètres  doit  être  d’un  bleu ,  ou  d’iin  rouge 
fort  foncés;  je  préfère  la  dernière  de  ces  couleurs,  parce  qu’on  la  peut 
fafre  en  peu  de  tems,&  qu’elle  efl  fort  élaftique  ;  on  prend,  pour  la  fai¬ 
re  ,  une  demi -pinte  du  plus  fort  ei^^rit  de  Vin,  fur  lequel  on  met  trois 
onces  de  bayes  de  Sureau  bien  léchées  &  pulvérifées  ,  lelquelles  doivent 
infufer  dans  cette  liqueur,  après  quoi  on  la  tire  doucement  au  clair;  &. 

li  3  apres 


.  LES  A  G  R  E  M  E  N  S 


après  l’avoir  fait  repofer  ainfi  encore  quelque  tems  poür  fui  donner  lè 
tems  defe  défaire  de  toute  fa  crafle,  on  la  tire  de  nouveau  au  clair,  quand 
on  veut  s’en  fervir  :  pour  lors  la  couleur  fera  d’un  rouge  fort  foncé. 

Cell:  de  cette  liqueur  élallique  ainfi  colorée  dont  on  doit  fe  lervirpouf 
remplir  les  Thermomètres  en  quelUon ,  lorfqu’on  fe  propolè  d’avoir  dea 
fruits  précoces.  i  *  ;  .  " 

On  metja  Pliiole  qui  ell:  vuide  llir  un  charbon  de  feu,  &  ori  la^âiiïfe 
chaufer,  jufqii’à  ce  que  l’âir  grofiier  en  forte,  de  même  que  diï  tùÿaü^ 
après  quoi,  tenant  la  Phiole  en  haut,  on  trempe  l’ouverturê  du'  tüyaü 
dans  refprit  de  vin  coloré,  &on  en  remplit  la  fixièmè  partie  de  laPhio- 
le:  après  cela  on  pofe  de  nouveau  liir  le  feu  la  Phiole  pour  chalfer  par 
la  grande  chaleur ,  tout  l’air;:  cela  fait,  on  trempe  encore  fubiteinent 
comme  ci-devant! le  tuyau  dans  la  liqueur,  qui  remplit  aiiifî  pour  l’ôr- 
dinaire,  en  une  feule  fois,  &  le  tuyau  &  la  Phiole:  ce  qui  ne  faüroit  fè 
faire  quand  la  prémière  fois  on  introduit  trop  de  liqueur  dans  la  Pliiole^ 
parce  qu’alors  la  grande  chaleur  en  chafle  la  liqueur  &  l’air  égiilement. 

Le  Thermomètre  ainfi  rempli,  on  laiffe  d’abord  cette  liqueur  chaude 
fe  condenfèr  lorfqu’il  gele  légèrement,  peu  du  point, 'comme  oh  lé  dira' 
ci-après;  &  l’on  examine  pour  lors  s’il  y  a  le  moindre  air  parmi  l’a  li¬ 
queur  ;  &  s’il  n’y  en  a  point,  on  regarde  enfuite  -s’il  n’y -pas*, ‘ou  trop  oii 
trop  peu  de  liqueur  dans  le  tuyau,  pour  pouvoir  monter  ou  delcéndre,à 
la  hauteur  ou  profondeur  requife  des  degrés,  b’il  y  en  a  trop ,  on  remet 
la  Phiole  fur  lé  feu ,  afin  que  la  liqueur  monte  doucement  julques  près 
de  l’orifice  fupérieur  du  tuyau,  par  lequel  on  tire  alors  au  travers- d’un 
petit  tuyau  extrêmement  fin  ce  qu’il  y^a  de  trop:  s’il  y  en  a  trop  peu, 
on  introduit  ce  qui  y  manque,  en  renverfant  tout  à  coup  le  tuyau  dans 
l’efprit  de  vin  :  mais  c’efl  ce  qui  ne  fauroit  fe  faire  lans  que  Pair  fè  glilTe 
entre  la  liqueur  fupérieure  &  inférieure ,  lequel  doit  être  inceiïammenü 
expulfé  par  le  haut,  en  le  pompant  &  en  introduifànt  un  petit  fil  d’archal 
dans  l’orifice  du  tuyau:  ce  qui  fe  pratique  aulfi,  quand  dèsde  commen* 
cernent  on  apperçoit  qu’il  y  a  de  Pair  parmi  la  liqueur.  '  ' 

Après  avoir  ainfi  rempli  comme  il  faut  le  Thermomètre,  on  bouchô 
Porifice  par  en-haut  avec  un  peu  de  cire,  après  y  avoir  laiffé  entrer  un  peu 
d’air,  pour  conferverla  vertu  élallique  de  Pelprit  de -vin:  ehfüite  on  mar¬ 
que  fur  la  planche  de  bouis  peinte  en  blanc  par  de  plus  grandes  ou  de 
plus  petites  divifions,les  degrés, à  proportion  de  la  vertü  élallique  de  la 
liqueur  qui  elt  dans  la  Phiole  &  dans  le  tuyau:  fuivant  cette  même  pi^o- 
portion  on racourcic  auiîi  plus  ou  moins  le  tuyau,  &  l’on fe  fert’ d’une 


DE  LA  CA  M  PAG. NE. 


tff 


planche  plus  conrte  ou  plus  longue.  Pour  être  alTuré  de  fon  fait ,  quand 
on  marque  les  degrés  de  ces  Thermomètres  deftinés  à  la  culture  des  Plan¬ 
tes  ,  j’ai  appris  par  expérience  que  des  corps  fains  qui  ont  depuis  trente 
jufqueskfoixante-dix  ans  font  monter  dans  le  tuyau  la  liqueur  à  une  mê¬ 
me  hauteur,  quand  ils  tiennent  la  Phiole  dans  leur  bouche  fermée  en¬ 
tre  la  langue  &  le  palais  ,  aufli  longtems  qu’il  eft  nécelTaire  pour  que  la 
liqueur  aquière  le  même  degré  de  chaleur  qu’a  leur  làng  :  les  liqueurs  qui 
ont  moins  de  vertu  élallique,  ou  qui  font  renfermées  dans  des  tuyaux 
plus  larges,'  quand  les  Phioles  font  d’une  même  grandeur,  monteront 
bien  moins  que  celles  qui  ont  plus  d’élafticité  &  des  tuyaux  moins  lar¬ 
ges^  cependant  toujours  d’une  manière  uniforme,  par  le  moyen  de  di¬ 
vers  corps  fains  c’eft  donc  en  obfèrvant  ces  proportions  qu’on  fait  les 
divifions  plus  ou  moins  grandes. 

Cecipofé  comme  une  chofe  inconteftable ,  il  s’agit  maintenant  &  prin¬ 
cipalement  d’obforver  quand  il  fait  la  plus  petite  gelée  dans  un  air  bien 
Ouvert ,  pour  en  placer  la  marque  for  la  planche. 

■  ■'  'Pour  y  réulfir  comme  il  faut  on  prendra  pour  fabriquer  de  pareils 
Thermomètres  comme  le  tems  le  plus  convenable,  le  Printems  ou  PAu- 
tonne ,  quand  dans  un  air  libre  on  peut  s’attendre  le  matin  k  une  petite 
gelée,  pas  affez  forte  cependant  pour  faire  prendre  Peau  des  folTés:  a- 
lors  le  Thermomètre  bailTera  à  quinze  degrés  ;  car  quand  Peau  des  fofo 
fés  extérieurs  commence  kfe  glacer  il  baiüera  jufqu’k  14:  ayant  marqué 
i  J  par  un  petit  trait  de  craion  for  la  planche,  on  ôte  le  Thermomètre 
de  delTus  la  planche,  &  l’on  tient,  comme  il  a  été  dit,,  k  Phiole  dans 
k  bouche ,  jufqu’k  ce  que  la  liqueur  ait  la  même  clialeur  du  fang  j,  mais 
comme  il  faut  plus  d’un  qirart  d’heure  pour  cela,  on  y  remédiera  en  re- 
chaufant  peu  k  peu  la  Phiole  for  un  charbon  de  feu,  jufqu’k  ce  qu’mon  ait 
lieu  de  croire  que  la  liqueur  fera  montée  dans  le  tuyau  k  trente  degrés 
au-delfus  de  la  gelée,  par  où  l’on  abrège  le  tems  qu’il  faudroit  le  tenir 
renfermé  dans  la  bouche. 

Quand  donc  la  liqueur  efi:  parvenue  aulTi  haut  que  la  chaleur  de  la  bou¬ 
che  pourroit  la  pouffer,  il  faut  remettre  très  fobitement  le  Thermomètre 
fur  la  planche ,  &  y  marquer  pareillement  cette  hauteur  *,  après  quoi  û 
faut  divifer  l’intervalle  qu’il  y  a  entre  la  gelée  ,  &  cette  chaleur  rehaufo 
fée  en  trente  degrés  égaux,  &  compter  enfuite  encore  quinze  autre  de¬ 
grés  égauxvers  le  bas;  auquel  cas  on  trouvera  la  dernière  divilion  (d’O)' 
auprès  de  la  Phiole  :  au  delTus  du  quarante-cinquième  degré  on  fait  aufît 
cinq  divifions  égales,  jufqucs  k  cinquante:  ceci  fait  on  marquera  tout  de 


LES  A  G  R  E  M  E  N 


bon  ces  divHîons  flir  la  planche  par  des  traits  ou  des  lignes ,  &  on  y  peîil-' 
dra  de  noir  les  chifres.  Enfuite  il  faut  racotircir  le  tuyau  environ  de  trois 
pouces  au-delTus  du  f  .  degré  ;  ce  qifon  fait  fans  peine  par  le  moyen 
d’une  lime  bien  afilée  au  rond  du  tuyau  ;  on  fermera  pour  lors  herméti¬ 
quement  forihee  du  tuyau  au  travers  d’une  flamme  vive  &  conique  d’u¬ 
ne  meche  de  coton  bien  trempée  dans  l’huile,  dans  laquelle  on  tient  le 
tuyau  5  contre  l’orifice  duquel  on  en  fait  fondre  un  autre ,  lequel  on  reti¬ 
re  peu  à  peu  lorfqu’il  a  perdu  de  fa  chaleur. 

En  cas  qu’on  trouve  dans  le  tuyau ,  que  la  liqueur  à  l’endroit  où  le 
plus  bas  degré  (O)  doit  être  marqué, n’eft  pas  auprès  de  la  Piiiole,mais 
trop  haut  ou  trop  bas , il  faut  en, tirer  le  fuperflu,  ou  y  ajouter  ce  qu’il  y 
manque,  de  la  façon  qu’il  a  été  dit  ci-devant;  en  obfervant  à  chaque 
fois  pendant  ce  changement  la  marque  de  gelée,  &  le  rehauirement  par-, 
la  chaleur  de  la  bouche,  &  marquer  <Sc  divifer conformément  les  degrés 
fur  la  planche, &  enfuite  racourcir  le  tuyau  &  le  fermer  i]ermétiquement. 

Qiiand  une  fois  on  s’eft  procuré  un  pareil  1  hermomètre,  on  peut  en 
fabriquer  d’autres  fur  ce  modelé  en  tout  tems,  fans  avoir  égard  au  Prin- 
tems ou  à  l’Autonne.  Je  crois,  que  quelque  froid  qu’il  lafTe  en  plein 
air,  la  liqueur  ne  defeendra  jamais  dans  la  Phiole  de  pareils  Thermomè¬ 
tres.  Comme  les  Thermomètres  placés  dans  des  Serres  pouf  des  plan¬ 
tes  de  Climats  plus  chauds,  ou  pour  prématurer  nos  fruits,  ne  doivent 
pas  defeendre  julqii’à  la  marque  de  gelée,  ou  bien  monter  plus  haut  que 
50  degrés,  on  pourroit  racourcir  ceux  qu’on  deftine  à  cet  ufage,  à  la 
longueur  de  quatorze  degrés;  mais  pour  lors  le  peu  de  liqueur  qu’il  y  a 
dans  le  tuyau ,  fera  que  la  hauteur  caillée  par  la  bouche  fera  un  peu 
moindre;  différence  qui  fera  fort  peu  fenfible  furie  tout,  &  de  peu  d’ef¬ 
fet,  n’étant  pas  non  plus  effentiel  que  le  tuyau  foit  par-tout  exaéfement 
d’une  même  largeur,  pourvu  que  la  différence  ne  foit  pas  affez  grande, 
qu’on  puifTe  la  découvrir  à  l’œil;  car  il  s’agit  principalement  des  indi¬ 
ces  déterminés  de  gelée  &de  la  plus  grande  chaleur ,  parce  qu’il  faut  em¬ 
pêcher  que  les  Thermomètres  des  Serres  ne  parviennent  a  l’une  ou  à 
l’autr-e  de  ces  extrémités,  mais  obferver  toujours,  autant  qu’il  eft-pofîibJe, 
la  chaleur  mitoyenne ,  comme  on  a  foin  de  l’indiquer  quand  on  traite  de 
la  culture  des  Ananas  dans  une  Serre  échaufée  par  des  fourneaux,  iSede 
celle  des  Vignes  échaufées  pareillement  par  le  feu. 

On  a  beloin  en  plein  air  de  TJiermométres  pour  prendre  fes  mefiires, 
en  empêchant  la  pénétration  de  la^gelée  par  le  moyen  de  la  couverture 
extérieure;  mais  quand  il  s’agit  de  prévoir  en  quelque  lorte  des  tempê¬ 
tes 


tes  furieures ,  &  de  favoir  quand  il  faut  couvrir  &  non  pas  airer  >  il  faut 
fè  fervir  d’un  Baromètre  ^  comme  étant  beaucoup  plus  propre  à  ces  ulà- 
ges. 

Par  le  fecours  d’un  pareil  Thermomètre,  fait  comme  il  a  été  dit, par 
divifions  de  degrés,  &  montrant  le  chaud  &  le  froid,  j’ai  fait  les  expé¬ 
riences  fuivantes.  Il  eft  pendu  à  ime  muraille  qui  efl:  au  Nord,  &  qui  ne 
fauroit  recevoir  aucun  rayon  folaire,  à  trois  pieds  &  lèpt  pouces  de  ter- 
re. 

Il  eft  aufli  rempli  (félon  la  deftription  précédente  qui  en  a  été  faite) 
avec  de  l’elprit  de  vin  très  fort,  pour  la  culture  des  plantes  &  la  préma¬ 
turation  des  fruits:  la  longueur  des  degrés  divifés  étant  depuis  O  jufqu’au 
5  neuf  pouces  trois  lignes  &  un  quart,  mefure  de  Rliinlande;  a- 
yant  trouvé  le  degré,  qui  y  eft  marqué,  en  faifant  tenir  la  Phiole 
dans  la  bouche  de  différentes  perfonnes  :  je  dois  cette  obfervation  à  ce 
que  m’en  a  communiqué  un  Naturalifte  très  expérimenté. 

50  La  plus  exceffive  chaleur  pour  les  Ananas  pendant  l’Eté  dans  les 
Couches  vitrées  où  il  y  a  du  Tan. 

47  Chaleur  d’Eté  pour  les  Ananas.  11  faut  alors  leur  donner  de 
l’air. 

45:  Chaleur  du  fang,  aquife  par  la  bouche,  &  chaleur  naturelle  d’Eté 
pour  les  Ananas. 

43  Chaleur  tout-k-fait  étoufante  en  plein  air  dans  l’Eté  :  il  en  étoit 
ainfi  le  4  d’Aout  1719. 

411  Chaleur  pour  les  Ananas  après  les  14  prémiers  jours, qu’ils  ont 
été  mis  dans  les  Couches  vitrées  où  il  y  a  du  Tan. 

40  Chaleur  pour  les  Ananas,  pendant  les  prémiers  14  jours  qu’ils 
font  dans  ces  Couches  vitrées;  &  la  plus  grande  chaleur,  dans  la  Serre 
artiftciellement  échaufée.  C’eft  une  chaleur  étoufante  en  plein  air  dans 
l’Eté. 

37  Chaleur  pour  les  Ananas  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée  au 
mois  de  Février;  &  dans  l’Eté,  tems  chaud  avec  des  vents  de  Nord  ou 
d’Oueft;  mais  étoufant  quand  c’eft  avec  vent  d’Eft,Sud-eft,  ou  Sud. 

35i  Tems  d’Eté  tempéré;  cependant  très  étoufant  au  commencement 
de  Mai  &  de  Septembre.  r 

32  Tems  d’Eté  jufqu’k  la  mi-Mai  :  c’eft  le  tems  qu’il  fit  en  plein  air 
pendant  plulieurs  nuits  des  années  1718  ôc  J  719. 

30  Chaleur  pour  les  Ananas  jufqu’au  20  de  Janvier,  Chaleur  d’Eté 
en  Avril  &  en  Septembre, 

Tartîe  IL  Kk  '  ^7\ 


LES'  AGRE  MENS 


% 


271  Fraîcheur  ordinaire  de  la  nuit  pendant  PEté  en  plein  air. 

26  Fraîcheur  pour  les  Ananas  dans  la  Serre  artificiellement  échau- 
fée  après  le  mois  de  Janvier.  Chaleur  de  Printems  &  d’Autonnc. 
Cliofe  remarquable,  que  ceci  caufe  par  le  moyen  du  feu  une  chaleur  in- 
luportable,  quand  il  gele  en  plein  air,  &  que  le  tems  eft  à  31. 

25  Extrême  chaleur  pour  les  Caves  &  pour  les  endroits  où  Ton  gar¬ 
de  les  provifîons. 

23  Extrême  froid  pour  les  Manges  Tanges:  pendant  PEté  il  fait 
im  froid  à  trembler. 

2 1  Le  plus  chaud  tems  d’Eté  à  la  hauteur  du  Pôle  de  80  degrés  &30 
minutes;  &  pendant  PEté  très  froid  dans  ce  Païs.  : 

20  Tems  d’Hiver  chaud;  &  tems  d’Eté  très  chaud  (a)  a  76  degréç. 

19  Extrême  froid  d’Hiver  pour  les  Ananas. 

175  Tems  d’Hfver  tempéré;  &  chaleur  naturelle  dans  la  Maifbn  ^ 
quand  en  plein  air  il  ell:  à  10. 

'  1 5“  A  peine  de  la  gelée ,  comme  d’un  linge  mouillé  très  légèrement 
gelé  ;  &  par  le  moyen  du  feu  une  chaleur  naturelle  dans  la  Maifon , 
quand  en  plein  air  le  tems  eft  à  4.  ou  4I. 

14,  Givre  fort,  deforte  qu’il  y  a  de  la  glace  dans  les  Fofîés:il  en  fait 
encore  fouvent  en  Avril,  &  quelquefois  en  Mai  &  en  Juin:  cela  étoit 
ainfi  le  IJ  de  Juin  1733. 

-  i2i  Dans ' P Autonne  forte  gelée. 

9  Quand  il  gele  ainfi  pendant  trois  jours  de  fuite ,  la  glace  efl  aflez 
forte  pour  porter  des  Chevaux. 

.  41  C’eft  le  tems  qu’il  fit  chez  nous  le  21  de  Janvier  i7i(5,  &  qui  eau- 
fa  un  froid  fort  piquant. 

2j  C’efl  le  tems  qu’il  fit  chez  nous  le  1 1  Janvier  1729. 

2  Doit  caufer  chez  nous  un  froid  presque  infuportable. 

O  11  n’eft  pas  à  prélumer,  que  naturellement  il  en  viendra  à  ce  points 
Je  n’ai  pas  feulement  obfervé  pendant  vingt  années  la  pluie,  le  vent,  la 
grele,  la  neige,  le  brouillard,  la  rofée,  &c.  mais  aulfi remarqué  le  chaud 
oc  le  froid  par  le  moyen  de  mon  Thermomètre  :  par  où  j’ai  trouvé  : 

■  Qiie  pendant  PEté,  dans  le  Printems  &  au  commencement  de  l’Au- 
tonne>  il  fait  Je  plus  grand  froid,  quand  le  Soleil  eil  à  une  demi-lieue 
"  -  ■  '  ^  ^  au 


y  Il  paroitrci  peut-ître  extraordinaire  au  Ledteur^  qu'à  y 6  degrés  hauteur  du  Pôle  il 
fa{}e  pîuS‘ froid  qu’à  80;  cependant  cela  m*a  été  ajfuré^  par  un  Commandeur  de  la  pêche  à  la 
baleine  i  fur  des  ohfermtions  très  exaêles  ^  qu’il  en  a  faites  fur  Mer  pendant  trois  années  ^  par 
îg  moyon  de  mon  Thermoînètre  que  je  lui  avais  donné  pour  cela. 


DELA  CAMPAGNE. 

au  delTus  de  riiorifon  :  qu’enfuite  la  chaleur  augmente  ordinairement 
d’heure  en  heure,  jurqu’k  ime  heure  ou  midi  &  demi;  quelquefois  auOTi, 
mais  rarement,  jufqu’à  une  heure  &  demi;  après  quoi  la  chaleur  du 
jour  perd  ordinairement  de  fa  force. 

Qii’en  Hiver  il  fait  le  plus  grand  froid,  quand  le  Soleil  fe  lève,  ou 
un  peu  auparavant. 

Qii’un  air  d’Eté  du  Sud,  du  Sud-eft  ou  de  l’Ell,  quand  les  Thermo¬ 
mètres  font  au  Nord  depuis  34  à  35 ,  nous  paroit  aulTi  chaud,  qu’avec 
un  vent  de  Nord  depuis  38  à  38^ 

Que  lorfque  ces  Vents  doux  de  Sud,  de  Sud-eft  &  d’Efl  rendent  l’air 
encore  plus  chaud,  &:que  le  Thermomètre  eft  à  38  &  même  plus  haut, 
pareille  chaleur  devient  à  proportion  beaucoup  plus  infuportable  &  è- 
toufante;que  3-8  du  Sud  paroit  pour  le  moins  auffi  chaud  que  41  du  Nord; 
ces-airs  doux  étant  toujours  nébuleux  ou  épais. 

Que  la  rofée  d’Eté,  du  Nord-eft,  de  l’Ell,  6c  même  duSud-ell,  fait 
bailTer  davantage  le  Thermomètre,  6c  indique  plus  de  froid^que.ne 
feroit  dans  cetems  la  pluie,  un  vent  furieux,  ou  une  tempête,  quancj 
même  le  vent  feroit  Nord. 

Que  des  vents  de  Nord  ou  de  Nord-ell,  fecs6c  forts,  nousparoiflent 
plus  froids  en  Eté  que  ne  l’indiquent  les  Thermomètres  ;  mais  que  ces 
vents  rendent  fouvent  l’air  plus  froid,  6c  affedent  le  Thermomètre  de 
manière  qu’il  baifle  quelquefois  de  deux  degrés  de  plus,  qu’un. autre  qui 
eft  à  l’abri  du  vent  ou  expofé  au  Couchant.  '  .  .  . 

Que  non  feulement  le  Soleil,  mais  aufli  la  reverbération  de  lès,ra* 
yons ,  quoiqu’éloignée ,  caufe  de  grandes  diverlités  quant  au  rehaulTe* 
ment. 

Que  lorfque  le  Thermomètre  commence  k  monter  l’après-midi  (baiA 
faut  autrement  alors  pour  l’ordinaire) ,  il  fait  ordinairement  de  la  pluie 
le  lendemain;  6c  plus  cela  arrive  vers  le  foir,  plus  la  choie  eft  certaine, 
car  pour  lors  il  fait  Ibuvent  le  lendemain  un  fort  grand  vent ,  ou  bien 
de  la  tempête  6c  de  la  pluie. 

Quand  après  un  jour  où  le  Soleil  k  lui  fort  clairement,  le  vent  tom¬ 
be  ,  6c  que  le  Thermomètre  continue  k  bailTer  le  foir ,  il  fait  ordinaire¬ 
ment  un  beau  jour  le  lendemain. 

Que  le  vent  n’affeéie  qu’k  proportion  de  la  température  de  l’air,  de- 
forte  que  le  vent  poulTé  avec  violence  contre  la  Phiole  par  le  moyen  d’un 
fouflet,  ne  caufe  pas  la  moindre  diverlité,  6c  ne  fait  pas  retiter  ou  baif* 
fer  en  aucune  manière  la  liqueur  qu’elle  contient. 

Kk  2  Que 


26o  .  L  E  s  a  g  R  E  M  E  N  s 

Qiie  la  chaleur  eft'plus  ou  moins  grande  dans  des  Serres  renfermées^ 
non  feulement  à  proportion  qu’elles  font  plus  près  du  feu ,  ou  quand  il 
gele  en  plein  air ,  mais  aufli  à  proportion  qu’elle  eft  plus  près  de  ter¬ 
re  :  c’ell:  ainlî  que  le  Soleil  &  le  feu  peuvent  rendre  la  différence  de  la 
chaleur  au  deflbus  de  2,3  ,4 , 5* ,  &  plus  de  degrés  plus  bas ,  que  plus 
haut,  dans  la  Serre  échaufée  artificiellement. 

Dans  la  grande  Serre  nommée  Trek-kas^  décrite  dans  le  prémier 
Chapitre  de  la  fécondé  Partie  9  page  234,3  pendent  perpendiculairement 
trois  Thermomètres  l’un  au  delîus  de  l’autre,  le  plus  bas  à  trois  pieds  & 
quatre  pouces  de  terre,  le  fécond  à  neuf  pieds,  &  le  troifième  à  douie 
pieds  &  fix  pouces  :  par  ce  moyen  j’ai  oblèrvé  ce  qui  liiit. 

Le  1 5;  de  Juin  avec  un  vent  de  Sud-eft  &  lui  Soleil  nébuleux,  auquel 
tems  le  Thermomètre  en  plein  air  étoit  à  midi  à  3 1 ,  celui  d’embas  étoit 
à  38,  le  fécond  à  4,2  &  le  plus  haut  à  4.71.  j 

Le  18  de  Juillet,  vent  d’Jift,  Soleil  fort  luifant,  nuages  bleus;  il  é- 
toit  en  plein  air  à  midi  321,  celui  d’embas  dans  la  Serre  aulîi  à  32?,  le 
fécond  à  4.0^,  &  celui  d’en- haut  à  4.7. 

Le  Thermomètre  de  la  Serre  artificiellement  échaufée  pend  dans  le 
inilieu  de  la  prémière  divifîon.  Lorlqu’il  ne  gele  pas  &  qu’on  fait  en 
dedans  du  feu,  ce  Thermomètre  montre  ordinairement  un  degré  de  cha¬ 
leur  de  plus ,  que  celui  qui  pend  dans  la  fécondé  divifîon  à  la  même  hau¬ 
teur  &  à  la  même  diflance  des  vitres  :  mais  quand  il  gele,  la  différence 
efî;  confîdérablement  plus  grande,  &  encore  plus  quand  la  gelée  ell  plus 
forte,  principalement  quand  il  a  déjà  tant  gelé,  que  la  gelée  ne  peut 
plus  pénétrer  dans  le  terrain  extérieur,  ou  bien  quand  ce  dernier  eff  cou¬ 
vert  de  neige. 

Dans  la  Serre  jonchée  de  Tan,  &  artificiellement  échaufée  pour  les 
Ananas ,  dont  on  trouve  le  delcription  dans  le  I  Chapitre  de  cette  II 
Partie ^  page  24.2,  j’ai  confervé  pendant  l’Hiver  quelques  Ananas  dans 
■du  Tan  fort  chaud;  il  y  avoit  deux  Thermomètres,  l’un  à  l’Orient  & 
l’autre  à  l’Occident  :  celui  qui  étoit  à  l’Occident ,  étant  pendant  le  mois 
de  Décembre  avec  des  vents  conftansd’Efî:  ou  de  Nord-eff,  toujours  plus 
bas  de  deux  ou  trois  degrés,  que  le  Thermomètre  à  l’Orient  jufî 
qu’au  29  de  Décembre,  auquel  tems  le  Thermomètre  en  plein  air  avec 
•un  vjent  tempétueux  de  Sud-eft  &  des  bourafques  de  neige ,  étoit  à  i  ^  ; 
ce  froid  &  ce  vent  furieux  accompagnés  de  neige,  preffèrent  fî  fort  l’air 
♦intérieur  de  la  Serre  vers  le  Thermomètre  qui  étoit  à  l’Orient ,  qu’il  é- 
toit  en  cet  endroit  à  ip,  dans  le  tems  que  celui  qui  fe  trou  voit  à  l’Occi- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


261 


dent,  étoit  à  26;,  &  ainfi  largement  fept  degrés  plus  haut:  cela  eft  d’aiK 
tant  plus  remarquable,  que  ces  vitres  étoient  couvertes  de  grolTes  nattes 
de  paille,  &  celles-ci  de  grolTes  couvertures  de  poil,  fur  lefquelles  ily  avoit 
encore  des  volets  de  bois  épais  d’un  pouce. 

L’eau  des  FolTés  &  des  Refervoirs  au  Nord ,  fix  pouces  au  delTous  de 
la  fuperficie,  eft  ordinairement  TEté  le  matin  de  bonne  heure  &  le  foir 
plus  chaude  de  deux  degrés ,  que  l’air  du  Nord  même  :  au-lieu  qu’au 
Frintems ,  la  chaleur  eft  communément  égale ,  auquel  tems  aufti  l’eau , 
quand  Tair  devient  plus  chaud ,  n’en  eft  pas  fitôtaffeélée  ;  &  tout  au  con¬ 
traire  l’eau  retient  davantage  fa  chaleur,  &  elle  eft  même  quelquefois 
de  4.5  5^  V  plus  de  degrés  plus  chaude  que  l’air,  quand  le  tems  devient 
tout  à  coup  froid  &  rude,  comme  auifi  lorfque  l’air  eft  refroidi  par  la 
rofée.  Ordinairement  c’eft  le  matin  que  l’eau  eft  la  plus  froide,  &elle 
diffère  le  moins  d’avec  l’air  du  Nord ,  vers  midi  :  cependant  dans  un 
Foffé  où  l’eau  court  toujours,  &  qui  eft  plus  ou  moins  couvert  d’arbres, 
elle  eft  ordinairement  de  deux  degrés  plus  froide  ;  &  encore  plus  dans 
un  Relèrvoir  de  plomb  au  Nord  qui  eft  ombragé  par  des  arbres. 

Le  Baromètre  peut  indiquer  quand  il  faut  munir  les  Serres  contre  le 
vent,  en  fermant  les  vitres;  ou  bien  en  y  paffant  par  deffus  des  cordes, 
ou  pour  laiffer  entrer  l’air  en  ouvrant  un  peu  les  vitres,  ou  pour  les  cou¬ 
cher  plat,  quand  le  Baromètre  eft  fort  bas;  mais  il  faut  ôter  tout-k-fait 
les  vitres  des  plantes  qui  doivent  être  huineélées,  afin  que  la  pluie  puiffe 
les  arrofer. 


Les  Pefè-vapeurs  ne  m’ont  jamais  fervi  de  rien  pour  la  culture  des  plantes? 


CHAPITRE  IV. 


Le  de  la  âiverjîté  avec  laquelle  il  mêle  le^  parties êsP  agît  fur  les 
liantes  \  comme  aujfi  de  la  chaleur^  du  froide  des  vents  ^  de  la  pluie  ^ 
de  la  neige  ^  delagrelcy  des  frimât  s  y  ^  de  la  rofée  y 

L’Air,  dilènt  certains  Naturaliftes,  eft  un  corps  fluide,  glutineux, 
tranlparent  ôc  élaftique,  qui  eft  fufceptible  de  condenlàtion  &  de 
raréfadion,  mais  non  pas  de  fe  convertir  comme  l’eau  en  glace;  j’ya- 
joute,  tel  qu’il  eft  avec  les  vapeurs  &  les  exhalaifons,  lefquelles  font  ex¬ 
trêmement  divifées.  f 

Les  exhalaifons  font  des  parties  ignées,  fulphureufes ,  minérales,  mê'- 

Kk  3  lées 


LES  AGREMENS 


^62 

lées  de  lalpêtre,  &  telles  autres  parties  fèches. 

Les  Vapeurs  font  des  parties  unies ,  humides ,  contenant  de  l’eau  ou 
de  riiuile. 

Les  unes  &  les  autres  dorment  par  toute  forte  de  caules  à  Tair  diver- 
lès  températures,  félon  qu’il  fe  mêle  avec  lui  plus  ou  moins  de  vapeurs  ou 
d’exhalaifons ,  formant  ainfi  enfemble  l’air  commun,  dans  lequel  tous 
les  Animaux  (Sc  les  Plantes  font  produits  &  croiilènt.  Comme  donc  l’air 
eft  different  félon  la  fîtuation  desPaïs,les  corps  different  auffi  entre  eux; 
car  félon  que  le  Soleil  éclaire  les  Païs  plus  ou  moins  obliquement,  ou  bien 
perpendiculairement, les  rayons  font  réfléchis,  ou  bien  ils  y  relient  plus 
longtems ,  &  y  caulènt  plus  ou  moins  d’agitation,  d’où  provient  le  chaud 
&  le  froid. 

Si  Ton  penlè  que  dans  de  certains  endroits  il  y  a  du  feu  Ibus  la  terre, 
ou  feulement  une  matière  fulphureulè ,  qui  a  été  allumée ,  les  vapeurs 
&  les  exhalaifons  dans  levoifînage  du  feu  ,  y  feront  en  plus  grand  nom¬ 
bre:  outre  que  le  Soleil  pardeirus,&  ce  feu  par  deffous,  caulèront  des  va¬ 
peurs  &  de  exhalaifons  tout-à-fait  différentes ,  &  cela  à  proportion  que 
les  Païs  feront  élevés ,  lècs,  montagneux,  contenant  des  métaux  &  des 
minéraux ,  fulphureux,  huileux ,  chargés  de  vitriol ,  de  falpêtre ,  de  fel  & 
de  bois,  &  qu’ils  font  éloignés  de  la  Mer;  à  proportion  aufli  qu’ils  font 
habités  près  à  près  par  un  grand  nombre  d’hommes  ;  de  même  que  félon 
qu’ils  font  bas,  unis,  ayant  des  rivières,  des  marais,  des  lacs;  que  la 
terre  en  efl;  légère  ;  qu’ils  font  dans  le  voifinage  de  la  Mer ,  &  habités 
par  peu  de  perfonnes ,  &  cela  loin  à  loin. 

Quand  même  on  feroit  bien  inftruit  de  toutes  ces  circonflances,  il  nous 
manqueroit  encore  la  connoiffance  de  l’air  convenable  pour  l’entretien 
des  Plantes  ;  car  nous  ignorons  de  quelles  parties  l’air  efl;  compofé,  quand 
les  Plantes  en  font  incommodées  ;  ni  comment  il  doit  être  pour,  les  faire 
.  croître  vigoureufement.  Nous  favons  en  général ,  que  l’air  le  plus  fain 
devient  très  mallain  &  mortel  pour  noirs  ,  quand  il  relie  fort  longtems 
autour  de  nous  &  que  nous  le  refpirons  après  qu’il  a  été  corrompu  par  les 
mauvailes  vapeurs  &  les  exhalaifons  de  nos  corps,  &  de  leurs  excrémens 
fujets  à  la  pourriture  ;  deforte  que  rien  de  ce  qui  a  vie  ne  peut  fubliller 
fi  l’air  n’efl:  pas  continuellement  rafraîchi  :  tous  les  Animaux  même,  fau¬ 
te  de  ce  rafraichiffement,  cefferont  de  retirer  :  mais  autant  qu’un  air  ra- 
fraichi  ell  d’une  néceffité  indilpenfable  pour  tous  les  corps,  dont  le  mou¬ 
vement  tend  à  l’accroiffement  ;  autant  ell -il  nuifible  à  tousi  les-  oofps, 
qui  ne  font  plus  fufceptibles  d’accroiffement  &  que  l’on  veut  confervet 

pendant 


DE  LA  CAMPAGNE. 


pendant  quelque  tems  dans  le  même  état  :  c’eft-pourqiioi  on  communi¬ 
quera  continuellement  un  air  frais  &  pur  à  toutes  les  Plantes  qui  croif- 
fent ,  &  on  empêchera  d’im  autre  côté  qu’il  n’approche  des  fruits. 

Un  air  chargé  de  trop  de  parties  féches  &  ignées,  ou  d’exhalailbns, 
eft  aulTi  nuifible  aux  Plantes,  que  lorfqu’ileft  chargé  de  trop  de  vapeurs: 
c’elt  ce  qu’on  obier  ve  l’Hiver  à  l’égard  de  nos  corps ,  quand  on  fait  grand 
feu  dans  des  chambres  renfermées ,  dans  lefquelles  le  Thermomètre  étant 
a  26  degrés  (faifant  dans  un  plein  air  de  Nord  une  chaleur  de  Printems)  , 
car  il  nous  incommodera  plus  dans  ces  endroits  ^  que  ne  feroit  celui 
qui  lèroit  plus  chaud ,  chargé  de  vapeurs  voltigeantes ,  à  l’égard  des 
Plantes  de  la  Serre  artificiellement  échaufée. 

il  faut  traiter  les  tendres  Plantes ,  qui  ne  réfiftent  pas  a  l’air  rude  qu’il 
fait  chez  nous  dans  l’Autonne,  l’Hiver  ou  le  Printems,  comme  les  per- 
fonnes  foibles  &  délicates,  &  les  munir  contre  le  froid;  mais  il  ne  faut 
jamais  les  laifïër  longtems  dans  un  air,  qui  n’eft  pas  continuellement  ra* 
fraichi  par  un  air  pur,  car  autrement  ces  Plantes  périroient,  de  même 
que  les  Animaux  ;  &  comme  on  s’apperçoit  aifément  dans  des  chambres 
renfermées,  quoique  occupées  par  plufieurs  perfonnes  faines,  de  la  cor¬ 
ruption  de  l’air  5  &  mieux  encore  dans  des  chambres  de  Malades  ;  il  en  efl 
de  même  dans  les  Orangeries  &  les  Serres  vitrées ,  qui  ont  été  longtems 
fermées,  &  cela  à  proportion  qu’elles  contiennent  beaucoup  de  plantes 
raflemblées,  &  à  proportion  auffi  que  ces  plantes  croilTent  vigoureufè- 
ment  :  on  s’apperçoit  même  en  plein  air,  quoique  toujours  plus  vite  dans 
des  lieux  renfermés ,  d’un  mauvais  air  fulphureuxjou  bien  d’un  air  qui  ell 
chargé  de  parties  trop  pénétrantes,  ignées,  contenant  du  falpêtre ,  de  l’hui¬ 
le,  du  vitriol;  comme  on  le  remarque  fbuvent  aux  Mineurs  où  à  ceux 
qui  entrent  dans  des  caveaux  profond  s,  qui  ont  été  fort  longtems  fermés. 

Qiiand  il  fait  pendant  longtems  du  calme  &  fiir-tout  pendant  des  Etés 
chauds,  nos  corps  de  même  que  lés  Plantes,  -fè  reffentent,  mais  non  pas 
li  fubitement,  de  la  mauvaifè  température  dé  l’air,  arrivant  très  fouvent 
qu’une  chaleur  fi  longné  eft  fuivie  en  Autonne  de  maladies  mortelles  j 
au-lieu  qu’on  trouve  l’air  très  pur  &  très  fain ,  lorfqu’en  Eté  il  fait  beau¬ 
coup  &  de  grands  vents,  &  qu’il  tombe  des  pluies  froides. 

Le  meilleur  &  le  plus  promt  remède  pour  purifier  les  Orangeries  fer¬ 
mées  &  les  Serrés  vitrées,  d’un  air  mauvais  &  corrompu ,  &  de  réjouir 
les  plantes  par  l’intromifTion  d’un  air  frais,  eft  de  donner  un  libre  paffa- 
ge  à  l’air  par  des  ouvertures  pratiquées  des  deux  côtés  :  cependant  quand 
l’air  extérieur  eft  trop  froid,  &  que  ce  paffage  pourroit  nuire,  on  aro- 


I 


LES  AGREMENS 


264. 

fe  légèrement  avec  de  l’eau  de  pluie  pure,  le  fond  de  l’Orangerie,  &c. 
la  plus  froide  eft  la  meilleure,  après  quoi  on  augmente  la  chaleur,  d’où 
il  arrive  que  les  parties  de  l’eau  fe  féparent  &  fe  répandent;  &  lorfqu’el- 
les  font  raréfiées  &  mêlées  avec  les  mauvaifès  exhalaifons,  elles  font 
poufTées  alors  ou  par  la  cheminée,  ou  vers  un  autre  appartement  par 
l’ouverture  de  la  porte. 

Pour  ce  qui  regarde  encore  la  température  de  l’air ,  quant  au  chaud 
&  au  froid ,  l’une  &  l’autre  de  ces  qualités  font  également  néceffaires 
tant  pour  la  vie  &  la  confervation  des  plantes ,  que  pour  les  corps  des 
animaux  :  car  comme  ces  corps  ne  fauroient  fubîifler  fans  la  chaleur  qui 
par  fon  agitation  raréfie  &  répand  les  humeurs,  de  même  le  froid  efl  aulfi 
plus  ou  moins  néceflaire,  félon  l’état  des  corps,  lèlon  la  fîtuation  des 
Pais  qu’ils  habitent,  &ceia  pour  condenfer,  quand  il  le  faut,  les  hu¬ 
meurs,  &  les  coaguler  en  quelque  manière:  c’cft  ce  dont  les  Pais  les 
plus  chauds  nous  fourniffent  des  preuves ,  puifqu’on  y  a  la  bonne,  la  dou- 
teufe  &  la  mauvaifè  MoulTon,  tout  comme  chez  nous  la  chaleur  d’Eté, 
Sc  le  froid  d’Autonne,  d’Hiver  &  de  Printems.  Les  Plantes,  &  tous  les 
corps  des  animaux  ont  aufli  leurs  propriétés  particulières,  non  feulement 
à  proportion  de  la  grandeur  de  cette  chaleur  ou  de  ce  froid ,  eu  égard  à 
un  air  fec  ou  humide,  mais  aufli  à  proportion  des  manières  différentes 
dont  ils  doivent  en  être  affeétés  :  delà  vient  que  les  Saifons  prodiiifènt 
fous  un  même  Climat  diverlès  efpèces  de  fruits ,  comme  font  chez  nous 
les  fruits  de  Printems,  d’Eté,  d’Autonne  &  d’Hiver,  &  fous  des  Cli¬ 
mats  plus  chauds, les  fruits  de  la  bonne, de  la  douteufe  &  delà  mauvaifè 
Mouflon.  De  plus  le  froid  de  la  nuit  efl  très  néceflaire  pour  la  pouffe 
&  pour  la  nourriture  des  Plantes  :  étant  remarquable  que  les  nuits  d’Eté 
dans  plufieurs  Païs  fort  chauds ,  font  ordinairement  plus  froides  que 
chez  nous ,  ou  dans  tels  autres  Païs  peuplés  du  Nord  ;  deforte  qu’il  pa- 
roit  que  le  froid  de  la  nuit  leur  tient  en  quelque  façon  lieu  du  froid 
qu’il  fait  chez  nous  l’Hiver  ;  on  a  de  ces  nuits  froides  principalement  en 
Afrique,  où  il  fait  pendant  le  jour  une  chaleur  infupportable,  &  où  il 
pleut  fort  peu  ou  point  du  tout;  car  quand  il  y  pleut,  ce  font  de  peti¬ 
tes  pluies  menues,  qui  font  pour  l’ordinaire  les  avant-coureurs  d’une  ma¬ 
ladie  contagieufe. 

V  On  éprouve  auffi  de  pareilles  variations  entre  la  chaleur  du  jour  &  le 
froid  de  la  nuit,  dans  les  vallées  des  Païs  fîtués  fous  ou  près  de  la  Ligne, 
dans  le  voifinage  de  la  Mer,&  couverts  par  derrière  par  de  hautes mon- 
.tagnes,  où  les  vapeurs  que  la  Mer  exhale,  font  poufTées  continuelle¬ 
ment 


DE  LA  CAMPAGNE. 


i6^ 

ment  pendant  le  jour  par  les  vents  de  Mer  contre  les  Montagnes ,  &  a- 
près  sY  être  condenfées  &  converties  en  brouillards ,  elles  s’en  retour¬ 
nent  la  nuit  avec  les  vents  de  terre,  fur  laquelle  terre  elles  fe  répandent 
comme  une  épaifle  rofée.  C’ell  ainfi  que  dans  les  Païs  bas  &  humides, 
les  plus  froides  nuits  font  précédées  par  une  grande  chaleur  du  jour , 
fur -tout  vers  l’Autonne  ,  quand  les  nuits  s’allongent:  ce  froid  ell 
caufé  par  la  rofée,  qui  fuit  pour  l’ordinaire.  Les  Païs  du  Nord,  au 
contraire,  ont  dans  l’Eté  moins  de  froid  pendant  la  nuit.-deforte  que  la 
Nature  montre  encore  de  quelle  manière  elle  remédie  au  grand  froid  de 
l’Hiver.  L’expérience  nous  apprend  outre  cela ,  que  comme  les  Païs  du 
Nord  qui  font  habités,  produilènt  des  hommes  plus  grands,  plus  vigou¬ 
reux,  plus  robuftes,  mais  moins  agiles  de  corps  &  d’elprit,  de  même 
les  Plantes ,  qui  rélillent  à  un  grand  froid  d’Hiver  ou  d’Aiitonne  ,  ont 
des  tuyaux  plus  fermes ,  &  deviennent  meilleures  pour  produire  conti¬ 
nuellement  en  abondance  des  fruits  mieux  nourris ,  ce  qui  fe  remarque 
le  plus  vifîblement  dans  ces  Climats,  au  Bled  d’Hiver  &  d’Eté,  comme 
aulfi  aux  Pois  des  Jardins ,  aux  Fèves  &  telles  autres  herbes  potagères , 
quoiqu’il  y  en  a  qui  croient  que  la  plus  grande  fertilité  vient  de  ce  que  les 
Plantes  pouffent  des  racines  fort  profondes  en  rerre;  mais  ce  n’eft  rien 
moins  que  cekjpuilque  leurs  racines  croiffent  moins  en  profondeur  qu’ho¬ 
rizontalement,  ce  que  prouvent  les  Fèves  tranfplantées ,  dont  on  rac¬ 
courcit  avant  que  de  les  tranfplanter ,  les  racines  droites ,  afin  qu’elles  en 
pouffent  plus  par  les  côtés  ;  elles  cJiargent  aulfi  davantage ,  quand  le  froid 
du  Printems  les  retarde  dans  leur  crue,  car  alors  elles  pouffent  plus  de 
rejettons  &  ont  des  tuyaux  plus  fermes.  La  pluie  froide  eft  aulfi  com¬ 
munément  meilleure  &  plus  avantageufe  pour  la  pouffe  &  la  fertilité  que 
la  chaude  ;  &  c’eff  là  la  raifon  pourquoi  les  pluies  de  la  nuit  font  préfé¬ 
rables  à  celles  du  jour.  j  * 

On  donne  différens  noms  à  la  fraîcheur  ou  au  froid ,  félon  que  les 
corps  en  font  afteétés:  c’eft  pour  cela  qu’en  Hiver  nous  appelions  chaud 
un  air,  qui  nousparoit  fort  iroid,  &  rude  en  Eté;  ce  qu’on  peut  éprou¬ 
ver  alors  le  plus  fonfiblement  dans  des  caveaux  fouterrains  fort  profonds , 
car  quoique  dans  ces  endroits  l’air  nous  paroiffe  froid  en  Eté  &  chaud 
en  Hiver,  il  en  eff  tout  autrement  de  cet  air  renfermé,  félon  le  Ther¬ 
momètre:  cependant  nos  corps  accoutumés  en  Eté  à  une  grande  cha¬ 
leur,  &  en  Hiver  à  un  plus  grand  froid,  fentiroient  bientôt  cette  étrange 
variation.  Par  la  même  raifon ,  on  dira  que  de  l’eau  tiède  eft  froide , 
quand  on  y  plonge  la  main,  dans  le  tems  même  que  Ton  fent  de  l’eau 
Fan/e  IL  L 1  fort 


fi'66  LES  A  G  R  E  M  E  N  S 

fort  chaude;  îl  en  efl  de  même  de  pareilles  autres  variations.  Mais 
que  tout  ce  qui  efl  fortement  agité  foit  chaud  5  &  que  ce  qui  n’a  que 
peu  de  mouvement  foit  froid ,  c’eft  ce  qui  n’arrive  pas  également  à  tous 
les  corps  :  car  on  voit  tout  le  contraire  à  l’air  &  à  l’eau  agités  par  le 
vent  3  piüfque  cette  agitation  les  rend  froids. 

Il  eft  donc  certain,  comme  je  l’ai  dit,  que  le  froid  efl  aufîi  néceffaire 
pour  la  vie  des  Animaux  &des  Plantes  que  le  chaud  ,&  que  chaque  Plan¬ 
te  demande  d’être  plus  ou  moins  affeétée  par  la  chaleur  ,&  cela  en  diffé¬ 
rentes  manières ,  comme  le  prouvent  les  Cerifes ,  les  Pêches ,  &  les  Rai- 
fins;  car  les  Cerifes  6c  les  Pêches  fleuriffent  &  fe  nouent  au  Printems, 
quand  il  fait  ordinairement  encore  frais,  &  quelquefois  froid,  même 
lorfqu’il  gele:  au-lieu  que  cela  n’arrive  aux  Raifins  qu’au  milieu. de  l’Eté  ^ 
quand  on  a  les  nuits  &  les  jours  les  plus  chauds.  Les  Cerifes  meuriffent 
aulTi  de  même  quand  la  chaleur  augmente  encore ,  6c  les  Raifins  ^6c  les 
Pêches  quand  elle  diminue;  c’efl-pourquoi  il  faut  penfer,  quanta  la  cul¬ 
ture  de  ces  fruits  &  autres  de  cette  forte,  fur-tout  pour  les  prématurer,. 
de  les  placer  fous  des  vitres  &.de  les  faire  venir  fans  ou  par  le  moyen  du 
feu,  par  un  foin  extrême,  6c  par  une  imitation  de  la  Nature;  cette  i- 
mitation  d’un  air  chaud  pouvant  être  faite  avec  un  grand  fuccès,  pour 
peu  que  le  Soleil  intervienne  ;  6c  cela  non  feulement  afin  de  prématu- 
rer  les  fruits  d’Eté  6c  d’Autonne,  mais  aulfi  pour  faire  croître  naturel¬ 
lement  &  meurir  parfaitement  chez  nous  les  fruits  de  Climats  pliischauds^ 
L’Art  jufques  ici  n’a  trouvé  aucun  moyen,  pour  faire  croître,  produi¬ 
re  des  fruits,  ou  pour  cultiver  en  Eté  des  fruits  d’Hiver,  dans  des  Païs 
chauds ,  à  l’aide  des  Plantes  de  Climats  plus  froids ,  par  lefquels  moyens  ces 
Plantes  pourroient  aquerir  la  faculté  requife  6c  néceffaire  de  fè  refferrer. 

Un  changement  fubit  efl  non  feulement  nuilible ,  mais  même  fbuvent 
mortel  a  toute  forte  de  corps:  il  en  efl  de  même  des  Plantes;  c’efl  ce 
qui  doit  engager  à  en  avoir  grand  foin,  fur-tout  de  celles  qui  font  dans 
des  Serres  ;  car  quoique  les  Plantes  de  Climats  plus  chauds  aient  certai¬ 
nement  befbin  d’une  très  grande  chaleur  ,  6c  que  les  nôtres  puiffent  ré- 
fifter  àuntrès  grand  froid,  un  pareil  changement,  quoique  confiftant 
en  beaucoup  moins  de  degrés  de  chaud  ou  de  froid ,  ne  laiffe  pas  fou- 
vent  que  d’être  mortel  pour  elles  :  le  fuccès  de  toutes  les  Plantes  étran¬ 
gères  6c  tout  ce  qui  regarde  la  prématuration,  dépendant  prefque  entiè¬ 
rement,  de  ce  qu’en  imitant  la  Nature,  on  leur  communique  peu  à 
peu  le  plus  grand  froid  6c  la  chaleur  dont  elles  ont  befbin ,  ce  dont  on  a 
traité  amplement  dans  le  Chapitre  précédente 

Corn*- 


DELACAMPAGNEX  257 

,  Comme  Un  air  chaud  &  froid,  ou  froid  &  chaud,  ne  fe  mêlent  pas 
*  tout  à  coup ,  pour  faire  un  air  doux  &  tempère ,  pas  même  dans  des  en¬ 
droits  renfermés;  mais  que  cela  doit fè faire  inlènfiblement ,  parce  qu’au 
commencement  de  ce  changement  le  plus  fort  des  deux  repoufle  celui 
qui  l’eft  moins,  &  ne  produit  qu’un  changement  de  lieu;  on  gâte  ainfi 
par  ignorance ,  par  le  fëu  ,  quantité  de  Plantes  dans  les  endroits  ren¬ 
fermés  comme  dans  les  Serres  &  les  Orangeries  :  le  changement  fubit 
étant  la  prémière  caulè  de  ce  dégât;  &  d’un  autre  côté,  lorlqu’il  s’y  eft 
gliffé  trop  de  froid ,  il  s’attache  aux  Plantes  qui  font  le  plus  près  des  vi¬ 
tres  à  terre,  comme  aulTi  à  leurs  troncs, à  leurs  branches  ,&  à  leurs  feuil¬ 
les  ,  ce  froid  étant  poufle  par  la  trop  liibite  chaleur  jufques  aux  racines 
&  aux  envelopes  intérieures  des  Plantes, &  même  le  répandant  par  tout 
l’appartement,  il  efi:  comprimé  dans  un  feul  coin,  où  le  froid  fait  enco¬ 
re  de  plus  grands  ravages.  Pour  prévenir  autant  qu’il  eft  polTible  cet  in¬ 
convénient,  il  ne  faut  pas  feulement  faire  un  feu  modéré,  mais  aulfi  fai¬ 
re,  le  plus  loin  qu’il  le  peut  du  feu,  une  ouverture,  par  où  le  froid 
forte. 

Comme  donc  l’air  ne  fe  mêle  pas  fubitement  dans  des  endroits  ren¬ 
fermés,  fur-tout  quand  ily  a  une  preftlon  extérieure,  quoiqu’il  fbit com¬ 
primé  par  en  haut  &  par  embas  ;  il  en  eft  de  même  en  plein  air,  où  l’on 
raflemble  &  conferve  les  rayons  Iblaires  par  des  cloifons  ou  par  l’ombra¬ 
ge  des  arbres  ;  cet  air  chaud  pouvant  dans  de  pareils  endroits  féparés , 
ou  bien  plantés  des  deux  côtés,  refter  fort  longtems  fans  mélange, 
quoiqu’il  paftc  par  devant  &  par  defliis  lui  un  air  plus  froid  :  ce  qu’on 
peut  voir  par  différentes  preuves ,  &  cela  fe  démontre  aulfi  par  le  fflier- 
momètre,  fur-tout  dans  les  mois d’ Avril,  Mai,  Septembre  «Sc  Octobre, 
quand  avec  un  Soleil  qui  luit  tous  les  jours,  &  avec  un  vent  de  Nord  ou 
de  Nord-eft,  il  fait  des  nuits  fi  froides,  que  dans  un  terrain  uni  en  plein 
air  le  Thermomètre  montre  gelée,  étant  à  &  même  encore  moins, 
&  que  la  glace  elle  -  même  indique  aufti  un  pareil  froid  ;  auquel  tems 
cependant  le  Thermomètre  fera  à  17, 185  dans  des  endroits 

féparés  par  des  brife- vents. 

Que  le  froid,  comprimé  &  famaffédans  le  coin  d’une  Couche  vitrée, 
8’y  manifefte  par  des  effets  plus  fènfibles ,  c’eft  de  quoi  on  s’appercevra 
toujours  en  Hiver ,  lorfqu’après  l’avoir  un  peu  ouverte  il  vient  à  y  péné¬ 
trer  :  ainfi  quand  on  ouvre  ces  Couches  pendant  qu’il  fait  une  petite  ge* 
lée,  on  trouvera  que  ce  qui  a  été  d’abord  gelé,  efl  au  bout  de  la  Couche 
au  Sud-oueft,  fi  l’air  extérieur  vient  du  Hord-eft;  au  contraire  le  froid 

L1  2  fe 


268  LESAGREMENS 

fe  fixera  au  coin  qui  efl  au  bout  de  la  Serre' au  Nord-eftjOü  bien  à  l’Elt,; 
quand  Pair  extérieur  vient  duSud-ouefl  ou  de  rOueftj&cequi  fe  remar¬ 
que  k  Pégard  du  froid,  arrive  aufïi  aux  vapeurs  &  auxexbalaifons,  qui 
fe  ralTemblent  pareillement  dans  les  coins  des  endroits  renfermés. 

Il  paroit  auflfi  de  ce  qui  précède,  que  le  plus  froid  du  jour  au  defliis 
de  Phorizon  ell  quand  le  Soleil  fe  lève  &  une  demi-heure  après,  car  a- 
lors  cette  chaleur  du  Soleil  chaffe  le  froid  vers  les  coins  où  le  Soleil  ne  pé¬ 
nètre  pas. 

De  même  qu’en  Eté  Pair  devient  de  jour  en  jour  plus  chaud  par  le 
moyen  du  Soleil,  k  moins  que  le  vent  qui  fait  faire  diverfion  à  fes rayons 
n’apporte  quelque  variation  k  cet  égard  ;  de  même  aufli  le  froid  devient 
plus  grand  &  plus  fenlible,  quand  il  gele,  fur-tout  avec  un  air  couvert, 
&  bien  plus  encore  quand  la  terre  efl:  fermée  ou  couverte  de  neige ,  de 
manière  que  la  gelée  ne  fauroit  y  pénétrer. 

Les  Vapeurs ,  qui  ne  trouvent  pas  fi  bas  près  de  nous  un  affez  grand 
froid  ,  pour  fe  convertir  en  brouillards ,  montent  plus  haut ,  fe  conden- 
fent  &  fe  convertiffent  en  nuages ,  lefquels  reftent  fufpendus  aulli  long- 
tems  qu’il  ne  s’y  en  eft  pas  raflemblé  une  trop  grande  quantité  ;  ce  qui 
empêche  ces  nuages  de  tomber  c’eft  l’étendue  de  leur  volume,  la  pelanteur 
de  Pair  qui  efl  fous  eux ,  ou  quelque  vent  fort  :  mais  quand  ils^  font  tel¬ 
lement  compofés ,  que  leurs  goûtes  font  affez  greffes  ,  &  tombent  par 
leur  propre  poids,  alors  cela  forme  une  pluie  médiocre,  laquelle,  quand 
il  fait  grand  froid,  fe  change  en  neige  lorfqu’elle  approche  de  la  terre, 
au- lieu  que  cela  caufe  une  greffe  pluie,  de  la  grêle  ou  de  la  neige,  quand 
ce  nuage  eft  pouffé  en-bas  par  la  pefanteur  de  l’air  qui  efl  au  deffus;  &, 
quand  le  nuage  n’efl  pas  fi  fort  condenfé  par  le  haut ,  ou  bien  quand  les 
goûtes  n’en  font  pas  fi  greffes,  &  quand  l’air  qui  efl  au  deffous  cède, 
il  en  provient  un  brouillard  mince ,  ou  du  verglas  opaque. 

La  plupart  des  gens  s’imaginent  qu’une  pluie  chaude,  fuivie  immédia¬ 
tement  d’un  air  chaud,  efl  ime  chofe  fort  avantageufe  pour  faire  pouffer 
&  pour  rafraichir  lesPlantes.  C’efl  une  erreur  ;  cela  efl  extrêmement  nui- 
fible  puifque  par-lk  les  Plantes  fe  chanciffent.  Mais  les  pluies  froides  du 
Nord,  &  flir-tout  les  pluies  de  la  nuit  en'  Eté  font  toujours  bonnes  &  a- 
vantageufes  k  caufe  de  leur  fraicheur  ,  même  quand  il  ne  fuit  pas  de  cha¬ 
leur,  qu’après  qu’elles  ont  pénétré  en  terre  ju^ues  aux  racines;  il  en  efl 
de  même  de  la  forte  neige  &  des  fortes  pluies  de  l’Hiver  ou  du  Prin- 
tems. 

La  Neige  fe  charge  ,  parce  qu’elle  eft  anguleufe ,  des  parties  de  Ibu^- 
v.  ■  phre 


DE  LA  CAMPAGNE.  169 

phre  &:  de  fklpêtre  qui  font  dans  Pair,  les  fait  delcendre  avec  elle  &  pé¬ 
nétrer  jufques  dans  la  terre;  c’eft  ce  que  font  auiîi  les  fortes  pluies,  & 
les  pluies  froides,  dont  les  goûtes  font  plus  compares,  &  moins  polies, 
que  celles  d’une  pluie  douce  &  chaude;  &c’efl  pour  cela  que,  même  en 
Eté,  pourvu  qu’il  ne  fuive  pas  fubitement  un  tems  chaud,  la  neige,  la 
grele,  les  pluies  fortes  &  les  froides  fertilifent  la  terre  ,  &  aident  con- 
lidérablement  à  la  poiiiïe.  Mais  quand  ces  pluies  fortes  tombent  fur  les 
fleurs  épanouies  des  fruitiers ,  ces  fleurs  tombent  avant  que  de  fe  nouer  , 
ou  bien  caufent  une  efpèce  de  rouille  qui  empêche  la  plupart  de  ces  fleurs 
de  réuflir.  Ces  pluies  fortes  font  aiifli  pemicieufos,  quand  les  Arbres 
pouffent  au  Printems  de  tendres  rejettons ,  &  quand  elles  font  fuivies 
d’un  froid  rude  :  de  plus  elles  font  fouvent  nuifibles  aux  tendres  herbes, 
&  au  blé,  parce  qu’elles  multiplient  confîdérablement  les  mauvaifes her¬ 
bes.  Du  refte  avec  un  air  froid  les  fortes  pluies  font  toujours  bonnes  & 
défirables  ;  au-lieu  que  les  petites  pluies  fines  <$5  chaudes  d’Kté  font  tou¬ 
jours  funeffes  aux  Plantes. 

La  Greîe  fertilifo  à  caufe  de  fon  eau  nitreufo,  mais  elle  caufo  fouvent 
un  grand  dommage,  en  ce  que  pendant  l’Eté  elle  eft  fort  groffe,  dure, 
&  qu’elle  eft  pouffée  par  des  vents  violens  contre  &  fur  les  Plantes. 

Quand  il  fait  des  Brouillards -i  ou  des  Bruines il  fait  aufli  calme,  ce 
qui,  comme  il  a  été  dit,  quand  cela  dure  longtems,rend  l’air  mal-fain, 
&  fait  rouiller,  moifir  &  pourrir  les  Plantes.  D’un  autre  côté,  un  tems 
froid  en  Hiver  &  beaucoup  de  neige ,  font  le  fondement  de  l’efpérance 
d’une  année  fertile  ;  aufll  les  années  dans  lefquelles  il  tombe  des  pluies 
froides  font-elles  toujours  avantageufos  pour  les  Plantes,  &  faines  pour 
les  Hommes  &  les  Bêtes. 

Le  Verglas  opaque  ou  qui  n’eft  point  tranfparent,  eft,  comme  je  l’ai 
dit ,  un  brouillard ,  ou  une  bruine  qui  fe  gele  près  de  terre. 

Le  Verglas  tranfparent  fe  forme ,  quand  l’air  fupérieur  n’eft  pas  affez 
froid  pour  changer  les  gouttes  en  greîe  ou  en  neige  ;  mais  ces  gouttes  ve¬ 
nant  à  tomber  en  pluie ,  fo  convertiffent  en  glace  par  le  froid  des  corps 
auxquels  elles  s’attachent.  Ce  Verglas  dure  rarement  longtems,  parce 
que  l’air  le  diffolvant ,  le  change  en  eau ,  ce  qui  fait  qu’il  eff  rarement  ou 
point  nuifible;  mais  il  en  feroit  tout  autrement,  s’il  nefuivoitpas  d’abord 
du  degel,  fl  les  vapeurs  des  Plantes  ainfl  renfermées  comme  dans  un 
verre  ne  pouvoient  pas  s’exhaler ,  &  recevoir  un  air  frais. 

Le  Tonnerre  avec  un  air  noir  chargé  de  nuages  caufe  des  pluies  for¬ 
tes,  rarement  accompagnées  d’une  groffe  grele:  au-lieu  qu’on  a  fouvent 

L1  3  à 


270  LESAGREMENS, 

à  attendre  une  pareille  grele ,  quand  il  tonne  Fort  &  que  Pair  eft  clair. 

La  Rofée  fe  forme  des  vapeurs  qui  fe  font  élevées ,  lefquelles ,  après  a- 
voir  été  encore  plus  dilatées  par  la  chaleur  du  Soleil,  defcendent  enfuite 
conjointement  enfemble.  Qiiand  cette  conjonélion  fe  fait  le  foir  par  un 
petit  vent  chaud,  alors  laRolée  n’eil  pas  également  fur  toutes  les  terres, 
mais  quand  elle  fe  condenfe  peuk  peu  après  le  Soleil  couché,  elle  tombe 
dans  lanuit  vers  le  matin,  alors  elle  fe  répand  également  &  humecte  tou¬ 
tes  les  terres  voifines.  Qiie  les  matinées  dans  lefquelles  il  fait  de  fortes 
Roféesfoient  les  plus  froides,  Sc  que  la  Rofée  procure  aux  Plantes  une 
humeétation  froide  &  une  très  vigoureufe  poulie ,  c’efl  une  vérité  con¬ 
nue;  &  c’eft  ce  qui  ifeft  nulle  part  plus  fenfible  que  dans  ces  Païs>  où  la 
Rofée  eft  le  feul  moyen  par  lequel  les  Plantes  font  humeélées  pendant 
PEté ,  parce  qu’elles  y  croifTent  comme  il  faut ,  qu’elles  y  produifent  des 
fruits,  quoiqu’il  y  pleuve  rarement.  Cela  confirme  en  même  tems,  que 
les  Plantes  ne  fe  nourriffent  pas  feulement  par  le  moyen  de  leurs  racines, 
mais  aulTi  en  partie  au  deffus  de  terre  par  le  moyen  des  pores  de  leurs 
feuilles,  puifque  la  Rofée  n’humede  jamais  affez  clie^,  nous,  pour  qu’el¬ 
le  puifle  pénétrer  jufques  aux  racines. 

Cela  démontre  encore, qu’une  humidité  froide  efl  avantageufe  &  fer* 
tile ,  ce  qui  fe  voit  le  mieux  dans  les  pluies  du  Printems  &  de  l’Auton- 
ne ,  auquel  tems  ces  matières  fluides  montant  dans  les  petits  tuyaux  des 
Plantes,  &  fe  condenfant  par  le  froid  de  la  nuit,  caufènt  pour  lors  une 
vigoureufe  pouffe.  Quand  au  contraire  en  Eté  la  chaleur  efl  grande  & 
longue  &  que  les  nuits  font  moins  froides ,  ce  qui  empêche  les  vapeurs 
de  fè  joindre  ou  de  fe  condenfer  fi  fort  &  de  produire  un  mélange  fi  con¬ 
venable  de  la  fève,  alors  ces  vapeurs  refient  raréfiées,  elles  s’exhalent 
continuellement  &  ne  font  croître  que  très  peu  les  Plantes.  Il  faut  en¬ 
core  ajouter  à  ceci,  que  la  terre  étant  très  peu  humeélée,  les  pores  des 
Plantes  fe  refferrent  davantage  par  la  chaleur,  &  parce  qu’il  ypaffemoins 
de  fève ,  ce  qui  rend  les  Plantes  plus  grêles  &  moins  vigoureufès. 

Je  laiffe  aux  Naturalifles  à  décider  fi  le  Vent  efl  une  choie  quifubfifle 
par  elle-même,  ou  fi  c’eft  une  prefiion  de  l’air,  qui  fait  plus  ou  moins 
de  ravage ,  à’  proportion  qu’étant  comprimé  il  pénètre  dans  des  endroits 
plus  renfermés  :  il  efl  cependant  certain  que  rien  ne  purifie  davantage  & 
ne  rend  l’air  plus  fain,  qu’un  vent  de  Nord  froid  &  violent,  parce  qu’il 
dilfipe  toutes  les  mauvaifes  vapeurs  &  lesexhalaifonsde  la  terre,  de  même 
que  celles  de  tous  les  Animaux  &  de  leurs  excrémens  qu’il  empêche  de 
iè  pourrir  :  lefquelles  vapeurs  reliant  autrement  comme  fulpendues  autour 


DE  LA  campagne:  271 

de  nous ,  on  les  avale  par  la  refpiration ,  ce  qui  efl  extrêmement  fnnefte 
à  tous  les  corps,  tant  des  Animaux  que  des  Plantes,  lleft  bien  vrai  que 
ces  vents  violens  difperlènt  extrêmement  leS  rayons  du  Soleil ,  ce  qui  ne  pri¬ 
ve  pas,feulement  de  la  chaleur ,  mais  fait  même  mourir  quelquefois  les 
tendres  Plantes,  à  caufe  de  la  violence  avec  laquelle  ils  compriment  Pair  ; 
delà  vient  que  -les  grains  foufrent  &  fe  gâtent  par  les  parties  déliées  de 
la  terre  qu’ils  charient:  de  plus  la  forte  commotion  qu’ils  caufènt, dégar¬ 
nit  de  terre  les  racines  lupérieures  des  Arbres  ou  autres  grandes  Plantes, 
auquel  cas  l’air  extérieur  empêche  la  circulation  delà  fève,  ce  qui  retar¬ 
de  la  pouffe  &  quelquefois  aufh  l’empêche  pour  toujours.  Mais  on  pré¬ 
vient  tout  cela, quand  on  a  foin  de  munir  nos  corps  contre  ces  vents, & 
d’en  garantir  les  Plantes  par 'de  grands  brize-vents  :  auquel  cas  on  retire¬ 
ra  les  avantages  néceffaires  de  ces  vents  forts,  fans  en  avoir  les  incon- 
véniens.  -  . 

Les  vents  font  froids,  chauds,  humides  ou  fecs,  nonfoulement  félon 
qu’ils  viennent  des  endroits  plus  froids  ou  plus  chauds,  mais  auffi  félon 
qu’ils  fouflent  avec  force  ou  doucement,  &  qu’ils  paffent  avant  que  de 
parvenir  Jufques  à  nous  par  deffus  beaucoup  d’eau ,  des  Païs  plus  lècs  on 
plus  humides  :  ainü  ; 

Le  vent  de  Nord,  qui  vient  à  nous  du  plus  froid  climat,  n’eff  pas  iî 
froid  chez  nous  pendant  PHiver,  que  le  Nord  -  eff  ,&  encore  moins  que 
l’Eft  ;  c’eff  pour  cela  même  qu’en  Hiver  il  fait  rarement  une  forte  gelée 
par  le  vent  de  Nord ,  mais  beaucoup  jde  brouillards ,  de  verglas ,  ou  de  la 
neige:  ce  vent  paffantjen  venant  à  nous  par  deffus  la  Mer,  apporte  a- 
vec  foi  les  vapeurs  &  les  exhalaifons  delà  Mer:  ce  qui  faitaulfi  qu’il  cau¬ 
fe  en  Eté  des  Jours  fort  froids  :  quoique  fouvent  tout  le  monde  fe  plai¬ 
gne  de  ce  vent  de  Nord,  il  eil:  cependant  le  plus  à  délirera  tous  égards; 
mais  on  le  verra  rarement  foufler  pendant  un  certain  tems,  fans  avoir  u- 
ne  ligne  du  Nord-oueft  ou  de  l’Eft. 

Le  Vent  de  Nord-eff  ne  paffe  pas  avant  que  de  venir  chez  nous  par 
deffus  tant  d’eau  que  celui  de  Nord  ;  mais  par  deffus  des  Païs  plus  fecs , 
apportant  conféquemment  avec  foi  des  parties  plus  folides,  qui  caufent 
en  Eté  une  grande  ardeur,  &  en  Hiver  un  froid  fec  &  rude. 

Le  Vent  d’Eft  avant  que  de  venir  chez  nous ,  paffe  par  deffus  des  Païs 
plus  focs  encore,  &  par  conféquent  il  nous  apporte  avec  foi  des  parties 
encore  plus  folides ,  ce  qui  caufe  en  Hiver  un  froid  foc  encore  plus  grand, 
&  en  Eté  une  plus  grande  ardeur.  Le  vent  d’Eff,  au  contraire,  eli 
ordinairement  rude  &  froid,  aux  environs  des-  Côtes  d’Angleterre  (i- 

tuées 


LES'  A  G  R  E  M  EN  S 


272 

tuées  vis-k-vis  de  nous,  comme  chez  nous  les  vents  de  Nord  &  deNord- 
oueft:  parce  que  ce  vent  d’Eft  pafle  la  Mer  avant  que  de  parvenir  là, 
apportant  ainli  avec  foi  les  vapeurs  de  la.  Mer  :  c’eft  delà  que  vient  le 
Proverbe  Anglois.  The  TVind  ofEaJl  îs  never  good for  Man  or  Beajî: 
c’ell-à-dire,  le  vent  d''EJl  n''ejî  jamais  bon  ni  pour  les  Hommes^  ni  pour 
les  Bêtes. 

■  Le  Vent  de  Siid-eft  caufe  ordinairement  en  Hiver  chez  nous  le  froid 
le  plus  rude,  parce  qifil  paiTe  encore  par  defliis  des  Païs  plus  lècs,  d’où 
il  nous  apporte  ces  parties  ;  &  c’eft  aiilfi  pour  cela  qu’il  caufe  en  Eté  la 
plus  extrême  ardeur  ;  mais  comme  le  vent  foulle  alors  toujours  fort  dou¬ 
cement,  les  exhalaifons  reftent  fufpendues  en-bas,  caulànt  fouvent  par¬ 
la  un  air  fort  couvert ,  &:  comme  pour  lors  ces  petites  parties  ignées  le 
mêlent  avec  le.s  parties  molles  de  l’air ,  il  en  naît  ordinairement  du  ton¬ 
nerre,  de  la  grele  &  de  fortes  pluies:  après  quoi  ce  vent  de  Sud-ell  le 
tournant  quelquefois  au  Sud-ouefl,'  mais  communément  au  Nord-oueft, 
calme  le  tems,  purifiant  ainfi  l’air  des  mauvaifès  exhalaifons,  dont  il  é- 
toit  refté  chargé ,  pendant  tout  le  tems  que  le  vent  étoit  Sud-efl;  :  rafrai- 
chiflant  les  Hommes ,  les  Bêtes ,  &  les  Plantes ,  qui  contenoient  quantité 
de  ces  mauvaifes  parties  aériennes.  Cell  un  bonheur  au  relie  que  le  vent 
de  Sud-ell  ne  foufle  rarement  plus  longtems  que  trois  jours,  fans  chan¬ 
ger  ainli  en  mieux  au  Nord-oued;  car  aulfi  longtems  que  cela  n’arrive 
pas ,  il  continue  ordinairement  à  tonner. 

Le  Vent  de  Sud  vient  chez  nous  du  Païs  le  plus  chaud,  &  foulle  ra¬ 
rement  bien  fort  ;  deforte  que  toutes  les  vapeurs  de  la  terre  &  les  autres 
exhalaifons  relient  fuipendues  en-bas  autour  de  nous ,  lelquelles  lè  mêlant 
•alors  avec  les  particules  ignées  de  ce  vent  de  Sud-ell  caufent  en  Eté  une 
chaleur  étoufante,  laquelle,  lorfqu’elle  dure  peu,  avance  viliblement- 
la  ponde  de  l’herbe,  mais  pade  autrement  pour  très  mal-làine,  fur-tout 
quand  il  fait  alors  de  petites  pluies  menues,  comme  cela  arrive  Ibuvent; 
car  cela  caufe  fréquemment  dans  l’Autonne  des  maladies  très  mali¬ 
gnes.  En  Hiver  ce  vent  caufe  moins  de  froid  ;  mais  comme  les  vapeurs 
de  l’eau  &  les  exhalaifons  ne  peuvent  pas  pour  lors  être  li  fort  raréfiées, 
elles  relient  pareillement  fufpendues  autour  de  nous ,  caufant  dans  cet 
endroit  un  air  épais. 

Le  Vent  de  Sud-oueft  caulè  communément  chez  nous  au  Printems  & 
en  Autonne  les  plus  violentes  tempêtes,  jufqu’à  renverlèr  plus  qu’aucun 
autre  les  arbres ,  mais  il  n’ell  pas  li  froid  que 

Le  Vent  d’Oueft,  qui  padè  plus  de  Mers  en  venant  chez  nous:  celui- 

ci 


ci  caufeaiifli  quelquefois  de  violentes  tempêter,  purifie  encore  davanta¬ 
ge  Pair  &  le  rend  plus  fain  que  le  Sud-efl  ;  ces  deux  vents  tempétueux 
fè  calmant  pour  l’ordinaire  dans  le  Nord-ouefl,  tout  comme  on  dit  que 
les  bourafques  de  tonnerre  en  Eté  s’appaifent  dans  le  Sud-eft. 

Le  Vent  de  Nord-oueft  caufe  quelquefois  de  furieufes  tempêtes,  mais 
rarement  autant  que  l’Oueft,  &  encore  moins  que  le  Sud-eil:  mais 
quand  il  foutle  fort,  il  eft  accompagné  de  beaucoup  de  bourafques,  & 
de  grele  ou  de  neige, au  Printems  6c  en  Autonne  ;  deforte  qu’il  rend  l’air 
fort  froid  6c  rude,  6c  la  Mer  fort  grofle;  il  cliarîe  jufques  à  nous  les  va¬ 
peurs  làlées  de  la  Mer,  ce  qui  nuit  extrêmement  à  nos  Plantes,  parce 
que  les  Arbres ,  dont  les  hautes  cimes  en  font  affectées ,  ne  font  jamais 
des  couronnes  hautes  6c  rondes ,  mais  obliquement  tondues ,  comme  ce¬ 
dant  à  ces  vents  impétueux  :  ils  purifient  cependant  davantage  l’air  de 
mauvaifes  vapeurs  &  d’exhalaifons ,  que  les  vents  d’Ouefl:  ou  de  Sud- 
ouefl ,  faifant  par  conféquent  grand  bien  à  toutes  les  Plantes  qui  font  à 
l’abri  de  leur  violence  6c  de  leurs  vapeurs  falées. 

Selon  le  récit  de  Voyageurs  exaéts  on  ne  remarque  nulle  part  plusfen- 
fiblement,  le  grand  changement  6c  le  bien  que  les  vents  font  aux  Plan¬ 
tes  6c  aux  corps  des  Animaux  ,  que  dans  les  Païs  qui  font  aux  envi¬ 
rons  ou  fous  la  Ligne ,  6c  où  le  Soleil  luit  tous  les  jours  également  pen¬ 
dant  douze  heures;  car  dans  ces  endroits  ils  font  la  bonne 6c  la mauvaifè 
MoufTon,  ou  bien  l’Hiver  6c  l’Eté;  quoiqu’on  entende  très  mal- à-propos  par 
la  bonne  MoufTon,  le  tems  où  la  chaleur  eft  fort  grande,  où  il  fait  fec6cpeii 
de  vent  ;  6c  qu’on  appelle  mauvaife  Mouflon,  lorfque  les  vents  6c  les  fortes 
pluies  rafraichiflènt  Pair,  humeéient  la  terre  ,  &  font  pouffer  les  Plan-  ‘ 
tes  :  il  eft  bien  vrai  que  les  vents  fbuflent  fouvent  pour  lors  avec  violen¬ 
ce  ,  6c  que  les  fortes  pluies  tombent  trop  abondamment ,  ce  qui  fait  un 
tort  extrême  à  quantité  de  Plantes;  mais  cela  n’empêche  pas  que  l’on  ne 
recueille  de  meilleurs  fruits ,  6c  que  l’on  n’ait  de  plus  vigoureufès  Plan¬ 
tes  ,  que  dans  la  bonne  Mouflon  ainfî  nommée ,  quand  dans  plufieurs 
Païs ,  les  Arbres  qui  naturellement  ne  verdiflènt  pas  en  tout  tems ,  font 
grêles,  fans  feuilles,  6c  fans  pouffe,  comme  chez  nous  en  Hiver:  les 
meilleures  Saifons  au  refte  pour  la  pouffe  6c  pour  les  fruits  font  dans  ces 
endroits  les  Mois  douteux ,  que  l’on  peut  comparer  à  notre  Printems  6c  à 
notre  Autonne,  étant  le  tems  où  les  vents  tempétueux  font  prêts  à  fou- 
fler  6c  à  finir,  les  vents  6c  les  pluies  étant  alors  plus  modérés.  Dans  ces 
Païs  on  voit  dans  certains  endroits  fort  peu  éloignés  les  uns  des  autres 
en  même  tems  l’Hiver  6c  l’Eté,  ou  comme  on  le  nomme  là,  la  bon- 
’  farîk  IL  ]\lm  ne 


LES  ACRE  MENS 


tie  &  la  mauvaîfe  Mouflon  5  félon  que  le  vent  vient  d’un  côté  ou  d’hn  au¬ 
tre,  &  qu’il  efl:  arrêté  dans  fa  violence  par  les  montagnes:  car  ces  vents, 
chariant  les  vapeurs  qui  s’élèvent  jufques  aux  montagnes ,  s’y  condeu- 
fent,  &  tombent  enfuite  en  fortes  pluies:  tandis  que  dans  le  même 
tems,  il  fait  dans  certains  endroits,  de  l’autre  côté  des  montagnes,. une 
chaleur  feclie  làns  vent. 


CHAPITRE  V. 


De  la  terre:  comment  on  doit  la  mêler  le  plus  utilement  félon  la  proprlér 
té  des  Tlantes ,  £«?  félon  le  tems  êsP  la  manière  dont  on  s* en  feru 

ON  appelle  communément  terre  les  Fonds  qu’on  peut  labourer  ,  pour 
les  diftinguer  ainli  de  ceux  qui  font  pierreux  on  montagneux- 
Mais  j’appelle  ici  terre,  quand  un  Fond  a  été  fouvent  brifé,ou  tellement 
mêlé  avec  d’autres  fortes  de  terre,  comme  lî  ce  n’en  étoit  plus  qu’une 
feule ,  quoique  les  parties  s’en  féparent  aifément. 

Les  Fonds  naturels  ont  différentes  qualités  en  profondeur,  &fouvent 
aulfi  des  couleurs  différentes.  La  couleur  au  relie  ne  fait  rien  quant  à  là- 
fertilité  ,  excepté  la  terre  qui  ell  tout-à-fàit  ronge ,  laquelle  n’ell  jamais^ 
ou  rarement  fertile  ;  la  noire,  au  contraire,  ell  communément  la  meil¬ 
leure;  elle  nous  paroitra  fouvent  à  la  vue  plus  ou  moins  noire  j  d’un 
brun-foncé,  claire  ou  plus  blanche,  lèlon  qu’elle  ell  plus  ou  moins  hu¬ 
mide,  tout  comme  les  nuages  épais  &  condenfés  paroiflent  noirs,  &que 
ce  qui  a  été  fort  defléché  par  le  feu  eft  blanc. 

On  mêle  non  feulement  le  plus  convenablement  félon  leur  nature  les 
Fonds  avec  de  la  terre  gralTe,  du  làble,  du  limon  ou  autres  fortes  de  fu¬ 
mier,  converti  ainli  en  terre,  mais  aulïi  lèlon  les  propriétés  des  Plantes ^ 
que  l’on  veut  qu’elle  produilè ,  lèlon  encore  que  l’on,  veut  l’employer  en 
plein  air  ou  dans  des  vafes  &  des  Couches  vitrées ,  comme  aiilli  félon 
qu’on  a  deffein  de  s’en  fervir  au  Printems,  en  Eté,  en  Autonne,  ou  en 
Hiver,  ou  bien  par  la  chaleur  du  fumier  de  Cheval ,  par  le  moyen  du 
•feu,  ou  tels  autres  moyens, ou  bien  uniquement  par  celui  des  vitres.  Se¬ 
lon  toutes  ces  circonllances  connues ,  ou  félon  celles  que  nous  pourrons 
encore  apprendre  avec  le  tems ,  la  terre  doit  être  diverlèment  mêlée  ; 
'car  fuivant  cette  proportion  elle  doit  être  plus  compaéle,  ou  plus  molle 


DELACAMPAGNE. 

■&  plus  poreufè,  Sc  chargée  de  plus  ou  de  moins  de  parties  nitreufes, 
iülphureufes,  huileufes  ou  acides.  , 

La  meilleure  terre  pour  toutes  les  Plantes  y  celle  qu’on  doit  préférer  à 
toutes  les  autres,  eft  en  général  celle  qui  n’a  jamais  été  cultivée:  lapins 
mauvaife,  au  contraire,  eft  celle  qui  pour  avoir  été  cultivée  continuel¬ 
lement,  ell  ufée,  fans  être  rafraîchie  par  de  nouvelles  parties  nitreufes, 
lulphureufes, huileufes  ou  acides.  En  particulier  ,1a  moins  bonne  terre  ell 
celle  qui  a  produit  pendant  un  grand  nombre  d’années  les  mêmes  fortes 
de  fruits:  car  on  voit  pour  lors  que  d’année  en  année  ces  fruits  deviennent 
plus  petits  &  plus  inlîpides,  la  pouffe  des  Plantes  diminue  lî  fort,  que 
cette  terre  ne  peut  plus  dans  la  fuite  produire  de  pareils  fruits:  tandis 
qu’une  plante  dont  les  propriétés  font  tout-à-fait  différentes ,  y  croîtra 
à  fouhait.  Je  crois  que  cet  inconvénient  peut  naître  de  deux  caufes: 
prémierement  de  ce  que  la  terre  peut  être  entièrement  ou  en  partie  pri¬ 
vée  des  parties  néceffaires  pour  la  pouffe  &  pour  la  produétion  des  fruits. 
Secondement ,  de  ce  que  toute  pourvue  qu’elle  puiffe  être  de  ces  parties 
requifes,  ces  parties  ne  peuvent  pas  parvenir  comme  il  faut  à  la  Plante 
ou  être  attirées  par  fes  racines,  parce  que  les  pores  de  la  terre  étant  plus 
ou  moins  profonds  &  fe  trouvant  affeétés  toujours  de  la  même  manière, 
par  le  paffage  continuel  de  la  fève ,  ont  perdu  leurs  qualités  requifes  ;  ce 
à  quoi  on  doit  s’attendre  plus  ou  moins ,  quand  on  cultive  fouvent  Tune 
ou  l’autre  Plante  :  dcforte  que  je  crois  que  les  Plantes  qui  croiffent  ainfi 
comme  il  faut  pendant  plufieurs  années  de  fuite  dans  une  même  terre, 
demandent  pour  leur  nourriture  des  parties  plus  rondes  &  moins  tran¬ 
chantes:  &  les  autres  des  parties  plus  anguleufes,  plus  tranchantes, 
■  bleffant  davantage  &  élargiffant  beaucoup  les  pores.  Afin  donc  de  réuf- 
lir  comme  il  faut  dans  la  culture  des  Plantes ,  quand  on  ne  peut  pas  leur 
donner  de  la  terre  qui  n’a  jamais  été  cultivée,  il  faut  du  moins  avoir  foin 
que  l’on  cultive  chaque  année  les  Fonds  avec  de  toute  autre  forte  de  Plan¬ 
tes;  &  plus  l’enter valle  que  l’on  met  entre  la  culture  des  mêmes  fruits 
eff  long,  mieux  on  s’en  trouvera. 

On  prendra  de  la  terre  qui  n’a  jamais  été  cultivée  quand  on  veut  plan¬ 
ter  dans  des  Pots ,  ou  dans  des  Couches  vitrées ,  comme  aufli  quand  on 
remplace  des  Arbres  morts ,  dont  les  foffes  doivent  être  faites  fort  pro¬ 
fondément.  On  ne  doit  non  plus  jamais  mettre  de  la  terre  qui  ait  déjà 
fervi ,  dans  des  Caiffes  vitrées  où  l’on  cultive  de  belles  Fleurs ,  des  Me¬ 
lons  &  des  Légumes  hâtives.  On  peut  préparer  en  fort  peu  de  tems  & 
fort  peu  de  fraix,  une  pareille  terre  neuve,  félon  les  propriétés  des 

Mm  2  "  Plan- 


a76  LESAGREMENS 

Plantes  &  la  manière  de  les  cultiver ,  quand  on  a  provifion  de  vieux  fu~ 
mier  pourri  de  Vache,  de  Cheval  ou  de  MontoUjdii  vieux  Tan  pourri,, 
des  feuilles  d’arbres,  du  limon  gelé  ou  frais,  &  du  fable  doux  fort  gri- 
latre.  Mais  de  toutes  ces  elpèces  mêlées  il  fuffit  d’en  avoir  en  refervc 
autant  qu’il  en  faut  chaque  année ,  parce  que  l’air  en  diminue  la  vertu  y 
ce  qui  arrive  encore  plus,  quand  on  laifle  croître  fur  ces  monceaux  de 
mauvailès  herbes. 

Les  Fleuriftes  ou  les  Curieux ,  en  fait  de  Jardinage ,  qui  n’ont  befoia 
pour  leur  plaifir  <Sc  pour  leur  Potager  que  d’un  petit  terrain,  doivent  fai¬ 
re  enforte  que  ces  terres  aient  en  profondeur  trois  coups  de  bêche ,  pour 
pouvoir  fournir  aux  herbes  qu’on  y  plante  ou  qu’on  y  lème  annuelle¬ 
ment,  une  terre  qui  n’ait  pas  été  cultivée  les  deux  années  précéden¬ 
tes:  il  faut  cependant  que  le  Soleil  ait  dardé  fur  cette  terre  avant  qu’on- 
la  feme. 

11  faut  donner  autant  qu’il  efl:  pofTible  à  toutes  fortes  de  plantes  ua 
terrain  lpacieux,où  elles  puifTent  étendre  de  tous  côtés  fans  aucune  gêne: 
leurs  racines ,  quand  elles  ne  font  pas  fujettes  à  l’incertitude  de  leur  hu- 
meétation  naturelle  &néceflaire, comme  le  requièrent  Ibuvent  toutes  cel¬ 
les  qui  font  cultivées,  même  par  le  Jardinier  le  plus  expert,  dans  des  Pots 
ou  dans  des  Cailles.  Ajoutez  à  cela,  que  l’eau  de  pluie  eft  la  nour¬ 
riture  la  plus  naturelle  par  endiaut  pour  les  Plantes,  &  par  embas  l’eau 
qu’elles  attirent;  que  leurs  racines  dans  un  terrain  Ipacieux  font  aufli 
moins  fecouées  par  les  vents  &  moins^ dégarnies  de  terre  ,  que  celles 
qui  font  plantées  dans  des  Cailles  :  deforte  qu’on  ne  plantera  jamais  dans 
des  Pots  ou  dans  des  Cailles  aucune  Plante,  qui  étant  plantée  en  pleine 
terre  peut  rélifter  au  froid  de  l’hiver  ;  ainli  il  convient  mieux  de  planter 
enterre  des  Pains  de  pourceau  d’Hiver, Renoncules,.  Anémones,  Jon¬ 
quille?,  NarcilTes,  Hyacinthes,  Tubéreules,  &c.  comme  aulTi  *plu- 
fieurs  elpèces  d’Arbres,qui  neréfiHent  point  au  froid  de  nos  Hivers,  mais 
qu’on  en  garantit  en  les  tranlportant  avant  THiver  dans  un  endroit  ren¬ 
fermé:  ce  que  j’ai  trouvé  fur-tout  être  bon  à  Pégard,  de  ceux,  qui  ont 
des  racines  fort  entrelacées  ,  &  qui  par  conféquent,  peuvent  être  enle¬ 
vées  facilement  avec  une  grande  motte  de  terre ,  avec  laquelle  on  les 
plante  de  nouveau  en- pleine  terre  au  Printems  fuivant:  cette  terre  doit 
être  pour  cela  grafle ,  &  non  pas  fablonneulè,  ni  fort  divilible. 

J’ai  appris  de  plus  par  expérience,  que.  toutes  les  Plantes,,  qui  font 
d’aioord  de  petites  racines  glutineufes  &  chevelues,  &  fur-tout  celles  qui 
ont  peu;  de  fève  >  doivent  être  femées  on  plantées,  dans  des  terres  fort.fa- 

blon- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


blon-neufes- &  molles;  car  leurs  petites  nouvelles  racines  trouvent,  en 
germant,  moins  de  réfiftance  dans  une  pareille  terre,  parce  qu’elle  a  de 
larges  pores,  &  qu’elle  n’ell  pas  trop  ckargée  de  parties  falées,  acides 
ou  autres, ni  même  de  parties  trop  huileufes,  comme  eft  celle  qui  eftplus 
fumée  ;  outre  que  cette  terre  molle  laide  plus  facilement,  paffer  l’eau  fu- 
perdue:  on  peut  cependant  rendre  la  terre  plus  compaéle ,.  à  mefure  que' 
les  Plantes  pouffent  vigoureufement ,  &  donnent  des  preuves  de  la  vi¬ 
gueur  de  leurs  racines  ;  on  pourvoit  la  première  terre  fort  fablonneufè, 
de  vieux  fumier,  de  limon,  ou  de  terre  graffe.  On  femera  dans  de  pa-* 
reilles  terres  fablonneufes  làns  aucune  diftinélon ,  toutes  fortes  de  Plan¬ 
tes,  qui  doivent  être  tranlplantées  deux  fois  ou  plus,  comme  des  Me¬ 
lons,  des  Concombres,  des  Ananas,  &c.  toutes  les  boutures  de  Plantes 
qui  croiffent  dans  des  Pots;  des  Arbres  qui  doivent  être  plantés  jeunes  ; 
&  tout  ce  qu’on  cultive  fous  des  vitres  pendant  l’Hiver  ou  au  commen¬ 
cement  du  Printems:  comme  auffi  des  Laitues  pommées,  &  non  pom¬ 
mées,  du  Greffon,  &  des  Carottes  jaunes,  lefquellesne  viendront  pas  fî 
bien  dans  une  terre  extrêmement  fumée:  les  Laitues  pommées  outre  ce¬ 
la  s’y  chanciffent ,  leurs  racines  ne  veulent  pas  entrer  en  terre ,  &  font 
des  moignons.  Dans  une  terre  extrêmement  fumée,  <Sc  pourtant  far- 
blonneufe ,  viennent  à  fouhait  les  Hyacinthes  &  les  Afperges. 

Les  Ananas  tranlplantés ,  qui  portent  fruit ,  &  toutes  les  Plantes  for¬ 
mées,  que  l’on  conlèfve  par  le  moyen  de  la.  chaleur  dans  des  Serres 
artificiellement  échaufées,  &  dont  on  excite  ainll  la  pouffe,  doivent  être 
plantés  dans  une  terre  fàblonneulè,  fort  divifible,  afin  que  la  circulation 
&  l’extenfion  de  la  feve,.  caufées  par  la,  chaleur  ,  puiffenc  s’évaporer 
d’autant  plus  abondamment,  ce  qui  ne  peut  pas  fe  faire  fi  bien  dans  u- 
ne  terre  plus  graffe,  parce  que  la  terre  graffe  &.  molle,  étant  compofée 
de  parties  qui  fo  joignent  trop  fubtilement.,  devient  de  nouveau  trop 
Gompaéte ,  &  empêche  ainfi  par  la  fuperficie  la  pénétration  des  rayons 
folaires  ;  outre  que  les  petites  racines jglutineufes  &  chevelues, n’ont  pas 
affez  de  force  pour  percer  une  pareille  dure  terre,  encore  moins  pont' 
céfilter  à  la,trop  grande  abondance  de  l’eau. 


M  ur  3' 


CHA^ 


LES  AGREMENS 


CHAPITRE  VL 


he  VEau\  laquelle  ejl  la  meilleure  pour  arrofer  les  Plantes;  qu^îl  ne  faut 
jamais  les  arrofer  qu'avec  de  Peau  froide  ^  Sf  non  pas  avec  de  Peau 
tiède,  < 

L’Eau  confifte  en  parties  oblongues,  fléxibles,  unies  &  fluides,  lei- 
quelles  font  mêlées  avec  d’autres  parties  nourriflantes ,  qui  s’étendent 
davantage,  «Sc  qui  ne  peuvent  être  féparées,  par  quelque  moyen  que  ce 
foit,des  parties  aqueufes  ;  deforte  qu’il  n’y  a  dans  la  Nature  aucune  forte 
d’eau ,  qui  confiHe  uniquement  dans  des  parties  oblongues ,  flexibles ,  u- 
iiies  &  fluides. 

Qiioique  l’eau  de  pluie  foit  mêlée  avec  beaucoup  de  parties  terreflres 
qu’on  en  peut  féparer ,  je  la  nommerai  cependant  ainfi  pure,  comme  é- 
tant  la  plus  utile  pour  la  culture  des  Plantes  :  après  celle-là  vient  l’eau 
douce  des  Rivières  courantes  ;  &  en  troifième  lieu  celle  qu’on  tire  hors 
de  larges  FofTés ,  dont  l’eau  eft  dans  un  continuel  mouvement  en  hauf- 
faut  &  baiffant ,  &  dont  on  a  foin  de  purifier  les  fonds. 

L’eau  des  petits  FofTés  ou  de  Marais,  où  €lle  croupit,  eft  très  fouvent 
funefte ,  fur-tout  quand  on  en  arrofe  les  Plantes  d’abord  après  l’avoir 
.puifée  ;  car  outre  qu’elle  eft  naturellement  (&  pour  lors  encore  davanta¬ 
ge)  chargée  de  trop  de  parties  nitreufès&  huileufès,  elle  eft  aulTi  la  plu¬ 
part  du  tems  trop  chaude  ;  mais  elle  ne  fera  aucun  mal  fi  l’on  s’en  fert 
pour  arrofer  la  terre  dans  le  tems  qu’on  fème  :  aulfi  ne  nuit-elle  nulle¬ 
ment  aux  racines  des  Arbres. 

L’eau  fau mâche  eft  très  nuifible  ,  &  encore  plus  l’eau  falée  ;  deforte 
qu’on  ne  fe  fervira  d’aucune  des  deux. 

L’eau  de  fource  eft  très  fouvent  funefte,  parce  qu’elle  eft  quelquefois 
chargée  de  parties  contraires  aux  Plantes,  &  falées , quoique  cela  échape 
au  goût. 

11  eft  certain  &  inconteftable  que  l’eau,  après  que  l’air  voifin&  les  au¬ 
tres  parties  nourriffantes  fefbnt  mêlées  avec  elle,  fè  change  en  toutes  for¬ 
tes  d’autres  corps;  delà  vient  que  nous  voyons  de  l’eau  de  pluie  pure  fe 
changer  en  bois ,  en  feuilles ,  en  fleurs  &  en  fruits.  Afin  donc  defe 
fervir  utilement,  pour  arrofer  les  Plantes,  de  cette  eau  de  pluie  pure, 
pu  bien,  à  fon  défaut,  de  celle  qui  la  fuit  immédiatement,  il  faut  faire 

^  at-: 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  '  25^9 

attention  à  la  manière  dont  ces  Plantes  croifTent  naturellement  :  étant 
fort  remarquable  que  certaines  Plantes  fortent  d’une  grande  profon« 
deur  du  fond  de  Peau  ;  que  d’autres  croiflent  fur  l’eau  ;  d’autres  dans 
des  fonds  forts  légers  &  mous;  d’autres  dans  une  terre  plus  feche  &plus 
ferme,  &  d’autres  enfin  fur  des  rochers  &  des  montagnes  fort  élevées,, 
où  l’on  ne  voit  que  très  peu  de  terre,  &  où  même  elle  n’efl  quelquefois 
pas  vifible. 

Quelques  efforts  qu’on  faffe  pour  imiter  la  Nature  en  arrofant ,  rien 
cependant  n’efi:  plus  convenable  pour  la  pouffe  que  la  pluie;  il  faut  que  les 
Plantes  foient  humeélées,  en  attirant  elles-mêmes  du  fond  l’humidité  :  car 
outre  que  par  ce  moyen' les  Plantes  fè  nourriffent  comme  il  faut  infènfi^ 
blement  ,  cette  eau  eff  aufli  mêlée  ,  ainlî  qu’il  convient ,  avec  d’autres 
parties  nourriffantesnéceffaires;  Pair,  quand  il  pleut,  eff  aufli  rafraîchi 
de  même  que  Peau,  fur-tout  en  Eté  quand  il  pleut  la  nuit  :  ces  pluies  par 
cela  même  qu’elles  font  plus  froides,  font  aulTi  plus  fertiles,  que  les 
pluies  qui  tombent  pendant  le  jour.  11  eff  de  plus  inconteftable  que  la 
pluie  &  Peau  froides  font  les  plus  fertiles ,  fur  -  tout  quand  après  les 
pluies  d’Eté  il  flir vient  un  air  froid, quoique  nos  Ecrivains  modernes fou- 
tiennent  le  contraire ,  voulant  qu’on  arrofè  les  Plantes  qui  font  dans  des 
Pots  ou  dans  des  Caifles  l’Hiver,  avec  de  l’eau  un  peu  tiède,  &  l’Eté  a- 
vec  de  Peau  rechaufée  pendant  le  jour  par  le  Soleil  ;  ce  qui  n’eff  pas 
feulement  contraire  à  mon  expérience,  mais  auffl  à  celle  des  Anciens  (a);\ 
deforte  que  je  fuis  furpris ,  qu’on  n’ait  pas  pris  garde  à  cela,  d’autant 
plus  qu’on  remarquera  d’une  manière  fenfible  ,  que  ces  Plantes  ain- 
fi  arrofées,  auront  une  pouffe  bien  moins  vigoureulè  :  Peau  tiède,  ou: 
chaufée  par  le  Soleil ,  étant  fur  -  tout  funeffe  quand  on  s’en  fert  par  af- 
per  lion,  c’eft-à- dire,  quand  on  la  répand  fur  les  branches  &  fur  les  feuil¬ 
les  des'Plantes:  deforte  qu’on  ne  doit  pas  feulement  y  employer  de  Peaiii 
froide ,  mais  aulTi  de  Peau  de  pluie  pure  ;  &  pour  être  d’autant  plus  afi 
furé  d’un  bon  fuccès ,  on  le  fera  même  quand  il  fait  un  tems  couvert.- 
Afin  donc  de  pouvoir  en  tout  tems  pendant  l’Eté  employer  une  telle 
eau  froide,  on  fera  conftruire  des  Refervoirs  bien  fermés,  fous  terre, oir 
Pon  raffemble  autant  d’eau  de  pluie  qu’il  en  faut,  du  moins  pour  Pafper- 
fion;  ou  bien,,  au  défaut  d’eau  de  pluie,  on  doit  rendre  fraiche  d’autre 

eau. 

(à)  Pline  Liv.  19.  Hîjîùîre  Natur.  Chap.  1 1.  Théophrafte  de  là  caufe  des  Plantes ,  Li  v. 
lî.  Chap.  8  &  Liv.  VII.  Hijioire  des  Plantes, Ch^p.  5.  Voyez  aufli  Bodeus  cité  ci- 
deffus. 


LES  AGREMENS 


280 

eau  bien  pure  dans  des  Refervoirs  de  plomb,  Sc  la  laiflerlà  pendant  quel¬ 
que  tems  pour  lui  laifler  perdre  le  fuperflu  des  parties  huileufes ,  nitreu* 
fes  ou  fulphureufes ,  dont  elle  eft  chargée  :  ces  Refervoirs  doivent  être 
■placés  au  Nord ,  afin  que  le  Soleil  n’en  approche  jamais ,  &  ne  puif- 
îe  échaufer  l’eau  qu’ils  contiennent.  On  n’àrrofera  du  relie  jamais  pen¬ 
dant  le  chaud  du  jour ,  bien  moins  encore  quand  le  Soleil  luit  ;  car  cela 
eft  hir-tout  fort  nuifible  ,  &  afin  que  les  fonds  &  les  Plantes  loient  àr- 
rofées  naturellement  &  inlènfrblement  comme  par  la  pluie ,  on  fe  lervira 
pour  cet  ufage  d’un  Arrofoir  ,  dont  le  gouleaii  foit  garni  au  bout  d’un 
pommeau  percé  à  jour  par  de  petits  trous ,  par  où  l’eau  palTe  en  guife  de 
pluie;  mais  on  arrofei’a,  pour  gagner  du  tems,  les  Plantes  qui  font  dans 
des  Pots  ou  dans  des  Cailfes ,  éc  dont  il  ne  faut  pas  humeéter  les  bran¬ 
ches  &  les  feuilles  par  le  moyen  d’un  Arrolbir  fans  pommeau  ;  &  de  peur 
que  les  Plantes  ne  foient  trop  ou  trop  peu  arrofées,  il  faut  continuelle¬ 
ment  faire  attention  à  la  température  de  l’air,  &  voir  fi  le  Soleil  a  attiré 
beaucoup  de  vapeurs ,  &  fi  les  plantes  ont  belbin  de  plus  ou  de  moins 
■^d’eau  pour  leur  pouffe  :  ce  à  quoi  il  faut  prendre  garde  tous  les  foirs  a- 
vant  le  Soleil  couchant,  &  en  conféquence  de  cda  arrofer  les  Plantes ^ 
'félon  le  befoin,  plus  ou  moins. 

Les  Plantes  qui  font  dans  des  Pots  ou  -dans  des  Caiffes  ne  fauroient 
Tecevoir  beaucoup  d’eau  des  pluies  d’Eté ,  excepté  de  ces  pluies  qui 
accompagnent  fouvent  le  tonnerre;  ceux-là  fe  trompent  qui  s’imagi¬ 
nent  qu’elles  fuffifent  pour  la  pouffe  des  Plantes. 

C’efl  une  loi  confiante  qu’il  faut  arrofer  plus  que  les  autres,  les  Arbres 
•qui  ont  été  tranfportés,  ou  trop  fecouéspar  des  tempêtes ,  pour  faire 
joindre  exaéiement  tout  autour  de  leurs  racines,  la  terre  qui  s’étoit  dé¬ 
tachée  par  les  violentes  fecouffes.  Cependant  trop  d’eau  eft  nuifible, 
-■&  fur-tout  quand  les  Plantes  font  trop  defféchées,  car  alors  les  petites  ra¬ 
cines  tendres  perdent  pour  jamais  la  faculté  d’attirer  à  elles  l’eau ,  &  de 
la  mettre  à  profit. 

Quand  la  füperficie  de  la  terre  ne  boit  pas  d’abord  l’eau  dont  on  l’a  ar- 
-Tofée,  mais  qu’elle  y  refte  fans  mélange  comme  fur  de  la  graiffe,  c’efl 
une  marque  d’une  trop  grande  féchereffe,  les  parties  fines  &  fablonneti- 
fes  de  la  füperficie  étant  extrêmement  ferrées:  cette  croûte  une  foisper- 
cée,  l’eau  paffe  vite  au  travers  des  cavités,  ce  qui  fait  qu’elle  ne  produit 
que  peu  ou  point  de  bien.  Pour  prévenir  cet  inconvénient ,  il  faut  arrofer 
peu  à  peu  la  füperficie,  &  cela  à  plufieurs  reprifes  confécutives,  afin  de 
la  réduire  infenfiblement  au  point  néceffaire  pour  pouvoir  être  humeéiée. 


DE  LA  CAMPAGNE. 


ÊSr 

On  peut  voir  aux- Arbres  qiPils  ont  befoin  d’eau ,  quand  leurs  feuilles 
commencent  à  le  retirer  :  il  faut  dans  ce  cas  les  arrofer  beaucoup  plus  ^ 
car  alors  leurs  feuilles  viendront  uniment  &  fans  rides. 


CHAPITRE  Vir. 


Le  la  Chaleur  artificielle fur -tout  de  celle  qui  provient  du  feu. 

DAns  V Avertifiement  dans  le  I  Chap.  de  cette  fécondé  Partie^  j’ai- 

indiqué  les  -moyens  artificiels  ordinaires  d’augmenter  la  chaleur, 
parmi  laquelle  j’ai  rangé  aulîi  celle  qu’on  obtient  par  la  réverbération  des 
murailles  ou  des  Cloifons ,  comme  aulfi  celle  qu’on  fe  procure,  enrenfer- 
mant  les  rayons  du  Soleil  dans  des  Serres,  dans  des  CailTes  vitrées  & 
autres,  dont  l’air  intérieur  ell  mêlé  de  beaucoup  plus  de  vapeurs,  que 
l’air  extérieur  ordinaire ,  quoiqu’à  un  même  degré  de  chaleur,  fur-tout 
quand  la  chaleur  efl  caufée  par  rechaufement ,  ce  qui  fe  fait  par  l’exten- 
lion  des  fucs  renfermés,  qui  ne  peuvent  pas  s’exhaler  allez  vite  par  le 
mouvement  de  corps  plus  petits  &  plus  compares,  &  fait  ainli  pla¬ 
ce  aux  plus  petites  particules  ignées.  On  dit  de  plus  qu’un  pareil  air 
chargé  de  vapeurs  provient  immanquablement  de  rechaufement,  &  que 
ne  pouvant  les  exhaler  comme  il  faut  en  Hiver,  il  ell  mortel  pour  la  plu¬ 
part  des  Plantes,  ce  qui  rendnéceflaire  l’ufàge  du  feu,  qui  elUefeul mo¬ 
yen  à  l’aide  duquel  on  peut  rechauferun  air  intérieur  Ipacieux,  On  peut 
H  aulTi  imiter ,  en  augmentant  ou  en  diminuant  le  feu ,  les  intervalles  de 
*  la  nature  entre  la  chaleur  du  jour  &  entre  la  fraîcheur  de  la  nuit  ;  ce  qui 
ne  fe  peut  par  recliaufement ,  parce  que  la  chaleur  eft  pour  lors  toujours 
égale  iàns  intervalle. 

Pour  entretenir  le  feu  avec  fuccès,  on  ne  doit  pas  feulement  avoir  des 
matières  combuftibles  convenables ,  &  les  connoilTances  requifes ,  pour 
les  employer  de  manière ,  que  d’une  chaleur  tempérée  on  ne  lailTe  rien 
perdre,  mais  on  doit  examiner  aufll  continuellement  la  manière  dont 
brûle  un  Fourneau,  où  les  tourbes  entaflees  près  à  près  jiùques  au  haut, 
peuvent  caufer  des  effets  terribles,  fi  on  ne  les  modère  par  devant  par  le 
moyen  d’une  ouverture  oùpafTent  les  cendres,  &par  laquelle  on  lui  don¬ 
ne  de  l’air  plus  ou  moins ,  ou  fi  on  ne  les  prévient  pas  entièrement  en 
^  le  garniflant  d’une  quantité  fuffifante  de  fable ,  comme  aulfi  en  tenant 
Partie  IL  N  n  tou- 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 


2S2 

toujours  le  Fourneau  fermé  par  en-haut  par  le  moyen  d’une  plaque  con¬ 
venable  de  fer  battu,  convertie  d’une  julle  quantité  de  fable. 

Le  Chaufage  le  plus  convenable  pour  rechaufer  les  Orangeries ,  les 
Serres  k  Vignes  &  autres,  les  Caifles  vitrées,  &c.  font  de  grandes  tour¬ 
bes  quarrées ,  connues  cheïi  nous  fous  le  nom  de  tourbes  de  Boulanger , 
lefquelles  étant  pétries  d’autant  de  terre  bitumineufe  qu’il  faut,  &  du 
meilleur  limon  pour  brûler ,  donnent  une  grande ,  égale  &  durable  cha¬ 
leur  ,  &  ne  s’éteignent  pas  aifément,  quoiqu’on  lailfe  fermé  pendant  vingt- 
quatre  heures  le  trou  aux  cendres.  '  ’ 

La  manière  de  faire  lè  feu  par  le  moyen  d’un  Fourneau,  félon  la  figu¬ 
re  ci-jointe,  eft,  lèlon  ce  que  m’a  appris  mon  expérience,  la  plus  natu¬ 
relle  &  la  plus  égale  pour  rechaufer,  même  pendant  la  plus  rude  gelée, 
un  air  fpacieux  intérieur;  &  quoique  ce  deflein  fuffife  pour  pouvoir  s’eix 
former  une,  idée,  j’ajoute  cependant  pour  une  plus  grande  clarté  5  que  le 
Fourneau  eh:  placé  dans  une. petite  chambre  k  part,  laquelle  eh:  fituée 
au  Nord  ,k  l’Orient  de  la  Serre.  11  y  a  au  defliis  &  k  côté  du  Fourneau 
dans  la  muraille  quifépare  la  Serre,  le  long  de  la  petite  chambre,  deux 
ouvertures , lefquelles  on  ferme  avec  des  volets  de  bois,  quand  on  remplit 
le  Fourneau  &  quand  il  brûle,,  pour  prévenir  la  poulfièrc  &  la  fumée. 
A  côté  du  Fourneau  il  y  a  une  porte ,  laquelle  étant  ouverte ,  la  chaleur 
qui  provient  du  haut  du  Fourneau,  fe  communique  aulfi  au  travers  d’el¬ 
le  k  la  Serre  voifine  nommée  Trek-kas,  •  •: 

La  petite  chambre  a  k  l’Orient  une  porte  (æ)  ,  par  laquelle  on  peut  in¬ 
troduire  de  l’air  pur,  auquel  cas  on  ouvre  aufli  les  fenêtres  qui  font  au 
delTus  &  k  côté  du  Fourneau,  &  qui  donnent  dans  la  Serre,  afin  que 
cet  air  frais  puilTe  paffer  par  la  porte  intérieure  de  la  Serre  (b) ,  &  par 
celle  de:la  Serre  nommée  Trek-kas^  qui  eft  derrière  l’autre  dont  on  fait 
voir  une  partie  dans  le  Eortail  litué  au  Couchant.  L’ouverture  du  Four-; 
neau,dans  la  figure  ci- jointe  {Fig.  3), marquée  de  ce  chiffre (1}, laquelle 
eh:  faite  en  quarré  de  l’épaiffeur  d’une  brique,  elt  intérieurement  en  lon¬ 
gueur  d’un  pied  dix  pouces  &  demi ,  &  en  largeur  de  quatre  pouces  &  demi  : 
la  profondeur  eh:  depuis  le  haut  julques  k  la  grille  de  deux  pieds.  La  gril¬ 
le  eh:  faite  de  gros  barreaux  de  fer  quarrés&  lâches,  couchés  lîir  deux  gros 
barreaux  de  fer  maçonnés  dans  les  côtés;  au  deirousdelquels(2)efî:le  trou 
aux  cendres  &  pour  donner  de  l’air ,  dont  la  hauteur  julqu’aux  barreaux  qui 
foutiennent  la  grille,  eh;  de  huit  pouces. Un  peu  au-delTus  de  ces  barreaux 
eh;  en  formé  d’arc,  l’entrée  (3)  du  Fourneau,  ou  du  paffage  du  feu  aux 
conduits, fait  pour  cela  de  briques  de  Four,  pou  vaut  réfiflerk  une  extrême 
J  cha- 


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D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  ^^3 

chaleur.  Autour  du  Fourneau  il  y  a  (4.)  un  endroit  qui  le  renferme,  ma¬ 
çonné  en  quarré,avec  une  muraille  épail  le  d’une  brique  &  demi,  garni  de 
liens  de  fer,  ayant  un  elpace  mitoyen  d’un  pouce  (5*),  lequel,  quand  tout 
l’ouvrage  ell  bien  réché,on  remplit  de  fable.  Ce  Fourneau  &  les  conduits 
du  feu  (6)  ont  un  pied  &  neuf  pouces ,  &  le  deflbus  du  trou  k  cendres  un 
pied  au  delTus  du  fond  extérieur ,  poair  donner  ainfi  moins  de  froid. 

Le  fond  des  conduits  du  feu  doit  fur  la  longueur  de  trente -neuf  ou 
quarante  pieds,  être  rehaufle  en  talus  du  moins  de  deux  pouces,  atin 
que  la  fumée  puilTe  d’autant  mieux  pafTer;  les  conduits  du  feu  font  cou¬ 
verts  par  deflus  de  plaques  de  fer  qui  joignent  exaélement  :  les  jointures 
font  aulTi  couvertes  d’une  petite  plaque  de  fer,  &  joignent  de  plus  fort 
■julle  par  le  moyen  de  carreaux  de  terre  dans  un  peu  de  Ikble  ;  les  car¬ 
reaux  forment  le  fond  fupérieur  dans  la  Serre  :  ces  carreaux  de  terre  doi¬ 
vent  être  encore  couverts  d’un  pouce  d’épaifleur  de  fable,  pour  empê- 
■clier  l’entrée  de  la  fumée.  Les  murailles  mitoyennes  des  conduits  du 
feu  (7)  fur  lelquelles  repolènt  les  plaques ,  font  maçonnées  de  deux  bri¬ 
ques  ;  car  autrement  l’ardeur  du  feu  les  fait  dabord  fendre ,  fur-tout  par 
devant:  à  l’extrémité  du  fécond  conduit  du  feu  palTe  la  Cheminée  (8) 
obliquement  par  la  muraille  du  côté  jufques  près  du  Four, où  enlüite  elle 
continue  en  montant  droit. 

Comme  la  prémière  plaque  éprouve  une  furieufe  ardeur  du  feu ,  elle 
devroit  du  moins  être  épaiffe  de  deux  pouces,  large  de  trois  pieds  &  de 
deux  ou  trois  pouces,  &  longue  de  neuf  pieds  (a).  Les  deux  plaques 
iùivantes  doivent  du  moins  être  épaifles  d’un  pouce,  &  longues  de  iîx 
pieds.  Après  cette  longueur  de  vingt -un  pieds  que  forment  les  trois 
plaques  prefcrites,  &  jufqu’à  l’endroit  qu’elles  couvrent  les  conduits  du 
feu,  la  plus  grande  ardeur  du  feu  qui  fait  lever  les  plaques,  eft  modérée; 
deforte  qu’il  n’eft  pas  néceflaire  que  les  plaques  fuivantes  fbient  aufli 
épailfes  &  aulîi  longues  :  cependant  pour  qu’il  y  ait  d’autant  moins  de 
jointures ,  les  plus  longues  font  les  meilleures. 

Comme  les  conduits  du  feu  onde  la  fumée  deviennent  moins  profonds 
par  derrière  par  le  rehaulTement  du  fond ,  elles  vont  aulîi  peu  k  peu  en 
îè  rétrécilTant.  Les  conduits  de  la  Cheminée,  k  force  de  faire  du  tèu,  fe 
remplilTent  de  fuie,  de  manière  que  la  fumée  ne  fauroit  y  palTer  II  on 
n’ap^s  fèin  de  les  nettoyer;  deforte  qu’il  faut  dans  ce  cas  avoir  foin  de 
purifier  généralement  le  tout, en  ouvrant  les  conduits  ôc  en  lailTant  k  la 
Clieminée  un  palîage  libre. 

Nn  2  .  Il 

^  (a)  On  pourroit,au-iieu  de  cette  prémière  grande  plaque ,  faire  conltruire  une  voû¬ 
te  jufqu’à  la  fecoifdc. 


LES  ACRE  MENS 


11  eft  néceflaire,  pour  pouvoir  le  fervir  avec  fuccès  du  Fourneau  prel^ 
crit  5  qu’on  y  fafle  le  premier  feu  avec  beaucoup  de  charbons  allumés , 
&  fans  ferrer  beaucoup  les  tourbes ,  ahn  que  l’humidité  qui  fe  trouve  or¬ 
dinairement  dans  l’intérieur  des  conduits  fe  puilTe  fécher  ;  parce  que  cet¬ 
te  humidité  empêchant  le  palTage  de  la  fumée ,  la  fait  pafler  par  devant , 
au  travers  de  l’ouverture  faite  pour  donner  de  l’air.  On  eft  encore  quel¬ 
quefois  expofé  à  ce  dernier  inconvénient,  quand  on  allume  le  Four¬ 
neau  pendant  un  tems  calme  &  humide ,  auquel  cas  il  ne  faut  pas  ou¬ 
blier  ,  de  mettre  plus  de  feu  allumé  par  devant  auprès  de  l’ouver¬ 
ture;  on  a  aulTi  pour  ces  tems -là  des  paravents  qui  y  conduilent  le 
vent ,  &  lui  donnent  ainfi  un  palTage  libre.  11  en  ell  tout  autrement 
pendant  de  rudes  gelées,  fur-tout  quand  le  vent  eft  fort,  &  principale¬ 
ment  encore  quand  le  vent  donne  fur  le  trou  aux  cendres  ;  car  ce  vent 
fort  palTe  alors  li  rapidement,  que  le  Fourneau  brûle  d’une  manière  ter¬ 
rible  ,  que  l’ardeur  fait  lever  les  plaques ,  llir-tout  celles  qui  font  par  de¬ 
vant,  &  que  la  fumée  pénètre  par  les  ouvertures  jufques  dans  la  Serre. 
Dans  de  pareils  cas  on  ne  fauroit  trop  prendre  garde  au  feu ,  &  que  le 
trou  aux  cendres  ne  foit  pas  ouvert  plus  qu’il  ne  faut,  pour  que  le  feu 
continue  à  brûler  d’une  manière  modérée  ;  pour  cela  il  eft  néceflaire  de 
mettre  du  fable  bien  entafle  aux  jointures  de  la  plaque  de  fer  qui  eft  de¬ 
vant  le  trou  aux  cendres  :  l’air  rude  accompagné  d’un  vent  fort ,  étant 
fi  fubtil,  que  le  feu,  quoique  le  trou  aux  cendres  foit  ainfi  bouché,  con¬ 
tinue  pourtant  à  brûler.  11  ne  faut  pas  cependant  faire  fi  peu  de  feu  dans 
le  Fourneau,  qu’il  n’échaufe  pas  afTez,  puifqu’alors  le  feu  s’en  vapreft 
que  tout  en  fumée,  fans  rendre  aucun  fervice. 

Le  Thermomètre  qui  eft  dans  la  Serre,  indique  le  degré  de  chaleur. 

’  C’eft  félon  cela  qu’on  doit  fe  conduire  à  l’égard  du  Fourneau,  &  quand 
on  veut  faire  des  rechaufemens  par  le  moyen  du  feu  plus  ou  moins 
grands  ;  &  comme  on  l’a  dit  déjà  plus  d’une  fois ,  qu’il  eft  néceftaire  de 
découvrir  pendant  le  jour  la  Serre,  autant  que  cela  eft  poftiblefans  nui¬ 
re  aux  Plantes,  il  arrive  quelquefois  qu’on  ne  peut  fè  procurer  pendant 
le  jour  avec  des  vitres  découvertes  autant  de  chaleur  qu’il  faut;  c’eft- 
pourquoi  on  tâche  alors  de  fe  la  procurer  la  nuit  avec  des  vitres  bien 
couvertes ,  (Sc  alors  le  jour,  comme  un  intervalle  de  moins  de  chaleur,  ce 
qui  eft  autrement  la  nuit ,  eft  fuivi  d’un  rechaufèment  par  le  moyen  du 
feu. 

Il  peut  arriver  encore  que,  pour  fe  procurer  comme  iT  faut  de  la  chaleur, 
le  Fourneau  brûle  avec  trop  d’ardeur,  ce  qui  fait  lever  les  plaques  de  de¬ 
vant  y 


DE  LA  C  A  M  P  A  G  xM  E. 


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vant,  à  moins  qu'elles  ne  foient  comprimées  vers  le  bas;  auquel  cas  il 
eft  néceflaire  d'appuier  les  deux  premières  plaques  fur  deux  pu  trois  ap¬ 
puis  5  lefquels  étant  pofés  à  terre  fur  une  plaque  de  plomb ,  viennent  par 
Paiitre  bout  au  revêtement  du  plancher  d’en-haut;  de  manière  cependant^ 
qu'étant  munis  au  haut  de  trois  côtés  de  petits  crampons  de  bois,  ils 
loient  à  peu  près  libres,  deforte  qu’il  y  ait  entre  l'extrémité  de  l’appui 
&;  entre  le.  plancher  d'en-haut  unefpace  d'un  quart  de  pouce;  auquel  cas, 
étant  ainfî  fixés ,  on  s’apercevra  d'abord  li  les  plaques  lèvent  :  il  faut  a- 
lors  fermer  pour  un  certain  tems  le  trou  aux  cendres. 

Ayant ainli  montré  l’ufage d'un  Fourneau,  lequel  cefTe  ordinairement 
de  brûler  en  Hiver  le  quatrième  jour ,  &  doit  de  nouveau  alors  être  rem¬ 
pli,  fuit  préfèntement  la  manière  ordinaire  de  rechaufer  les  CailTes  vitrées 
pour  avancer  la  maturité  des  fruits.  Dans  celles-ci  la  manière  de  faire 
le  feu  en  Hiver,  quand  il  ne  gele  pas  fort,  eft  d’y  allumer  deux  fois  dans 
les  vingt-quatre  heures,  aux  deux  côtés  d’une  Caiffe  vitrée  qui  a  cinq  fe¬ 
nêtres  vitrées ,  un  petit  feu  de  quatre  tourbes  en  quarré,  lequel  con¬ 
tienne  intérieurement  des  charbons  allumés,  &  foit  couvert  de  deux  tour¬ 
bes  par  le  haut;  après  quoi  on  bouche  exaélement  le  trou  aux  cendres 
avec  une  petite  plaque  de  fonte  :  ce  rechaufement  fe  faifant  de  bonne 
heure  le  matin,  fe  renouvelle  auftile  foir  tard.  Qiiand  il  gele  plus  fort, 
ou  qu’il  fait  un  air  couvert  &  rude, on  renouvelle  fouvent  le  feu  à  midi, 
on  diminue  aulfi  de  même  le  feu  félon  l’indication  du  Thermomètre,  en 
le  rèduifànt  a  quatre  tourbes  &  une  par  deftus ,  quelquefois  même  à  trois, 
en  forme  de  triangle  &  une  par  delTus. 

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■  CHAPITRE  VIIL 

Le  la  chaleur  que  produit  lejumkrde  Cheml  £«?  le  Tan  ;  de  quelle  maniè¬ 
re  on  doit  faire  les  Couches  élevées  pour  prématui'er  les  fruits ,  ^  pour 
t  donner  pajjage  aux  vapeurs  ^  aux  exhalaijons, 

ENtre  les  divers  rechaufemens,  la  Chaux  vive ,  le  fumier  de  Cheval 
&  le  Tan,  qui  a  fervi  à  préparer  les  peaux,  font  le  plus  en  ula- 
.ge.  La  Chaux  vive,  à  caufe  de  la  grande  quantité  de  parties  ignées 
qu’elle  contient,  produit  à  l’égard  de  la  maturité  des  fruits  une  poulie 
fort  rapide ,  mais  en  même  tems  peu  naturelle ,  qui  donne  aulTi  la  mort 

Nn  3  ■  ’  aux 


m  L  È  A  G  R  E  M  E  N  s 

aux  Arbres  Sc  alix  Plantes  ;  c'eft  pour  cette  raifon  qu’au-lieu  de  Chaux  vi¬ 
ve  pour  avancer  la  maturité  des  fruits,  on  employé  bien  plus  naturelle¬ 
ment,  comme  il  a  été  dit  dans  le  Chap.  précédent^  le  fecoursdu  feu,  <Sc 
qu’on  rejette  la  Chaux  vive,  confidérée  en  elle-même. 

Le  fumier  de  Cheval  eft  le  rechaufement  le  plus  commun  &  le  plus  à 
préférer,  pour  rechaufer  la  terre  en  Hiver  &  au  Printems,fous  des  vitres 
couchées,  &  lui  faire  produire  par  ce  moyen  des  Plantes  &  des  fruits 
defemence;  il  contient  une  infinité  de  parties  ignées,  lefqiielles  font 
fuffifantes  pour  faire  pénétrer  chaudement  les  fucs  jufqu’au  delTus  de  la 
terre,  ce  à  quoi  le  Tan  n’ eft  pas  li  propre:  deforte  qu’on  ne  l’emploie 
que  pour  un  rechaufement  en  Eté ,  parce  qu’en  Hiver  &  au  Printems  il 
perd  fa  vertu  en  le  couvrant  de  terre  ;  à  moins  qu’on  ne  lui  communique 
par  deflbus,  par  le  moyen  du  feu,  plus  de  force,  pour  faire  circuler  la 
chaleur. 

On  a  dit  dans  V  Avertîjjement  de  cette  fécondé  Partie  rechaufe¬ 

ment  de  fumier  de  Cheval  réuflit  rarement  ou  point  dans  les  Mois  de 
-Novembre,  de  Décembre,  &  de  Janvier,  parce  que  les  vapeurs  tropa- 
bondantes  ne  peuvent  pas  en  fortir  dans  ce  tems-là,&  qu’elles  font  moifir 
des  Plantes  renfermées  fous  les  vitres;  deforte  qu’on  ne  commencera 
point  à  employer  du  fumier  de  Cheval  qu’au  mois  de  Février,  auquel 
tems  il  faut  encore  avoir  tout  le  foin  poftible  de  ne  rien  négliger  dé  ce 
-qui  peut  fervir  à  l’augmentation  des  rayons  folaires ,  car  la  chaleur  du 
tSoleil  eft  la  plus  naturelle,  &  réjouit  les  Plantes;  fans  ces  rayons  Polai¬ 
res,  plus  ou  moins,  toutes  pareilles  cultures  fénlfiftent  mal. 

Les  Couches,  pour  avancer  la  maturité  des  fruits  en  Hiver,  doivent 
être  très  peu  en  terre,  &  pour  ainfî  dire  fur  le  fond  même:  leur  largeur 
doit  être  telle  que  les  Couches  vitrées  puiflent  être  pofées  par  delTus  le  fu¬ 
mier,  &  en  être  garnies  de  tous  eôtésr  les  vitres  doivent  être  pofées 
fur  ces  Couches  obliquement  en  montant,  de  manière  qu’elles .puiiTent 
•  recevoir  les  rayons  du  Soleil  à  peu  près  en  angles  droits.  , 

Le  fumier  de  Cheval  de  l’épailTeur  de  deux  pieds  &  demi  ou  de  trois 
pieds  rechaufe  le  plus,  quand  il  eft  frais,  &  tel  qu’on  l’a  indiqué  dans 
le  lo  Chap.  du  prémier  Livre  de  lqprémière  Partie.  .  .  . 

-  Lorfqu’dti  a  bonne  provifion  de- ce- fumier ,  bien  liumeété  par  du  pif- 
“làt,  6tmêlé  avec  des  crottés, ‘dh’ lé  répandra’  légèrement  en  l’éparpil- 
^-Jant,  quand  dn  élevefâ  des  Couches  ÿ  &  on  le  mêlera  également  ;  après 
quoi  .on  le  foulera  autant  qu’il  faut,  &  au  cas  qu’il  ne  foit  pas  allez  liu- 
♦nïeété)  on  y  répandra  de  l’eau,  p^irce  qiie  s^il  n’éft'pas  fiifïifàmment  hu- 

*  c  meété. 


DE  LA  CAMPA  G  N  E, 


meélé,  les  parties  ignées  pafTent  fort  vite,  &  le  fumier  fe  moifit.  Qiiant 
à  cette  luimeélation  par  le  moyen  de  reau,  il  faut  pourtant  favoir,  que 
l’eau  ne  contenant  point  de  parties  ignées,  lorfqu’on  en  prend  trop  co- 
pieufement  (fur-tout  en  Hiver ,  lorfque  les  rayons  folaires  n’augmentenc 
pas  fl  fort  ces  parties  ignées) ,  éteint  ou  amortit  ces  parties  dans  le  fu¬ 
mier,  deforte  qu’il  faut  employer  moins  d’eau  pour  ce  tems-lk,  &  plus  à 
mefure  qu’on  approche  de  l’Eté. 

On  fait  aufli  des  Couches  avec  les  feuilles  qui  font  tombées  des  ar¬ 
bres  ,  un  peu  plus  épaiifes  que  celles  de  fumier  de  Cheval.  On  cultive 
beaucoup  mieux  les  Plantes  en  Hiver  fur  de  pareilles  Couches ,  parce  que 
ces  Couches  exhalent  moins  de  parties  ignées  &  nitreufes ,  &  donnent 
une  chaleur  plus  égale  &  plus  durable.  On  ne  doit  pas  non  plus  cou¬ 
vrir  d’abord  les  Couches  élevées  d’autant  de  terre,  que  le  demande  la 
pouffe  des  Plantes  qu’on  y  doitièmer  ou  planter,  car  cela  empêcheroit 
le  rechaufement,  principalement  en  Hiver:  il  vaut  mieux  couvrir  d’a¬ 
bord  le  fumier  avec  les  vitres  ;  mais  comme  l’acide  &  le  nitre  du  fumier 
confument  en  peu  de  tems  le  plomb  des  vitres ,  on  ne  peut  que  desap¬ 
prouver  cette  méthode,  &  on  doit  plutôt  le  couvrir  d’abord  de  terre, 
de  l’épaiffeur  d’un  pouce ,  &  enliiite  avec  des  vitres ,  afin  que  les  exha- 
laifons'  s’y  puiffent  raffémblcr.'  Quand  le  fumier  ell:  rechaufé  ,  on  a- 
joute  peu  à  peu  de  la  terre  autant  qu’il  en  faut  pour  y  pouvoir  fèmer  ou 
planter. 

;  H  faut  cultiver  aulfi  peu  fur  des  Couches  trop  rechaufées  que  fiir  celles 
qui  ne  le  font  pas  affez;  les  premières  brûlent  les  femcnces  &  les  Plan¬ 
tes,  &  les  autres  ne  font  pas  affez  circuler  les  fucs;  deforte  qu’il  faut  a- 
voir  ün  foin  extrême  pour  les  bien  élever  :  on  y  employera  l’Hiver  plus 
de  fumier, &  moins  enfuite,à  mefure  qu’on  approche  de  l’Eté.  On  peut 
auifi  alors  mettre  le  fumier  plus  profondément  en  terre,  parce  que  les 
rayons  du  Soleil  augmentent  beaucoup  le  rechaufement,  &  même  au 
podnt  que  ja  moitié  d’une  certaine  quantité  de  fumier  donne  plus  de  cha¬ 
leur  vers  la  mi- Avril,  que  n’en  donne  lo double. dans  le  mois  de  Février. 
Qtiand  la  chaleur  y  par  la  vertu  )du  fumier  ,  peut  pénétrer ,  on  ne  lauroit 
mieux  faire  que  de  couvrir  de  terre  le  fumier,  de  douze  pouces,  ou  mê¬ 
me  plus  ^'non  feulement  afin  que  la  Plante  jouiffe  d’une  chaleur  plus  éga¬ 
le,  mais  aufrrqu’elle  pouffe  de  plus  profondes'racines,fàns  recevoir  au¬ 
cun  dommage  de  la  chaleur  du  fumier;  d’autant  plus  qu’une  telle  épaiffeur 
de  terre  retiendra  niieux  l’eau  ,  St  diminuera  le  rilqueque  court  la  Plante  de 
fe  deffécher  :  Sc  pour  faciliter  la  pénétration  du  reciiaufement ,  il  faut  fur  des 

Cou^ 


285 


LES  AGREMENS 

Couches  langiiiOantes  faire  des  trous  jufques  dans  le  fumier,  ce  qui  leur 
.  donne  de  la  vigueur  ;  mais  on  couvre  communément  de  moins  de  terre 
le  fumder,  pendant  une  rude  gelée,  lorfqueles  rayons  du  Soleil  ne  peu¬ 
vent  pas  faciliter  le  rechaufement  ;  car  n’ayant  pas  aflez  de  force  pour 
pénétrer,  il  s’amortiroit  fous  une  telle  épaifleur  de  terre  entièrement  & 
fans  produire  aucun  effet.  C’eft  pour  cette  raifon  qu’on  couvre  de  fix , 
fept  ou  huit  pouces  de  terre,  toutes  les  Couches  qu’on  élève  en  Février, 
pour  y  femer  de  petites  Laitues,  du  CrefTonjOu  des  Concombres  préco¬ 
ces;  mais  lafaifon  étant  plus  avancée,  quand  on  y  feme  dés  Carottes, 
ou  qu’on  y  tranfplante  des  Laitues  pommées,  il  faut  les  couvrir  du  moins 
de  douze  pouces  de  terre,  comme^aufTi  lorfqu’on  y  feme  des  Melons  vers 
la  mi-Mai*s. 

Les  Couches  fiir  lefquel-les  on  doit  mettre  des  Oignons  de  Tubereufe, 
ou  tranfplanter  des  Melons ,  doivent  avoir  quinze  ou  fèize  pouces  d’é- 
paifTeur  par  defliis  le  fumier;  &  fi  on  avoit  lieu  de  craindre  que  le  fumier 
ne  rechauferoic  pas  aflez  dans  le  commencement,  on  plante  les  Melons 
dans  les  Caifles  vitrées,  liir  de  petites  Couches  plus  élevées,  &  quand  le 
fumier  a  aquis  la  chaleur  qui  lui  eft  néceflaire ,  on  ajoute  le  refle  de  la 
terre  qui  manque  entre  les  Plantes. 

Les  rigoles  dans  lefquelles  il  faut  répandre  le  fumier,  doivent  être  en 
haut  larges  de  trois  pieds ,  &  aller  en  talus  des  deux  côtés  ;  celles  des 
Couches  où  l’on  a  tranfplanté  les  prémiers  Melons,  dans  lefquelles  le  fu¬ 
mier  efl  en  plus  grande  quantité  &  plus  épais,  font  fort  peu  avant  en 
terre,  &  par  conféquent  leur  fuperficie  eflfort  élevée  au-delfus  du  fond  ; 
les  Plantes  doivent  du  moins  être  plantées  à  treize  pieds  de  diflance 
les  unes  des  autres  ;  mais  approchant  davantage  de  l’Eté ,  on  fait  les  ri¬ 
goles  plus  avant  en  terre,  &  comme  alors  les  Couches  ne  font  pas  fi  fort 
élevées  au-defliis  du  fond ,  les  Plantes  n’ont  pas  befoin  d’un  fi  grand  in¬ 
tervalle  pour  être  butées  comme  il  faut  ;  cependant  on  ne  devroit  ja¬ 
mais  les  planter  plus  près  qu’à  onze  pieds ,  pour  confèrver  par  cè  mo¬ 
yen  un  petit  fentier  quand  les  branches  viennent  à  s’étendre. 

Pour  que  les  Couches  foufrent  moins  quand  il  fait  un  froid  rude,  on 
les  couvrira  non  feulement  par  deflus ,  mais  aufil  tout  autour ,  & 
même  le  fond  qui  efl:  devant  elles ,  par  derrière  &  aux  côtés ,  julqu’à  la 
diflance  de  deux  ou  trois  pieds, -avec  delà  paille,  pour  empêcher  de 
cette  manière  que  la  gelée  n’y  pénètre. 

On  a  dit  dans  V  AvertiJJement  de  cette  fécondé  Partie  ^  qu’à  l’égard  de 
la  culture  des  fruits  précoces,  il  faut  avoir  un  foin  extrême,  de  détour¬ 
ner 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  289 

mer  les  vapeurs  qui  voltigent  autour  des  Plantes,  ce  qui  eH:  fur-tout  né- 
ceflaire  à  fégard  de  celles,  qu’on  cultive  par  le  moyen  du  fumier  de  Clie^^ 
val,  parce  que  ce  rechaufement  exhale  plus  qu’aucun  autre  en  abon¬ 
dance,  -des  vapeurs  nuilibles  qui  rongent  les  Plantes:  pour  prévenir  cet 
inconvénient  iî  ne  faut  jamais  fermer  par  derrière  exaélement  fur -tout 
ks  Couches  de  Concombres  &  de  Melons,  mais  laiiïer  toujours  plus  ou 
moins  une  fente  au  haut,  d’un  côté  ou  de  l’autre,  félon  le  vent  qu’il  fait 
(c’elt-à-dire  k  l’Oueh;  quand  le  vent  eft  üll,  &  à  rEH:  quand  le  vent  eft 
Oueft),  pour  que  les  vapeurs  puiflent  palTer;  couvrant  la  fente,  quand 
il  fait  froid  ou  quand  il  gele,  avec  une  double -ou  fimple  couverte  de 
poil;  dans  ce  cas  les  vapeurs  &.les  exhalaifons  pourront  palTer  au  travers, 
&  on  empêchera  par-lk  le  froid  de  pénétrer.  11  faut  lavoir  cependant 
qu’à  caufe  de  cette  couverture ,  les  parties  ignées  fe  diflipent  extrême¬ 
ment  ,  deforte  qu’il  la  faut  faire  bien  petite  quand  le  tems  eft  froid  :  ce¬ 
pendant  cette  manière  de  rafraichir  l’air  eft  fi  néceflaire ,  que  j’ai  cru  de¬ 
voir  la  recommander  diverfes  fois ,  pour  qu’on  ne  la  néglige  point. 

Les  Plantes  qui  font  dans  des  Pots,  &  qui  ont  befoin  en  Eté  par  def 
Ibiis  d’une  pjus  grande  chaleur  que  celle  .qu’il  fait  dans  notre  Climat , 
doivent  être  rechaufées  avec  du  Tan ,  qui  a  fervi  avec  La  chaux  à  prépa¬ 
rer  des  peaux,  .ce  Tan  ayant  tiré  de  la  .chaux  pref^ue  toutes  lès  parties 
ignées:  plus  ce  Tan  eft  frais  &  nouvellement  forti  de  la  cuve,  plus  il 
eft  chaud,  &  plus -longtems  il  rechaufera:  il  peut  communiquer  aux 
Plantes  pendant  fix  mois  entiers  une  chaleur  égale  &  naturelle,  pourvu 
que  ces  Plantes  foient  placées  avec  leurs  Pots  jufques  au  bord,  dans  une 
èpaifteur  de  deux  pieds  de  pareil  Tan:  pourvu  aulfi  qu’étant  lous  des  vi¬ 
tres  ,  on  les  humeéle  comme  il  faut ,  &  que  le  Soleil  les  réjouïfle.  Mais 
ce  Tan  couvert  de  trop  de  terre  n’a  pas  aflez  de  force,  pour  faire  palTer 
au  travers  d’elk  lès  parties  ignées;  auquel  cas  fa  chaleur  feperd  dans  k 
fond. 


Lh 


f  ortie  IL 


Oo 


LES  AGREMENS 


LIVRE  SECOND. 

De  la  culture  des  Herbes  potagères  félon  les  Saîjons. 


CHAPITREE 

^mufement  du  Jardinage  pendant  chaque  mois ,  félon  le  cours  de  P année’. 
Des  fleurs  ^  des  fruits^  tant  naturels  que  cultivés^  qu'on  peut  avoht 
dans  les  Jardins^ 

JANVIER. 

Comme  pendant  ce  mois  le  Soleil  eft  fort  bas ,  la  terre  relie  aiiflï 
chargée  en-bas  de  beaucoup  cfe  vapeurs  :  outre  qu’on  ell  fujet  à  des 
vents  forts  froids  ^  qui  condenfent  encore  davantage  les  fucs,  &  font 
mourir  les  grains.  Pour  prévenir ,  autant  qu’il  eft  poflible ,  cet  incon¬ 
vénient,  on  tâchera  de  ralTembler  les  rayons  du  Soleil  6c  de  les  confer- 
ver.  Dans  cette  vue^  il  faut  découvrir  toutes  les  vitres  drelTées,  qui 
font  au'Soleil  depuis  dix  heures  du  matin  jufqif à  deux  de  Taprès  -  midi  f. 
mais  quand  en  avance  plus  dans  ce  mois ,  on  découvre  avant  dix  heu¬ 
res  6c  on  couvre  après  deux.  Dans  les  Orangeries  6c  dans  les  CailTes 
couchées  on  voit  à  robfcurcilTement  des  vitres,  quand  il  eft  tems  de  les; 
couvrir  6c  de  les  découvrir ,  lorfque  la  couverte  rechaufée  par  les  rayons 
du  Soleil  commence  à  fe  dégeler ,  enforte  que  les  vapeurs  qui  s’y  é- 
toient  condenfées  fe  raréfient  en  fumant  :  avant  ce  ligne  vilible  il  ne  faut 
jamais  ôter  la  couverte.  Il  faut  de  plus  avoir  grand  foin  de  prévenir 
par  le  moyen  de  la  couverture  la  pénétration  du  froid  6c  des  vents  de 
bize;  ce  qui  eft  préférable  à  la  manière  de  le  faire  par  le  moyen  du  feu 
mais  cela  eft  impraticable,,  quand  il  gele  très  fort  avec  un  air  couvert  , 
principalement  dans  des  endroits  fort  vaftes  >  où ,.  félon  l’indication  du* 
Thermomètre,  il  faut  à  l’aide  du  feu  augmenter  la  chaleur  autant  que  les; 
Plantes  en  ont  befoin;  mais  pas  davantage. 

On  commence  à  faire  du  feu  le  prémier  de  Janvier  dans  les  Serres  ar¬ 
tificielles  à  vignes  6c  autres  à  fruit ,  devant  lefquelles  on  polè  les  vitres 
ie  quinze  de  Décembra  On  augmente  aulîl  un  peu  la  chaleur  pour  les; 
Ananas.  On 


DE  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  spr 

-  On  met  dans  les  Caifles  des  grofles  Fèves  ou  Fèves  de  marais  &  des 
Pois,  qu’on  place  dans  l’Orangerie  ou  bien  fous  des  vitres,  pour  ger¬ 
mer  &  pour  être  tranlplantés  en  Février  ou  en  Mars. 

S’il  ne  gele  pas,  on  s’occupe  pendant  tout  ce  mois  à  faire  le  labour  des 
terres  graffes ,  où  l’on  a  delTein  de  planter  au  Printems ,  abn  que  la  terre 
grafle  devienne  molle  en  fe  gelant  :  on  expofè  pareillement  à  la  gelée , 
du  limon ,  dont  on  veut  fe  fervir  pour  amender  la  terre. 

Le  tems  le  plus  propre  pour  la  taille,  fur-tout  des  grofles  branches, 
commence  à  la  mi-janvier,  parce  que  le  bois,  tant  au-defliis  qu’au-def- 
fous  de  la  terre ,  cefle  de  grolfir  avec  la  fin  de  ce  mois ,  &  que  la  fève 
commence  ordinairement  avec  le  mois  de  Février  à  monter ,  &  à  gon¬ 
fler  les  boutons  à  feuilles  &  à  fruits.  On  émonde  aufîi  les  arbres  fruitiers 
du  bois  grêle  &  noué ,  de  même  que  les  arbres  nouvellement  greffés. 
De  plus,  s’il  y  a  de  la  glace,  on  taillera  les  arbres  qui  font  au  bord  des 
foflés,  &  les  branches  qui  s’étendent  par  dcfllis. 

On  ôte  des  arbres  les  nids  à  Chenilles. 

On  a  dans  ce  mois  les  fruits  &  les  fleurs  fuivantes. 

Foires  de  table  ^  des  Bergamottes  Krafane ,  des  Poires  St.  Ger¬ 
main:  des  Fommes  de  table  ^  des  Courpendus,  des  Renettes  d’Angleter¬ 
re,  &  autres  Renettes, 

Des  Raifîns,  qu’on  a  confèrvés  par  art. 

Des  Foires  pour  la  Cuifine^  comme  plufîeurs  fortes  de  Poires  d’Hiver* 

Des  Fommes  pour  Ici  Cuijîne  ,  des  Courpendus ,  &  autres  Pommes 
aigres  &  douces. 

Herbes  potagères  \  de  petites  Carottes  fous  des  vitres  ;  de  toutes 
les  autres  fortes  de  Carottes  &  Navets,  de  même  que  des  Choux, com¬ 
me  Choux-fleurs,  Cabus,  frifés blancs, &c. ;  des  Oignons, des  Porreaux, 
de  la  Chicorée ,  des  Epinars,  du  Cerfeuil,  de  la  Poirée,  de  l’Ozeille,  du 
Céleri ,  du  Pcrfil. 

Fleurs,  Du  Jafmin  blanc  &  jaune  dans  l’Orangerie:  fouvent  aufli 
des  fleurs  d’Orange;  des  Ciclamens  d’Hiver,  des  Anémones,  desNar- 
cifles,  de  petites  Tulipes, des  Jacinthes;  mais  elles  doivent  toutes  venir 
ibus  des  vitres  ou  par  le  moyen  d’une  chaleur  encore  plus  grande. 

FEVRIER. 

Un  Jardinier  diligent  commence  dès-lors  à  femer  des  Herbes  potagè¬ 
res  hattvcs,  lefquelles  on  cultive  fous  des  vitres,  ou  bien  qu’on  met  à 

O  O  2  Pa- 


LES  :A]  G  R  E  M  E 


'292 

Tabri  de  k  gelée  &  des  vents  de  bize,  puirqu’elles  périroient  toutes  Rel¬ 
ies  étoient  en  plein  air  expofées  au  vent.  11  eft  même  encore  trop  de  bon^ 
ne  heure  pour  cultiver  avec  un  fiiccès  alTuré  dans  le  commencement  de 
^ce  mois ,  des  Concombres  &  des  Laitues  pommées  par  le  fecours  du  fu¬ 
mier  deCiieval;  de  pareilles  Couches  s’apprêtant  le  plus  convenablement 
le  dix  ou  le  douze,  parce  que  le  üems  ordinaire  d’y  tranfplanter  les  Lai¬ 
tues,  qui  ont  été  femées  avant  l’Hiver,  eft  lami-Eévrien  On  femeauf- 
ii  alore  les  premiers  Concombres.. 

Pour  avoir  des  Arperges  hdtives,  comme  celles  qui  croiïïent  naturelle»? 
ment,  il  faut  les  cultiver  par  de  (impies  rangées  fur  des  Couches  de  trois 
pieds  de  large ,  ayant  entre-deux  des  fentiers  d’un  peu  plus  d’un  pied , 
lefquels  fentiers  ayant  été  profondément  creufés,  doivent  être  remplis 
des  deux  cotés  de  fumier  bien  chaud  ;  &  même  les  Couclies  doivent  ê- 
ti'e  couvertes  avec  des  vitres,  après  quoi  il  faut  munir.  le.  fumier.  &  les 
vitres  contre  la  gelée. 

On  feme  de  huit  en  huit  jours  fur  des  Couches  fumées  de  petites  Lai¬ 
tues  hâtives  &  du  Creflbn;  cependant  ce  dernier  elt  bien  meilleur,  vient- 
^:dus  naturellement,  quoique  plus  lentement,  fans  le  fecours  du  fumier 
fous  des  vitres:  on. peut  aulTi  alors  le  femer  de  cette  manière. 

On  feme  à  tout  hazard  en  plein  air  fur  des  Carreaux  bien  expofés  au 
Soleil. 

On  tranfplante  les  Choux-fleurs,  fi  on.  a  une  cloche  de  verre  pour 
'chaque  Plante;  car  ils  ne  valent  pas  la  peine  d’être  cultivés  fous  des  vi¬ 
tres. 

On  feme  aulTi  fous  des  vitres, fans  le  fecours  du  fumier, du  Céleri d’E- 
té,  des  Choux-fleurs,  du  Bafilic,  du  Pourpier,  des  Violettes.. 

Qiiand  il  a  gelé  fort  jufques  en  Février,  on  tranfplantc; les  Pois  &  les 
Fèves  qu’on  veut  avancer  fur  des  Carreaux  au  pied.des  Cloifons,  ou  fur 
des  Couches  qui  n’en  font  pas  éloignées;  mais  quand  il. n’a  pas  gelé,  il 
eft  à  craindre  qu’il  ne  gele  aflez  fort'pour  les  faire  périr;  ç’eft  pourquoi' 
quand  il  n’a  pas  gelé  l’Hiver,  on*attend  jufqu’au  mois  de  Mars;  après 
tout  ils  viennent  fl  peu  avant  les  autres^  qu’il  n’ell  pas  néceflaire  de 
commencer  plutôt;  outre  que  les  Pois  &  les  Fèves  chargent. moins  étant 
plantés  au  pied  des  Cloifons. 

On  pofe  dès  le  commencement:de  ce.moâs  les  vitres  devant  les  Serres- 
artificielles  k  Vignes  fans  feu. 

On  apprête  alors  tout  ce  qu’il  faut  pour  pouvoir  fè  fervir  utilement* 
des  .Serres  çhaudes  éc  autres^  on  examine  des  arbres  &  les  Plantes  vertes, 


DE  LA  CAMPAGNE. 


©n  remplace  les  Pots  dont  les  fleurs  ont  manqué  ou  font  déjà  flctries,  & 
on  examine  les  arbres  qui  doivent  faire  de  nouvelles  Couronnes  ou  des 
fleurs  hâtives,  pour  fàvoir  s’il  eft  néceflairede  les  tranfplanter ;  ce  quifè 
fait  alors  :  on  émonde  déplus  leurs  Couronnes  ,&ron  coupe  entièrement 
celles  des  arbres  qui  doivent  en  former  de  plus  belles ,  après  quoi  on  les 
met  dans  la  Serre. 

'  On  communique  alors  à  la  Serre  où  font  les  Ananas  y  par  le  fècours 
du  feu  &  du  Soleil,  la  chaleur  d’Eté;  deforte  que  les  plantes  ont  befoin 
d’être  plus  arrofées ,  &  pour  cela  il  faut  répandre  quelquefois  de  l’eau  par- 
deffus  ;  les  premiers  fruits  devant  paroître  le  dix  ou  le  douze  de  ce  mois; 

Il  en  elt  de  même  de  la  Serre  àA^ignes  artificiellement  rechaufée.  On.' 
aura  grand  foin  de  la  munir  en  particulier  ,  &  généralement,  tout  contre- 
une  forte  gelée;  &,  quand  le  Soleil  luit,  il  faut  en  découvrir  toujours 
les  vitres.  •  , 

Qiiand  après  une  forte  gelée ,  le  tems  fe.  met  au.  dégele,  on  ôte  la 
plus  épaiffe  couverture,  comme  les  nattes  de  paille,  &  les  fortes  couver¬ 
tes  de  poil ,  avant  qu’elles  ne  fe  mouillent ,  ou  bien ,  fi  elles  font  déjà 
mouillées,  il  ne  faut  pas  négliger  de  les  faite  bien  fécher.  11  faut  avoir 
prêtes  les  nattes  de  rofeau,  pour  pouvoir  couvrir  tout  ce  qui  eft  fous  des 
vitres ,  ou  fur  des  Careaux  bien  expofées  au  Soleil  :  il  faut  auftl  coucher 
des  rameaux  furies  Careaux  ouautres  Couches,  quLfont  enfemencéesou 
plantées.. 

On  met  de  la  gi*aine  de  Perfîl  germer,  pour  la  femer' quinze  jours 
après  au  commencement  de  Mars,  comme  aulfi.  de  la  graine  de  Laitues 
pommées  &  de  Carottes  jaunes. 

•  Quand  il  ne  gele  pas,  enforte  qu’on  peut  fouiller  la  terre,  il  n’y  a 
point  de  meilleur,  tems  que  le  commencement  de  ce  mois  pour  planter 
des  Arbres.  On.fouille  aiiifi  alors  les  champs  potagers, on  fume  ceux 
qui  en  ont  befoin. 

On  a  encore  les  mêmes  fruits  qif au  Mois,  de  Janvier,  comme  aufîiles' 
mêmes  Herbes  potagères  ;  de  petites  Laitues  a  couper ,  du  Creffon  6c- 
des  Raves.. 

•  On  a  auftl. les  mêmes  fleurs  qu’en  Janvier  par  le  fecours  du  feu;  fou- 
vent  auftl  en  terre  fous  des  vitres,  des  Narcilfes,.  des  Anémones,  des> 
Cyclamens  &  des  Tulipes  hâtives.  . 


G  O  5, 


MARS.* 


LES  AG  RE  mens 


m 

MARS, 

Ce  mois  occupe  le  plus  de  tous ,  parce  que  la  rigueur  de  la  gelée  eft 
pour  Fordinaire  alors  pafTée ,  ôc  que  le  Soleil  a  plus  de  force  pour  rechauf¬ 
fer  la  terre  :  il  fait  cependant  encore  aflez  fouvent  des  jours  froids  pen¬ 
dant  lefquels  on  a  de  la  gelée ,  de  la  grele ,  de  la  neige ,  ce  qui  oblige  en¬ 
core  à  en  prélèrver  les  Plantes  par  le  moyen  de  la  couverture.  IPfaut 
aulfi  faire  plus  d’attention  qu’en  tout  autre  mois  5  au  changement  de 
temsjtant  pour  prévenir  les  bouraiques  de  grele, que  pour  découvrir  les 
Plantes  quand  le  tems  change  en  mieux ,  &  quimd  il  fait  du  Sdeil. 

On  continue  k  faire  le  labour  à  la  terre ,  &  à  fumer  celles  qui  en  ont 
befoin. 

Il  faut  profiter  des  vents  froids  de  Nord  &  de  Nord-ell  pour  farder  & 
pour  ratifler  les  allées, parce  que  les  mauvaifes  herbes  fe  delTèchent alors, 
&  que  la  terre  fe  purifie  mieux  dans  ce  tems-là  que  dans  tout  autre. 

On  grefe  des  Pommes  &  des  Poires ,  &  l’on  grefe  en  approche  des 
Cerifes  &  des  Prunes. 

Les  Orangers  dont  a  coupé  la  Couronne  au  commencement  de  Fé¬ 
vrier,  &  qui  ont  été  ferrés  avec  les  autres  pour  fleurir  de  bonne  heure, 
pouflent  fenfiblement.  ParoilTent  aulfi  les  Rofes  de  Provins,  6c  les  Jon¬ 
quilles;  les  Oeillets  montent,  6c  les  Ananas  font  déjà  chargés  de  leurs 
fruits;  iliaut  continuer  à  aider  leur  pouffe  par  le  feu;  car  quoique  le  So¬ 
leil  ait  plus  de  force,  6c  qu’il  fuffife,  quand  il  luit  fort,  pour  rechaufer, 
on  ne  peut  pas  cependant  compter  fûrement  fur  lui. 

On  fait  dès  le  commencement  de  ce  Mois  des  Couches  élevées  pour 
des  Tubereufès:  au-lieu  que  pour  les  Melons ,  qui  font  plus  tendres,  on 
attend,  pour  en  avoir  de  bons  6c  fûrement,  jufques  à  la  mi-Mars. 

On  feme  encore  au  commencement  du  mois, de  la  Salade, du  Greffon 
6c  des  Raves  fous  des  vitres,  comme  auffi  en  plein  air  fur  des  Couches 
bien  expofées  au  Soleil;  de  même  que  de  la  Laitue  pommée, des  Carot¬ 
tes  jaunes,  des  Choux-fleurs,  pele-mêle:  outre  cela  encore  des  Oi¬ 
gnons,  des  Epinars,du  Perfil  hâtif;  il  faut  cependant  avoir  foin  décou¬ 
vrir  avec  des  branches  toutes  ces  Couches  enfemencées  contre  les  vents 
de  bize ,  6c  quand  il  gele  pendant  la  nuit  avec  des  nattes  de  rofèau. 

Quand  on  couvre  d’une  cloche  de  verre  les  Choux-fleurs  hâtifs  pen¬ 
dant  la  nuit  ou  pendant  les  jours  froids ,  on  les  tranfplante  au  commen¬ 
cement  du  mois ,  autrement  pour  le  plutôt  k  la  moitié. 

On 


DELACAMPAGNE.  295^ 

On  tranfplante  tout  au  commencement  du  mois,  fi  on  ne  Ta  pas  fait 
à  la  fin  de  Février,  des  Choux  fur  des  Carreaux,  &  des  Laitues  pom¬ 
mées  femées  avant  l’Hiver,  fur  des  Planches  bien  expofées  au  Soleil 
contre  une  Cloifon. 

On  tranfplante  les  groffes  Fèves  ou  Fèves  de  marais  hâtives,  les  Pois 
àécofles  &  autres,  &  l’on  feme  dans  les  intervalles  des  Epinars,dLi  Cer¬ 
feuil,  &  des  Raves:  on  pofe  aufli  fouvent  au  dos  des  Fèves  &  des  Pois 
tranfplantés  une  planche ,  laquelle  appuiant  par  devant  fur  de  petits  pi¬ 
quets,  rechaufe  confidérablementle  fond^  en  arrêtant  les  rayons  du  So¬ 
leil  ,  &  défend  du  vent ,  du  froid  &  de  la  gelée. 

On  met  en  terre  le  fumier  qui  a  lèrvi  pendant  l’Hiver  de  couverture 
aux  Planches  d’Alperges. 

On  remplit  les  Cames  vitrées  des  Ananas  de  Tan  frais,  lequel  en  re¬ 
tenant  les  rayons  du  Saleil- commence  à  s’échaufer;  au-lieu  que  dans  des 
Caifles  de  brique  cela  le  fait  par  delTous  par  le  moyen  du  feu  :  ce  qui  fait 
que  dès  le  commencement  de  ce  mois  on  peut  les  garnir  de  Tan,  &  y 
placer  les  Ananas  cinq  ou  fîx  jours  après  lorfque  le  '1  anefi:  échaufé  :  mais 
dans  les  CailTes  qu’on  ne  peut  pas  rechaufer  par  delTous  par  le  moyen  du 
feu,  on  n’y  place  pour  le  plutôt  les  Ananas  qu’à  la  mi-Mars,  encore  vaut- 
il  mieux,  (à  caufe  de  l’inconRance  des  jours  de  Mars),  que  cela  ne  lè 
fàfle  qu’après  le  vingtième,  pourvu  que  le  Tan  foit  convenablement 
échaufé:  ayant  loin  découvrir,  quand  il  fait  froid,  les  vitres  comme 
celles  des  Melons. 

Qiiand  il  a  gelé  bien  fort,  on  découvre  la  Serre  à  la  mi-Mars; mais  fî 
la  gelée  n’â  pas  été  rude ,  on  attend  jufques  vers  le  mois  d’Avril:  c’efi: 
pareillement  la  règle  qu’il  faut  fuivre  à  l’égard  de  la  couverture  des  Caif- 
îès  à  fleurs- 

On  taille  les  Abricotiers,  les  Pêchers,  les  Pruniers. 

On  feme  à  la  mi-Mars  des  Scorfonères,  des  Salfifix,  des  Carottes 
d’Eté  de  toutes  fortes;  <Sc  encore  des  Laitues  pommées,  des  Raves,  des 
Oignons  &  du  Perlil. 

On  met  vers  le  vingtième  du  mois  en  terre  fous  des  vitres,  des  Hari¬ 
cots  ,  afin  de  les  tranfplanter  vers  la  fin  d’Avril. 

On  ôte  le  terreau  dont  les  Plantes  d’ArticJiaux  ont  été  couvertes  con^ 
tre  la  gelée ,  &  on  les  purifie. 

Quoique  les  Légumes  &  les  fruits  diminuent,  que  pîufieurs  devien¬ 
nent  infipides  &  coriaces,  on  a  cependant  encore  des  Foires  de  table ^ 
de  St- Germain  ,0c;  des  bons-Qirédens  :  pour  la  table  >des  Renettes  d’An- 

glc- 


29é  L  E  S  A  G  R  E  M.E  N  S 

glctcr^e,  des  grifes,  les  Coiirpendus  ayant  perdu  leur  goût:  on  a  pa¬ 
reillement  encore  des  Raifins  au  commencement  du  mois. 

Pour  la  Cuiline  on  a  des  Poires  de  livre’,  &  des  Pommes  que  nous 
nommons  Guldelingen  &  Pieterfelie-appelen. 

On  a  encore  des  Choux  rouges,  &  au  commencement  du  Mois  des 
Choux  frifes  blancs,  de  vieilles  &  de  nouvelles  Carottes,  des  Panais,' 
des  Scorfonères,  des  SaKîiix  ,  de  la  petite  Laitue,  du  CrelTon,  des  Ra¬ 
ves,  de  vieux  Epinars,  du  Cerfeuil,  du  Perfil,  &  de  TOzeille. 

Les  couches  couvertes  de  -vitres  fourniflent  pendant  tout  le  mois  tou¬ 
tes  fortes  de  Laitues  pommées ,  &  des  Afperges. 

■Dans  des  Sérres  chaudes,  ou  fous  des  vitres,  on  a  des  Rofès,,des  Ja¬ 
cinthes  doubles,  des  NarcilTes ,  des  Jonquilles  doubles, des  Renoncules, 
des  iVnémones ,  des  Cyclamens. 

AVRIL. 

On  tient  encore  prêtes  les  Nattes  de  Rofeau  pour  en  couvrir  les  Me¬ 
lons  &  telles  autres  Plantes  tendres,  qui  font  fous  les  vitres;  comme  auf- 
Pi  pour  munir  contre  la  gelée,  la  neige  '&  la  grele,  les  Légumes  qui  font 
en  plein  air. 

On  tranfplante  encore  dans  le  commencement  de  ce  mois  des  Pois  & 
des  Fèves:  il  faut  cependant  les  lailTer  où  elles  font,  quand  on  approche 
davantage  du  milieu  ou  de  la  fin  du  mois. 

On  élève  ordinairement  vers  la  mi-Avril,  les  Couches  de  Melons  fur 
lefquelles  on  a  tranfplanté. 

On  tranfporte  dans  la  maifon  les  Caifles  à  fleurs;  &  Ton  remet  les  Fi¬ 
guiers  en  terre. 

On  tranfplante  les  Légumes  fins  (Sc  autres,  comme  aufii  les  Choux- 
fleurs  ,  &  les  Haricots  hâtifs. 

On  fépare  les  Plantes  d’Artichaux,  &  après  cela  on  les  tranfplante. 

On  en  fait  de  même  à  Tégard  de  toutes  les  Plantes  qu’on  ne  femepas, 
comme  Primevère,  Auricules,  fruits  de  Dainafl ,  Conftantinoples , 
carâimlîs ,  Gentinelles  &  Oeillets. 

Les  Poires  pour  la  table  font  les  bons-Chrétiens  ;  &  les  Pomms  deta^ 
hle^  les  Renettes. 

Il  eft  fort  extraordinaire  d’avoir  desRaifins  dans  les  Serres  artificielle¬ 
ment  rechaufées. 

.  On  a  des  Fraizes  fous  des  vitres. 

Comme  aufll  des  Laitues  pommée»,  &  des  Concombres. 

£a 


DE  LA  CA  MP  A  10^^  E. 

En  plein  air  de  petites  Laitues ,  des  Raves ,  du  Creflbn ,  de  TOzeilIe ,  du 
Perfîl,  du  Cerfeuil,  de  la  Poirôe,de3  Epinars,  des  Oignons  plantés,  des 
Porreaux,  de  petites  Carottes, &  des  rejettons  de  Choux.  On  a  aulïi,à 
force  de  foin, des  Choux  rongés-,  des  Carottes  jaunes  autres,  &  des 
Panais.  .  -  < 

Les  Fleurs  qui  viennent  en  plein  air  ,  font  les  Jacintlies ,  les  Nar- 
cilTes ,  les  Tulipes  hâtives,  les  Cyclamens,  &  la  plupart  des  fleurs  qui 

plantent;  on  a  aiilîi  fous  des  vitres  par  le  moyen  d’une'  plus  grande 
chaleur,  des  Anémones,  des  Renoncules,  des  Jonquilles  doubles,  des 
Rofes  ,  &  des  fleurs  d’ Orange. 

M  A  l 

[ 

Pendant  tout  ce  mois  on  plante  encore  des  Fèves  de  marais  (Sc  des 
P-ois ,  lelquels  ne  doivent  jamais  être  tranfplantés. 

On  rame  les  Haricots  dès  le  commencement  du  mois. 

De  huit  en  huit  jours  on  feme  des  Laitues,  la  plus  convenable  pour 
cela  étant  celle  qui  eft  rougeâtre,  parce  qu’elle  fe  pomme  Je  mieux. 

A  la  prémière  pluie  on  tond  le  Louis  des  Parterres. 

Le  huit  ou  le  dixième  de  Mai  on  feme  les  Carottes  jaunes  d’Hiver,  ôc 
vers  ce  même  tems  on  fort  les  Orangers.  ‘  ‘  ’ 

On -tranfplante  vers  la  mi-Mai  les  Choux-fleurs  d’Eté  ordinaires, &  le 
Céleri.  On  feme  des  Choux-fleurs  d’Autonne  jufqu’à  la  fin  du  mois. 

On  fauche  à  la  mi-Mai  pour  la  prémière  fois  les  gafons  d’herbe. 

■  On  commence  ordinairement  vers  la  fin  de  Mai  la  prémière  taille  d’E¬ 
té  aux  Vignes. 

11  y  a  encore  pour  la  table  quelques  bons-Chrétiens ,  lorfqu’on  les  a 
bien  confervés ,  &  des  Renettes ,  lefquelles  font  ordinairement  fans  goût. 

Pendant  tout  le  mois  on  a  des  Railins  de  la  Serre  artificielle. 

Pour  la  cuifine  on  a  des  Pommes  douces  nommées  ^oeU  Holam'ts^  & 
la  Pomme  aigre  appellée  Spiegel^appel  aquiert  un  bon  goût. 

On  a  fous  des  vitres  toutes  fortes  de  Laitues  &  des  Concombres. 

'  En  plein  air  des  Afperges,  des  Raves,  des  Epinars,  du  Cerfeuil,  de 
petites  Carottes ,  &  des  Pois  hâtifs. 

'  Les en  plein  air  font  les  Jacinthes,  les  Tulipes,  les  NarcilTes  / 
de  toutes  les  fortes,  les  Jonquilles  doubles,  les  Renoncules,  les  Ané-  . 

mones,  les  Violettes,  les  Gentinelles,  le  Syringa,  le  Jasmin  Perfique&  «J 

le  Millepertuis. 

JFartk  IL  Pp  JUIN. 


I 


LES  A  G RE  ME  NS 


298 

JUIN. 

On  peut  encore  pendant  tout  ce  mois  planter  des  Fèves  de  marak 
&  des  Pois,  cependant  ils  chargent  moins,  &  le  fruit  n’en  ell  pas  ü 
tendre. 

On  plante  au  commencement  de  la  Poirée  venue  de  femence. 

De  huit  en  huit  jours  on  feme  encore  des  Laitues  pommées  &  ontranA 
plante  du  Céleri. 

A  la  mi-juin  on  tranfplante  des  Choux  rouges,  &  pendant  tout  le 
mois  des  Choux  frifés  blancs  &  des  Choux-fleurs. 

Vers  la  fin  du  mois  ou  commence  à  femer  la  Chicorée  d’Autonne. 

On  ferre  les  vitres  qui  ont  fervi  à  couvrir  les  Melons. 

On  faiiche  pour  la  fécondé  fois  les  gazons  d’herbe. 

On  tond  pour  la  prémière  fois  les  haies  d’Ormes  &  d’Aulnes ,  quand 
elles  font  garnies  de  feuilles  par  le  bas. 

On  fait  la  taille  aux  jeunes  Orangers  qui  pouffent. 

On  fort  de  terre  les  Fleurs  à  Oignons. 

On  fuit  ordinairement  dans  ce  mois  la  règle  pour  la  taille  cPEté  des 
Vignes. 

On  plante  pour  la  dernière  fois  des  Haricots  pourfaler,  contre  les  ra-^ 
mes  des  Pois. 

J’ai  mangé  de  très  excellens  bon-Chrétiens  le  quinze  de  Juin  ;  cepen¬ 
dant  c’efi:  le  tems  où  finiffent  les  Poires  &  les  Pommes  de  table ,  de  mê¬ 
me  que  celles  de  cuifine  ;  mais  la  Pomme  nommée  Spîegel-appehk  alors 
meilleure  que  jamais. 

On  a  des  Raifins  comme  dans  le  mois  précédent:  on  a  aufîi  desFrai- 
fès,  des  Cerifes  hâtives  fans  art,  &  quelquefois  des  Melons. 

On  a  pareillement  les  mêmes  Légumes  que  dans  le  mois  de  Mai,  des 
Laitues  pommées ,  des  Raves ,  des  Epinars  ,•  de  l’Ofeille ,  du  Cerfeuil,  de 
k  Poirée,  de  petites  Carottes ,  du  Pourpier,  des  Pois  en  cofle  &  en 
grains ,  des  Fèves  de  marais ,  des  Concombres ,  des  Oignons ,  de  k  Chi¬ 
corée  d’Eté,  du  Céleri,  des  Artichaux,  des  Choux-fleurs,  &  des  Af- 
perges;  on  ne  coupera  jamais  ces  dernières  après  la  mi-juin. 

Quant  aux  Fleurs  on  a  encore  des  Jacinthes  tardives,  des  Tulipes, 
des  Narciffes,  des  Jonquilles ,  des  Renoncules,  des  Anémones,  cksTu- 
béreufes,  des  Lis  de  France,  des  Lis  jaimes  &  blancs,  des  Giroflées, 
des  Fleurs  de  Damaft,  &  des  Rofes. 

JUILLET. 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  KT  E.  ipj 

JUILLET. 

Dès  le  cotnmencemt  du  mois  on  tire  de  terre  les  Oignons  de  fleurs^  en 
cas  que  cela  n’ait  pas  encore  été  fait;  &  après  avoir  nettoyé  ceux  des 
Jonquilles  &  des  Cyclamens  on  les  remet  en  terre. 

On  {ème  pendant  tout  le  mois ,  comme  ci-devant ,  des  Laitues  pom« 
méesjdc  la  Chicorée,  des  Oignons  d’Autonne,  &  du  Perfîl  d’Hiver  pour 
être  cultivé  fous  des  vitres.  On  tranfplante  aiilTi  du  Céleri,  de  la  Chi- 
chorée ,  des  Choux  frifés  blancs ,  jufqu’à  la  moitié  du  mois ,  &  des  Choux- 
fleurs  jufqu’à  la  St.  Jaques. 

On  feme  encore  jufqu’au  lo  ou  12  de  Juillet,  &  pas  lau-delk ,  des 
Pois  germés  :  après  la  St.  Jean  on  ne  plante  plus  de  Haricots ,  puifqu’ils 
viendroient  rarement  à  bien. 

On  retranche  pendant  tout  le  mois  de  la  Vigne ,  les  tendres  &  petits 
(krmens. 

Après  le  26  de  Juillet  on  fait  aux  fruits  à  noyau  la  taille  d’Eté,  com¬ 
me  au  (Tl  aux  Meuriers  plantés  contre  des  cloifons  ou  des  murailles  ;  cela 
ne  fe  pratique  cependant  qu’aux  branches  gourmandes. 

On  fépare  les  Marcottes  d’Oeillets. 

.  On  a  dans  ce  mois  toutes  fortes  de  Cerifes,  des  Griotes,  des  Groseil¬ 
les,  des  Meures  làuvages,  vers,  la  moitié  du  mois  des  Fraifès,  &  vers  la 
fin  des  Meures,  des  Abricots  &*  des  Avant-pêches. 

Dans  les  Serres  artificielles  on  a  des  Raifins  làns  le  fècours  du  feu, 
des  Ananas,  des  Melons,  des  Poires-Madame,  des  Poires  fucrées ,  des 
Pommes  nommées  Tarw-appekn  ^  Lourisjens  &  Rruyà^appelen. 

De  la  Salade,  des  Concombres,  des  Choux-fleurs,  des  Choux  blancs, 
rouges,  &  pommés,  des  Pois  en  cofle  &  à  égrainer,  des  Fèves  de  ma¬ 
rais,  des  Haricots,  du  Cerfeuil,  duPerfil,  &  autres  fines  fournitures. 

Quant  aux  Fleurs^  on  a  des  Tubereufes,  des  Giroflées ,  des  Oeil¬ 
lets,  des  Lis  blancs,  des  Martagons,  des  Conftantinoples,  des  Flos 
Cardinalis^  des  piés  d’ Alouette,  des  Rofes,  des  Fleurs  d’Orange,  du 
Jafinin,  &  des  Oïéandres  doubles  &  odoriférantes,  &c. 

AOUT. 

En  cas  que  la  terre  foit  humide,  &  qu’on  n’ait  pas  encore  tranlplan- 
Cé  des  Pois  tant  en  cofle  qu’à  égrainer,  qu’on  avoit  mis  pêle-mêle  enter- 

Pp  2  re 


I 


gœ  A  I-:E>S \  A  G  R  E;  M  E  N  s 

re  au  mois  de  Juillet,,  on  le  fait  inceflamment,,  dans  l’attente  d’une  Au- 
tonne  favorable. 

On  feme  encore  des  Laitues  pommées  &  de  la  Chicorée,  depuis  le - 
commencement  jufqu’à  la  mi-Aoiit  .•  tout  ce  qu’on  feme  au-delà  de-  ce 
tems-là  réufîit  rarement.-  La  Chicorée  doit  de  plus  être  feméefiir  une  tei> 
re  extrêmement  fumée  &  n’être  jamais  tranfplantée,  parce  qu’elle:  ne  fe- 
roit  alors  que  très  médiocre.  i 

On  tranfplante  jufqu’au  20  du  Céleri  d’Hiver ,  &  pendant  tout  le 
mois ,  de  la  Chicorée  &  des  Laitues  pommées. 

A  la  moitié  de  ce  mois  on  feme  des  Carottes ,  qu’on  a  deflein  de  cuL 
tiver  pendant  l’Hiver  fous  des  vitres,  comme  aulfi  des  Choux-fleurs  pour 
mettre  fous  les  vitres  au  Printems:  ce  nleft  pas  trop  tôt  pour  les  Carot¬ 
tes;  mais. quand  en  Autonne  il  fait  un  tems  doux,  les  Choux  devient 
nent  trop  grands;  c’eft-pourquoi  on  en  femera  à  la  fin  de  ce  mois.  On 
feme  de  plus  de  l’Ozeille  d’Hiver,des  Epinars,  du  Cerfeuil,  des  Raves, 
pourvu  qu’on  en  feme  de  huit  en  huit  jours  une  petite  quantité,  fufiifanf 
te  pour  î’ufage  journalier. 

On  a  encore  dans-  ce  mois-  des  Abricots,  des  Giiotes,  des  GrozeiL 
les,  des  Meures  fàiivages,  des  Meures,  des  Figues,  des  Prunes,  des 
Pêches  ,  &  vers  la  fin  du  mois  des  Raifins  hâtifs  nommés  Paerel-druy^ 
tven  ,  des  Foires  -  Madame  &  fucrées ,  toutes  fortes  de  Pommes  d’Eté,. 
des  Ananas  &.  des  Melons.  ,  . 

Toutes  fortes  de  Légumes  comme  en  Juillet,  des  Concombres,  des 
Pofs  eii  colTe  &  autres,  des  Fèves  de  marais,  des  Haricots,  des  Choux- 
fleurs  &  autres, des  Artichaux,  des  Carottes  jaunes, des  Panais, des  raci¬ 
nes  de  Perfil  &  de  la  Poivrée  ,  des  Laitues  pommées,  de  la  Chicorée, 
du  Céleri,  des  Epinars ,  de  rOzeille ,  du  Cerfeuil ,  du  Perfil,  de  la  Eoi- 
rée,  du  Pourpier,  &  de  toutes  les  autres  fournitures..  . 

On  a  les  Fleurs  fui  vantes ,  des  Tubéreufes,  des  Oeillets,  des  fleurs  de 
la  Palfion,  des  Giroflées,  des  Rofes,  des  fleurs  d’Orange  aux  arbres 
qui  ont  une  pouffe,  tardive,,  du  Jafmin,  des  Qléandres,  &  des  Gui+ 
mauves..  •: 

septembre: 

On  tranfplante  encore  jufqu’au  20  de  ce  mois  de  la  Chicorée,  mais  ill 
faut  pour  cela  que  ce  foient  de  grandes  plantes ,  fur  une  terre  extrê- 
-mement  fumée,  comme  font  les  Couches  de  Melons  ou  telle  autre. ter¬ 
re,. 


re;’  &  elle  devient  même  raifonnablement  bonne  pour  être  enterrée^ 

Dans  le  commencement  de  ce  mois  on  lème  encore  fur  des  terres  for¬ 
tes,  des  Epinars  d’Autonne,  du  Cerfeuil  &  des  Raves  ;  &  vers  le  milieu 
de  Tannée  5  des  Epinars  d’Hiver,  du  Cerfeuif,  des  Carottes,  des  Choux- 
fleurs,  des  Laitues  pommées  ,,  des  Raves  j  pour  ces  deux  dernières  il  faut 
une  Autonne  très  favorable. 

On  met  en  terre  des  NarcilTes ,  dès  Renoncules, des  Anémones,-  des 
Jacinthes,  pour  les  faire  venir  pendant  Tliiver  fous  des  vitres. 

On  tond  pour  la  fécondé  fois  vers  le  7^  de  Septembre,  les  Haies  d’Or- 
mes  &  d’Aulnes,  qui  font  garnies  par  delTous  de  branches. 

'On  tond  les  grands  Ormes  à  Couronnes,  ce  qui  ne  fè  fait  qu’une  feu¬ 
le  fois  par  an;,  on  pourroit.  attendre  à  le  faire,  à  Tégard:  de  ces  arbres 
comme  à  Tégard  des  Tilleuls,  .jtifques  en  Odobre ,  en  cas  que  les  rejet- 
tons  vigoureux  fuflent  aiilfi  faciles  à  couper  :  mais  on  eft  obligé  de  le 
faire  plutôt, parce  que  le  bois  efl  plus  dur,&  qu’on  ne  fauroit  par  confà- 
que'nt  le  couper  fi  uniment  avec  les  Cifeaux. 

On  fauche  pour  la  troifième  &  la  dernière  fois  les  Galons  d’Herbe; 

■  On  fort  de  terre  à  la  fin  du  mois ,  les  Tubéreufes  qui.  ont  fleuri  fur 
du  fumier ,  &  après  en  avoir  coupé  la  fane ,  les  avoir  bien  lavées  dans 
de  Teau ,  on  les  met  fecher  tout  près  des  vitres  dans  la  Serre  chaude ,  ou 
tels  autres  endroits  chauds. 

Au  commencement  de  ce  mois  on  a  encore  des  GrOi^eilles,  des  Pruv 
nés,. des  Pêches,  des  Figues,  des  Poires-Madame,  des  Bergamottes  & 
autres;  plufieurs  fortes  de  Pommes;,  des  Raifins  nommés  ÎVatcrzoete:y 
de  T  Epine-vinette,  des  groffes  Noix  &  dos  Noizettes. 

On  a  encore  la  plupart  des- Légumes  des  mois  de  Juin,.  Juillet  & 
Août. 

Les- Melons  perdent  k  caufe  du  froid  leur  bon  goût,  &  ne  font  plus  re¬ 
cherchés.  Les  grofles  Fèves  ne  font  plus  fort  bonnes,  elles  font  rares,  & 
n’ont  plus  un  fi  bon  goût  ;  mais  on. a  des  Epinars  nouveaux  ,  du  Cer¬ 
feuil,  des  Raves,  de  la  Poirée. 

On  a  naturellement  en  plein  air  des  Tubéreufes,,  &  encore  des  Oeil¬ 
lets  tSc  des  Giroflées.-  .  y  . , 

O  C  T  O  B'  R  E. 

n  eft  tems  de  conferver  les  tendres  Plantes  &  les  Légumes parde  mo¬ 
yen  de  la. couverture  contre  la  rigueur-  de  THiver,  &  cela,  dans  la-mai*- 

P  P  3,  fon. 


302  L  E  s  A  G  R  E  M  E  N  S  ■ 

fon ,  ou  dans  l’Orangerie  &  autres  Serres  chaudes  ;  deforte  qu’il  faut 
commencer  par  examiner  fi  toutes  les  choies  requilès  pour  cela  font  en 
bon  état ,  &  faire  réparer  ce  qu’il  y  manque. 

Auflltôt  que  les  fruits  d’Hiver  commencent,  pendant  qu’il  fait  cal¬ 
mera  tomber,  c’eft  une  marque  qu’il  efi:  temsde  les  cueillir,  car  les  fruits 
.  trop  mûrs  ont  moins  de  goût  &  durent  moins  que  d’autres. 

On  peut  tranfplanter  les  Arbres  fruitiers  d’abord  après  la  chute  de  leurs 
feuilles. 

^  Le  tems  ordinaire  de  tranlporter  les  Ananas  des  Caifles  garnies  de 
Tan  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée,  eft  le  ïo  ouïe  12  d’Oc- 
tobre,  à  moins  qu’il  n’y  ait  eu  de  continuelles  &  de  fortes  pluies  &peu 
de  Soleil,  auquel  cas  cela  doit  fe  faire  plutôt,  quelquefois  même  en  Sep¬ 
tembre;  il  en  efl  de  même  des  Orangers. 

Le  tems  le  plus  convenable  pour  mettre  en  terre ,  quand  le  fond  n’eft 
pas  trop  mouillé  ,  des  Renoncules,  des  Anémones  ,  des  Jacinthes, 
des  NarcifTes  &  des  Tulipes,  qu’on  ne  couvre  pas  de  vitres  pendant 
l’Hiver,  efl  le  milieu  du  mois  d’Oélobre. 

Dans  de  certaines  années  on  a  encore  au  commencement  de  ce  mois , 
des  Grozeilles,  quelques  efpèces  de  Pêches ,  Prunes,  Figues,  Raifins, 
tels  que  font  ceux  de  Catalogne,  de  Frontignac,  deTokai,&c.  ces  der¬ 
niers  ne  meuriflent  que  difficilement ,  &  s’ils  ne  font  pas  murs  avant  le 
milieu  du  mois  ils  ne  le  feront  jamais. .  On  a  aufli  encore  des  Poires  bé¬ 
nites,  des  Bergamottes,  des  Gifamberts,  des  Beurées  &  des  Poires  Si¬ 
gner  ;  des  Pommes  de  plufieurs  efpèces  ;  des  groffes  Noix ,  des  Noizet- 
tes ,  dont  les  écales  font  déjà  feches. 

On  a  encore  des  Pois  en  coffe  &  fans  colTe,  favoir  des  jaunes ,  des  blancs, 
des  fucrés  ;  des  Scorfonères  ,  des  Salfifix  ,  de  la  Poirée ,  du  Perfil ,  de 
la  Poivrée,  des  Choux-fieurs,  des  Choux  rouges,  &  autres;  du  Céle¬ 
ri,  de  la  Chicorée,  des  Epinars  nouveaux,  du  Cerfeuil  &  de  TOzeillc. 

.  / 

NOVEMBRE. 

On  fait  dès  le  commencement  de  ce  mois  la  taille  aux  Vignes  dans 
les  Serres  artificielles ,  6c  à  celles  qui  font  en  plein  air  d’abord  après  la 
chute  de  leurs  feuilles. 

On  met  dans  les  Caifles  lesfèmences  pour  l’Hiver  6c  les  fleurs  hâtives; 
6c  s’il  commence  à  geler  on  y  ajoute  les  vitres.  On  pend  aufli  les  rideaux 
devant  les  Serres  réchaufées  par  le  feu. 

Quand 


DELACAMPAGNE,  -of 

Quand  il  commence  à  faire  une  affez  forte  gelée  pour  que  les  Légii* 
mes  puilTent  en  être  endommagés ,  on  coupe  les  Choux  rouges ,  les 
Choux-fleurs  &  la  Chicorée  ,&  l’on  tire  auffi  de  terre  les  grandes  plantes 
de  Céleri,  de  même  que  toutes  les  efpèces  différentes  de  Carottes  d’Hi- 
ver,  excepté  les  Panais.  La  meilleure  méthode  pour  conferverles  Choux- 
fleurs  5  le  Céleri  &  la  Chicorée,  c’efl  de  les  pendre  haut,  chacun  fé- 
pafément;  on  enterre  en  plein  air  dans  des  Folles,  les  Choux  rouges  & 
les  Carottes  d’Hiver,  au-lieu  qu’on  conferve  dans  la  maifbn  ceux  dont 
on  a  befoin  pour  l’ufàge  journalier;  les  Choux  rouges  par  monceaux  fans 
fable  &  fans  couverture  ;  les  Carottes  &  les  Navets  dans  du  fable  bien, 
lèc  :  c’eft  cependant  ce  qu’il  n’eft  pas  néceflaire  de  faire  fitôt ,  car  les 
Choux  rouges,  le  Céleri  &  la  Chicorée,  réfiftent  à  une  petite  gelée, 
mais  non  pas  à  une  forte  ou  à  celle  qui  eft  de  durée  :  outre  qu’on  peut 
préfèrver  longtems  le  Céleri  de  la  gelée ,  en  ayant  foin  de  le  buter  com¬ 
me  il  faut  ju^u’au  haut. 

•  On  répand  fur  les  Carreaux  à  fleurs  qui  ne  font  pas  couverts  de  vitres, 
du  vieux  Tan,  de  l’épaiffeur  d’un  demi-doigt  de  large  ,  &  quand  la  ge¬ 
lée  continue ,  on  les  couvre  encore  avec  des  branches. 

On  laifTe  les  Figuiers  en  terre  aulTi  longtems  qu’on  ne  craint  pas  qu’ils 
s’y  gelent;  mais  il  efl  tems  de  les  ferrer,  avant  qu’on  ne  puifTe  plus  les 
tirer  avec  une  bêche  ,puifqu’autrement  la  dureté  du  fond  y  mettroitob- 
flacle. 

Les  Poires  de  table  font  le  Gifàmbert,  le  Doyenné,  le  St.  Germain.' 
Les  Pommes  de  table  font  les  Courpendus  ;  les  Renettes  d’Angleterre 
Commencent  à  être  bonnes  à  manger. 

Des  Raifins. 

Pour  la  Cuifine  il  y  a  toutes  fortes  de  Poires  auxquelles  on  procure  k 
maturité  par  le  moyen  du  feu. 

Pour  la  3 ‘toutes  fortes  de  Pommes. 

Légume  s  \2iu.  commencement  du  mois,  des  Pois  encofleSc  hors  de 
cofTe,  de  jeunes  Haricots,  des  Laitues;  pendant  tout  le  mois ,  des  Epi- 
nars,  du  Cerfeuil, de  la  Poirée,de  rOzeille,du  Céleri,  de  la  Chicorée, 
des  Choux  &  des  Carottes  de  toutes  les  fortes. 

Des  Fleur s:\e^  Anémones  commencent  à  venir  fous  des  vitres, de  mê¬ 
me  que  les  Cyclamens  &  les  NarcifTes  qui  font  reftées  en  terre.  Dans 
l’Orangerie,  du  Jafmin  de  Catalogne  blanc  &  jaune;  quelquefois  aulTi 
des  fleurs  d’Orange.  En  plein  air  fouvent  des  Oeillets  abâtardis. 


DE- 


i  E  s 


ACRE  MENS 


30* 


D  E  C  E  M  B  R  E. 


Quoique  pendant  ce  mois  le  Soleil  foit  plus  bas  qu’en  Novembre,  5c 
•que  par  conféquent  la  terre  devroit  être  chargée  de  plus  de  vapeurs,  & 
moins  rechaufée  par  le  Soleil  ,  il  enefi  pourtant  pour  l’ordinaire  tout  au¬ 
trement  ,  car  pendant  ce  mois  on  a  un  air  plus  ierein  &  plus  de  Soleil 
que  dans  le  précédent  :  c’eli-pourquoi  onne  négligera  ^jamais,  comme  on 
Ta  recommandé  dans  le  mois  de  Janvier,  de  tout  découvrir  julqu’aux  vi¬ 
tres  lorfque  le  Soleil  luit  clairement,  quand  même  il  geleroit  très  fort. 

S’il  ne  gele  pas  au  mois  de  Novembre,'  ^Sc  que  les  Légumes, foientref- 
tés  en  terre,  on  a  foin  de  tout,  comme  on  l’a  dit  en  Novembre:  on  tire 
alors  de  terre,  &  point  plutôt,  le  Céleri  &  la  Chicorée,  pour  .être  en-  . 
terrés  dans  du  fable  bien  fec. 

On  tire  rarement  de  terre  les  Figuiers  avant  ou  après  le  milieu  de 
Décembre.  Vers  ce  tems-là  on  met  fur  la  Serre  la  couverture  d’Hiver. 

A. la  mi-Décembre  on  met  tremper  dans  l’eau  les  greffes  Fèves  &  les 
Pois  pour  les  faire  enfuite  germer  ;  après  quoi  on  les  met  dans  des  Caiffes 
qu’on  place  dans  l’Orangerie  pour  poufler. 

On  fait  dans  ce  Mois  des  Couches  de  feuilles  d’arbres. 

Foires  àe  table  ^  Bergamotes  Crafane,  Poires  St.  Germain.  Fommes  de 
table ^  Courpendus,  Renettes  d’Angleterre,  Renettes,  Raifins  confèr- 
vés  par  art.^ 

•  Des  Légumes  i  Choux  &  Carottes  de  toutes  les  fortes.  Oignons,  Por¬ 
reaux,  Echalottes,  Navets,  du  Céleri,  de  la  Chicorée,  des  Raves,  des 
Epinars,du  Cerfeuil,  de  la  Poirée,  de  l’Ozeille,  du  Perfil. 

Des  Fleurs  dans  des  Pots ,  comme  Jacintlies,  Narciffes ,  petites  Tu¬ 
lipes  •:  dans  des  Caiffes  vitrées ,  des  Jacinthes  hâtives,  des  Anémones, 
des  Cyclamens  d’Hiver  ;  dans  l’Orangerie  du  Jafmin. 


Flan 


I 

Thn  tTm  Jarâm  potager^  avec  fes  C/oiJonSy  pour  y  cultiver  des  fruits 
fins  ^  délicat s\  entouré  d'un  FoJJé  profond^  portant  battcauy  dont 

,  T  eau  a  dix  piés  de  large  en  Eté. 

AT 


^rfY  ï 

*^345  6^  ;  i  q  rï  ~ 


O 


2 


•3o6  les  AGREMENS 

,  -  .  ■  ■  .  ■  '  i  /V 


CHAPITRE  IL 

ILxplîcation  du  Potager  ^  de  fes  Arbres. 

t 

Le  Jardin  jSotagefmafqué^  &  étant  "couvert  au  Nord,  à  l’Efl&à 

rOueft  par  des  arbres ,  &  au  Midi  par  une  baffe  Haye  tondue ,  eft 
dans  rincérieiir  de  l’angle,  de  la'Cloifon  au  Nord  &  à  rOueff  &  des 
bords  des  Fpffés  à  l’Eft  &  au  Midi, de  fept  cent  &  dix  toifes,  ce  qui  fuf- 
fit  pour  l’entretien  d’une  affez  grande  Famille.  Le  Fond  eft  naturelle¬ 
ment  de  terre  graffe ,  ayant  en  profondeur  trois  coups  de  bêche  de 
bonne  terre  bien  fumée  ;  allant  en  pente  &  étant  élevé  à  l’endroit  le 
plus  bas  d’un  pié  &  dix  pouces  au-deffus  de  l’eau  la  plus  haute  pendant 
l’Hiver. 

Les  Cloifons  au  Nord  &  à  l’Oueff  ont  8  |  pîés  de  haut ,  &  font  pla¬ 
cées  fur  un  fond  uni  fans  platte-bandes ,  mais  elles  ont  au  devant  un  fen- 
tier  large  de  douze  bons  piés,  qui  eft  un  peu  plus  de  quatre  pouces  plus 
bas  que  les  Carreaux. 

LaCloifon  au  Midi  dans  la  partition  jB  a  en  longueur  43  toifes,  dont 
on  prend  6  piés  pour  une  porte  qui  conduit  aux  petits  Bois ,  le  refte  é- 
tant  garni  de  quatre  Abricotiers,  d’un  Prunier,  de  deux  rouges  Avant- 
pêches  ,  de  deux  doubles  de  Zwol ,  de  deux  pourprées  ou  vineufes ,  & 
de  deux  doubles  de  montagne,  toutès  greffées  fur  Prunier;  chaque  ar¬ 
bre  étant  placé  à  ladiftance  de  dix -  huit  piés.  Il  y  a  entre  chacun  un 
pié  de  Vigne  ,  ce  qui  fait  en  tout  12  pieds  de  Vigne ,  favoir  6  nom¬ 
més  vroege  van  der  Laan^  quatre  nommés  Paaî'l-druyven^  &  deux 
mufqués. 

11  y  a  encore  dans  le  fentier  à  un  peu  plus  de  dix  pieds  de  la  Cloifon , 
21  piés  de  Vignes ,  contre  des  échalas,  favoir  douze  vroege  van  der 
Laan ,  liuit  Paarl-druyven ,  &  un  Frankenâaelder. 

La  Cloifon  k  l’Oueft ,  expofée  au  Soleil  levant ,  a  en  longueur  quinze 
toifes:  elle  eft  garnie  de  deux  Pêchers  nommées  doubles  de  Montagne  fur 
Prunier, de  quatre  Pruniers ,  à  quinze  piés  les  uns  des  autres:  &  dans  la 
partition  A  la  même  Cloifon  continuée,  il  y  a  dans  la  longueur  de 
quatorze  toifes ,  cinq  Pêchers  de  Zwol  doubles,  &  un  Prunier  qui  por¬ 
te  de  groffes  Prunes  blanches,  k  quatre  piés  les  uns  des  autres. 


Il 


DELACAMPAGNE.  30? 

Il  y  a  dans  la  partition  A  trois  brize-vents  de  la  même  hauteur  que 
ci-devant  ;  le  dernier  qui  n’a  pas  tout-à-fait  fept  piés  de  long ,  ctl  gar* 
ni  de  fept  piés  de  Vigne,  favoir  deux  Mufcats  blancs  &  deux  pâles, 
deux  de  Catalogne  &  un  Frankendaelder  :  la  Cloifon  mitoyenne ,  lon¬ 
gue  de  neuf  toiles  deux  piés,  ell  garnie  de  6  piés  de  Vigne,  à  un  peu 
plus  de  neuf  piés  de  dillance  les  uns  des  autres;  favoir  quatre  Mufcats: 
ces  piés  doivent  être  un  peu  plus  éloignés  que  les  deux  fuivans  nommés 
vroege  mn  der  Laan\  les  ailes  font  garnies  au  Midi  à  l’oppollte  de  l’O¬ 
rient  ,  d’un  Railin  nommé  Faarî-druyf^  &  au  Midi  à  l’oppolite  du  Cou¬ 
chant,  ‘uroege  van  der  Laan:  la  prémière  Cloifon  au  Midi,  lon¬ 
gue  de  dix  toifes,  ell  garnie  d’une  Avant-Pêche  rouge  fur  Prunier,  & 
de  cinq  piés  de  Vigne,  favoir  trois  Mufcats  &  deux  Frankendaelders ^ 
qui  garnilTent  pareillement  des  deux  côtés  les  ailes.  11  y  a  au  devant 
de  ces  trois  brize-vents  des  Plattes-bandes  pour  y  cultiver  des  Légumes 
hâtives.  Viennent  enfuite  dans  le  fentier  qui  ell  pour  le  moins  quatre 
pouces  plus  bas  que  les  Carreaux,  à  la  diftance  de  dix  piés,  vingt-trois 
Pêchers  nains  gréfés  fur  Abricots,  lavoir  huit  Pêches  vineufes  ou  pour¬ 
prées,  huit  de" Zwol  &  fept  de  Montagne,  toutes  doubles  &  de  la  plus 
grolTe  efpèce.  ^  ■ 

11  y  a  dans  les  deux  partitions  au  devant  près  du  Vivier  &  du  FolTé 
du  Midi,  de  petites  Cloifons  bafles  partagées  chacune  en  trois.  Celle 
de  la  partition  B  ell  haute  de  quatre  piés  &  demi,  &  la  dernière  eft 
longue  d’onze  toifes  &  garnie  de  fept  Pêchers  fur  Abricots,  favoir  trois 
de  Montagne,  deux  vineux  ou  pourprés,  &  deux  de  Zwol.  Les  deux 
autres  Cloifons  font  garnies  de  14,  piés  de  Vigne,  favoir  dix  vroege  mn 
der  Laan  &  quatre  Paerl-druyven. 

11  y  a  au  devant  de  ces  petites  Cloifons ,  à  un  peu  plus  de  dillance  de 
douze  piés  le  long  du  Vivier,  vingt -quatre  Cerifiers  ou  Griottiers 
nains;  cortime  aiün  le  long  du  FolTé  du  Midi:  cependant  dans  la  parti¬ 
tion  A  les  petites  Cloifons  n’ont  que  trois  -piés  &  demi  de  haut,  &  ne- 
font  pas  garnies  d’arbres,  mais  elles  ont  des  Plattes-bandes  pour  y  culti¬ 
ver  des  Légumes  hâtives,  &  contre  les  Cloifons  mêmes,  des  Pois. 

-  Il  y  a  au  bord  du  FolTé  de  l’Ell' dix-lèpt  CoignalTiers  nains.  De  plus 
le  Jardin  potager  ell  divifé  par  un  Vivier  mitoyen ,  niàrqué  par  la  ligu¬ 
re  (d) ,  qui  lèrt  à  l’écoulement  des  eaux ,  à  côté  duquel  il  y  a  une  Haie 
fondue  (e).  Il  y  a  aüfli  dans  les  partitions  A  B  quatre  Haies  ton¬ 
dues  d’ Aulne  ‘  ' 

11  y  a  encore  dans  la  partition  A^  des  Couches  d-’Afperges  {a)  ,  & 
c  Qq  2  «un 


308  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

un  Carreau  de  Fraifes  (c)  ,  &  dans  chaque  partition  deux  Couches  pour 
des  fournitures  &  autres  herbes  (^hù).  De  plus  vingt  Carreaux  pour  tou¬ 
tes  fortes  de  Légumes  &  d’Herbes  potagères  (y 'compris  aulTi  les  Cou- 
ces  de  Melons),  lefquels  peuvent  avoir  chaque  année  une  terre  franche, 
qui  n’ait  pas  fervi  pendant  deux  ans,  parce  que  tout  le  fond  du  Potager 
n’a,  qu’à  trois  coups  de  bêche  en  profondeur,  une  pareille  terre  franche 
bien  fumée  ;  c’eft  ainfî  qu’on  peut  femer  ou  planter  fur  les  Carreaux , 
des  fruits  différens  de  la  manière  fuivante. 

Un  grand  Carreau  pour  de  grojjes  Fèves  hâtives ,  à  doubles  rangs ,  à 
huit  pouces  l’une  de  l’autre,  &  pour  lors  avec  un  intervalle  de  41  piés; 
mais  lorfqu’on  plante  à  fimple  rang,  de  2I  piés:  dans  cet  intervalle  on 
feme  des  Epinars  hâtifs,  du  Cerfeuil,  des  Raves  ou  de  la  Salade:  cela 
fini,  on  plante  furie  même  Carreau,  entre  les  Fèves,  des  Choux  rouges, 
lefquels  venant  à  manquer,  on  les  remplace  par  des  Choux  blancs  frifés. 
Il  ceux-ci  manquent,  par  des  Choux-fleurs,  parce  que  trois  ou  qua¬ 
tre  lèmaines  après  on  arrache  les  racines  des  Fèves. 

On  peut  aulfi  remplacer  fur  le  même  fond  ces  racines  de  Fèves,  par 
des  Pois ,  cependant  il  ne  faut  pas  femer  ces  derniers  après  le  commen¬ 
cement  de  Juillet,  pas  même  des  Pois  fucrés.  On  peut  aulfi  femer  furu- 
ne  partie  de  ce  terrain,  du  Céleri,  du  Perfil  d’Hiver  ou  des  Porreaux: 
on  peut  même  femer  parmi  ces  derniers  un  peu  de  Laitues  pommées  & 
de  Perfil  ;  car  on  coupe  les  Laitues  avant  que  le  Perfil  ne  foit  grand ,  & 
le  Perfil  qui  refte  efl:  alors  garanti  par  les  Porreaux ,  du  froid  d’hiver. 
Entre  les  rangs  de  Céleri  il  faut  femer  de  la  Chicorée ,  &  de  la  Laitue 
pommée;  furies  Carreaux  des  Fèves ,  des  Epinars  hâtifs  d’Autonne, 
des  Laitues  pommées ,  du  Cerfeuil ,  des  Chicorées  ;  & ,  quand  la  fai- 
fon  eft  encore  plus  avancée,  des  Epinars  d’Hiver  ,  de  l’Ozeille,  de  la 
Poirée,  &c. 

Un  Carreau  de  Fois  hâtifs.  Il  faut  faire  les  rangs  &  le  tout,  comme 
à  l’égard  du  Carreau  de  Fèves. 

Quand  les  Pois  font  à  peu  près  formés ,  on  plante  contre  les  rames 
des  Haricots  pour  laler.  Les  Pois  peuvent  refter  en  terre  quinze  jours 
jufqu’à  ce  que  les  Haricots  Ibient  levés;  mais  après  ce  tems  il  faut  en  ti¬ 
rer  la  moitié  avec  leurs  rames.  On  peut  planter  entre  les  rangs  de  ces 
Haricots ,  &  entre  ceux  des  Pois  tardifs,  des  Laitues  pommées  ou  delà 
Chicorée. 

Un  Carreau  de  Haricots.  Il  faut  placer  entre  les  rangs ,  de  la  Chico¬ 
rée  d’Eté  hâtive,  ou  de  la  Salade;  les  hâtifs  que  l’on  couvre  dans  le  mois 

d’ Avril, 


DELACAMPAGNE.  ^cp 

d’ Avril  parviennent  ordinairement  de  bonne  heure  à  leur  maturité ,  de- 
forte  qu’on  peut  femer  à  leur  place  des  EpinarSjdu  Cerfeuil, des  Choux, 
des  Laitues  pommées ,  &  autre  Salade  pour  THiver. 

Un  Carreau  avec  des  Choux:  aprèsquoi  des  Epinars hâtifs,  de  la  Chi¬ 
corée,  du  Céleri  d’Autonne,  de  la  Salade,  de  TOzeille  d’Hiver,  des 
Pois ,  &  tels  autres  Légumes  d’Autonne  ou  d’Hiver ,  comme  de  la  Poi- 
rée ,  du  Cerfeuil ,  Scc, 

Un  Carreau  des  Carottes  que  nous  nommons  Utrechts-Hoorns ,  parmi 
lefquelles  on  mêle  des  Laitues  pommées  blanclies  ;  quand  elles  font  en 
vigueur  &  qu’elles  montent ,  on  y  plante  parmi  des  Artichaux ,  mais 
quand  ces  derniers  poufTent  trop  vigoureufement,  on  les  rogne,  &  de 
cette  manière  chaque  chofe  viendra  à  bien;  après  quoi  on  peut  femer  fur 
le  même  Carreau ,  de  la  petite  Salade  d’Hiver. 

Un  Carreau  avec  des  Carottes  d'Eté^  parmi  lefquelles  on  met  de  la  Sa¬ 
lade  &  des  Choux-fleurs,  enfuite  du  Céleri,  &  dans  les  intervalles  ex- 
haufles,  de  la  Chicorée  ou  des  Laitues  pommées,  avec  des  Pois  tardifs, 
parmi  lefquels  on  feme  d’abord  des  Laitues  pommées. 

Un  Carreau  avec  des  Choux-fleurs  à*  Eté;  enfuite  des  Pois  tardifs,  ou 
du  Céleri  d’Autonne  Hurles  élévations, de  la  Chicorée,  ou  des  Oignons 
d’Autonne ,  parmi  leiquels  on  feme  des  Laitues  pommées ,  du  Perfil 
d’Hiver,  ou  des  racines  de  Perfil. 

Un  demi-Carreau  avec  du  Ferfll;  quand  la  terre  efl  bien  fumée  on 
peut  couper  de  ce  Perfil  jufques  à  cinq  fois  dans  une  année. 

Un  Carreau  avec  des  Scorfonnères  du  Chervi^  parmi  lefquelles  on 
feme  des  Porreaux ,  mais  encore  mieux  des  Oignons ,  &  cela  non  feule¬ 
ment  pour  comprimer  un  peu  plus  leur  montant ,  mais  auflTipour  que  les 
racines  pénètrent  plus  avant  en  terre. 

Un  Carreau  avec  du  Céleri  d['Eté ,  fur  lequel  on  cultive  enfuite  toutes 
fortes  de  Légumes  d’Autonne  &  d’Hiver. 

Un  Carreau  avec  des  Panais^  parmi  lefquels  on  met  des  Laitues  pom¬ 
mées  &  quelques  racines  de  Perfil. 

Un  Carreau  fur  lequel  on  a  femé  en  Eté  des  Oignons  d’Autonne  & 
du  Perfil  d’Hiver ,  &  fur  lequel  on  peut  femer  l’Eté  d’après  des  Carottes 
jaunes  d’Autonne  ;  parmi  lefquelles  on  place  des  Laitues  pommées,  on 
des  racines  de  Clucorée. 

Bes  Couches  d*Jflperges^  deux  rangées  fur  chaque  couche  &  un  fen- 
tier  entre  chacune  :  on  peut  chaque  année  y  femer  des  Carottes  ou  des 
Oignons  hâtifs,  parmi  lefquels  il  y  ait  des  Laitues  pommées  blanches: 

(^q  3  mais 


Jio  .ILE  s  A  G  R  E  M  E  N  S 

mais  dans  ce  cas  il  faut  extrêmement  fumer  ces  Couches  dans  l’Auton- 
ne  avec  du  fumier  de  Cheval,  afin  que  la  force  y  pénètre  par  le  moyen 
de  la  pluie 3 la  paille  de  ce  fumier  fervant pendant  PHiver  de  couverture, 
on  la  met  lous  terre  dès  le  commencement  du  Printems  :  on  y  emploie 
aiiifi  fengrais  de  fumier  de  Vache,  ce  qui  eft  encore  inliniment  meil¬ 
leur.  Quand  on  a  coupé  le  montant  des  Afperges,  on  peut  encore  y 
planter  de  la  Chicorée  d’Hiver.  Il  eft  bien  vrai  que  tout  cela  épuife  fort 
la  terre ,  mais  on  y  remédie  par  fengrais  de  chaque  année. 

Bes  Couches  de  Melons  :  on  peut  cultiver  fur  celles  qui  ont  produit  de 
bonne  heure ,  des  Choux-fleurs  tardifs  ou  d’Hiver  :  ou  bien ,  quand  il 
eft  plus  tard ,  des  Epinars  d’Hiver ,  du  Cerfeuil ,  de  la  Chicorée  &  des 
Raves  d’Hiver.  * 

Bes  Fraifes^  qu’on  plante  au  Printems:  on  feme  fur  le  fond  des  Oi¬ 
gnons  &  des  Choux-fleurs  d’Eté ,  quand  on  les  arrache  dans  l’Autonne  ; 
&  encore  dans  cette  même  Autonne,  du  Céleri  &  fur  les  élévations  de 
la  Chicorée. 

Bu  Fourpïer  précoce  :  il  doit  être  femé  au  commencement  de  Février 
fur  du  fumier  de  Cheval  fous  des* vitres:  il  finie  avec  le  mois  de  Juin,  & 
alors  on  le  remplace  par  toutes  fortes  de  Légumes  d’ Autonne. 

C  H  A  PITRE  IIL 

Be  la  Semence:  fa^ertu  ,  la  manière  de  la  recueillir^  £«?  ce  qu^on  doit 
J  aire  ^\obJerver  avant  après  avoir  femé, 

Autant  que  tout  ce  qui  a  vie  a  un  befoin  extrême  d’un  air  continuel¬ 
lement  rafraichi  pour  croître  fans  interruption,  autant  cet  air  eft 
nuifible  aux  fruits  6c  aux  fèmences;  puifqii’il  fait  que  .les  fruits  durent 
moins  longtems ,  6c  qu’il  ôte  plutôt  aux  femences  la  vertu  de  produire 
d’autres  fruits ,  ce  qui  doit  nous  engager  à  les  garantir  de  Pair  autant 
qu’il  eft  poftible,  avant  que  de  lesjfemer. 

Les  femences  ont  plus  ou  moins,  de  vertu  de  produire  beaucoup  6c  de 
meilleurs,  ou  en  moindre  quantité  6c  de  plus  mauvais  fruits,  félon  la^ 
températufe  dé  Pair  6c  la  nature  des  Fonds,  fous  6c dans  lefquels  elles  ont 
été  produites.:]:  ,  .i.  .  ' 

On  éprouve  prefque  à  l’égard  de  toutes  les  fèmences  qu’on  fème, 

qu’elles 


DELACAMPAGNE. 

qu’elles  aiment  autant  le  changement  d’air  que  celui  de  terre.  Cela  iè 
remarque  fur-tout  à  l’égard  de  la  graine  de  Lin  &  de  Chanvre ,  laquel¬ 
le  les  gens  entendus  ne  femeront  jamais  l’année  fuivante  dans  le  même 
Fond  qui  l’a  produite,  mais  ils  y  en  employeront  toujours  de  celle  qui  a 
été  produite  fous  un  autre  Climat.  Delà  vient  qu’on  feme  dans  ce  Pais 
de  la  graine  de  Lin  &  de  Chanvre ,  qui  a  été  recueillie  dans  le  voifina- 
ge  de  la  Mer  Baltique  :  en  Ecofle  on  feme  de  la  graine  de  ce  Pais  ;  & 
près  de  la  Mer  Baltique  de  celle  qui  vient  d’EcolTe  ,  ce  qui  ell  la  bonne 
méthode. 

Les  femences  meuries  ibus  des  Climats  froids  &  qui  ont  le  moins  de 
montant,  produiront  ordinairement  beaucoup  de  fruits  &  bien  nourris; 
au-lieu  que  celles  des  Climats  plus  chauds  produiront  de  mauvais  fruits 
&  en  moindre  quantité,  mais  ils  monteront  beaucoup  ;  (Scplus  le  Climat 
diffère,  plus  la  variété  eft  grande.  Cependant  elles  s’amendent  d’année 
en  année ,  à  mefure  qu’elles  s’accoutument  aux  Climats  qui  les  ont  pro¬ 
duites  ;  c’eft  ce  que  j’ai  éprouvé  très  fouvent  à  l’égard  des  Plantes  d’A- 
nanas  d’ Amérique ,  des  Figues  de  Lisbonne,  &  des  Coignaffiers,  lef- 
quels  ne  devinrent  féconds  qu’après  un  efpace  de  tems  fort  confidérable  : 
les  Sauvageons  de  Souche  même  n’en  étoient  pas  fi  féconds ,  que  ceux 
qui  venoient  enfuite  de  ces  mêmes  Sauvageons.  11  en  efi:  de  même  de 
la  femence  de  Melon,  laquelle  nous  vient  d’Efpagne  &  d’Italie. 

La  meilleure  femence  eft  celle  qui  efi:  venue  en  plein  air;  elle  produit 
des  fruits  meilleurs  &  plus  agréables ,  que  celle  qui  efi:  venue  dans  des 
endroits  plus  renfermés,  à  l’ombre , à  l’ardeur  du  Soleil,  fur  des  plattes- 
bandes.,  au  pié  des  Cloifons  ou  des  murailles:  c’efi:  ce  qu’on  peut  éprou* 
ver  à  l’égard  de  toutes  fortes  de  femences ,  &  fur-tout  des  Pois  &  des 
Fèves,  puifqu’on  trouvera  que  ceux  qui  font  crus  fur  des  plattes- bandes 
feront  beaucoup  inférieurs  à  ceux  qui  font  venus  fur  des  Carreaux.  Mais 
on  m’objeétera  peut-être  que  les  Pois  des  Jardins  &  les  Haricots  ramés, 
qui  font  dans  un  air  moins  libre  que  les  Pois  &  les  Haricots  des  champs, 
font  cependant  beaucoup  meilleurs.  Cette  objedion  confirme  ce  qui  a 
été  dit ,  car  les  Pois  &  les  Haricots  ramés  reçoivent  l’air  &  le  vent  de 
tous  côtés ,  au-lieu  que  ceux  des  champs,  fe  trouvant  afaiffés  fous  leur 
montant  jouiffent  beaucoup  moins  du  fecours  de  l’air  &  du  vent* 

Ayant  obfervé  le  changement  de  l’air ,  on  tâchera  auiïi  de  fe  procurer 
des  femences  qui  viennent  de  Fonds  de  différente  nature  ;  il  faut  donc 
femer  celles  qui  viennent  de  Fonds  fablonneux  dans  des  Fonds  de  terre 
grafle,  &  celles  de  terre  graffedans  des  Fonds  fablonneux  ;  mais  on  n’en 

fe- 


femera  jamais,  fi  la  néceflité  ne  le  demande  de  celle  qui  efi:  venue.dans 
des  Fonds  bitumineux. 

Un  Fond  pur,  qui  depuis  plufieurs  années  n’a  point  produit  de  fruits 
pareils  à  ceux  qu’on  a  delTein  d’y  femer,  eft  le  meilleur  pour  produire 
des  femences  bien  nourries ,  Icfquelles  étant  enfuite  femées  dans  d’autres 
pareils  Fonds ,  produiront  en  grande  quantité  de  bons  &  d’agréables 
fruits.  -  ^ 

Parmi  les  femences  huileufes,  les  plus  grofies ,  les  mieux  nourries  & 
qui  contiennent  le  plus  d’huile ,  comme  aulfi  celles  qu’a  produites  le  mi¬ 
lieu  du  fruit,  font  eftimées  les  meilleures.  Cette  règle  n’eft  pourtant  pas 
générale ,  parce  que  parmi  les  femences  de  cette  efpèce ,  il  y  en  a  beau¬ 
coup  qui  font  des  plantes  £rop  fauvages,  produifant  des  fruits  moins 
bons ,  &  en  moindre  quantité ,  que  celles  qui  ont  une  pouffe  plus  mo¬ 
dérée.  Les  Jardiniers  entendus  trouvent  que  la  femence  de  Choux-pom- 
més,  qui  vient  du  tronc  du  Chou,  eft  meilleure  que  celle  qui  vient  du 
Chou  même. 

On  met  la  plupart  des  femences,  avant  qu’on  les  fème,  tremper  plus 
ou  moins  dans  de  l’eau ,  on  en  fait  germer  d’autres  dans  du  fable  mouil¬ 
lé,  (Si  puis  on  les  feme , quelquefois  même  fans  avoir  germé: il  y  en  a  au 
contraire  qu’il  faut  lèmer  fèches,  làns  les  faire  tremper. 

Toutes  les  femences  qui  ont  l’écorce  dure,  qui  ne  fe  joignent  pas  en 
forme  de  coquille,  doivent,  avant  qu’on  les  feme,  être  un  peu  fendues 
dans  leur  écorce ,  de  manière  qu’on  ne  bleffe  pas  le  dedans  :  cette  fen¬ 
te  fait  que  les  fucs  pénètrent  mieux  (Si  font  mieux  gonfler  la  fèmence  ; 
après  quoi  on  la  met  germer  dans  du  fable  mouillé,  (Si  on  la  feme:  c’efi: 
ce  qu’on  fait  à  l’égard  de  la  femence  de  l’Acacia,  du  Houx  &  de  rif,&c. 
Mais  les  femences  dures  qui  fe  joignent  en  forme  de  coquille,  s’ouvrent 
aifément,  quand  elles  font  mifes  par  couches  dans  du  fable  mouillé;  de- 
forte  qu’il  n’eft  nullement  néceffaire  de  Jes  fendre.  Ceft  ainfi  qu’on  met 
germer  les  Noyaux  de  Prunes,  d’Amandes,  de  Cerifes,  de  Merifes,de 
même  que  ceux  de  Pêches  &c  d’Abricots;  cela  ne  fe  pratique  cependant 
pas  fi  fréquemment,  parce  que  les  Pêchers  (Si  les  Abricotiers  venus  de 
Noyaux  meurent  en  peu  de  tems.  On  met  encore  les  Noix  6c  les  Noi¬ 
settes  tremper  6c  germer  dans  le  fable  au  mois  de  Novembre ,  de  même 
que  les  femences  qui  ont  l’écorce  plus  molle,  comme  les  Glands,  les  Fai¬ 
nes  6i  les  Chateignes. 

On  feme  aulfi  dans  le  mois  de  Novembre  des  Pépins  de  Poires  d’Fté 
ou  du  commencement  de  l’Aiitonne;  mais  il  ne  faut  pas  mettre  tremper 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  313 

ïii  germer  les  Pépins  de  Poires  tardives  5  que  dans  le  mois  de  Décem¬ 
bre  avec  ceux  de  Pommes. 

En  général,  il  ne  faut  jamais  lailTer  dans  le  fable  aucune  des  femences 
qui  doivent  croître  fans  être  tranfplantées,  &  principalement  celles  des 
Plantes  ligneufes ,  jufqu’à  ce  qu’elles  y  pouflent  des  racines  ;  car  il  fau- 
droit  couper  court  les  tendres  bouts  de  ces  petites  racines,  comme  n’a« 
yant  point  aflez  de  force  pour  prendre ,  ce  qui  feroit  par  raport  à  elles 
une  eîpèce  de  tranlplantation:  il  en  ell  de  même  de  lalèmence  des  Her¬ 
bages,  dont  les  petites  racines  germées  ne  prennent  point  en  terre,  for- 
tent  par  les  côtés,  au-lieu  de  pouffer  vers  le  bas,  &  font  ainfî  des  Plan¬ 
tes  ratatinées,  comme  cela  fè  voit  fbuvent  à  la  fèmence  des  racines. 

On  met  tremper  &  germer  la  fèmence  des  Herbages  pendant  moins 
de  tems ,  k  quoi  la  bonté  de  la  faifon  fert  plus  ou  moins  ;  car  il  faut  que 
la  femence  de  Perfil  trempe  au  Printems  pendant  trois  femaines  dans  du 
fable  mouillé ,  &  plus  tard  pendant  quinze  jours  ;  ce  qui  en  Eté  ne  fe  fait 
que  pendant  vingt-quatre  heures,  comme  à  l’égard  de  toutes  les  autres, 
après  quoi  en  ayant  verfé  l’eau,  on  la  laiffe  encore  mouillée,  pour  ger¬ 
mer  pendant  quelques  jours  ;  mais  on  ne  fait  point  germer  la  femence 
des  racines  de  Perfil,  il  fuffit  de  la  faire  tremper  jufqu’à  ce  qu’elle  fe  gon¬ 
fle.  On  fait  auffi  tremper  de  la  même  manière  dans  de  l’eau,  jufqu’à  ce 
qu’elle  fe  gonfle  (même  au  commencement  du  Printems  lorsqu’il  gele, 
bien  entendu  qii’on  ait  foin  enfuite  de  la  couvrir  contre  la  gelée  quand 
elle  eft  femée)  la  femence  de  Laitues  à  couper,  de  Céleri,  de  Carottes, 
d’Epinars,  de  Cerfeuil,  de  Poirée,  de  Pois,  de  groffes  Fèves,  dont  on 
tire  l’eau  hiperflue  lorfqu’elle  efl  gonflée,  &  enfuite  après  l’avoir confer- 
vée  encore  pendant  quelques  jours  mouillée  &  raffemblée  pour  germer,  on 
la  feme  ou  on  la  plante.  On  ne  laiffe  pas  ainfi  germer  les  femences  de 
Melons  &  de  Concombres  ;  mais  quand  elles  font  gonflées  &  un  peu  fe- 
chées,  on  les  met  auffitôt  en  terre. 

Les  femences  en  queftion  doivent  donc  être  trempées  dans  de  l’eau," 
mais  il  y  en  a  d’autres  qui  foufriroient  beaucoup  par-là,  &même  quipé^ 
ri roient, fur-tout  les  Haricots , lefquels  ne  doivent  pas  feulement  êtrefecs 
quand  on  les  plante,  mais  la  terre  même  ne  doit  pas  être  trop  mouillée, 
fur-tout  quand  la  chaleur  n’a  pas  encore  rendu  autant  qu’il  faut  la  terre 
féconde ,  car  ils  périront  alors  infailliblement  ;  ce  qui  arrive  prefque 
toujours ,  lorfqu’on  les  plante  quelque  tems  avant  le  mois  de  Mai. 

On  plante  certaines  femences  par  allignement ,  &  on  ne  les  fème  pas: 
c’eftee  qui  fe  fait  à  l’égard  des  femences  de  Cardons, à  trois  piés  de  dif- 

Fartk  II,  '  R  r  tance 


214.  LES  AGREMENT 

tance,  trois  ou  quatre  grains  enfemble:  comme  auiïide  la  Poirée,  pour* 
la  femence  de  fes  racines  ,  k  huit  pouces  de  dillance. 

Les  femences  ne  fauroient  prendre  ni  germer  dans  une  terre  trop  alté¬ 
rée,  parce  que  fouvent  le  vent  les  emporte.  Une  terre  trop  mouillée ,, 
comme  elle  Tell  fouvent  au  Printems  &  dans  TAutonne,  eft  trop  froide,, 
ce  qui  fait  que  les  femences  reliant  longtems  fans  pouffer,  fe  pourrilfent.. 
Comme,  outre  les  caufes  dont  on  a  parlé,  qui  engagent  à  différer  la  fe- 
maille,  il  y  en  a  encore  d’autres,  on  ne  fauroit  en  fixer  le  tems au  jufle , 
parce  que  félon  les  propriétés  des  Plantes  ,  elles  viennent  en  différentes  ; 
faifons ,  &  qu’une  femence  doit  être  femée  au  commencement  du  Prin- 
tems,  l’autre  un  peu  plus  tard,  &  de  cette  manière  fuccelfivement  juf- 
ques  dans  l’Eté  &  dans  l’Autonne  :  il  faut  que  l’air  &  la  terre  au^ 
tems  de  la  femaille,  foient  dans  un  bon  état,  quoiqu’il  arrive  que  la  ge¬ 
lée  ,  une  grande  fécherelfe ,  des  pluies  fortes  ,  &e.  empêchent  pendant: 
quelque  tems  que  cela  ne  réiifTiffe. 

La  terre  humeélée  comme  il  faut,  doit,  avant  qu’on  y  fème,être  bê¬ 
chée  plus  ou  moins  légèrement,  félon  la  propriété  des  Plantes,  &  félon' 
la  bonté  des  Saifons;  car  comme  nos  terres  potagères  font  naturellement,, 
mais  plus  par  une  culture  continuelle  &par  l’engrais,  très  ouvertes  & 
légères,  de  même  que  les  Fonds  de  terre  graffe  mêlée  avec  du  fable;  il' 
ne  faut  pas  les  fouiller  après  leur  prémière produélion ,  en  Eté,  lorfqu’il- 
fait  de  grandes  chaleurs  pour  y  femer  pour  la  fécondé  ou  troifième  fois; 
mais  après  en  avoir  tiré  les  mauvaifes  herbes  &  l’avoir  égalifée  avec  un 
rateau ,  on  y  feme  ou  on  y  plante  ;  &  on  mêle  enfuite  la  femence  avec 
la  terre  par  le  moyen  d’un  rateau  à  larges  dents.  On  plante  pareillement 
ainfi  dans  une  terre  non  fouillée,  des  Pois,  des  Fèves,  de  la  Salade, 
des  Choux,  de  la  Chicorée,  du  Céleri.  En  général  il  faut,  pour  femer, 
line  terre  légère  qui  foit  humeèlée  raifonnablement,  &  un  air  qui  ne 
foit  pas  trop  ardent  :  c’efl  pour  cela  aulfi  qu’il  vaut  mieux  faire  le  labour 
aux  Carreaux  des  Jardins  potagers  au  Printems ,  que  dans  l’Autonne  ; 
car  les  pluies  froides  de  l’Autonne  ,  &  l’eau  de  Neige  en  Hiver  refroi- 
diffent  beaucoup  trop  la  terre  &  la  convertiffent  en  boue.  11  faut  pour¬ 
tant  à  cet  égard  agir  avec  prudence,  puifqu’il  y  a  des  femences  qui  ne 
viennent  pas  comme  il  faut  dans  une  terre  légère  ,  mais  beaucoup 
mieux  dans  des  Fonds  qui  ont  été  labourés  dans  l’Autonne,  comme 
les  Oignons  &  les  Scorfonnères. 

11  ne  faut  pas  feulement  femer  dru  &  clair,  félon  que  les  Fonds  font 
fecs  ou  humides,  &  qu’ils  ont  plus  ou  moins  de  force,  mais  aulfi  félon 

h 


D  E  L.A  campagne. 

’la  bonté  des  femences  Sc  la  propriété  des  Plantes:  cependant  il  vaut 
mieux  femer  trop  dru  que  trop  clair  ;  car  on  peut  &  on  doit  arracher  le 
fuperflu  tout  comme  les  mauvailes  herbes;  auquel  cas  on  ne  perd  que  h 
femence;  au-lieu  que  les  terres  où  l’on  a  femé  trop  clair,  ne  produiront 
pas  feulement  pour  cette  raifon  même  moins  de  fruits ,  mais  encore  le 
vent  fort  bat  d’autant  plus  les  tendres  Plantes,  qu’elles  ne  peuvent  pas 
fe  garantir  comme  il  faut  les  unes  les  autres.  Il  faut  aulfi  quand  il  s’a¬ 
git  de  femer  plus  ou  moins  dru,  avoir  égard  à  ce  que  la  terre  a  produit 
l’année  d’auparavant,  &  à  la  maturité  de  la  femence;  car  outre  que  par¬ 
mi  les  femences  d’une  mauvailè  crue,  on  trouve,  parmi  celles  qu’on  ju¬ 
ge  être  bonnes,  plufieurs  grains  gâtés  qui  ne  monteront  jamais;  ceux 
qui  les  vendent  trompent  louvent  dans  de  pareils  cas ,  en  mêlant  de  la 
vieille  femence  gâtée  avec  de  la  bonne  nouvelle  :  deforte  -qu’il  faut  après 
de  telles  années  femer  beaucoup  plus  dru,  ce  qu’on  néglige  fouvent  de 
faire  dans  ces  tems-là  à  caule  de  la  cherté  de  la  femence. 

Dans  les  Fonds  humides  il  faut  femer  ou  planter  plus  clair  que  dans 
les  fècs  :  il  faut  aufll  femer  les  prémiers  fruits  du  Printems  plus  clair  que 
ceux  d’Eté  &  d’Autonne. 

Pour  avancer  le  tems  de  la  maturité  des  fruits,  on  femera  la  femence 
qui  a  meuri  la  prémière  ;  c’efl-pourquoi  il  faut  bien  prendre  garde  en  la 
recueillant,  de  ne  pas  permettre  qu’on  coupe  pour  manger  les  prémiers 
fruits,  flir-tout  quant  aux  Pois  hâtifs  &  aux  Fèves,  parce  que  la  femen¬ 
ce  de  ces  Légumes  plus  tardives'  recule  dans  les  Saifons  le  tems  de  la  ma¬ 
turité  :  excepté  pourtant  les  Haricots ,  car  leurs  prémiers  fruits  étant  en 
bas  près  de  terre,  ne  meuriroient  pas  autant  qu’il  faut,  outre  qu’en  res¬ 
tant  là,  ils  feroient  un  obflacle  à  la  crue  de  quantité  d’autres. 

On  ne  doit  jamais  femer  ou  planter  près  à  près  des  fruits  de  la  même 
nature,  mais  toujours  de  ceux  qui  ont  des  propriétés  différentes,  &fùr- 
tout  quand  on  a  deffein  d’en  recueillir  de  la  femence  &  delà  femer  dans 
la  fuite;  car  la  femence  s’abâtardit  fouvent  fî  fort  par  ce  moyen,  que  la 
crue  d’après  ne  procure  plus  de  pareils  fruits  ;  ce  qu’on  éprouvera  à  l’é¬ 
gard  de  la  femence  de  Choux ,  dont  les  différens  troncs  font  plantés  près 
les  uns  des  autres  :  cela  fe  remarque  même  d’une  manière  fi  fenfible,que 
les  Choux-fleurs ,  les  Choux  frifés  blancs ,  les  Choux  rouges  &  blancs 
pommés,  dont  les  troncs  portant  femence  font  près  les  uns  des  autres, 
produifent  plufieurs  fortes  bâtardes  :  cependant  un  Curieux  m’a  foutenu 
le  contraire,  mais  je  n’ai  jamais  pu  l’obferver.  Il  enefi:  de  même  dçsMe*î 
Ions  dans  leurs  efbèces ,  des  Concombres  verds  (Sc  blancs, 

R  r  s  jU 


5i6  LESAGREMENS 

Il  faut  avoir  égard ,  quant  à  la  manière  de  femer  ou  tranfplanter  deî 
fruits  d’Autonne 5  que  cela  fe  fàfle  dans  rexpofîtion  au  Soleil,  &  cela 
de  façon,  que  les  Arbres  des  environs  ne  les  énombrent  avant  &  après- 
midi,  car  alors  ce  qifon  a  lèmé  ou  tranfplanté  n’auroit  pas  affez  de  cha¬ 
leur,  le  Soleil  étant  dans  ce  tems-là  plus  bas;  ce  qui  eft  très  nuiübleaux 
Laitues  pommées,  à  la  Chicorée,  au  Céleri,  &c. 

Pour  femer  la  femence  fans  que  le  vent  puiflela  chaffer,  &  d^une  ma¬ 
nière  égale  5  il  faut  mêler  la  femence  menue  avec  une  jufte  quantité  de 
fable ,  qui  ne  foit  ni  trop  fec  ni  trop  mouillé ,  &  la  femer  enfuite  ;  après 
quoi  on  la  couvrira  de  terre  comme  il  faut  par  le  moyen  d’un  rateau  def* 
tiné  à  cet  ufage ,  afin  qu’elle  prenne  mieux ,  &  que  les  Oifeaux  la  décou¬ 
vrent  moins,  lefquels  s’y  rendent  autrement  en  foule  pour  la  manger. 

Il  efl  indifférent  pour  la  pouffe  dans  quel  fens  la  femence  tombe  en  ter¬ 
re,  de  côté,  renverfée,ou  droit  près  du  germe;  car  elle  fe  tourne  d’elle- 
même,  &  autrement  le  rejetton  de  la  racine  fe  détermine  vers  le  bas ,  & 
le  rejetton  ligneux  vers  le  haut,  fans  caufer  enfuite  à  la  pouffe  le  moindre 
changement. 

Il  y  a  des  Plantes  qui ,  lorfqu’elîes  paroiffent ,  doivent  être  tranfpîan- 
tées,  mais  la  plupart  doivent  relier  où  elles  naiffent,  làns  qu’il  faille  les 
tranfplanter.  ^  . 

En  général,  on  ne  doit  pas  tranfplanter  les  Légumes ,  fi  ce  n’eff  les  Oi¬ 
gnons  précoces  &  les  Navets  de  femence;  car  làns  cela  il  y  en  auroit  beau¬ 
coup  de  ceux  qui  viennent  de  femence  qui  ne  pommeroient  pas  :  il  enefi: 
de  même  des  Carottes  d’Hi  ver ,  du  Céleri,  delà  Chicorée,  dont  on  re¬ 
cueille  la  femence.  De  plus ,  il  ne  faut  pas  tranfplanter  les-Plantes  qui 
ont  une  racine  droite  ;  c’ell  pour  cela  qu’il  faut  laiffer  pouffer  aux  groff 
fes  Fèves  qu’on  met  en  terre  vers  ou  dans  l’Eté,  une  telle  racine  droite 
fort  profondément  en  terre ,  parce  que  la  terre  étant  trop  feche  par  def- 
fus ,  ne  peut  pas  fournir  affez  de  fucs  aux  petites  racines  des  côtés.  Mais- 
toutes  les  Plantes  qui  n’ont  pas  beaucoup  de  montant  au-deffus  de  terre  > 
ou  dont  on  doit  racourcir  la  racine  droite ,  afin  qu’elles  pouffent  plus  de 
racines  latérales  en-bas ,  &  par  conféquent  plus  de  rejettons  latéraux  en- 
haut,  doivent  être  tranfplantées  quand  elles  paroiffent,  afin  que  par  cet¬ 
te  tranfplantation  ,  la  circulation  de  la  fève  étant  interrompue,  elles: 
croiffent  moins,  <Sc  deviennent  ainfi  plus  fécondes:  on  tranfplanté  pa¬ 
reillement  toutes  les  Plantes  dont  les  fruits  bons  à  manger  viennent  par 
dieffus  terre  à  des  Epines ,,  des  Rejettons,  des  Chardons,  à  des  Plantes  ram¬ 
pantes.  &  autres.  A  Tégard  de  cette  tranfplantation,  il  eff  très  remar¬ 
qua- 


DE  LA  campagne:  317 

quable  que  les  Plantes  venues  de  leur  femence  en  peu  de  tems,  &  qui 
avant  qu'on  les  tranfplante  continuent  ainli  &  grandiflent  extrêmement, 
produilènt  aufifi  prefque  toujours  de  plus  mauvais  fruits ,  que  celles  qui 
ne  font  pas  venues  de  leur  (emence  en  fî  peu  de  tems,  &qui  dans  la  fui' 
te  avant  que  d’être  tranfplantées ,  ont  fait  une  pouffe  plus  modérée  :  c’eft 
pour  cette  raifon  qu’on  préférera  toujours ,  quand  il  s’agit  de  tranfplan- 
ter,  les  dernières  aux  prémières,  fur-tout  en  fait  de  Choux-fleurs. 

Il  faut,  quand  on  tranfplante,  fe  conduire  félon  les  qualités  des  Fonds 
&  les  propriétés  des  Plantes  ;  puifqu’étant  tranfplantées  une  fois  par  a- 
lignement ,  on  ne  peut  plus  en  retranclier  fans  que  cela  ne  défigure  ; 
c’eft-pourquoi  on  tranfplante  dans  des  Fonds  mouillés  &  gras,  à  une  plus 
grande  diitance  que  dans  des  Fonds  grêles,  arides  &fecs:  car  ü  on  plan¬ 
te  dru  dans  ces  prémiers,  on  aura  beaucoup  de  montant  &  peu  de  fruit, 
parce  que  dans  ces  terres  fortes  les  Plantes  fe  forcent  les  unes  les  autres 
à  monter,  à  caufe  de  leur  proximité.  Ainli  on  tranfplante  les  groffcs 
Fèves  dans  des  terres  fortes  &  très  fumées  par  alignement,  à  trois  piés 
de  diflance:  au-lieu  que  dans  les  terres  plus  légères,  on  fe  contente  de 
faire  les  rangées  à  la  diflance  de  deux  piés  &  demi ,  &  que  dans  les  ran¬ 
gées  mêmes  on  raproche  un  peu  plus  les  Fèves  ^  on  tranfplante  les  Choux 
de  la  même  manière. 

On  fefert  ordinairement  pour  tranfplanter  du  Plantoir  pour  faire  join¬ 
dre  d’autant  mieux  par  comprelfion  la  terre  autour  des  racines  :  cela  fe 
Elit  plus  vite  ainfi  qu’avec  la  main,  mais  celan’eft  pas  fi  bon,  fur-tout 
quand  les  terres  ne  font  pas  fort  hiimeélées  ÿ  c’ell  pour  cela  qu’en  tout 
tems,  pour  peu  qu’on  ait  de  loifir,  on  y  employera  la  main. 

Il  ne  faut  pas  laiffer  expofés  aux  yeux  des  Oifeaux  fur  la  terre  des  Pois 
ou  des  Fèves,  qu’on  croit  ne  rien  valoir,  quand  on  les  plante,  ou  qu’on 
les  tranfplante,  car  cela  eft  une  amorce  pour  les  Pies  &  les  Corbeaux,  parce 
que  cela  leur  fournit  l’occaflon  d’arracher  même  ceux  qui  font  en  terre; 
ainfi  on  aura  grand  foin  de  cela ,  &  on  ne  manquera  pas  d’ôter  de  ces 
endroits  ceux  qui  font  de  rebut.  La  meilleure  méthode  pour  chaffer , 
autant  qu’il  eft  poflible,  les  Oifeaux  des  endroits  cnfemencés,  eft  de 
tendre  en  divers  endroits  fur  les  Pois  ou  fur  les  Fèves,,  des  cordes  fortS' 
minces,  &  d’y  attacher  quelques  Oifeaux  mortSr. 

On  aura  foin  de  nettoyer  toutes  les  terres  enfemencées  ou  plantées  ,  & 
d’arracher  les  mauvaifes  herbes  quand  elles  font  encore  tendres,-  alin 
qu’elles  n’ayent  pas  le  tems  ni  de  fleurir,  ni  de  porter  graine,  car  cette  fe- 
çaence  venant  à  tomber,  ne  croîtra  pas  feulement  pendit  une  année,  mais 

K  r  3  con^ 


3i8  ;L  E  s  a  g  R  E  M  E  N  s 

.continuellement  pendant  plufieurs  années  de  fuite,  ce  qui  caulè  enfuitebien 
de  Tembaras  pour  défricher  ce  terrain.  Cependant  en  nettoyant  la  terre, 
il  faut  ufer  de  prudence  jfoit  qu’on  éclaircilTe  les  bonnes  Plantes,  foit  qu’on 
arrache  les  mauvaifes  herbes, afin  de  ne  pas  endommager  les  bonnes  en- 
haut  à  leur  montant,  ou  en-bas  à  leurs  racines.  Ainfl  il  eft  fur -tout  né- 
ceffaire  que  l’on  fafle  cet  ouvrage  dans  un  tems  convenable ,  lorfque  la  ter¬ 
re  n’eft  ni  trop  fèche  ni  trop  humide,  la  prémière  de  ces  choies  étant  plus 
nuifible  que  l’autre  ;  puifque  dans  ce  cas  les  fommités  des  Plantes  ne  feflê- 
trilîent  pas  feulement,  mais  encore  la  terre  fine  &  légère  pénétrant  alors  juf- 
ques  aux  racines,  ne  manque  pas  d’y  caufer  un  très  grand  dommage.  Il  faut 
laulTi  y  employer  des  Gens  entendus ,  qui  connoilTent  bien  les  mauvaifes 
Jierbes ,  &  qui  fâchent  à  quelle  diftance  les  Plantes  doivent  être  les  unes 
des  autres,  pour  s’en  aquiter  comme  il  faut,  en  moins  de  tems,  en  ar¬ 
rachant  les  mauvaifes  herbes,  foit  par  poignées  ou  en  moindre  quantité; 
car  ceux  qui  ne  s’y  entendent  pas  fi  bien ,  employèrent  plus  de  tems,  ar¬ 
racheront  dans  certains  endroits  les  mauvaifes  Plantes  une  à  une,  &  ne 
feront  rien  qui  vaille. 

Tout  ce  qui  a  été  femé  de  bonne  heure ,  &  qui ,  foit  par  le  froid  ou 
par  quelques  autres  accidens,ne  commence  à  croître  qu’avec  peine,  mon¬ 
tera  facilement  en  graine,  deforte  qu’il  en  viendra  rarement  de  bons 
fruits  :  c’ell:  ce  qui  arrive  fouvent  aux  Melons  hâtifs ,  dont ,  à  caufe  de 
la  langueur  des  Plantes,  les  fruits  meurilTent  rarement,  &  ne  méritent 
pas  de  porter  le  nom  de  Melons  mûrs. 

On  recueille  les  lèmences  des  Plantes,  d’une  ou  de  plufieurs  années, 
félon  les  propriétés  des  Plantes  mêmes  ;  mais  en  général  il  faut  fe  garder 
de  recueillir  la  fèmence  de  certains  fruits  d’Autonne,  fur -tout  des  Lai¬ 
tues  pommées,  car  la  fcmence  qui  en  vient  deviendra  d’année  en  année 
plus  mauvailè ,  fi  vous  en  exceptez  le  Cerfeuil  &  la  Poirée  d’Hiver. 

11  ne  faut  pas  oublier ,  quant  à  la  manière  de  recueillir  la  femence , 
que  certaines  loges  à  femence  s’ouvrent,  &  la  laifient  tomber  quand  elle 
eft  mûre.  On  coupera  de  celles-ci  les  hâtives,  comme’  on  a  coutume  de 
faire  à  l’égard  de  la  femence  de  Carottes:  d’autres  femences,  au  contrai¬ 
re,  fe  tiennent  renfermées  dans  leurs  loges  ou  dans  leurs  Cofies;  toutes 
les  femences  d’un  même  tronc  ne  meurinent  pas  anfii  à  la  fois,  mais  les 
■unes  après  les  autres,  on  coupe  celles-ci,  de 'même  que  celles  qui  fe  tien¬ 
nent  plus  renfermées  encore  quand  les  prémières  font  mûres  ;  après  quoi 
on  pend  encore  pendant  quelque  tems  fans  delTus  delTous  en  plein  air  la 
Plante,  afin  que  le  refte  meurifie  aulfi  comme  il  faut,  Sc  que  les  loges 

k 

*w 


DE  LA  CAMPAGNE.  grÿ 

à  fèmence  refient  d’autant  mieux  fermées;  c’efl  ainfî  qu’on  le  pratiquer 
l’égard  de  la  femence  de  Poirée,  de  Chicorée,  de  Choux,  de  Navets, 
de  Raves,  &c.Mais  on  ne  pend  pas  fans  defTus  deflbusen  plein  air  la  fe¬ 
mence  des  Laitues  pommées,  quoiqu’elle  ne  meurifle  pa's  aulfi  tout  à  la 
fois,  car  elletomberoit  auffitôt  qu’elle  feroit  mûre;  outre  qifelle  ne  peut 
pasréfifler  fi  bien  à  la  pluie  fans  fe  pourrir;  c’efl- pourquoi  on  en  drefic 
les  Plantes  dans  des  paniers ,  qu’on  expofe  chaque  jour  en  plein  air 
quand  il  fait  beau,  les  tenant  à  couvert  pendant  les  tems  pluvieux. 

Quand  les  fèmences  ont  été  recueillies  feches ,  comme  elles  doix^ent 
l’être,  il  ne  faut  pas  qu’elles  fe  deflechent  trop ,  parce  qu’elles  ne  pour-- 
roient  pas  germer ,  fur-tout  les  fruits  à  Noyaux,  comme  Pêches,  Pru¬ 
nes,  Abricots,  Cérifes,  Mérifes,  &c.  car  leurs  Noyaux  perdent  par-là 
leur  vertu.  11  ne  faut  pas  non  plus  que  les  Pépins  de  Poires  &  de  Pom-- 
mes  fè  deflechent  trop.  Afin  de  pouvoir  les  conferver  plus  longtems  & 
d’en  être  pourvu  dans  des  années  de  peu  de  produit  ,  on^aura  foin  de  les' 
renfermer  &  de  les  conferver  fees  dans  de  petites  bouteilles  de’ verre  é-- 
pais,  &  on  enduira  le  bouchon  de  bourre  bien  pure,  trempée  dans  un 
peu  d’huile  de  Navette. 

On  conferve  lès  Pois  &  les  Fèves  dans  un  endroit  paflablement  fec  ■ 
dans  leurs  cofles,  afin  de  pourvoir  en  planter  encore  de  bons  la  fècondô- 
année. 

J’ai  cru  autrefois,-  félon  là  règle  ordinaire,  que  la  plus  fraîche  fèmen-- 
ce  étoit  la  meilleure  ,&  qu’il  ne  falloir  jamais  fe  fervir  de  femence  qui  eût 
plus  de  deux  ans  ;  mais  depuis  que  j’ai  négligé  la  manière  ordinaire  delà* 
conferver,  &  que  j’ai  eu  grand  foin  de  la  mettre  à  l’abri  de  l’air  dans  des’ 
bouteilles,  j’ai  vu  par  expérience,  qu’on  peut  conferver  &  employer  a-- 
vec  tout  le  fuccès  polTible  les  femences  pendant  plufieurs  années  de  fui-' 
te;  ainfi  j’ai  femé  de  la  femence  de  Laitues  pommées,  qui  avoir  fix  ans,. 
&  qui  avoir  été  confervée  dans  une  bouteille,  dont  le  bouchon  étoit  ci¬ 
ré;  elle  vint  àfouhait,  produifit  des  Laitues  pommées auffi  magnifiques- 
que  le  pourroit  faire  de  la  femence  d’une  ou  de  deux  années  ;  j’en  ai 
même  cultivé  d’une  autre  efpèce ,  nommées  Laitues  blanches  de  Trin- 
ce  y  de  femence  qui  avoir  huit' ans;  mais  celle  de  Laitues  rougeâtres  du 
même  âge  ne  prit  point.  J  ai  pareillement  cultivé  des  Pois,  quej’avois 
confervés  pendant  quelques  années  dans  des  bouteilles. 


'  CHA- 


LES  AGREMENS 


320 


CHAPITRE  IV. 


A 

Ail. 

Artichaiix, 

Afpcrges. 

B 

Bafilic. 


Lîjle  des  Fruits  du  Fotager, 

Epinars. 

Ellragon. 


O 


Beteraves.  Voyez  Ra. 


Oignons. 

F  Ozeille. 

Fenouil.  _  ^ 

(  tant  les  Panais.  Voyez  Racines; 

Fèves,  ^grofles  que 

^  V  les  Haricots.  Pn^prenelle. 


cines. 

Bois  de  ReglilTc. 
Bourache. 

C 

Céleri. 

Cerfeuil. 

Champignons. 

f  tant  fri- 
I 


H 


Chicorée. J  fée  que  cd-  ,  ... 
1  le  qui  ne 

'v.reft  pas.  MelilTc. 
fleurs 

^  bâtards 

Choux.  ;  cabus 


Herbe  aux  Chats. 
Herbe  aux  cuillers. 
Hyflbpe. 

L 

Laitues.  Voyez  Salade. 
Laurier. 

M  ' 


Poirée. 
Pois. 
Porreaux. 
Pourpier. 


U-.  ^ 


;  rouges  , ,  , 
I  frifés  blancs 


V  Chouxverds. 


Ciboules.  Voyez  Ail. 
Citrouilles. 

Concombres.  _ ,  , 

CrefTon. 

^  Mille. 

E 

Echalottes.  Navets. 


l'cantalou- 
I  pes. 
i  brodés, 
à  côtes. 
lifTes 
verds 
!  fucrés 
d’eau 
^blancs. 


N 


R 

rbete-raves. 
de  PifTen- 
lit. 

jaunes, 
de  la  Poi¬ 
rée  ou  Paf- 
Racines.  J  ferage. 

de  Perfîl. 
Salfifix. 
Scorfonnè- 
res. 

de  Chervi. 
v.des  Panais. 

Raves. 

Reponccs,  ou  gros  R  e-; 
forts. 

Rhue. 

'  Rocambole. 

Romarin. 

Roquette. 

S»  Sala^ 


DE.  LA  CAMPAGNE. 


321 


Salade, 


S 

Laitues 

^de  Chico¬ 

frifées  & 

rée, 

non  frifées 

dePiffenlit, 

Sa’ade. 

Laitues 

;  de  Choux, 

< 

pommées 

petite  ver¬ 

de  plu¬ 

te,  f. 

fieurs  for¬ 

petites 

. 

âtes. 

Sariette. 

Sauge. 

Scorlbnères.  Voyet 
Racines. 

T 

Thim. 

Tripe-madame. 


De  la  manière  de  cultiver  les  fruits  appartenans  au  Potager. 

AIL. 

Il  y  en. a  de  plufîeurs  fortes.  Des  Ciboules  ou  Appétits^  qui  appar¬ 
tiennent  auxdierbes  potagères  &  aux  fournitures;  on  en  mange  le  verd: 
on  les  multiplie  de  petits  cayeux  qif on  fépare  &  qifon  met  en  terre  : 
ils  croifTent  vigoureulèment  dans  une  terre  qui  n^eft  pas  trop  gralTe ,  & 
ne  veillent  pas  trop  de  Soleil  :  ils  continuent  à  croître  pendant  plufieurs 
années  dans  les  endroits  où  Ton  en  a  une  fois  planté ,  &  on  peut  en  cou¬ 
per  fouvent  le  verd.  De  la  Joubarbe  ;  c'eft  un  Arbifleau  qui  fe  multi¬ 
plie  de  bouture.  U  Ail  fe  multiplie  de  Cayeux. 


A  R  T  I  C  H  A  U  X. 


C’efl  un  Cardon:  il  y  enia  de  francs  &  de  fauvages.  On  multiplie 
les  prémiers  d’Oeilletons  qu’on  fépare  du  pié  après  la  gelée  &  qu’on  plan¬ 
te  de  nouveau. 

On  multiplie  les  fauvages  de  femence ,  mais  elle  ne  réfîfle  pas  à  un 
grand  froid;  c’eft  pour  cela  qu’il  ne  faut  point  la  fèmer  que  vers  la  fin 
d’ Avril  ou  au  commencement  de  Mai,  en  la  couvrant  d’un  pouce  déter¬ 
ré,  &  en  plaçant  cliaque  grain  à  trois  piés  de  diltance  fun  de  l’autre. 
Il  faut  en  mettre  trois  grains  enfemble,  dont  on  ne  doit  cependant  con- 
ièrver  qu’une  plante,  en  arrachant  les  deux  autres,  pour  empêcher  que 
ces  Cardes  dont  on  mange  les  rejettons  des  feuilles ,  ne  produilè  du 
fruit  dans  le  cœur ,  auquel  cas  elles  pouffent  des  tuyaux  ligneux  &  font 
moins  de  rejettons.  On  bute  de  plus  leurs,  rçjettpns  de  feuilles  qu’on  lie 
enfemble  ,  ou  bien  on  les  entoure  de  pajlle ,  aiin  qu’étant  devenus 
-blancs  &  tendres  dans  l’Autonne  &  dans;  riiiver,  on  en  puiffe  faire  de 
■»  Partie  IL  S  s  bon- 


LES  AGREMENS 


-321 

bonne  fbupe  k  la  viande:  ce  qui  eH;  commun  en  France,  mais  dans  ce 
Païs  ils  ne  méritent  pas  qu’on  les  cultive. 

Les  Artichaux  aiment  un  fond  de  terre  grafle  bien  fumée; ils  ne  fau- 
roient  rélifler  kun  froid  violent,  &  encore  moins  à  l’eau  de  neige, c’eft- 
pourquoi  on  les  tire  de  terre  ordinairement  au  commencement  de  l’Hi- 
ver;  &c  après  en  avoir  coupé  les  côtes  ligneufes,  on  les  plante  pendant 
l’Hiver  dans  des  Folfes  faites  exprès,  dont  le  fond  foit  parfaitement 
quarré,  &  qui  (oient  fuffifimment  élevées  au  defîus  de  l’eau:  ils  doivent 
être  près  à  près  &  à  côté  les  uns  des  autres  ;  &  pour  les  préferver  de 
la  gelée,  on  les  couvre  de  planches,  lerquelles,  qfuand  la  gelée  efl  fort 
'rude,  on  couvre  encore  avec  du  long  fumier  de  Cheval,  des  feuilles 
d’arbres  ou  telles  autres  choies  :  mais  parce  qu’étant  ainfi  renfermés  ils 
font  fort  fujets  à  fe  chancir ,  il  ne  faut  jamais  négliger  de  les  découvrir 
au  moindre  changement  de  tems,  afin  de  leur  donner  de  l’air.  - 

Pour  avoir  des  Artichaux  de  bonne  heure ,  on  laide  les  plantes  au  mê¬ 
me  lieu  où  elles  font  pendant  l’Fté;  on  les  y  couvre  de  fumier  de  Che¬ 
val,  chacun  en  particulier,  &  on  les  découvre  chaque  fois  que  le  tems 
change.  Quand  au  Printems  on  n’a  plus  à  craindre  de  fortes  gelées, on 
fépare  des  plantes  les  rejettons  furnuméraires ,  &  on  fouille  tout  autour 
la  terre ,  en  prenant  grand  foin  de  ne  pas  bleifer  les  racines. 

D’abord  qu’on  a  coupé  les  prémiers  fruits,  il  faut  arracher  les  feuilles 
des  tiges  qui  portent  fruit  :  par  ce  moyen  les  plantes  deviendront  plus 
grandes,  plus  vigoureufes,  oc  elles  réfuteront  mieux  au  froid  &k  tels 
autres  accidens. 

Outre  les  fauvages  qui  font  petits,  pointus,  piquans,  peu  charnus, 
tant  aux  feuilles  qu’aux  fonds, il  y  en  a  encore  de  deux  fortes ,  favoir  les 
ordinaires  &  ceux  d’Angleterre.  Les  ordinaires  ne  font  pas  fi  gros  ni  fi 
ronds,  mais  plus  hauts,  &  ont  des  feuilles  plus  droites  garnies.de  plus 
longs  &  de  plus  forts  piquans:  leurs  feuilles,  mais  non  pas  leurs  fonds, 
font  auffi  plus  charnus  que  ceux  d’Angleterre.  Ceux-ci  font  plus  gros  (Sc 
plus  ronds  par  le  bas ,  leurs  feuilles  font  auffi  par  le  haut  plus  rondes  autour 
du  fruit;  les  piquans  font  plus  enfoncés  dans  les  feuilles  &  ne  font  pas  fi  afilés. 

Les  Artichaux  de  Zélande  dififèrent  uniquement  de  ceux  d’Angleterre, 
en  ce  que  les  prémiers  ne  font  pas  fl  gros  par  le  bas. 

Les  Artichaux  font  une  nourriture  grofîière;  &  les  Cardons  valent 
encore  moins: on  fe  ferf  des  Fonds  ou  eus  dans  des  Ragoûts,  dans  des 
tourtes  de  Poulets  &  autres. 

En  1723  il  fit  fi  doux  pendant  l’Hiver,  que  les  Artichaux  ne  reftè- 
-,  rent 


ê 


DE  LA  CAMPAGNE. 


323 


rent  pas  leiilemênt  à  décCUVCrî: ,  niaiS  alîlTi  qu'ils  cop.tiii’jère.nt  telle¬ 
ment  leur  pouffe  qu’on  en  coupa  le  24,  de  Janvier  plulieurs  vigoureux 
fruits,  d’une  groffeur  fuffifante  pour  les  mettre  en  ragoûts. 


ASPERGES. 

Les  Afperges  font  de  plulieurs  elpèces  ;  ce  qui  les  diftingue  le  mieux , 
c’eft  que  les  unes  ont  la  tête  comme  par  écailles ,  &  les  autres  l’ont  unie. 
De  ces  prémières  il  y  en  aune  forte  d’une  groffeur  extraordinaire,  & 
dont  la  tête  n’eft  pas  plus  groffe  que  celle  d’une  Afperge  commune  ;  les 
Curieux  les  appellent  en  Hollandois  Bobbe-koppen  ;  c’eft  une  efpèce  b⬠
tarde,  qui  eft  coriace,  aqueufe  <Sc  defagréable.  La  meilleure  forte  a  la 
tête  unie ,  &  un  peu  moins  groffe  que  le  Iiaut  de  l’Alperge  :  elle  eft  de 
la  groffeur  d’environ  un  doigt;  il  y  en  a  auffi  parmi  ces  dernières,,  de 
moins  groffes ,  qui  ont  plus  de  fubftance  &  font  même  meilleures  que 
les  autres. 

Elles  fe  multiplient  toutes  de  graine ,  qu’on  recueille  des  plus  groffes 
Afperges  &  de  celles  qui  ont  la  tête  la  plus  unie.  On  laiffe  pendant 
tout  l'Hiver  cette  graine  renfermée  dans  leurs  bayes  rouges,  dont  l’ayant 
tirée  &  nétoyée  vers  le  tems  de  la  femaille ,  (ordinairement  après  la  ge¬ 
lée  à  la  fin  du  mois  de  Mars  ou  au  commencement  d’ Avril)  on  la  feme 
enfuite  à  une  telle  dillance,  que  chaque  graine  puiffe  pouffer  librement 
fes  racines ,  &  qu’on  puiffe  les  tranfplanter,  fans  que  l’une  endommage 
l’autre  :  deforte  qu’il  faut  les  arracher  quand  elles  croiffent  trop  dru. 

On  plante  la  fécondé  année  par  ordre  les  prémières  de  ces  Afperges  ve¬ 
nues  de  femence ,  ce  qu’on  croit  être  meilleur  que  de  fe  fervir  pour  cela, 
de  celles  qui  ont  deux  ans,  &  encore  mieux  quand  au  tems  de  la  fèmail- 
le,  on  met  enfemble  en  terre  trois  graines  féparées  dans  le  même  ordre 
de  la  tranfplantation  dans  de  petits  trous,  &  en  neconfervant  dans  la 
fuite  dans  la  même  place  que  celles  qui  croiffent  avec  plus  de  vigueur: 
les  racines  de  ces  Afperges  étant  alors  plus  comprimées ,  entreront  plus 
profondément  en  terre. 

Les  Afperges  aiment  une  terre  raifonnablement  élevée  au-deffus  de 
l’eau,  légère ,  fablonneufè  &  extrêmement  fumée,  qu’on  partage  en  cou¬ 
ches  larges  de  trois  piés  &  en  fentiers  larges  d’un  pié:  on  planteaucom- 
mencement  d’Avril  fur  les  Couches ,  pendant  untemslèc,  fur  de  peti¬ 
tes  élévations,  les  prémières  Afperges  d’un  an,  à  un  pié  &  demi  dedif- 
tance,  après  avoir  foigneufement  coupé  tout  ce  qu’il  y  a  de  gâté  ou 


LES  AGREME-NS 


324 

d’endommagé  à  leurs  racines 5  &  les  avoir  tant  foit  peu  rognées:  cepen¬ 
dant  on  ne  les  rognera  que  le  moins  qifil  lè  pourra,  65  on  aura  foin  en  les 
tranfplantant  de  les  écarter  comme  il  faut,  &  de  les  couvrir  enfuite  de 
trois  pouces  en  largeur,  de  terre  légère,  làblonneule  &  bien  fumée:  il 
faut  les  tenir  nettes  pendant  cette  année  ,  n’y  lailTer  croître  aucune  for¬ 
te  de  mauvaifes  herbes;  &  ne  pas  couper  le  montant  qu’à  la  fin  de  Sep¬ 
tembre;  mais  on  marquera  auparavant  les  endroits  où  il  en  manque, 
pour  les  remplacer  de  la  même  manière  au  Printems  fuivant:  après  cela 
on  rend  les  lèntiers  plus  profonds ,  afin  que  la  trop  abondante  eau  de 
pluie,  qui  endommageroit  les  racines ,  puilTe  s’écouler,  ce  dont  il  faut 
avoir  grand  foin. 

De  plus  on  couvre  tout-à-fait  les  Couches  contre  la  gelée,  de  fumier  de 
Cheval,  ce  quifert  aulTi  d’engrais  pour  les  fommitésdes  Plants;  au  Prin¬ 
tems  fuivant  on  bat  bien  la  longue  paille  de  ce  fumier ,  &  on  couvre 
encore  le  terreau  qui  refte  de  deux  pouces  de  terre,  &:  par-là  elles  font  en 
terre  à  la  profondeur  d’environ  cinq  pouces. 

Ayant  encore  marqué  les  Plants  qui  manquent,  ou  ceux  qui  viennent 
mal ,  on  coupe  le  montant  vers  la  fm  de  Septembre  de  Tannée  fuivante , 
on  fouille  les  fentiers  en  droite  ligne  à  la  profondeur  d’un  bon  pié,  & 
on  répand  la  terre  qui  en  vient  fur  les  Carreaux:  après  quoi  on  remplit 
de  nouveau  les  fentiers ,  de  fumier  de  Cheval  bien  foulé,  &  on  en  cou¬ 
vre  auffi  les  Couches  comme  l’année  d’auparavant.  ,  . 

La  troifième  année,  après  avoir  ôté  toute  la  grolfe  paille  qui  fe  trou¬ 
ve  mêlé  avec  le  fumier  de  Cheval ,  on  le  mêle  le  mieux  qu’on  peut  St 
fans  bleffer  les  fommités ,  avec  la  fuperlkie  de  la  terre  (il  faut  prendre 
garde  au  refte,  quand  on  fouille  la  terre,  ou  quand  on  coupe  les  Aiper- 
ges,  de  ne  jamais  toucher  les  fommités,  car  cela  caufo  infailliblement  de 
la  pourriture);  après  cela  on  couvre  encore  les  Plants  de  trois  bons  pou¬ 
ces  de  terre ,  &  alors  elles  font  en  terre  prefque  à  la  profondeur  de  neuf 
pouces;  enfuite  on  les  cueille,  excepté  celles  qui  font  mal  venues,  jufo 
qu’au  20  de  Afai. 

On  continue  la  quatrièrne  année  &  les  fuivantes ,  de  fouiller  les  fon- 
tiers  &  de  les  remplir  de  nouveau  de  fumier  comme  ci-devant,  ce  qui 
fournit  chaque  année  l’engrais  aux  Carreaux  :  alors  on  coupe  les  Alper- 
ges  jufques  à  la  mi-juillet,  &  jamais  au-delà:  on  coupe  le  montant  vers  le 
20  de  Septembre,  &  on  ramalTe  foigneufement  la  graine  mûre  qui  efl 
tombée  à  terre ,  Sc  s’il  en  refte  encore  dans  la  fuite  ,  on  ne  doit  pas  né¬ 
gliger  de  Toter.  On  rehaulfe  auffi  les  Carreaux,  afin  que  les  fommités  des 
Plants  foient  couvertes  d’onze  pouces  de  terre.  La 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  325' 

La  prémière  couche  du  fumier  des  Afperges  efl  entièrement  confuméc 
au  bout  de  douze  ans,  auquel  tems  les  Plants  devroient  être  renoiivel- 
lés  &  plantés  fur  une  terre  neuve.  Cependant  fl  on  les  fume  chaque  an¬ 
née  par  delTus,  elles  dureront  plus  longtems^  fur-tout  quand  on  le  fait 
avec  du  fumier  de  Vache. 

Qiiand  les  jeunes  Afperges  lèvent  fimples  &  épaiffes,  on  ne  les  cueil¬ 
le  qu’une  feule  fois  la  troifième  année ,  ahn  qu’elles  aquièrent  de  meil¬ 
leures  fommités ,  &  qu’elles  s’étendent  davantage,  car  autrement  elles 
périflent  fouvent  dans  le  Plant  même.  C’ell  au  refte  une  choie  infailli¬ 
ble,  qu’en  cueillant  en  quantité  &  longtems  des  Alperges,on  ne  les  rend 
pas  feulement  plus  menues,  mais  aulîi  on  en  fait  poulfer  beaucoup  plus 
a  la  Plante. 

Les  Afperges  croiflent  avec  leurs  fommités  en  haut ,  les  racines  vers  le 
bas  environ  à  deux  pieds  de  profondeur  ;  c’ell-pourquoi  il  ne  faut  pas 
les  planter  fi  profondément ,  quoiqu’elles  aiment  l’iiumidité ,  que  leurs 
racines  atteignent  l’eau  ;  leurs  fommités  s’étendent  rarement  à  plus  d’un 
pié. 

On  prétend  que  les  meilleures  Alperges  font  celles  qui  durent  longtems, 
qui  font  croquantes , fans  filamens,qui  ont  la  tête  liire,&  font  d’une grof- 
leur  médiocre  :  elles  font  aulTi  communément  les  moins  aqueufes ,  les 
plus  agréables  au  goût ,  &  les  plus  fermes  ;  plus  elles  font  fraîchement  cueil¬ 
lies  ,  meilleures  elles  font  ;  c’eft  pour  cela  qu’on  les  cueille  communément 
pour  la  table  deux  fois  le  jour,  le  matin  de  bonne  heure  &  le  foir  tard; 
celles  qui  font  cueillies  depuis  longtems  deviennent  infipides  &  amères. 

Au  tems  de  la  cueillette  on  égaillé  la  liiperficie  des  Careaux ,  afin  que 
les  Afperges  qui  pouffent,  puiffent  être  apperçues  par  la  convexité  de 
la  terre  avant  qu’elles  paroiffent  par-delTus. 

•BASILIC 

Le  Bafilic  appartient  aux  fines  fournitures  de  Salade.  Il  y  en  a  de 
plufieurs  fortes  dont  on  ne  cultive  dans  nos  Jardins  potagers  que  la  peti¬ 
te  elpèce;  mais  parce  qu’elle  ne  réfifie  point  au  froid  ,  &  que  cependant 
on  la  mange  en  fourniture  fur-tout  avec  les  Concombres on  la  feme  au 
commencement  du  Printems ,  dans  une  terre  bien  fumée ,  (Sc  bien  ex- 
pofée  au  Soleil ,  la  couvrant  de  vitres  &  la  préfèrvant  du  froid.  Quand 
on  la  feme  de  bonne  heure ,  on  recueille  de  la  femence  mûre,  ce  qui  au¬ 
trement  arrive  rarement  ou  point  dans  ce  Païs. 

Ss  3  BE- 


L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S 

•  *  “■'C  ’ 

f  r  •  •  '  f  '  "  . 

^  •  r  r* 

•«V  ^  ; 

BETERAVES.  Voyez  Racines. 

#  * 

REGLISSE. 

La  Reglifle  eft  un  Arbrifleau  ligneux, dont  les  rejettons  ligneux  d’en- 
Iiaut  meurent  chaque  année  :  on  les  coupé  au  Printems  fuivant  tout  près 
de  terre.  Ceft  proprement  la  racine ,  qu’on  appelle  Reglifle ,  le  relie 
n’étant  d’aucun  ufage. 

B  O  U  R  A  C  H  E. 

C’ell  une  fourniture,  qui  produit  de  la  femence  mûre,  laquelle  ayant 
été  feméej  lève  abondamment  l’année  fiiivante. 

CELERI. 

Le  Céleri  cft  un  Légume  qui  vient  en  toufe,  &  une  efpèce  de  Perlîl. 
Il  y  en  a  de  plulieurs  fortes,  à  tuyaux  blancs  &  rouges;  les  uns  plus 
toufus  &  les  autres  moins  ;  il  y  en  a  aiilTi  qui  le  font  très  peu.  De 
toutes  ces  efpèces  on  ne  cultive  dans  nos  Jardins  potagers ,  que  celles 
dont  les  tuyaux  font  blancs. 

L’elpèce  la  plus  grofle  &  la  plus  toufue,  que  nous  nommons  Céleri 
de  Brabant ,  a  le  pié  plus  gros  &  plus  creux ,  peu  ou  point  de  rejet- 
tons  latéraux;  elle  monte  plutôt  en  graine ,  &efl  le  plus  fujet  à  le  pour¬ 
rir  quand  elle  ell  butée.  C’efl  cependant  le  meilleur  Céleri  d’Eté.  Cet¬ 
te  efpèce  comme  il  a  déjà  été  remarqué  /  n’a  Ibuvent  qu’une  branche  au 
milieu,  mais  comme  cette  brandie  eft  fort  grofle,  il  y  a  plus  à  manger 
à  elle  feule ,  qu’au  Céleri  fin  avec  fes  rejettons  latéraux  :  outre  que  ce 
Céleri  pour  être  venu  en  peu  de  tems,  eft  plus  tendre  à  la  dent,  &  a 
une  faveur  plus  forte,  reflemblant  pour  le  goût  è  la  Livèche,  ce  qui  le 
fait  paroître  beaucoup  plus  agréable  à  bien  des  géns ,  que  l’efpèce  qui  ell 
plus  fine.  11  faut  fe  fouvenir,  à  l’égard  de  cette  efpèce,  qu’elle  efl  fu- 
jette  à  fe  pourrir  plutôt,  &  que  pour  cela  il  ne  faut  pas  qu’elle  relie  fi 
longtems  butée ,  fur-tolit  dans  les  tems  humides  &  pluvieux.  Le  Cé¬ 
leri  croît  naturellement  avec  vigueur ,  haut  &  étendu;  c’efl  pour  cela 
qu’il  en  faut  tranfplanter  pour  le  moins  à  un  pié  de  diflance  ,  des  Plantes 
Amples  par  rangs ,  à  trois  piés  de  diflance ,  afin  de  pouvoir  les  buter 

comme 


comme  il  faut;  mais  fi  on  ne  veut  buter  qu’une  feule  rangée  pour  faire 
blanchir  le  Céleri,  on  peut  alors  les  placer  à  la  diftance  de  deux  piés  & 
demi ,  &  tranlplanter  dans  les  tranchées  les  plantes  à  la  diilance  de  quin¬ 
ze  pouces  5  ou  plus.  On  plante  plus  près  la  plus  grofle  elpèce  fuivante , 
favoir  à  douze  &  à  dix  pouces. 

Les  jardiniers  ont  coutume,  en  tranfplantant  le  Céleri,  de  mettre 
enfemSle  deux  ou  trois  Plantes ,  lefquelles  en  croilTant  s’entrelalTent  fi 
fort,  qu’elles  n’en  paroilTent  qu’une  feule  très  grofle  quand  on  les  arrache. 
Cependant  il  y  a  moins  à  manger  à  un  tel  pié ,  qu’à  un  fimple  dont  les 
branches  font  plus  grofles  ,  quoique  tout  le  pié  foit  moins  gros ,  & 
qu’il  ait  été  féparément  planté.  On  met  les  Plantes ,  à  plus  ou  moins 
de  diftance,  aufli  bien  que  les  rangs,  non  feulement  à  proportion  que 
c’efl:  du  Céleri  fin  ou  grolfier,  mais  aulfi  à  proportion  que  la  faifon  eft 
plus  ou  moins  féconde. 

Jlne  faut  jamais  tranfplanter  des  Plantes  qui  ont  été  femées  dansl’Au- 
tonne,  car  elles  montent  d’abord  en  graine.  Le  meilleur  tems  pour  fe- 
mer  du  Céleri  d’Eté,  c’eft  la  mi-Février,  fous  des  vitres,  fur  un  peu 
de  fumier  chaud  de  Cheval ,  après  que  la  graine  a  trempé  pendant  une 
nuit ,  &  qu’on  l’a  mife  enfuite  mouillée  dans  un  lieu  chaud  jufqu’à  ce 
qu’elle  foit  en  germe,  ce  qui  demande  ordinairement  deux  ou  trois  le- 
maines.  On  peut  de  plus  fèmer  dru  ce  Céleri ,  parce  qu’on  n’efl;  pas  af¬ 
finé  de  la  bonté  de  la  graine;  mais  fi  elle  monte  fort  dru,  il  faut  éclair¬ 
cir  légèrement  les  Plantes ,  afin  que  celles  qui  reflent  puiflent  croître 
&  s’étendre  comme  il  faut.  J1  ne  faut  pas  non  plus  tranlplanter  le'Cé- 
leri  trop  jeune,  parce  que  ces  petites  Plantes  ne  prennent  pas  affez  vite, 
n’ayant  que  peu  &  de  petites  racines,  ce  qui  reflerre  davantage  les  po¬ 
res  des  petits  bourgeons,  les  empêche  toujours  de  croître  comme  il 
faut. 

Avant  que  de  buter  le  Céleri ,  il  faut  qu’il  -ait  fa  grandeur  requife , 
parce  qu’alors  les  rejettons  qui  font  fous  terre  feront  moins  fujets  à  fe 
pourrir.  11  faut  prendre  garde  aufli  ,  quand  on  le  bute ,  de  ne  bief- 
îèr  aucun  defes  tuyaux,  parce  que  cela  lait  pourrir  les  bourgeons.  Il 
faut  au  relie  le  buter  avec  du  fable  pur ,  &  non  pas  avec  du  terreau.  En 
butant  le  Céleri  il  devient  blanc,  &  tendre  à  la  dent,  ce  qui  eft  un  com¬ 
mencement  de  pourriture  ;  c’eft-pourquoi  il  ne  doit  pas  relier  trop  long- 
tems  buté:  le  tems  pour  cela  ell,  félon  qu’il  fait  plus  ou  moins  chaud 
^dans  laSaifon,  en  Eté  quinze  jours,  enliiite  trois  femaines,&  vers  l’Hi¬ 
ver  plus  encore,  avant  qu’on  l’arrache  pour  manger.  Cependant  la 

meil- 


328  LES. AGRE  MENS 

meilleure  manière  de  confèrver  le  Céleri  d’Hiver  loiTqiril  gele,  c’eft  de  ne 
le  pas  buter  trop  haut,  parce  qu’il  eft  alors  trop  fujet  à  fe  pourrir,  la 
gelée  ne  fortant  pas  fi  bien  hors  des  branches,  que  s’il  avoitété  moins  bu¬ 
té.  11  ne  faut  pas  non  plus  que  ce  Céleri  de  Printems  foit  trop  grand,  par¬ 
ce  qu’alors  il  continuera  mieux  à  croître  en  plein  air  fans  foufrir,  que  ce¬ 
lui  qu’on  conferve  dans  la  maifon. 

CERFEUIL. 

Le  Cerfeuil  fe  multiplie  de  graine ,  dont  la  meilleure  efi  celle  qu’on 
recueille  du  Cerfeuil  d’Hiver.  11  aime  une  terre  légère  ,  grafle  ,  bien 
amendée  :  il  épuilè  extrêmement  la  terre ,  parce  qu’il  fait  beaucoup  de 
racines,  fur-tout  celui  d’Autonne :  c’efi:  pour  cela  que  les  Jardiniers  ne 
doivent  jamais  femer  dans  une  terre,  où  il  y  a  eu  du  Cerfeuil,  des  Ca¬ 
rottes  jaunes ,  les  racines  de  Cerfeuil  les  empêchant  de  pénétrer ,  ce 
qui  fait  que  dans  de  pareils  fonds  elles  font  toutes  nouées. 

On  peut  femer ‘du  Cerfeuil  de  Printems  entre  les  rangs  des  grofies  Fè¬ 
ves  &  des  Pois,  pourvu  qu’on  le  coupe  avant  qu’il  ait  eu  le  tems  de  fai¬ 
re  beaucoup  de  racines. 

CHAMPIGNONS.- 

Ceux  de  cette  efpèce  qu’on  mange  appartiennent  au  Jardin  potager , 
où,  dans  des  terres  fablonneufes  extrêmement  mêlées  avec  du  fumier  de 
Cheval,  ils  viennent  fouvent  fans  qu’on  les  feme  ,  dans  des  Autonnes 
pluvieufes  &  chaudes.  On  les  difiingue  en  Champignons  bons  à  man¬ 
ger  &  en  ceux  qui  ne  le  font  pas,  &  qui  font  même  un  poifon.  On 
^  diftingue  encore  les  prémiers  en  Champignons  de  Printems  &  d’Auton¬ 
ne.  Ceux  du  Printems  s’appellent  Morilles ,  lefquelles  croilTent  fur  de 
vieux  arbres ,  &  prefque  toujours  fur  de  vieux  Chênes.  J’en  ai  vu  aulTi 
beaucoup  fiir  des  Careaux  de  fleurs  d’une  terre  légère ,  fiir  lefquels  on 
avoit  répandu  du  Tan  d’un  an.  Ces  Morilles  font  prefque  toujours  ob- 
longLies ,  de  la  figure  d’un  œuf ,  creufes  en  dedans  ,  &  ont  par  def- 
fous  un  tuyau  creux  finiflant  en  rond.  Les  Champignons  d’Autonne 
viennent  en  grande  quantité  quand  il  fait  une  faifon  pluvieufè  &  chau¬ 
de  ,  dans  les  Prairies  où  pâment  les  Chevaux  :  ils  font  prefque  tous 
blancs  par  deffiis  &  ronds ,  creux  en  dedans  &  un  peu  plats:  tant  qu’ils 
font  jeunes ,  ils  font  fermés  jufqu’à  la  queue  ;  mais  quand  ils  grofiilfent 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  32p 

la  petite  peau  fe  crève,  &  paroit  comme  de  petits  filamens  rougeâtres, 
lefqiiels ,  de  même  que  les  Champignons ,  s’ils  relient  trop  longtems  en 
terre,  deviennent  d’une  noirceur  extrême,  la  chair  des  Champignons 
fe  gâtant  entierêment,  &  devenant  coriace.  Leur  convéxité  dilparok 
aiüli ,  &  ils  deviennent  d’un  rond  prefque  plat.  Les  Champignons, 
qui  viennent  dans  les  Jardins  potagers ,  font  de  la  même  figure ,  d’a¬ 
bord  creux ,  &  aufli  ronds  qu’une  petite  boule ,  devenant  enfuite  plus 
plats  par  le  haut,  mais  d’une  couleur  plus  grife:  ils  ne  font  pas  non  plus 
par  deflbus  fi  clairs ,  ils  font  cependant  d’un  brun  rougeâtre ,  &  la  chair 
en  eft  plus  ferme  &  plus  folide,  que  de  ceux  qu’on  cueille  dans  les  Prai¬ 
ries.  ! 

CHICOREE  ou  ENDIVE. 

L’Endive  ell  une  forte  de  Chicorée  franche.  On  en  mange  les  feuil¬ 
les  fans  être  cuites ,  &  elles  font  aulfi  très  faines  étant  étuvées  &  cuites 
dans  du  bouillon. 

11  y  en  a  de  pliifieurs  fortes,  comme  de  la  grande ,  à  feuilles  plus  ou 
moins  larges ,  dentelées ,  &  celle  qui  ne  l’eft  pas ,  frifée  &  non  frifée. 
De  toutes  ces  efpèces ,  celles  à  larges  feuilles ,  &  non  crénelées ,  font  les 
meilleures , parce  qu’elles  font  de  plus  longues  &  déplus  grofies  Plantes: 
on  peut  les  lier  aifément  fans  rompre  les  feuilles ,  &  elles  fe  pourrifient 
moins  au  dedans. 

On  multiplie  la  Chicorée  de  femence  :  on  la  tranlplante  enfuite ,  afin 
qu’elle  devienne  plus  toufue;  mais  il  ne  faut  pas  la  tranlplanter  trop  pe¬ 
tite,  car  elle  ne  prendroit  que  difficilement,  &  outre  cela  elle  croitroit 
dans  la  fuite  avec  moins  de  vigueur. 

On  recueille  la  femence  de  Chicorée,  de  celle  qui  a  pafTé  l’Hiver,  ou 
bien  des  Plantes  qui  font  venues  de  femence,  de  bonne  heure  au  Prin- 
tems  fous  des  vitres,  &  qui  ont  été  enfuite  tranfplantées;  ce  qui  donne 
la  meilleure  femence.  Q.uand  les  Plantes  à  graine  ont  à  peu  -  près  leur 
grandeur  requife  ,  on  les  rogne  par  le  haut,  afin  de  leur  faire  pouffer 
plus  de  feuilles. 

On  feme  de  la  Chicorée  d’Eté,  d’Autonne&  d’Hiver.  On  feme  cel¬ 
le  d’Eté  au  commencement  du  Printems ,  &  fouvent  on  la  couvre  d’a¬ 
bord  de  vitres  contre  la  gelée;  elle'monte  bientôt  en  graine:  c’eft  pour 
cela  qu’il  faut  femer  pour  l’Eté  de  *Ia  Chicorée  à  larges  feuilles  &  fri¬ 
fée,  parce  qu’elle  monte  le  moins  de  toutes  en  graine.  On  feme  la  Chi¬ 
corée  d’Autonne  au  commencement  de  Juillet ,  <Sc  celle  d’Hiyer  depuis 
Partie  IL  Tt  Iq 


LES  AGREMENS 


33? 

le  milieu  julqu’à  la  fin  de  ce  mois ,  car  celle  qu’on  lème  plus  tard  n’efl 
guère  bonne  à  manger  ;  &  comme  la  graine  pouïïe  diverfement ,  on 
trouve  fou  vent  parmi  la  femaille  dAutonne^  de  plus  petites  Plantes  pour 
de  la  Chicorée  d’Hiver. 

La  graine  la  plus  récente  efl  plus  fujette  à  monter ,  que  celle  qui  eft 
plus  vieille  ou  qui  a  plufieurs  années  :  on  fe  gardera  donc  bien  de  culti¬ 
ver  de  la  Chicorée  d’Eté ,  de  graine  qui  n’a  qu’un  an ,  mais  on  y.  em- 
ployera,  en  général,  de  celle  qui  a  trois  ans. 

Quand  on  tranfplante  la  Cliicorée  en  tems  fec  il  faut  la  tremper  tout- 
à-fait  dans  l’eau  après  l’avoir  rognée  par  le  haut,  &  enfuite  trainer  fes  ra¬ 
cines  par  terre ,  pour  les  en  couvrir;  elle  prendra  alors  d’autant  plus  fû- 
rement. 


CHOU  X. 

4  ‘ 

Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes ,  lefqiielles  lè  multiplient  toutes  de  femen- 
ce.  Les  Choux  aiment  une  terre  fraiche  qui  n’ait  point  été  cultivée, 
&  qui  ne  foit  ni  trop  légère ,  ni  trop  amendée ,  &  l’engrais  qu’on  y  em¬ 
ploie  doit  contenir  des  parties  plutôt  falées  que  huileulès  ;  deforte  qu’il 
vaut  mieux  faire  ufage  de  fumier  de  Cheval,  que  de  celui  de  Vache  ou 
de  verdure  pourrie  ;  car  ce  fel  fera  que  les  Choux  feront  plus  doux  -& 
d’un  goût  plus  agréable.  Qiiand  les  champs  aux  Choux  fe  lèchent  trop 
légèrement,  les  Vers  rongent  d’autant  plus  leurs  racines,  ce  qui  les  rend 
raboteufes  &  fujettes  à  fe  pourrir..  De  plus  les  Choux  aiment  à  changer 
tous  les  ans  de  place ,  &  à  croître  dans  des  endroits ,  où  l’on  n’en  ait 
point  cultivé  depuis  plufieurs  années,  ils  y  croilfent  avec  vigueur  ;  au- 
iieu  que  les  champs  où  l’on  feme  des  Choux  la  fécondé  année  produifent 
de  mauvais  fruits ,  &  de  plus  mauvais  encore  dans  la  fuite,  jufques  au 
point  qu’on  peut  empoifonner  par  ce  moyen  la  terre,  de  manière  qu’il  n’y 
ait  plus  aucune  autre  Plante  qui  veuille  y  croître. 

On  diftingue  les  Choux  en  Chouxdleurs ,  &  Choux  pommés  ou  ea- 
bus,  dont  le  fi'uit  efl  rond  comme  une  boule:  il  y  en  a  aulTi  une  efpèce 
‘qui  ne  pomme  pas  <Sc  qui  n’eil  pas  ronde,  fon  fruit  confiflant  dans  fes 
feuilles. 

Parmi  les  Choux-fleurs,  il  y  en  qui  ont  la  fleur  grande,  les  autres  pe* 
tite ,,  aulfi  plus  ou  moins  ferrée ,  blanche  ou  grifatre  ;  les  grandes  fleurs 
Manclies  fort  ferrées ,  rondiffant  fans  fe  partager,  paffent  pour  être  les 
lodlleures,  quoiqu’a  cet  égard  les  goûts  varient  fort,  puifqu’il  y  en  a 

beau-T 


DELACAMPAGNE.  33^ 

beaucoup  qui  préfèrent  pour  le  goût  celles  qui  font  moins  ferrées  que 
les  .autres.  Au  relie  c’eft  le  Climat  &  les  fonds  qui  font  les  Choux- 
fleurs  (plus  que  toute  autre  chofe)  plus  grands  &  plus  ferrés.  On  ne  les 
cultive  nulle  part  mieux  que  dans  î’Ile  de  Chipre  &  en  Angleterre;  ce¬ 
pendant  la  graine  que  nous  recevons  de  ces  lies,  ne  produit  pas  d’aufli 
bons  Choux-fleurs:  ceux  qui  viennent  defemence  recueillie  dans  cePaïs 
font  meilleurs,  pourvu  qu’ils  aient  d’abord  été  produits  par  la  graine  de 
ceux  de  Chipre  ou  d’Angleterre;  cette  féconde  culture  leur  eft  avanta- 
geufè.  On  fème  les  Choux-fleurs  en  Autonne  &  pendant  l’Hiver ,  & 
on  les  confèrveauflidans  le  commencement  du  Printems  fous  des  vitres; 
après  cela  on  les  plante  féparément ,  &  on  les  préfèrve  de  la  gelée. 

Les  plus  mauvaifes  Plantes,  &  celles  qui  produifent  les  plus  mauvais 
fruits,  font  celles  qui  croiflent  en  peu  de  tems;il  en  efl  fur- tout  ainfides 
Choux-fleurs.  C’ell  pour  cela  qu’en  général  il  faut  prendre  les  Choux 
qui  font  d’une  pouffe  médiocre ,  qui  ont  le  pié  court,  &  la  tête  groffe, 
&  laiffer  aux  ignorans , comme  les  plus  mauvais,  ceux  qui  font  flasques, 
telles  que  font  les  hâtifs.  On  fe  fouviendra  de  plus ,  quand  il  s’agit  en 
général  de  tranfplanter  toutes  fortes  de  Choux,  qu’il  faut  mettre  ceux 
qu’on  tranfplante  au  commencement  du  Printems ,  en  terre  jufqu’à  l’en¬ 
droit  d’où  fortent  leurs  feuilles,  c’efl-à-dire  fort  avant,  mais  non  pas  fi 
profondément  les  Choux  d’Eté.  11  faut  aufli  bien  prendre  garde  que  les 
Choux  ayent  des  rejettons  dans  le  cœur ,  fans  lefquels  ils  ne  fauroient  pro¬ 
duire  des  fleurs ,  ou  fi  par  hazard  ils  en  pouffent  par  les  côtés  qui  vien¬ 
nent  du  cœur,  ils  ne  deviendront  jamais  rien  qui  vaille.  Il  faut  aufli 
arracher  tous  les  jets  liirnuméraires ,  tant  des  Choux-fleurs  que  des  pom¬ 
més,  afin  qu’il  n’en  vienne  pas  de  fruit,  ce  qui  rendroit  le  Choux  d’au¬ 
tant  plus  petit. 

On  fème  des  Choux-fleurs  d’Eté  plus  tardifs,  d’ Autonne  &  d’Hiver,' 
depuis  Mars  jufqu’à  la  fin  de  Mai,  &  on  les  tranfplante  de  tems  en  tems 
quand  le  tems  eft  bon  jufqu’à  la  St.  Jaques ,  ou  jufqu’au  25*  de  Juillet, 
&  quelquefois  un  peu  plus  tard;  mais  il  en  vient  rarement, de  bonnes 
fleurs  ;  le  meilleur  tems  pour  femer  des  Choux  d’ Autonne  étant  un  peu 
plus  tard  que  la  mi-Mai.  Quand  il  gelc  en  Hiver,  lorfque  les  Choux- 
fleurs,  n’ont  pas  encore  leur  grandeur  requifè,  on  en  rompt  légèrement 
les  feuilles, &  on  en  couvre  les  fleurs  pour  lespréfèrver  delà  gelée,  pou¬ 
vant  réfifter  par  ce  moyen  à  une  gelée  médiocre,  tandis  que  la  fleur, 
quand  il  fait  beau ,  continue  encore  à  croître. 

Les  Choux-fleurs  doivent  avoir  plus  d’engrais,  que  les  Choux  rouges 

T  t  2  ou 


352 


LES  AGREMENS 

ou  autres  Choux  pommés ,  &  ces  derniers  plus  que  les  Choux  de 
Milan. . 

Pour  conferver  pendant  THiver  jiifqu’au  Printems  les  Choux-fleurs ,  il 
faut  les  pendre  dans  un  lieu  fec  au  plancher  avec  la  fleur  en  bas,  où  la 
gelée  ne  puifle  parvenir. 

Les  CJioux  qui  pomment ,  font  les  rouges ,  les  rouges  bâtards ,  les  ca- 
busjles  Choux  blancs  ceux  de  Milan.  11  y  en  a  de  deux  fortes  de  rou¬ 
ges,  une  grolTe  qui  croît  ronde  &  peu  élevée  fur  le  pié,  dont  les  feuil¬ 
les  font  plus  épaifles,  moins  ferrées,  &  dont  le  pié  eft  plus  gros;  ce 
font  ceux  que  les  Jardiniers  cultivent  le  plus.  11  y  en  a  une  autre  forte 
plus  petite;  elle  ell  fort  élevée  fur  le  pié,  plus  menue,  a  des  feuilles  u- 
nies  &  des  côtes  plus  Anes,  outre  qu’elle  n’eft  pas  fi  ronde ,  mais  un  peu 
plus  pointue:  elle  efl:  plus  douce  au  goût,  mais  un  peu  petite;  aulfi  ar¬ 
rive-t-il  fouvent,  parce  qu’elle  efl:  fi  élevée,  qu’elle  fe  renverfe  <Sc  fe  dé¬ 
racine  ,  ce  qui  empêche  les  Jardiniers  d’en  cultiver  pour  vendre. 

Choux-bâtards;  c’eft  une  forte  abâtardie  qui  vient  de  la  femence  des 
rouges. 

Choux-cabus,  en  Hollandois  Kappertîem-kool^  ainfi  nommé  d’une 
feuille  frifée  qui  en  fort  par  le  haut  en  guife  de  Cliaperon. 

On  feme  &  on  tranfplante  quelquefois  les  Choux  rouges  pour  en  avoir 
de  bonne  heure  dans  l’Eté ,  mais  le  plus  fouvent  pour  l’Hiver,  afin  de 
pouvoir  en  manger  jufques  fort  avant  dans  le  Printems.  Pour  les  confer¬ 
ver  fains ,  il  ne  faut  pas  les  femer  de  trop  bonne  heure ,  afin  d’empêclier 
qu’étant  trop  mûrs  ,  ils  ne  crèvent  par  la  chaleur  de  l’Autonne.  Le 
tems  le  plus  convenable  pour  les  femer  efl;  après  la  mi- Avril ,  &  on  les 
tranfplante  au  commencement  de  Juin.  Quand  ils  ont  leur  grandeur  re- 
quife,  &  que  l’on  craint  que  fi  le  oeau  tems  continue,  ils  ne  viennent 
à  crévèr,  on  les  foulera  tout  doucement ,  pour  tempérer  un  peu  leur 
poufle.  On  foule  de  même  les  Choux  qui  font  trop  élevés  fur  pié,  de 
manière  cependant  qu’on  ne  les  retarde  pas  dans  leur  pouffe,  mais  que 
les  têtes  foient  tournées  au  Soleil,  afin  de  les  empêcher  de  fe  redreffer; 
on  les  bute  auffi  jufqu’au  collet  après  les  avoir  ainfi  foulés.  De  plus 
pour  qu’ils  durent  plus  longtems,  on  les  laifle  en  plein  champ  for  pié, 
tant  qu’il  n’y  a  rien  à  craindre  pour  eux  de  la  gelée  :  il  faut  cependant 
les  couper  en  tems  fec  avant  la  forte  gelée,  &  alors  on  les  confèrve  mieux 
en  plein  air  que  dans  la  maifon ,  en  les  entaffant  par  monceaux  de  trois 
ou  quatre  Choux  de  haut ,  &  en  les  couvrant  de  terre.  Mais  cela  efl 
plus  le  fait  des  Jardiniers ,  qiü  en  retirent  chaque  fois  plufieurs ,  que 

pour 


m 


DE  LA  CAMPAGNE. 

pour  ceux  qui  n^en  ont  befoin  que  pour  Tulage  journalier. 

Les  Choux  pommés  blancs  font  aulH  de  plufieurs  fortes,  maïs  on  les 
diftingue  ordinairement  en  Choux  blancs  communs,  grands  &  petits; 
c’eft  une  efpèce  de  Ciioiix  de  Mofcovie.  On  ne  feme  pas  tant  les  Choux 
blancs  pour  avoir  des  Choux  d’Hiver  ,  mais  plus  pour  avoir  des  Choux 
hâtifs  d’Etô  que  Ton  tranfplante  au  Printems.  On  peut  les  manger  bien 
plutôt  que  les  Choux  rouges; on  les  feme  ordinairement  dans  TAutonne 
au  commencement  de  Septembre. 

Les  Choux  rouges  auiïi  bien  que  les  blancs  aiment  plus  que  tous  les 
autres  un  engrais  lalé  &  fulphiireiix ,  étant  ordinairement,  dans  de  pa¬ 
reils  fonds,  plus  doux  au  goût,  tels  que  font  les  Choux  dans  les  terres 
bitumineufes. 

Choux  de  Savoye  ou  de  Milan  ;  il  y  en  a  de  diverfes  fortes ,  mais  diHin- 
guées  chez  nous  en  choux  communs  &  en  une  autre  forte  bâtarde,  plus 
lèrrée,  plus  grande, &  plus  blanche,  que  les  Choux  blancs  qui  font  plus 
petits  &  moins  lèrrés:  ces  derniers  font  bien  plus  agréables  au  goût.  On 
ne  cultive  jamais  ces  Choux  que  pour  l’Hiver,  parce  qu’alors  ils  ont  meil¬ 
leur  goût,  quand  la  gelée  les  a  blanchis  &  rendus  tendres:  les  petits 
&  les  moins  ferrés  font  les  plus  agréables  au  goût.  On  les  feme  à  lami- 
Avril,  ou  un  peu  plus  tard,  &  on  les  tranÇ)lante  depuis  la  St.  Jean 
jufqu’à  la  mi- Juillet. 

11  y  a  auÛl  plufieurs  fortes  de  Choux  frifés  ou  crépus  ,  favoir  des 
verts  &  à  feuilles  rondes, lefquelles  font  de  différentes  couleurs ,&  qu’on 
cultive  plus  pour  orner  les  tables  &  les  plats  que  pour  toute  autre  chofe. 
Bien  des  gens  eftiment  comme  un  très  bon  mêts,  les  feuilles  des  Choux 
verts ,  après  qu’ils  ont  été  gelés.  ^ 

Les  Choux  qu’on  appelle  en  Hollande  Slooren^,  ne  pomment  pas  non 
plus:  on  en  cultive  peu  dans  ce  Fais,  mais  beaucoup  en  Angleterre  pour 
l’Eté,  fous  le  nom  de  Green  Cabbage^  où  on  en  mange  les  troncs  avec 
les  feuilles. 

Pour  buter  les  Choux  il  faut  fe  fervir  d’un  tems  convenable,  la  terre 
ne  devant  être  ni  trop  humide,  ni  l’air  trop  ardent,  car  autrement  l’une 
ou  l’autre  de  ces  chofes  pourroit  aifément  gâter  la  peau  extérieure  des 
troncs  ; c’efl-poiirquoi  on  attendra  à  le  faire, que  la  terre  ne  foit  pas  trop 
humide ,  &  que  le  tems  foit  frais. 

Les  Choux  font  fort  fujets  à  être  rongés  par  les  Chenilles,  dont  ils 
faut  les  purger  continuellement  avec  un  foin  extrême.  On  dit  que  les 
Choux  plantés  dans  Je  voifinage  des  Pois  ,  font  moins  ffijets  aux  Chenil- 

Tt  3  •  les. 


les  5  parce  que  les  Papillons  fe  pofent  plus  volontiers  fur  le  montant  des 
Fois,  6c  qu’ils  y  pondent  leurs  œufs. 

CIBOULES.  Voyeiz  A  I  L. 
CITROUILLES, 

Les  Citrouilles,  Plantes  rampantes,  font  des  espèces  de  Courges  de 
Turquie,  mais  plus  longues  &  plus  grofles:  elles  font  d’un  mauvais 
goût,  6c  une  mauvaife  nourriture,  6c  ne  méritent  pas  d’être  cultivées 
dans  des  Jardins  potagers  bien  ordonnés. 

CONCOMBRES. 

( 

Ce  font  des  Plantes  rampantes  dont  il  y  a  plufieurs  efpèces  plus  ou 
moins  longues,  des  jaunes,  des  blanches  6c  des  vertes.  Nos  Jardiniers 
n’en  cultivent  que  pour  vendre  les  blanches  ;aii-lieii  que  les  François  6c  les 
Anglois  trouvent  les  vertes  bien  meilleures  au  goût  que  les  jaunes  6c  les 
blanches.  Parmi  les  jaunes  il  y  en  a  une  forte  qui  donne  beaucoup  de 
fruits ,  lorfqu’elle  ell  cultivée  lous  des  vitres ,  dont  il  ne  faut  pas  négli¬ 
ger  de  recueillir  la  graine  pour  des  Concombres  hâtifs.  ^  On  cultive  les 
Concombres  hâtifs  précifément  comme  les  Melons;  mais  comme  ils  réfi- 
flent  mieux  au  froid  6c  aux  autres  accidens ,  on  peut  préparer  les  Cou¬ 
ches  de  meilleure  heure,  de  manière  que  par  le  moyen  du  fumier  de 
Cheval,  on  peut  en  manger  d’une  grandeur  raifonnable  dans  lemoisd’A- 
vril,  quand  on  fait  la  prémière  Couche  avant  la  mi-Février;  mais  com¬ 
me  il  fait  ordinairement  encore  froid  dans  le  Mois  d’ Avril, les  Concom¬ 
bres  ont  fouvent  peu  de  goût  dans  ce  tems-là,  deforte  qu’on  s’en  pro¬ 
curera  de  bien  meilleurs  6c  à  moins  de  peine  :  on  fait  cnforte  qu’ils  foient 
en  état  d’être  mangés  au  commencement  de  Mai,  ce  qui  efi:  bien  plus 
fûr,  quand  on  élève  la  prémière  Couche  peu  après  la  mi-Février,  6c  cel¬ 
le  où  l’on  tranlplante  après  la  mi-Mars.  Ces  Concombres  hâtifs- doivent 
être  foignés  comme  les  Melons  fous  des  vitres  couvertes ,  pour  les^  dé¬ 
fendre  d’un  trop  grand  froid.  I  •  -  -  .  f 

La  plus  féconde  efpèce  de  ces  Concombres  hâtifs  eft  la  blanché ,  qui 
n’eft  ni  des  plus  longues,  ni  des  plus  courtes,  ayant  beaucoup  de  fleurs 
ralTemblées ,  dont  plulieurs  ne  laifTent  pas  de  croître ,  lors  même  que  le 
mauvais  tems  empêche,  qu’on  ne  puill’e  leur  donner  de  l’air  6c  que  les 
vitres  doivent  relier  fermées.  Ils  aiment  allez  d’être  arrolés  ;  cependant 

ils 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E. 

ils  font  fujets  à  fe  pourrir,  quand  on  les  arrofe  trop;  c’eft-pourqiib'i  les 
Couches  doivent  être  fort  élevées,  ahn  que  feau  fuperfliie  puifle  s’écou¬ 
ler. 

On  coupe  les  Concombres  avant  qu’ils  ne  foient  mûrs ,  &  fi  jeunes 
qu’ils  n’ayent  point  encore  de  graine  ;  car  aulfitôt  qu’ils  font  gros  &  en 
graine,  ils  font  coriaces  &  pleins  d’eau,  outre  que  cela  fait  périr  aulfn 
quantité  de  Cornichons. 

Pour  avoir  des  Concombres  propres  à  confire  on  met  en  Mai  de  la 
graine  fèche  en  terre,  à,  un  bon  demi-pié  l’une  de  l’autre ,  mais  toujours 
de  Concombres  verds,  parce  qu’ils  plailent  plus  à  l’œil. 

Les  Concombres  defemence  doivent  être  tranlplantés,  parce  qu’ils  de¬ 
viennent  par  ce  moyen  plus  féconds  &  moins  fujets  à  fe  gâter  que  ceux 
qui  relient  en  terre. 

I 

CRESSON.  * 

C’elt  une  fourniture  de  Salade ,  qui  fe  multiplie  de  graine  ;  il  y  en  a  à 
feuilles  frifées  &  unies:  la  frifée  eft  dure,  &  peu  digne  d’être  cultivée 
pour  la  table ,  de  même  que  le  Creflbn  des  Indes.  Le  Creïïbn  n’aime  pas 
une  expofition  au  Soleil  trop  chaude  ;  c’ell-pourquoi  il  vient  naturelle¬ 
ment  auPrintems  fans  fumier  de  Cheval,  fur  desplatte-bandes,  bien  ex- 
pofées  au  Midi,  dans  une  terre  bien  amendée  &  fous  des  vitres,  étant 
ainfi  bien  plus  vert  &  bien  meilleur  ,  que  lorlqu’il  vient  par  la  cha¬ 
leur  du  fumier  de  Cheval.  On  feme  le  Creflbn  hâtif  fur  du  fable  blanc 
égalifé ,  après  quoi  on  le  met  en  terre  avec  le  plat  d’une  bêche.  On  le 
fème  bien  aufii  fur  de  la  terre  égalifée ,  laquelle  on  couvre  enfuite  légè¬ 
rement  de  lâble  blanc ,  &  on  affermit  aufii  la  graine  avec  le  plat  de  la 
bêche;  de  cette  manière -on  peut  couper  le  Creflbn  plus  court  &  plus 
également. 

Le  Creflbn  d’eau  vient  fur  Feau ,  dans  dès  foffés  peu  profonds  y  de 
manière  que  ce  n’efl  pas  une  plante  de  Jardins  ;  il  n’aime  pas  non  plus 
une  trop  grande  ardeur  du  Soleil,  auffi  vient-il  mieux  dans  des  endroits 
à  l’ombre. 

ECHALOTTE  S. 

Les  Echalottes  de  même  que  les  Rocamboles ,  font  des  efpèces  d'^Oi-- 
gnonsv  Elles  le  multiplient  de  Cayeux  qu’on  met  en  terre  au  mois  dé 

Mars  y 


LES  AGREMENS 


336 

Mars,  &:  qu’on  retire  au  mois  d’Aout;  mais  quand  on  remarque  que  le 
verd  commence  à  lè  pourrir ,11  faut  les  retirer  plutôt,  quand  même  elles 
n’auroient  pas- encore  leur  grolTeur  requife,  parce  que  femblables  à  des 
corps  pelliférés,  elles  corromproient  les  autres ,  &  fe  pourriroient  toutes 
enfèmble  en  terre  ;  de  plus  après  les  avoir  tirées  de  terre  il  faut  les  laif- 
1èr  fâcher  en  plein  air  &  au  Soleil ,  du  moins  pendant  trois  lèmaines; 
.lorfqu’elles  font  fèches,  elles  fe  confervenc  bien  plus  longtems/aines. 

E  P  I  N  A  R  S. 

C’eft  un'  Légume  qui  fe  multiplie  de  graine.  Il  y  en  a  de  deux  for¬ 
tes,  les  uns  plus  grands  à  feuilles  rondes,  les  autres  plus  petits  à  feuil- 
'  les  pointues.  La  prémière  réfifte  mieux  à  la  gelée ,  ce  qui  fait  qu’on  en 
feme  communément  pour  l’Hiver  fur  des  Careaux  avec  du-Cerfeuil.  Les 
pointus  font  plus  tendres  ,  &  on  en  feme  au  Printems  entre  les  rangs 
des  groffes  Fèves. 

La  graine  des  Epinars  pointus  ell  pointue  &  piquante  ,  celle  des  E- 
pinars  à  feuille  ronde  eft  ronde  aulîi ,  &  ne  pique  point  ;  les  prémiers 
montent  plutôt  en  graine,  &  font  plus  fujets  k  fe  gâter  que  les  autres. 

ESTRAGON. 

Cell  une  fourniture  de  Salade,  qui  fe  multiplie  de  piés  enracinés, 
&  on  letranlplante  toutes  les  deux,  trois  ou  quatre  années,  dans  une  ter¬ 
re  bien  amendée.  Ses  petites  branches  meurent  tous  les  ans  vers  l’Au- 
tonne;  mais  il  ne  faut  jamais  les  couper  qu’après  l’Hiver,  parce  qu’elles 
préfervent  au  Printems  de  froid  les  tendres  rejettons ,-  lesquels  fans  cela 
périlTent  très  facilement. 

F  E  N  O  ü  I  L 

n  vient  en  toufe  comme  le  Céleri ,  &  fe  multiplie  de  graine  ;  mais 
c’ell  une  Plante  qui  croît  pendant  plulieurs  années  à  la  même  place,  & 
qui  produit  annuellement  de  la  graine  :  quoique  la  gelée  en  fafle  mourir 
les  tiges,  fes  racines  reRent  cependant  iàines,&  pouiTent  de  nouveau  des 
rejettons  tendres. 

On  diflingue  chex  nous  le  Fenouil  en  Fenouil  de  Rome  <Sc  commun. 
-Celui  de  Rome ,  appelle  aufîi  Fenouil  d’Italie,  eft  d’iui  goût  plus  doux 

que 


DELACAMPAGNE.  337 

qûe  fautre:  on  en  cultive  beaucoup  en  Brabant;  on  le  bute  aufli  com¬ 
me  le  Céleri,  &  on  le  mange  de  même. 

FEVES. 

Ce  font  des  Plantes  dont  le  fruit  vient  dans  des  goulTes,  &  dont  il  y 
en  a  qui  s’étendent  ou  qui  montent  ;  on  appelle  les  unes  grofles  Fèves  ou 
Fèves  de  Marais.  Je  n’en  trouve  aucune  defcription  chez  les  Anciens, 
étant  venues  vrailèrnblablçment  après  eux  de  Fèves  de  Cheval  :  elles  ont 
une  peau  épaifle  &  blanche,  quelques-unes  l’ont  rouge  &  rougeâtre; 
mais  ce  font  des  Fèves  bâtardes  produites  des  blanches:  elles  font  dans 
des  goulTes  longues ,  coriaces,  grofles  &  par  dedans  velues,  deux,  trois, 
quatre,  quelquefois  auflicinq  &  lix  dans  une  goufle,  on  les  multiplie  de 
Fèves  qu’on  met  en  terre.  On  recueille  ces  Fèves  à  femer  des  plus  for¬ 
tes  tiges,  garnies  des  plus  longues  goufles  &  qui  contiennent  le  plus  de 
Fèves,  lelquelles  meuriflent  premièrement  à  la  Plante  même,  fans  la  pin¬ 
cer,  fofques  à  ce  que  les  goufles  foient  entièrement  fanées  &  noires; 
en  attendant  on  n’en  cueille  aucune  gonfle,  car  celaferoit  non  feulement 
que  l’année  fuivante  les  Fèves  meuriroient  plus  tard,  mais  aiifli  que  les 
Fèves  tardives  de  la  même  Plante  auroient  l’écorce  plus  dure  &  ne  vien- 
droient  pas  fi  bien  :  cela  rend  aufll  les  Fèves  que  l’on  mange  plus  dures, 
quand  on  en  coupe  les  tiges,  ou  qu’on  en  cueille  les  goufles  hâtives; 
c’efl:  pour  cela  que  les  Jardiniers  entendus  ne  cueilliront  jamais  les  hâti¬ 
ves,  à  moins  qu’ils  ne  trouvent  à  les  vendre  aulTi  cher  que  la  valeur  de 
toutes  les  Fèves  de  la  mêmelPlante.  Les  Fèves  les  plus  tendres  6c  les 
plus  exquifes  .au  goût  font,  celles  qui  viennent  au  Printems  en  peu  de 
tems;  les  Fèves  tardives,  quoique  plus  petites,  font  cependant  plus  du¬ 
res  que  les  hâtives  plus  grofles.  il  en  efl:  de  même  des  Fèves  d’Eté,  car 
plus  l’Eté  efl  fec  &  chaud,  moins  il  y  a  de  goufles,  6c  ces  goufles  con¬ 
tiennent  aulTi  moins  de  Fèves,  lefqueiles  font  même  plus  dures  6c  plus  pe¬ 
tites;  c’eft-pourquoi  quand  on  veut  faire  fécher  des  Fèves  pour  l’Hiver, 
il  faut  toujours  prendre  pour  cela  des  prémières ,  6c  jamais  de  ces  peti¬ 
tes  tardives. 

Elles  aiment  ime  terre  extrêmement  amendée,  6c  chargent  beaucoup 
mieux  quand  étant  encore  tendres ,  elles  ne  pouflent  pas  fort  vigoureu- 
fement  au  Printems,  mais  qu’une  petite  gelée  en  retarde  un  peu  la  pouf¬ 
fe,  ce  qui  les  engage  à  pouffer  plufleurs  tiges,  lelquelles  il  faut  buter  des 
deux  côtés  lorfque  les  Fèves  font  en  pleines  fleurs. 
partie  IL  V  v 


Les 


538.  LESAGREMENîS 

Les  prémières  Fèves  tranfplantées  poufiTent  ordinairement  plus  &  ââ 
plus  hautes  tiges,  fort  ferrées,  même  fans  avoir  été  pincées;  fur -tout 
quand  entre  les  rangs  il  n’y  a  qu’un  efpace  de  deux  piés  &  demi  ;  c’eft- 
pourquoi  il  y  en  a  qui  font  de  doubles  rangées  de  ces  prémières  Fèves,  à 
huit  ou  neuf  pouces  de  diftance,  &  lailFent  entre  les  rangs  un  efpace  de 
quatre  piés  &  demi,  &  de  quatre  piés  dans  des  terres  moins  bonnes. 
On  peut  femer  ainfi  entre  les  rangs  des  Légumes  ;  mais  j’eftime  qa’il 
vaut  mieux  faire  de  fimples  rangs.  11  ne  faut  jamais  faire  de  doubles 
rangs  que  des  prémières  Fèves,  parce  qu’en  croilTant  vite,  non  fèule^ 
ment  eiles  s’étiolent ,  &  chargent  beaucoup  moins ,  mais  aulTi  les  Choux 
qui  font  entre  les  rangs ,  fe  trouvent  alors  trop  à  leur  ombre  ;  ainfi  les 
Fèves  dont  les  intervalles  font  plantés  de  fruits  d’Autonne,  doivent  être 
à  fimples  rangs ,  à  2I  piés  de  difiance,  &  les  Fèves  h  celle  de  huit  pouces. 

En  Eté  à  caulè  de  la  fécherefie  de  la  fuperficie  des  fonds,  on  recueil¬ 
le  plus  des  Fèves  qui  refient  en  terre,  que  de  celles  qui  ont  été  tranf¬ 
plantées,  parce  que  les  racines  des  Fèves  tranfj^lantées  font  plus  haut  en 
terre,  &  celles  des  autres  à  une  plus  grande  profondeur,  Icfquelles  ont 
par  conféquent  plus  d’humidité  ,  &  croifient  mieux. 

On  trempe  ordinairement  les  prémières  Fèves  pendant  deux  ou  trois- 
jours  dans  de  l’eau ,  &  après  être  ainfi  gonflées  on  les  met  germer  en 
terre  pour  les  tranfplanter  enfuite  :  cependant  bien  des  gens  croient  qu’il 
vaut  mieux  les  mettre  en  terre  lorlqu’elles  font  encore  feches,  parce  qu’el* 
les  produifent  alors  une  Plante  plus  vigoureufo. 

Les  Haricots^  Fèves  blanches  ou  Fèves  defiome^  ^bnt  un  fruit  engouf- 
fe,dont  la  Plante  monte  ou  s’étend.  Ils  fe  multiplient  de  leurs  Fèves  mU 
fes  en  terre  fans  avoir  trempé.  Ils  aiment  une  terre  médiocrement  légè¬ 
re,  c’efi-à-dire  pas  extrêmement  amendée,  &  d’être  à  couvert  des  vents 
forts.  Ils  ne  peuvent  fouflVir  beaucoup  dans  les  commencemens,  les 
pluies  froides  leur  font  fur-tout  nuifibles;  car  les  Fèves  femées  pourrifi 
îènt  aifément  par-là  ;  deforte  que  le  tems ,  pour  les  mettre  en  terre  en  plein 
air,  dépend  de  celui  que  la  terre  eft  plus  ou  moins  rechaufée,  ce  qui  arri¬ 
ve  ordinairement  au  commencement  de  Mai;  mais  pour  en  avoir  de 
bonne  heure  &  qui  foient  bien  mûres,  on  met  les  Fèves  enlèmble  dans 
une  terre  légère,  fur  des  plattes- bandes  bien  expofées  au  Midi  vers  la 
fin  de  Mars  ou  au  commencement  d’ Avril,  fous  des  vitres,  que  l’ori  cou¬ 
vre  encore  en  cas  d’un  froid  violent:  on  les  y  laifle  julqu’à  la  fin  dii 
mois,  &  alors  on  les  tranfplante  deux  ou  trois  tout  au  plus  enièmbleau-* 
tour  des  perclies  ou  des  échalats. 


D  £  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  339 

On  met  ces  perches  toutes  droites  &  par  alignement  en  terre  à  deux  ou 
trois* piés  de  diflance;  mais  il  vaut  bien  mieux  les  mettre  obliquement, 
enforte  qu’elles  fe  croifent  vers  le  milieu  ,  où  on  les  lie  à  une  latte  qui 
eft  placée  là  tout  du  long,  afin  qu’elles  foient  immobiles;  on  les  efpace 
tant  en  largeur  qu’en  longueur  de  trois  piés  par  alignement ,  les  fenticrs 
qui  font  entre  les  rangs  ayant  quatre  piés. 

Les  Haricots  tranfplantés  cliai'gent  beaucoup  plus  que  ceux  qui  ne  le 
font  pas,  &  on  cueillira  plus  de  Fèves  quand  on  n’en  a  mis  que  deux  ou 
trois  autour  d’une  perche,  que  quand  il  y  en  a  quatre  ou  cinq.  En  gé¬ 
néral  on  tranlplante  également,  pour  les  rendre  plus  féconds,  les  Ha¬ 
ricots  hâtifs  &  les  tardifs.  Quand  on  met  les  Fèves  en  terre  pour  ger¬ 
mer,  il  faut  que  ce  foit  dans  un  peu  de  fable  blanc,  ce  qui  fait  qu’elles 
fe  pourriflent  moins  dans  la  terre  ;  cela  eft  fur-tout  nécelTaire  quand  au 
Printems  il  fait  des  tems  froids  &  pluvieux. 

Il  y  a  plufieurs  différentes  fortes  de  Haricots,  des  blancs,  des  noirs, 
des  rouges,  des  colorés,  des  jaunes  &  des  tiquetés.  Parmi  les  blancs  il  y 
en  a  aulïi  de  fort  gros(Sc  fort  larges,  &  de  moins  gros  &  moins  larges  de 
gouffe:  il  y  en  a  qu’on  nomme  en  Hollande  A)  outre  cela  de 

gros  &  de  petits  Zélande  qu’on  nomme  FrmceJJes.  Les  Haricots  co¬ 
lorés  ,  dont  il  y  en  a  plufieurs  qu’on  appelle  nains ,  parce  qu’ils  ne  s’élè¬ 
vent  guère,  ont  des  gouffes  de  meilleure  heure,  deforte  qu’on  en  culti¬ 
ve  fouvent  pour  les  manger  verds,  mais  comme  la  gouffe  en  eft  plus  du¬ 
re  &  moins  agréable  au  goût,  défaut  qu’ont  auffi  les  Fèves  mêmes  lorf- 
qu’elles  font  mûres ,  je  les  juge  tout-à-fait  indignes  d’être  cultivées  dans 
des  Jardins.  Je  dis  la  même  chofo  des  Haricots  de  Zélande,  qui  ne  s’é¬ 
lèvent  pas  fort  haut ,  mais  qui  cliargent  beaucoup ,  qui  font  cependant 
moins  agréables  au  goût  que  ceux  qu’on  appelle  Krom-bekken.  Les  lar¬ 
ges  Haricots  blancs  font  les  plus  tendres  ,  ont  la  peau  des  gouffes  plus 
fine,  &  font  par  conféquent  les  meilleurs  pour  être  mangés  des  prémiers 
iorfqu’ils  font  verts ,  mais  ils  viennent  beaucoup  plus  tard ,  chargent 
peu,  &  chaque  gouffe  contient  moins  de  Fèves,  auftl  ces  Fèves font-el- 
Jes  plus  minces ,  plus  petites  &  moins  bonnes  au  goût.  Les  Haricots 
nommés  Bqftert-Jlagswaarden ^  qui  fleuriffent  par  bouquets,  font  les 
meilleurs  de  tous,  ils  chargent  de  meilleure  heure  &  davantage,  les 
gouffes  contiennent  auftl  plus  de  Fèves;  c’eft-pourquoi  ils  font  auftl 
beaucoup  meilleurs  que  les  autres  pour  être  mangés  verts  &:  pour  con¬ 
fire;  outre  qu’étant  dans  la  fàumure  ils  font  beaucoup  moins  gluans, 
&  beaucoup  plus  larges ,  que  les  Haricots  de  la  même  elpèce.  Les 

Vv  2  Krom- 


340  LESAGREMENS 

Krom-hekhen  ont  des  goufles  moins  larges,  plus  rondes  &  plus  grofles^ 
ce  qui  fait  qu’ils  ne  font  guère  propres  à  être  mangés  verts,  mais  ilsmeu- 
riflent  de  meilleure  heure  ;  &  leurs  goufles  contiennent  beaucoup  de  Fè¬ 
ves  plus  grofles  &  plus  tendres,  &  en  général  ils  chargent  beaucoup; 
c’eft-poiirquoi  je  cultiverois  ceux-ci  pour  en  manger  les  Fèves,  &  les 
BaJîert-Jlagswaarden  pour  confire. 

11  faut,  quanta  la  culture  des  Haricots  ,  faire  attention  à  la  làilbn 
où  l’on  eft,  &  prendre  aulfi,  en  conféquence,  l’une  ou  l’autre  fôrte  qui 
convienne  le  mieux  ;  car  comme  les  larges  Slagswaarden  ne  croiflent 
pas  fl  vite,  on  n’en  femera  point  pour  des  Haricots  tardifs  ou  à  confi¬ 
re,  parce  que  leurs  goufles  deviennent  par  le  retardement  de  la  crue  en 
ilutonne  plus  dures  &  plus  coriaces,  &  qu’outre  cela  ils  deviennent, 
comme  il  a  déjà  été  dit,  plus  gluans  dans  lafaumure;  deforte  que  je  pré¬ 
féré  pour  les  prémiers  Haricots  à  manger  verts,  les  larges  Slagswaarden^^ 
pour  des  Haricots  à  confire  de  la  même  fo*rte,  mais  moins  larges,  qui 
ne  fe  fendent  pas  quand  on  les  coupe ,  &  pour  des  Haricots  dont  on  n® 
mange  que  les  Fèves,  les  Krom-bekken, 

FRAISE  S. 

Elles  fe  multiplient  de  Plants  enracinés, qu’on  tranlplante  dans  lè  mois 
de  Mars  ou  d’ Août;  elles  aiment  une  terre  grafle  &  bien  amendée.  11 
y  en  a  de  beaucoup  de  fortes ,  des  Fraifès  de  Smirne  d’une  grofleur  ex¬ 
traordinaire ,  connues  dans  ce  Païs  depuis  très  peu  d’années,  mais  de 
fort  peu  de  goût  ;  enfuite  viennent  les  Sauvages,  aulTi  très  peu  ex- 
quifes  au  goût;  après  celles  -  là  les  Angloilès,  lefquelles  comme  les  Sau^ 
vages  font  très  luifantes ,  point  fondantes  &  très  peu  agréables  au  goût  : 
on  les  cultive  toutes  fur  fouche.  Les  meilleures  Fraflès,  qui  font  les 
plus  exquifes  au  goût,  font  d’un  rouge  foncé,  luifantes,  rondes,  &par 
deflus  un  peu  plattes,  celles  qui  font  pointues  par  le  haut  étant  moins 
bonnes:  les  bigarées  font  pareillement  moins  agréables  au  goût  ;  &  les 
blanches  font  des  Fraifès  bâtardes ,  ce  qui  arrive  for-tout  dans  des  fonds 
de  terre  fort  grêles.  Elles  aiment  un  peu  d’humidité ,  une  chaleur  tem¬ 
pérée,  mais  pas  trop  de  Soleil;  c’eft- pourquoi  elles  viennent  mieux 
dans  des  endroits  qui  font  un  peu  à  l’ombre.  11  faut  en  arracher  lestrair. 
nafles  furnuméraires,  &  for-tout  les  larder  pour  en  tirer  toutes  les  mau- 
vaifès  herbes  ;  elles  produifènt  alors  de  plus  grofles  Fraifes  &  d’un  goût 
plus  exquis,  &  fe  pourriflent  moins  fous  le  montant,  ce  k  quoi  elles  font 


Hï 


DE  LA  CAMPA  G  N  E. 

autrement  fujettes  dans  des  Etés  froids  &  fort  pluvieux. 

On  les  couvre  contre  la  gelée  d’un  peu  de  feuilles  d’arbres,  fîir  les¬ 
quelles  étant  prefque  pourries  au  Printems,  on  y  répand  un  peu  de  fable 
pur,  pour  qu’on  en  puifTe  faire  la  cueillette  proprement. 

Pour  les  cueillir  comme  il  faut,  fans  les  meurtrir,  on  les  plante  fur 
des  Couches  de  trois  piés  de  large,  ayant  un  fentier  de  dix  ou  douze 
pouces.  La  prémière  cueillette,  l’année  qui  fuit  celle  qu’on  les  a  plan¬ 
tées  au  mois  de  Mars ,  fera  la  plus  abondante  :  l’année  iliivante  la  fécon¬ 
de  cueillette  fera  moindre  ;  &  elle  fera  encore  moindre  la  troifième  an¬ 
née.  il  ne  faut  plus  alors  les  laifTer  plus  longtems  où  elles  font,  mais 
les  tranfplanter  de  nouveau  fiir  une  terre  nouvellement  fouillée  &  amen¬ 
dée;  parce' qu’autrement  elles  diminuent  tous  les  ans  en  grofleiir,  en 
quantité  &  'en  qualité:  le  fucre  en  relève  extrêmement  le  goût. 

11  fit  en  1723  un  Eté  très  fec,  une  Autonne  paflablement  chaucfe  Sc 
pluvicufe,  &  peu  de  gelée  en  Hiver:  dans  cet  Eté  les  Fraifiers  produis 
firent  très  peu,  mais  ils  commencèrent  à  la  fin  de  Septembre,  ayant  re¬ 
pris  leur  pouffe,  à  donner  du  fruit  tout  comme  en  Eté,  ce  qu’ils  conti¬ 
nuèrent  de  f^re  dans  les  mois  d’Oétobre,  Novembre ,  Décembre ,  &  mê¬ 
me  en  Janvier;  mais  toujours  moins,  ces  fruits  étant  auffi  d’une  couleur 
plus  pâle,  moins  agréables  au  goût,'  &  même  infipides  à  la  fin.. 

H  E  R  B  E  C  H  A  T  S.- 


Onia  multiplie  de  Plants  enracinés,  aimant  une  terre  graffe:  c’èfï: 
une  fourniture  de  Salade  ;  &  comme  les  Chats  en  mangent  volontiers,, 
ir  faut  l’entourer  d’épines  ou  de  quelque  autre  chofe  pour  les  en  écar¬ 
ter. 

f 

A .  • 

HERBE  mx  CUILLER  S.- 

II  y  a  beaucoup  de  gens  qui  en  cultivent  dans  leurs  Jardins  potagers 
à  caufè  des  divers  ufages  qu’on  en  fait;  elle  réfifle  aune  très  rude  gelée, 
ce  qui  en  emporte  la  grande  acreté  &  la  rend  bonne  à  être  mangée  en 
Salade  :  c’efl  une  Salade  délicieufè  dans  l’ile  de  Spits-bergen ,  &  la  feule 
verdure  avec  une  autre  falade  verte  d’Hiver,  qui  y  croiffe,  &quele5^ 
Hommes  puilTent  manger.. 


Vv.  1 


E  y  s- 


34? 


LES  ACRE  MENS, 

H  Y  S  S  O  P  E.  ^  ^ 

Cefl  une  fourniture  très  falutaire  dans  les  maladies  du  Poumon  5  c’efl- 
pourquoi  je  la  place  dans  les  Jardins  potagers  ;  elle  n’aime  pas  une  ter¬ 
re  extrêmement  amendée. 

LAITUES.  Voyez  SALADE. 

LAURIER. 

Cefl;  un  Arbrifleau  :  il  y  en  a  de  plufieurs  fortes ,  parmi  lefquelles  on 
compte  le  Laurier-franc ,  qui  fè  multiplie  de  marcottes,  &  appartient  au 
Jardin  potager:  il  réfîfle  le  mieux  à  nos  Hivers  froids,  ce  qu’il  ne  fau- 
roit  cependant  faire  que  lorfqu’on  a  foin  de  le  couvrir.  '  * 

M  A  R  J  O  L  A  I  N  E.  " 

»  ! 

Elle  appartient  aux  fines  fournitures  :  il  y  en  a  à, feuilles  fines  &  à  gref¬ 
fes  feuilles,  celle-ci  efl  une  Plante  d’un  an,  qiiife  multiplie  pendant  lon¬ 
gues  années  de  Plants, enracinés.  On  multiplie  la  fine  efpèce  de  grai¬ 
nes  ;  elle  meurt  vers  l’Hiver.  . 


MELISSE. 


Elle  appartient  aux  Herbes  fines  :  on  s’en  fèrt  en  guifè  de  fourniture  : 
c’efl  de  cette  Plante  que  fe  fait  TEau  deMelilIè,  fi  fort  en  ufage  chez  les 
Apoticaires ,  &  qui  a  été  inventée  à  Paris  chez  les  Carmélites.  Elle  fc 
prépare  par  le  moyen  de  la  diftillation ,  &  elle  efi;  devenue  fameufe  pour 
guérir  plufieurs  incommodités  &  blafiures  ;  elle  efi  connue  fous  le  nom 
a’Eaü  de  Carmes.  On  met  aulfi ,  tant  pour  la  fanté  que  pour  l’aflailbn- 
nement,  de  cette  herbe  par  de  petits  bouquets  avec  d’autres  herbes  fines, 
dans  plufieurs  fauces^  ce  qui  la  rend  très  précieufe  dansjes  Jardins  pota¬ 


gers. 


If#',  w 


MELON  S; 


Les  Melons  aiment  une  chaleur  de  plus  de  durée,  que  nel’efi  ordinai¬ 
rement 


/ 


DE  LA  CAMPAGNE, 

rement  celle  de  ce  Climat,  ce  qui  fait  qu’ils  meuriffent  rarement  ou  point 
fi  on  ne  les  rechaufe  pas  par  du  fumier, &  fi  on  ne  les  tranfplante  pas  en- 
fuite  fur  des  Couches  neuves  faites  exprès  ,  &  fi  on  n’en  a  pendant  les 
mois  de  Mars,  d’ Avril  &  même  foiivent  de  Mai,  un  foin  extrême,  en 
les  couvrant  de  vitres.  Ils  ne  réfillent  point  au  grand  froid,  ni  aux 
vapeurs,  ce  qui  fait  qu’ils  réiiflilTent  rarement,  quand  on  en  commence 
la  culture  par  le  moyen  du  fumier  de  Cheval  avant  la  mi  -  Mars  ;  parce 
qu’il  arrive  fouvent  alors  qu’au  mois  d’ Avril ,  quand  il  fait  des  jours 
froids  5  les  vapeurs  de  la  chaleur  des  Couches  interrompent  leur  poufle, 
ce  qui  ell  extrêmement  funefte  &  empêche  qu’on  n’aquière  de  vigoureu- 
fes  Plantes  propres  à  produire  de  bons  fruits  ;  deforte  que  pour  avoir  de 
fort  bonne  heure  de  bons  Melons ,  il  faut  au-lieu  de  fumier  employer 
d’abord  la  chaleur  des  Serres ,  &  continuer  ainli  dans  la  fuite  en  les  te¬ 
nant  fous  des  vitres. 

11  y  a  diverfes  fortes  de  Melons,  dont-  les  uns  font  plus  féconds  que 
les  autres,  non  feulement  en  ce  qu’ils  commencent  à  produire  plutôt 
des  fruits  ,  ci  qui  leur  a  fait  donner  en  Hollandois  le  nom  de  SchepfelS  y 
mais  auiîi  parce  qu’on  les  voit  croître  &  grolfir  fenfiblement,  ce  qui  les 
a  fait  appeller  Klevers. 

Parmi  ces  diverfes  fortes  il  y  en  a  de  petits ,  d’une  grolTeur  médiocre  5' 
&  d’une  grofleur  extraordinaire ,  qui  font  ronds,  ou  plus  ou  moins'ob- 
longs ,  ayant  l’écorce  extérieurement  lilTe  ,  avec  des  côtes  &  làns  cô¬ 
tes  :  parmi  ces  deux  dernières  elpèces  il  y  en  a  aulTi  qui  ont  l’écorce 
plus  ou  moins  brodée, ou  qui  ont  comme  des  boutons,  dont  la  chair  ell 
intérieurement  blanche  ,  tirant  fur  le  verd ,  jaune  &  couleur  d’Orange. 

Les  Melons  UJfes^  ou  qui'  ont  F  écorce  unie ,  ne  font  que  rarement  ou 
jamais  agréables  au  goût  :  il  en  efi:  prefque  toujours  de  même  de  ceux  qui 
font  fort  gros,  fur-tout  de  ceux  qui  font  plus  ronds  qu’oblongs.  Les  Me¬ 
lons  il  côtes,  fi  vous  en  exceptez  les  Cantûïoupes^  font  auiîi  ordinaire¬ 
ment  moins  fucrins  que  ceux  qui  font  fans  côtes  &  bien  brodés. 

On  appelle  en  Hollande  les  Melons  dont  la  chair  ell  intérieurement 
blanche ,  Spek-MeJoenen  :  je  n’en  ai  jamais  mangé  de  cette  forte  qui  fui- 
fent  bons  ;  ils  approchent  trop  des  Concombres. 

Les  Melons  qui  ont  la  chair  verdâtre,  ont  un  goût  fade,  doux,  a- 
queux,  fans  faveur;  ils  font  cependant  meilleurs  que  les  précédens;mais 
ils  ne  méritent  pas  d’être  cultivés. 

Melons  d'eau  Font  gxos y  verds,  lilTes,  un  peu  ronds,  a3rant 
iuie  chair  pleine  d’eau  ,  de  couleur  gris  de  lin  rougeâtre  :  dans  ce  Païs 

ils 


344-  .  L  E  S  A  G  R  E  M  E  N  S  ^  - 

iis  font  moins  bons  qu’ailleurs;  aiiin  n'’en  élève-t-on  point  ou’ i-are ment. 

Parmi  les  Melons  nommés  Cantaloupes^  il  y  en  a  quelques-uns  à  cô¬ 
tes  qui  ont  une  écorce  verdâtre,  épaifle  &  verreufe;  les  autres  ont  des 
écorces  minces ,  &:  les  uns  &  les  autres  ont  par  dedans  une  cliair  cou¬ 
leur  d’Orange,  fe  féparant  intérieurement  du  bord  quieft  d’un  verd  obs¬ 
cur:  ceux-cV  font  prefque  tous  fort  bons.  On  juge  au  refie  extérieure¬ 
ment  de  la  vertu  des  Melons ,  en  ce  qu’ils  doivent  être  d’un  rond  ova¬ 
le,  de  médiocre  groffeur  ,  fort  brodés ,  avoir  une  groffe  queue  qui  fe 
détache  aifément,  l’œil  petit,  &  être  pefans ,  fermes  &  pleins,  fans  que 
rien  remue  intérieurement;  il  faut  aufll  que,  lorfqu’on  les  a  entamés, 
iis  ayent  l’écorce  mince,  des  bords  d’un  verd  obfcur,  &  la  chair  Cou¬ 
leur  d’Orange;  qu’ils  ne  foient  ni  trop  fecs,  ni  trop  pleins  d’eau,  non 
plus  que  le  cœur  où  eft  la  graine;  de  pareils  Melons  feront  fûrement  fort 
agréables  au  goût. 

C’eft  de  ces  fortes  de  Melons  favoureux  &  délicieux,  dont  les  Plan¬ 
tes  font  en  pleine  vigueur,  &  dont  aucun  fruit  n’a  coulé,  qu’il  faut  re¬ 
cueillir  da  graine,  la  laifTant  cependant  mitonner  pendant  quelques  jours 
dans  leurs  loges  couvertes  de  l’écorce,  pour  qu’elle  meuriflè  d’autant  mieux  ; 
après  quoi  il  faut  laver  la  graine  qui  tombe  au  fond  de  l’eau,  la  fecher 
enfuiteà  l’abri  du  Soleil;  &,  lorfqu’elle  eft  bien  fèche,  on  la  garde  dans 
une  petite  bouteille  exaélement  bouchée  jufqu’à  la  troifîème  année  fui- 
vante ,  auquel  tems  elle  produira  de  meilleurs  fruits  que  celle  de  l’année 
précédente  ou  qui  ferok  plus  vieille  ;  car  la  graine  d’un  an  fait  des  Plan¬ 
tes  plus  vigoureufes  &  plus  gourmandes,  mais  elle  efl  moins  féconde: 
la  graine  étrangère  efl  encore  moins  féconde,  ayant  fouvent  befoin  de 
plufleurs  années  pour  la  faire  poulfer  avec  moins  de  vigueur  &  l’accou¬ 
tumer  à  notre.  Climat.  D’un  autre  côté  la  graine  de  quatre  ou  de  plus 
d’années  produit  fouvent  des  Plantes  fi  mauvaifes  &  fi  foibles,  qu’elles 
n’ont  pasaffez  de  force  pour  faire  meurir  leurs  fruits  jufqu’à  leur  maturité, 
mourant  en  partie  avant  ce  tems-là  de  même  que  le  fruit,  &  quelquefois 
même  toutes  les  Plantes  en  entier.  C’efl  ainfi  que  périfTent  auffi  toujours 
pour  l’ordinaire  les  Plantes ,  dont  la  graine  commence  à  germer  en  Fé¬ 
vrier. 

Il  efl  indifférent  de  quelle  manière  on  met  cette  meilleure  graine  de 
trois  ans  en  terre,  de  côté,  aplat,  la  pointe  en  haut  ou  en  bas;  maisa- 
vant  que  de  la  femer,  oii  la  trempe  pendant  vingt-quatre  heures  dans 
de  l’eau  de  pluie ,  ayant  fait  enfuite  écouler  l’eau ,  on  la  laifTe  fécher 
toute  raiTemblée  ;  .&  alors  on  la  met  dans  une  terre  neuve  paffablement 

amendée  3 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  34.Î 

amendée,  mais  non  pas  trop  légère.  Sur  une  Couche  bien  rechauféc 
elle  lève  ordinairement  trois  jours  après,  mais  deux  ou  trois  jours  plus 
tard  quand  elle  n’a  point  trempé ,  ce  qui  dépend  beaucoup  de  la  qua^ 
lité  de  la  terre  &  de  la  manière  dont  elle  eft  humeètée,  car  quand  la 
graine  qui  n’a  point  trempé  ne  lève  pas  avant  le  fixième  jour,  c’ell  une 
marque  que  la  terre  eft  trop  fèche,  ou  la  Couche  trop  rechaufée,  ce 
qui  fait  périr  la  femence.  En  pareil  cas  on  remet  d’autre  graine  fraiche, 
mais  comme  on  perd  huit  jous  par-  là ,  il  ne  faut  d’abord  rien  négliger 
pour  prévenir  cet  inconvénient. 

J’ai  indiqué  dans  V  Avertiffement  &  dans  le  2  Scie  S  Chapitre  du  pré^ 
mier  Livre ^  la  manière  dont  on  doit  faire  les  Couches  de  Melons,  &  ce 
qu’on  doit  obferver  à  cet  égard  ;  c’ell  la  règle  qu’il  faut  fuivre.  Afin  que 
les  Plantes  ne  foufrent  point,  foit  des  vapeurs,  des  exhalailbns  ,  du 
chaud  ou  du  froid,  il  faut  les  découvrir  quand  il  fait  beau,  &  les  tenir 
couvertes,  toutes  les  fois  qu’il  fait  un  tems  d’Hiver  rude,  qu’on  a  un 
air  chargé,  de  la  neige,  des  bourafques ,  de  la  grêle.  Du  relie  il  faut 
avoir  foin  que  la  terre  foit  entretenue  dans  une  jufte  moiteur. 

Selon  qu’il  y  a  aux  Plantes  cinq  oulîx  feuilles,  on  en  pincera  le  cœur, 
afin  qu’elles  poulTent  plus  par  les  côtés  Sc  moins  droit  en  haut;  mais  cela 
ne  doit  pas  fe  faire  plutôt ,  car  les  petites  Plantes  ont  befoin  de  plus  de 
tems  pour  reprendre.  Qiiand  les  Plantes  poulfent  de  trop  longs  bras  & 
haut  montés, ce  qui  arrive  quand  on  avance  trop  leur  pouffe ,  ou  quand 
le  chalTis  de  verre  dont  elles  font  couvertes  eft  trop  éloigné  de  la  terre, 
on  a  coutume  de  les  abailfer  tout  doucement,  Sc  de  les  alTujettir  fans  la 
moindre  froilTure ,  par  le  moyen  d’un  petit  piquet  crochu,  &  de  les  buter 
jufques  près  de  la  feuille,  afin  qu’elles  poulfent  des  racines  plus  haut.  11 
faut  de  plus  avoir  continuellement  foin  que  les  Plantes  ne  foient  pas  ron¬ 
gées  par  les  Infeéles,  ou  que  le  Soleil  ne  les  brûle.  Pour  empêcher  les 
Infeétes ,  il  n’y  a  pas  d’autre  remède  que  de  les  prendre ,  Sc  à  fégard  de 
l’ardeur  du  Soleil ,  il  faut  donner  de  l’air  aux  Plantes  :  cependant  quand 
cela  ne  peut  fe  pratiquer  à  caufe  des  vents  violensou  froids,  on  aura  foin 
de  les  mettre  un  peu  à  l’ombre. 

Les  Plantes,  après  que  la -graine  a  été  pendant  un  mois  en  terre, 
font  ordinairement  alfez  grandes  &  alfez  vigoureulès ,  pour  être  tranf- 
plantées.  Dans  cette  vue  on  fait  préparer  cinq  ou  lix  jours  d'avance , 
les  Couches  fur  lefquelle's  cela  doit  fe  faire,  lefquelles  couches,  à  comp¬ 
ter  du  milieu  de  l’iine  au  milieu  de  l’autre ,  doivent  être  efpacées  d’on¬ 
ze  pieds ,  mefure  de  Rhinlande ,  afin  que  les  Plantes  foient  plus  au  large 
Fartie  JL  Xx  & 


LES  AGREMENS 


'&  qu’il  y  ait  des  fentiers  entre  deux.  Pour  augmenter  davantage  le 
rechaufement  de  ces  Couches ,  ü  faut  couvrir  peu  à  peu  le  fumier  de 
douze  ou  de  quatorze  pouces  de  terre  ^  quoique  dès  le  commencement  il 
(bit  couvert  de  vitres. 

La  terre  rechaufèe  comme  il  faut  par  le  moyen  du  fumier,  on  plante 
dans  la  Cailfe  au  milieu  de  fa  largeur  les  Plantes ,  efpacées  de  trois  piés , 
&  pour  y  réufTir ,  on  tire  d’abord  par  le  moyen  d’une  terrière,  précifé- 
ment  autant  de  terre  qu’une  égale  quantité  qui  tient  à  la  Plante  qu’on 
a  déplantée  avec  la  meme  terrière ,  ''peut  remplacer.  Ayant  ainfi  tranf- 
porté  la  Plante,  on  ouvre  la  terrière,  &  en  la  tournant  doucement 
quand  on  la  retire,  on  lailTe  glilTer  la  terre,  après  quoi  on  bute  de  tou¬ 
tes  parts  la  Plante  avec  la  main. 

Quelques  précautions  qu’on  ait  prifes  pendant  la  tranfplantation ,  les 
Plantes  ne  làuroient  pourtant  rélilier  d’abord  au  Soleil.  Pour  les  y  dif- 
pofer  plutôt,  il  faut  les  tranfplanter  le  foir,  &  énombrer  un  peu  chaque 
Plante,  en  mettant  quelque  chofe  au  defliis  fur  les  vitres,  jufqu’à  ce 
qu’elles  puilTent  fou  fri  r  le  Soleil:  elles  doivent  pour  lors  pouvoir  aulli 
tranfpirer  comme  il  faut;  &  pour  leur  procurer  une  tranfpiration  conve¬ 
nable  ,  on  ouvre  les  chalTis  vitrés ,  de  manière  qu’il  y  ait  par  derrière 
une  ouverture  d’un  ou  de  deux  pouces;  par  cette  ouverture  les  vents  de 
Nord  auront  peine  à  pénétrer,  parce  que  la  planche  du  dos  de  la  Caiffe 
eft  un  peu  plus  élevée  que  le  chalîis  des  vitres,  deforte  que  le  trop  de 
chaleur  fe  tempère  mieux  par  la  prePion  des  vapeurs  vers  le  dehors, 
que  par  les  froids  qui  fur  viennent  du  dehors  vers  l’intérieur. 

On  doit  obfèrver  de  plus,  en  tranlplantant,  de  ne  pas  placer  enfèm- 
ble  des  Plantes  de  différentes  fortes ,  pour  empêcher  d’autant  plus  que 
les  fruits  ne  s’abâtardifîènt,  les  diverfes  efpèces  devant  être  plantées  für 
des  Couches  féparées. 

Le  tems  pour  tranfplanter  étant  vers  la-  mi- Avril,  le  froid  de  la  nuit  & 
encore  moins  celui  du  jour  efé  rarement  fi  rigoureux,  qu’on  ait  befoin 
d’autre  chofe  pour  couvrir  les  vitres  des  Melons,  que  d’une  firaple  natte 
derofeau,  laquelle  on  retire  au  mois  de  Mai,  comme  n’étant  plus  né- 
Gciraire,  les  vitres  fufffant  alors  pour  empêcher  le  froid,  à  moins  qu’il 
ne  foit  exceirir,ce  qu’on  doit  obferver  avec  foin  :on  laiffera  les  vitres  fur 
les  Melons ,  auifi  longtems  que  le  froid  de  la  nuit  eft  fans  rofée ,  &  que 
le  Thermomètre  au  Nord  eft  au  deffous  de  vingt-un  ou  de  vingt -deux. 
Je  dis,  fans  rofèe,  parce  qu’elle  rend  quelquefois  l’air  fi  froid,  qu’au  mi¬ 
lieu  de  l’Eté  le  Tiientiomètre  eft  pvir-là  encore  plus  bas;  cette  rofèe, 

,  quel- 


DELA  CAMPAGNE. 

quelque  froid  qu’elle  caufe,  eft  cependant  très  féconde,  Sc  dans  ce  cas 
on  fait  mieux  de  lailTer  les  Plantes  expofées  en  plein  air  fans  vitres;  ain- 
fi  en  tems  de  pluie,  les  Plantes  ayant  belbind’être  rafraîchies,  ilnefaut 
jamais  négliger  d’en  ôter  les  chaüis  vitrés,  pour  qu’elles  s’humedent, 
quand  même  le  Thermomètre  feroic  a  21  ou  2 il,  parce  que  l’arrofe- 
ment  naturel  ell  préférable  à  tout  autre. 

11  faut  répandre  du  vieux  Tan  fur  la  terre  qui  ell  fous  les  Plantes  pour 
que  les  arrofemens,  quand  ils  font  néceflaires,  s’écoulent  moins,  6c  pé¬ 
nètrent  mieux ,  pourvu  qu’en  arrofant  on  n’approche  pas  trop  près  de 
la  tige  du  cœur. 

Qiiand  on  veut  ôter  toiit-à-fait  des  Plantes  les  chalTis,  on  le  fera  pen¬ 
dant  un  tems  couvert,  ou  vers  le  foir;  &  tant  qu’elles  ne  font  pas  faites 
au  Soleil ,  on  les  recouvrira  chaque  fois  de  leurs  vitres  quand  le  Soleil  luit 
fort,  jufqu’à  ce  qu’elles  foient  en  état  d’y  réfifter  fans  que  leurs  feuilles 
le  grillent,  leur  communiquant  chaque  fois  un  peu  plus  de  Soleil,  il  y  a 
pourtant  des  gens  qui  ne  les  laiffent  jamais  tout-à-fait  fans  vitres;  mais 
qui  appuient  par-devant  6c  par  derrière  les  ciiaflis  fur  des  briques  :  par 
ce  moyen  le  vent  pafle  au  travers ,  6c  chalTe  le  peu  de  rayons  Iblaires  qui 
paflentau  travers  des  vitres  ,ce  qui  fait  mourir  les  Plantes ,  parce  qu’elles 
n’ont  d’autre  chaleur  que  celle  qui  vient  du  fumier  échaufé  qui  eh;  fous 
terre ,  lequel ,  quand  il  s’afFoiblit ,  n’en  donne  que  peu  ou  point  du  tout. 
J’ai  toujours  aquis  avec  beaucoup  plus  de  fuccès  de  bons  fruits  en  plein 
air ,  que  fous  des  vitres  qu’on  ne  déplace  pas  :  ü  cependant  on  ne  veut 
pas  découvrir  tout-à-fait  les  Plantes,  il  faut  que  les  chaihs  repofent  par 
devant  fur  des  piquets,  6c  leur  donner  ainli  de  l’air. 

On  coupe  aux  Plantes  qui  croiffent  avec  trop  .de  vigueur ,  les  bran¬ 
ches  furnuméraires  6c  très  gr'oiTes,-  de  même  que  celles  qui  font  trop  min-* 
ces  6c  trop  grêles  :  celles  qui  font  très  grolfes  produifent  rarement  beau¬ 
coup  ,  6c  celles  qui  font  trop  grêles  ne  fburiiiil'ent  pas  affe^z;  de  fève  pour 
produire  de  bons  fruits  ;  deforte  que  les  Plantes  qui  croiffent  modéré¬ 
ment,  font  dans  tous  les  cas  les  meilleures.  Il  faut  cependant  nier  de  pru¬ 
dence  quand  on  les  coupe,  6c  avoir  grand  foin  de  confer  ver  les  deux  pré- 
mières  branches  des  côtés  6c  les  bras  qui  en  viennent  ,  lefquels  doivent 
enfemble  former  toute  la  Plante,  ces  deux  prémières  branches  étant 
prefque  toujours  à  fruit.  On  ôte  les  fauffes  fleurs  furnuméraires ,  mais  non 
pas  toutes ,  car  elles  ont  fouvent  la  fine  femence  qui  eiVnéceflàire  pour 
que  le  fruit  noue. 

On  pince  6c  l’on  retranche  l’extrémité  des  bras  à  fruit,  afin  de  les  ar- 

Xx  2  re- 


'3!fS  •  L  E  S  '  a  G  R  E  M  E  N  S  ^ 

rêter ,  &  que  le  fruit  profite  plus  de  la  fève.  Quand  ces  petits  Melons 
grolfifTent  dans  le  devant  d’une  fleur  claire  &  bien  fleurie,  &  que  le  co¬ 
ton  en  difparoit,  c’efl:  un  bonpréfage  qu’ils  tiendront  ;  cependant  celan’efl 
lur  qu’après  qu’ils  font  unis ,  point  cotonneux ,  &  qu’ils  font  de  la  grof- 
feur  d’une  groffe  noix.  Il  arrive  cependant  que  ceux-ci,  quoiqu’ils  croif- 
fent  jufqu’à  ce  qu’ils  foient  à  peu  près  mûrs,  périflent encore  fouventpar 
le  chancre  qui  vient  aux  bras  ;  on  ne  fait  que  dire  de  ce  chancre ,  ou , 
en  général ,  de  la  mort  des  Plantes  ;  celles  qui  y  font  le  plus  fu jettes, 
font  celles  dont  la  pouffe  dans  le  commencement  a  été  un  peu  interrom¬ 
pue,  ce  qui  fe  voit  fouvent  à  l’égard  des  Plantes  qui  ont  été  femées  a- 
vant  la  mi-Mars ,  comme  auffi  à  l’égard  de  celles  qui  ont  été  trop  arro- 
fées,  fur-tout  quand  avant  ce  tems-là  elles  ont  été  fort  altérées.  C’efl 
.ainfi  qu’on  voit  mourir  la  plupart  des  Plantes  avec  leurs  fruits  prefque  mûrs , 
quand  après  des  pluies  fortes,  il  fuit  une  grande  chaleur  du  Soleil.  J’ai 
trouvé  que  le  meilleur  moyen  de  prévenir  cela,  efl:  de  ne  pas  les  tranf- 
planter  dans  une  terre  trop  amendée ,  de  ne  pas  les  y  laiifer  trop  deffé- 
cher,  &  de  ne  pas  aufli  les  arrofertrop,  ou  de  tenir  la  terre  trop  mouil¬ 
lée;  étant  beaucoup  mieux  de  mouiller  au  commencement  médiocrement 
le  fumier  par  afperfîon,  &  enfuite ,  quand  il  efl  fort  fec,  de  l’arrofer  da¬ 
vantage  avec  de  l’eau  de  pluie.  Mais  quand  il  fait  de  fortes  pluies  chau¬ 
des,  il  faut  couvrir  les  Plantes,  car  autrement  s’il  fuit  un  Soleil  chaud, 
elles  fouffriront.  Pour  faire  cette  couverture  de  la  façon  la  plus  convena¬ 
ble,  on  place  devant  &  derrière  les  Plantes  de  petits  piquets,  qui  font  tel¬ 
lement  difpofés  par  le  haut  qu’on  peut  mettre  dans  les  écliancrures  une 
double  late,  qui  efl  par  delîus  unie  avec  le  bois  de  ces  piquets,  pour  que 
les  nattes  de  rofeau  ne  s’accrochent  point  en  les  pliant  ou  en  les  dé¬ 
pliant. 

Quand  les  fruits  ont  la  moitié  de  leur  groffeur,  on  n’arrofera  que  mé¬ 
diocrement  les  Plantes,  &on  mouillera  toujours  le  montant  avec  de  l’eau 
de  pluie,  afin  que  dans  la  fuite,  la  pluie  leur  foit  moins  funefle  (a).  11 

faut  auffi  avoir  toujours  foin  d’arranger  proprement  les  plantes ,  &  de  les 
affujettir  en  plufieurs  endroits  par  le  moyen  d’une  petite  branche  crochue , 
mais  qui  ne  froiffe  pas ,  pour  empêcher  que  le  vent  n’ait  fur  elles  trop 
de  prife.  ' 

Les 

(a)  Plufieurs  prétendent  qu’on  ne  doit  pas  arrofer  les  Plantes,  quoique  en  les  cou¬ 
vrant  ils  les  privent  de  leurs  arcofemens  naturels  j  ce  qui  cil  contraire  à  la  raifon  écà 
mon  expérience. 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  349 

Les  petits  Melons,  qui  appartiennent  à  des  Plantes  dont  le  fruit  eflà 
moitié  mûr,  meurent  fouvent,  Tur-tout  quand  ils  grolfiffent  fort:  mais 
quand  les  fruits  font  tout-à-fait  murs ,  il  arrive  fouvent  dans  de  beaux 
Etés ,  que  ces  petits  Melons  viennent  k  bien. 

On  ne  peut  rien  dire  de  pofitif  par  raport  au  tems  de  leur  maturité , 
car  cela  dépend,  pour  la  plus  grande  partie,  des  eij^èces  &  du  tems, 
de  la  vigueur  avec  laquelle  les  Plantes  ont  pouffé,  &de  la  chaleur  fécon¬ 
de  qu’elles  ont  eue.  Les  petits  Melons  fucrés  meuriffent  des  prémiers  : 
on  en  a  quelquefois  quelques-uns  de  mûrs  fîx  femaines  après  qu’ils  font 
noués  ;  leurs  Plantes  ont  peu  de  feuilles  &  de  bras.  Les  gros  Melons 
ne  meuriffent  pas  fitôt ,  fur-tout  ceux  qui  font  ronds  ôz  fort  brodés  ;  car 
cette  forte  quitte  difficilement  la  queue,  ayant  pour  cela  fouvent  befoin  ' 
de  huit  femaines  &  plus,  les  Cantaloupes  ordinairement  de  fept ,  la  queue 
s’en  détache  vifiblement,  ils  ont  des  bras  vigoureux  &  affez  de  feuilles, 
ce  qui,  aulfi  bien  que  l’épaiffeur  de  leur  écorce,  prolonge  le  tems  de 
leur  maturité.  Les  Plantes  qui  viennent  mal  produifènt  ordinairement 
de  meilleure  heure  des  fruits  mûrs,  mais  moins  agréables  au  goût;  au- 
lieu  que  ceux-là  font  beaucoup  meilleurs,  qtii  étant  venus  à  des  Plantes 
vigoLireufes , .  ont  eu  befoin  de  plus  de  tems  pour  meurir. 

^11  en  eff  des  Melons  comme  de  tous  les  autres  fruits,  en  ce  qu’ils  ai¬ 
ment  plus  une  clialeur  journalière  tempérée,  qu’un  Soleil  trop  chaud; 
c’eft  pour  cela  qu’il  vaut  mieux  qu’ils  viennent  à  l’ombre  de  leurs  feuil¬ 
les,  étant  alors  meilleurs  au  goût;  car  ceux  qui  croiffent  k  des  Plantes 
peu  garnies  de  feuilles  &  très  expofées  au  Soleil,  a’ont  pas  ou  rarement 
un  goût  fi  exquis. 

(iuand  les  Melons  font  de  la  groffeur  d’un  œuf  de  poule  ,  on  les  met 
fur  de  petites  tuiles  ou  fur  des  ardoifès ,  afin  qu’ils  foient  moins  touchés 
par  les  vapeurs  qui  s’élèvent  fous  eux  de  la  terre ,  Sz  quand  ils  font  k  peu 
près  mûrs  on  les  tourne  prudemment,  fans  tordre  en  aucune  manière  la 
branche  ou  la  queue  comme  font  quelques-uns  pour  en  avancer  la  ma¬ 
turité,  car  ces  fruits  font  fouvent  coriaces  &  d’un  mauvais  goût.  On 
connoit  à  l’odeur  quand  le  fruit  eft  mûr ,  lorfque  la  queue  commence 
tout  autour  k  fe  détacher ,  quoiqu’il  ne  faille  pas  attendre  k  les  cueillir 
que  la  queue  foit  entièrement  détachée;  car  ils  font  alors  trop  mûrs,  & 
ont  perdu  les  parties  les  plus  fubtiles  de  leur  fubftance:  il  vaut  mieux  les 
CLieiller  quand  la  queue  commence  un  peu  tout  autour  k  fe  détacher ,  & 
qu’ils  ont  de  l’odeur;  ils  feront  alors  beaucoup  plus  agréables  au  goût  a- 
près  les  avoir  confier vés  un  ou  deux  jours.  Le  tems  le  plus  convenable 

Xx  3  pour 


3JO  LESAGREMENS 

pour  ceîa ,  c’ell  dans  la  matinée ,  quand  les  fruits  ont  été  rafraîchis  par 
la  rofée  ou  par  le  froid  de  la  nuit,  ayant  pour  lors  la  chair  plus  ferme  & 
plus  agréable ,  que  ceux  qui  ont  été  cueillis  pendant  le  jour  ,  lefquels 
font  coriaces  &  d\in  mauvais  goût;  cependant,  pour  remédier  à  cela, 
il  faut  les  rafraîchir  dans  de  Teau  de  fource  froide. 

MENTE. 

«k 

Ceft  une  fine  fourniture;  il  y  en  a  de  quatre  fortes.  Elle  fe  multiplie 
de  plant  enraciné ,  &  n’aime  pas  une  terre  trop  amendée  ;  on  la  cueille 
avec  la  main,  &  on  ne  la  coupe  point. 

MILLE. 

Ceft  une  herbe  potagère  d'un  verd  pâle,  qu’on  multiplie  de  graine; 
on  la  mange  en  guife  d’Epinars,  quand  le  te  ms  des  Epinars  eft  palTé. 

NAVETS. 

t 

Fruits  de  terre  qui  font  bien  meilleurs  &  bien  plus  doux ,  lorfqu’ils 
font  cultivés  dans  les  champs  làblonneux  dont  on  a  coupé  les  blés ,  que 
dans  les  terres  graffes  des  Jardins  potagers  :  c’elt-poiirquoi  ils  appartien¬ 
nent  moins  à  ces  derniers  qu’à  la  Campagne;  car  dans  des  terres  grades 
ils  aquièrent  un  goût  amer ,  &  les  vers  les  mangent. 

Les  plus  doux  &  les  plus  agréables  font  ceux  qu’on  lème  dans  des 
Champs  en  Aiitonne.  11  y  en  a  dediveriès  fortes,  fa  voir,  d’un  rond  plat, 
&  d’autres  qui  ne  font  pas  li  plats  ,  avec  une  peau  noire  &  blanche  ;  il 
y  en  a  aulTi  qui  ont  la  peau  jaune ,  &  qui  font  jaunâtres  par  dedans. 
On  en  feme  en  Autonne  lür  des  terres  en  friche  ;  cette  forte  eft  plus 
platte  &  plus  groffe,  mais  ils  ont  prefque  tous  un  goût  amer. 

Les  Navets  longs,  appellés  en  Hollande -Navets  de  France  ,,  font 
longs,  minces,  reflemblans  à  des  racines  approchans  du  Chervi,  mais 
plus  courts  &  plus  gros;  quant  au  goût  femblables  à  nos  Navets  des 
Champs. 

OIGNONS. 

Ceft  un  fruit  de  terre,  rond,  plat  ou  oblong,  fort  au  goût  &:  à  l’o- 

do- 


D  E  L  A  C  A  Al  P  A  G  N  E.  35'X 

dorât 5  iurqifà  faire  pleurer  les  yeux.  Les  Porreaux,  la  Rocambole, 
les  Eclialottes  font  de  la  même  elj^èce,  Sc  l’Ail  ell  auffi  du  même  genre. 

11  y  a  beaucoup  de  différentes  fortes  d’Oignons ,  des  longs,  des 
ronds ,  des  rougeâtres  &  des  blancs  :  le  rouge  plat  efl  le  plus  f  ort  de 
tous, on  le  cultive  rarement  chez  nous, mais  prefque  toujours  le  rouge⬠
tre,  parce  que  réfîftant  mieux  aux  injures  de  l’air,  il  fe  grille  moins,  & 
produit  enfuite  plus  furement  du  fruit  que  l’Oignon  blanc  ;  le  blanc  plat 
a  le  go  lit  &  l’odeur  plus  forts  que  le  rougeâtre. 

On  ne  multiplie  lès  Oignons  que  de  graine  bien  mûre ,  &  comme  la 
graine  efl  fu jette  à  bien  des  inconvéniens  qui  la  font  mourir, quoiqu’elle 
ait  déjà  commencé  à  pouffer,  il  la  faut  femer  dru ,  &  fi  elle  leve  de  mê¬ 
me  ,  arracher  à  tems  ce  qu’il  y  a  de  trop.  Ils  aiment  une  terre  bien  a- 
m.endée,  dont  le  fumier  doit  contenir  plus  d’huile  ,  que  de  fel;  deforte 
que  de  la  verdure  d’eau ,  des  herbes  pourries  &  du  fumier  de  Vache 
font  préférables  au  fumier  falé  &  chaud  de  Pigeons,  dé  Cheval,  &c. 
Ils  n’aiment  pas  une  terre  trop  légère,  c’efl-pourquoi  on  fait  mieux 
dé  fouiller  les  terres  légères  des  Potagers  où  l’on  veut  femer  des  Oi¬ 
gnons  en  Autonne;  de  plus  il  vaut  mieux  les  femer  dans  des  terres 
graffes  que  dans  des  terres  fablonneufes ,  car  ils  font  plus  petits  dans  ces 
dernières  &;  plus  gros  dans  les  autres.  Outre  cela  ils  ne  réfifient  point 
à  de  fortes  pluies  froides,  car  dans  ce  cas  ils  périffent  aifément  &  on  en 
recueille  rarement  dans  ces  Etés  pluvieux  de  la  bonne  graine,  ce  à  quoi 
on  doit  bien  penfer  au  tems  de  la  femaiile  de  l’année  d’après  ;  parce  que 
ceux  qui  vendent  de  la  graine  mêlent  le  peu  de  bonne  nouvelle  femence 
qu’ils  ont  avec  quantité  de  vieille  qui  eft  mauvaife;  &  comme  on  ne  fâu- 
roit  compter  fur  le  tems  qu’on  aura,  on  plantera  les  Oignons,  dont 
on  fe  propofe  de  recueillir  la  graine ,  près  à  près ,  afin  qu’on  puiflb 
tellement  couvrir  de  vitres  les  têtes  qui  contiennent  la  femence,  liées  en- 
femble,  contre  de  trop  abondantes  pluies  que,  quoiqu’elles  jouiffent  de 
l’air  de  toutes  parts ,  elles  continuent  pourtant  à  croître. 

Le  verd  ou  le  montant  des  Oignons  efl  creux,  &  à  tuyaux,  ce  qui 
fait  qu’on  ne  doit  jamais  le  racourcir,  puifque  dans  ce  cas  l’eau  de  pluie- 
entrant  par-là  gâteroit  davantage  l’Oignon  :  il  ne  faut  pas  non  plus  en 
fouler  les  montans  pour  les  arrêter,  parce  que  cela  bleffe  fbuvent  les  Oi¬ 
gnons,  &  les  fait  furement  griller  dans  la  fuite:  il  vaut  mieux  en  froiffer 
legerement  avec  la  main  les  montans,  &  les  arrêter  ainfi,  afin  qifils 
aient  de  plus  groffes  têtes. 

L’Oignon  félon  l’iifagc  qu’on  en  fait,  produit  un  effet  balfamiq ne , 

on 


3ÿ2  LESAGREMENS 

ou  tient  lieu  de  ftimulant.  Crud ,  il  ell  falutaire  pour  les  maux  d’eilo- 
mac  5  rôti ,  pour  les  maux  de  Poitrine  &  de  Poumons ,  5c  auJGTi  pour  les 
Asmatiqiies. 

O  Z  E  I  L  L  E. 

C’eft  une  herbe  potagère  dont  il  y  a  plufîeurs  efpèces ,  parmi  lefquel- 
les  on  range  aulTi  les  tendres  feuilles  de  TEpine- vinette,  auxquelles  on 
attribue  des  qualités  toutes  femblables  à  l’Ozeille. 

Nos  Jardiniers  ne  cultivent  rarement  de  toutes  les  diverfes  efpèces, 
que  rOzeille  qu’on  appelle  en  Hollande  Spaanfe  en  fehapen  Zmring, 
La  première  a  les  plus  grandes  feuilles  ,  lelquelles  font  oblongues  ;  elle 
poufle  vers  le  haut  quantité  de  feuilles ,  &  on  la  multiplie  de  toufes  é- 
clatées. 

On  multiplie  toujours  l’autre  de  graine  pour  l’Ozeille  d’PIiver ,  parce 
qu’elle  réfifle  mieux  au  froid  qu’il  fait  alors  ;  mais  comme  elle  monte 
fort  vite  en  graine,  elle  ne  vaut  rien  pour  l’Ozeille  d’Eté;  outre  qu’elle 
elt  d’une  aigreur  plus  rude  &  moins  agréable  :  fes  feuilles  ne  croifTent 
-  pas  fi  fort  vers  le  haut,  mais  s’étendent  davantage;  c’eft- pourquoi  il  en 
faut  arracher ‘aux  endroits  où  elle  monte  trop  dru,  afin  qu’elle  fafîe  de 
plus  grofies  toufes. 

PANAIS.  Voyez  RACINES. 
PERSIL. 

Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes,  lefquelles  on  difiingue  en  Perfil  pour 
les  racines  &  en  Perfil  ordinaire  comme  une  fourniture,  &  en  Perfil 
frifé  pour  orner  les  plats  &  les  mêts  qu’on  a  fervis. 

Le  Perfil  pour  les  racines  eft  grand,  moins  crénele,  rude  &  d’un  mau¬ 
vais  goût:  il  en  eft  de  meme  du  Perfil  frifé \  ce  qui  fait  que  ces  deux 
fortes  ne  font  pas  fi  bonnes  à  manger  que  la  fuivante. 

Le  Perfil  commun  étant  le  meilleur  pour  manger,  eft  aufii  le  plus 
agréable  &  le  plus  tendre;  fes  feuilles  font  petites,  plus  crénelées,  les 
queues  plus  minces,  rondes,  &  plus  ou  moins  rayées. 

Le  Perfil  aime  une  terre  grafte,  bien  fumée,  &  bien  expofée  au  Mi¬ 
di,  il  veut  aulTi  beaucoup  d’eau,  c’eft-pourquoi  il  ne  faut  pas  en  femer 
ou  tranfplanter  fur  des  fonds  élevés.  On  en  peut  élever  l’Hiver  dans 

des 


DE  LA  CAMPAGNE. 


3^3 


des  Caifîes  couvertes  de  volets  de  bois  ou  encore  mieux  de  Chaflis  de 
verre,  on  doit  dans  ce  cas  le  femer  en  Juiuj  afin  qu’il  foit  raifonnable- 
ment  grand  en  Hiver ,  &  qu’il  réfifte  mieux  à  la  gelée.  Il  ne  faut  pas 
dégarnir  trop  de  feuilles  les  toufes,  mais  leur  laiffer  pendant  l’Hiver  des 
branches  bien  vigoureufès  ;  &  c’efl  pour  cela  aulTi  qu’il  doit  être  fort  ef- 
pacé.  On  feme  au  mois  de  Mars  le  Perlil  d’Eté,  &on  fait  germer  dans 
l’eau  la  graine  de  l’un  &  de  l’autre  jfavoir  d’Eté  &  d’Hiver,  afin  qu’elle 
prenne  plutôt  dans  la  terre. 

Le  Perfil  pour  les  racines ,  &  le  Perfil  frifé  doivent  être  fort  clair  lè- 
més,  &  éclaircis  encore  dans  la  fuite;  le  prémier  doit  être  elpacé  du 
moins  d’un  demi-pied,  &  le  fécond  d’un  pied ,  ou  plus  encore  ;  auquel  cas  les 
racines  grolTifrent  bien  davantage,  &  les  Plantes  du  Perfil  frifé  produilènt 
bien  plus,&  pouffent  des  feuilles  bien  plus  belles  &  bien  plus  friféesron 
peut  femer  parmi  le  Perfil  pour  des  racines ,  des  Choux-fleurs  d’Eté.  La 
graine  de  Perlil  pour  les  racines  de  Hambourg  produit  dans  ce  Païs  de 
meilleures  racines  que  celle  qu’on  recueille  ici. 


PIMPERNELLE. 

C’eft  une  fourniture  qui  fe  multiplie  de  plant  enraciné. 

P  O  1  R  E’  E. 

EtBeteraves(^^oye2:  quant  à  celles-ci  l’article  des  Racines)  font  du  mê¬ 
me  genre.  Il  y  a  parmi  une  forte  de  Poirée,  dont  les  feuilles  qu’on  man¬ 
ge  font  rouges  comme  les  Beteraves ,  &  pouffent  aulfi  en  terre  de 
longues  &  de  grandes  racines  ;  il  y  en  a  auffi  de  bigarrées ,  de  blanches 
&  de  vertes.  On  appelle  chez  nous  la  dernière,'  Poirée  Romaine,  qui 
eft  la  meilleure  herbe  potagère  de  toutes  les  autres  fortes. 

On  multiplie  quelquefois  la  Poirée  de  brins  éclatés,  mais  le  plus  fou- 
vent  de  graine.  Il  efl  bon  de  remarquer  que  la  femence  mûre,  qui  aé- 
té  recueillie  de  Poirée  fcmée  dans  la  même  année,  ne  croît-  point  ou  ra¬ 
rement  ,  mais  qu’on  recueille  la  meilleure  graine  de  Poirée ,  qui  a  trois 
ans  depuis  qu’on  l’a  femée. 

POIS. 

Ce  font  des  fruits  qui  montent  ou  s’étendent  dans  des  coffes,  les  cof 
fes  étant  les  loges  de  leur  graine  :  de  ces  coffes  il  y  en  a  de  bonnes  àman- 
r.  ^  IL  Y  y  ger; 


LES  A  G  REMENS 


3î>4 

,  ger  ;  &  même  on  mange  plus  ces  Pois  pour  les  colTes ,  que  pour  leur 
graine.  Ces  cofles  font  douges  Sc  tendres  à  la  dent  ^  au-lieu  que  les  Pois 
qu’on  cultive  pour  en  manger  la  graine  ou  les  grains ,  ont  prefque  tous 
les  cofles  plus  épaifles ,  plus  reflemblant  à  du  parchemin,  &  moins  bon¬ 
nes  à  manger.  On  appelle  la  première  forte,  des  Pois  qu’on  mange  verts, 
dont  il  y  a  quantité  d’elpèces,  comme  plufieurs  fortes  de  fucrés,  parrni 
lefquelles  il  y  en  a  une  petite  dont  les  cofles  contiennent  peu  de  grains  , 
mais  qui  font  bien  plus  hâtifs  que  les  autres. 

Les  Pois  appelles  en  Hollande  Krombekken  font  de  deux  efpèces, 
dont  la  petite  forte  qui  a  peu  de  Pois  meurit  avant  toutes  les  autres ,  mê¬ 
me  avant  les  Pois  fucrés  hâtifs  ;  leurs  cofles  font  un  peu  plus  larges , 
mais  moins  douces  &  moins  agréables,  ce  qui  m’empêche  d’en  cultiver, 
au- lieu* que  les  Jardiniers  en  cultivent  beaucoup  pour  vendre,  parce 
qu’ils  font  hâtifs.  Les  gros  Pois  de  cette  efpèce  font  longs  &  larges , 
ont  des  cofles  courbées,  &  chargent  raifonnablement. 

Les  Pois  fans  peau  ne  font  pas  fl  bons  que  les  Pois  fucrés.  h^sBaflert- 
Kromhekken  font  moins  longs  &  moins  larges ,  ila  n’ont  pas  non  plus  de 
peau:  ils  chargent  extraordinairement;  c’ell-pourquoi  je  les  eflime  plus 
que  tous  les  autres  Pois  verts ,  plufieurs  cofles  contenant  fept  ou  huit  grains, 
&  plus  encore  :  il  ell  bien  vrai  que  les  Friands  peuvent  trouver  de  la  dif¬ 
férence  entre  ceux-ci  &  d’autres  pois  à  égrainer  avec  leurs  peaux, foute- 
nant  qu’ils  font  moins  doux  ;  ruais  ils  nous  dédommagent  bien  de  cela 
en  ce  qu’ils  chargent  extrêmement  tant  pour  les  cofles  que  pour  les 
grains. 

Les  Pois  appellés  en  Hollande  Erreten  ^an  gratle  ne  montent  pas  fi 
haut ,  c’efl-pourquoi  on  ne  les  peut  pas  compter  parmi  les  Pois  à  ramer. 

Les  Pois  dont  on  ne  mange  pas  les  cofles  font  appellés  en  Hollande 
âop-erreten  of  erreten  met  fchll^  c’eft-k-dire ,  Pois  à  écoflerou  lànspeauj 
il  y  en  a  encore  de  plus  de  fortes  que  des  autres ,  mais  il  y  a 
diverfes  fortes  de  Pois  verds  avec  la  peau.  Les  gros  verts  font  les 
doux  &  les  plus  agréables,  &  ont  la  plus  fine  peau;  mais  ils  char¬ 
gent  extrêmement  peu,  tant  pour  les  cofles  que  pour  les  grains;  cepen¬ 
dant  ils  montent  fort  haut.  Les  petits  T  ois  verts  Anglois  ne  montent 
pas  fort  haut,  rarement  plus  haut  que  deux  piés  ou  deux  piés  &  demi:  ils 
chargent  extraordinairement;  &  les  grains  depuis  le  bas  julqu’au  haut 
font  extrêmement  ferrés  dans  les  cofles;  ils  font  hâtifs,  mais  comme  ils 
durciflent  très  vite  ,  &  qu’on  a  de  la  peine  à  connoître  au  julle  le  tems 
/convenable  pour  les  manger  verts,  on  en  trouve  fouvent  parmi  de  très 
durs  3  ce  qui  efl  leur  plus  grand  défauts  ' 


DELACAMPAGNE. 

T  oh  à  écojjer^  blancs  ou  jaunes:  il  y  en  a  de  plufieurs  fortes,  des 
grands  &  des  petits,  parmi  lefquels  il  yen  a  une  petite  forte,  qui  eft  mû¬ 
re  dans  le  même  tems  que  les  Pois  fucrés  hâtifs,  &-qui  s’appelle  pour 
cela  en  Hollandois  heete  Erreten^  Fois  chauds.  Les  gros  Pois  jaunes, 
liommts  Blaes-oppcn  chargent  moins ,  &  fuivent  les  précédens.  Ceux 
qu’on  appelle  Schokkers  font  encore  plus  ronds ,  &  ont  des  cofTes  plus 
gonflées,  montent  fort  haut,  viennent  des  derniers,  &:  font  les  plus 
àoux  &  les  plus  agréables. 

Fois  gris  de  diverfès  fortes  ;  Capucins  font  ordinairement  les  plus 
gros,  mais  du  refte  ils  font,  ou  peu  s’en  faut,  de  la  même  elpèce  éc  de 
même  goût  que  les  gris. 

Les  Pois  tant  à  manger  verts  qu’à  écolTer  fe  multiplient  de  leurs 
grains  ou  Pois  qui  ont  leur  graine.  On  feme  les  hâtifs  dans  des  caifles 
ou  fous  des  vitres  vers  la  fin  de  Décembre ,  ou  au  commencement  de 
Janvier,  pour  les  tranfplanter  enfuite  par  petites  troches  ou  bouquets  de 
cinq  ou  fix  enfemble,  efpacés  de  quatre  pouces,  &  cela  par  rayons  ou 
rangs  efpacés  de  quatre  pieds.  Ils  doivent  être  rames  à  mefure  qu’ils 
grandiflent,  on  fe  fert  des  plus  fortes  &  des  plus  hautes  rames  pour  les 
gros  Pois  jaunes ,  verts ,  &  fur-tout  pour  les  gris  &  les  Capucins  ;  après 
quoi  on  rame  les  Pois  crochus,  les  Pois  bâtards  de  cette  elpèce,  &  les 
Pois  fucrés  avec  de  plus  courtes  rames,  &  les  Pois  Anglois  à  écolier  a- 
vec  les  plus  bafles  de  toutes,  &  cela  des  deux  côtés  des  rangs  ,  où  on 
afeméou  tranlplanté  les  Pois,  afin  qu’ils  s’entrelallent  dans  les  rames, 
&  que  le  vent  ait  fur  eux  moins  de  prilè  pour  les  en  détacher.  Quand 
on  craint  p'burtant  encore  qu’ils  ne  quittent  leurs  rames,  on  les  munit 
des  deux  côtés  de  ficelle ,  làns  rompre  le  moins  du  monde  les  montans, 
car  cela  les  empêchcroit  de  croître  ;  de  plus  on  les  butte  avant  qu’ils  ne 
fleuriflent,  tout  comme  les  groHes  Fèves. 

Pour  manger  fans  interruption  des  Pois  verts,  on  feme  tout  à  la  fois' 
des  Pois  fucrés,  des  Pois  à  écofler,  de  ceux  qu’on  nomme  chauds^  des 
gros  pois  à  écofler, &  de  ceux  qu’on  •3Cp^û\tMer-Feulen\  ceux-ci, dont 
ia  peau  eft  bonne ,  font  les  plus  tardifs.  11  faut  cueillir  tous  ces  fruits 
prudemment  avec  les  deux  mains ,  &  même  il  vaut  mieux  les  cou¬ 
per  au  couteau ,  ou  avec  des  Cifeaux, 

PORREAUX. 

Légume ,  efpèce  d’Oignon,  maiç  plus  long,  ayant  la  tête  moins  ronde , 

Yy  2  com- 


LES  AGREMENS 


3J6 

comme  par  écailles,  &  pareillement  d’un  goût  fort.  On  les  diflingué 
chez  nous  en  trois  eipèces ,  fa  voir  en  grands ,  petits  &  communs. 

Ceux  de  la  plus  grolTe  efpèce  aiment  a  être  tranlplantés  à  claire  voie  y 
&  à  être  efpacés  du  moins  d’un  demi- pied ,  devenant  alors  beaucoup  plus  ' 
grands  &  plus  gros.  La  commune  forte,  quoique  fort  éclaircie  ou  tranf- 
plantée,  ne  devient  jamais  fi  grofle  ;  l’ime  &  l’autre  de  ces  fortes  deviennent 
bien  meilleures  quand  on  les  a  butées  comme  le  Céleri ,  ou  quand  on  les  a 
laifTées  mitonner  dans  du  fable,  ce  qu’il  faut  faire  plutôt  en  plein  air,  que 
dans  des  endroits  renfermés,  pourvu  qu’on  les  y  couvre  contre  les  rudes 
gelées.  La  troifième  ou  petite  forte  fe  multiplie  auffi  en  terre  par  des  ca¬ 
yeux  oblongs ,  tout  comme  les  Ciboulettes.  , 

POURPIER. 

Herbe  potagère  de  deux  fortes ,  à  feuilles  vertes  &  à  feuilles  dorées. 
Le  Pourpier  doréefl  celui  qu’on  eftime  &  qu’on  cultive  le  plus  chez  nous; 
au-lieu  que  les  François  préfèrent  le  vert  ,  comme  étant  meilleur  que 
l’autre. 

Le  Pourpier  fè  multiplie  de  graine,  &  quand  on  en  a  femé  une  fois,' 
il  croît  abondamment  dans  la  même  place,  &  l’année  fuivante  &  plu- 
fîeurs  autres.  On  le  feme  après  la  gelée ,  parce  qu’il  craint  beaucoup 
un  froid  rude.  Les  tendres  branches  du  Pourpier  contiennent  plus  &  de 
meilleurs  fucs  que  les  feuilles  mêmes ,  ce  qui  fait  auffi  que  bien  des  gens 
préfèrent  les  branches  aux  feuilles. 

Le  Pourpier  ne  réfifle  point  à  la  gelée,  c’efl  pour  cela  qu’il  ne  faut  le  fè- 
mer  qu’après  les  petites  gelées  du  Frintems,  car  autrement  quand  il  ge- 
le  dans  cette  fàifon  il  arrive  très  facilement  que  fès  tendres  'petits  rejet- 
tons  fe  gelent.  C’eft  auffi  pour  cela'qu’on  feme  le  Pourpier  hâtif  fous 
des  vitres  ou  fur  du  fumier. 

Comme  la  plupart  des  fucs  fe  trouvent  plus  dans  les  vigoiireufès  bran¬ 
ches  que  dans  les  feuilles ,  &  que  les  plus  épaiffes  feuilles  en  contiennent 
plus  auffi  que  celles  qui  font  plus  minces  ,  il  eh:  néceffaire  que  le  Pour¬ 
pier  foit  à  claire  voie ,  &  qu’on  en  arrache  quand  il  efl  trop  dru ,  cha¬ 
que  plante  devant  du  moins  être  efpacée  de  quatre  pouces  ou  plus  enr 
core. 


R  Ai 


DE  LA  CAMPAGNE, 


RACINES. 

Légumes,  lefquels  plus  qu’aucun  autre  croifTent  fort  en  longueurvers 
en-bas.  On  pourroit  mettre  aufTi  parmi  les  Racines  les  longs  Navets  de 
France;  mais  comme  (excepté  qu’ils  font  plus  longs  que  nos  Navets  des 
Champs)  ils  leur  relTemblent  très  fort ,  on  en  a  parlé  à  l’article  des  Na¬ 
vets. 

Les  Racines  fe  multiplient  de  femence  ,  excepté  la  PalTerage  qui  fe 
multiplie  de  fes  racines  éclatées,  les  meilleurs  éclats  étant  ceux  de  la  tê¬ 
te;  on  peut  multiplier  de  la  même  ihanière  leChervi,  mais  il  vaut  mieux: 
le  faire  de  graine. 

En  Hollande  on  comprend  fous  le  nom  de  Racines,  fans  y  rien  a- 
jouter,  les  Carottes,  nommées  autrement  Carottes  jaunes  ou  de  Leide, 
parce  que  celles  qui  croiffent  aux  environs  de  cette  Ville  dans  des  terres 
fablonneufes  font  les  meilleures.  Pour  dil^inguer  les  autres  Racines  de 
celles-ci  on  les  appelle  Beteraves ,  Racines  de  PilJenUt ,  de  PaJJèrage , 
de  SaIJifiXy  de  Scorf mères  ^  de  Per  fil -y  de  Cbervi^  ^  des  Panais^  de  tou¬ 
tes  lefquelles  on  traite  ici ,  en  commençant  par  les  Carottes  de  Leide 
ou  de  Home ,  dont  les  dernières  font  plus  courtes  &  de  coiüeur  plus  o- 
range. 

il  y  a  fix  fortes  très  diftinéles  de  Carottes ,  trois  longues  &  trois  plus 
courtes,  qui  ne  hnilTent  pas  fi  uniment,  &  qui  n’ont  pas  une  queue  fi 
longue  &  lî  mince. 

Les  meilleures  Carottes  jaunes  font  les  longues  de  Leide;  on  les  feme 
pour  l’Eté  à  la  mi- Avril,  &  jamais  avant  la  mi-Mai  pour  l’Hiver,  après 
qu’elles  commencent  à  germer. 

Les  plus  rougeâtres  de  ces  Carottes  deviennent  les  plus  grolTes;  elles 
font  plus  pleines  d’caii  &  ont  le  goût  moins  bon  ;  mais  la  plus  mauvaiiè 
de  ces  trois  fortes  a  prefque  la  couleur  des  Panais;  elles  viennent  plutôt 
que  les  autres ,  mais  comme  elles  font  fort  mau  vaifes ,  elles  ne  méritent 
pas  d’être  cultivées,  quoique  les  Carottes  jaunes  précédentes  foient  plus  ou 
moins  colorées  &;  agréables  au  goût,  félon  leurs  elpèces:  le  fond  de  ter¬ 
re  ne  contribue  pas  peu  à  cette  variation ,  car  dans  des  fonds  de  terre 
graffe  on  en  élevera  de  plus  colorées,  de  plus  grolTes,  mais  aufii  de 
moins  bonnes  que  dans  des  terres  fablonneufes. 

Les  Carottes  d’Hiver  n’ont  pas  belbin  de  fumier,  parce  que  cela  les 
jeend  fujettes  aux  vers  de  à  croître  avec  des  tumeurs;  mais  on  feme 

■  Y  y  3  fcî 


S 


L  E  S  A  G  R  E  Al  E  N  S 

les  Carottes  hâtives  d’Eté  dans  une  terre  bien  amendée. 

On  appelle  les  Carottes  courtes,  des  Carottes  de  Home:  il  y  en  a 
aulTi  de  trois  fortes;  il  y  en  a  une  de  couleur  orange  pâle,  reiïemblant 
plus  à  la  couleur  des  Carottes  jaunes  dé  Leide  :  elle  ell  un  peu  plus  lon¬ 
gue  ,  moins  pleine  d’eau ,  que  ne  l’efl  l’efpèce  de  ces  Carottes  de  Home. 
La  fécondé  forte  a  plus  la  couleur- orange,  c’efl  celle-là  que  nos  Jardi¬ 
niers  Jement  ordinairement  en  Autonne  pour  en  avoir  de  primeur,  par¬ 
ce  qu’elle  réfifte  mieux  au  froid  &  qu’elle  ell  plutôt  bonne  à  manger, 
aulli  ell-elle  avant  fa  crue  entière  très  douce  au  goût ,  &  même  aufîi 
bonne  que  les  véritables  Carottes  jaunes  de  Leide;  mais  lorfqu’elle  a  fa 
crue  entière  elle  ell  plus  pleine  d’eau:  c’ell-pourquoi  on  en  feme  toujours 
pour  en  avoir  de  hâtives  ou  de  primeur ,  mais  jamais  pour  l’Hiver.  Il 
ne  faut  point  cultiver  les  Carottes  de  Home  qui  font  plus  couleur  d’o- 

range.  _  '  ^  ^ 

Ceux  de  nos  Curieux,  qui  aiment  à  prématurer,  fement  la  petite  for¬ 
te,  parce  que  ces  Carottes  étant  petites,  Ibnt  meilleures  pourpoulTer 
avec  vigueur  par  le  moyen  d’un  fumier  fort  chaud,  parce  que  leurs  peti¬ 
tes  racines  chevelues  ne  pénètrent  pas  jufqu’au  fumier  au  travers  de  la 
terre,  &  qu’elles  font  par  conféquent  de  meilleure  heure  bonnes  à  man¬ 
ger.  On  n’en  femera  point  que  fur  du  fumier  Tort  chaud,  plus  pour 
contenter  les  ignorans ,  parce  qu’elles  font  fort  hâtives ,  que  pour  tou¬ 
te  autre  chofc,  étant  très  mauvaifes;  car  on  trouve  des  gens,  qui  pré¬ 
fèrent  (tant  les  goûts  diffèrent)  des  Carottes  très  minces ,  qui  n’ont  pas 
la  moitié  de  leur  crue,  &  qui  les  paient  fort  clier,  &  cela  uniquement, 
à  ce  qu’il  me  paroit ,  parce  qu’alors  elles  font  rares  :  au-lieu  que  les  per- 
fonnes  entendues ,  trouvant  celles  qui  ont  leur  crue  entière  fenfîblement 
meilleures,  ne  cherchent  jamais  des  Carottes  hâtives,  tant  qu’ils  en  trou¬ 
vent  de  vieilles  d’Hiver  bien  confervées.  Il  faut  de  plus  remarquer 
qu’on  a  pour  l’ordinaire  ,  dans  des  années  fort  pluvieufes,  les  plus  léchés 
&  les  meilleures  Carottes,  quoiqu’il  foit  certain  que  les  meilleures  croif- 
fent  dans  les  terres  fablonneufos  les  plus  élevées  &  les  plus  fèches  ;  n’é¬ 
tant  pas  moins  remarquable,  outre  cela,  qu’on  peut  en  femer  pendant 
plufieurs  années  de  fuite  dans  les  mêmes  terres ,  fans  que  cela  leur  caufe 
aucun  dommage. 

Quoique  les  Carottes  croiffent  vers  en-bas  dans  la  terre,  elles  aiment 
cependant  un  air  libre  &  dégagé  de  beaucoup  d’ombrage,  deforte  qu’on 
ne  femera  point  de  Carottes  d’Hiver  fur  des  Careaux  qui  font  à  l’om¬ 
bre  de  Hayes  tondues  à  l’Ell  ou  à  l’Ouefl. 


On 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  35*^ 

On  feme  au  commencement  du  Mois  de  Mars  des  Carottes  hâtives, 
qu’on  mange  à  la  moitié  de  leur  crue  dans  une  terre  qui  efl  très  rechau- 
fante  par  le  moyen  du  fumier;  fe  lèrvant  pour  cela  de  la  plus  grofle  for¬ 
te  appellée  d’Utrecht  ou  de  Home,  defquellesilorfqii’elles  paroiflent,  on 
cueille  d’abord  les  plus  hâtives  ;  ce  qu’on  ne  fera  point  k  l’égard  des  Ca^ 
rottes  d’ Hiver  qui  doivent  croître  entierément,  car  cela  rend  les  autres 
plus  fujettes  aux  piqûres  des  vers ,  parce  que  la  terre  fèche  fe  jette  au¬ 
tour  des  Carottes  qui  reftent  plantées ,  mais  il  faut  les  éclaircir  jufqu’à 
deux  fois,  pour  que  les  plus grofles  étant  bien  elpacées,  puiflent  croître 
comme  il  faut  ;  cet  éclaircilTement  doit  être  fait  à  tems ,  cependant  pas 
trop  tôt,  &  pour  faire  le  fécond  on  n’attendra  point  qu’elles  tiennent 
trop  fort ,  aiin  de  ne  pas  trop  remuer  la  terre ,  &  cela  pour  la  raifon 
précédente,  favoir  que  la  terre  fèche  y  tombant,  rend  les  autres  plus  fii- 
jettes  aux  piqûres  des  vers. 

On  tire  de  terre  immédiatement  avant  la  gelée, les  Carottes  d’Hiver; 
enfuite  on  en  coupe  l’extrémité  fupérieure,  afin  de  les  empêcher  de  ger¬ 
mer  ,  comme  aulfi  les  extrémités  déliées  de  leurs  queues,  après  quoi 
on  les  lave  &  on  les  netoie,  enfuite  étant  féchées ,  on  les  enterre  dans  du 
fable  pur ,  &  on  peut  les  conferver  ainfi  pendant  tout  l’Hiver.  . 

On  ne  femera  jamais  des  Carottes  fur  une  terre  où  il  y  a  eu  du  Cer¬ 
feuil  d’Autonne ,  parce  qu’à  caufe  de  la  grande  quantité  de  racines  de 
Cerfeuil  qui  s’y  trouvent,  &  qui  les  empêchent  de  pénétrer  en  terre, 
elles  y  croiflent  toujours  avec  des  excroilTances. 

Beteravesi  il  y  en  a  de  diverfos  fortes,  dont  les  meilleures  font  d’un 
rouge  foncé ,  &  longues  à  proportion  de  leur  grolTeur  :  les  plus  grolTes 
qui  ne  font  pas  à  proportion  fi  longues ,  font  moins  bonnes.  Elles  ai¬ 
ment  une  terre  grafle  bien  amendée  &  un  plein  air,  plus  qu’aucune  au¬ 
tre  racine.  On  les  multiplie  de  graine ,  mais  on  ne  les  feme  point  de 
la  même  manière  que  les  autres  Plantes ,  car  on  met  enfemble  dans  la. 
terre  trois  ou  quatre  grains  defemence,  efpacés  d’environ  huit  ou  neuf 
pouces ,  dont  on  arrache  cependant  les  plus  petites  à  différentes  repri- 
lès ,  pour  élever  uniquement  les  autres. 

Racines  de  Fijfenlit^  fouvages  &  franches.  J1  faut  femer  les  dernières 
dans  une  terre  légère,  qui  ne  foit  point  trop  amendée ,  où  elles  pouffent  de 
grandes  &  de  longues  racines  .'cependant  la  terre  ne  doit  pas  être  trop  lé¬ 
gère  jcar  elles  poufleroient  alors  beaucoup  de  rejettons  par  les  côtés  x’eft 
pour  cela  qu’on  les  cultive  avec  plus  de  fùccès  dans  des  terres  graffes  que 
dans  des  terres  fablonneufes.  On  les  multiplie  de  graine ,  que  l’on  feme: 


*36o  L  E  s  a  g  R  E  M  E  N  s 

après  la  mi-Mai  :  celles  qu’on  feme  plutôt  montent  auiïi  plutôt  en  grai¬ 
ne  5  &  font  cordées  &  mauvaifes. 

Racines  de  Ferfil.  V oyez  PERSIL. 

Salfifix\  c’eft  une  Racine  peu  connue  des  Jardiniers^Sc  ainfî  peu  culti¬ 
vée  chez  eux  ;  elle  a  prefque  le  même  goût  &  les  mêmes  qualités  que 
les  Scorfonères,  mais  fa  peau  extérieure  eft  jaunâtre ,  &  les  feuilles  en 
font  plus  étroites  :  elle  ne  monte  pas  fi  vite  en  graine  que  les  Scorfonè- 
res. 

Scorfonères\  il  n’y  a  que  peu  d’années  que  les  Jardiniers  en  cultivent, 
n’étant  ci-devant  en  ulage  que  chez  les  Apoticaires,  qui  en  font  une 
eau  pour  les  remèdes  ;  mais  aéluellement  prefque  tous  les  Jardiniers  en 
"  vendent  comme  d’autres  Légumes,  &  elles  font  eftimées  &  recherchées 
comme  un  très  bon  mets.  L’écorce  extérieure  en  efl  noire,  les  feuilles 
plus  larges  que  celle  des  Salfifix,  elles  montent  fort  vite  engraine;  mais 
elles  ne  fe  cordent  pas  fi  aifément ,  quand  on  lailTe  faner  entièrement 
fur  les  racines  le  montant ,  &  qu’on  en  coupe  les  nouveaux  rejettons. 

On  laifle  auITi  fouvent  pendant  l’Hiver  les  Scorfonères  en  terre ,  pour 
ne  les  manger  qfue  la  fécondé  année ,  étant  alors  plus  grofles ,  mais 
moins  tendres  <5c  moins  délicates ,  que  lorfqu’on  les  mange  la  prémière 
année.  On  les  feme  au  mois  de  Mars,  &  il  faut  les  éclaircir,  de  ma¬ 
nière  que  du  moins  elles  foient  efpacées  de  trois  pouces.  La  graine  qu’on 
lème  doit  être  de  racines  de  deux  ans,  auquel  cas  elles  ne  monteront  pas 
fitôt  en  graine  ,  que  la  femence  de  racines  d’un  an  ,  outre  qu’elles  de- 
'  viennent  plus  grofles;  deforte qu’on  ne  femerajamaisdela  graine  recueil- 
-  lie  de  racines  d’un  an. 

Le  ChervîS\  ce  font  des  racines  de  ce  Païs,  elles  font  très  balfami- 
ques,  &  fortifient  beaucoup,  ce  qui  fait  qu’elles  font  très  faines  pour  les 
perfonnes  foibles  &  languilfantes  qui  en  mangent.  Elles  rcfillent  au  froid 
de  nos  Hivers,  &  c’eft  pour  cela  aulfi  qu’on  ne  les  arrache  fouvent  que  la 
fécondé  année ,  comme  les  Scerfonères ,  mais  celles  d’un  an  font  infini¬ 
ment  plus  délicates  &  moins  cordées  ;  on  les  multiplie  de  graine  & 
de  rejettons,  qui  viennent  tout  autour  des  fommités,  après  que  le  mon¬ 
tant  en  efl:  fané.  Ayant  ôté  au  mois  de  f'évrier,  ou  au  commencement 
de  Mars ,  ces  petits  rejettons ,  on  les  plante  chacun  féparément ,  efpacés 
d’environ  quatre  pouces,  ou  quelque  chofe  de  plus.  Ces  Racines  n’aiment 
pas  une  terre  nouvellement  fumée;  mais  bien  d’être  plantées  dans  une  ter¬ 
re  qui  l’année  d’auparavant  a  été  fort  amendée.  Elles  montent  vite  en 
graine,;  cependant  il  n’en  faut  point  couper  le  montant,  mais  le  laifler 

faner , 


DE  LA  CAMPAGNE.  r“ 

Faner,  parce  qu’elles  font  autrement  trop  cordées.  Les  racines  groflif- 
fènt  à  mefure  que  le  montant  fe  fane,  &  elles  continuent  à  croître  tant 
que  la  gelée  ne  les  en  empêche  point  ;  c’ell;  aulli  pour  cela  qu’on  ne  les 
arrachera  point ,  que  lorfqu’une  rude  gelée  pénètre  trop  dans  la  terre; 
mais  comme  elles  font  fort  délicates,  &  que  les  Souris  les  mangent  d’a¬ 
bord  ,  il  ell  néceflaire  de  les  arracher  en  Autonne. 

Panais'^  ils  font  aufîi  balfamiques,  mais  d’un  goût  un  peu  plus  fort(Sc 
d’une  nourriture  plus  groflière  que  le  Chervis;  ils  aiment,  tout  com¬ 
me  le  Chervis ,  k  être  lèmés  dans  des  fonds  de  terre  gralTe  bien  fouillés, 
&  fumés  l’année  d’auparavant.  Les  Jardiniers  employent  à  cet  ufage 
lès  fonds  les  plus  grêles.  On  les  lème  communément  au  commencement 
d’Avril,  &  après  que  les  Racines  ont  pris  comme  il  faut,  on  les  éclair¬ 
cit  de  manière,  qu’ils  Ibient  elpacés  d’un  demi-pied. 

La  gelée  les  rend  plus  tendres,  plus  doux plus  délicats;  c’eft-pour- 
quoi  on  ne  les  tire  point  ou  rarement  de  terrepour  les  conferver  pendant 
l’Hiver  dans  la  Mailbn  avant  la  gelée;  mais  on  arraclie  ordinairement 
par  force  de  terre  ceux  dont  on  a  befoin  pendant  la  gelée.  ' 

RAVES. 

'  Il  y  a  de  plufieurs  fortes  des  Raves  :  elles  n’aiment  pas  une  terre  fort 
fumée  &  grafle.  Qn  les  feme  ordinairement  au  Printems  avec  les  Lai¬ 
tues  pommées  fur  des  platte-bandes  bien  expofées  au  Midi:  mais  elles 
deviennent  moins  grofres&  moins  longues  que  celles  qu’on  feme  en  Juin 
ou  en  Juillet  ;  pour  en  avoir  de  primeur  on  en  feme  dans  l’Autonne. 
Parmi  les  Raves  communes  il  y  en  a  de  deux  fortes,  à  grandes  &  k  pe¬ 
tites  feuilles,  il  ne  faut  cultiver  que  les  dernières. 

REPONCES  ou  GROS  RAIFORTS. 

t 

Légume  d’une  grande  &  d’une  petite  forte,  la  dernière  portant  aufli 
le  nom  de  Rave.  La  grande  forte  a  une  peau  noire  brunâtre ,  &:  pro¬ 
duit  une  racine  longue,  relTemblant  au  Navet;  elle  efl  plus  piquante 
que  la  Rave,  qui  efl  blanche  par  dehors,  plus  petite  &  plus  ronde,  k 
peu  près  comme  les  Navets. 

On  feme  les  Reponces  au  Mois  de  Juillet,  quand  on  le  fait  plutôt  el¬ 
les  montent  en  graine. 


Z  2 


Partie  IL 


R  H  U  E. 


'  Elle  efl  fouvent  très  litile  pour  fortifier  le  cerveau  5  &  pour  en  appai- 
fer  les  vapeurs;  ainfi  quoiqu’on  n’en  mange  pas /on  la  juge  cependant 
néceffaire  dans  les  Jardins  potagers.  Elle  fe  multiplie  de  graine  ;  il  na 
faut  pas  lui  couper  avant  l’Hiver  les  boutons  qui  contiennent  la  graine  > 
parce  qu’ils  tiennent  lien  de  défenfe  contre  la  forte  gelée. 

ROCAMBOL  E. 

C’eft  un  fruit  à  cayeux,  plus  long  &  plus  gros  que  les  Echalottes';  on- 
le  multiplie  de  cayeux  comme  les  Echalottes  ;  cependant  avec  cette  dif¬ 
férence,  qu’on  le  plante  en  Autonne,^  &  qu’il  le  faut  couvrir  pendant 

le  froid  de  l’Hiver. 

\ 

ROMARIN. 

Ceff  un  Arbriffeau  qui  fe  multiplie  le  plus  fouvent  de  bouture  ;  if  ne 
réfifte  pas  à  un  froid  trop  rude,  ni  à  l’eau  de  neige;  il  n’aime  pas  non 
plus  d’être  renfermé,  mais  d’être  en  plein  air;  c’ell- pourquoi  on  em 

conferve  difficilement  pendant  l’Hiver  dans  les  Orangeries. 

\ 

R  O  Q.U  E  T  T  E. 

C’eft  une  fourniture  dé  Salade;  on  la  feme  au  Printems., 

SALADE. 

*  » 

On  la  mange  ordinairement  d’entrée,  aufli  comme  accompagnant 
d’autres  mêts ,  pour  mettre  l’eflomac  en  train.  Sous  ce  nom  font 
compris  quantité  de  Légumes  &  d’herbages  tant  fauvages  que  francs  ou^ 
cultivés.  Parmi  ces  derniers  font  l’Oignon,  les  Afperges,  les  Betera- 
ves ,  les  Racines  de  Piflenlit,  les  Concombres ,  &  le  Tendre-verd,. 
comme  Chicorée, ‘Salade  verte  des  champs.  Laitues  pommées  de  plu- 
fîeurs  fortes ,  petites  Laitues ,  Salade  de  Choux ,  du  Céleri ,  des  Hari¬ 
cots  verds,  &c..  On  compte  parmi  les  fauvages,  quantité  de  tendres- 
rejettons,  comme  du  Piffenlit,  &c.  Mais  on  ne  traite  dans  ce  Chapi¬ 
tre 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  5^3 

ire  que  des  Laitues  pommées,  des  petites  Laicnes,  delà  Salade  verte 
des  champs  ;  &  de  celle  qu’on  appelle  en  Hollande  Vette  Kous, 

Laitues  pommées^  en  Hollandois  Krop-Saîade  ou  Sluit-Latouw :  il  y 
en  a  diverfes  fortes ,  à  feuilles  vertes ,  ro.ugeâtres. 

On  diftingue  la  plus  commune,  qui  a  les  feuilles  jaunâtres,  en  gran¬ 
de  &:  en  petite,  &  en  une  troifième  forte  encore  plus  petite. 

La  grande  appellée  en  Hollande  Kloqfter-Krop  ^  ne  monte  pas  fitôt 
en  graine,  mais  la  pomme  n’en  eft  pas  fi  ferme:  elle  prend  beaucoup  de 
terrain  à  caufe  de  l’exteniron  de  fes  feuilles. 

Après  celle-là  vient  la  petite  jaune  nommée  Prince  -  Krop  ^  quia  la 
pomme  plus  ferme  &  efi:  plus  tendre  que  l’autre  ;  de  celles-ci  il  y  en  a 
de  deux  fortes ,  la  meilleure  très  jaune ,  &  l’autre  verdâtre  ;  cette  der¬ 
nière  efi:  celle  qu’on  peut  cultiver  pendant  l’Hiver  fur  des  Couches  de 
feuilles  d’arbres. 

Vient  après  cela  la  plus  petite  jaune  &  la  plus  pommée  des  trois, 
nommée  Blanke-Haegfe-Krop  ^  ayant  peu  de  feuilles  au  dehors,  ce  qui, 
à  proportion  de  fa  grandeur,  fait  que  la  pomme  en  efi  plus  grande;  ou¬ 
tre  que  les  feuilles  en  font  plus  tendres  &  qu’elle  a  les  qualités  des  précé¬ 
dentes,  elle  efi  aulfi  plutôt  pommée  ;  deforte  qu’on  doit  lui  donner  la  pré¬ 
férence  für  les  autres  &  en  femer  au  Printems  parmi  d’autres  Légumes, 

'  puifqu’on  peut  les  cueillir  alTez  à  tems ,  pour  qu’elle  ne  porte  aucun  pré¬ 
judice  aux  Légumes  qui  refient  en  terre.  Après  celle-ci  vient  la  Prince- 
Krop^  qu’on  peut  .femer  parmi  des  Légumes  qui  ne  font  pas  fi  drus, 
comme  les  Carottes  jaunes  ;  c’efi  la  meilleure  des  deux  fortes  :  après  cela 
vient  la  Kloojler-Krop  pour  la  tendreur. 

Parmi  les  Laitues  pommées  fvertes-i\  y  en  a  de  deux  fortes;  l’une 
grande ,  mais  moins  bien  pommée  &  plus  dure  que  la- petite  forte, 
qui  pourtant  n’efi  pas  aiüTi  tendre  que  la  Princejje ,  la  Prince ,  ni  que 
la  Kloojler  -  Kî'op  J  cette  meilleure  forte  verte  ayant  une  fort  grande 
touffe,  parce  qu’elle  n’a  pas  une  pomme  fort  ferme;  elle  a  les  feuil¬ 
les  rudes  :  cependant  cette  petite  verdâtre  ne  monte  pas  fitôt  en  graine , 
que  celle  qui  efi  jaunâtre  ;  c’efi-pourquoi  elle  efi  admirable  à  cultiver  en 
Été;  mais  comme  elle  efi  moins  pommée  que  la  PtinceJJe  &la  Prince- 
Krop  5  elle  efi  meilleure  pour  étuvdr  que  pour  être  mangée  crue. 

Les  Laitues  pommées  qui  ont  par  dehors  des  feuilles  rouffes  ou  roiilTâ- 
tres ,  font  encore  de  deux  fortes.  La  plus  grande  s’appelle  Laitue  Ro¬ 
maine^  &  efi  quelquefois  aufll  grande  qu’un  petit  Qiou  blanc;  mais 
elle  n’a  pas  une  pomme  fort  ferme  ,  &  elle  efi  dure  :  la  plus  peti- 

Z  z  2  te 


LES  AGREMENT 


te  forte  de  ces  Laitues  roufTàtres  n’a  pas  beaucoup  de  feuilles  extérieu¬ 
res  5  mais  elle  eft  d’ailleurs  très  pommée  &  très  grofle, jaune  &  tendre: 
elle  réfifle  aiifii  mieux  que  toute  autre  au  froid  d’Hiver,  c’ell  aulTi  pour 
cela  que  ce  font  les  meilleures  qu’on  puifle  femer  au  mois  de  Septembre 
pour  en  avoir  de  primeur  ;  mais  nullement  pour  des  Laiteus  hâtives  d’E- 
té  5  parce  qu’elles  montent  fort  vite  en  graine  &  même  d’une  telle  fa-^ 
çon  que  dans  des  Printems  chauds  elles  pomment  fort  difficilement. 

La  Laïtm  roujfâtîr.  ou  Rood-baerd^  ayant  des  feuilles  jaunes  dont 
les  extérieures  font  bordées  de  rouge  :  elle  ne  monte  pas  fitôt  en  graine , 
éceft  la  meilleure  Salade  d’Eté:  elle  eft  cependant  moins  tendre  &  moins 
pommée  que  la  PrinceJJe  ou  Prince-Krop ,  ce  qui  la  rend  auITi  très  pro¬ 
pre  à  étuver ,  ayant  une  pomme  ferme  &  bien  ferrée. 

Les  Laitues  pommées  n’aiment  pas  une  terre  extrêmement  fumée,  car 
cela  fait  périr  (ce  qu’on  appelle  fe  chancir)  quantité  de  Plantes.  AuflTi- 
tôt  qu’on  remarque  la  moindre  interruption  dans  leur  crue ,  il  faut  les 
arracher  inceftamment,  en  fouillant  aufti  la  terre;  ce  qui  étant  négligé, 
il  arrive  très  fouvent  qu’une  Plante  en  infede  plufieurs  autres,  étant 
comme  la  pefte  parmi  les  hommes  ;  &  cela  n’a  pas  feulement  lieu  à  l’é¬ 
gard  des  tendres  Plantes,  mais  aufti  à  l’égard  de  celles  qu’on  conferve 
pour  la  graine;  car  celles-ci  infèélent  tellement  les  autres,  que  dans  de 
grands  Careaux  il  en.  refte  fouvent  peu  ou  point  du  tout,  fi  l’on  n’y  met 
pas  ordre  à  tems. 

Les  Laitues  pommées  qu’on  tranfplante  en  Aütonne,  ont  par  deffous 
moins  de  feuilles,  &  ne  font  pas  fi  belles  à  l’œil  que  celles  qui  viennent 
de  femence ,  &  croilfent  au  même  endroit  où  on  les  a  femées. 

Jamais  on  ne  recueillera  de  la  graine  des  Laitues  femées  en  Autonne , 
parce  que  la  Salade  que  cette  graine  produit  ne  pomme  pas  fi  bienpour 
l’ordinaire,  &  monte  auffi  bien  plutôt  en  graine;  la  meilleure  graine  eft 
celle  que  l’on  recueille  de  la  femaille  du  Printems ,  des  prémières  Laitues 
les  plus  grandes  &  les  mieux  pommées,  dont  la  graine  de  deux  ans  eft  la 
meilleure  pour  les  Laitues  d’Eté,  &  celle  de  trois  pour  les  Laitues  d’Hiver. 

La  terre  où  l’on  feme  en  Eté  &  en  Autonne  des  Laitues ,‘  ne  doit  pas 
être  trop  légère,  car  elles  y  périfTent  plutôt,  &  pomment  plus  difficile¬ 
ment  ,  fur-tout  les  Laitues  d’Autonne ,  c’eft  pour  cela  qu’on  femc  ces 
dernières  aux  environs  des  fentiers  où  la  terre  eft  plus  ferme,  de  même 
que  fur  des  Carreaux  où  il  y  a  du  Cerfeuil  &  des  Epinards  d’Hiver ,  afin 
que  le  montant  de  ces  derniers  les  défende  plus  ou  moins  du  froid  de 
riiiver:  on  les  feme  aufti  près  de  quelque  brize-vent,  comme.  Haies  ton- 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  3(5^ 

dues,  entre  lefquelles  ces  tendres  plantes  fe  confervent  mieux  quand 
rHiver  ell  rude. 

On  fème  ordinairement  les  Laitues  d’Autonne  à  la  mi-Scptembre, 
parce  que  dans  des  Autonnes  chaudes  &  fécondes  les  Plantes  femées  de 
meilleure  heure  deviennent  trop  grandes ,  ne  réfiftant  pas  alors  fi  bien 
que  les  petites  à  une  rude  gelée,  ou  à  un  vent  furieux.  La  graine  la 
plus  convenable  pour  cela  ell  celle  qui  a  deux  ans  &  qui  a  été  recueillie 
des  petites  Laitues  nommées  Bîankc  Haegfe-Ki^oppen.  On  les  tranfplan- 
tes  d’abord  après  les  gelées  au  Printems,  fur  des  platte  -  bandes  bien 
expofées  aU‘Midi,  ou  fous  des  vitres,  fur  du  fumier  chaud  de  Cheval, 
ou  bien  aufll  fans  fumier.  Le  tems  de  cette  tranfplancation  commence 
pour  le  plus  tard  avec  le  mois  de  Février ,  &  non  pas  plutôt  ;  car  les 
Laitues  ne  fauroient  réfiller  à  beaucoup  de  vapeurs,  fans  fe  chancir,  ce 
qui  arrive  prefque  toujours  aux  Plantes,  que  l’on  tâche  de  confcrver  peu-, 
dant  P  Hiver  fous  des  vitrés. 

On  feme  les  Laitues  hâtives  d'Eté  immédiatement  après  la  gelée 
de  même  que  la  graine  des  Princeffe-Krop ,'  en  la  mêlant  avec  la  grai¬ 
ne  d’Oignons  &  de  Carottes  hâtives  ;  après  quoi  on  feme  la  Prince- Krop 
féparément  fur  un  Careau  ou  fur  des  Couches,  &  non  pas  en  la  mêlant 
avec  des  Carottes:  cela  le  fait  aulTi  de  la  même  manière  en  Autonne,, 
mais  en  Eté  on  y  femera  de  la  Laitue  rougeâtre,  parce  qu’elle  monte 
moins  en  graine:  alors  on  feme  aufii  la  Belle -bonne qui  eft  celle  de 
Brabant  à  grandes  feuilles  frilées,  qui  ne  pomme  pas  fort',  &  que  l’on 
nomme  Montereyen  ;  mais  elle  efi:  dure ,  &  a  un  goîit  de  Chicorée 
comme  la  verte.. 

Les  Laitues  pommées  nommées  Chavonfe  -  Krop  -  Salade  y  fe  lient  tout 
comme  la  Chicorée,  pour  qu’elles  blanchifient  intérieurement,  &  qu’el¬ 
les  deviennent  plus  tendres ,  fes  feuilles  étant  plus  dures  que  celles  des; 
Laitues  pommées. 

Laitues Hollandois  Latouw^  qui  ne  pomment  point;  il  y  en  a  de 
beaucoup  de  fortes ,  des  communes,  des  frifées,  «Scc, 

Les  Laitues  qui  ne  pomment  point,  réfiftent  mieux  au  froid  que  cel¬ 
les  qui  pomment;  c’eft  pour  cela  qu’on  feme  ordinairement  les  commu¬ 
nes  fur  du  fumier  pour  -les  manger  petites  au  commencement  du  Prin¬ 
tems:  on  les  feme  aufll  quelquefois  fans  vitres,  fur  des  plattes -  bandes 
bienexpofées  au  midi  ;  mais  elles  ne  font  pas  fi  tendres  que  les -'jeunes 
Laitues  pommés.  Pour  les  cueillir  plus  proprement,  on  répand  fur  le 
fond,  après  avoir  femé  un  peu  de  fable,  lequel  on  aplanit  avec  le. plat 

Zz  3  dc^ 


LES  AGREMENS 


^66 

de  la  bêche  ferrée  :  on  fait  germer  la  graine  avant  que  de  la  femer. 

Les  pelites  Laitues  frifées  font  plus  dures  que  les  communes ,  &  par 
'  conféquent  moins  délicates  ;  mais  elles  réfillent  mieux  au  froid  ;  c’efl  ce 
qui  engage  quantité  de  Jardiniers  à  en  femer  pour  en  avoir  de  primeur; 
de  même  que  les  Laitues  nommées  Cornettes^  qui  lèvent  avec  quatre 
feuilles,  &  font  à  peu  près  de  la  même  grandeur  que  l’autre. 

La  Salade  des  BléS’,  ainli  nommée,  parce  qu’elle  vient  fou  vent  làns 
aucune  culture  dans  des  champs  où  on  a  coupé  les  Blés,  eft  verte,  ron¬ 
de,  &  a  des  feuilles  courtes;  c’eft  une  Salade  d’Hiverà  courtes  feuilles 
comme  la  fuivante,  mais  fes  feuilles  reflemblent  plus  à  celles  des  petites 
Laitues. 

La  Salade  nommèQ  en  Hollandois  Vette-kous^^  efi:  une  Salade  verte 
d’Hiver ,  qui  a  de  plus  grandes  &  de  plus  longues  feuilles  que  la  précéden¬ 
te  :  on  les  multiplie  l’une  &  l’autre  de  femence.  La  Vette  kous  rélifte  à 
un  froid  violent,  venant  naturellement  dans  Tlle  de  Spit^-bergen ,  où, 
avec  l’herbe  aux  Cueilliers,  elle  eft  la  lèule  herbe  qui  foit  bonne  à  man- 
gen 

:  S  A  R  I  E  T  T  E. 

Ceft  une  fourniture,  elle  fe  multiplie  de  graine,  on  ne  la  lème  pas 
ordinairement  dans  une  terre  fort  grafle;'  le  tems  de  la  lèmer  eft  un  peu 
avant  que  les  groftes  Fèves  fleuriflent:  elle  vient  abondamment  dans  les 
endroits  où  elle  a  produit  l’année  d’auparavant  de  la  femence  mûre,  & 
elle  croit  avec  vigueur  fans  qu’on  y  apporte  aucun  foin. 

SAUGE. 

« 

Ceft  un  Plante  îigneiifè,  dontil  ya  plufieurs  elpèces:  on  la  multiplie 
de  bouture  &  de  plants  enracinés  &  éclatés, 

SCORSONERES.  Voyez  RACINES, 

’  T  H  I  M. 

Ceft  un  petit  Arbrifteau  nain ,  qu’on  multiplie  de  plants  enracinés 
&  de  femence:  il  y  en  a  de  beaucoup  de  fortes,  delquelles  le  Thim  corn- 
mun  qu’on  cultive  dans  nos  Jardins  potagers  &  qui  a  des  feuilles  vertes, 

eft 


I 


D  E  L  a:  C  A  M  P  A  G  N  E. 

dl  le  fèul  connu:  il  n’aime  pas  d’avoir  beaucoup  d’engrais,  &  croît 
mieux  dans  des  terres  grêles  ;  on  s’en  fert  comme  d’une  fine  fourniture 
en  le  mettant  par  petits  bouquets  dans  les  fauces  pour  les  aflaifonner. 


TRI  P  E-M  À  D  A  M  E. 

N 

Ceû  une  efpèce  d’Ail  fauvage,  qu’on  multiplie  de. bouture:  il  prend 
d’abord,  &  fait  une  grande  Plante,  qui  n’aime  pas  une  expofition trop 
chaude.  ’ 

On  confit  la  Tripe-Madatne  dans  du  Vinaigre ,  &  aufîi  dans  du  Vi-  _ 
naigre  &  de  la  Moutarde,  &  en  étant  bien  pénétrée  on  s’en  fert  dans» 
des  làuces,  pour  exciter  l’appétit.  ,  ^ 


e 


L  I- 


LESA  G’R  E  M  E  N  S 


3^8 

LIVRE  TROISIEME. 


De  certains  Arhr^s  étrangers^  fur-tout  des  Citronniers ,  Z/i» 

monniers  Êÿ  Orangers, 


CHAPITRE  L 


La  manière  de  traiter  les  Arbres  étrangers ,  de  celle  de  les  planter  £5? 
de  les  tranfplanter\  des  CaiJJes^  ^  des  Fois;  comme  de  la  Terre  £ÿ 

du  Fumier, 

Le  s  Arbres  que  l’on  reçoit  de  loin,  ont  ordinairement  beaucoup 
foufert ,  fans  compter  que  par  le  tranfport  les'  fiics  tant  de  leurs  ra¬ 
cines  que  de  leurs  branches  font  beaucoup  deflechés  ;  defbrte  qu’on  ne 
peut  remettre  qu’inlènfiblemcnt  les  petites  fibres  ligneulès  dans  un  état 
convenable  pour  recevoir  la  fève  néceffaire,  &  pour  la  pouffer  plus  loin. 
Pour  réuffir  en  cela  on  doit  commencer,  après  avoir  dépaqueté  les  Ar¬ 
bres  3  par  faire  en  gros  la  taille  de  leurs  racines  gâtées  &  des  branches 
de  la  couronne, &  de  mettre  enfuitc  jufqu’à  la  couronne  les  troncs  trem¬ 
per  pendant  vingt-quatre  heures  dans  de  l’eau  pure  ;  après  '  quoi  il  faut 
Oter  des  racines  les  mottes  de  terre,  &  les  tailler  comme  il  faut  de  mê¬ 
me  que  les  branches.  ‘  ‘ 

Cela  fait ,  il  faut  couvrir  les  Arbres  penchés  jufques  à  la  couronne, de 
fable  gris  des  Falaifcs ,  médiocrement  humeété,  &  cela  dans  une  Caiffe, 
qu’on  couvre  pour  lors  de  chalfis  de  vitres,  pour  les  y  conferver  dans 
une  chaleur  tempérée  :  par  ce  moyen  ils  fè  remettront  bien  plutôt  dans 
leur  état  naturel,  ce  qui  paroitra  par  le  bourgeonnement  de  vigoureux 
petits  moignons  fupérieurs.  Après  cela  il  faut  les  planter,  <Sc  non  pas 
plutôt,  droits  dans  une  terre  fort  fablonneufe,  &  cela  dans  des  Caiffes 
ou  dans  des  Pots,  qui  puiffent  contenir  précifément  les  racines  racour- 
cies.  Par  ce  moyen  j’ai  confervé  &  cultivé,  fans  en  perdre  un  feul, 
cent  &  quatre  Arbres ,  qui  avoient  été  pendant  plus  de  fix  mois  en  che¬ 
min,  qui  me  furent  remis  tout-k-fait  hors  de  tems,  favoir  au  com¬ 
mencement  de  Juin. 


Il 


DE  LA  CAMPAGNE. 


S6p 

Il  ne  faut  pas 5  au  refie,  comme  il  a  déjà  été  dit, employer  pour  cet¬ 
te  tranfplantation ,  une  terre  grafle ,  ou  mêlée  avec  de  Tengrais  frais, 
mais  une  terre  fort  légère,  grêle,  fablonneufe,  &laconferver  dans  une 
chaleur  &  une  humidité  médiocres  ;  il  faut  aufli  mouiller  fouvent  les  troncs 
par  le  moyen  d’une  éponge  trempée  dans  de  l’eau  froide. 

Quand  ces  Arbres  nouvellement  tranfplantés  pouffent  trop  de  rejet- 
tons  ,  on  en  retranchera  quelques-uns ,  &  on  rognera  ceux  qui  mon¬ 
tent  avec  trop  de  vigueur.  Après  avoir  été  pendant  deux  années 
dans  cette  terre  grêle  &  fablonneufe,  on  les  tranlplante  ordinairement 
dans  une  terre  moins  fablonneufe ,  &  dans  des  Caiffes  ou  dans  des  Pots 
un  peu  plus  grands. 

Les  meilleurs  Pots  pour  de  petits  Arbres  doivent  être  minces ,  mais 
pas  vernis,  parce  que  les  rayons  du  Soleil  y  pénètrent  mieux ,  au-lieu  que 
les  Pots  vernis  les  réfléchiffent:  ils  doivent  être  percés  au  fond  pour  l’é¬ 
coulement  de  l’eau  de  pluie  ou  de  celle  dont  on  arrofè  les  Arbres. 

Pour  les  grands  Arbres ,  les  Pots  font  trop  fragiles  ;  c’efl-pourqiioi  on 
les  mettra  dans  des  Caiffes  rondes, qui  font  incomparablement  meilleures 
que  les  Caiffes  quarrées  de  bois  de  Chêne  (quoique  celles-ci  puiffent  fe 
paffer  de  cercles  de  fer,  &  qu’elles  fervent  plus  longtems),  d’un  côté, 
parce  que  les  Caiffes  quarrées  devant  être  faites  de  bois  plus  épais ,  afin 
qu’elles  réfiflent  davantage,  empêchent  plus  la  pénétration  des  rayons 
du  Soleil;  &  de  l’autre, parce  que  les  racines  en  tranfplantant  les  Arbres 
ne  fè  détachent  pas  fî  bien  que  dans  des  Caiffes  ou  dans  des  Pots  ronds  : 
c’efl  pour  cela  auffi  qu’il  faut  qu’ils  foient  les  uns  &  les  autres  un  peu 
plus  étroits  par  le  bas,  afin  qu’on  puiffe  mieux  les  vuider. 

Quoique  les  Arbres  croiffent  naturellement  le  mieux  dans  un  terrain 
Ipacieux,  où  leurs  racines  s’étendent  au  long  &  au  large,  &  que  parcon- 
féquent  ces  Arbres  fèmbleroient  auffi  devoir  être  plantés  dans  de  gran¬ 
des  Cailfes  ou  de  grands  Pots.;  on  voit  cependant  le  contraire  par  l’ex¬ 
périence,  puifqu’étant  plantés  ainfi  au  large,  rarement  il  en  vient  de 
bons  Arbres,  au-lieu  qu’étant  plus  refferrés,  pourvu  qu’ils  ne  foient  pas 
expofés  à  l’ardeur  du  Soleil ,  &  qu’on  les  arrofe  raifonnablement ,  ils 
croiffent  avec  beaucoup  plus  de  vigueur  ;  deforte  qu’en  les  tranfplantant 
on  n’agrandira  les  Caiffes  &  les  Pots,  qu’autant  qu’entre  les  racines  de 
’Arbre  &  la  Cailfe  il  y  ait  un  intervalle  d’un  pouce,  pour  le  remplir  de 
terre,  &  même  on  ne  les  agrandira  point  du  tout  quand  ce  font  de  fort 
vieux  &  de  fort  grands  Arbres,  parce  qu’on  les  tranfplante  uniquement 
pour  leur  donner  une  terre  neuve,  &  pour  qu’ils  retiennent  mieux  leur 

Tartk  IL  Aaa  fève. 


370  LESAGREMENS^ 

feve.  De  plus ,  pour  conferver  cette  terre  en  bon  état  i  on  mêlera 
quelquefois  avec  l’eau  dont  on  les  arrofe  un  peu  de  fumier  de  Vache, 
dont  les  parties  groflières  font  de  plus  en  plus  fur  la  fuperficie  une  croû¬ 
te  vifible,  laquelle  on  brifè  lorfqu’elle  eftfèche,  ce  qui  n’empêche  pas 
feulement  que  la  terre  qui  devient  plus  grêle  par  les  arrofemens  &  par  les 
fucs  que  les  arbres  en  tirent,  ne  fe  defleche  trop,  mais  aulTi  qu’il  ne  fe 
forme  fur  fa  fuperficie  une  croûte  dure. 

On  ne  peut  pas  fixer  à  un  certain  nombre  d’années  le  tems  dé  la  tranf» 
plantation,  parce  que  cela  dépend  de  la  manière  dont  les 'Arbres  croif- 
fent,&  desCaifles  plus  ou  moins  grandes  où  ils  font  plantés;  car  comme 
toutes  les  Plantes  tirent  leur  nourriture  de  l’eau,  laquelle  félon  la  conftitution 
des  petites  fibres ,  attire  à  foi  d’autres  parties  nourriflantes  :  il  eft  très 
facile  de  comprendre  qu’un  petit  monceau  de  terre  ,  très  fouvent  ar- 
rofé ,  perd  la  faculté  de  retenir  l’eau  aufli  longtems  que  cela  eft  nécef- 
faire;  par  conféquent  plufieurs  Plantes  ne  fe  foutiennent  que  par  l’eau 
qui  pafTe,  d’où  elles  aquièrent  des  racines  chevelues  ,  minces  &  mauvai- 
fes,  de  manière  qu’elles  ne  font  pas  en  état  de  nourrir  de  bonnes  Plan¬ 
tes  &  de  bons  fruits.  C’eft  ce  que  font  voir  les  racines  entrelaffées  & 
empaquetées ,  le  mauvais  bois  grêle  &  les  petites  feuilles  très  Ibuvent 
jaunes  de  pareils  Arbres  qui  n’ont  pas  été  tranfplantés  depuis  long¬ 
tems.  Il  faut  par  conféquent  que  les  Arbres  vigoureux ,  fur-tout  quand 
ils  font  fort  ferrés  dans  des  Pots  ou  dans  des  Caiffes,  foient  tranfplantés- 
de  meilleure  heure,  afin  que  leur  mauvaifé  crue  ne  donne  pas  à  connoî* 
tre  qu’on  les  a  négligés.  On  tranfplante  ordinairement  les  Arbres  fains 
tous  les  quatre  ou  cinq  ans,  laiffant , autant  qu’il  eft  poffible,  les  racines 
tout  autour  renfermées  dans  la  terre;  on  n’agrandira ,  aurefte,  les  Pots 
ou  les  Caiffes  qu’autant  que  cela  fera  néceffaire  ;  car  quand  cela  ne  i’eft 
point,  on  rafraiclv’î  par  deffus  &  par  deffous  la  terre,  &  un  peu  tout 
autour ,  taillant  pour  cela  quelques-unes  des  racines  chevelues ,  ce  qui 
doit  pourtant  fe  faire  avec  prudence,  car  ü  ne  faut  jamais  racourcir  en  par¬ 
tie  les  racines  tout  autour,  comme  les  Ignorans  le  font,  parce  que  cela 
fait  fouvent  languir  les  Arbres ,  ou  du  moins  interrompt  leur  crue  ex¬ 
térieure,  jufqu’au  tems  qu’ils  ont  pouffé  de  nouveau  de  bonnes  racines. 
C’eft  ainfi  qu’on  tranfplante  les  Arbres  vigoureux ,  mais  quant  à  ceux 
qui  font  languiffans,  ou  dont  la  terre  eft  moifie,  il  faut  en  les  lavant,, 
l’en  ôter  entièrement ,  &  en  purger  les  Racines  :  il  faut  aufli  leur  faire 
la  taille  de  toutes  les  racines  empaquetées  ou  entrelaffées,  qu’ils  ont 
pouffées  dans  cette  terre,  &  les  traiter  enfuite,.  en  les  tranlplantant,, 

com- 


DE  LA  C  A  M  P'A  G  N  E.  371 

comme  les  Arbres  fains  qui  viennent  d’ailleurs,  félon  ce  qui  en  a  été 

dit. 

11  faut  élever  plus  ou  moins  dans  les  Caifles  les  Arbres  qu’on  tranA 
plante ,  félon  qu’ils  ont  befoin  de  plus  ou  moins  de  terre  neuve ,  afin 
que  ces  Caifles  après  que  la  terre  neuve  efl:  devenue  compaéle ,  &  que  les 
Arbres  fe  font  affaiflés  autant  qu’il  efl  pofliblejne  retiennent  plus  de  vui- 
de  qu’un  doigt  ou  qu’un  pouce  en  hauteur  pour  les  arrofèmens  j  la  terre 
devant  au  relie  être  traitée  comme  il  a  été  dit  ci-dcfllis. 

Le  tems  le  plus  convenable  pour  tranfplanter  les  Arbres  làins  ell  au 
commencement  d’ Avril,  quand  il  paroit  qu’ils  commencent  à  poufler; 
mais  quand  il  s’agit  d’Arbres  languiflans,  on  les  tranfplantera  le  plutôt 
qu’on  pourra  en  tout  tems  ;  le  meilleur  tems  pour  tranfplanter  ceux  dont 
on  a  coupé  la  couronne', de  même  que  ceux  à  qui  on  l’a  laiirée,&  qu’on 
met  dans  des  Serres  vitrées ,  ell  en  Février,  ou  en  Octobre, 

-  On  peut  aulTi  prendre  pour  une  efpèce  de  tran^lantation ,  quand  on 
tire  la  terre  ufée,  lans  blefler  le  moins  qu’il  ell  poflible  les  racines  tant 
foit  peu  ligneulès,  tant  d’enhaut  que  tout  autour  des  côtés,  6c  qu’on  la 
remplace  par  une  terre  neuve,  fans  tirer  entièrement  les  Arbres  hors  des 
Pots  ou  des  Caifles,  ce  qui,  li  on  le  fait  chaque  année  ou  tous  les  deux 
ans,  peut  prolonger  pendant  quelques  années  le  tems  de  les  tranlplanter  ; 
fur  -  tout  quand  il  eft  quellion  de  très  grands  Arbres  qui  font  plantés 
dans  de  grandes  Caifles ,  car  on  a  une  peine  infinie  de  les  en  tirer  entiè¬ 
rement,  de  les  garnir  par  deflbus  d’une  terre  neuve,  6c  de  les  tranf¬ 
planter. 

La  meilleure  terre  pour  y  tranfplanter  des  Arbres  qui  poulTent  vigou- 
reufement,  comme  aulfi  pour  le  rafraicliiflement  en  queftion,  ell  une 
terre  fablonneufe  bien  amendée ,  étant  beaucoup  préférable  pour  cela  à 
la  terre  grafle  ;  j’entens  une  terre  qui  foit  compofée  de  bon  fable  fin , 
mêlée  en  partie  avec  des  feuilles  pourries,  6c  en  partie  avec  du  long  fu¬ 
mier  pourri  de  Cheval  qui  ait  trois  ans  ;  ce  mélange  de  terre  étant  le 
plus  convenable  pour  donner  de  la  vigueur  à  toutes  les  Plantes  étrangè¬ 
res,  comme  on  l’a  dit,  6c  comme  on  le  peut  voir  dans  le  Chap.  F-  du 
1  Livre  de  cette  fécondé  Partie, 


Aaa  2 


CHA. 


3?2 


LES  AGREMENS 


CHAPITRE  IL 

I 

De  la  manière  de  cultiver  les  Citronniers ,  les  Limonniers  5  £«?  les  Orafi- 

ger&. 

Quoique  tous  ces  Arbres  femblent  avoir  plus  de  rapport  enfemble^ 
^que  nos  Pommiers  &  nos  Poiriers,  parce  qiPon  gretb  en  tente,  en 
ccufiToii  &  en  approche,  une  efpèce  fur  Tautre,  ils  donnent  cependant, 
quand  on  les  cultive,  des  marques  de  difconvenancejpuifque  le  bois  &  l’écor¬ 
ce  ne  feréunilfenc  point;  car  comme  de  ces  trois  fortes  c’eft  l’Oranger  qui  a 
les  plus  petites  tibres,<Scparconféquent  le  bois  le  plus  dur&  le  piuscom^ 
paéte,  fe  gonflant  ou  grofîiflant  moins  que  celui  du  Limonnier,&  enco¬ 
re  moins  que  celui  du  Citronnier  ;  de  même  le  Citronnier  devient  plus 
gros  que  ces  deux  autres,  mais  fur- tout  le  tronc  d’Oranger  qui  a  beau¬ 
coup  de  boutons.  Le  Limonnier  groflit  pareillement  plus  que  l’Oranger, 
mais  moins  que  le  précédent:  deforte  qu’il  vaut  mieux,  félon  moi,  gré- 
fer  en  écuflbn  chacun  fur  fa  propre  efpèce  ;  quoiqu’en  Italie  c’efl;  la  cou¬ 
tume  de  gréfer  en  écuflbn  èns  aucune  diflinétion ,  toutes  ^les  efpèees 
fur  Oranger,  parce  que  ce  dernier  réflfl:e  mieux  aux  injures  de  l’air. 

Dans  ce  Païs  on  choifît  ordinairement  des  troncs  de  Limonniers, par¬ 
ce  qu’ils  grolTiflent  davantage,  &  que  la  couleur  de  ces  troncs  efl:  plusa- 
gréable  ;  ce  que  je  ne  fàurois  cependant  approuver ,  à  caufè  de  la  dif 
convenance  remarquable  dont  j’ai  fait  mention:  bien  pJus,  je  crois  qu’il 
faut  gréfer  foit  en  fente,  foit  en  écuflbn,  foit  en  approche,  chacune  fur 
fa  propre  efpèce,  laquelle grolTit  plus  ou  moins,  &  pour  cette  raifbn  ja¬ 
mais  de  l’aigre  fur  du  doux ,  ou  du  doux  fur  de  l’aigre. 

On  trouve  ordinairement  que  dans  chaque  efpèce ,  l’une  efl  plus  for¬ 
te  que  l’autre ,  réfîftant  mieux  aux  dérangemens  des  Saifons  <Sc  à  une 
mauvaifè  culture;  mais  en  général  le  Limonnier  réfifle  mieux  tant  au 
froid  &  aux  pluies  d’Autonne,  que  le  Cédrat.  Le  Limonnier  efl  moinï 
lobufle  que  l’Oranger,  &  le  Cormier  efl  le  plus  robufte  de  tous. 

Le  bois  de  Citronnier  efl  plus  fpongieux  que  celui  du  Limonnier: 
e’efl  pour  cela  qu’on  le  multiplie  beaucoup  mieux ,  &  même  en  moins  de 
tems,de  bouture  que  de  pépins  ;&  comme  par  la  multiplication  de  bou¬ 
ture  on  aquiert  le'  même  fruit  que  preduit  l’Arbre  dont  on  a  pris  les  bou- 

tUr 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  373 

cures,  &  que  le  tronc  groflit  alors  uniment  fans  bourlet,  pouvant  d’ail¬ 
leurs  être  j;réfé  le  plus  convenablement  en  écuflbn  fur  un  petit  fauvageon 
de  inmonmer,  o:  ne  multipliera  jamais  autrement  que  de  bouture  les 
Citronniers  dans  ce  Païs-ci. 

Il  y  a  aulli  pluficurs  fortes  de  Limonniers ,  qu’on  reconnoit  à  leurs 
branches  fpongieufes  &  boufies,  &  qui  étant  multipliés  de  bouture  croif. 
fent  aifcmenc. 

Le  bois  des  Orangers  eft  le  plus  compacte  ;  c’eft-pourquoi  il  n’eft  pas 
fi  lïïr  de  réulfir  en  les  multipliant  de  bouture,  cependant  parmi  les  efpè- 
ces  ou  il  le  trouve  du  mélange,  il  y  en  a  quelques-unes  qu’on  peut  k  la 
longue  multiplier  de  cette  manière,  comme  les  Bergamottes le  Bilar^ 
7*^,  l’Orange  nommée  Engelje  Bonte ^  &  celle  qui  porte  en  Hollandois 
le  nom  de  Maentjes  Oranje.  Pour  les  autres  il  vaut  mieux  les  multiplier 
de  pépins  :  on  choifit  pour  cela  des  pépins  de  bons  Limons ,  qui  croilTent 
beaucoup  mieux  que  ceux  d’Oranges ,  car  on  peut  en  bien  moins  de 
tems  les  faire  parvenir  à  une  grandeur  &  une  groffeur convenables;  fur- 
tQut  quand  on  rechaufe  ces  pépins  dans  une  CailTe  vitrée  par  le  moyen 
du  fumier  frais  de  Cheval,  &  plus  encore  quand  on  le  rafraîchit  une 
fuis  ;  car  j’en  ai  vu  qui  par  ce  moyen  avoient  crû  dans  une  année  à  la 
hauteur  de  trois  pieds ,  &  étoient  d’une  groffeur  convenable  pour  être 
gréfés  en  éeuffon,  ces  Plantes  devant  toujours  être  fort  près  des  vitres; 
deforte  qu’a  mefure  qu’ils  croiffent  en  hauteur  on  baiffe  les  vitres  de  ma¬ 
nière  qu’il  n’y  ait  entre  elles  la  plus  haute  fommité  des  Sauvageons, 
qu’un  efpace  de  la  largeur  de  la  main.  Qiiand  les  pépins  font  crûs  juf- 
qu’à  un  pouce  au  deffus  de  terre,  il  eft  tems  de  les  tranfplanter,  ayant 
auparavant  raccourci  un  peu  la  petite  racine.  -  Voyez  le  IF.  Cbap.  du 
JL  Livre  de  la  L  Partie  &  le  111.  Cbap.  du  IL  Livre  de  la  IL  Partie, 

On  fait  prendre  de  bouture  de  la  manière  fui  van  te.  Au  mois  de  Mars, 
ou  au  commencement  d’ Avril  on  fiche  en  terre  une  petite  branche  d’un 
bois  vigoureux  d’un  an,  longue  de  cinq  pouces ,.  à  la  profondeur  d’environ 
trois  pouces,  fans  en  ôter  les  feuilles  qui  font  au  deffus  de  terre,  &  cela 
dans  un  petit  Pot,  qu’on  met  enfuite  fous  des  vitres  dans  une  Caiffe; 
il  vaudroit  encore  mieux  de  les  mettre  fous  des  chafTis  de  corne ,  com¬ 
me  fopt  les  Lanternes,  au-lieu  de  les  mettre  fous  des  vitres,  la  corne  ne- 
donnant  pas  une  chaleur  trop  ardente,  &  n’étant  pas  alors  obligé  de  les 
couvrir  ;  car  pendant  le  premier  mois  il  faut  tenir  les  boutures  à  l’abri 
des  rayons  du  Soleil  trop  ardens,  «Sc  les  arrofèr  toujours  raifbnnablement.. 

On  les  grefç  tant  en  fente  qu’en  écuflon  &  en  approche,  précifément 

Aaa  3  de 


374  LESAGREMENS 

de  la  même  manière  que  nos  Arbres  fruitiers ,  dont  on  a  traité  fort  am¬ 
plement  dans  le  VIL  Chap.  du  IL  Lw.  de  la  /.  ,  n’ayant  rien  à  a- 

jouter,  fi  ce  n’efi:  qu’on  peut  gréfer  en  écuflbn  les  plus  gros  troncs,  fé¬ 
lon  la  méthode  prelcrite  dans  cet  endroit,  même  au  mois  de  Mars,  a- 
pres  qu’ils  ont  été  encailTés  à  peu  près  pendant  un  mois  :  fuivant  cette 
méthode  ils  peuvent  former  la  même  année  de  petites  couronnes  d’alTez 
grolTes  branches. 

La  manière  de  les  multiplier  de  Marcottes,  efi;  la  même  que  celle  qui 
efi:  indiquée  dans  le  IV,  Chap.  du  IL  Liv.  de  la  /.  Partie, 

CHAPITRE  III. 

De  la  Serre  pour  P  Hiver  ^  8?  comment  on  y  doit  foigner  les  Arbres. 

I 

POur  défendre  du  froid  de  nos  Hivers  toutes  fortes  d’ Arbres,  tant  les 
Citronniers  que  les  Limonniers,  les  Orangers  &  autres  Arbres  dé¬ 
licats  ,  on  a  befoin  d’une  Serre  d’Hiver  d’où  l’on  puifle  chafler  le  froid 
fans  le  fecours  du  feu ,  &  d’une  autre  encore  où  l’on  puilTe  recliaufer  les 
Plantes  par  le  moyen  du  feu. 

ün  peut  conlèrverdans  la  prémière  prelque  toutes  les  elpèces  d’Oran- 
gers,  &  quelques  efpècesde  Limonniers, de Mirthes  & d’Oléandres ;  car 
lorfque  le  Thermomètre  efi;  à  i  j  '  ou  i6,  ces  Arbres  peuvent  réfifter ,  & 
lenfuite  on  peut  aufil  donner  de  l’air  à  l’Orangerie. 

Le  Cédrat,  le  Citronnier,  le  Bifarré,  &  quelques  Limonniers,  ne 
fauroient  foufrir  ce  froid ,  fans  perdre  leurs  feuilles ,  ou  fans  fe  déchar¬ 
ger  tous  les  ans  de  leurs  fruits  ;  c’eft-pourquoi  il  leur  faut  pendant  l’Hi¬ 
ver  un  endroit  échaufé  par  le  feu,  où  le  Thermomètre  ne  doit  jamais ê- 
tre  au-defibus  de  1 7  ou  18,  il  faut  aufli  empêcher  qu’il  n’y  ait  dans  les 
environs  qu’aulfi  peu  de  vapeurs  qu’il  efi:  polfible. 

La  manière  la  plus  naturelle  de  conferver  les  Arbres ,  c’efi:  quand  par 
une  clôture  exaéte ,  on  peut  les  défendre  du  froid  fans  le  lècours  du  feu , 
mais  il  faut  toujours  avoir  grand  foin  que  la  gelée  ne  pénètre  jamais  dans 
une  Serre  d’Hiver,  car  on  aura  de  la  peine  à  l’en  faire  fortir,  quand  u- 
ne  fois  elle  y  aura  pénétré.  Au  relie,  il  efi:  certain  qu’on  ne  produit  au¬ 
tre  chofe  par  le  feu  qu’une  tranfpiration  du  froid,  lequel,  quand  à  cau- 
fe  d’une  gelée  de  longue  durée,  on  n’olè  pas  ouvrir  les  chalïis  des  vi¬ 
tres. 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E. .  37^ 

très,  fe  raflemble  davantage  dans  un  coin,  pénètre  dans  la  terre,  & 
preffe  contre  les  troncs  des  Arbres  leurs  petites  branches  &  leurs  feuilles  • 
auquel  cas  trop  de  chaleur  du  feu  ell  aulîi  mortel  pour  les  Plantes ,  que 
pour  les  hommes,  qui  morfondus  à  force  d’avoir  été  longtems  dans  Peau 
ou  dans  la  glace,  viennent  à  s’expoferà  un  feu  ardent,  &  meurent  fou- 
vent  parce  que  le  feu  chalTe  le  froid  extérieur  intérieurement  ;  ainfî  ce 
n’eft  point  le  feu  dans  une  Serre,  qui  fait  mourir  les  Arbres,  mais  Tef- 
fet  du  feu,  qui  efl  la  prefllon  du  froid  vers  l’intérieur;  deforce  qu’on  le 
gardera  bien  de  faire  jamais  du  feu  dans  une  Orangerie  fermée,  où  la 
gelée  a  pénétré;  mais  on  peut  le  faire  quand  on  la  peut  ouvrir,  ou  qu’il 
y  a  par  devant  ou  par  derrière  au  haut  alTez  de  petites  fenêtres  pour  fa¬ 
ciliter  peu  à  peu  la  fortie  du  froid. 

J’ai  fait  voir  dans  le  I  Chap.  du  I  Livre  de  cette  Partie  y  comment 
'doit  être  faite  une  bonne  Orangerie,  Serre,  &c.  &  ce  qu’on  doit  ob- 
ferver  à  cet  égard  ;  deforte  que  j’y  renvoyé  les  Leéleurs. 

Le  meilleur  tems  pour  porter  les  Arbres  fecs  dans  l’Orangerie,  eft  à 
la  fin  de  Septembre,  ou  au  commencement  d’Oétobre,  car  alors  quand 
le  tems  eft  clair,  il  fait  la  nuit  de  petites  gelées,  étant  certain  qu’on  g⬠
te  quantité  d’ Arbres  en  les  ferrant  trop  tard ,  ou  en  les  tirant  de  trop 
bonne  heure  de  la  Serre  pour  les  placer  en  plein  air.  Les  Orangers  ref- 
tent  en  bon  état,  quand  le  Thermomètre  eft  à  1 5^1,  16  ou  16?. 

On  arrangera  les  Arbres  en  les  plaçant  dans  l’Orangerie ,  de  ma¬ 
nière  que  le  Soleil  donne  fur  tous;  il  faut  cependant  que  ceux  qui  en  ont 
le  plus  de  befoin  y  foient  aufli  le  plus  expofés ,  comme  les  Orangers  qui 
aiment  plus  de  chaleur  &  qui  réliftent  moins  aux  vapeurs ,  fur  -  tout  le 
Cédrat,  le  Bifarré,le  Bergamot,  &  quantité  de  Limonniers  :  après  cela 
les  doubles  Oléandres  odoriférantes  &  les  Mirthes  :  on  tranfporte  en- 
fuite  les  Lauriers,  les  Philaréa,  les  Alaternes,  &  l’on  met  dans  l’endroit 
le  plus  réculé  les  Grénadiers. 

11  faut  beaucoup  arrofer  les  Arbres,  après  qu’on  les  atranfportés  dan^ 
l’Orangerie  :  mais  les  Curieux  ne  font  pas  de  même  avis  fur  la  manière 
de  les  arrofer  dans  la  fuite  :  il  y  a  d’ailleurs  une  grande  différence  quand 
les  Arbres  font  plantés  dans  une  terre  gralfe  &  lourde ,  ou  bien  dans  une 
terre  légère.  Mr.  de  la  Quintinie  qui  plante  les  Arbres  dans  une  terre 
lourde ,  humeéte  rarement  ou  point ,  après  ce  prémier  arrofement  fait 
dans  l’Orangerie,  il  attend  pour  le  faire  jufqu’au  mois  d’Avril;  mais  j’ai 
appris  par  mon  expérience  que  dans  ce  cas  les  Arbres  fe  déchargent  de 
leurs  nouveaux  fruits,  à  la  reprife  de  leur  pouffe,  parce  que  les  pores  de 

leurs’ 


3^6  LESAGREMENS 

leurs  petites  queues  trop  reflerrés  par  la  fécIiere/Te,  ne  làuroient  donner 
paflage  à  la  quantité  d’eau  dont  ces  fruits  ont  befoin.  Je  trouve  encore 
que  le  Limon  ou  telle  autre  terre  plus  ferme,  rendue  légère  par  la  gelée, 
écoule  bien  plus  vite  fon  eau ,  qu’une  terre  fablonneufe  bien  grafle  & 
bien  amendée.  ’  Les  Curieux  varient  pareillement  au  fujet  du  plus  ou 
moins  d’air  qu’il  faut  donner  aux  Arbres  placés  dans  les  Serres.  On  en 
trouve  qui  n’ouvrent  prefque  pas  les  fenêtres  de  tout  l’Hiver ,  tant  que 
les  Arbres  font  ferrés ,  les  laifTant  croître  autant  qu’il  ell  polTible  fans  in¬ 
terruption,  par  le  moyen  de  la  chaleur  qu’ils  entretiennent  dans  l’O¬ 
rangerie:  mais  c’ell  ce  que  je  ne  faurois  approuver,  parce  que  dans  ce 
cas  la  fève  ne  fe  condenfe  pas  comme  il  faut  ;  cette  condenfation  ell  cepen¬ 
dant  néceflaire  à  toutes  fortes  de  Plantes,  car  venant  à  manquer,  les 
Arbres  ne  peuvent  croître  naturellement ,  ni  produire  de  bons  fruits  : 
deforte  que  je  m’étudie  toujours  à  donner  aux  Arbres  un  air  pareil  à  ce¬ 
lui  dont  ils  jouilTent  dans  leur  Climat  :  le  plus  bas  en  Hiver ,  félon  le 
Thermomètre,  ell  17,  au  mois  de  Mars  ip,  &  vers  les  mois  d’Avril 
&  de  Mai  degrés. 

Pour  conierver  les  Arbres  dans  une  Serre  d’Hiver,  je  remarque  en  gé¬ 
néral  qu’il  faut  toujours  ouvrir  les  fenêtres  en  tems  fec ,  tant  qu’il  ne  ge- 
le  pas ,  ou  qu’il  ne  gele  pas  aflez  pour  que  la  gelée  piiifle  pénétrer  dans 
rOrangerie,mais  les  lailTer  toujours  fermées  quand  il  fait  du  brouillard, 
un  tems  humide,  &  un  vent  de  bize;  car  ces -vents  froids  de  Nord,  de 
Nord -ell  &  d’Eh:  font  extrêmement  nuifibles  quand  ils  fouflent  au  Prin- 
tems,  parce  que,  malgré  la  chaleur  d’un  Soleil  clair  ils  retardent  beau¬ 
coup  la  pouffe  des  Arbres,  fur-tout  de  ceux  qui  ont  été  encaiffés  aupa¬ 
ravant,  ou  qu’on  a  tenus  très  renfermés  pendant  le  commencement  & 
le  fort  de  l’PIiver  ;  cependant  quelque  forte  que  fbit  la  gelée  en  Hiver, 
pourvu  que  le  Soleil  luife  affez  clairement  pour  que  les  vitres  fe  dégè¬ 
lent,  on  ouvrira  toujours  les  volets  du  dedans,  afin  que  le  Soleil  puiffe 
entrer  dans  l’Orangerie  au  travers  des  vitres ,  mais  il  faut  les  refermer 
aulfitôt  que  les  vitres  recommencent  h  fe  geler,  car  c’efl  une  marque 
que  la  chaleur  intérieure  s’oppofe  au  froid  du  dehors.  I>’un  autre  côté 
quand  il  gele  pendant  le  jour,  &  que  le  Soleil  ne  luit  pas,  il  faut  laiffer 
toujours  ces  volets  fermés  ;  &  quand  la  gelée  dure  &  qu’elle  efl  rude , 
il  faut  que  tout  foit  exaétement  fermé,  tant  extérieurement  qif intérieu¬ 
rement. 

Quand  la  gelée  eft  fi  rude  qu’elle  oblige  à  faire  du  feu,  il  faut  avoir 
grand  foin  que  tout  foit  exaélement  fermé,  par  ce  rechaufement  on  raf 

fem- 


/ 


DE  LA  CAMPAGNE. 


•ü  <•  « 

iemble  toujours  des  vapeurs  humides.  Pour  donc  faire  fortir  ces  va¬ 
peurs,  on  ouvrira  les  fenêtres , lors  même  qu’on  fait  du  feu,  aulTitôt  que 
le  tems  le  permettra  en  s’adouciflant tant  foit  peu.  Cependant, pour  pré^ 
£èrver  de  tout  accident  les  arbres  voifins ,  il  faut  mettre  entre  deux  une 
natte  de  rofeau  ou  bien  un  paravent  de  bois,  &  laiflèr  les  fenêtres  ou¬ 
vertes  jufqu’à  ce  que  la  plus  grande  ardeur  du  feu  foit  paflee ,  parce  que 
c’eft  alors  que  les  vapeurs  liumides  le  fèclient  mieux. 

CHAPITRE  IV. 

De  la  Place  d'Eté^  ^  de  quelle  manière  on  y  doit  foigner  les  Arbres^ 

PLufieurs  cliofes  font  requifos  pour  une  bonne  place  d’Eté  ;  prémie- 
rement  que  les  Arbres  ne  foient  pas  trop  expofés  à  l’ardeur  du  So¬ 
leil,  mais  qu’ils  jouiflent  d’une  chaleur  égale:  en  focondlieu  qu’on  puif- 
le  voir  les  fommités  des  Arbres;  &  en  troifième  lieu  que  cette  place  foit 
lituée  aux  environs  d’une  eau  pure  &  bonne  pour  les  arrofemens  journa¬ 
liers.  Pour  ce  qui  regarde  la  prémière  qualité ,  il  faut  qu’il  y  ait  tout 
autour  de  la  place  de  grands  &  de  bons  Arbres,  qui  rompent  les  vents 
violens,  qui  divifènt  les  rayons  du  Soleil  :  les  meilleurs  pour  cela  font  de 
fort  hautes  Haies  uniment  tondues,  parce  que  les  Orangers  y  font  à  l’abri  & 
làns  être  liijets  à  l’eau,  que  les  branches  diflillent  goûte  à  goûte,  quoique 
ces  Haies  tondues  plantées  près  à  près  pour  mettre  à  couvert  des  vents  les 
Citronniers,  les  Limonniers,  les  Orangers,  ou  pareils  autres  Arbres , 
interceptent  beaucoup  le  Soleil;  les  Arbres  croilTent  cependant  fort  bien 
dans  ces  petites  partitions  avec  moins  de  Soleil;  au-lieu  que  ceux  qui 
ont  pendant  le  jour  le  Soleil  plus  longtems ,  croilTent  moins  bien  &  dé- 
périflent  même  d’année  en  année.  Cela  prouve  démonllrativement  que 
dans  ce  Païs  les  Orangers  n’aiment  pas  un  Soleil  trop  ardent;  ce  qui  ell 
cependant  contraire  à  leur  propre  Climat,  où  ils  viennent  en  plein  air, 
car  en  Portugal,  à  Goa,  &  ailleurs  dans  les  Indes,  ils  jouilTent  d’une 
chaleur  plus  grande,  &  aulfi  plus  égale  &  plus  durable,  qu’ils  n’en  ont 
ordinairement  chez  nous,  étant  plantés  pour  la  plupart  dans  ces  Païs-là 
dans  des  vallées;  deforte  qu’il  me  paroit  que  le  retardement  de  leur 
poufle  provient  chez  nous  d’une  trop  grande  chaleur  du  Soleil.  Cepen¬ 
dant  les  Arbres  n’ont  pas  dans  ce  Païs  autant  de  chaleur  qu’il  le  fem- 
PartielL  'Bbb  ble. 


378  LESAGREMENS 

ble  le  tems  y  étant  fort  inconftant  ;  &  comme  pendant  que  le  Soleil  luit 
clairement ,  il  fait  un  vent  de  bize  fort  qui  donne  aux  Arbres  qui  font  en- 
caiffés  de  telles  fecouffes,  que  leurs  racines  en  font  dégarnies  de  terre, 
&  que  les  branches  de  même  que  les  feuilles  fefèchent,  cela  divife  aufli 
tellement  les  rayons  du  Soleil ,  que ,  quoique  les  Arbres  jouiflent  d’une 
grande  chaleur,  ils  n’ont  pas  celle  quieft  abfolument  nécelTaire  à  la  pouf- 
lè,  n’y  ayant  point  de  réverbération  des  rayons  du  Soleil  d’où  provient 
la  chaleur;  il  en  eil  là  comme  fur  les  Montagnes  où  il  n’y  a  point  d’a¬ 
bri*  11  en  ef;  tout  autrement  des  Arbres  qui  font  à  l’abri  de  tous  les 
vents  dans  de  petites  partitions ,  car  quoique  le  Soleil  ne  les  éclaire  pas 
longtems ,  ils  jouiffent  cependant  dans  ces  endroits  d’une  chaleur  fécon¬ 
de  &  égale  3  parce  que  les  rayons  du  Soleil  n’y  font  point  du  tout  divifés; 
outre  que  les  racines  y  étant  immobiles  tirent  continuellement  de  l’hu¬ 
midité  de  terre ,  ce  qui  perpétue  la  pouffe ,  fans  compter  que  le  vent  ne 
peut  point  fécher  les  branches  ni  les  feuilles,  ni  en  interrompre  la  pouf¬ 
fe. 

D'^un  autre  côté ,  il  faut  pour  un  plus  grand  ornement  qu’on  puiffe 
voir  les  fommités  des  Arbres;  car  comme  le  Soleil  fait  croître  &  réjouit 
toute  chofe ,  il  eft  certain  que  les  branches  &  les  feuilles  fur  lefquelles  le 
Soleil  darde  fes  rayons ,  qui  jouiffent  d’un  plein  air ,  &  que  la  rofée  mouil¬ 
le,  font  les  plus  vigoureufes  Sc  les  plus  agréables  à  la  vue,  au-lieu  que 
les  branches  &  les  feuilles  qui  ont  moins  de  Soleil ,  d’air  &  de  rofée , 
&  qui  reçoivent  l’eau  que  les  autres  branches  dillillent,  compofent  une 
Plante  mince  &  grêle,  prefque  toujours  fans  feuilles,  ou  du  moins  point 
colorées ,  ce  qui  déplait  extrêmement  à  l’œil ,  aufli  bien  que  les  Arbres 
qu’on  ne  voit  que  par  deffous. 

La  troifième  chofe  requife  dans  une  place  pour  l’Eté,  c’^efl:  qu’elle  Ibit 
fituée’  aux  environs  d’une  eau  pure  &  bonne  pour  les  arrolèmens  ;  car  il 
eft  bien  pénible  d’aller  chercher  loin  l’eau  dont  on  a  plus  ou  moins  be- 
foin,  félon  qu’il  fait  un  tems  chaud  ou  feepour  les  arrofemens  journaliers, 
&  lür-tout  quand  on  a  beaucoup  d’Arbres. 

Voyez  dans  le  FL  Cbap.  du  /.  Liv.  de  cette  IL  Partie^  quelle  eft  la 
meilleure  eau  pour  les  arrolèmens  des  Arbres ,  <Sc  comment  on  doit  s’y 
prendre  ;  car  on  y  traite  particulièrement  de  l’eau. 

Il  ne  faut  pourtant  pas  tranfporter  tout-à-coup  de  la  Serre  d’Hiver  les 
Arbres  dans  une  telle  place  d’Eté,  mais  il  faut  les  accoutumer  peu  à  peu 
à  l’air  &  au  Soleil ,  en  les  plaçant  pendant  quelques  jours  dans  des  en¬ 
droits  un  peu  renfermés,  comme  fous  de  hautes  Haies  tondues,  où  ils 

(oient 


/ 


DELACAMPAGNE. 

foient  garantis  de  l’ardeur  du  Soleil  ;  on  les  y  laiflera  pendant  huit  ou 
dix  jours. 

(Quelque  beau  que  le  tems  nous  paroilTe ,  il  ne  faut  pourtant  jamais  ti¬ 
rer  hors  de  la  Serre  avant  la  mi-Mai,  les  Citronniers,  les  Limonniers, 
les  Orangers ,  les  Mirtes  &  tels  autres  Arbres  ;  parce  que  nous  appre¬ 
nons  par  l’expérience,  que  même  au  commencement  de  Juin  il  fait  un 
tems  inconftant,  froid,  &  même  quelquefois  accompagné  de  gelée; 
outre  que  lorfqu’il  fait  un  tems  d’Eté  au  Printems ,  il  lè  change  fouvent 
au  commencement  de  Mai  en  un  mauvais  tems  accompagné  d’un  vent 
fort  froid  de  grêle  &  de  neige. 

Quant  aux  Arbres  qui  ont  été  encailTés  depuis  le  mois  de  Février, 
jufqu’au  tems  qu’on  les  tire  de  la  Serre ,  on  doit  lés  mettre  encore  plus  à 
l’abri ,  &  les  accoutumer  ainfî  infenfiblement  à  la  grande  chaleur  du  So¬ 
leil  ;  car  les  tendres  jets  qu’ils  ont  poufles  dans  la  Serre  ne  fauroient  ré- 
liHer  à  ime  grande  chaleur  ni  à  des  vents  forts  ;  il  faut  encore  y  accou¬ 
tumer  plus  inïènfiblement  ceux  qui  ont  pouffé  plus  d’un  feul  jet  dans  la 
Serre,  parce  que  plus  ces  jets  font  longs,  moins  leurs  feuilles  réliffent, 
ces  feuilles  devenant  comme  de  la  corne,  le  nombre  prodigieux  de  pores 
qu’ont  la  plupart  des  feuilles  d’Orangers  fe  refferre  trop ,  de  manière  que 
les  rayons  du  Soleil  au-lieude  paffer  au  travers,  grillent  la  fuperficie  des 
feuilles ,  &  les  brûlent  même  quelquefois  entièrement. 

Il  faut  avoir  foin ,  quand  on  fort  les  Arbres ,  que  les  Pots  ou  les  Caif- 
fès  ne  repofent  jamais  fur  terre;  prémierement,  parce  que  li  le  Jardi¬ 
nier  négligeoit  de  les  tourner  par  ordre  quand  il  en  ell  tems ,  il  pourroit 
arriver  que  les  racines  ayant  pénétré  au  travers  des  trous  en  terre,  y 
tiendroient  :  or  cela  fait  qu’on  bleffe  ou  qu’on  rompt  les  racines  quand 
on  tranlporte  les  Arbres,  ce  qui  n’en  retarde  pas  lèiilement  la  pouffe, 
mais  caulè  auffi  corruption  aux  endroits  bleffés  ou  rompus.  En  fécond 
lieu,  pour  empêcher  que  les  Vers  ne  montent  au  travers  des  trous; 
puifque  ces  Vers  n’ablbrbent  pas  feulement  la  graiffe  de  la  terre,  mais 
font  aufîi  des  trous  autour  des  racines ,  par  lefquels  l’eau  des  arro- 
lèmens  s’écoule  trop  fubitement.  En  troilième  lieu ,  pour  que  les  Pots 
ou  les  Caiffes  foient  moins  fujets  par  deffous  à  fe  falir,  &  afin  de  les 
mieux  confèrver.  J’avoue  cependant  que  les  Pots  ou  les  Caiffes  po- 
fées  de  plat  à  terre,  n’ont  pas  befoin  de  tant  d’arrofemen  s,  parce  que  l’hu- 
midité  de  la  terre  y  monte  au  travers  des  trous;  c’eft  pour  cela  qu’il  y  a 
des  Jardiniers  qui  les  pofent  ainli  par  pareffe ,  prétextant  que  les  Caif¬ 
fes  ayant  par  deffous  un  rebord  d’un  pouce  &  demi  ou  de  deux  pouces , 

Bbb  2  <  ^ 


LES  AGREMENS 


380 

&  que  le  fond  de  ces  Caifles  étant  bien  encore  à  deux  pouces  du  fondfj 
ne  touchent  point  à  terre,  on  les  pofera  néanmoins  fur  des  planches  pour 
les  raifons  que  je  viens  d’alléguer ,  &  même  les  grandes  Caifles  fur  des 
foliveauxen  croix  faits  à  cetufage,  &  élevés  au-deflus  de  terre  du  moins 
de  l’épaifleur  d’une  brique. 

Quelques  précautions  qu’on  prenne  en  tranfportant  les  Arbres  dans  la 
Serre  d’Hiver,  ou  en  les  en  tirant,  il  arrivera  pourtant  toujours  plus  ou 
moins,  que  les  racines  feront  dégarnies  de  terre,  à  proportion  de  la 
grandeur  de  leurs  couronnes  ;  defbrte  qu’on  doit  avoir  fur-tout  d’abord 
grand  foin,  quand  une  fois  ils  font  placés,  de  les  arrolèr  beaucoup,  de 
manière  que  l’on  puifle  voir  que  l’eau  s’écoule  plus  ou  moins  par  le  bas  , 
afin  que  la  terre  foit  par -là  en  état  de  fe  joindre  &  de  fe  refîerrer  de 
nouveau.  On  ne  fauroit  donner  des  règles  pour  les  autres  arrofemens 
d’Eté  ;  car  cela  doit  fe  faire  à  proportion  que  la  Saifon  efl:  plus  ou  moins 
bonne,  que  les  Arbres  pouflent  vigoureufément,  qu’ils  ont  de  grandes 
Couronnes,  &  qu’ils  font  chargés  de  fruits.  J’ai  dit  déjà  ci-devant  qu’on 
a  traité  cette  matière  dans  le  Chap.  FL 


CHAPITRE  V. 

De  la  manière  de  tailler  les  Citronniers  ,  Us  Limonmers  £«?  les  Orm* 
gersy  tant  dans  Vendrait  où  Us  font  renfey'més  pendant  V  Hiver  y  que 

dans  celui  où  ils  font  pendant  VEté, 

LEs  règles  générales  concernant  la  taille  de  ces  Arbres  font  les  mêmes' 
que  celles  qui  regardent  nos  Arbres  fruitiers,  dont  il  faut  cepen¬ 
dant  excepter  l’Oranger, parce  qu’il  en  faut  conferver  les  plus  vigoureu- 
fes  branches,  plus  que  de  tout  autre  Arbre  ,  &  qu’il  en  faut  retrancher 
les  rejettons  trop  abondans,  de  même  que  le  bois  grêle  &  mince,  que 
l’Oranger  produit  naturellement;  ces  branches  n’étant  pas  en  état  de 
produire  des  fleurs  bien  nourries,  ni,  par  une  fuite  néceflaire,  de  bons 
fruits. 

LeLimonnier,  au  contraire,  poufle  ordinairement  de  grofles  brani 
ches  droites;  c’eft  pour  cela  qu’il  faut  les  racourcir  davantage,  &  laifler 
intérieurement  plus  de  petit  bois ,  afin  que  l’Arbre  foit  garni  de  feuil¬ 
les,  &  remédier  ainfl  au  mauvais  coup  d’œil  qu’offrent  par -là  ces  bran¬ 
ches  ou  bras  tout  dégarnis-  Le 


DELACAMPAGNE.  3S1 

Le  Cédrat  ne  fait  pas  du  bois  fi  tortu  que  TOranger,  ni  d’au  fil  grofi 
fes  &  d’aufiTi  droites  branches  que  le  Limonnier  :  pour  cette  raifon  il  faut 
le  racourcir  plus  que  l’Oranger,  moins  que  le  Limonnier. 

Le  but  de  la  taille  eft  principalement  d’aquerir  de  belles  Couronnes , 
&  des  fruits  parfaitement  beaux. 

La  beauté  de  la  Couronne  confifte  en  ce  qu’elle  ait  la  figure  d’un  cer¬ 
cle  plat  arrondi,  fans  qu’une  branche  paffe  l’autre,  &  que  les  branches 
foient  en  état  de  produire  de  bons  fruits,  fe  foutenant  d’elles -mêmes 
fans  être  liées;  que  de  plus  elles  foient  bien  garnies  par-tout  de  feuilles, 
enforte  qu’on  n’y  voie  point  de  bras  dégarnis.  Pour  leur  donner  cette 
forme  il  faut  laiffer  annuellement  croître  plus  ou  moins  librement  les  Ar¬ 
bres,  félon  qu’ils  croiflent  avec  vigueur ,  pour  le  plus  cependant,  quand 
il  s’agit  d’ Arbres  à  couronne ,  fix  pouces  tout  autour  :  de  plus  pour  n’en 
pas  perdre  entièrement  la  pouffe,  &  pour  les  engager  à  pouffer  des  jets 
vigoureux,  on  retranchera  ou  pincera  tous  les  jets  furnuméraires  quand 
ils  commencent  à  paroître,&  on  racourcira  les  autres ;<Sc  on  taillera  tou¬ 
jours  comme  mauvais  le  bois  mince  &  grêle.  De  plus,  pour  former  la 
Couronne ,  il  ne  faut  jamais  que  les  branches  d’un  côté  aident  à  la 
former  de  l’autre,  deforte  qu’on  les  retranchera  toujours,  puifque  l’in¬ 
térieur  de  la  Couronne  doit  ccre  formé  de  branches  droites  ;  outre  qu’on 
peut  tourner  de  tous  côtés  au  Soleil  ces  Arbres  encaiffés  (ce  qui  doit 
aufii  fe  faire  toutes  les  trois  femaines),  afin  que  la  Couronne  en  foit par¬ 
tout  égale. 

En  général  il  faut  avoir  foin  de  tailler  fort  uniment  les  branches  & 
fur-tout  les  greffes,  fans  y  laiffer  aucuns  moignons;  après  quoi  il  faut 
couvrir  de  cire  préparée  les  endroits  coupés  des  greffes  branches. 

Outre  cette  taille-là  il  s’en  fait  encore  une  autre; elle  confifte  dans  l’a- 
batis  de  la  tête  ou  de  la  Couronne,  ce  qui  fe  fait  pour  empêcher  que  l’Ar¬ 
bre  ne  devienne  tout- à- fait  difforme,  fa  vieilleffe  ne  lui  permettant 
pas  de  pouffer  chaque  année  de  bonnes  branches  &  des  feuilles  bien 
nourries,  &  dépériffant  ainfi  d’année  en  année.  Ou  parce  que  la  tête 
ayant  été  maltraitée,  a  été  réduite  dans  un  état,  que,  fans  cette  opé¬ 
ration,  elle  ne  fauroit  avoir  une  belle  figure,  ou  bien  aufll  parce  que 
l’Arbre  efl  devenu  languiffant ,  faute  d’avoir  été  bien  fbigné,  planté» 
tranfplanté,  arrofé,  préfervé  du  froid,  &:c.  de  manière  qu’il  efl  nécef 
faire  qu’on  lui  coupe  la  tête  ,  &:  qu’on  faffe  en  même  tems  la  taille  de 
fes  racines. 

y  oyez  pour  ce  qui  regarde  la  taille  des  racines  le  L  Chap,  du//.  Lïv* 

Bbb  3  de 


LES  AGREMENS 


3S2 

de  la  /.  Partie ,  où  Ton  traite  des  Arbres  en  général. 

Le  tcms  le  plus  convenable  pour  couper  la  tête  aux  Arbres,  &  pour 
la  taille  des  groffes  branches,  eft  la  mi-Février,  fur-tout  quand  on  peut 
placer  dans  la  Serre  nommée  Trek-kas ,  leS  Arbres  auxquels  on  a  fait 
cette  opération.  Il  ne  faut  laifler  aux  branches  des  Arbres  dont  on  a  cou¬ 
pé  la  tête,  que  la  largeur  d’une  main  au  plus,  &  fî  cela  peut  fe  faire 
fans  inconvénient ,  trois  ou  quatre  de  ces  l3ranches  ravalées  au  plus  gros 
Arbre,  toutes  les  autres  devant  être  taillées  uniment  joignant  le  tronc, 
&  être  d’abord  toutes  couvertes  de  cire  comme  il  a  déjà  été  dit  :  il  ne 
faut  pas  laifler  non  plus  les  moindres  petites  branches  minces  aux 
branches  ravalées ,  parce  que  ce  font  ces  moignons  qui  pouflent  des  jets 
vigoureux,  propres  à  former  en  peu  de  tems  une  belle  tête.  Les  au¬ 
tres  jets  furnuméraires  doivent  être  d’abord  pincés  de  la  main  ,  dans  le 
tems  qu’on  lailTe  croître  les  autres  au  poiilt  qu  il  le  faut  pour  poùfler  de 
nouvelles  branches  propres  à  former  la  Couronne:  fe  coiiduifant  alors, 
par  raport  à  la  taille  &  au  ravalement,  félon  que  la  poufle  &  l’état  de 
l’Arbre  le  demandent.  Par  ce  pincement  des  nouveaux  jets  on  empêche 
aufli  que  les  vigoureufes  branches  ne  deviennent  des  bras  dégarnis ,  par¬ 
ce  qu’alors  elles  crevent  intérieurement ,  &  pouffent  ainfi  de  jeunes  bran¬ 
ches  bien  nourries  &  bien  garnies  de  feuilles ,  que  run  uonferve  folgneu- 
fement ,  retranchant  pour  lors  les  vieilles. 

Pour  avancer  la  maturité  du  fruit,  on  arrêtera  la  poufle  des  nouveaux 
jets,  en  les  rognant  lorfqu’ils  commencent  à  bourgeonner,  parce  que  la 
vigueur  de  l’Arbre  paffe  alors  mieux  dans  le  fruit. 


CHAPITRE  VL 


’  De  quelques  Citronniers ,  Limonnièrs ,  ^  Orangers* 

FErrarius  (de  cultura  Maîorum  Aureorum  Cap.  VIT)  donne  divers 
noms  au  Gitixmnier^  i’appellant  auÏÏi  Malum  Cedrium\  on  le  con- 
noit  en  Hollande- fous  le.  nom  de  Cederaet  ^  &  en  François  fous  celui 
de  Cédrac^  ou  Cédrat.  À  l’en  croire  le  Cédrat  «Sc  le  Citronnier  ont 
Ja  même  forme ,  mais  comme  la  figure  &  la  defcription  du  fruit  qu’il 
donne  ne  reflemble  nullement  à  notre  Cédrat,  il  faut  que  ce  foit  une  au¬ 
tre  elpèce:  le  Gédi-at  de  ce  Païs  ayant’ une  peau  plus  fine,  mais'plus 

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D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  383 

boutonnée,  de  couleur  jaune  clair,  comme  la  2.  Fjg.  ci-jointe  le  démon¬ 
tre  :  il  a,  quand  on  l’a  coupé  en  deux,  dix  pellicules  fans  pépins;  ilefl 
plein  d’un  jus  aigrelet  fort  agréable;  les  branches  font  garnies  de  pi- 
quans  fort  affilés.  Ferrarius  en  indique  dans  ion  prémier  Lwre  cinq  ef- 
pèces  différentes,  &  Commeljn  dans  fon  Hefper ides  des  Fats-Bas qua¬ 
tre,  ajoutant  que  le  Citron  qui  a  une  figure  différente  des  autres  effun 
jeu  de  la  Nature. 

Ferrarius  compte  jufqifà  cinquante-cinq  efpèces  de  Limonniers  ;  mais 
Commelin  dit  qu’il  n’en  connoit  que  lèpt,  ajoutant  que  le  Limon  d’une 
figure  difforme  eff  un  jeu  de  la  Nature,  &  précifément  le  même  que  ce¬ 
lui  de  Sbardonius. 

Ferrarius  dans  fon  IF.  Livre  compte  vingt  différentes  fortes  d’Oran- 
gers,  &  Commelin  ne  fait  mention  que  de  neuf:  mais  depuis  eux  j’ai 
appris  à  en  connoître  plufîeurs  autres  fortes ,  quoique  je  convienne  avec 
Ferrarius ,  qu’il  y  en  a  beaucoup  qui  ne  font  qu’un  jeu  de  la  Nature. 

Parmi  ces  elpèces  Ferrarius  &  Commelin  mettent  l’Orange  douce  de 
Lisbonne  ,  laquelle  cependant  je  trouve  être  non  feulement  différente, 
quant  au  fruit  &  à  la  feuille,  mais  qu’elle  demande  même  une  tout  au¬ 
tre  culture  que  l’Oranger. 

Si  le  Leéteur  eff  curieux  d’en  lavoir  davantage  liir  ce  fiijet,  il  n’aqifà 
conlulter  Ferrarius  &  Commelin ,  ne  trouvant  nullement  néceffaire  de 
copier  ici  ce  qu’ils  en  difent,  aimant  mieux  en  décrire  quelques  autres  for¬ 
tes  fingulières  ou  bâtardes,  qu’on  a  appris  à  connoître  depuis  Ferrarius. 

.  Parmi  celles-ci  méritent  le  prémier  rang  plulieurs  fortes  de  Cédrat 
Hermaphrodite  ^  connu  fous  le  nom  de  Bilàrré.  Le  Profeffeur  Herman 
l’appelle  dans  fon  Horto  Âcademîeo  Liigduno  -  Batam ,  Malus  Arantia 
Hermaphrodita ,  frudu  medio  Citrio ,  medioque  Arantio  odoratijfimo  5 
pour  moi  je  ne  le  nomme  point  Orange  ,  mais  Cédrat  Hermaphrodite  y 
parce  que  la  moitié  delà  chair  intérieure  eff  toute  blanche,  &  qu’il  tient 
très  peu  du  goût  de  l’Orange.  Ces  fortes  n’ont  pas  été  connues  dans 
ce  Païs  ni  de  Ferrariiis  ni  de  Commelin ,  ce  dernier  n’en  failant  point 
mention:  il  paroit  mêtne  qu’Herman  ait  ignoré,  qu’outre  les  elpèces  b⬠
tardes,  elles  produifeni!  aulîi  du  Cédrat  parfait,  &  de  véritables  Oranges. 

J’ai  eu  non  feuleriieiit  à  la  même  grefe,  mais  j’ai  vu  auffi  fur  une  feu¬ 
le  petite  branche,  à  deux  Arbres  de  différentes  fortes,  trois  fruits  par¬ 
faitement  nourris  &  riûrs,  accompagnés  de  quantité  d’autres,  lefquels 
j’ai  fait  parvenir  par  le' moyen  de  ma  grande  Serre  nommée  Trek-kas ,  â 

une  groffeur  parfaite,  &  que  j’ai  cueillis  le  12  de  Décembre  1711,  & 

fait 


LES  AGREMENS 


2% 

fait  delTiner  :  deux  de  ces  fruits  font  entièrement  Cédrat,  deux  entièrement 
Orange,  &  plufieurs  autres  mêlés,  tant  par  moitié  que  plus  ou  moins. 

La  Fig.  2.  repréfente  le  Cédrat  (approchant  du  Limon)  en  fon  entier 
avec  fes  feuilles,  &  aulTi  coupé  par  le  milieu  ;  fécorce  eneftunpeu  rude, 
d’un  beau  jaune,  &  un  peu  plus  haute  en  couleur  que  ne  l’elt  communé¬ 
ment  l’écorce  du  Limon  doux.  La  moelle  eft  divifée  par  neuf  pellicules, 
pleine  d’un  jus  agréable  &  fort ,  quoiqu’aigrelet ,  fans  aucun  pépin.  La 
chair  eft  raifonnablement  épaifle ,  agréable  au  goût  ;  elle  a  tout  autour , 
comme  aulîi  dans  la  moelle,  de  petits  trous  ronds;  les  feuilles  font  par¬ 
faitement  égales  à  celles  du  Cédrat. 

La  Fig.  3.  repréfente  l’Orange  entière,  &  la  Fig.  4.  le  Bîfarré  ou 
VHermaprodite  ^  coupé  pareillement  par  le  milieu,  ayant  neuf  pellicules 
fans  aucun  pépin.  L’Orange  a  une  écorce  lifle  &  amère,  elle  eft  exté¬ 
rieurement  de  la  couleur  d’une  Orange  commune ,  d’une  figure  un  peu 
plus  longue ,  quoique  très  ronde ,  ayant  par  delfous  un  petit  cercle.  La 
chair  en  eft  fort  mince  ,  &  d’un  blanc  tirant  fur  le  jaune.  La  moelle 
paroit  être  encore  d’un  rouge  plus  foncé  que  l’écorce  ;  elle  eft  pleine  d’un 
jus  aigrelet  fort,  mais  agréable.  Les  feuilles  ont  de  petits  cœurs  ,  &  font 
parfaitement  femblables  à  celles  des  Orangers.  Le  Bilarré  &  tels  autres 
fruits  mêlés  font  par  dehors  les  uns  plus  femblables  H  l’Orangcjlcs  autres  font 
moitié  Cédrat  &  moitié  Orange ,  &  d’autres  extérieurement  reftemblent 
plus  au  Cédrat  &  moins  à  l’Orange;  la  plupart  font  crochus  comme  le  bec 
d’un  Perroquet.  L’écorce  du  Cédrat  Bifarré  eft  un  peu  rude,  comme  le 
Cédrat  pur, mais  d’une  couleur  qui  tire  un  peu  plus  fur  le  jaune,  &  qui  eft 
moins  divifée  par  moitié  ou  en  plus  petites  partitions,  mais  par  des  raies 
plus  ou  moins  larges,  comme  011  en  peut  juger  par  le  bourgeonnement, 
car  quand  le  Cédrat  fo  trouve  dans  l’Orange  jih  bourgeonne  davantage, 
&  l’Orange  rentre  davantage.  Ce  qui  étoit  Cédrat  ou  Bifarré  avant 
que  d’être  parfaitement  mûr,  avoit  la  même  odeur  que  la  Tulipe  jaune 
couronnée ,  mais  un  peu  plus  piquante ,  &  à  mefure  qu’il  meuriflbit  da¬ 
vantage  ,  il  avoit  en  même  tems  une  odeur  mêlée  auftl  agréable  que  cel¬ 
le  du  Cédrat,  de  l’Orange  &  de  la  Tulipe  en  queftion.  Cette  Oran¬ 
ge  mêlée  a  la  couleur  un  peu  plus  foncée  que  celle  qui  eft  tout- à -fait 
pure ,  &  que  celle  qui  eft  liffe  &  amère.  L’écorce  du  Cédrat  eft  d’un 
goût  auftl  agréable  que  l’eft  celui  du  meilleur  Limon,  La  chair,  quand 
il  eft  entamé,  eft  à  l’endroit  où  fe  trouve  le  Cédrat,  d’un  blanc  tirant 
fur  le  bleu ,  &  raifonnablement  épaifte ,  &  moins  blanche  &  moins  é- 
paifle  à  l’endroit  où  eft  l’Orange ,  mais  tirant  fur  le  jaune ,  étant  auftl 


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DE  LA  CAMPAGNE. 


3S) 

pîus  coloré  tout  comme  Técorce  extérieure,  La  moelle  efl  aulTi  blan¬ 
che,  mais  elle  paroit  plus  ou 'moins  jaune  à  rendroitoù  efi;  Técorce  d’O- 
range,  d’un  goût  aigrelet  fort  agréable,  femblable  à  celui  du  Citron. 
Quant  au  fruit  où  il  y  a  le  plus  d’Orange,  l’écorce  en  eft  d’une  couleur 
beaucoup  plus  foncée  &  plus  rude,  plus  relevée  en  bofle.  La  chair  in-  • 
térieurement  féparée,  tout  comme  celle  qui  fè  trouve  par  moitié;  le 
goût  de  l’écorce  de  la  chair,  de  même  que  du  jus,  fui  vent  la  nature  de 
chacun  de  ces  fruits.  Les  feuilles  fuivent  la  nature  des  fruits,  car  à  l’en¬ 
droit  où  il  y  a  le  plus  d’Orange,  elles  ont  à  leurs  extrémités  un  petit 
cœur  un  peu  long,  &  le  verd  foncé  ablbrbe  aulTi  celui  qui  eft  plus  pâle. 
Là  où  il  y  a  plus  de  Cédrat ,  les  feuilles  n’ont  point  de  ces  petits  cœurs , 
&  font  aufli  plus  femblables  à  celles  du  Cédrat ,  &  le  verd  foncé  ne  s’y 
trouve  pas  tant.  Les  feuilles  du  Bifàrré  font  d’abord  rougeâtres,  un  peu 
longues ,  retirées ,  &  quelques  -  unes  anguleulès.  Le  Cédrat  vient  à 
l’endroit  où  le  bois ,  qui  lè  trouve  par-tout  garni  de  piquans ,  eft  le  plus 
mince  ;  &  les  feuilles  d’Orange ,  à  l’endroit  où  le  bois  croît  avec  le  plus 
de  vigueur  ,  &  cela  de  manière  qu’un  Arbre  fort  vigoureux  deviendra 
entièrement  Orange ,  fi  on  ne  lui  taille  point  ce  qui  eft  Orange. 

Les  Arbres  de  cette  efpèce  font  plus  délicats  que  les  Limonniers,  & 
ne  fauroient  produire  dans  ce  Pais  du  fruit  mûr,  ft  ce  n’eft  par  le  moyen 
d’une  prolongation  artificielle  de  l’Eté  dans  la  Serre.  La  fleur  de  cette 
Orange  eft  blanche  comme  celle  de  l’Orange  commune. 

Celles  du  Cédrat  font  d’abord  ruugcâci  es ,  comme  celles  du  Citron  ; 

&  celles  du  Bifàrré  font  mêlées,  6c  quand  le  fruit  eft  encore  petit,  il  pa¬ 
roit  verd  av£c  de  petites  élévations  rouges.  Le  bois  eft  un  peu  tortu , 
gris  entre  le.  tronc  du  Cédrat  &  de  l’Orange. 

J’ai  encore  vu  croître  à  un  même  Arbre  cheï.  moi  ces  trois  fruits  diffé- 
rens  lavoir ,  V Hermaphrodite  reprélènté  dans  la  Fig.  4.  le  Limon  Berga- 
mot  dans  la  Fig.  &  VOrange  dans  la  Fig.  6.  lefquels  étant  coupés  par 
le  milieu ,  différent  très  peu  du  Cédrat  Bifàrré  repréfenté  ci-devant ,  de 
même  que  l’Orange ,  excepté  qu’ils  ont  par  dedans  dix  pellicules. 

Le  Fompelmoes ^  Fig,  7.  repréfenté  au  naturel,  &  dont  la  circonfé¬ 
rence  eft  de  20  pouces, mefure  de  Rhinlande , n’eft  pas  connu  ni  deFer- 
rarius  ni  de  Commelin  :  il  a  été  tranl|X)rté  dans  ce  Païs  de  Suriname  ;  6c 
il  y  a  été  de  tems  en  tems  cultivé.  J1  y  en  a  de  deux  fortes,  qui  de  mê¬ 
me  que  les  autres  plantes  qu’on  cultive  dans  des  Pots  ou  dans  des  Caift 
fes,  croilTent  vigoureufement ,  Redeviennent  de  beaux  Arbres.  Leur 
bois  a  la  même  couleur  que  celiü  du  Limon  ;  leurs  branches  font  fortes  6c 
F  art  ie  IL  Ccc  gar- 


\ 


LES  ACRE  MENS 


I 


385 


'garnies  de  pîquans;  leurs  feuilles  font  d’un  verd  moins  foncé  que  celles 
d’Orange,  mais  plus  grandes,  un  peu  pliis  longues  &  un  peu  retirées 
vers  le  milieu,  &  n’ont  point  par  derrière  de  petits  cœurs.  Le  fruit  de 
la  plus  grande  forte  eft  ovale ,  rentrant  un  peu  vers  la  fommité ,  6c  plus 
■  mince  dans  de  certains  endroits  comme  une  Poire..  La  couleur  de  l’é¬ 
corce  eft  d’un  jaune  clair  ,  pareille  à  celle  d’un  Limon  frais,  &  tique-  i 
tée  comme  elle:  fa  moelle  a  dix  pellicules,  &  plufieurs  pépins  dans* le 
milieu.  La  chair  en  eh:  d’un  blanc  tirant  fur  le  jaune  :  il  a  un  goût  dou¬ 
ceâtre  un  peu  gras,  mêlé  d’une  petite  pointe  d’amertume,  à  peu  près 
comme  celui  d’une  Enule-campane  confite.  Le  jus  a  une  couleur  jaune 
tirant  fur  le  rouge.  Le  fruit  de  la  plus  petite  forte  efl  rond ,  mais  plat , 
plus  reffemblant  à  POrange  ;  ayant ,  au  refie ,  la  même  circonféren¬ 
ce  que  l’autre  :  fa  moelle  efl  moins  amère  ,  mais  plus  rougeâtre  :  les 
feuilles  ont  par  derrière  un  grand  cœur  ,  mais  elles  refièmblent  d’ailleurs 
à  celles  de  l’autre  efpèce  dont  on  a  donné  la  defcription. 

Bergamote:  il  y  en  a  de  deux  fortes,  favoir  le  Limon  &  l’Oranger 
dont  la  prémière  efl  un  peu  longue ,  &  l’autre ,  lavoir  l’Orange- Berga- 
piote,  efl  parfaitement  ronde ,  confèrvant  par  deflbus  au  milieu  dn 
fruit ,  le  centre  de  la  fleur  ;  elle  a  des  feuilles  retirées ,  telles  que  la  Fig. 

8.  les  repréfente  avec  le  fruit;  la  couleur  6c  le  goût  de  l’écorce  &  du  jus 
relTemblent  à  plufieurs  égards  au  Pompelmoes ,  &  n’en  diffèrent  d’ail¬ 
leurs  guère  que  par  la  groffeur;  elle  a  intérieurement  onze  pellicules,' 
mais  point  de  pépins. 

V  Or  ange  verte  £«?  douce  rojat ,  en  Hoîlandois  de  Groene  zoete  geroof-  ■ 

deOranje-i  Fig.  9.  efl  un  fruit  fort  connu  à  Batavia  dans  les  Indes;  | 

c’eft  un  Arbre  très  vigoureux,  dont  les  feuilles  font  d’un  verd  pâle,.  ! 

comme  aulPi  l’écorce,  laquelle  efl  un  peu  rude;^  le  fruit  a  intérieurement  i 

huit  pellicules ,  6c  un  jus  très  agréable.  ’ 

La  Fig.  10  reprélènte  un  fruit  pareil,  mais  boutonné,  6c  d’un  verd  1 

plus  foncé,  ayant  intérieurement  onze  pellicules,  pleines  d’un  jus  doux  • 

6c  auffi  très  agréable.  La  couleur  intérieure  de  ces  deux  fruits  eft  com-  , 

me  celle  de  l’Orange  douce  commune. 

Orange  Turque.  Ses  feuilles  font  vertes ,  mais  elles  ont  des  taches  pâles 
qui  pénètrent  au  travers  ;  elles  font  de  plus  un  peu  longues  6c  étroites  ,  i 
6c  pour  la  plupart  par-ci  par-là  anguleufes;  quand  pour  avoir  pouffé  trop 
vigoureufement,  ces  Arbres  s’abâtardiffent,  les  feuilles  deviennent  plus 
larges  6c  font  fans  taches;  6c  quand  ils  s’abâtardiffent  faute  de  croître, 
les  feuilles  en  deviennent  encore  plus  étroites  6c  plus  tachetées ,  6c  alors 

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DE  LA  CAMPAGNE.  38^ 

onjes  appelle  Orangers  à  feuilles  de  Saule.  Cet  Arbre  paroit  être  le 
même  que  Ferrarius  nomme  Aurantium  Jlriatum. 


REMARQUES  EXACTES 


Touchant  la  manière  de  cultiver  les 

t 

VIGNES 

Et  d'avoir  infailliblement  des  Raifins  dans  des  Serres  artificiellement 

rechaufées, 

IL  faut  que  les  Vignes ,  tant  celles  qn’on  fait  croître  par  le  moyen  du 
feu  que  par  la  chaleur  du  Soleil  au  travers  des  vitres,  Ibient  plan¬ 
tées  dans  la  Serre  même,  mais  de  telle  manière  cependant  que  leurs  ra¬ 
cines  puilTent  s’étendre  au  long  &  au  large ,  &  auffi  vers  le  bas  dans  la 
terre  commune.  Les  Serres  doivent  être  conflruites,  félonie  delTein  in¬ 
diqué  dans  la  Planche  ci-jointe.  La  Fig,  i.  eft  la  plaque  droite,  traver- 
lee  par  le  tuyau  ou  conduit  de  la  fumée  d’une  Serre  à  vignes  artificielle¬ 
ment  rechaufée  de  cinq  chalTis  de  vitres ,  où  l’on  fait  du  feu  de  deux 
côtés, 

La  Eig.  2.  eftla  plaque  droite  ,  traverfée  par  les  trois  conduits  de  la 
fumée  (dont  les  deux  inférieurs  font  couverts  de  Carreaux  de  brique) , 
avec  la  muraille  de  derrière  &  la  cheminée. 

La  Fig.  3.  repréfente  la  même  Serre  droite  par  devant,  ayant  au  haut 
cinq  petits  volets  pour  donner  de  l’air, &  delTous  les  vitres  tout  du  long 
une  planche  clouée  à  de  petits  piquets,  qui  defoend  jufqu’à  terre. 

La  Fig.  4.  eft  le  profil  avec  la  muraille  droite ,  &  la  petite  muraille 
double,  comme  aufli  entre  deux  le  prémier  conduit  de  la  fumée-r  ce  qui 
paroit  au  devant  c’efl  la  terre  qui  eft  dans  la  Serre ,  qui  fe  réunit  avec  le 
fond  extérieur. 

La  Fig  5*.  eft  la  même  Serre  en  perfpeétive. 

Suivant  ce  deftein  on  peut  aulfi  conftruire  des  Serres  de  quatre  chaf- 
fis  de  vitres  &  avec  trois  condjiiits  pour  la  fumée ,  où  l’on  ne  faffe  le  feu 
que  d’un  feul  côté  ;  mais  pour  lors  avec  cette  dift'érence ,  que  la  chemi- 

'  Ccc  2  née 


LES  AGREMENS 


388 

née  ne  doit  pas  être  placée  dans  le  milieu ,  mais  au  bout  de  la  Serrée 

Qiiant  à  ces  Vignes  il  faut  remarquer,  que  celles  qu’on  tâchera  d’a¬ 
vancer  par  le  fecours  du  feu ,  doivent  avoir  crû  l’année  précédente  en 
plein  air,  fans  avoir  été  couvertes  de  vitres;  parce  que  le  bois  de  celles  qui 
ont  ainfi  été  fous  des  vitres ,  ne  pouffe  pas  affez  vigoureulèment  dans  les 
Serres  ;  que  plufieurs  boutons  s’en  perdent ,  &  que  même  quantité  de 
grapes  fe  changent  en  vrilles.  De  toutes  les  fortes  de  Railins ,  qu’on 
cultive  ainfi  de  primeur,  les  meilleurs  font  ceux  que  nous  nommons  en 
Hollande  Water-zoeten^  &  de  ceux-ci  encore  les  meilleurs  de  tous  font 
ceux  que  nous  appelions  vroege  mn  der  Laan.  Pour  faire  encore  mieux 
connoître  cette  culture ,  je  joindrai  ici  quelques  expériences  curieufes. 

A  la  mi-Novembre  je  fais  la  taille  aux  Vignes  de  la  Serre;  mais  quant 
à  cela  il  faut  fe  fou  venir,  qu’on  doit  la  faire  au  delTus  d’un  bouton,  le¬ 
quel  cependant  ne  doit  jamais  être  des  plus  gros ',  non  feulement  parce 
que  croilfant  trop  vigoureufement  il  poufleroit  deux  jets  uu  plus  encore, 
mais  aiiffi  parce  que  cela  feroit  fouvent  changer  les  grapes  en  vrilles.  Si 
cependant  quelque  ignorant  Ta  voit  fait  ainfi,  &  fi  on  s’en  apperçoit,  on 
ne  coupera  jamais  le  jet  furnuméraire ,  mais  on  le  rognera  au  defliis  de  la 
dernière  grape ,  (on  ne  doit  y  laifler  que  deux  "grapes)  ,  &  l’on,  arrête¬ 
ra  ainfi  la  pouffe,  &  l’on  empêchera  fouvent  par  ce  moyen  que  la  grape 
ne  fè  change  en  vrilles. 

Les  Chaffis  de  vitres  furent  mis  devant  la  Serre  le  1 5;  de  Décembre 
le  7  de  Janvier  on  commença  dans  une  Serre  de  cinq  chaffis  à  faire  de 
deux  côtés  un  feu  de  quatre  tourbes  ^  au  milieu  defquelles  on  mit  des¬ 
charbons  tout  allumés  ou  à  demi-allumés. 

Cela  fait  on  eut  jufqu’au  8  de  Février  un  tems  d’Hiver  doux  avec  peu 
de  Soleil,  cependant  la  Serre  ne  fut  jamais  couverte  par  devant..  Le  9 
de  Février  je  la  couvris  pendant  la  nuit  avec  de  fimples  nattes  de  ro- 
fcaux,  &  enfuite  avec  des  doubles  jufqu’au  19;  mais  comme  il  commen¬ 
ça  à  geler  plus  fort,  je  pendis  encore  fous  les  nattes  de  rofeaux,  d’épaif- 
fes  couvertes  de  poil,  &  l’on  couvrit  auffi  d’une  couverte  de  poil  les  pe¬ 
tits  volets  d’en-haut. 

Le  20,  le  21  &  fur-tout  le  22  de  Février  il  gela  rudement,  de  maniè¬ 
re  que  le  Thermomètre  placé  hors  de  la  Serre  étoit  81  :  depuis  le  20  de 
Février  jufqu’àu  17  de  Mars,  il  gela  le  plus  par  un  tems  clair  &  un  beau 
Soleil ,  &  quoique  l’air  fut  quelquefois  couvert ,  la  Serre  avoit  pourtant 
toujours  été  découverte  pendant  le  jour.  Pendant  le  plus  rude  froid  je 
iàifoxs  des  deux  côtés  ua  feu. de  quatre  tourbes,  avec  deux  par  deffus. 


DE  LA  CAMPAGNE. 


2^9 

fans  le  feu  intérieur,  lequel,  quand  Pair  étoit  couvert,  je  renoiivellois 
trois  fois,  favoir  le  matin  de  fort  bonne  heure,  vers  midi,  &  le  foir  à 
neuf  heures;  mais  quand  le  Soleil  luit  on  ne  fait  que  deux  feux  en  24.  heu¬ 
res.  Le  22  de  Février  après  la  nuit  froide  dont  je  viens  de  parler,  le 
Thermomètre  placé  dans  la  Serre  étoit  le  matin  à  22  ;  mais  le  26,  quoi¬ 
qu'il  fut  à  10  hors  la  Serre,  il  étoit  feulement  à  20  dedans,  parce  quels 
Soleil  n’avoit  pas  tant  paru  le  jour  précédent. 

Jufqu'aii  Mois  de  Mars  le  Thermomètre  étoit  prefque  toujours  Is  ma¬ 
tin  a  24.1  &  après  le  10  ou  le  12  de  Mars  à  2f  &  26,  &  de  jour,  àme- 
fure  que  la  laifon  devenoit  plus  belle,  à  29,  30,  &  aulTi  335*,  &pour  - 
le  plus  à  37,  fans  Soleil.  Après  le  17  de  Mars  jufqu'au  27,  &  aulfile 
2p,  il  fit  un  très  mauvais  temspour  les  Plantes  ferrées;  comme  auifi de¬ 
puis  le  4  d’ Avril ,  que  je  fis  de  nouveau  foir  &  matin  du  feu ,  ce  que  de¬ 
puis  le  mois  d’ Avril  je  n’avois  fait  que  le  foir.  Le  matin  le  Thermo¬ 
mètre  ne  fut  jamais  plus  bas  que  2Ç,  &  quelquefois  27,  283  &  rare¬ 
ment  30. 

Je  ne  tis  point  du  tout  de  feu  le  12  d’Avril  jufqu’aii  18;  mais  alors  il 
fituntems  pluvieux  fi  mauvais  &  fi  froid,  que  je  fis  encore  du  fèu  foir  & 
matin. 

Depuis  le  i  de  Mai  jufqiPau  ii  je  fis  quelquefois  deux  feux,  parce 
qu'il  y  avoir  des  jours  cres  rudes;  mais  le  plus  fou  vent  je  n'en  fis  qu'un 
par  jour*,  ce  que  je  fis  même  une  fois  le  22  de  Afai. 

Le  9  d’ Avril  le  Thermomètre  du  dehors  par  un  tems  de  pluie  étoit  a 
26  5  &  le  1 2  à  24  que  j’otai  les  chalfis ,  pour  que  la  pluie  arrofât  les 
Vignes,  quoique  le  fond  intérieur  eut  foiivent  été  arrofé  avec  de  i'eaa 
de  pluie  froide.  ^ 

Aulfi  longtems  qu’il  ne  parut  point  de  feuilles  aux  Vignes ,  j'e  ne 
donnai  pas  d’air  par  le  haut,  mais  dans  la  fuite  je  lui  donnai  entrée  en 
toute  occafion  ;  c’efi:  ce  que  je  fis  le  6  de  Février  en  ouvrant  entièrement 
les  cinq  petits  volets  d'en-haut  jufqii’à  Midi ,  le  Soleil  luifant  clairement 
&  le  vent  étant  Sud-ouell.  En  général  Je  donne  toujours  de  l’air 
quand  le  Thermomètre  ell  à  33  ou  plus  haut.  La  nuit  je  n'ouvre  or¬ 
dinairement  pas  tant  les  volets ,  &  je  pends  par  defius  des  couvertes 
laine. 

Par  cette  pratique  les  boutons  de  la  Vigne  commencèrent  le  de 
Janvier  à  le  gonfler  fenfiblement,  ils  étoient  ouverts  le  2  de  Février  &îe 
verd  ayant  paru  fe  trouva  être  déjà  le  5*  de  Février  de  la  longueur  du  doigt. 
Le  12  de  Mars  je  lui  fis  la  première  taille.  Le  15  ils  fieurifibient  tousjy 

Ccc  3, 


LES  AGREMENS 


390 

&  le  27  de  Mars  ils  avoient  entièrement  achevé  de  fleurir.  J’en  cou¬ 
pai  les  premiers  Raiiïns  mûrs  le  25  de  Mai,  &  le  19  de  Juin  les  der¬ 
nières  grapes  plus  tardives.  Je  trouvai  que  je  les  avois  trop  couverts 
pendant  la  nuit ,  car  le  Thermomètre  avoir  fouvent  été  le  matin  plus 
qu’à  25. 

Après  que  ces  piés  de  Vignes  eurent  fait  l’Eté  fuivant  de  très  mauvais 
bois  3  on  les  coupa  au  mois  de  Novembre  à  un  bon  demi-pié  au  defllisde 
terre ,  ces  piés  pouffèrent  l’année  d’après  en  plein  air  des  farraens  très 
vigoureux ,  dont  je  coupai  l’Eté  fuivant  (c’eft-à-dire  le  troifîème  Eté  a- 
pres  qu’ils  eurent  produit  du  fruit  dans  la  Serre) ,  quantité  de  très  bons 
K  ai  fin  s. 

Leur  pouffe  ayant  continué  jufqu’à  la  mi-Oélobre  ,  ils  fe  dépouillè¬ 
rent  de  leurs  feuilles,  ce  qui  m’engagea  à  leur  faire  la  taille  le  28. 

Au  commencement  de  Novembre  il  gela  pendant  cinq  jours  &  au¬ 
tant  de  nuits,  mais  pas  fort,  le  Thermomètre ,  quand  il  fit  le  plus  froid, 
n’étant  qu’à  14I,  après  cela  pendant  fept  jours  de  fuite  il  ne  gela  point; 
mais  au  bout  de  ce  tems  -  là  il  gela  encore  un  peu  plus  fort ,  le  Ther¬ 
momètre  étant  depuis  le  13  de  Novembre  jufqu’au  29,  14.Î  13,  12I, 
14!,  13,  122,  ]iî,  13^,  13,  II,  II,  10,  12,  13,  &  i2î,  après 
quoi  il  dégela,  excepté  quelques  nuits  en  Décembre. 

Je  mis  le  19  de  Décembre  les  vitres  devant  les  Vignes,  &  je  com¬ 
mençai  le  I  de  Janvier  à  faire  des  deux  côtés  de  la  Serre  un  feu  de  cinq 
tourbes,  fans  le  feu  du  milieu,  je  veux  dire  quatre  tourbes  en  quarré  & 
une  par  deffus. 

Pendant  le  mois  de  Janvier  il  gela  fi  peu ,  que  les  petits  Foffés  ne  fu¬ 
rent  que  trois  fois  un  peu.^gelés ,  le  Soleil  luifit  peu,&  il  tomba  beaucoup 
de  pluie:  on  couvrit,  feulement  la  Serre  pendant  la  nuit  de  fimples  nattes 
de  rofèaux;  cependant  on  ne  voyoit  aucun  changement  aux  boutons 
jufqii’au  14;  mais  après  ce  tems-là  ils  fè  gonflèrent  fi  fiibitement,  que  le 
17  ils  étoient  déjà  jaunâtres.  Jufques  là  je  n’avois  point  donné  d’air, 
mais  je  commençai  alors  à  en  donner,  félon  le  tems  qu’il  faifoit,  en  ou¬ 
vrant  deux  ou  plus-  de  petits  volets ,  quelquefois  tous  les  cinq  j  depuis 
dix  ou  onze  heures,  jufqii’à  deux  &  demi  ou  tro's  heures. 

Ces  Vignes  avoient  déjà  pouffé  de  fort  longs  jets  le  26  de  Janvier, 
fans  qu’il  y  parût,  cependant  aucune  grape,  deforte  que  craignant  de  les 
avoir  trop  précipitées  ,  je  ne  les  fis  plus  couvrir  pendant  la  nuit  de  nat¬ 
tes  de  rofèaux:  malgré  cela  le  matin  le  Thermomètre  pour  le  plus  bas 
étoit  à  2> ,  quelquefois  aulfi  à  26  &  29,  étant  ‘de  jour  en  plein  air  à  16, 


DE  LA  CAMPAGN'E. 


391 

17,  1S5  dans  la  Serre  fans  Soleil,  de  jour  ordinairement 

h  2(j y  30 5  &  rarement  à  33.  Je  vis  quantité  de  petites  grapes  le  28  de 
Janvier;  mais  le  2  de  Février  je  crus  qif  elles  croiflbient  avec  trop  de  vi¬ 
gueur ,  le  Thermomètre  étant  le  foir  en  plein  air  à  17;  deforte  que  je 
laiflai  pendant  la  nuit  tous  les  petits  volets  ouverts  de  la  largeur  d’une 
main:  parce  moyen  le  Thermomètre  étoit  le  matin  dans  la  Serre  à  21, 
&  dehors  à  16,  faifant  quelquefois  du  brouillard  &  quelquefois  un  beau 
Soleil,  le  jour  à  31  &  32;  pendant  ces  mois  le  Thermomètre  étoit. 

Dans  la  Serre.  Dans  la  Serre. 


Janvier. 

bas. 

haut. 

Février. 

bas. 

haut: 

I 

19 

4 

- 

23 

I 

- 

26 

- 

-  29 

2 

- 

19 

m 

24 

2 

- 

21 

- 

32 

3 

- 

191 

- 

- 

2^ 

3 

- 

22 

- 

-  26 

4 

m 

18 

« 

m 

23 

4 

- 

24 

- 

-  36 

5 

- 

19 

- 

m 

24 

5 

- 

22f 

- 

-  30 

6 

- 

20 

- 

m 

24! 

6 

- 

22^ 

- 

-  23? 

7  - 

- 

20| 

- 

m 

25^ 

7  ^  - 

^  T  - 

- 

-  30 

8 

- 

2T 

- 

- 

8 

- 

221 

- 

-  30 

9 

m 

23 

- 

- 

27 

9 

- 

23 

- 

-  31:1 

10 

- 

24 

- 

- 

28 

10 

- 

22 

- 

-  28 

II 

- 

26 

- 

- 

27 

II 

- 

22î 

- 

“  27 

IT 

- 

26 

- 

- 

281 

12 

- 

23 

- 

^  28 

13 

- 

26 

m 

- 

27 

13 

•0 

24 

- 

-  35 

14 

- 

24 

- 

m 

30 

14  , 

24 

- 

-  33 

15^ 

1» 

2? 

- 

m 

29 

15^ 

2^ 

•• 

-  34 

16 

24 

- 

- 

26 

I  ^  — ■ 

- 

24 

- 

-  3a 

17 

26 

• 

ai 

29 

17 

IM 

24 

m 

-  29’ 

18 

261 

- 

m 

30 

18 

m 

24 

- 

-  28 

19  '  - 

26 

m 

- 

29 

19 

■M 

231 

- 

-  27^ 

20 

261 

- 

- 

30 

20 

- 

23 

-  27 

21 

26 

m 

m 

28 

21 

- 

251 

m 

-  28 

22 

26 

- 

m 

29 

22 

m 

251 

- 

-  27 

23 

27. 

- 

m 

285 

23 

24 

- 

-  28 

24. 

26 

m 

m 

34- 

24 

- 

24 

- 

-  28 

2^ 

24 

- 

- 

29 

25» 

- 

24 

- 

-  28 

26 

m 

2^ 

m 

- 

29 

2S 

- 

26 

m 

•  3^ 

^7. 

m 

26 

m 

m 

271 

27  r- 

26 

m 

r  3^ 
28 

392 

LES 

AG  REMENS 

Dans  la  Serre. 

Dans  la  Serre. 

Janvier. 

bas. 

haut.  Février.  bas. 

haut 

28 

-  2)-  - 

-  28  28  -  -  2^  - 

-  3S 

29 

-  2(5  - 

-  30 

30 

-  2(5 

-  31 

3ï 

-  27  - 

-  33 

Il  fit  le  1  5  2  5  3  5  4?  ^5  8,  9,  10,  14,  i6,  26,  27,  &  28 

de  Janvier  un  beau  tems,  &  accompagné  d'un  Soleil  fort  clair,  très  peu 
de  vent  Sc  point  du  tout  de  pluie:  jufqu’au  premier  de  Février  je  n'a  vois 
été  qu’un  jour  làns  donner  de  l’air,  j’en  donnoismême  tous  les  jours  par 
un  tems  de  gelée,  froid  &  chargé  de  brouillard,  tels  qu’étoient  le  17 , 
ig,  19,  20,  21,  22,  23  &  24  de  Jîfnvier,  en  ouvrant  à  moitié  un 
volet  &  en  couvrant  cette  ouverture  d’un  üc  à  laine  quivenoit  jufqu’aux 
vitres,  &  la  Serre  pendant  la  nuit  de  iimples  Nattes  de  Rofeaux,  que 
J’otois  le  jour  depuis  onze  heures ,  même  quand  il  failbit  un  air  froid  & 
chargé  de  brouillard;  le  plus  grand  froid  en  plein  air  étant  12.  Ce  ne 
fut  que  le  2 1  que,  je  lis  trois  petits  feux  de  fix  tourbes  ;  mais  les  autres 
jours  je  n’en  fis  que  deux.  Le  21  &  le  <5  ^5  je  donnai  de  l’air  par  un  petit 
volet  &  au  travers  d’un  fac  à  laine,  le  Thermomètre  étant  en  plein  air  à 
I2i  la  nuit,  &  à  14  le  jour. 

-  Le  23  je  n’employai  plus  la  couverture  de  Nattes  pendant  la  nuit, 
je  ne  fis  aufli  qu’un  feu  de  cinq  tourbes  comme  à  l’ordinaire  ;  le  Ther¬ 
momètre  en  plein  air  étoit  la  nuit  à  14,  &  le  jour  à  i/j. 

Le  8  de  Février  je  pinçai  le  bout  de  quelques  làrmens,  6c  taillai  à  deux 
yeux  une  branche  qui  n’avoit  point  de  grapes;  le  24  il  y  avoit  au  mi¬ 
lieu  de  la  CailTe  en  bas  contre  la  petite  muraille  une  grape  de  fleurie, 
laquelle  fut  coupée  mûre  le  16  d’ Avril;  le  26  il  y  en  avoit  plufîeurs  au¬ 
tres  de  fleuries  ;  ce  jour  là  il  fit  auffi  un  tems  fort  doux ,  dont  je  profitai 
pour  faire  la  taille  d’Eté  générale,  6c  pour  couper  les  vrilles;  pendant 
neuf  jours  l’air  avoit  été  couvert,  chargé  de  brouillard  6c  dilpofé  à  la 
gelée. 

.Le  10  de  Mars  en  plein  air  le  Thermomètre  étoit  à  21  ;  je  fis  alors 
en  tems  de  bourafques  la  fécondé  taille  d’Eté. 

Le  12  dç  Mars  tous  les  Raifins  avoient  achevé  de  fleurir;  je  décou¬ 
vris  à  trois  ou  quatre  grapes  des  grains  gros  comme  de  gros  pois  verds. 
Le  1(5  6c  le  17  de  Mars,  je  craignis  que  pendant  la  nuit  il  ne  gelât  fort, 

k  Thermomètre  en  plein  air  étant  à  14;  deforte  que  j’ordonnai  qu’on 

rc- 


I 


DE  LA  CAMPAGNE. 


3P3 


^  » 

"retïiît  la  couverture  de  Nattes  de  rofèaux,  mais  cela  fut  inutile)  parce 
•que  le  Thermomètre  dans  la  Serre  étoit  le  matin  à  27,  ce  que  je  penfe 
•être  trop  haut.  Depuis  le  20  de  Mars  julqu’au  27  il  fit  un  tems  ex¬ 
traordinairement  clair  &  beau ,  deforte  que  le  feu  ordinaire  étoit  trop 
chaud;  le  Thermomètre  fans  Soleil,  &  avec  les  volets  ouverts  monta  à 
41  :  de  manière  que  je  fus  obligé  le  24  de  faire  mettre  à  onze  heures  & 
demi  des  Nattes  de  rofeaiix  devant  les  vitres,  &  j’ordonnai  qu’on  ne  mît 
au  feu  que  trois  tourbes  &  une  par  defliis:  cependant  il  relia  encore  le 
matin  k  26,  (Je  donne  toujours  de  l’air,  quand  fans  Soleil  le  Thermo¬ 
mètre  ell  à  30,  par  un,  deux,  trois,  quatre,  ou  tous  les  volets  enfem- 
ble,  le  degré  le  plus  convenable  étant  pour  cela,  35:,  36,  37,  38,  &: 
pas  plus  haut)  le  28  de  Mars  il  avoit  alTez  gelé ,  étant  à  douze  en  plein 
air,  &  comme  la  Serre  n’avoit  pas  été  couverte  jufques  à  cinq  heures  du 
matin,  &  que  le  feu  n’avoit  été  que  de  quatre  tourbes,  il  étoit  dans  la 
Serre  même  feulement  à  23*  Le  29  je  ne  donnai  point  d’air,  parce  que 
le  vent  fouflant  violemment  de  l’Elt  &  du  Nord ,  il  faifoit  extrêmement 
froid  réordonnai  pour  cela  de  couvrir  avec  des  doubles  Nattes,par  ce  mo¬ 
yen  le  Thermomètre  étoit  le  matin  à  25;  ,&  pendant  le  jour  en  plein  air 
depuis  33  julques  k  35;  ,&  enfuite  au  commencement  d’Avril  pendant  le 
jour  &  avec  les  volets  ouverts ,  depuis  37  jufqu’k  39.  Le  30  &  le  3  r 
de  Mars ,  le  i ,  2 ,  3 ,  4 ,  de  Mai ,  fur-tout  le  ^  d’Avril  il  gela  fort  (eu 
égard  k  la  Saifon)  dans  la  matinée  ;  j’employai  la  couverte  de  Nattes  de 
rofeaux  fimples,  &  ne  fis  qu’un  feu  de  trois  tourbes:  malgré  cela  le 
Thermomètre  étoit  le  matin  à  2j  &  26,  &  le  7  d’Avril  k  27;  deforte 
que  je  ne  fis  point  de  feu  le  matin ,  parce  qu’il  étoit  fi  haut ,  fans  que  la 
Serre  fût  couverte  par  devant. 

Je  ne  remarquai  guère  de  changement  dans  la  poulTe  jufqu’au  7  d’A- 
vriî,  refiant  depuis  trois  femaines  dan^  le  même  état,  les  Raifins  s’é¬ 
grainant  fur  ces  entrefaites,  ce  qui  fe  voit  toujours,  même  aux  Rai- 
fins  qui  viennent  en  plein  air.  Le  8  d’Avril  il  fit  un  jour  d’Eté,  defor¬ 
te  que  je  ne  fis  point  du  feu ,  mais  le  9  le  Soleil  ne  luifant  point  &  le 
vent  étant  Nord,  je  fis  du  feu  comme  auparavant.  Le  10  le  Thermo¬ 
mètre  étoit  le  matin  k  29:  on  arrofà  alors  légèrement,  au  travers  des  pe¬ 
tits  volets,  les  feuilles  avec  de  l’eau  des  EofTés.  A  Midi  le  Thermomè¬ 
tre  étoit,  fans  Soleil  &  avec  les  volets  ouverts,  k  39;  c’efl- pourquoi  je 
fis  encore  mettre  des  Nattes  de  rofeaux  devant  la  Serre. 

Le  II  d’Avril  plufieurs  feuilles  avoientdes  taches  blanches  de  Nitre, 
parce  que  contre  mon  ordre  on  les  avoit  arroféesavec  de  l’eau  des  EofTés, 

Fartk  IL  Ddd  au- 


594.  .les  A  G  REMENS 

an-lieu  de  les  arrofer  avec  de  Teau  de  pluie.  Pour  remédier  à  cela,  on 
les  arrofa  d’eau  de  pluie,  mais  encore  mal- à- propos,  parce  que  lors¬ 
qu’on  ftt  cet  arrofement  le  Soleil  donnoit  fur  la  Serre:  ce  à  quoi  on  doit 
bien  prendre  garde,  quant  aux  arrofemens  de  toutes  fortes  de  verdure, 
lefquels  ne  doivent  jamais  fe  faire  quand  le  Soleil  luit,  mais  lorfque  le 
tems  eft  couvert,  ou  bien  il  faut  tenir  la  Serre  couverte  tant  que  les 
feuilles  font  mouillées.  Le  12  d’ Avril  au  matin  le  Thermomètre  étoit 
à  23,  &  à  Midi  avec  un  volet  ouvert,  à  39;  je  mis  encore  alors  devant 
la  Serre  pour  un  peu  de  tems.  dçs  Nattes,  de  même  que  le  13 ,  jour  au¬ 
quel  je  fis  arrofer,  &,je  ne  fis  point  de  feu.  Le  15:  le  Thermomètre  é- 
toit.  en  plein  air  &  en  tems  pluvieux  à  24  :  j’otai  tous  les  chafTis  de  vi¬ 
tres,  (Sclaiffai  ainfi  la  pluie,  mouiller  les  Vignes;  je  comptai  les  grapes, 
j’en  trouvai  cinquante-deux,  tant  grandes  que  petites,  à  deux  petits 
pieds  de  Vignes ,  y  en  ayant  deux  prêtes  à  meurir.  Le  1 9  il  fit  froid  & 
du  brouillard  ;  je  fis  un  feu  de  quatre  tourbes.  Le  18  &  le  19  je  fis 
comme  ci-devant  des  arrofemens  d’eau  de  pluie. 

Le  26  d’ Avril  je  coupai  Ja  .prémière  grape  mûre.  Le  28  le  Thermomè¬ 
tre  dans  la  Serre  n’ étoit  le  matin  qu’à  21 ,  parce  que  je  ne  faifois  plus  de 
feu,  &  il  refta  à  peu  près  de  même  jufqu’au  17  de  Mai  à  caufe  du  tems 
rigoureux. 

Le  21  de  Mai  tous  les  Railîns. furent  très  mûrs  ,  &  je  cueillis  le  25 
les  derniers,  qui  étoient  blancs  à  force  d’être  mûrs,  &  dont  les  pépins 
étoient  aulfi  bruns  &  auffi  vifibles  que  j’en  aie  vu  de  ma  vie.  11  efl  bon 
de  remarquer, que,  quoiqu’on  ne  parle  pas  ici  des  arrofemens  du  fond 
dans  la  Serre.,  ' cela  s’efl  pourtant  ifait.  fouvent,]:  chaque  fois  avec  deux 
grands  arrofoirs  pleins  d’eau. 

Je  fis  le  7  d’Aout  la  taille  à  ces  Vignes;  elles  étoient  tout  comme  fî 
^  nous  avions  été  en  Hiver  :  quoiqu’il  fit  une  Autonne  très  froide  &  très 
pluvieufe,  .&  que  de  plus  on  les  eût  couvertes  pendant  le  jour  de  Nattes, 
elles  commencèrent  pourtant  à  la  mi-Septembre  à  pouffer.  Enfuite  je 
les  coupai  encore  comme  ci-devant  le  7  de  Février  tout  près  de  terre ,  & 
cela  pouf  la  féconde  fois;,  de  ces  fouches  provinrent  encore  de  très  vi¬ 
goureux  farmens ,  qui  produifirent  l’année  fuivante  en  plein  air  quantité 
de  groffes  grapes.  Enfuite  jç:fis  à  ces  deux  pieds  la  taille  le  14  de  Novem¬ 
bre.  A  Noël,  je  mis  devant  eux  les  vitres, ayant  attendu  un  peu  plus  long- 
temsàle  faire,  efpérant  qu’une  gelée  un  peu  plus  forte  arrêteroit  leur  pouf. 
iè;mais  leThérrnomètre  ne  Tuf  qu’une  feule  fois  à  i  il,  une  fois  à  i2l,& 
deux  fokà  13,  le  .matin,  ÇO  plein  air,  par  un  tems  fort  pluvieux  &  fort 
couvert.  ijb  J  .•  Je 


r 


DE  LA  CAMPAGNE.  -pj 

Je  commençai 'à  faire  du  feu  Iç  i  de  Janwrde  l’année  fui  vante,  tout 
comme  ci-devant  :  il  faifoit  du  brouillard ,  peu  de  Soleil ,  &  peu  ou  point 
de  gelée.  Le  2^  de  Janviêr  les  boutons  Commencèrent  à  créver,  jour 
auquel  je  donnai  de  fair  pour  la  première  fois.  Je  découvris  le  27  à  un 
bouton  d’eri-haut  deux  petites  grapes,'ce  qui  me  parut  être  trop  préci¬ 
pité  &  m’engagea  à  donner  plus  d'air;  le^  Thermomètre  jufques  au  Mois 
de  Février  ne  fut  jamais  plus  haiVü  que -Jo &  le  matin  23  &  2^. 

Je  fis  le  10  dé  Février  la  taille*  à  quelques  fàrmens.  Le  1 6  il  fleurit  une 
grape,  comme  cela  étoit  arrivé  auparavant  le  24.  de  Février,  le  i ,  2  , 
3  &  le  5"  ,  le  tems  fut  fort  couvert ,  mais  les  autres  jours  le  Soleil  luilit 
clairement,  &  il  gela  fl  Fort  que  le  Thermomètre  en  plein  air  étoit  le 
matin  à  1 1 ,  loj  &  lo,  &3  ce  qui  êft  extraordinaire,  de  jour  en  plein 
Soleil  à  1 5* ,  16,  aufli  1 7 ,  cependant  avec  gelée;  ce  qui  prouve ,  que  les 
rayons  du  Soleil  relient  renfermés  dans  le  Jardin,  &  caillent  plus  de 
chaleur.  Ce  beau  tems  fit  monter  le  Thermomètre  ,  avec  les  volets  ou¬ 
verts  &  fans  Soleil,  à  3 1 ,  32 ,  aulfi  à  33 ,  34  &  3 5*.  Le  17  de  Février 
par  un  tems  couvert,  &  fans  avoir 'donné  de  l’air,  il  étoit  à  30  ;  & 
comme  par  le  moyen  de  la  couverture  &  du  feu,  il  étoit  le  18  de  Février 
à  2p,  &  que  je  vis  une  grape  couler  fans  avoir  fleuri,  je  craignis  de  les 
avoir  trop  rechaufés ,  defortè  que  je  n’employai  plus  de  Nattes  de  ro- 
feaux:  cependant  il  relia  le  matin,  n’y  ayant  point  de  gelée  en  l’air,  à 
26, &  même  un  peu  au-delà  de  25: , deux  petits  volets  couverts  d’un  fac 
à  laine  étant  ouverts  de  deux  doigts  ;  mais  quand  il  monta  encore  da¬ 
vantage,  j’ouvris  d’abord  dès  que  le  jour  commença,  plus  de  volets, 
jufques  à  ce  qu’il  bailFa  à  24. 

Jufqu’au  16  de  Février  il  fit  prefque  toujours  un  mauvais  tems  pour  les 
Plantes  ferrées ,  deforte  que  le  Thermomètre  étoit  quelquefois  à  29, 
30,  &31  au  plus,  &  quand  le  Soleil  luifoit  clairement,  à  35:,  36,  & 
37.  Le  fbnd  dans  la  Serre  fut  continuellement  humeété  comme  de  cou¬ 
tume  par  des-  arrofemens  d’eau  de  pluie  de  deux  <Sc  quelquefois  auflTi , 
mais  rarement ,  de  trois  arrofoirs. 

Le  ^  de  Mars  toutes  les  grapes  hâtives  n’avoient  pas  feulement  ache¬ 
vé  .de  fleurir,  mais  aufll  plufieurs  autres  à  petits  grains;  alors  parurent 
encore  plufieurs  petites  grapes  tardives:  les  grapes  étoient  aulTien  géné¬ 
ral  plus  grdlTes  &  en  plus  grande  quantité  que  les  autres  fois.  Le  14 
de  Mars  je.  fis  feulement  un  feu  de  trois  tourbes  &  une  par  deffus,  &  je 
continuai  à  donner  de  l’air,  en 'me  lèrvant  la  nuit  d’un  fac  à  laine,  afin 
d’avoir  le  matin  25  &  26. 

Ddd  2  Le 


Le  1 5^  &  le  24  de  Mars,  de  même  que  le  p  d’ Avril 5  je  mouillai  avec 
de  l’eau  de  pluie. 

Le  2  J  &  le  2d  de  Mars  le  Soleil  luifit  fort  clairement,  je  ne  fis  point 
de  feu,  je  trouvai  cependant  le  matin  2^ ,  &  de  jour  35  ,  36,  37.  Le 
27  de  Mars  le  tems  changea,  il  devint  pluvieux,  accompagné  de  vent^, 
deforte  que  je  commençai  de  nouveau  à  faire  du  feu  jufqu’au  9  d’ Avril  : 
pendant  tout  ce  tems-là  &  encore  au-delà,  je  ne  vis  point  ou  que  peu  de 
changement  aux  grapes,  parce  que  c’étoit  le  tems  que  les  pépins  fe  for- 
moient. 

Le  9  d’ Avril  outre  l’arrofement  des  Vignes,  je  les  expofai  aufli  pen¬ 
dant  un  court  efpace  de  tems  à  la  pluie  ,  le  Thermomètre  en  plein  air 
n’étant  qu’a  211.  Le  19  d’ Avril  à  trois  heures ,  il  fit  une  pluie  forte  ;.d’ abord 
le  Thermomètre  a  voit  été  à  27  en  plein  air,  &  dans  la  Serre  à  38  làns  So¬ 
leil  :  pour  lors  j’expofai  les  Vignes  à  la  pluie  pendant  deux  heures,  jufqu’ à 
ce  que  le  Thermomètre  fût  tant  dehors  que  dans  la  Serre  à  23  &  à  22^, 
&  alors  je  couvris  :  je  ne  vis  à  caufe  du  mauvais  tems  qu’il  fit  au  mois 
d’ Avril ,  que  très  peu  de  changement  ;  cependant  je  cueillis  les  deux 
prémières  grapes  mûres  le.^J',  de  Mai,  &les  autres  confécutivement. 

Manière  de  traiter  les  Vignes  dans  me  Serre  artificiellement-  rechaufée  y 

à  trois  tuyaux  pour  conduire  la  fumée  ^  gÿ  a  quatre  chajfis  de  vitres  y 
dans  laquelle  on  ne  peut  faire  du  feu  que  dèm  feul  côté. 

Ayant  fait  aux  Vignes  la,  taille  le  29  d’Oéfobre  ,  on  les  mit  derrière' 
les  vitres  le  1 3  de  Décembre ,  &  l’on  cloua  fi  bien,  fur  la  muraille  par 
delTus  les  petits  volets,  un  fac  à  laine  bien  épais,  que  l’on  en  pouvoit  cou¬ 
vrir  les  volets  pour  empêcher  le  grand  froid  de  pénétrer  ,,  ce  fac  devant 
être  alTez  large  pour  qu’il  puifie  defcendre  jufques  fur  les  vitres  ,  quand 
les  volets  font  à  moitié  ouverts,  afin  que  le  vent,  lorlque  les  vapeurs 
s’exhalent ,.  n’y  puiffe  point  entrer  ;  &  afin  qu’on  puifle  ouvrir  ces  petits 
volets  fans  aucune  gêne,  ce  fac  efl  partagé  en  trois,  ciiaque  partie  dér 
bordant  l’autre  de  la  largeur  d’une  main. 

Je  commençai  le  31  de  Décembre  à  faire  le  prémier  feu  de  fix  tour¬ 
bes,  &  cela  uniquement  pour  delTécher..  Le  i  de  Janvier  j’en,  fis  un  , 
foir  &  matin ,  de  fept  tourbes  :  ajoutant  cependant  au  feu  du  matin  trois 
tourbes  à  midi.  La  nuit  on  couvrit  la  Serre  de  deux  épaiflès.  Nattes  de 
rofeaux;  il  gela  fort,  fur-tout  le  lo,  le  1 1  &  le  12,  le  Thermomètre ér 
tant  plus  bas  que  10  y  néanmoins  j’avois  pendu  le  9  au  foir  à  de  pe- 


DE  LA  CAMPAGNE. 


397 

tus  crampons  fous  des  doubles  Nattes  de  rofeaux ,  une  épaifle  couverte 
de  poil,  &  fait  un  feu  de  huit  tourbes;  la  couverte  qui  étoit  par  delTus 
les  petits  volets,  étoit  couverte  de  neige.  D’abord  que  les  boutons 
commencèrent  à  jaunir,  je  donnai  de  Pair  nuit  &  jour ,  même  pendant 
la  plus  forte  gelée,  en  ouvrant  un  volet  de  la  largeurd’un  doigt  &plus: 
cependant  le  fac  à  laine  y  étoit  toujours,  lequel  fut  attaché  la  nuit,  à  l’en¬ 
droit  de  l’ouverture,  à  la  Natte  de  rofèaux,  comme  aulfi  le  jour  quand  il 
geloit  fort.  Pendant  la  plus  forte  gelée  je  faifbis  encore  à  onze  heures 
du  matin  un  feu  de  quatre  tourbes. 

Le  II  &  le  1 8  j’arrofai  la  terre  pendant  que  le  Soleil  luifoit ,  avec 
quatre  arrofoirs  pleins  d’eau. 

Le  tems  changea;  je  réduifis  encore  le  feu  à  7  tourbes,  &  j’ôtai  la 
couverte. 

Le  Thermomètre  au  plus  bas  étoit  à.  17  ,  18,  ip  ,  20  &  21,  &  au 
plus  haut  à  29  &  30;  Le  20,  21,  22,  23,  le  tems  étoit  couvert,  & 
quoiqu’il  dégeloit  depuis  le  20 ,  le  Thermomètre  étoit  cependant  le  ma^- 
tin  du  24  k  21 ,  &  pendant  le  jour  à  23  &  24.  au  plus  haut. 

Le  30  au  matin  on  vit  la  prémière  feuille, le  5  de  Février  des  grapes. 
Tous  les  deux  jours  on  arrofoit  lf^=  Vignes  «vcc  deux  arrofoirs  pleins. 
Je  failbis  encore  alors  foir  &  matin  un  feu  de  fept  tourbes, &  l’après-mi¬ 
di  à  quatre  heures, un  de  trois.  Le  17, le  Soleil  luifant,je  leur  fis  la  taille. 

Le  7  de  Mars  les  Raifins  fleurirent.  Le  17  les  grains  étoient  gros 
comme  de  petits  pois.  On  mit  rarement  dans  le  mois  d’Avril  devant 
les  vitres  des  Nattes  de  rofeaux  :  le  1 2  on  ôta  le  fac  à  laine  qui  étoit  au 
^  deffus  des  petits  volets:  je  continuai  pourtant  à  faire  dufeujulqu’au  mois 
de  Mai.  Le  4  de  Mai  le  Thermomètre  étoit  dans  la  Serre  fans  feu  k 
24,  «Scen  plein  air  k  20.  je  cueillis  le  16  les  prémiers  Raifins  mûrs; 
cependant  depuis  le  4  que  j’avois  cefle  de  faire  du  feu ,  il  avoir  fait  un 
tems  froid  <Si  rude  &  peu  de  SoleiL  Le  30  je  cueillis  des  grapes  extrême¬ 
ment  grandes  &  bien  mûres.. 

Comme  on  peut  avancer  la  pouffe ,  les  fleurs  Sc  la  maturité  des  Rai¬ 
fins  dans  des  Serres  artificiellement  recliaufées ,  &  autres  fimplement  vi¬ 
trées  ;  la  même  chofè  efl  aulîi  praticable  k  l’égard  des  autres  fruits , 
pourvu  qu’auparavant  on  obferve  &  qu’on  note  la  température  de  l’air  ré- 
lativement  k  leur  manière  naturelle  de  croître,  celle  de  fleurir  &  de 
meurir ,  afin  de  fe  régler  dans  la  fuite  fur  cette  connoiflance.  De  cette 
manière,  j’ai  cueilli  d’un  Cerifîer  nommé  {Praa^fe  Mufeadeï)  qui  étoit 
dans  une  Serre  fimplement  vitrée,  repréfentéep^g.  234,  êcp/iz/'y.  quan- 

Ddd  3.  titè 


JL  k>  A  Vj  iv  il»  iVl  il»  iN  ô 


tité  de  Cerifes  mûres  au  commencement  du  mois  d’ Avril ,  &  les  derniè¬ 
res  de  ce  même  Arbre  à  la  fin  d’ Avril  &  au  commencement  de  Mai.  Les 
vitres  avoient  été  pofées  devant  cette  Serre  au  commencement  de  Jan¬ 
vier;  les  lailîant  5  autant  qu’il  fut  polîible,  expofées  aux  rayons  du  Soleil, 
prenant  foin  de  couvriras  Serres  contre  la  gelée  d’abord  que  lés  boutons 
commencèrent  à  crever,  &  y  confervant  la  chaleur,  quand  une  fois  les 
fruits  furent  noués,  excepté  quand  le  Soleil  luifoit  fort,  ouvrant  alors 
tous  les  petits  volets,  de  manière  pourtant,  que  quand  le  Soleil  ne  lui¬ 
foit  pas  li  fort,  le  Thermomètre  ne  pouvoir  jamais  defcendre  plus  bas 
qu’à  34.. 


Manière  de  cultiver  des  Plantes  ^  des  fruits  d"  Ananas, 

Yl Ananas^  chez  les  Américains  Pînhas,,  eft  aulTi  appellé  Tomme  de 
Tin^  à  caufe  de  la  figure  extérieure  du  fruit ,  qui  lui  reffemble  à  bien 
des  égards  ;  mais  cet  Ananas  a  au  deffus  de  fon  fruit  une  belle  couron¬ 
ne  verte.  11  vient  originairement  des  Indes  Occidentales ,  d’où  il  a  été 
tranlporté  aux  Indes  Orientales  &  dans  ce  Fais. 

Les  fruits  d’Ancmas  Iuul  uidinairem^nt  anx  Indcs  Occidentales  plus 
hauts,  plus  gros,  plus  longs  par  la  pointe,  ayant  aulTi  plus  d’écailles, 
.mais  plus  petites  qu’aux  Indes  Orientales  &  que  chez  nous ,  où  les  fruits 
font  plus  ronds  &  ont  de  plus  groffes  écailles,  quoique  j’en  ai  eu  dans  ce 
Pais  de  la  même  grofleur  &  aulfi  en  Piramide ,  que  ceux  qui  viennent 
des  Indes  Occidentales.  H  y  a  des  Auteurs  qui  les  diftinguent' en  plu- 
lieurs  fortes,  comme  plus  ronds ,  plus  petits,  avec  des  écailles  plus  ou 
moins  groITes  ;  mais  j’ai  appris  par  une  expérience  réitérée ,  que  ces  deux 
•fortes,  favoir  les  ronds  &  les  pyramidaux  font  venus  l’un  &  l’autre  de  Mar- 
cotes  d’une  feule  &  même  Plante ,  &  même  de  celles  qui  m’ont  été  en¬ 
voyées  de  diverfes  régions  &  Iles  des  Indes  Occidentales  ;  ce  changement 
étant  caufé  par  la  manière  de  les  traiter,  &  félon  que  la  température  de 
l’air  les  fait  croître  plus  ou  moins  modérément. 

Je  les  diftingue  en  trois  différentes  fortes,  la  prémière  &  la  meilleure 
a  des  feuilles  vertes ,  garnies  de  petits  piquans  afîlilés,  comme  on  peut  le 
voir  dans  la  planche  ci-jointe  :  ce  fruit  qui  eft  repréfenté ,  a  eu  fept  pou¬ 
ces  de  haut  &  treize  de  circonférence.  Cette  Plante  après  être  grandie 
&  groffie ,  &  fuivarit  que  pendant  l’Hiver  on  l’a  conlèrvée  dans  un  en¬ 
droit  plus  froid,  avant  que  de  pouffer  la  tige,  forme  aulTi  lentement  fon 
fruit  quand  la  chaleur  eft  plus  grande ,  mais  enfuite  elle  le  fait  plus  gros 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E. 

&  plus  pointu,  comme  celle  qu’on  a  confervée  plus  chaudement  dans 
le  commencement  de  T  Hiver. 

J’appelle  la  fécondé  forte,  Ananas  rouge,  parce  que  fes  feuilles  font 
plus  grandes, plus  larges,  &  d’un  vert  plus  foncé  mêlé  de  quelque  chofe 
de  rouflatre;  fon  fruit  n’eft  pas  li  gros,  mais  fes  écailles  font  plus  lar¬ 
ges,  plusgrofles,  &  plus  plattes;  quand  le  fruit  n’efl  pas  mûr,  il  efl: 
d’un  brun  tirant  fur  le  roux,  &  quand  il  eh:  mûr  il  efl  d’un  jaune  foncé 
avec  des  taches  d’un  brun  jaune  plus  foncé  fur  les  écailles;  celui-  ci ‘efl 
moins  agréable  au  goût  que  la  prémière  forte ,  qui  efl  la  meilleure ,  la¬ 
quelle  n’étant  pas  mûre  eft  d’un  verd  plus  foncé ,  &  qui  étant  mûre  a 
des  écailles  d’un  jaune  plus  clair.  Acaufe  de  ce  défaut  je  n’en  élève  point, 
non  plus  que  la  fuivante. 

On  appelle  la  troifième  forte ,  Ananas  uni,  ou  Me,  parce  que  fes  feuilles 
n’ont  pas  des  piquans,  mais  parce  qu’elles  ont  à  leur  extrémité  des  poin¬ 
tes  plus  fortes,  &  plus  affilées:  fes  feuilles  font  auffi  plus  longues,  plus 
étroites  &  croilTènt  plus  en  montant,  mais  le  fruit  en  eft  plus  petit. 

L’Ananas  croit  de  la  même  manière  que  l’Aloès,  mais  il  n’efl  pas  fî 
grand,  &  il  a  des  feuilles  vertes  moins  épaiffes,  qui  contiennent  moins 
de  moelle:  ces  feuilles  ne  font  pas  non  plus  ni  fi  grandes,  ni  fi  larges, 
mais  à  proportion  de  leur  grandeur  elles  font  plus  longues ,  &  ont  les 
bords  garnis  de  piquans  plus  déliés  &  plus  ferrés:  on  Je  multiplie  défi 
tige  ou  de  fà  Couronne  à  fruit,  mais  encore  plus  d’éclats  enracinés,' 
lefquels  croifTent  du  fond  ou  autour  de  la  Couronne ,  comme  des  rejet- 
tons  de  foiiche.  Quand  la  plante  porte  fruit,  alors  viennent  auffr  les 
Saùvageons  de  louche,  &  cela  en  plus  grande  quantité,  à  proportion 
qu’on  les  a  féparés  de  meilleure  heure  de  la  Plante  mère.  J’ai  eu  ainfl  dans 
l’Eté  plus  de  vingt  Sauvageons  de  louche  d’une  feule  Plante,  tandis 
qu’on  n’en  a  ordinairement  que  deux,  trois,  ou  tout  au  plus  quatre. 

Les  Ananas  ne  réfiftent  point  au  froid  de  nos  Hivers,  Sc  demandent 
pendant  l’Eté  une  plus  grande  &  une  plus  durable  chaleur ,  &  un  tems 
moins  variable  qu’il  n’en  fait  ordinairement  dans  ce  Climat;  c’efl-pour- 
quoi  ils  ne  doivent  pas  feulement  être  mis  pendant  l’Hiver  dans  des  Ser¬ 
res  artificiellement  rechaufées,mais  même  pendant  l’Eté  fous  des  vitres', 
&  outre  cela  encore  les  Pots  dans  du  Tan' bien  chaud.  Cependant  il  en 
efl  de  ces  Plantes  comme  de  toutes  les  autres  qui  viennent  d’un  Climat 
plus  chaud, lavoir  que  les  jeunes,  qu’on  a  élevées  dans  ce  Païs,réfîflent 
mieux  au  grand  froid  &  au  changement  de  tems,  &  font  outre  cela 
plus  fécondes ,  ’ que  celles  qu’on  nous  envoie  de  loin,  &  qui  ont  été  éle¬ 
vées 


LES  AGREMENS 


400 

vées  dans  un  Climat  qui  leur  eft  naturel  :  on  tâchera  par  conféquent  d’a¬ 
voir  des  Plantes  élevées  dans  ce  Païs,  ou  que  l’on  a  élevées  foi-même; 
car  de  cette  manière  on  peut  élever  ce  fruit  aifément  &  fans  beaucoup 
de  peine. 

Le  tems  le  plus  convenable  pour  féparer  les  Sauvageons  de  fouche, 
ell  depuis  la  mi-juin  jiifqu’à  la  fin  de  ce  Mois, auquel  tems  la  fouche  ell 
d’une  grandeur  &  d’une  grofleur  requifes  pour  la  dégarnir  un  peu  de 
feuilles  &  la  planter  ainlî,  pouvant  faire  dans  ce  cas  fumfamment  des  ra¬ 
cines  jufqu’au  mois  d’Oétobre. 

Quand  on  veut  planter  les  Couronnes ,  il  faut  dégarnir  de  feuilles  la 
fouche  par  delTouSjde  la  longueur  d’un  pouce.  Comme  il  y  a  ordinaire¬ 
ment  en  cet  endroit  des  indices  de  petites  feuilles  nailTantes ,  les  racines 
auront  moins  de  peine  à  percer. 

11  faut  planter  ces  tendres  Sauvageons  dans  une  terre  fablonneufe, 
dans  de  petits  Pots,  parce  qu’ils  feront  de  meilleures  racines;  mais  quand 
ils  font  devenus  plus  grands  ,  il  faut  les  tranfplanter  l’année  d’après 
dans  une  terre  plus  forte ,  moins  lablonneufe ,  &  dans  de  plus  grands 
Pots ,  en  ayant  foin  qu’en  les  tranlplantant  ils  conlèrvent  toute  la  mot- 
j  te  de  terre:  le  meilleur  tems  pour  les  tranfplanter,  c’ellaumois  deMars; 
c’efl  alors  qu’on  fe  dilpolè  à  tranfporter  les  Plantes  des  Serres  artificiel¬ 
lement  échaufées  dans  les  CailTes  vitrées  où  J1  y  a  du  Tan. 

Qiiant  à  la  manière  de  planter  &  de  tranfplanter,  il  faut  avoir  foin 
que  la  terre  foit  bien  affermie  tout  autour  du  pied  de  la  Plante,  &  de  l’ar- 
rofer  enfuite ,  afin  qu’elle  joigne  mieux  ;  il  ne  faut  pas  non  plus  prendre 
pour  cela  de  trop  grands  Pots,  car  outre  qu’ils  occupent  plus  de  place  & 
qu’ils  font  moins  maniables,  les  Plantes  n’y  croiffent  pas  fi  bien,  &  el¬ 
les  n’y  produifènt  pas  de  fi  gros  fruits ,  que  dans  des  Pots  plus  petits  d’u¬ 
ne  grandeur  médiocre:  les  meilleurs  Pots  font  ceux  qui  ont  par  le  haut, 
intérieurement  dix  pouces  de  diamètre,  &  fept  par  le  bas,  &  une  pro¬ 
fondeur  depuis  le  bord  d’en-haut  jufqu’au  fond  de  dix  pouces  &  demi. 

Les  Plantes,  lorfqu’elles  pouffent,  ont  ordinairement  affez  befoin 
d’eau ,  après  la  pouffe  encore  plus ,  &  encore  davantage  quand  elles  ont 
chargé  leur  fruit  :  alors  on  en  arrofe  auffi  fouvent  légèrement  les  feuil¬ 
les  :  il  faut  cependant  être  fort  prudent  à  cet  égard ,  &  ne  pas  arrofer 
lorfque  cela  porte  préjudice  à  la  maturité  du  fruit;  car  s’il  vient  aux 
fruits  des  boutons  pleins  d’eau,  tranfparens,  verds,  tirant  fur  le  jaune, 
c’efi:  une  marque  qu’on  les  a  trop  arrofés,  (Sc  les  fruits  auront  moins  d’o¬ 
deur  (Sc  feront  aufii  moins  agréables  au  goût:  mais  il  ne  faut  pas,  même 


DELACAMPAGNE.  401 

en  Hiver  ,  les  hifler  defTéchei*'  au  point  que  la  moelle  des  feuilles,  périf 
fe:  le  commencement  de  ce  mal,  c’eft  quand  examinant  des  feuilles  ver¬ 
tes  contre  le  jour,  on  y  apperçoit  des  taches  jaunâtres. 

Pour  avoir  de  bons  fruits,  il  faut  que  la  Plante  foit  venue  d’un  jeune 
rejetton  ou  d’une  petite  couronne,  qui  pendant  trois  ans  au  moins  ait 
pouffé  &  groHi  comme  il  faut.  Le  premier  indice  de  fruit  qu’elle  don¬ 
nera,  c’eff  que  les  feuilles  commencent  un  peu  à  fe  relâcher  par  le  bas, 
&  que  le  cœur  de  la  Plante  s’ouvre  tant  foit  peu;  le  fruit  paroit  alors 
bientôt  après ,  &  paroit  au  milieu  de  la  Plante  ,  comme  la  fuperhcie 
d’un  gros  ongle. 

Quand  le  fruit  &  la  tige  montent ,  le  fruit  devient  plus  rond  &  a  de 
petites  feuilles  pointues ,  comme  les  glouterons ,  l’iin  portant  de  ces  pe¬ 
tites  feuilles  rougeâtres,  &  l’autre  des  blanches.  Après  que  le  fruit  a  crû 
environ  pendant  un  mois ,  &  qu’il  ell  de  la  groffeur  d’une  noix ,  il  fort  de 
chaque  écaille  une  petite  fleur  oblongue  de  trois  feuilles  finiffant  en  poin¬ 
te  ,  d’un  bleu  pâle  au  fruit  commun  d’Ananas ,  d’un  bleu  plus  foncé  à 
l’Ananas  rouge  &  prefque  violet  à  la  troifième  forte,  dont  les  feuilles  ne 
font  pas  garnies  de  piquans  aux  côtés:  cette  petite  fleur  ne  tombe  pas 
à  mefure  que  le  fruit  avance ,  mais  fe  refire  en  fe  defféchant ,  &  laiffe  au 
fruit  des  marques  vilibles  quand  il  efl:  parfaitement  mûr. 

On  ne  peut  pas  fixer  à  un  certain  nombre  de  jours  ou  de  femaines  le 
tems  qu’il  faut  depuis  que  le  fruit  paroit  jufqu’àfa  parfaite  maturité,  par¬ 
ce  que  cela  dépend  d’un  beau  tems  d’Eté  confiant  &  durable  :  &  com¬ 
me  on  peut  procurer,  dans  le  Printems,  une  pouffe  fort  naturelle  aux 
Plantes ,  quand  on  les  tient  dans  la  Serre  échaufée  par  le  feu ,  le  Soleil 
donnant  fur  les  vitres  perpendiculairement,  &  qu’on  peut  aufli  prolon¬ 
ger  de  cette  manière  l’Eté,  ce  qui  ne  fauroit  fe  faire  en  Autonne,  par 
le  rechaufement  du  Tan  fous  des  vitres  couchées ,  le  Soleil  donnant  a- 
lors  fur  les  vitres  plus  obliquement,  &  ne  caufant  pas  par  conféquent  u- 
ne  chaleur  convenable ,  ce  que  les  pluies  ordinaires  de  cette  faifon  empê¬ 
chent  encore  davantage  ;  il  faut  à  la  fin  de  Décembre  augmenter  de 
plus  en  plus  par  le  moyen  du  feu  la  chaleur,  afin  qu’au  commencement 
de  ï'évrier  les  Plantes  foient  tellement  en  fève ,  que  les  fruits  en  paroif- 
fènt  vers  le  milieu  de  ce  mois,  ou  vers  la  fin  tout  au  plus  tard,  lefquels 
fruits ,  quand  dans  la  fuite  le  tems  efl:  beau ,  &  qu’on  en  a  eu  grand 
foin,  meuriffent  parfaitement  au  commencement  de  Juillet,  Remettent 
ainfi  à  meurir  cinq  mois ,  à  compter  depuis  le  tems  qu’ils  le  font  montrés. 
Les  fruits  qui  paroiffent  au  commencement  du  mois  de  Mars ,  ont  be- 

Fartk  IL  Eee  '  foin 


LES  A  G  R  E  M  E  N  S 


402 

foin  au  moins,  pour  meurir,  de  quinze. jours  de  plus:  ceux  qui  paroif- 
fent  à  la  mi-Mars ,  d\in  mois  ;  ceux-ci  par  conîequent  demandent  en 
tout  lix  mois,  &  ceux  qui  paroiflent  au  commencement  d’ Avril  onten- 
.  core  befoin  de  plus  de  tems  :  mais  ceux  qui  paroilTent  feulement  vers  la  ^ 
mi  -  Avril  meuriflent  rarement  au  point  qu’ils  aient  leur  bon  goût  ordi-  " 
naire. 

L’odeur  délicieufe  qui  vient  des  Ananas  mûrs ,.  quand  on  ouvre  les  fe¬ 
nêtres,  ell  la  plus  fûre  marque  que  les  fruits  foiït  mûrs,  agréables  & 
bien  foignés ,  étant  alors  d’un  jaune  foncé ,  tiquetés  de  brun  fur  les  é- 
cailles. 

Manière  de  traiter  les  Ananas  £«?  quelques  autres  T  Jantes  dans .  les  Ser¬ 
res  artificiellement  échaufées  ,  pendant  F  Hiver  ^  pendant  PEté^ 
dans  des  CaiJJes  vitrées  où  il  y  a  du  Tan. 

On  ne  peut  pas  fixer  le  tems  de  tranfporter  les  Plantes  des  CailTes  vi¬ 
trées  où  il  y  a  du  Tan  ,  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée  ,  &  de 
cette  dernière  dans  les  autres, cela  dépendant  de  la  Saifon3&  de  la  lon¬ 
gueur  de  l’Eté  ou  de  l’Hiver  ;  aihü  j’ai  été  obligé  dans  de  certaines  an¬ 
nées,  de  les  tranfporter  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée  vers  la 
fin  de  Septembre,  &  de  les  y  laiffer  jufques  dans  le  mois  d’ Avril:  mais 
cela  fe  fait  ordinairement  vers  le  10  ou  le  1 2 d’Oétobre ,  &.aii  Printems 
vers  la  mr-Mars  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée  où  il  y  a  du 
Tan',  &  10  jours  après  dans  l’autre,  pourvu  que  le  Tan  qui  efl  dans  les 
‘CailTes  ait  déjà  une  chaleur  convenable  &  requife.  Avant  que  de  tranlpor- 
ter  les  Plantes  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée  ,  les  fourneaux  en 
doivent  être  aulTi  bien  fechés  par  le  moyen  du  feu ,  non  feulement  pour 
en  ôter  les  mauvaifes  vapeurs,  qui  font  humides  &  en  plus  grande  quan¬ 
tité  quand  on  commence  à  faire  du  feu , .  mais  aulTi  pour  découvrir  s’il 
n’y  a  point  de  fentes ,  au  travers  defquelles  la  fumée  pourroit  entrer  ;  fi 
l’on  en  trouve  on  les  bouche  avec  du  fable. 

Dans  la  Serre  artificiellement  échaufée ,  dans  les  CailTes  vitrées  où  il 
y  a  du  Tan ,  &  dans  l’endroit  où  fe  fait  le  feu  ,  conftruit  fuivant  les 
delTeins  qui  fe  trouvent  dans  le  1.  &  dans  le  VII  Chap.  du  I  Li¬ 
vre  de  la  11  Partie  ,  on  oblèrve  fur  le  Thermomètre  les  degrés  de 
froid  &  de  chaleur,  lequel  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée  pend 
à.  quatre  tpifes&  demi  de  la  muraille  des  côtés  près  du  fourneau;  laphio- 
le  ell  à  un  pié  &  fept  pouces  de  terre,  &  des  fenêtres  de  devant  en  é-. 

quier- 


DELACAMPAGNE.  403 

quierre  ;  étant  dans  la  fécondé  partition  de  la  Serre  pareillenjent  k  un 
pied  &  fept  pouces.  Dans  la  Caille  vitrée  où  il  y  a  du  Tan  il  pend  der¬ 
rière  en  haut  vers  le  milieu. 

La  dirpofition  des  Plantes  dans  les  Serres  &  dans  les  Caifles  fe  fait  de 
la  manière  fui  vante.  On  met  dans  la  Serre  à  terre  aulfi  près  des  vitres, 
qu’il  eh;  polTible,  fons  cependant  que  les  feuilles  les  touchent ,  les  Plan¬ 
tes  qui  ont  les  plus  gros  troncs,  &  les  plus  petites  feuilles,  afin  de  don¬ 
ner  moins  d’ombre  aux  Plantes  qui  font  placées  plus  loin;  après  celles-ci 
on  met  pareillement  aulTi  près  qu’il  eh:  polTible,  fans  néanmoins  fe  tou¬ 
cher  ou  du  moins  fort  légèrement,  celles  qui  ont  de  gros  troncs  &  de 
longues  feuilles.  A  trois  pieds  &  deux  ou  trois  pouces  de  terre  aufliprès 
qu’il  eh:  poITible  des  vitres,  il  y  a  une  planche,  fur  laquelle  on  difpofe 
pareillement  les  plus  grohes Plantes  d’Ananas  portant  fruit:  l’endroit  de 
cette  planche  qui  approche  le  plus  du  fourneau  étant  le  meilleur ,  &  ce¬ 
lui  où  les  fruits  viendront  plutôt  qu’ailleurs.  A  un  pied  plus  haut  plus 
vers  le  milieu  de  la  Serre,  il  y  a  devant  le  fourneau  une  planche,  pofée 
de  manière  qu’entre  elle  &  l’autre  planche  de  dehbus  remplie  de  Pots  il 
y  ait  un  pouce  d’intervalle:  on  y  met  la  forte  de  Plantes  qui  a  les  plus  baf¬ 
fes  feuilles,  toutefois  portant  fruit  ;  ces  dernières ,  quoique  jouihant  de 
plus  de  chaleur  dans  cet  endroit  que  par  tout  ailleurs,  n’y  produifent  ja¬ 
mais  de  fî  bons  ni  de  fi  gros  fruits ,  quand  même  les  Plantes  auroient 
d’aufii  grohes  tiges,  que  les  meilleures:  la  plus  plaufible  raifon  de  cela, 
c’eh;  l’éloignement  où  elles  font  de  l’air,  &  que  le  froid  n’en  tempère  pas 
ahez  la  poufie.  On  peut  aufîi  les  pofer  autrement  dans  la  Serre  fur  un 
Théâtre  élevé  &  en  talus,  à  trois  rangs  de  hauteur,  aulfi  près  des  vi¬ 
tres  qu’il  ell  polfible  j  au-dehiis  des  Plantes  qui  font  par  devant  à  terre. 

Enfuite  un  peu  plus  loin  du  fourneau  dans  la  fécondé  partition  de  la 
Serre,  il  y  a  à  même  hauteur  &  à  côté  l’une  de  l’autre,  deux  femblables 
planches,  fur  lefquelles  on  pofe  deux  rangées  des  plus  petits  Ananas, 
l’une  devant  l’autre. 

On  met  à  terre  derrière  la  fécondé  rangée  des  Ananas  portant  fruit, 
les  plus  grandes  Plantes  dont  on  ne  fe  propofe  de  cueillir  du  fruit  que 
l’année  fui  vante  :  l’éloignement  de  Pair  en  ell  la  caulè  ;  mais  comme  cel¬ 
les-ci  font  les  plus  proches  du  fourneau,  &  jouilTent  de  plus  de  chaleur 
que  celles  qui  font  fur  le  devant ,  il  faut  avoir  foin  qu’elles  ne  fe  brûlent 
pas  par  dehbus  à  l’endroit  du  fourneau  dans  la  prémière  partition  de  la 
Serre;  c’eh;  pour  cela  qu’on  les  place  fur  une  planche,  pofée  fur  des  bri¬ 
ques  à  un  pouce  6c  demi  de  terre ,  &  derrière  cette  troifième  rangée  il 

Eee  2  en 


LES  AGREMENS 


404. 

en  vient  encore  une  quatrième  :  cependant  il  vaudroit  mieux  placer  cel¬ 
les  qui  ne  doivent  pas  porter  de  fruit  dans  une  Serre  k  part ,  où  elles  au- 
roient  moins  de  chaleur  qu’il  n’en  faut  k  celles  qui  portent  fruit,  depuis 
la  mi -Janvier  jufqu’au  tems  qu’on  les  tranfporte  dans  les  Caifles  vitrées 
où  il  y  a  du  Tan. 

J’ai  dit  dans  le  Vil  Chap.  du  I  Liv.  de  la  II  Partie ,  où  l’on  traite 
du  fourneau,  &  de  la  manière  d’y  faire  le  feu,  qu’on  l’y  allume  ordinai¬ 
rement  quand  il  ne  gele  pas  le  quatrième  jour  ;  cependant  c’efl  ce  qu’on 
ne  fauroit  fixer  au  jufte,  le  Thermomètre  devant  indiquer  fi  l’on  a  be- 
foin  de  plus  ou  de  moins  de  chaleur  :  on  y  a  dit  aufiTi  qu’on  efi:  Ibuvent 
obligé  en  Hiver  de  communiquer  k  la  nuit  la  chaleur  du  jour,  &  au  jour 
la  fraicheur  de  la  nuit ,  parce  qu’il  faut ,  autant  qu’il  efi:  pofiTible ,  lailTer 
au  dehors  les  vitres  découvertes,  afin  que  les  Plantes  puillènt  jouir  de 
l’air.  '  11  faut  encore  bannir  fou  vent  des  Serres  le  mauvais  air,  &  y  laif- 
1èr  entrer  un  air  frais;  dans  cette  vue  il  faut  avant  tout  augmenter  un 
peu  la  chaleur,  car  k  caufe  du  paflage  du  vent  le  Thermomètre  bailTe  un 
.  peu  au  delfous  du  degré  de  chaleur. 

Cependant  il  n’efi;  pas  pofllble  d’entretenir  régulièrement  dans  les  Ser* 
res  une  chaleur  &  une  fraicheur  convenables ,  parce  qu’un  froid  inopi¬ 
né,  caufé  par  un  vent  pendant  la  nuit,  &  tels  autres  accidens,  peuvent 
caufer  de  grandes  variations  k  cet  égard ,  augmenter  ainfî  le  froid  ou 
le  chaud:  kquoi  il  faut  remédier  fur  le  champ,  Ibit  en  donnant  de  l’air  > 
ou  bien  en  augmentant  &  en  prolongeant  la  chaleur  du  feu. 

Quand  les  Plantes  ont  été  tranfportées  des  Caifles  où  il  y  a  du  Tan 
&  où  elles  ont  reçu  la  chaleur  au  travers  des  Pots  dans  la  Serre  artificiel¬ 
lement  échaufée,  il  ne  faut  pas  leur  faire  éproura  trop  tôt  la  rigueur  de 
l’Hiver;  c’ell-pourquoi  il  vaut  mieux  pendant  les  dix  prémiers  jours  que  le 
Thermomètre  ne  baifle  pas  plus  qu’k  2  2ï  ou  22  ,  &  k  29  jufqu’k  26  de 
chaleur  :  mais  il  faut  aufli  avoir  foin  ,  que  la  gelée  n’approche  jamais  des 
'Plantes ,  deforte  que  dans  la  féconde  partition  de  la  Serre  le  Thermo^ 
mètre  ne  doit  jamais  être  plus  bas  que  19,  même  dans  les  mois  d’Eté, 
qui  commencent  chez  nous  k  la  mi-Janvier ,  &  enfuite  depuis  la  mi-Fé- 
vrier  jufqu’au  tems  qu’on  tranfporte  lesPlantes  dans  les  Caifles  où  il  y  a 
du  Tan.  Le  froid  de  la  nuit  &  la  chaleur  du  jour  doivent  être  à  peu 
près  toujours  au  même  degré,  fuivant  le  Thermomètre  de  jour  jamais 
plus  haut  qu’k  39  ou  40,  &  de  nuit  plus  haut  qu’k  27  ou  27*  pour  le 
•  plus. 

A  la  fin  de  Novembre,  comme  mois  d^Hiver,  le  Thermomètre  quand 

Ü 


DE  LA. CAMPAGNE. 


4.05: 

il  ne  gele  pas  fort,  doit  être  à  19;  mais  quand  le  froid  accompagné  de 
vent  ell  rude,  on  court  rifqueque  le  froid  ne  pénètre;  deforte  que  dans 
de  pareils  caS  on  fe  verroit  quelquefois  trompé,  &  Ton  doit  .fe  précaution¬ 
ner  un  peu  davantage  quand  il  fait  un  pareil  tems  rude;  de  plus  pendant 
ces  nuits  fi  longues  il  peut  arriver  de  grands  changemens  auxquels  on  ne 
peut  remédier  ;  mais  comme  l’on  peut  être  affiiré  de  l’effet  de  la  couver- 
verture  &  du  feu,  il  vaut  mieux  communiquer  aux  Plantes  d’ Ananas, 
depuis  le  10  d’Oélobre  qu’on  les  ferre,  jufqu’au  10  ou  12  de  Février 
qu’elles  doivent  montrer  leur  fruit,  la  fraîcheur  &  la  chaleur  fuivantes, 
félon  le  Thermomètre  qui  efl  dans  la  fécondé  partition. 

OCTOBRE. 

Fraîcheur  de  la  nuit.  Chaleur  du  jour. 
Depuis  le  10  jufqu’au  20  -  -  -  22.-  -  27 

-  21  -  28  -  -  -  21  -  -  2} 

29  .  -  31  -  -  -  -  -  24. 

lîfaut  pendant  ce' mois-ci  faire  ordinairement  deux  ou  trois  fois  du  feu^ 
0?  trois  ou  quatre  arrofemens, 

NOVEMBRE. 

Fraîcheur  de  la  nuit.  Chaleur  du  jour. 
Depuis  le  i  jufqu’au  10  -  -  -  i9\  221 

Il  -  30  -  -  -  19  -  -  21 

Il  faut  faire  cinq  ou  fix  fois  du  feu  félon  le  tems\  £«?  trois  ou  quatre  ar^ 
rojemens, 

DECEMBRE. 

Fraîcheur  de  la  nuit.  Chaleur  du  jour. 
Depuis  le  I  jufqu’au  14.  -  -  -19  -  -  21* 

-  25:  -  -  -  20  -  -  221 

26  -  31  -  -  -  22  -  24.  ^ 

Il  faut  dans  ce  moïs-ci  faire  huit  ou  neuf  fois  du  feu  ^  ^  quatre  ou  cinq 
arrofemens»  ' 


JANt 


Ee'e  3 


4o6 


LES 


AGREMENS 


JANVIER. 


Depuis  le  i  jufqu’au  9 
10  - 

-  16  -  22 

23  -  31 


Fraiclieur  de  la  nuit.  Chaleur  du  jour. 
23  -  -  -  *  25^ 

-  24.1  -  -  .  27 

25‘|  -  -  -  2^\ 

26  -  -  -  32I 


Jî  faut  ordïnairemcnt  faire  du  feu  dix  fois ,  arrofer  dix  ou  douze  fois  la 
terre:,  £«p  quelquefois  légèrement  les  liantes  mêmes. 


FEVRIER. 


Fraîcheur  de  la  nuit.  Chaleur  du  jour. 
Depuis  le  i  jufqu’au  5»  -  -  -  -  -  34.1 

6  -  12  --  -  27  -  -,  -  3(5 

-  13  --  18  -  .  27  -  -  -  37! 

'  -  19  -  23  -  -  27  -  -  -  39 

refter  au  relie  dans  la  Serre 
artificiellement  échaufée  jufqu’à  27* 

Il  faut  faire  du  feu  félon  letems^  arrofer  un  peu  plus  qu^en  Janvier  la 
terre  de  même  que  les  liantes.  ' 


Les  Plantes  doivent  relier  enfuite  au  même  degré  de  fraîcheur  &  de 
chaleur  jufqu’au  tems  qu’on  les  tranfporte  dans  les  Caifles  où  il  y  a  du 
Tan.  Qiiand  dn  fait  du  feu,  de  deux  jours  l’un ,  on  peut  ordinairement 
en  tems  de  gelée  fe  procurer  cette  chaleur:  de  plus,  à  mefure  que  les 
Plantes  croillent,  il  faut  les  arrofer  davantage  &  fou  vent  d’eau,  froide, 
pour  les  rafraîchir. 

Les  Plantes  qui  viennent  dans  les  Païs  qui  font  fitués  Ibus  la  Ligne  ou 
aux  environs,  comme  le  Manges  Tanges.,  ne  réfiftent  pas  dans  ce  Pais 
à  un  li  grand  froid  ;  c’ell  pour  cela  qu’il  faut  placer  le  Manges  Tanges 
dans  la  Serre  nommée  Trck-kas  fur  la  planche  qui  ell  à  trois  pieds  &  à 
deux  ou  trois  pouces  de  terre ,  devant  les  vitres ,  le  plus  près  du  four¬ 
neau  ,  cependant  près  de  l’air  ;  le  fourneau  devant  être  toujours  rechaii- 
fé,  de  manière  que  le  Thermomètre  ne  foit  jamais  plus  bas  qu’à  23  ,  & 
la  chaleur  du  jour  au  deflbus  de  25*.  On  ^oit  de  plus  lui  communiquer 
une  chaleur  égale  à  celle  des  Ananas  du  24.  Décembre,  mais  le  moins 

ar- 


D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  *  40? 

arrofer.  Ce  Manges  Tanges  eft  un; fruit  des  Indes  Orientales,  connu  & 
ellimé  dans  ce  Païs  comme  ayant  après  TAnanas  le  meilleur  goût ,  de 
la  grolTeur  d\me  Renette  ordinaire  avec  une  écorce  brune  tirant  fur  le 
pourpre  ,  &  fpongieulè  :  il  a  fur  fa  fommité  autant  de  marques  qifil  y 
a  de  fruits  par  delToiis,  lefquels  font  ordinairement  au  nombre  de  ^ 
ou  6  &  même  de  7 ,  &  cela  dans  différentes  partitions  ou  pellicules 
comme  les  Oranges  douces ,  mais  ces  partitions  font  plus  grandes  les 
unes  que  les  autres:  les  fruits  qui  y  font  renfermés  font  delà  blancheur 
de  la  neige  5^  d’un  goût  douceâtre  fort  relevé ,  meilleur  même  que  ce¬ 
lui  de  nos  Pêches,  parce  qu’ils  ont  toujours  la  même  douceur  &  ne  font 
jamais  pâteux.  L’écorce  de  cet  Arbre,  qui  fe  multiplie  de  Sauvageons 
de  fouche  ,  efl  d’un  brun  rouffâtre.  Ses  feuilles  font  d’un  verd  gm, -ra¬ 
yées  &  pointues  par  devant ,  crénelées  autour ,  relTemblant  à  la  feuille  du 
Limon  Bergamotte,mais  par  le  haut  un  peu  moins  larges  &  moins  pointues. 

Le  Fifang  qui  fe  multiplie  de  rejettons,  &  dont  il  y  a  plufieurs  fortes , 
croifToit  chez  moi  très  vigoureufement  avec  pareille  chaleur,  fraîcheur  & 
humidité  que  les  Ananas  ;  mais  quand  il  fut  parvenu  à  la  hauteur  d’un 
peu  plus  de  fept  pieds,  &  qu’à  caufe  de  cela  il  ne  pouvoir  plus  relier 
dans  ma  Serre,  je  fu^  obligé  de  le  mettre  dans  une  autre  plus  haute,  où 
il  mourut  ne  pouvant  pas  jouir  d’une  fi  grande  chaleur  requifè.  Je  ne 
doute  cependant  nullement  qu’on  ne  piiilTe  aifément  le  porter  à  produi¬ 
re  du  fruit,  pourvu  qu’on  lui  communique  le  même  degré  de  chaleur 
qu’aux  Ananas  &  qu’on  lui  faffe  les  mêmes  arrofemens  :  mais  ayant  ap¬ 
pris  de  plufieurs  perfonnes  de  marque  venues  des  Indes  Orientales,  que 
c’eft  un  fruit  beaucoup  moins  bon  que  l’Ananas,  qu’il  a  un  goût  douce⬠
tre,  fade,  &  peu  de  jus;  que,  de  plus,  c’efl  un  fruit  oblong  &  d’une 
grofleur  inégale ,  y  ayant  ordinairement  à  une  feule  tige  20  jufqu’à  30 
&  plus  de  fruits ,  dont  on  mange  les  plus  gros ,  cuits  au  four  comme  nos 
Poires  de  Livre ,  avec  une  beurée  ;  j’ai  en  conféquence  de  ces  avis  négli¬ 
gé  la  culture  de  ce  finit,  parce  que  mon  feul  &  principal  deffein  a. tou¬ 
jours  été  de  cultiver  des  fruits  réellement  bons,  &  non  pas  de  m'auvai- 
fes  Plantes  étrangères,  uniquement  parce  qu’elles  font  rares  dans  ce  Païs. 

Le  Cédrat  o\x  Cédrac  &  autres  Citrons  les  Bergamottes^  \ts  Oranges 
douces  &  pareils  tendres  Limons ,  Liantes  du  Cap  de  Bonne  Efpérance , 
&,c.  réfiftent  plus  au  froid ,  deforte  que  la  chaleur  dans  la  Serre  peut  al¬ 
ler  à  17  pour  le  plus  bas,  &  la  chaleur  du  jour  à  19  ou  20;  leur  Hiver 
doit  aulfi  durer  plus  longtems ,  la  chaleur  qu’il  leur  faut  ne  doit  pas 
être  augmentée  avant  la  mi-janvier,  encore  cela  doit-il  fe  faire  inlènfi- 


LES  ACRE  MENS 


408 

blement,  de  manière  qu’à  la  fin  de  Janvier  le  plus  bas  foit  2 1  ^  ou  22  & 
le  plus  haut  25*  ou»  26.  Depuis  le  commencement  de  Février  jufqu’à  la 
moitié  de  ce  mois,  22  ou  22I,  &  le  plus  haut  27  ou  28.  Après  le  der¬ 
nier  de  Février  23  ,  &  le  plus  haut  2p  ou  30.  Au  mois  de  Mars  23^011 
24,  &  lè  plus  haut  31  ou  32,  de v^ant  refter  ainli  jufqu’à  ce  qu’on  décou¬ 
vre  la  Serre,  ce  qui  lè  fait  ordinairement  après  le  20  de  Mars. 

On  peut  avancer  par  cette  chaleur  les  fleurs  de.Rofes  &  autres  fleurs, 
de  ce  Climat;  mais  non  pas  quand  on  leur  communique  une  chaleur  é- 
gale  à  celle  de  l’Ananas,  car  alors  ces  Plantes  font  beaucoup  de  feuillage 
Sc  peu  de  fleurs. 

Au  mois  de  Mars  le  Soleil  eft  fi  haut,  .que  vers  le  midi  il  darde  fes  ra¬ 
yons  tout-à-fait  obliquement  fur'les  vitres  prefque  droites  de  la  Serre  ar¬ 
tificiellement  échaufée,  deforte  qu’on  aura  foin  alors,  de  tranfporter  les 
Ananas  qui  peuvent  être  échaufés  par  du  Tan  bien  chaud.  Dans  cette 
vue  on  fait  enforte,  que  les  CaifTes  où  il  y  a  du  Tan  en  foient  remplies 
vers  le  8  ou  le  10  de  Mars,  &  qu’elles  foient  couvertes  de  vitres:  quand 
le  Tan  a  aquis  fa  chaleur,  on  y  met  les  Plantes  dans  leurs  Pots  &  on  les 
entoure  de  Tan  jufqu’au  bord  ou  un  peu  au-deffus.  Le  tems  ordinaire 
pour,  cela,  quand  il  s’agit  de  la  Caifle  maflonnée ,  c’eft  vers  «la  mi-Mars: 
dans  cette  Caifle  on  peut  faire  du  feu,  &  la  munir  contre  une  gelée  im¬ 
prévue  par  le  moyen  de  couvertes  de  poil  ôc  de  volets  de  bois; mais  dans 
celles  qu’on  ne  peut  pas  échaufer  à  l’aide  du  feu,  qù’après  le  20  de  Mars 
ou  plus  tard  encore,  félon  que  le  tems  eft  difpofé  à  la  gelée,  ou  qu’on 
en  a  eu  de  plus  ou  de  moins  rude,  car  s’il  en  a  fait  de  forte,  rarement 
il  en  fait  encore  de  fi  rude  qu’on  ne  puifle  la  bannir  par  le  moyen  de  ri¬ 
deaux  couverts  de  Nattes  de  rofeaux. 

Les  Plantes  éprouvent  fous  ces  vitres  penchées  des  Caifles,  une  extrê¬ 
me  ardeur  du  Soleil,  ce  qui  en  grille  facilement  les  feuilles,  comme  n’y 
étant  point  accoutumées.  Pour  prévenir  cet  inconvénient,  il  faut, 
quand  le  Soleil  luit  clairement,  les  couvrir  &  les* découvrir  foiivent, 
jufqu’à  ce  que  les  Plantes  foient  accoutumées  au  Soleil  ;  pour  cela  il  leur 
faut  ordinairement  quinze  jours  ou  un  peu  plus ,  le  Thermomètre  fe 
reflentant  alors  plus  ou  moins  du  Soleil,  ne  doit  pas  monter  plus  haut 
qu’à  38. ou  39,  ce  qui  efl:  confidérablement  moins  pour  l’air  fupérieur 
que  dans  la  Serre  artificiellement  échaufée,  car  il  y  fait  encore  plus  chaud', 
à  caufe  de  la  chaleur  du  Tan  qui  eft  autour  des  Pots. 

Quand  les  feuilles  font  accoutumées  au  Soleil,  alors  on  les  y laifle ex- 
pofées  fans  couverture,  <Sc  on  leur  donne  de  l’air  en  ôtant  les  vitres,  d’a¬ 
bord 


DE  LA  CAMPAGNE. 


40C) 

bord  k  40  ou  41 3  (Sc  enfuite  k  45;  ou  environ.  Les  Plantes  étant  tranf- 
portées  dans  les  CailTes,  on  les  arrolè  peu  d’abord ,  parce  que  le  Tan 
étant  fort  mouillé  quand  on  l’y  met,  procure  fuffifamment  de  l’humidi¬ 
té  par  deiTous  ;  mais  enfuite  on  les  arroîe  médiocrement  par  manière  d’af- 
perlion;  &  quand  il  pleut  en  Eté,  on  en  ôte  les  vitres,  pour rafraichir 
par  ce  moyen  les  Plantes. 

Manière  de  cultiver  les  TÜBEREUSES. 

Les  Tubereufes  aiment  une  terre  forte  &  graffcjbien  fumée, dans  un 
uir  plein,  dégagé,  chaud,  &  beaucoup  d’eau,  (^uand  on  les  plante  & 
qu’on  les  élève  de  cette  manière,  elles  multiplient  prodigieufement ,  & 
pouffent  de  chaque  Oignon  diverlès  tiges  k  fleurs  :  ce  qui  ne  vient  pas 
tant  de  la  groffeur  de  l’Oignon,  que  de  ce  qu’il  a  principalement  par  def> 
fous  une  racine  faine,  folide  &  groffe,  de  laquelle  proviennent  quantité 
de  racines  chevelues  ou  ligneufes,  qui  procurent  k  cet  Oignon,  quand 
la  chaleur  &  l’humidité  continuent,  une  crue  non  interrompue,  par  la 
multiplication  des  cayeux, ce  qui ,  autant  qu’il  m’eft  connu, ne  convient 
pas  tant  k  aucune  autre  Plante  qui  vient  d’Oignon;  c’efl:  ce  que  l’expé- 
o'ience  m’a  appris,  quand  j’^i  planté  une  de  ces  groffes  racines  fans  Oig¬ 
non  3  donnant  feulement  aux  côtés  des  indices  de  bourgeon  grands  com¬ 
me  des  têtes  d’épingles  ;  car  cette  racine  n’a  pas  feulement  produit  au 
Mois  d’Aout  de  la  même  année  cinq  tiges  k  fleurs,  chacune  de  trente 
ou  quarante  fleurs  ;  mais  l’ayant  tirée  de  terre  au  mois  d’Oélobre,  elle 
s’étoit  augmentée  au  point  de  former  un  gros  volume  compofé  de  dix 
gros  Oignons  &  de  quantité  de  cayeux.  Cefl:  ainfl  que  j’apperçus  la 
bévue  que  f  avois  faite  en  taillant  ou  en  arrachant  cette  racine  ;  & 
qu’un  gros  Oignon  pour  avoir  fleuri  l’année  précédente ,  ne  pouffe 
pas  en  moindre  quantité,  des  tiges  k  fleurs,  quand  il  a  par  deffous  une 
racine  ffiffifante;  parce  que  ces  tiges  proviennent  ordinairement  de  la 
vertu  de  cette  racine  aux  côtés  de  l’Oignon,  &  forment  ainfl  des  tiges 
k  fleurs  3  comme  j’ai  vu  un  feul  Oignon  en  pouffer  par  les  côtés  cinq  pa- 
Teilles. 

Comme  la  chaleur  &  l’humidité  qui  viennent  de  deffous  terre ,  les  en¬ 
tretiennent  dans  une  crue  non  interrompue,  le  froid  &  les  vapeurs  au 
contraire  en  font  pourrir  bientôt  le  montant,  &,  s’ils  font  de  durée, 
l’Oignon  lui-même:  une  petite  gelée  d’Autonne  arrêtera  aulfi  leur  crue 
&  fera  périr  le  montant ,  ce  qui  peut  aufli  être  occaflonné  par  les 

Fm'tielL  Fff  va- 


9% 

( 


'4ïo 


LES  AGREMENS 


vapeurs  qui  font  ordinairement  dans  les  Caiffes  vitrées  &  fermées  en  Au- 
tonne  &  en  Hiver. 

•  Qiiand  il  fait  une  Autonne  chaude  &  fort  pluvleufe,  les  Tubereufcs 
pouffent  des  tiges  extraordinairement  greffes  &  font  quantité  de  fleurs: 
au-]ieii  que  dans  des  Etés  fort  ardens  &  fort  fecs  leurs  tiges  font  minces, 
grêles,  garnies  de  peu  de  fleurs:  c’eft-poiirquoiii  les  faut arrofer  copieii- 
ièment  &  fouvent ,  quelquefois  jufqu’à  deyx  fois  par  femaine. 

Il  faut  de  plus  s'-y  prendre  de  la  manière  fuivante.  On  tire  les  Oig¬ 
nons  de  terre  au  commencement  ou  vers  la  mi-Oélobre,  avec  leurs  ca¬ 
yeux  ,  d’abord  qu’il  commence  un  peu  h  geler  en  Autonne ,  quand  le 
montant  eft  flasque,  ou  bien  quand  il  fait  des  Autonnes  très  froides  & 
très  pluvieufes ,  après  quoi  on  coupe  le  montant  jufqu’à  tin  pouce  ou 
à  un  pouce  &  demi  des  Oignons,  &on  les ‘trempe  dans  l’eau  pour  em¬ 
porter  ainfi  la  terre  qui  eft  entre  eux  &  entre  les  racines  r  enfuite  on 
les  laiffe  féchcr  en  entier  avec  leurs  racines,  &  on  les  conferve  dans  un 
endroit  fort  fec  &  chaud ,  abfoliiment  inacceiïible  k  la  moindre  gelée  ; 
je  me  fers  pour  cela  de  la  petite  chambre  du  fourneau.  Au  mois  de  Fé¬ 
vrier  on  commence  à  couper  près  k  près  tout  autour  de  la  groffe  racine> 
les  petites  racines  chevelues ,  k  féparer  pareillement  tous  les  cayeux  fur- 
numéraires  ,  qui  fe  féparent.  aifement ,  de  même  que  tous  les  gros  Oig¬ 
nons.  De  cette  manière  je  ne  plante  que  des  Oignons  fimples,  avec 
leurs  greffes  racines,  k  moins  qu’il  n’y  en  ait  deux  de  réunis  k  une  mê¬ 
me  racine  ,  qu’on  ne  pourroit  féparer  en  deux  fins  les  bleffer  confidéra- 
blement:  dans  ce  cas,  j’en  plante  deux  enfemble.  Cette  féparation  &  cet- 
ce  purge  faites,  on  met  de  nouveau  fécher  les  Oignons  jufqu’au  com¬ 
mencement  de  Mars ,  <Sc  alors  je  plante  les  Oignons  dans  une  Caiffe , 
ou  dans  un  Pot  de  huit  pouces  de  haut^  remplis  du  meilleur  fable  blanc 
ou  grifâtre , &  cela  près  k  près, de  manière  que  leurs  fommités  foient  en¬ 
tièrement  fous  le  fable  :  après  quoi  il  faut  k  ce  fible  une  chaleur  convena¬ 
ble,  &  un  peu  d’eau.  Iluit  ou  dix  jours  après  on  élève  la  Couche,  fur 
laquelle  on  doit  planter  les  OignonSj  en  germe ,  lèlon  la  longueur  &  la 
largeur  de  la  Caillé  vitrée  qu’on  a  deffein  d’y  employer,  laquelle  on  cou¬ 
vre  alors  de  vitres  &  onlarechaufe  de  cette  manière: on  la  rehauffe  aufli 
de  terre  peu  k  peu,  de  douze  ou  de  quatorze  pouces ,  enfuite  le  huit  ou 
le  neuvième  jour  après  qu’on  a  élevé  les  Couches,  on  y  plante  chaque  « 
Oignon  dans  un  petit  monceau  de  fable  blanc,  un  peu  élevé,  couvert 
de  deux  pouces  de  terre,  &  on  a  foin  de  les  garantir  du  froid  ,  comme 
cela  fe  pratique  k  fégard  des.  Couches  de  Melons. 


■A-ù 


J 


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D  E  L  A  C  A  M  P  A  G  N  E.  4.,r 

_  » 

Qiiand  les  Oignons  commencent  à  poufler  5  Sc  que  la  terre  efc  /c- 
che  5  il  faut  l’entretenir  par  le  moyen  des  arrolemens  dans  une  médiocre 
humidité.  Les  Tubereufes  ont  fur-tout  grand  befoin  d’eau ,  quand  el¬ 
les  ont.  des  tiges  à  fleurs;  &  afin  que  la  terre  piiifïe  bien  s’imbiber  d’eau , 
il  faut  qu’elle  foit  couverte  de  vieux  Tan  de  l’épailTeur  d’un  pouce. 

Les  Tubereufès  ont  cinq  feuilles,  &  font  (impies;  mais  les  doubles 
qui  en  font  provenues  ont  neuf,  douze,  dix-huit  feuilles,  <Sc  plus  enco¬ 
re;  de  cette  dernière  on  peut  voir  la  figure  ci-jointe. 

.  Des  DJeurs  en  général. 


C’eft  ici  que  j’aurois  un  vafte  champ,  fl  je  voulois  entrer  dans  les  le-: 
crets  de  la  culture  des  Fleurs;  mais  le  plaifif  de  les  contempler  pendant 
cinq  ou  fix  femainesjfans  en  retirer  aucun  autre  avantage,  n’a  jamais é- 
té  capable  de  me  tenter.  J’ai  toujours  été  porté  pour  ces  Plantes,  qui 
ne  plaifentpas  feulement  à  l’œil,  mais  qui  chatouillent  aulîi  le  palais,  & 
nourriflent  le  corps  :  j’ai  aulfi  aimé  ces  Plantations  fàuvages ,  qui  procu¬ 
rent  toutes /ortes  de  bois  de  charpente  &  dechaufage,  néceffaires  atout 
le  Genre-humain  en  général;  deforte  que  pour  conclurre  cet  Ouvrage , 
je  n’en  dirai  qu’un  feul  mot. 

Je  diftingue  les  Fleurs  en  trois  différentes  fortes.  La  prémière  &  la 
principale  eft  celle  des  Fleurs  à  Oignon  ;  la  fécondé  des  Fleurs  àplanter ,  & 
la  troifième  des  Fleurs  h  femer.  Les  deux  prémières  fortes  fe  multiplient 
de  Cayeux,  de  Plants  enracinés,  éi  de  Marcottes,  foiivent  aulfi  de  Se¬ 
mence,  <Si  cela  pour  en  aquérir  de  plus  belles.  La  troifième  forte,  qui 
vient  de  Graine,  [n^uTt  une  fleur  tout- à-fait  femblable  à  celle  dont  la 
Graine  eft  venue;  ifÿ^a  cepei^ant  quelquefois  un  peu  de  variation. 

On  a  dit  dans  le  ^^^ëlsap.  du' I  Lw.  de  cette  II  Fartie  ,  quelles  quali¬ 
tés  doit  avoir  la  terre‘o^.fnn,  ctfItive  des  Fleurs. 

On  apprendra  dans  là  j XFpap,'  du  II  Liv.  de  cette  Partie  ,  le  tems 
auquel  il  faut  mettre  les  fleurs^ en  terre  &  les  en  retirer;  c’eft-là  qu’on 
traite  des  idois  du  Jardinier.  ^  . 

On  met  ordinairement  toutes  les  Fleurs  à  Oignons  en  terre  à  la  pro¬ 
fondeur  de  deux  pouces,  «Sc  celles  qu’on  nomme  en^  Hollandois  Klauw^ 
hloenien  à  la  profondeur  d’un  bon  pouce,  après  quoi  on  les  couvre  enco¬ 
re  de  l’épaifTeur  d’un  doigt  de  vieux  Tan,  &  de  rameaux  contre  la  ge¬ 
lée  ,  fur  lefquels ,  en  cas  d’une  gelée  plus  rude  encore ,  on  peut  mettre 
de  la  paille.  11  ne  faut  jamais  tirer  les  Oignons  de  terre,  que  quand  le 
"  "  F  f  f  2  mon- 


412  LES  AGREMENS  DE  LA  CAMPAGNE. 

montant  commence  a  pafler.  11  ne  faut  pas  non  plus  féparer  les  Cayeux 
des  Oignons  d'abord  après  les  avoir  tirés  de  terre,  mais  attendre  qu'ils 
foient  fécliés,  puifqu'alors  ils  tombent  d’eux -mêmes  ou  que  du  moins 
il  eft  très  âifè  de  les  en  féparer. 

Les  Fleurs  qui  fe  multiplient  d’Oignons,  ou  de  Plants  enracinés  y  font 
les  Anémones,  le  Pié  de  veau,  la  Bryone,  la  Colchique,  la  Couronne 
Impériale,  le  Pain  de  Pourceau,  le  .Safran  >  le  Dens  Caninus,  ou  Dent 
de  Chien,  le  Dipcadi,  laFraxinelle,  la  Flambe  ou  Glayeul,  l’Hellebo- 
re,  les  Hyacinthes,  les  Jernfeyeres ,  les  Jonquilles,  les  Iris,  les  Lis, 
la  Fleur  qu’on  nomme  en  Hollandois  Oeuf  de  Vanneau ,  les  Martagons , 
les  NarcilTes  de  toutes  les  fortes,  le  Satyrion,  les  Pivoines,  les  Renon-  ^ 
çules,  la  Serpentaire,  les  Tubereufes,  les  Tulipes,  &les  Coucous. 

Celles  qui  fe  multiplient  en  féparant  les  Plantes ,  font  les  Années  ou 
Enules-Campanes ,  les  Oreilles  d’Ours  ,  les  Camomilles  y  les  Giroflées 
blanches,  l’Hépatique,  les  Clochettes,  les  Conflantinoples y  la  Laven- 
de,  le  Muguet,  la  Primerole  ou  Prime- vere,  les  Violettes. 

.  Celles  qui  fè  multiplient  de  bouture  font  les  Giroflées  jaunes  doubles. 
&  Amples,  les  ConAantinqples ,  la  Fleur  nommée  Flos  Cardinalis,  les 
Fleurs  delà  Paflion,  les  Violettes. 

Celles  qui  fe  multiplient  de  Marcottes ,  les  Oeillets. 

La  plupart  de  ces  Fleurs  peuvent  aulTi  être  multipliées  de  graine^ 


F  I  N. 


TA-f 


y 


M 


S. 


T  A 


D 


A  T  I 

A 

Abricotiers,  A  quelle  diftance  on  doit 
les  planter  les  uns  des  autres.  93.  Com¬ 
bien  il  y  en  a  de  fortes.  119.'  Quels 
font  les  meilleurs,  ibîd.  Defcription  de 
leus  fruits.  14 1.  Abricot  blanc,  ibid. 
DeBreda.  D’Orange.  î5îU  De  Bois- 
le-Duc.  ibîd.  Le  petit  Abricot,  ibid. 
Bonnes  qualités  de  ce  dernier,  ibid.  De 
quelle  manière  ces  arbres  croiflent.  150. 
Quelle  éft  leur  meilleure  expofition.  i- 
.  hid.  Pourquoi  on  ne  les  multiplie  jamais 
de  noyau,  ibid. 

Ail.  Ses  diiférentes  fortes.  321.  Com¬ 
ment  on  le  multiplie,  ibid. 

Air.  Ce  que  c’eft.  <261.  Oa  ignore  de 
quelles  parties  il  eft  compofé.  262. 
Comment  il  devient  nuifible  au  Corps 
humain,  ibid.  Dommage  qu’il  caufe  aux 
Plantes,  quand  il  eft  trop  chargé  de  par¬ 
ticules  ignées  &  d’exhalaifons.  263. 
Quel  eft  le  meilleur  moyen  pour  puri¬ 
fier  les  Orangeries  &  les  Serres  d’un  air 
corrompu,  ibid.  Néceffité  de  donner  à 
l’air  une  bonne  température  pour  la  con¬ 
fier  vation  des  Plantes.  264.  Pourquoi 
dans  les  lieux  fouterrains  l’air  nous  pa- 
roit  froid  en  Eté  &  chaud  en  Hiver.  265. 
Combien  le  changement  fubic  du  froid 
au  chaud  ou  du  chaud  au  froid,  eft  nui¬ 
fible.  266.  Pourquoi  le  mélange  d’un 
air  froid  avec  un  air  chaud  ne  fe  fait  ja¬ 
mais  qu’infenliblement.  267.  Les  fortes 
pluies  font  toujours  bonnes  lorfqu’il  règ¬ 
ne  un  air  froid.  269. 

Amandes.  Différentes  fortes  d’Amandes. 
164. 

Amandiers.  Pourquoi  on  les  expofe  au 
danger  de  mourir  quand  on  les  tranf- 
plante.  88.  De  quelle  manière  on  les 
multiplie.  164. 

Amboife  (Poire  d'')»  Voyez  Beuré  ou  Poire 
dAnjou, 


BLE 

E  S 


ERE 

Ananas.  A  quelle  marque  on  -connoit 
qu’ils  font  mûrs.  12 1.  Pourquoi  il  y 
en  a  de  verdâtres,  ibid.  Chaleur  qu’on 
doit  leur  communiquer.  257.  Terre 
dans  laquelle  ils  doivent  être  plan¬ 
tés.  277.  Ces  fruits  connus  des  Amé¬ 
ricains  fous  le  nom  de  Pinbas.  398* 
Pourquoi  on  les  nomme  Pommes  de 
Pin.  ibid.  Tranfportés  des  Indes  Occi¬ 
dentales  enEuropeêc  aux  Indes  Orienta, 
les.  ibid.  Différence  qui  nait  de  la  di- 
verfîté  du  climat,  ibid.  5i  l’on  doit  en 
diftinguer  diverfesefpèces.  ibid.  Def¬ 
cription  de  trois  différentes  fortes  d’A- 
nanas.  ibid.  ôl  fuiv.  Comment  ondoie 
les  conferver  pendant  l’hiver.  35^9. 
Moyen  d’en  avoir  de  bons.  401.  O- 
deur  agréable  des  Ananas.  402.  Quel¬ 
le  eft  la  marque  de  leur  maturité,  ibîd. 
Manière  de  les  traiter  dans  des  Serres 
foit  en  Hiver  foit  en  Eté,  &  dans  des 
Cailles  vitrées  oü  il  y  a  du  Tan.  ibid. 
&  fuiv. 

Anciens  (les}.  Comment  ils  bâtiflbient 
leurs  Maifons  de  Campagne,  &  but 
qu’ils  fe  propofoient.  6. 

Animaux.  Leurs  excrémens  font  trè» 
propres  à  fumer  les  terres.  52. 

Anjou  (Poire  d’}.  Voyez  Beuré. 

Août.  Lifte  de  tout  ce  qu’il  faut  prati¬ 
quer  dans  une  Campagne  pendant  le 
cours  de  ce  mois.  300.  Quels  en  font 
les  fruits,  les  légumes,  les  fleurs,  f- 
bid. 

Appel  (Pieterfeli  }.  Voyez  Pieterfeli^Ap» 
pel. 

Appel  (Spiegel  }.  Voyez  Spiegel- Appel. 

Appel  (T/er-).  Voyez  Tfer- Appel, 

Appétits,  Voyez  Ciboules. 

Arbor  mortis.  Nom  qu’on  donne  à  l’If. 
Voyez  If. 

Arbor  vit  ce.  Voyez  Génévrfer. 

Rem  arques  générales  fur  la  crûedes 
Arbres  &  la  manière  de  les  cultiver.  61. 

F  f  f  3  Arbres  y 


TABLE  DES  MATIERES. 


Arlres.  Pourquoi  les  Arbres  ne  veulent 
pas  être  plantés  dans  des  endroits  trop 
reflcrrés  ou  trop  expofés  à  l’ardeur 
du  Soleil.  6i.  Pourquoi  les  fruits  des 
Arbres  de  haute  tige  font  meilleurs  cc 
plus  agréables  que  ceux  des  Arbres 
nains.  62.  Pourquoi  certains  Arbres  plan¬ 
tés  en  plein  vent  font  meilleurs  que  ceux 
qui  crojlfenc  contre  des  c’oifons  ou  con¬ 
tre  des  murailles. î&îii  Les  Arbres  meurent 
quelquefois  fubitement ,  quelquefois  len¬ 
tement  ,  quoique  dans  le  fort  de  leur  crûe. 
63.  Comment  on  peut  empêcher  certains 
Arbres  de  mourir,  ibld.  Remarques  fur 
la  mort  des  Arbres.  64.  Les  Arbres 
fauvages  deftinés  pour  être  mis  en  œu¬ 
vre  ou  pour  brûler  fouffrent  beaucoup 
lorfqu’on  les  tranfplante,  65.  Pourquoi 
il  eft  trèsnuifible  de  tranfplanter  fouvent 
les  vieux  &;  les  gros  Arbres,  ihid.  Les 
Arbres  qui  viennent  de  la  même  femen- 
ce  ne  Ibnt  pas  toujours  de  la  même  for¬ 
te.  66,  Pourquoi  en  Hollande  certains 
Arbres  meurent  facilement  lorfque  leurs 
racines  pénètrent  profondément  en  ter¬ 
re.  ibid.  Comment  on  doit  ménager 
certains  Arbres  pour  ne  les  pas  endoma- 
ger  ou  les  empêcher  de  croître.  67. 
Quels  font  les  Arbres  dont  il  eft  nécef- 
faire  de  couper  les  branches  à  couron¬ 
ne  pour  les  faire  reprendre  plutôt,  ibid. 
Pourquoi  en  tranfplantant  les  Arbres 
dont  le  rejetton  de  la  tige  n’cii;  ni  rogné 
ni  coupé ,  on  doit  les  mettre  à  l’égard 
du  Soleil  dans  la  même  expofition  oii 
ils  étoient  avant  qu’on  les  tirât  de  terre. 
68.  Raifon  pour  laquélle  quand  on  a 
une  fois  arraché  les  Arbres  fauvages,  il 
faut  les  tranfplanter  le  plutôt  poflible. 
ibid.  Ce  qu’il  faut  faire  pour  empêcher 
que  les  Arbres,  qu’on  reçoit  d’un  en¬ 
droit  éloigné,  ne  fe  deflechent  ou  ne  le 
geLent.  ibid.  Pourquoi  la  manière  de 
cultiver  les  Arbres  fruitiers  eft  dilfércn- 
te  de  celle  dont  on  cultive  les  Arbres  fau¬ 
vages.  69.  Pourquoi  il  eft  néceftaire 
d’arrêter  dans  leur  crûe  les  rejettons  li¬ 
gneux  qui  eroiflenttrop  vigoureufement. 
ib'd.  Quelle  eft  la  meilleure  manière  de 
faire  venir  naturellement'des  Arbres  en 
pleine  terre,  pour  avoir  dans  la  fuite  de 
bon  bois  &  de  bçns  fruits.  70.  Danger 


qu’il  y  a  de  laifTer  eoître  trop  fubite¬ 
ment  des  Arbres  fruitiers ,  en  laiftant  des 
le  commencement  trop  étendre  leurs 
branches,  ibid.  Comment  on  doit  cou¬ 
per  les  vieux  Arbres  fauvages  qui  ont  un 
tronc  uni.  ibid.  Pourquoi  il  faut  bien 
faire  attention ,  quand  on  coupe  les 
branches  gourmandes  des  Arbres,  à  leur 
poufle  vigoureule  &  à  leur  grofleur.  f- 
bld.  Pourquoi  on  ne  doit  ni  plier  ni 
tordre  les  Arbres  contre  le  fens  félon  le¬ 
quel  ils  croiftènt.  71.  A  quelles  fortes 
de  Végétaux  on  donne  le  nom  d’ Arbres. 
72.  .Diftinétion  des  différentes  fortes 
d’Arbres.  73.  Quels  font  les  Arbres 
qu’on  regarde  comme  les  plus  grands. 
ibid.  Différence  qu’il  y  a  entre  les  Ar¬ 
bres  &  les  Arbriffeaux.  ibid.  Arbres  qui 
font  de  l’un  &  de  l’autre  fexe.  74.  Du 
tems  auquel  les  Arbres  croiffent  &  vi¬ 
vent  félon  les  faifons.  75.  Üne  mau- 
vaife  culture  &  une  trop  grande  fertili¬ 
té  peuvent  racourcir  leur  vie.  ibid.  Pour¬ 
quoi  les  Arbres  cultivés  croiffent  pour 
la  plupart  moins  bien ,  &  vivent  moins 
longtems,  que  ceux  qui  viennent  natu¬ 
rellement.  ibid.  Les  Arbres  femelles 
croiffent  généralement  en  moins  de 
tems  que  les  mâles;  mais  ils  ont  du  bois 
plus  mou,  gonflé,  &  ne  vivent  pas  û 
longtems.  ibid,  Raifon  de  cette  diffé¬ 
rence.  ibid.  Pourquoi  les  Arbres  plan¬ 
tés  dans  des  terrains  fort  bas  vivent 
moins  que  ceux  qui  font  plantés  dans  des 
lieux  élevés,  ibid.  Pourquoi  on  ne  peut 
pas  déterminer  le  tems  auquel  les  bour¬ 
geons,  les  boutons,  les  feuilles,  les 
fleurs,  les  branches,  &c.  commencent 
dans  leurs  faifons  à  croître  ou  à  paffer. 
76.  Quelle  eft  la  pouffe  la  plus  vigou- 
reufe  du  bois.  77.  Manière  de  multi¬ 
plier  les  Arbres.  78.  Leur  multiplica¬ 
tion  par  la  femence.  79.  Par  des  Sauva¬ 
geons  de  fouche.  80.  Quels  font  les  Ar¬ 
bres  qui  fe  multiplient  de  cette  maniè¬ 
re.  ibid.  Leur  multiplication  par  Bou¬ 
ture.  81.  Quels  font  les  Arbres  qui  peu¬ 
vent  être  multipliés  de  cette  manière. 
ihid.  Multiplication  qui  fe  fait  par  des 
Provins  couchés  en  terre.  82.  Pépiniè¬ 
re  pour  les  Arbres,  &  la  manière  de  les' 
cultiver,  Voyez.  Pépinière,  Manière 


TABLE  DES 

de  planter  les  Arbres ,  fi  ce  qu’on  doit  fai' 
re  avant  &  après  qu’ils  font  plantés.  89. 
j^rbres.  Combien  il  efl:  néceffaire  de  faire 
attention  aux  propriétés  naturelles  des 
Arbres  qui  doivent  être  plantés.  89. 
Pourquoi  les  Arbres  fauvages  doivent  ê* 
tre  plantés  jeunes,  &  pourquoi  les  Arbres 
fruitiers  doivent  être  plantés  plus  vieux. 
zW.  Pourquoi  on  ne  doit  pas  planter  dans 
l’arrière- faifon  des  Sauvageons  defcmen- 
ce  produits  la  même  année,  ibid.  Au-bres 
dont  les  racines  fe  moififlént  &  meurent 
facilement,  ibid.  Raifon  pour  laquelle 
on  ne  doit  jamais  planter  des  Arbres  en 
Autonne  dans  des  fonds  bas  &  humides. 
90.  Quelles  conditions  doit  avoir  la  ter¬ 
re  oîi  on  plante  des  Arbres,  foit  auPrin- 
tems  foit  en  Autonne.  ibid.  Prudence 
aveclaquelle  on  doit  arracher  les  Arbres 
qu’on  a  deflein  de  tranfplanter.i&fd. Com¬ 
bien  il  eft  néceffaire  de  planter  incef- 
famment  les  Arbres  qu’on  a  arrachés, 
pi.  Mefures  à  prendre  avant  cette  tranl- 
plantation.  ibid.  Quels  font  les  Arbres 
qu’on  nomme  de  haute  tige.  ibid.  Quel¬ 
le  efl  la  meilleure  méthodeà  l’égard  des 
Arbres  nains,  pour  être  plantés  enefpa" 
liers.  ibid.  Pourquoi  lorfqu’il  elt  quef- 
tion  de  planter  des  Arbres  fruitiers  à  hau¬ 
te  tige,  on  ne  doit  pas  choifir  des  efpèces 
qui  produifent  des  fruits  extraordinaire¬ 
ment  gros.  ibid.  Pourquoi  on  ne  doit 
pas  planter  des  Arbres  à  haute  tige,  qui 
ne  pouffent  pas  des  jets  d’un  bois  vigou¬ 
reux.  ibid.  Inconvénient  qu’il  y  a  de 
planter  contre  des  murailles  ou  des  cloi- 
fons  qui  font  expofées  au  Nord.  92. 
Pourquoi  on  ne  doit  pas  planter  trop 
profondément  les  Arbres  qu’on  place 
dans  un  terrain  uni.  ibid.  Néceffité  de 
fouiller  ayant  l’hiver  tant  en  profondeur 
qu’en  largeur  ,1a  place  d’oti  l’on  a  arra¬ 
ché  les  Arbresy  &  fur-tout  celle  oii  il  en 
efl  mort.  93.  Pourquoi  avant  qu’on  re¬ 
tire  de  la  Pépinière  les  Arbres  qu’on  doit 
planter,  il  faut  oblérver  leur expofîtion. 
ibid.  A  quelle  diflance  on  doit  planter 
dans  de  fortes  terres  graffes  les  Poiriers 
&  les  Pommiers  à  haute  tige.  ibid.  Ce 
qu’il  faut  faire  pour  hâter  la  pouflé  des 
Arbres.  94.  Néceffité  d’élever  les  Ar-  . 
bres  félon  i’ufage  auquel  on  les  deftine. 


M  A  T  I  E.R  E  S. 

100.  Moyen  dont  on  doit  fe  fervir  pour 
bien  faire  croître  de  vieux  Arbres  qui 
ont  été  entés.  loi.  Taille  des  Arbres 
fruitiers  6c  autres,  tant  en  Hiver  qu’en 
Eté.  104.  Pourquoi  il  eft  nécefîairc 
de  les  tailler,  ibid.  La  forte  gelée  ne 
nuit  pas  plus  aux  Arbres  taillés  qu’à 
ceux  qui  ne  le  font  pas.  ibid.  Quelle 
efl  la  prémière  chofe  qu’on  doit  obfer- 
ver  à  l’égard  de  la  taille  des  Arbres  qu’on 
doit  planter.  105.  Pourquoi  il  ne  faut 
pas  laiffer  croître  trop  fubitement  en 
hauteur  les  Arbres  nouvellement  plantés. 
10(5.  Ce  qu’on  doit  faire  à  l’égard  des 
Arbres  deflinés  pour  des  Haies,  ibid. 
Comment  les  Arbres,' qui  produifent  des 
fruits  à  pépin,  &  dont  les  lues  montent 
en  abondance  6c  font  du  bois  vigou¬ 
reux,  peuvent  être  rendus  fertiles.  "107. 
Pourquoi  il  ne  faut  jamais  laiffer  aux  Ar¬ 
bres  des  branches  qui  pouffent  en  dedans. 
108.  De  quelle  manière  doit  être  faite 
la  taille  des  Arbres  à  haute  6c  baffe  ti¬ 
ge.  ibid.  Comment  on  doit  attacher  les 
Arbres  avec  de  l’Ofier.  no.  Comment 
on  peut  donner  une  belle  figure  aux  Ar¬ 
bres  plantés  contre  des  cloifons  ou  des 
murailles,  ibid.  âf  fuiv.  Ce  qu’il  faut 
faire  pour  les  faire  paroître  contre  les 
cloifons  comme  fi  c’étoit  des  tapis 
verds.  111.  Traité  des  Arbres  fauvages  , 
manière  de  les  planter, de  les  tailler,de 
les  tondre,  pour  en  faire  des  Haies.  190. 
Avantages  de  ces  Arbres,  ibid.  Ceux 
qui  croiffent  dans  des  terres  fablonneu- 
fes  font  du  bois  plus  précieux  6c  plus 
durable  que  ceux  qui  viennent  dans  des 
terres  graffes.  ibid.  A  quoi  on  doit  de- 
fliner  les  Arbres  fauvages  qui  font  tou» 
jours  verds.  192.  Tems  auquel  les  Ar¬ 
bres  pouffent  le  plus.  194,  Chofes  qu’il 
faut  obferver  avant  que  de  planter  les 
Arbres,  dans  le  tems  qu’on  les  plante, 

6c  après  qu’on  les  a  plantés,  ibid.  Efli- 
rae  qu’on  fait  des  Arbres  dont  les  feuil¬ 
les  font  de  deux  couleurs.  197.  Diffé« 
rentes  fortes  d’Arbres  fauvages,  leurs 
^  pro^îriétés ,  manière  de  les  élever  dans 
les  terres  qui  leur  conviennent,  celle  de 
les  cultiver,  de  les  planter,  de  les  tail¬ 
ler,  6c  ufage  qu’on  doit  faire  de  leur 
bois.  198,  lâfuiv. 

Ar» 


TABLE  DES  MATIERES. 


JIrhres  de  mâts.  A  quels  Arbres  on  donne 
ce  nom.  200. 

Arbres  étrangers.  De  quelle  manière  il  faut 
traiter  les  Arbres  qu’on  reçoit  de  loin. 

'  368.  Comment  on  doit  les  replanter. 
ibid.  Pourquoi  il  ne  faut  pas  employer 
pour  cette  tranfplantation  une  terre 
gralTe.  319;  Ce  qu’il  faut  faire  lorsque 
ces  Arbres  pouflent  trop  de  rejettons. 
ibid.  Quels  doivent  être  les  Pots  oii  l’on 
plante  de  petits  Arbres,  ibid.  Pourquoi 
ces  Pots  ne  doivent  pas  être  vernis,  f- 
bid.  Dans  quelle  forte  de  Caifle  on  doit 
mettre  les  grands  Arbres,  ibid.  -Raifon 
qui  donne  lieu  de  croire  que  les  Arbres, 
n’ont  fouvent  "d’autre  nourriture  que 
l’eau.  370.  Quel  eft  le  tems  le  plus  con¬ 
venable  pour  tranfplanter  les  Arbres. 
371.  Quelle  efl:  la  meilleure  terre  oii 
l’on  doit  faire  cette  tranfplantation.  ibid. 
Comment  on  conferve  les  Arbres,  dans 
des  Serres.  374. 

ylrbrijfeaux  (lesjn’ontpas  les  troncs  iîgros 
que  les  Arbres.  73. 

Arrofer.  Pourquoi  ou  ne  doit  jamais  ar- 
rofer  les  Plantes  pendant  le  chaud  du 
jour,  &  moins  encore,  quand  le  Soleil 
luit..  280.  Arrofoir  dont  on  doit  fe  fer- 
vir.  ibid.  Pourquoi  on  doit  beaucoup  ar¬ 
rofer  les  Arbres  qui  ont  été  ou  tranfpor- 
tés  ou  trop  fecoués  par  la  tempête,  i- 
bid. 

Arrofoirs.  Quels  doivent  être  ceux  dont 
on  fe  fert  dans  les  Maifons  de  Campag¬ 
ne.  28. 

Arteloire  (Poire  de  l').  Y Germain  (la 
Poire  St.). 

Artichaux.  Comment  ilsfe  multiplient.  81. 
321.  Ce  quec’eftjdx  leurs  efpèces.  321. 
Dans  quelle  forte  de  terre  il  faut  les  plan¬ 
ter.  322.  Ce  qu’il  faut  pratiquer  pour  en 
avoir  de  bonne  heure,  ibid.  Différehce 
qu’il  y  a  entre  les  Artichaux  de  Zélande 
&  ceux  d’Angleterre,  ibid.  Les  Artichaux 
regardés  comme  un  aliment  grofïïer.  i- 
bid.  Comment  on  les  prépare,  ibid. 

Afperges.  Moyen  d’avoir  de  bonne  heure 
des  Afperges.  292.  Diftinguées  en  plu- 
fieurs  efpèces.  323.  Qu’ell-ce  qui  les 
diflingue  le  mieux,  ibid.  Afperges  d’u- 
pe  groffeur  extraordinaire,  nommées., 
wi  Hollandois  Bobbe^  Koppen\  &  leurs 


mauvaifes  qualités,  ibid.  Quelle  efl  la 
meilleure  efpèce.  ibid.  Comment  on 
multiplie  les  Afperges.  ibid.  Dans  quel¬ 
le  forte  de  terre  elles  fe  plaifent  le  plus. 
ibid.  Manière  de  les  planter  &  tranf¬ 
planter.  ibid.  âf  fuiv.  Leur  manière  de 
croître.  325.  Qualités  qu’elles  doivent 
avoir  pour  être  excellentes,  ibid. 

Avant  •  Pecbe  blanche.  Sa  defeription.  147. 

Avant-Pècbe  rouge.  Defeription  de  cette 
forte  de  Pêche.  147. 

Aunes.  Ces  Arbres  épuifent  extrêmement 
le  terrain  oh  ils  font  plantés.  64.  Leur 
defeription.  195.  Ufage  qu'on  peut  en 
faire  pour  des  Haies,  ibid..  Quelle  for¬ 
te  de  terroir  ils  aiment.  203.  Qualités  de 
leur  bois.  ibid. 

Avril,  A  quoi  on  doit  s’occuper  dans  une 
Campagne  pendant  le  cours  de  ce  mois. 
29(5.  Quels  font  les  fruits  qu’on  peut  a- 
lors  manger,  ibid. 

Autonne  (le  Safran  d').  Poire  ainfî  nom¬ 
mée  &  connue  des  Romains  fous  le  nom 
de  Pyrum  Nardinum.  125.  Sa  deferip¬ 
tion.  ibid.  Idée  de  l’Arbre  qui  la  porte. 
ibid. 

B. 

Agnaudier.  Voyez  Colutbée, 

Banc  dont  on  doit  fe  fervir  pour  ébran- 
eher  les  Arbres  des  Mailbns  de  Campa¬ 
gne.  28. 

Baromètre.  Son  ufage.  25i. 

Bajîlic.  Différentes  Ibrtes  de  Bafilic,  ma¬ 
nière  de  le  cultiver,  &  ufage  qu’on  en 
fait.  325. 

Baffins  ou  Refervoirs  d’eau  dans  les  Mai¬ 
fons  de  Campagne,  ii.  Terraffe  dont 
ils  doivent  être  environnés,  ibid. 

Bateau  à  rames,  néceffaire  en  Hollande 
pour  ceux  dont  les  Campagnes  font  au 
bord  de  l’eau.  33. 

Bêches.  Comment  doivent  être  faites  les 
Bêches  dont  on  fe  fert  pour  les  Jardins 
des  Maifons  de  Campagne.  27,  Deux 
fortes  de  Bêches.  29. 

Begar.  Voyez  Bergamote. 

Bergamote.  Sous  quel  nom  cette  Poire  é- 
toit  connue  des  Romains.  126.  Sa  def¬ 
eription.  ibid.  De  quel  Païs  elle  vient 
originairement,  ibid.  Nommée  propre - 

ment 


TABLE  DES  MATIERES. 


merit  Begar ,  &  ce  que  fignifie  ce  mot. 
127.  Quand  e(t  ce  que  les  Bergamotes 
deviennent  bonnes,  ibid. 

Bergamote  Crafane.  Defcription  de  cette  Poi¬ 
re.  128.  Quelles  font  les  meilleures. 

Bernardine.  Jugement  fur  ce  fruit.  122. 

Beteraves.  Quelles  font  les  meilleures. 
359*  Quelle  forte  de  terre  leur  convient. 
tbid.  Comment  on  les  multiplie,  ibid, 

Beuré  f  ou  Poire  d'Anjou  ^  &c.  DifFérens 
noms  de  cette  Poire.  127.  Ses  qualités. 
ibid.  Caufe  de  la  perte  de  fâ  bonté,  i- 
iid.  Quelles  font  les  meilleures  de  ces 
Poires,  ibid.  Decription  de  l’Arbre  qui 
les  produit,  ibid. 

Beuré  blanc,  ou  Poire  de  neige.  Autres 
noms  qu’on  donne  à  cette  Poire.  127. 
Sa  defcription.  ibid.  Ses  qualités,  ibid. 

Bigarreaux.  Voyez  Cerifes. 

Bifarré.  Nom  d’une  efpèce  de  Cédrac. 
383.  Sa  defcription.  ibid.  &  fuiv. 

Blom-zoet,  ou  Goe  zoet.  Pomme  douce  qui 
porte  ce  nom  en  Hollandois.  134..  Sa 
defcription,  &  de  l’Arbre  qui  la  porte,  ibid. 

Bodceus,  cité.  124. 

Bois.  Quel  eft  le  meilleur  bois  pour  de 
gros  ouvrages,  &qui  dure  le  plus  long- 
tems,  71  &  122.  Avantage  du  Bois  fléxible. 
71.  Qualités  du  Bois  de  Poirier.  122.  On  le 
met  plus  en  œuvre  que  celui  de  Pommier, 
mais  celui-ci  eft  meilleur  à  brûler.  123. 

Bon-Cbrétien  (la  Poire  de).  Noms  qu’elle 
porte  chez  les  Grecs  &  chez  les  Latins. 
129.  Regardée  en  France  comme  la 
meilleure  de  toutes  les  Poires,  ibid. 

Boogbout.  Nom  Hollandois  qu’on  donne 
à  une  forte  de  Plane.  210. 

Boue.  Son  utilité  pour  fumer  les  terres. 
58.  De  quoi  la  Boue  de  pavé  eft  com- 
pofée.  59.  Pourquoi  la  Boue  des  rues 
en  Hollande  ne  fauroit  être  regardée 
comme  du  fumier.'  ibid. 

Bonis.  Comment  cette  Plante  fe  multiplie. 
80.  Le  gros  Bouis  propre  pour  des 
Haies.  197.  Ufage  qu’on  fait  du  Bouis 
fin  pour  fervir  d’ornemens  dans  les  Par¬ 
terres.  ibid.  Moyen  de  l’employer  pour 
cet  effet,  ibid. 

Bouleau.  En  quels  endroits  cet  Arbre 
croît  le  mieux.  199.  Sa  grandeur,  fa 
groffeur  ordinaire,  ibid.  Qualités  &  u- 
îage  de  fon  bois.  ibid. 

Partie  JJ, 


Bouracbe.  Ce  que  c’eft,  &  fon  ufage.  32(y 
Boutons  de  fleurs.  Quels  font  ceux  qui  vien¬ 
nent  de  rejettons  vigoureux  la  même  an¬ 
née.  1 13.  Tems  auquel  ils  fe  forment. 
Bouture.  Arbres  que  l’on  multiplie  par 
Bouture.  81.  Conditions  requifes  pour 
faire  heureufement  réuflîr  les  Boutures. 
ibid.  Pourquoi  des  Boutures  mifes  en 
terre  dans  le  Printems,  contre  des  mu¬ 
railles  ou  des  cloifons  fort  expofées  au 
Soleil,  prennent  rarement  racines,  ibid. 
Quels  font  les  Végétaux  qui  produifenc 
une  même  forte  déplanté  &  de  fruit  que 
l’Arbre  dont  la  Bouture  a  été  coupée,  ibid. 
Brancard  dont  on  fe  fert  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  28. 

Brouillard.  Effet  qu’il  produit  fur  lesPlan^ 
tes.  269. 

Brugnons.  Pêches  qui  portent  ce  nom. 
142.  Pourquoi  nommées  en  Hollandois 
Pêcbes  chauves  ou  Angloifes.  ibid.  Leur 
defcription.  149. 

C; 

Ç^Abinet  propre  à  garder  les  Semences 
.  dans  les  Maifons  de  Campagne.  32. 
Cadres  en  ufage  dans  les  Maifons  de  Cam¬ 
pagne.  32. 

Cailfe  vitrée  pour  les  Ananas. pendant  l’E¬ 
té.  242.  Sa  defcription.  ibid.  Autres 
fortes  de  Caiffes  pour  des  fleurs,  &c. 
243.  Caiffes  à  volets.  244. 

Campagne  (Maifons  de}.  Comment  &  de 
quoi  elles  doivent  être  entourées  poUrê- 
tre  agréables,  i.  Elles  ne  doivent  pas 
être  d’une  trop  vafte  étendue,  ibid.  A- 
vantage  qu’il  y  a  d’en  bien  employer 
le  terrain.  2.  Moyens  dont  on  doit  fe 
fervir  pour  les  rendre  agréables,  ibid. 
Qualités  qu’elles  doivent  avoir,  ibid. 
Quelle  doit  être  leur  fituation.  ibid. 
Pourquoi  on  ne  doit  pas  les  placer  dans 
le  voifinage  de  la  Mer.  ibid.  Ni  proche 
des  Etangs,  des  Marais,  ou  des  gran¬ 
des  Villes  fort  peuplées,  ibid.  Pourquoi 
on  peut  les  placer  à  une  jufte  diftance 
de  quelque  Ville  confidérable.  3.  Repro¬ 
che  d’une  Rivière  d’eau  douce,  ibid. 
Pourquoi  il  eft’bon  que  le  devant  &  le  der¬ 
rière  de  la  Maifon  foient  fitués  l’un  au  . 
Midi  l’autre  au  Nord.  ibid. 

Ggg 


Cam- 


TABLE  DES  MATIERES. 


Campagne  (Maifons  d€).  Pourquoi  les  terres 
élevées, unies,  font  préférables  aux  terres 
balles.  3.  Quelledoitêtre  la  fituadon  d’u¬ 
ne  terre  pour  paroître  plus  grande  &  pro¬ 
curer  déplus  longues  vues.  4.  Plan&def- 
cription  d’une  Maifon  de  FhiCuncs.ibid.  & 

5.  But  des  Anciens  enbâdflant  des  Mai- 
Ibns  dePIaifance.  6.  Comment  ils  les  bâ- 
dlToient.  ibid.  Comment  on  les  difpofe  au- 
.  jourdhui.7.  Pourquoi  on  ne  doit  pas  faire 
des  ornemens  ruineux  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  9.  Ce  qu’on  doit  obfer- 
ver  pour  y  faire  des  arrangemens  conve¬ 
nables.  ibid.  Raifon  pour  laquelle  on 
doit  faire  enforte  que  toutes  les  perfpec- 
tives  paroiHent  s’éloigner,  ibid.  Pour¬ 
quoi  ces  Maifons  doivent  être  placées 
dans  un  lieu  élevé.  10.  Arbres  qui  doi¬ 
vent  être  plantés  fur  le  devant,  ibid. 
L’entrée  doit  être  fpacieufe,  &  pour¬ 
quoi.  ibid.  Endroit  oh  doivent  être  11- 
tués  les  Parterres,  ibid.  &  les  Vergers , 
lorfqu’ori  en  fait.  ibid.  Pourquoi  tou¬ 
te  les  Haies  qu’on  peut  envifager  du  mê¬ 
me  coup  d’œil  doivent  être  de  la  même 
forte  d’ Arbre  de  du  même  verd.  ibid. 
Soin  qu’on  doit  avoir  pour  bien  netto- 
yerles  Canaux,  lesFolTés,  les  Viviers, 
lesBaflins,  &c.  ii.  Pourquoi  les  peti- 
'  tes  figures  &  autres' petits  ornemens  ne 
conviennent  pas  dans  les  Lieux  de  Plai- 
fance.  12.  Ce  qu’on  doit  obfervcrpour 
que  toutfoit  alTorti,  &  que  rien  ne  pa- 
roifie  déplacé,  ibid.  Difpofition  &  or- 
,  dre  des  Ouvrages  à  treillis,  des  Grot¬ 
tes,  des  Jets  d’eau,  des  Statues,  &c.  i- 
iid.  &f  fuiv.  A  quoi  on  doit  faire  atten¬ 
tion,  quand  on  commence  à  conftruire 
les  Edifices  d’une  Maifon  de  Campagne, 
jufqu’à  ce  que  le  tout  foit  parfaitement 
achevé.  14,  fs?  faiv.  Nécelîité  derehauf- 
fer  les  fonds  de  terre  en  Hollande.  15. 
Manière  dont  on  doit  faire  ce  rehauf- 
fement,  ibid.  Moyens  qu’il  faut  emplo¬ 
yer  pour  préferver  ces  Maifons  du  froid 
&  du  chaud,  ibid.  Ce  qu’on  doit  faire  la 
prémière -année.  i(5.  Mélange  qu’il  faut 
faire  des  fonds  de  terre  fablonneuxavec 
du  limon,  ibid.  Chofes  qui  doivent  être 
pratiquées  la  fécondé 'année.  17.  &:  la 
troiûème  année.  18.  &  les  années  fuivan- 
tes.  19  >  Choix  qu’OQ  doit  fai¬ 


re  d’un  bon  Jardinier.  Voyez  Jardinier, 

&  des  autres  Ouvriers.  24  ,  25.  Voyez 
Ouvriers.  Outils  pour  les  jardins  des 
Maifons  de  Campagne.  Voyez  Outils, 
Manière  de  creufer  les  FolTes,  les  Vi¬ 
viers  des  Maifons  de  Campagne.  33. 
Qualités  requifes  des  Fonds  de  terre  oh 
on  doit  les  placer.  40.  Voyez  Fonds 
de  terre.  Nécelîité  qu’il  y  a  de  travailler 
les  terres  avant  que  de  les  planter.  44.' 
Canaux  (les)  des  Maifons  de  Campagne 
doivent  être  foigneufement  nettoyés,  ii. 
Carottes.  Six  fortes  de  Carottes  très  diftinc- 
tes.  357.  Les  Carottes  jaunes  deLeyde 
regardées  comme  les  meilleures,  ibid. 
Tems  auquel  on  les  feme.  ibid.  Leurs 
qualités,  ibid.  Carottes  courtes,  qu’on 
nomme  Carottes  de  Home  ;  &  de  com¬ 
bien  de  fortes  il  y  en  a.  358.  Leur  def- 
cription.  ibid.  Dans  quelle  terre  les  meil¬ 
leures  viennent,  ibid.  Elles  aiment  un 
air  libre  &  dégagé,  ibid.  Tems  auquel  ♦ 
il  faut  les  fe mer.  359.  Pourquoi  on^ne 
feme  jamais  des  Carottes  fur  une  terre  oh 
il  y  a  eu  du  Cerfeuil  d’Autonne.  ibid. 
Carpinus.  Arbre  ainû  nommé  par  Théo- 
p  h  rade.  200. 

Cafeades.  Inconvénient  des  Cafeades  en 
Hollande.  8.  Comment  elles  •  doivent 
être  placées.  12. 

Catalogne  (le  Raiûn  de).  Sa  defeription. 
187. 

Cédrac,  ou  Cédrat  (le)  ne  fait  pas  du  bois 
fi  tortu  que  l’Oranger,  ni  d’aulfi  grofles 
branches  que  le  Limonnier.  381.  Efpè- 
ce  de  Citronnier  auquelon  donne  le  nom 
de  Cédrac.  382.  Si  le  Cédrac  &  le  Citron¬ 
nier  ont  la  même  forme,  ibid,  Efpèce 
de  Cédrac  hermaphrodite  ,  connue 
fous  le  nom  de  Bifarré.  383.  Sa  def- 
cription.  ibid.  fuiv.  Ses  fleurs.  385. 
CélerL  Ses  différentes  efpèces.  .326. 
Quel  eft  celui  qu’on  cultive  en  Hollan¬ 
de  dans  les  Jardins  potagers,  ibid.  Def¬ 
eription  du  Céleri  de  Brabant,  ibid^  De 
quelle  manière  il  croît,  &  comment  il 
faut  le  tranfplânter.  ibid.  &  327.  Pour¬ 
quoi  on  ne  doit  jamais  tranfplanter  ce¬ 
lui  qui  a  été  femé  en  Autonne.  ibid. 
Quel  eft  le  meilleur  tems  pour  femer  le 
Céleri  d’Eté.  ibid.  Pourquoi  il  ne  doit 
pas  être  tranfpianté  trop  jeune,  ibid. 


TABLE  DES  MATIERES. 


Cequ’on  doit  obferver  lorfqu’il  efl  quef- 

,  tion  de  le  buter,  ibid.  Sable  dont  il  faut 
fe  fervir.,  pour  cela.  ibid.  Quelle  eft  la 
meilleure  manière  de  le  conferver  pen¬ 
dant  l’Hiver.  328. 

Cer/euiL  Comment  il  fe  multiplie.  328. 
Quelle  forte  de  terre  il  aime.  ibid. 
Pourquoi  il  épuife  extrêmement  la  terre. 
ibid.  En  quels  endroits  on  doit  le  fe- 
•mer.  ibid. 

Cerifes.  Diverfes  efpèces  de  Cerifes.  135. 
Qualités  des  Cerifes  connues  fous  le 
E^m  de  Cerifes  du  Prince  Maurice.  139. 
Çe  que  c’efl:  que  les  Cerifes  doubles  de 
Rouen,  ibid.  Les  Cerifes  doubles  de  Mai, 
aufli  nommées  le  Mufcat  tardif  de  Pra¬ 
gue;  leurs  qualités,  ibid.  Ce  que  c’eit 
que  les  Cerifes  fimples  de  Mai.  ibid.  ^fuiv. 
Deux  fortes  de  Cerifes  nommées  Muf- 
cats  de  Prague.  140.  Defcripcion  de  ces 
Cerifes.  M.  Cerifes  tardives,  nommées 
en  Hollandois  Folgers.  ibid.  Leurs  qua¬ 
lités.  ibid.  Toutes  les  Cerifes  nommées 
Griotes,  ou  Cerifes  à  queue,  regardées 
comme  étant  toutes  de  la  même  efpèce. 
ibid.  Defcription  de  l’Arbre  fur  lequel 
elles  croiflent.  ibid.  Ce  que  c’efl:  que 
les  Cerifes  d' Orange,  de  laComteffe,  ou 
les  Cerifes  rouges  de  Bruxelles.  14 1.  Def¬ 
cription  des  Cerijes  d'Agathe,  ibid.  Ce¬ 
rifes  de  Gatrop,  appellées  auflicro^wa^- 
tes..  ibid.  Quelles  font  les  Cerifes  qui 
portent  en  Hollandois  le  nom  de  van 
der  Nath.  ibid.  Leur  defcription,  & 
leurs  qualités,  ibid.  Cerifes  d'Efpagne, 
nommées  auflii  Bigarreaux,  ibid.  Mau- 
vaifes  qualités  des  Cerifes  appcllées  en 
Hollandois  Witte  Spekkers.  ibid. 

Certjiers.  Comment  les  Cerifiers  fauvages 
fe  multiplient.  80.  Sur  quoi  on  grefe  les 
Ceriûers.  87.  Accident  qui  leur  arrive. 
89.  A  quelle  diflance  on  doit  les  plan¬ 
ter  les  uns  des  autres.  93.  Les  Cerifiers 
qui  font  jeunes  ne  donnent  pas  tant  de 
fleurs,  ni  fl  ferrées,  que  les  vieux.  13(5. 
Diverfes  remarques  fur  ce^  Arbres,  ibid, 
^  fuiv.  Pourquoi  on  ne  doit  pas  les 
planter  dans  le  même  endroit  oii  d’autres 
Arbres  de  même  efpèce  ont  dejaété  plan¬ 
tés.  ibid.  Comment  on  les  multiplie.  î- 
’hid.  Pourquoi  la  taille  d’Eté  eft  nuiûble 
aux  Ceriûers*  139* 


Certeau  d’Eté.  Jugement  fur  ce  fruit.  122. 

Chaleur.  Ce  qu’on  doit  entendre  par  ce  ter¬ 
me.  218.  Effets  qu’elle  produit.  224. 

Chaleur  artificielle.  -Moyen  de  l’augmen¬ 
ter,  foit  dans  des  Serres  ou  dans  des 
Caiffes  vitrées.  281.  Chaleur  que  produi- 
fent-le  fumier  de  Cheval  &  le  Tan.  285. 

Champignons.  Oii  croiffent  ceux  qui  font 
bons  à  manger.  328.  Leurs  efpèces  dif¬ 
férentes.  ibid.  Defcription  des  Cham¬ 
pignons  d’Autonne  qui  croiffent  dans  les 
Prairies  oîi  paiffent  les  Chevaux,  ibid. 
Défauts  qu’ils  aquièrent.lorfqu’ils  reftenc 
trop  longtems  en  terre.  329.  Defcrip¬ 
tion  de  ceux  qui  viennent  dans  les  Jar¬ 
dins  potagers,  ibid. 

Chariots.  Néceflité  qu’il  y  a  d’en  avoir 
quand  on  ne  peut  pas  fe  rendre  par  eau 
aux  Campagnes.  33. 

Charme.  Ufage  qu’on  peut  faire  de  cet  Ar¬ 
bre  pour  des  Haies.  195. 

Cbarue  dont  on  fe  fert  pour  farder  dans  les 
Jardins  des  Maifons  de  Campagne.  28. 

Chajfe  ("Maifons  de).  Quelle  doit  être  la 
difpofition,  l’ordonnance,  &c.  desMai- 
fons  de  Chaffe.  ii.  Quels  font  les  or- 
nemens  qu’on  doit  y  faire,  ibid.  Pour¬ 
quoi  il  n’eft  pas  néceffaire  que  ces'Mai- 
fons  foient  vaftes.  12. 

Chateîgner.  Comment  cet  Arbre  fe,  multi¬ 
plie.  164. 

Chateigner  Jauvage,  en  Latin  Cajîanea  equU 
na.  Defcription  de  cet  Arbre,  209. 
Dans  quelle  forte  de  terre  il  croît  le 
mieux,  ibid.  ' , 

Chateignes  franches  &  fauvages,  164..  Re¬ 
gardées  comme  trop  pâteufes,  6t  fans 
goût  dans  les  terres  baffes  &  marécageu- 
fes.  ibid. 

Chats  (Herbe  aux  J.  Voyez  Herbe  aux 
Cbats. 

Chaux.  Quelles  doivent  être  les  condition* 
de  la  chaux  qui  doit  fervir  pour  la  con- 
ftrudion  des  Maifons  de  Campagne.  i(5. 

Chaux  vive.  Chaleur  qu’elle  produit ,  & 
fon  ufage  pour  la  poufle  des  Plantes. 
285. 

Chêne.  Durée  de  la  vie  des  Chênes.  78. 
En  quel  tems  on  doit  les  abattre,  ibid. 
Pourquoi  le  petit  Chêne  eft  propre 
pour  former  des  Haies,  ipé.  Dans 
quelle  forte  de  terre  croiffent  les  Ché- 

Ggg  2  ces. 


TABLE  DES  MATIERES, 


lies.  20 r.  Comment  ils  fe  multiplient. 
ièid.  Pourquoi  il  provient  de  leurs 
glands  différentes  fortes  d’Arbres  plus  ou 
moins  durs.  S’il  eft  vrai  qu’ils  vivent 

trois  cens  ans',  (Stproduifent  pendant  tout 
ce  tems'là  de  bon  bois.  ibîd.  Qualités 
du  bois  de  Chêne  qu’on  appelle  en  Hol¬ 
lande  bois  de  Wefel.  ibid.  Diverfes 
propriétés  du  Chêne.  202.  Pourquoi 
le  bois  de  Chêne  ne  vaut  rien ,  quand 
il  eft  coupé  trop  tôt.  ibid.  Remarque 
de  Bodæus  &de  Théophraftefur  le  Chê¬ 
ne,  trouvée  faufle  par  l’expérience. 
203.  Efpèce  de  petit  Chêne,  nommé 
en  Hollandois  Spaanfe-Aker  ou  Haag^ 
Eyk.  210.  Ufage  qu’on  en  fait  pour  des 
Haies,  ibid. 

Cbenilles.  Inftrument  pour  dénicher  les 
Chenilles  des  Jardins.  31. 

.  Cbervis.  Leurs  qualités.  360.  Comment 
on  les  multiplie,  ibid. 

Chevaux  Cles)  font  d’une  néceffité  abfolue 
quand  on  ne  peut  pas  fe  rendre  par  eau 
•aux  Campagnes.  33.  Ufage  qu’on  fait 
de  leur  fumier.  57.  Voyez  Fumier. 

Cbevre- feuille.  Comment  cet  Arbre  fe  mul¬ 
tiplie.  80.  213.  Cet  Arbriffeau  appellé 
•en  Autriche  Rofe  de  Jérico.  213.  Ses  di¬ 
verfes  efpèces.  ibid. 

Chicorée  i  ou  Endive.  Manière  de  l’aprê- 
ter  pour  être  mangée.  329.  Ses  diffé¬ 
rentes  fortes.  ibid.  Quelle  eft  la  meil¬ 
leure.  ibid.  Comment  on  la  multiplie. 
ibid.  Pourquoi  elle  ne  doit  pas  être 
tranfplantée  trop  jeune,  ibid.  Quelle  eft 
la  femence  qu’on  en  doit  recueillir,  i- 
bid.  Tems  delà  femer.M.  Ce  qu’il  faut 
faire  quand  on  en  tranfplante  en  tems 
fec.  330. 

Choux  en  général.  Comment  on  les  mul¬ 
tiplie.  330.  Quelle  forte  de  terre  ils  ai¬ 
ment.  ibid.  Comment  la  terre  oh  ils 
croiffent  doit  être  préparée,  ibid.  Pour¬ 
quoi  on  ne  doit  pas  planter  des  Choux 
dans  les  endroits  oh  il  y  en  a  eu, les  an¬ 
nées  précédentes,  ibid.  Différentes  for¬ 
tes  de  Choux,  ibid.  Quels  font  les 
Choux  qui  pomment.  332.  Tems  qu’il  ) 
faut  choifir  pour  buter  les  Choux.  333. 
Soin  qu’on  doit  avoir  d’en  écarter  les 
Chenilles,  ibid.  Pourquoi  on  prétend 
que  ceux  qu’on  plante  dans  le  voiûnage 


des  Pois,  font  moins  fujets  aux  Chenil¬ 
les  que  les  autres,  ibid.  é?  fuiv. 

Choux  bâtards.  Ce  que  c’eft.  332. 

Choux  cabus.^  Pourquoi  on  les  nomme  en 
Hollandois  Kappertiens-kool.  332. 

Choux  de  Savoye  ou  de  Milan.  Combien  il 
.y  en  a  de  fortes  en  Hollande.  333, 
Quels  font  les  meilleurs,  ibid.  La  ge¬ 
lée  les  blanchit  &  les  rend  tendres,  ibid. 
Tems  de  les  femer.  ibid. 

Choux-fleurs.  .  Tems  de  les  tranfplanter. 
292.  Leurs  différentes  efpèces.  330. 
Quels  font  les  meilleurs,  ibid.  Leurs 
qualités  dépendent  du  Climat.  331.  Dans 
^els  Pais  on  les  cultive  le  mieux,  ibid. 
Tems  auquel  on  les  feme.  ibid.  Ce  qu’il 
faut  obferver  lorfqu’on  les  tranfplante. 
ibid.  Comment  on  les  préferve  de  la  ge¬ 
lée.  ibid.  Ils  doivent  avoir  plus  d’en¬ 
grais  que  les  Choux  rouges  ou  autres 
Choux  pommés.  332.  Ce  qu’il  faut  fai* 
re  pour  les  conferver  jufqu’au  Printems. 
ibid. 

Choux  frifés  ou  crépus.  Leurs  différentes 
fortes.  333. 

Choux  pommés  blancs.  Leurs  différentes  ef¬ 
pèces.  333.  Tems  auquel  on  les  feme. 
ibid. 

Choux  rouges.  Deux  fortes  d’efpèces  de 
Choux  rouges,  l’une  greffe,  1  autre  pe¬ 
tite.  332.  Leurs  qualités,  &  leur  def- 
cription.  ibid.  Ce  qu’il  faut  faire  pour 
les  bien  conferver.  ibid.  Tems  de  les  fe¬ 
mer.  ibid. 

Choux  connus  en  Hollande  fous  le  nom  de 
Slooren,  &  en  Angleterre  fous  celui  de 
Green-Cabbage.  333, 

Ciboules  t  ou  Appétits,  Comment  on  les 
multiplie.  321. 

Ciboulette.  Comment  on-  la  multiplie.  81. 

Cifeaux  volans.  Defeription  de  cette  forte 
d'Outil.  30,  Cifeaux  pour  tondre  le 
Bouis.  31.  Autres  Cifeaux  de  trois  dif¬ 
férentes  largeurs,  ibid. 

Citron  de  Sirène.  Poire  ainfi  nommée.  123. 
Sa  defeription.  ibid.  Ses  qualités,  ibid. 

Citron  -  de  Septembre.  Nom  d’une  Poire 
nommée  aufîîtere  &c.  127.  Vo¬ 
yez  Beuré  blanc. 

Citronnier.  Son  bois  regardé  comme  plus 
fpongieux  que  celui  du  Limonnier.  37a. 
Manière  de  tailler  les  Citronniers.  380. 

Noms 


TABLE  DES 

Noms  que.Ferrarius  donne  à  ces  Arbres. 
382. 

Citrouilles,  Ce  que  c’eft.  334.  Regardées 
comme  ne  méritant  pas  d’étre  cultivées 
dans  les  Jardins  potagers.  iUd. 

Cloifons.  Quelles  font  les  meilleures,  no.  • 

Cochon.  Pourquoi  le  fumier  de  Cochon  é- 
toit  regardé  comme  inutile  chez  les  An¬ 
ciens.  58.  De  quoi  on  nourrit  les  Co¬ 
chons  en  Hollande,  ihid.  &.  de  quoi  on 
les  nourriflbit  autrefois,  ibid. 

Coignajfters.  A  quelle  diftance  on  doit  les 
planter  les  uns  des  autres.  93-  Com¬ 
ment  ces  Arbres  fe  multiplient.  i<5i.  Ma¬ 
nière  de  les  tailler.  162. 

Coings.  Ces  fruits  diftingués  en  mâles  & 
femelles.  i<5i.  Quels  font  les  meilleurs 
Coings,  ibid. 

Coins  de  fer  de  différentes  grandeurs  dont 
on  a  befoin  dans  les  Maifons  de  Cam¬ 
pagne.  32. 

ColuînellCf  cité.  17^* 

Colutbée  ou  Bagnaudier.  Defcription  de  cet 
Arbri fléau.  213. 

Concombres.  Ce  que  c’efl ,  &  leurs  dif¬ 
férentes  efpèces.  334.  Les  blancs  efti- 
més  des  Hollandois,  &  les  verts  des 
François  &  des  Anglois.  ibid.  Efpèce 
de  Concombre  jaune  qui  produit  beau¬ 
coup.  ibid.  Manière  de  les -cultiver,  i- 
hid.  Tems  auquel  ils  font  bons  à  man¬ 
ger.  ibid.  Doivent  être  coupés  avant 
■leur  maturité,  335.  Ce  qu’il  faut  faire 
pour  en  avoir  de  propres  à  confire,  ibid. 
Pourquoi  on  doit  tranfplanter  ceux  qui 
viennent  de  femence.  ibid. 

Cordons  nécelfaires  pour  aligner  les  Cou¬ 
ches  &  les  Carreaux  des  Jardins.  32. 

Cournouiller.  Defcription  de  cet  Arbrif- 
feau,  &  comment  on  le  multiplie.  80, 
.160. 

Cornouilles.  Leur  couleur  naturelle.  119. 

Couches.  Comment  on  doit  faire  les  Cou¬ 
ches  des  Jardins  pour  avancer  la  maturi¬ 
té  des  fruits.  2S6.  Couches  faites  avec 
le  fumier  de  Cheval,  ibid.  Et  avec  des 
feuilles  d’Arbres.  287.  Mauvais  effet 
des  Couches  trop  chaudes,  ibid.  Pour¬ 
quoi  on  doit  couvrir  de  terre  toutes  les 
Couches  qu’on  fait  en  Février.  288. 
Comment  on  les  préferve  d’un  air  trop 
Toid.  ibid. 


AI  A  T  I  E  R  E  s. 

Couperet  dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  32. 

Courpendus  fimples  &  doubles.  Qualités 
de  ces  deux  fortes  de  Pommes.  132. 
Defcription  des  Arbres  fur  lequels  elles 
çroiflent.  ibid. 

Couvertes  de  poil  en  ufagedans  les  Maifons 
de  Campagne.'  32.  Couvertes  de  n  attes 
de  Jonc  treffés.  ibid. 

CreJJon.  Comment  on  le  multiplie.  335. 
Ses  efpèces.  ibid.  -  En  quels  endroits  oü 
doit  le  cultiver,  ibid.  Remarques  fur  le 
Greffon  d’eau,  ibid, 

D. 

DEcembre.  Température  de  l’air  pen¬ 
dant  le  cours  de  ce  mois.  304.  Quel¬ 
les  font  les  chofes  qu’il  faut  alors  prati¬ 
quer.  ibid.  Quels  font  les  fruits,  les 
légumes,  les  fleurs  de  ce  mois.  ibid. 
Diamant.  Raifin  qui  porte  ce  nom.  i8<5, 
DodonéCi  cité.  200, 

Double  Rietpeer.  Poire  qui  porte  ce  nom 
en  Hollandois.  129.  Sa  defcription.  i- 
bid.  Ufage  qu’on  en  fait.  ibid.  Defcrip¬ 
tion  de  l’Arbre  qui  la  porte,  ibid. 

Doyenné  &  gros  Doyenné.  Nom  qu’on  don¬ 
ne  mal-à-propos  au  Beuré  blanc.  127. 
Voyez  Beuré  blanc.  Defcription  du  vrai 
Doyenné,  ibid.  Sa  qualité,  ibid.  Juge¬ 
ment  fur  l’Arbre  qui  porte  cette  Poire. 
128. 

Dtùbbelde  Bloem-kers.  Arbriffeau  auquel 
les  Hollandois  donnent  ce  nom.  214.  Sa 
defcription.  ibid, 

E. 

EÂu.  Parties  dont  elle  eft  compofée.  278. 
L’eau  de  pluie  regardée  comme  la  meil¬ 
leure  pour  la  culture  des  Plantes,  ibid. 
Qualité  de  l’Eau  des  rivières  &  des  grands 
foffés.  ibid.  Pourquoi  l’eau  de  marais 
ou  des  petits  foffés  efl:  fouvent  funefte 
aux  Plantes  qu’on  en  arrofe,  ibid.  Juge¬ 
ment  fur  l’Eau  faumache  &  l’Eau  falée. 
ibid.  Pourquoi  l’Eau  de  fource  eft  fou- 
vent  funefte  aux  Plantes,  ibid.  Chan¬ 
gement  qui  fe  fait  de  l’Eau  en  d’autres 
corps,  ibid. 

Echalotes.  Ce  que  c’eft.  335.  Comment 

Ggg  3  on 


TABLE  DES  MATIERES. 


©n  les  multiplie.  iUd.  Manière  de  les 
faire  fecher  après  les  avoir  tirées  de  teif- 
re.  336/ 

Bchajferie  (V).  Sorte  de  Poire.  129.  Sa 
delcription.  îbid.  Combien  de  tems  el- 
.le  dure.  ihid. 

Ecopes.  Struèlure  des  Ecopes  dont  on  doit 
fe  fervir  dans  les'Maifons’de  Campagne. 
28. .  Petit  Ecope.  ‘29. 

Eglantier.  Defcription  de  cet  Arbrifleau. 

215.  Et  de  V Eglantier  fimpk.  216. 
Endive.  Voyez  Chicorée, 

Ente.  Voyez  enter. 

Enter.  Quel  eft  le  but  qu’on  fe  propofe 
iorft^u’on  ente.  95.  Inconvénient  qu’il 
y  a  d’enter  fur  des  Sauvageons  contrai¬ 
res  à  la  nature  de  l’Ente.  ibid.  Senti¬ 
ment  des  Anciens  fur  la  manière  de  fai¬ 
re  réuffir  les  Entes,  ibid.  Analogie  qu’il 
doit  y  avoir  entre  les  écorces  de  les 
plants,  lorfqu’il  eft  queftion  d’enter,  i* 
bid.  Pourquoi  on  ne  doit  pas  enter  des 
Pommiers  fur  des  Poiriers.  Ç)6.  Si  un  mê¬ 
me  Arbre  peut  produire  des  Pommes , 

•  des  Poires ,  des  Pêches ,  des  Raifîns  & 
des  Noix,  comme  Pline  &  quelques  Au¬ 
teurs  le  prétendent.  ib;d.  Ce  que  c’eft 
proprement  qu’enter.  98.  Quel  eft  le  tems 
le  plus  propre  pour  enter.  îôîJ.  Jugement 
fur  la  coutume  de  conferver  dans  des  Ca¬ 
ves  les  Entes,  pour  les  empêcher  de  fe 
delfècher.  99.^  Ce  qu’on  doitfairepour 
enter  avec  fuccès.  ibid.  Néceflité  de  dé¬ 
fendre  les  Entes  contre  les  Chenilles, 
les  Araignées  &  les  Fourmis,  ico.  Ma¬ 
nière  d’enter  de  jeunes  petits  troncs., 
dont  le  bois  n’eft  pas  aflèz  vigoureux 
pour  comprimer  comme  il  faut  la  fente 
qu’on  y  a  faite,  &pour  faire  réunir  leur 
écorce  avec  celle  des  Entes.  161.  Ce 
que  c’eft  qu’enter  en  approche,  ibid. 
Quelle  eft  la  meilleure  manière  d’enter 
en  approche,  &  la  plus  ufitée.  ibid-. 
Quel  eft  le  tems  le  plus  convenable  pour 
le  faire.  102. 

Epinars,  Ce  que  c’eft,  &  comment  on  les 
multiplie.  336.  Diftinguésen  deux  fortes. 
ihid.  Defcnption  de  leur  femence.  ibid. 
Epines.  Ufage  qu’on  fait  de  ces  Arbris- 
feaux.  aoj."  Comment  ils  fe  multiplient. 
ibid.  Epine  blanche,  ibid.  Comment 
on  diftinguc  les  Epines  des  autres  Ar-. 
bri  fléaux.  "73. 


Epine-vinette.  Ses  qualités.  119.  Deferip- 
tion  de  cet  ArbriflTeau.  159.  Comment 
on  le  multiplie,  ibid.  Ce  que  c’eft  que 
fon  fruit.  160. 

Efebdoorn.  Nom  Hollandois  d’une  efpèce 
■  de  Plane.  210. 

Ejpaliers.  Pourquoi  ils  font  hors  d’ufage, 
uo. 

EJlragon.  Comment  on  le  multiplie.  336. 
Pourquoi  on  ne  doit  couper  lés  petites 
branches  qu’après  l’hiver,  ibid. 
Exbalaifons.  Ce  que  c’eft.  2(5i. 

F. 

F  Are  (L'Inconnue  de  la).  Voyez  Germain 
(la.  Poire  St.). 

Fenouil.  Sa  manière  de  croître.  33(5.  Com¬ 
ment  il  fe  multiplie,  ibid.  Fenouil  de 
Rome  &  Fenouil  commun,  ibid.  Leurs 
qualités,  ibid.  â?  fuiv.  Comment  on  doit 
buter  le  Fenouil.  337.  • 

Fer  pour  dénicher  les  Chenilles  des  Jar¬ 
dins.  31. 

Ferrarius  f  cité.  383. 

Feu  füuterrain.  262.  Manière  de  faire  du 
feu  par  le  moyen  d’un  Fourneau.  282.  ' 
Fèves  blanches ,  ou  Haricots.  Leur  defcrip¬ 
tion.  338.  Comment  on  les  multiplie. 
ibid.  Terre  qui  leur  convient,  ibid. 
Perches  .qui  doivent  leur  fervir  d’appui. 
339.  Avantage  qu’il  y  a  de  les  tranfplan- 
ter.  ibid.  Leurs  différentes  efpèces.  ibid. 
Quelles  font  celles  qu’on  nomme  Krom- 
bekkenQQ  Hollande,  celles  qui  s’ap¬ 
pellent  Princejfes.  ibid.  Autre  efpèce  que 
l’on  nomme  Èajltrt- Slagtwaarden.  ibid. 
Ce  qu’il  faut  obferver  pour  les  bien  cul¬ 
tiver.  340. 

Fèves  de  Marais  ^  ou  grojfes  Fèves.  Leur  o- 
rigine.  337.  Leur  defcription.  ibid. 
.Comment  on  doit  les  recueillir,  ibid. 
Quelles  font  les  meilleures,  ibid.  Terre 
oii  elles  doivent  être  cultivées,  ibid, 
•Comment  on  doit  les  planter.  338. 
Feuilles  d' Arbres  pourries,  (les}  foùt  le  fu¬ 
mier  le  plus  naturel  pour  chaque  plante 
dans  fon  efpèce.  yp.  Quels  Arbres  fbur- 
niflént  les  meilleures  feuilles  pour  du 
fumier,  ibid. 

Février.  Quelles  font  les  herbes  potagères 
qu’il  faut  femer  dans  ce  mois,  2pj.  Au¬ 
tres 


/ 


TABLE  DES  MATIERES. 


très  chofes  à  pratiquer,  ihîd.  fuîv. 
Quels  font  les  fruits,  les  herbes  pota¬ 
gères  ,  les  fleurs ,  qu’on  a  dans  ce  mois 
293- 

Fiente  de  Pigeon ,  de  Poule.  Voyez  Pigeon , 
Poule. 

Figues  (les)  font  quelquefois  produites  par 
du  bois  de  la  même  année.  1 13.  Quel¬ 
les  font  les  meilleures.  120.  Quelles  font 
celles  qui  réfiftent  le  mieux  à  l’humidi¬ 
té.  154.  Pourquoi  les  Figues  qui  vien¬ 
nent  en  plein  air,  font  meilleures  que 
celles  qui  croiffent  fur  desEfpaliers  155. 
Diverfes  fortes  de  Figues,  ibid.  Defcrip- 
tiou  de  la  Ronde-blanche,  ibid.  &  de  la 
Longue  •  blanche,  ibid.  Figues  rouges 
en  dedans,  ibid.  Figues  violettes  ou 
pourprées  en  dedans,  ibid.  Figues  grifes. 

Figuiers.  De  quelle  manière  on  les  multi¬ 
plie.  80,  154.  Comment  on  doit  lescqn- 
ferver  en  hiver,  ibid.  Grande  quantité 
de  racines  qu’ils  poulTent.  ibid.  Manière 
de  les  planter,  &  quelle  forte  de  terre 
ils  aiment,  ibid.  Quels  font  les  Figuiers 
qui  produifent  le  plus.  155.  Tems  au¬ 
quel  on  doit  les  tailler,  ioid. 

Fleurs.  Quel  efl  le  nombre  des  feuilles  de 
la  plupart  des  Fleurs  à  fruits.  114.  Pour¬ 
quoi  iln’eft  pas  bon  que  les  Fleurs  relient 
longtems  à  s’épanouir,  ibid.  Remarques 
générales  fur  les  Fleurs.  41 1 ,  412. 

Fonds  de  terre.  Ce  que  c’ell.  40.  Qualités 
qu’ils  doivent  avoir  pour  être  bons.  ibid. 
Pourquoi  un  terrain  uni  ell  préférable  à 
celui  qui  ell  litué  dans  des  vallées  ou  fur 
des  montagnes,  ibid.  Qüels  doivent  être 
les  Fonds  dellinés  à  la  culture  des  her¬ 
bes  potagères,  des  fleurs,  &c.  41.  Na¬ 
ture  des  Fonds  de  Hollande,  fè/d.  Quels 
font  les  Fonds  marécageux.  Idée  des 

Fonds  fablonneux.  ibid.  &;  des  fangeux. 

43.  Quels  font  les  meilleurs  de  tous. 

44.  Combien  il  ell  néceflaire  d’exami¬ 
ner  fcrupuleufement  le  Fonds  de  terre 
qu’on  doit  choilir  pour  une  Maifon  de 
Campagne,  ibid.  De  quelle  manière  &  en 
quelle  faifon  les  Fonds  doivent  être 
travaillés.  4.6.  Pourquoi  on  ne  doit  pas 
bêcher  les  terres  gralTes  dans  les  gran¬ 
des  chaleurs  de  l'Eté,  ibid.  Comment  on 
doit  amender  les  Fonds'  qui  font  deve¬ 


nus  llériles ,  foit  naturellement ,  foit  pour 
avoir' trop  produit.  51.  Quelles  font  les 
chofes  les  plus  propres  à  fumer  les  ter¬ 
res.  52.  Pourquoi  les  Anciens  mêloient 
parmi  le  falpêtre  de  la  lie  d’huile  ,  & 
pourquoi  Columelle  prétqnd  qu’en  fe 
fervant  pour  fumer,  de  l’urine  de  fix 
mois ,  mêlée  avec  de  la  lie  d’huile ,  il 
ne  faut  pas  qu’on  y  trouve  du  fel  parmi. 
53.  La  même  manière  de  fumer  n’a  pas 
les  mêmes  effets  dans  tous  les  endroits, 
^3.  Pourquoi  on  ne  doit  employer  le 
fumier  que  comme  un  moyen  qui  remé¬ 
die  à  ce  qui  efl  défeélueux.  ibid.  Ob- 
fervations  â  faire  lorfqu’il  efl  queftion 
de  fumer,  ibid.  ^  fuiv.  Pourquoi  les  Po¬ 
tagers  qui  produifent  des  Légumes,  doi¬ 
vent  être  fumés  au  commencement  du 
Printems.,  54.  Pourquoi  il  ne^  faut  pas 
fumer  en  Eté.  ibid.  Différentes  qualités 
des  Fonds  de  'terre.  274  Comment  on 
peut  les  rendre  fertiles,  ibid. 

Fontaines.  Quelles  doivent  être  les  Fon¬ 
taines  des  Maifons  de  Chaffe.  ii. 

Foppen-Peer .  Defeription  de  cette  Poire. 
130. 

Fojjés  (les)  des  Maifons  de  Campagne  doi¬ 
vent  être  foigneufement  nettoyés,  ii.  A 
quoi  on  donne  le  nom  de  Foffés.  33.  Ma¬ 
nière  de  lescreufer.  îèfd.  Defeription  des 
petits  Foffés.  ibid.  Quelle  efl  la  maniè¬ 
re  la  plus  avantageule  de  les  faire,  ibid. 
Foliés  qui  fervent  à  arrêter  les  Befliaux 
&  à  les  abreuver.  37.  Comment  on  doit 
prévenir  les  éboulemens  des  bords.  39. 

Fourches  en  ufage  dans  les  Maifons  de 
Campagne.  29. 

Fourneau.  Defeription  d’un  Fourneau 
pour  échaufer  les  Serres.  282. 

Fraifes.  Quelles  qualités  elles  doivent  a- 
voir  pour  être  bonnes.  121'.  Comment 
on  les  multiplie.  340.  Terre  qui  leur 
convient,  ibid.  Leurs  différentes  efpè- 
ces.  ibid.  Quelles  font  les  meilleures, 
ibid.  Pourquoi  elles  viennent  mieux 
dans  les  endroits  qui  font  un  peu  à  l’om¬ 
bre.  ibid.  Comment  on  les  préferve  du 
froid.  341.  Tems  auquel  on  doit  les 
tranfplanter.  ibid. 

Framboifes.  Quelle  doit  être  leur  couleur. 
119.  Arbrifleau  fur  lequel  elles  crois- 
fent.  157.  Elles  ne  croiffent  pas  dans 

kf 


» 


TABLE  DES  MATIERES. 


les  bo's  en  Hollande,  ihid.  Comment 
on  multiplie- ces  Arbrifleaux.  ibiû.  Quel¬ 
les  font  les  .meilleures  fortes  de  Fram- 
b’oifes  ihid.  âf  fuiv. 

Franken  daelders,  RaiGns  ainû  nommés  en 

.  Hollandois.  175.  Leur  defcription.  i8i. 
Leur  origine.  187. 

Franfe  Kaneel-Peer.  Ce  que  c’efl:  que  la  Poi¬ 
re  qui  porte  ce  nom  en  Hollandois.  125. 

Frêne  (\q)  ne  fe  multiplie 'que  de  femence. 
204.  Quels  font  les  meilleurs  Frênes. 
ihid.  Dans  quelles  terres  ils  croiflent  le 
mieux,  ibid.  Qualités  de  leur  bois.  205. 

Frêne  Sauvage ,  ou  Frêne  de  Montagne.  Re¬ 
marques  fur  cet  Arbre.  210. 

Friche.  D’oii  vient  cette  expreflîon ,  laîs^ 
fer  les  terres  en  friche.  52. 

Froid.  DéGnition  du  Froid.  218*  Effets 
qu’il  produit.  224.  Manière  d’empêcher 
le  frdid.  244.  Combien  le  froid  de  la 
nuit  efl  néceflTaire  pour  la  pouffe  &  la 
nourriture  des  plantes.  264,  266. 

Frontignac. .  Defcription  de  cette  forte  de 
Railin.  188. 

Fruits.  Remarque  fur  les  fruits  à  longue 
queue.  114.  A  quoi  on  donne  le  nom 
de  Fruits,  ibid.  Pourquoi  il  ne  convient 
pas  que  les  fruits  foient  trop  expofés  au 
Soleil,  116.  Qualité  des  fruits  qui  ont 
été  cueillis  avant  leur  maturité.  117. 
Quels  font  les  fruits  les  plus  agréables. 
ibid.  Fruits  qui  ne  font  bons  que  quel¬ 
que  tems  apres  avoir  été  cueillis,  ibid. 
Quels  font  les  indices  généraux  de  la 
maturité  des  fruits,  ibid.  Fruits  qu’il  faut 
traiter  délicatement,  ibid.  Si  les  fruits 
les  plus  gros  l^t  meilleurs  que  les  plus 
petits,  ibid.  Qualité  des  fruits  des  Ar¬ 
bres  trop  chargés.  119.  Et  de  ceux  qui 
s’aigriflent  en  pourriffant.  121.  D’oh 
vient  la  différence  des  fruits  dans  cha¬ 
que  efpèce  de  ceux  qui  viennent  de,  fe¬ 
mence.  ibid. 

Fumer  les  terres.  Ufage  qu’on  fait  des  ex- 
crémens  des  Animaux  pour  fumer  les 
terres.  52.  La  même  manière  de  les  fu¬ 
mer  n’a  pas  les  mêmes  effets  dans  tous 
les  endroits.  53.  Quels  font  les  Fonds  qui 
doivent  être  fumés  dans  lePrintems.  54, 

Fumier.  Fonds  de  terre  qui  ne  parviennent 
jamais  à  un  bon  état  que  par  le  moyen 
du  Fumier.  51.  Différentes  fortesdeFu- 


mier.  55.  De  quoi  le  Fumier  de  Vache 
efl:  compofé.  5<5.  &  comment  on  le  per- 
feélionne.  ibid.  Dans  quels  cas  on  doit  le 
préférer  à  tout  autre  Fumier.  57.  Ufage 
fréquent  qu’on  en  fait  en  Hollande,  de 
môme  que  de  Celurde  Cheval,  ibid.  En 
quoi  le  Fumier  de  Vache  diffère  de  celui 
de  Cheval,  ibid.  Le  Fumier  de  Mouton 
plus  chaud  que  celui  de  Cheval,  mais 
moins  propre  à  fertilifer  la  terre  ,  & 
pourquoi.  58.  Pourquoi  le  Fumier  de 
Cochon  étoic  regardé  comme  inutile 
chez  les  Anciens,  ibid.  Son  utilité  dans 
les  fonds  arides.  «.Fumier  de  Limon, 
de  Boue,  de  Boue  dépavé,  de  feuil¬ 
les  d’arbres  pourries  ,  de  Plantes,  ibid. 
êâ  fuiv.  Chaleur  que. produit  le  Fumier 
de  Cheval.  285.  Son  ufage  pour  rechau- 
fer  la  terre  en  Hiver  &  auPrintems  fous 
des  vitres.  28<5.  Pourquoi  il  fait  peu 
d’effetdans  les  mois  de  Novembre,  Dé¬ 
cembre  &  Janvier,  ibid. 

G. 

GAJfe.  Sorte  d’inflruraent  néceffaire  dans 
les  Maifons  de  Campagne.  32. 
Gelderfe-Kruis.  Pomme  qui  porte  ce  nom 
en  Hollandois.  133.  Sa  defcription. 
ibid. 

Gelée.  Ce  que  c’efl.  218.  Moyen  d’empê¬ 
cher  la  gelée.  244. 

Génévrier,  en  Lmn  Arbor  vitæ.  Pourquoi 
iln’eft  pas  avantageux  d’en  planter  pour 
des  Haies.  207. 

Germain  (la  Poire  St.},  nommée  auflîPot- 
re  de  V Arteloire  &  l' Inconnue  de  la  Fare. 
12S.  Sa  defcription.  ibid.  Sa  qualité. 
ibid.  jufqu’à  quel  tems  on  peut  la  garder. 
ibid.^  Idée  de  l’Arbre  qui  la  porte,  ibid. 
Giroflées  (les)  pourprées  &  jaunes.  De 
quelle  manière  on  les  multiplie.  82. 
Gifambert.  Poire  ainfl  nommée,  127.  Voyez 
Beuré  ou  Poire  d’Anjou. 

Goe-zoet.  Voyez  Bloni'zoet. 

Grefe.  Voyez  Grefer. 

Grefer,  Quel  efl:  l’avantage  qu’on  retire 
lorfqu’on  grefe.  py.  Pourquoi  on  ne 
grefe  pas  les  fruits  à  noyau  fur  la  même 
efpèce  de  Sauvageons,  pd.  Succès  avec 
lequel  on  grefe  en  Hollande  fur  de  pe¬ 
tites  Prunes  bleuâtres,  les  Pêches  qu’on 

‘  grc- 


TABLE  DES 

grefe  en  France  fur  des  Amandiers.  96. 

Creftr,  Pourquoi  il  ne  faut  jamais  grefer 
des  Pêches  fur  des  Sauvageons  de  fouche 
de  Pruniers ,  fur  lesquels  on  a  grefé  des  A- 
bricots.  97*  Combien  il  elt  néceflaire 
de  faire  attention  au  tems  quand  on  gre¬ 
fe.  ihid.  Inconvénient  qu’il  y  a  de  gre¬ 
fer  lorsqu’il  fait  du  brouillard  ou  de  la 
pluie,  jôîd.  Quel  eft  le  tems  le  plus  pro¬ 
pre  po*ur  grefer.  ibid.  Outils  dont  on  fe 
fert  pour  cette  opération,  ibid.  Moyen 
qu’on  emploie  pour  mettre  à  l’abri  de 
l’air  ce  qui  a  été  grefé.  ibid.  Ce  que 
c’eft  que  grefer.  102.  De  combien  de 
manières  on  grefe.  ibid.  Ce  que  c’eft 
que  la  grefe  à  œil  dormant,  ibid.  Quel 
eft  le  tems  ordinaire  pour  grefer  de  cet¬ 
te  manière,  ibd.  Pourquoi  les  arbres 
venus  d’une  feule  grefe  font  les  meil¬ 
leurs.  104. 

Grele.  Pourquoi  elle  produit  la  fertilité. 
269.  Dommage  qu’elle  caufe  aux  Plan¬ 
tes.  ibid. 

Griotes,  Cerifes  ainfi  nommées^  136.  Leur 
defcription.  ibid.  &  des  arbres  qui  les 
produifent.  ibid. 

Grottes.  En  quoi  confifte  leur  beauté  & 
leur  propreté.  9.  Comment  elles  doi¬ 
vent  être  placées.  12. 

Groupes.  Comment  on  doit  les  placer  dans 
les  Maifons  de  Campagne.  12,  13. 

Grofeilles.  Comment  on  les  multiplie,  & 
dans  quelle  faifon.  81.  ArbrifTeaux  fur 
lesquels  elles  croiflent.  158.  Quels  fonds 
leur  conviennent  le  mieux,  ijp. 

Grofeilles  Remarque  fur  la  couleur 

de  ce  fruit.  1 19.  . 

Grofeilles  noires  (les)  s’aîgriiTent  quand  el¬ 
les  font  trop  mûres.  119-  Pourquoi  on 
en  trouve  de  gros  &  de  petits  grains  à 
la  même  grape.  158-  Defcription  des 
ArbrifTeaux  fur  lelquels  cllea  croifTent. 
ibid. 

Grofeilles  rouges.  Quelle  forte  de  rougeur 
elles  doivent  avoir.  119.  Regardées 
comme  étant  les-meilleures.  158. 

Grofeilles  vertes,  connues  en  Hollande  fous 
le  nom  de  Kruys  bezien.  129.  Leurs  dif¬ 
férentes  fortes,  ibid  ArbrifTeau  fur  le¬ 
quel  elles  croilTent.  159-  Quelles  font 
les  meilleures  pour  être  étuvées.'  ibid. 
Guimui'e.CommQnt  clk  fe  multiplie. 80,2 13 


MATIERES. 

Sa  defcription.  ibid. 

H. 

Haies.  Pourquoi  les  Haies  d’une  Maifoa 
de  Campagne  qu’on  peut  envifagerdu 
même  coup  d’œil ,  doivent  être  de  la 
même  forte  d’arbres  &  du  même  verd.  10. 
Quelles  font  les  plus  belles  Haies  ton¬ 
dues.  II.  Pourquoi  les  Haies  qu’on 
plante  dans  des  Jardins  pour  fervir  de 
féparation ,  doivent  être  placées  du  moins 
à  ûx  pieds  de  diftance  du  bord  de  l’eau. 
94.  Comment  on  doit  faire  les  Haies 
qui  fervent  d’ornement.  19J.  Et  celles 
qui  doivent  fervir  de  brifevents.  ibid. 
Arbres  les  plus  propres  pour  des  Haies. 
ibid.  Toutes  les  belles  Haies  doivent 
être  mifes  à  couvert  des  vents  furieux 
par  d’autres  arbres.  197.  Pourquoi  on 
ne  doit  tondre  qu’une  fois  par  an  toute 
forte  de  Haies.  138. 

Haricots.  Voyez  Hves  blanches. 

Herbe  aux  Chats.  Comment  on  la  multiplie. 

341.  Moyen  d’en  écarter  les  Chats,  ibid. 
Herbe  aux  Cuillers.  Cette  Plante  fe  cultive 
quelquefois  dans  les  jardins  ,  &.  pour¬ 
quoi.  341.  Effet  que  produit  fur  elle  la 
gelée,  ibid.  Regardée  comme  une  Sala¬ 
de  délicieufe  dans  Tlle  de  Spits -  bergen. 
ibid. 

Herbes.  Quelles  font  les  Plantes  auxquel¬ 
les  on  donne  ce  nom.  72.  Leurs  diffe¬ 
rentes  fortes.  74.  Leurs  fexes.  ibid. 
Herman.  (le  Profeffeur),  cité.  383. 

Herfe  nécelTaire  pour  les  Maifons  de  Cam¬ 
pagne.  28. 

Herfeer.  Arbre  auquel  les  Hollandois  don¬ 
nent  ce  nom.  208.  Nature  de  fon  bois. 
ibid. 

Hêtre,  üfage  qu’on  en  fait  pour  des  Haies. 
196.  Deux  efpèces  de  Hêtre.  199.  Com¬ 
ment  il  fe  multiplie.  200. 

Heuning-bloem.  Arbriffeau  auquel  les  Hol¬ 
landois  donnent  ce  nom.  214. 

Hollande.  Quelles  fortes  de  fruits  y  crois* 
fent  facilement.  1 15. 

Hûolaart  (Zoete').  Voyez  Zoeîe  Hoolaart. 
Houx.  Comment  cet  Arbre  fe  multiplie, 
80.  Quelle  forte  de  Haies  on  en  fait. 
196.  Il  eft  fujet  à  fe  geler  jufqu’à  la  ra. 
cine.  197.  Jufqu’à  quelle  hauteur  il  mon- 
Hhh  te. 


TABLE  DES  MATIERES. 


te.  197.  Comment  il  fe  multiplie.  205. 
Sa  delcription.  ibid.  Diverfes  efpcces 
de  Houx,  ibid, 

Hyjjbpe.  Ufagc  qu’on  fait  de  cette  Plante 
dans  les  maladies  du  Poumon.  342. 

I. 

JJn  Aremlfe.  Sorte  de  Cerifes  auxquelles 
on  a  donné  ce  nomen  Hollandois.  138. 
Janvier.  Quelles  font  les  chofes  qu’il  faut 
faire  dans  une  Campagne  pendant  le 
mois  de  Janvier.  290.  Quels  fruits  on  a 
dans  ce  mois.  291.  Quelles  herbes  po¬ 
tagères  &  quelles  fleurs,  ibid. 

Jardin  potager.  Plan  d’un  Jardin  potager 
pour  y  cultiver  des  fruits  fins  &  déli¬ 
cats.  305.  Explication  de  ce  Plan.  305. 
Lifte  des  fruits  d’un  Jardin  potager.  3 20, 
^  fuiv.  Manière  de  cultiver  ces  fruits. 
^21,  ^fuiv.  Voyez  Potagers. 
Jardinage.  Amufement  du  Jardinage  pen¬ 
dant  chaque  mois  de  l’année.  290. 
Jardinier.  Quelles  font  les  qualités  que 
doit  avoir  un  Jardinier.  21.  Pourquoi  il 
doit  être,  robufte.  ibid.  â?  fuiv.  Si  le 
Propriétaire  d’une  Maifon  de  Campagne 
doit  faire  choix  d’un  Jardinier  (^ui  ait  des 
enfans  ,  ou  d’un  Jardinier  qui  n’en  ait 
point.  22.  Occafions  qu’il  a  de  devenir 
infidèle.  23.  Quels  doivent  être  fes  ga¬ 
ges.  ibid.  A  quoi  on  doit  l’occuper.  24. 
te  qu’il  faut  faire  dans  le  cas  oh  il  abe- 
foin  d’un  grand  nombre  d’Ouvriers  qui 
travaillent  fous  lui.  ibid. 

Jardins  de  Plaifance.  Voyez  Campagne 
(Maifons  de'). 

Jasmin.  Difl-'érentes  efpèces  de  Jafmin. 
•  214.  Defeription  du  Jafmin  de  Perfe. 
ibid.  Ce  que  c’efl:  que  le  Jafmin  blanc 
iauvage.  ibid.  Et  le  Jafmin  blanc  de  Ca- 
i  talogne.  ibid. 

JetS‘d"eau.  Comment  on  doit  les  placer 
•  dans  les  Maifons  de  Campagne.  13. 

Jf.  De  quelle  manière  cet  Arbre  fe  mul¬ 
tiplie.  82.  H  réfifte  mieux  à  la  gelée 
que  le  Houx.  I9<5.  Nommé  en  Latin 
jîrbor  mortis.  205.  Dans  quelle  forte  de 
terre  il  croît,  ibid.  Sa  femence  produit 
plufieurs  efpèces  différentes.  2o(S.  Dans 
quels  endroits  il  faut  le  planter  en  Hol¬ 
lande.  ibid.  Haies  d’If,  &  ce  qu’il  faut 


faire  pour  les  entretenir,  ibid. 

Inconnue  de  la  Fare  (J).  Voyez  GermcHn 
(la  Poire  St.). 

Joubarbe ,  forte  d’Arbriffeau.  Comment  on 
le  multiplie., 321. 

Ifamhert  le  bon.  Poire  qui  porte  ce  nom 
127.  V oyez  Beuré  OM  Poire  d’Anjou. 

Juillet.  Détail  des  chofes  qu’il  faut  faire 
dans  une  Campagne  pendant  le  cours 
de  ce  mois.  299.  Quelles  fortes  de 
fruits ,  de  fleurs,  de  légumes  on  y  a. 
ibid. 

Juin.  Ce  qu’on  doit  pratiquer  dans  une 
Campagne  pendant  le  cours  de  ce  mois. 
298.  Quels  en  font  les  fruits,  les  fleurs, 
les  légumes ,  les  herbes  potagères,  ibid. 


KAmper ,  &  Kamper  •  Venus  •  Peer,  Poire 
ainfi  nommée  en  Hollandois,  &  con¬ 
nue  des  Romains  fous  le  nom  de  Pirum 
Venereum.  1 29.  Sa  qualité,  ibid.  ^  fuiv. 
Kannetjes- Appel ,  ou  Pomme  d’ Oignon.  De* 
feription  de  cette  Pomme.  133.  Et  de 
l’arbre  qui  la  porte.  134. 

Kraei-bekjens.  Sorte  de  Noix  auxquelles  les 
Hollandois  donnent  ce  nom.  162. 

Kriek  van  den  Broek.  Cerifes  qui  portent 
ce  nom  en  Hollandois.  139.  Regardées 
comme  les  plus  greffes  de  toutes  les 
Merifes.  ibid.  Defeription  de  l’arbre 
qui  les  produit,  ibid. 

Kruyd  -  Appel.  Pomme  ainfi  nommée  en 
Hollandois.  133,  Sa  qualité,  ibid, 

L. 

ILjAan  (Adrien  van  àer)^  cité.  186. 

Laan  (vroege  van  der).  Raiün  ainfi  nom¬ 
mé,  &  pourquoi.  i8d. 

Laeuvûjes-Peer^  Defeription  de  cette  Poi^ 
re  &  de  l’Arbre  qui  la  produit.  130. 
Laitues.  Leurs  différentes  efpèces.  363. 
Laitues  pommées,  nommées  en  Hollan¬ 
dois  Krop’Salade  ou  Sluit  Laîowm ,  & 
combien  il  y  en  a  de  fortes,  ibid.  Ce 
que  c’efl:  que  la  Kloojier-Krop.  ibid.  &  la 
Prince ’Krop.  ibid.  Defeription  de  la 
Blanke-Haegfe-Krop.  ibid.  Qualités  delà 
Laitue  Romaine,  ibid.  &  de  la  Laitue 
rouffâtre  ou  Rood^batrd.  364.  Terre 

qui 


TABLE  DES 

/ 

qui  convient  aux  Laitues  pommées.  364. 
Maladie  à  laquelle  elles  (ont  fujettes.  z- 
bid.  Celles  qu’on  tranfplante  en  Auton- 
ne  moins  belles  que  celles  qui  viennent 
defemence,  &  croiflent  au  môme  endroit 
oîi  on  les  a  femées.  ibid.  Pourquoi  on 
ne  doit  pas  recueillir  la  graine  des  Lai¬ 
tues  femées  en  Auton  ne.  ibid.  En  quel 
tems  on  doit  femer  les  Laitues  d’ Auton; 
ne.  3(55.  De  quelle  forte  de  graine  oiî 
doit  alors  fe  fervir.  tôfii.  Tems  auquel 
il  faut  femer  les  Laitues  hâtives  d’Eté. 
ibid.  Efpèce  de  Laitue  de  Brabant  à 
grandes  feuilles  frifées,  &  fes  qualités. 
ibid.  Sorte  de  Laitues  pommées  nom¬ 
mées  Chavonfe-Krop- Salade,  ibid.  DifFé- 

•  rentes  efpèces  de  Laitues  qui  ne  pomment 
point,  ibid.  Leurs  qualités,  comment 
on  les  feme,  en  quels  endroits,  &  de 
quelle  manière  on  les  cueille.  ihÙL.  Les 
petites  Laitues  frifées  plus  dures  &  moins 
délicates  que  les  communes*  366.  Ce 
que  c’eft  que  celles  qu’on  nomme  Cor¬ 
nettes,  ibids. 

Lavende.  De  quelle  manière  elle  fe  mul¬ 
tiplie.  412. 

Lauriers.  Comment  on  multiplie  ceux  dont 
la  tige  eft  droite.  82.  Ces  ArbriflTeaux 
diftingués  en  plufieurs  efpèces.  342. 
Comment  on  multiplie  le  Laurier  franc. 
ibid. 

Laurier  -  Cerife  à  feuilles  vertes  luifantes , 
connu  en  Latin  fous  le  nom  de  Laurus- 
Cerafus.  215.  Diftingué  en  deux  efpè¬ 
ces.  ibid.  Sa  defcription.  ibid.  Com¬ 
ment  il  fe  multiplie,  ibid. 

Lierre.^  Quelle  eft  la  meilleure  efpèce.  210. 
Comment  il  s’attache  en  montant,  ibid. 
Endroit  oh  il  Qxoit.ibid.  Comment  il  fe 
multiplie,  ibid.  De  quelle  manière  on  doit 
couper  les  branches  fuperflues.  2  II.  Une 
détruit  pas  les  murailles  bien  maçonnées 
&  bien  jointes,  ibid.  Pourquoi  il  eft  funefte 
aux  vieilles  murailles  dont  la  chaux  eft 
ufée,  &  qui  ont  de  larges  jointures,  ibid. 
Inconvénient  du  gros  Lierre,  ibid.  Avan¬ 
tage  qu’on  en  retire  en  le  plantant  &  en  le 
faifant  croître  contre  le  dos  des  four¬ 
neaux  &  des  Orangeries,  ibid. 

Ligujîrum.  Voyez  Troefne. 

Limonnier  (le)  devient  moins  gros  que  l’O¬ 
ranger.  572.  Il  réfifte  mieux  au  froid 


M  A  T  1  E  R  E  S. 

&  aux  pluies  d’Anton  ne  que  le  Cédrac.’ 
ibid.  Diverfes  efpèces  de  Limonniers.* 
373.  Comment  on  les  multiplie,  ibid. 
^fuiv.  Manière  de  tailler  leurs  bran¬ 
ches.  380. 

Limons.  Quelle  doit  être  leur  couleur. 
120. 

Lin.  Pourquoi  on  feme  en  Hollande  de  la 
graine  de  Lin  qui  a  été  recueillie  dans  le 
yoifmage  de  la  Mer  Baltique.  31 1. 

Lis.  Comment  ces  Fleurs  fe  multiplient. 
412. 

Lune  ^  ÇDe7ni-Lune).  Sorte  d’Outil,  Sa 
defcription.  30. 

Luyt-bout.  Voyez  Planes. 

M. 

MAagden.Peer.  Poire  connue  en  Hollan- 
dois  fous  ce  nom.  130.  Sa  defcription. 
ibid.  Et  de  l’Arbre  qui  la  produit.  î- 
bid. 

Madame  Suprême.  Poire  ainfi  nommée. 

124.  Voyez  Poire  Madame  Suprême. 
Mages-Tanges.  En  quel  endroit  des  Serres 
on  doit  placer  ces  Plantes.  406.  Païs  oh 
elles  naiflent  naturellement.  407.  Leur 
defcription.  ibid. 

Mai.  Ce  qu’on  doit  faire  dans  une  Mai- 
fon  de  Campagne  pendant  le  cours  de  ce 
Mois.  297.  Fruits,  Fleurs,  Légumes 
qu’on  a  alors,  ibid.  ^  fuiv. 

Maifons  de  Campagne.  Voyez  Campagne 
(Maifons  de). 

Marcottes.  Comment  on  les  fait.  82. 
Marjolaine.  Ses  différentes  efpèces.  342. 

Comment  on  multiplie  la  plus  âne.  'ibid. 
Mars.  Pourquoi  ce  Mois  occupe  le  plus 
de  tous  dans  les  Maifons  de  Campagne, 
294.  Ce  qu’il  faut  faire  alors,  ibid. 
Fruits,  &c.  de  ce  Mois.  295,  296. 
Marfemine  di  Vincenxa.  Raifins  ainli  nom¬ 
més.  188. 

Martagons.  De  quelle  manière  ces  Fleurs 
fe  multiplient.  412. 

Marteau  crochu  de  fer  pour  arracher  des 
doux.  30. 

MeliJJe.  Ufage  qu’on  en  fait  dans  les  Ra¬ 
goûts.  342.  Eau  qu’on  en  tire,  de  quel¬ 
le  manière,  &  à  quoi  elle  fert.  ibid. 

Melons.  Chaleur  qui  leur  convient.  342. 
Soin  qu’il  faut  prendre  pour  qu’ils  meu- 
Hhh  2  xil- 


V 


TABLE  DES  MATIERES. 


riflent  comme  il  faut  en  Hollande.  343. 

Pourquoi  on  n’en  doit  pas  commen¬ 
cer  la  culture  avec  le  fumier  de  Cheval 
avant  la  mhMars.  343.  Les  Melons  di- 
Itingués  en  plufieursefpèces.  ibid.  Quels 
font  ceux  qui  font  connus  en  Hollande 
fous  les  noms  de  Sbepfels  &  de  Klevers. 
ibid.  Grofleur  des  Melons,  leur  figure, 
leur  couleur,  leurs  qualités,  ibid.  Les  Me¬ 
lons  lifies,  ou  qui  ont  l’écorce  unie,  re¬ 
gardés  comme  étant  rarement  agréables 
au  goût.  ibid.  Melons  nommés  Cantalou- 
pes.  ibid.  Quels  font  ceux  qui  font  connus 
en  Hollande  fous  le  nom  Spek^Meloenen. 
ibid.  Mauvaifes  qualités  de  ceux  qui  ont 
la  chair  verdâtre,  le  goût  fade,  doux, 
h  qui  font  aqueux  &  fans  faveur,  ibid. 
Defeription  des  Melons  d’eau,  ibid.  Dif¬ 
férentes  efpèces  de  Cantaloupes.  344. 

•  Comment  on  peut  juger  extérieurement 
de  la  bonté  des  Melons,  ibid.  De  quel¬ 
le  forte  de  Melons  il  faut  recueillir  la 
graine,  &  foin  qu’on  doit  en  avoir,  ibid. 
Ce  qu’il  faut  obferver  avant  que  de  lafe- 
mer.  ibid.  Au  bout  de  combien  de  tems 
elle  commence  à  lever.  345.  Soin  qu’il 
faut  prendre  des  jeunes  Plantes  de  Me¬ 
lons.  ibid.  Ce  qu’il  faut  faire  quand  el¬ 
les  pouffent  de  trop  longs  bras.  ibid.  Mo- 
-yen  de  défendre  les  Plantes  des  Melons 
contre  les  Infeéles  &  la  trop  grande  ar¬ 
deur  du  Soleil,  ibid.  Tems  de  lestranf- 
planter.  ibid.  Et  comment  fè  doit  faire 
cette  tranfplantation.  3|(5.  Comment 
on  les  accoutume,  après  avoir  été  tranf- 
plantés ,  à  fuporter  la  chaleur  du  Soleil. 

•  ibid.  Pourquoi  on  ne  doit  pas  placer 
enfemble  des  Melons  de  différentes  ef* 
pèces.  ibid.  Comment  &  avec  quoi  on 
doit  les  couvrir,  ibid.  Dans  quel  cas  on 
peut  les  lailTer  en  plein  air&  ftns  vitres. 
347.  Tems  de  les  couvrir  &  de  les  dé¬ 
couvrir.  ibid.  Quelles  font  les  branches 
qu’il  faut  couper  aux  Plantes,  lorfqu’el- 
ks  croilfent  avec  trop  de  vigueur,  ibid. 
Précautions  dont  on  doit  ufer  dans  cet¬ 
te  occafion.  ibid.  Quelles  font  lesftèurs 
dont  il  faut  les  dégarnir,  ibid.  Moyen 
de  faire  amender  le  fruit,  ibid.  &  fiiiv. 
Marque  à  laquelle  on  peut  connoîtreque 
les  petits  Melons  viendront  à  bien.  348. 
Maladies  do  ces  Plantes,  ibîd^  Moyens 


de  les  empêcher  de  mourir,  ib'd.  Pour¬ 
quoi  il  faut  les  couvrir  quand  il  fait  de 
forces  pluies  chaudes,  ibid.  Comment 
on  doit  agir  quand  les  fruits  ont  aquis  la 
moitié  de  leur  grofTçur,  ibid.  De  quel¬ 
le  manière  il  faut  affujectir  les  Plantes. 
ibid.  Remarque  fur  les  petits  Melons. 
349.  D’oh  dépend  la  maturité  des  Me¬ 
lons.  ibid.  Tems  de  la  maturité  de  quel¬ 
ques  efpèces.  ibid.  Les  Plantes  qui  vien¬ 
nent  mal  produifenc  ordinairement  de 
meilleure  heure  des  fruits  mûrs,  mais- 
moins  agréables  au  goût.  ibid.  Quelle 
forte  de  chaleur  ils  doivent  avoir  pour 
qu’ils  foient  bons.  ibid.  En  quel  tems 
il  les  faut  mettre  fur  de  petites  tuiles  ou 
fur  des  ardoifes,&  dans  quelle  vue.  ibid, 
Tems  auquel  il  faut  les  cueillir,  ibid. 
Mente.  De  combien  il  y  en  a  d’efpèces. 
3TO.  Comment  elle  fe  multiplie,  ibid. 
Terre  qui  lui  convient,  ibid.  Comment 
on  la  cueille,  ibid. 

MérifeSi  forte  de  Cerifes.  Comment  ou 
peut  juger  de  leur  maturité.  119.  Quel¬ 
le  doit  être  leur  couleur,  ibid.  Diflin- 
guées  en  Mérifes  fauvages,  61  Mérifes 
affranchies  par  la  Grefe.  135.  Différen¬ 
tes  fortes  de  Mérifes  fauvages.  D’oîi 
vient  la  différence  de  leur  fruit.  Com¬ 
ment  on  les  grefe.  ibid.  Les  Mérifes  noi¬ 
res  regardées  comme  les  plusgroffes  des 
Mérifes  fauvages.  139.  Mérifes  con¬ 
nues  en  Hollandoisfous  le  nom  deKriek 
van  àen  Broek.  ibid.  Leur  defeription  , 
&  celle  de  leurs  Arbres,  ibid. 

Meures.  Quelle  efl  leur  couleur  lorfqu’el- 
'  les  ont  aquis  leur  maturité.  119.  Cou¬ 
leur  des  Meures  fauvages.  dbid.  Et  des 
Meures  de  Renard,  ibid.  Defeription  de 
ces  fruits.  156.  A  quoi  on  donne  le  nom 
de  fauffes  Meures.  157.  Voy^z  Meuriers, 
Meures  fauvages  qui  croilfent  fur  des  Ron¬ 
ces.  157.  Sous  quel  nom  elles  font  con¬ 
nues  des  Grecs,  ibid.  Comment  on  les 
diflingue  des  autres,  ibid.,  Defeription 
de  l’Arbriflùau  qui  les  porte,  ibid. 
Meiiriers  ("les}  meurent  fouvent  lorfqu’ils 
font  en  plein  vent,,  mais  rarement  lorf¬ 
qu’ils  font  en  Efpaliers.  ijd.  Comment 
on  les  multiplie,  ibid.  Leur  defeription. 
ibid.  Difiingués  en  diverfes  efpèces. 
Michel  (^Boîre  de  St.),  Voyez  Beuré  blanc. 

Mült 


TABLE  DES  MATIERES. 


Mills»  Ce  que  c’eft  que  cette  Plante, 
comment  on  la  multiplie,  ik  comment 
on  la  mange.  350. 

Millepertuis  (le^D’étoit  pas  connu  des  An¬ 
ciens,  &  n’a  été  connu  en  Hollande  que 
depuis  peu  d’années  qu’on  l’a  apporté  des 
Iles  Canaries.  214.  Sa  defcrlption.  /- 
did.  Comment  cet  Arbrifleau  le  multi¬ 
plie.  ibid^' 

Mirabelles  y  forte  de  Prunes.  Voyez  Pru’ 
nés, 

Mirlicotorif  efpèce  de  Pêche.  Voyez  Pe- 
cbes. 

Montagne  blanche,  forte  de  Pêche.  Voyez 
Pèches. 

Montagne  verte,  efpèce  de  Pêche.  Voyez 
Pècles. 

Morilles.  Ce  que  c’eft  ,  &  oîi  elles  croif- 
lenc.  328.  Leur  defeription.  ibid. 

Moulins  néceflaires  pour  les  grandes  Mai- 
ions  de  Campagne.  26.  Comment  on 
doit  les  entretenir,  ibid.  Quels  doivent 
être  les  Moulins  qui  font  tournés  par 
des  Chevaux.  27. 

MouJJon.  Ce  que  c’eft  que  la  bonne  &  la 
mauvaife  MoulTon.  273. 

Mouton.  Son  fumier  plus  chaud  que  celui 
de  Cheval,  mais  moins  propre  à  fercili- 
fer  la  terre,  &  pourquoi.  58. 

Muguet.  Dequelle  manière  il  fe  multiplie. 
412. 

Multiplication  des  Plantes.  Comment  el¬ 
le  lé  fait  par  des  Sauvageons  de  fouche. 
80.  Arbres  qui  fe  multiplient  de  cette 
manière,  ibid-  Quels  font  ceux  qui  fe 
multiplient  par  ic  moyen  de  branches 
coupées  qu’on  met  en  terre  qui  y  pren¬ 
nent  racine.  81.  Comment  fe  fait  la 
multiplication  par  des  Marcottes ,  ou 
par  des  Provins  couchés  en  terre.  82. 

Murailles.  Quelles  font  les  meilleures  i’or- 
tes  de  Murailles  dans  les  Jardins.  lîo. 
Pourquoi  ces  Murailles  doivent  être  gar¬ 
nies  de  petites  Lates  fort  minces,  ibid. 
Quelles  fortes  de  Murailles  font  d’un 
plus  grand  ufage  dans  les  jardins.  233. 

Mufeat  blanc.  Voyez  Raijins, 

Mujeat  bleu.  Voyez  Raijiîis. 

Mujleum.  Nom  que  les  Latins  donnent  à 
la  Poire  nommée  Bon-Chrétien.  Voyez 
Bon-Chrétien. 

M;^rtles.  Comment  on  les  multiplie.  8r. 


N. 

NAentjeS’Âmandel.  Arbrilfeauainfi  nom¬ 
mé  en  Hollandois.  215.  Diftingué 
en  deux  efpèces.  ibid.  Comment  il  fc 
multiplie,  ibid. 

Naentjes-Oranje.  Ce  que  c’eft  que  cette 
efpèce  d’Orange.  373. 

Narciffes.  De  quelle  manière  ces  Fleurs 
fe  multiplient.  412. 

Nattes  de  paille.  Comment  on  les  fait. 
245.  Ufage  des  Nattes  de  rofeau.  246. 
Moyen  d’en  faire  de  bonnes.  247.  Nat¬ 
tes  à  trois  cordes,  &  à  quoi  elles  peu¬ 
vent  fervir.  ibid.  De  quoi  font  faites  les 
Nattes  à  quatre  cordes,  ibid.  Autres 
Nattes  à  cinq  cordes,  ibid. 

Navets.  Dans  quelle  forte  de  terre  ondoie 
les  cultiver  pourqu’ils  foient  bons.  350. 
Goût  amer  qu’ils  aquièrent  dans  les  ter¬ 
res  graffes.  ibid.  Quels  font  les  plus 
doux  &  les  plus  agréables,  ibid.  Leurs 
différentes  efpèces.  ibid,  Defeription 
de  certains  Navets  longs,  qui  font  ori¬ 
ginaires  de  France,  ibfd. 

Netiorins,  forte  de  Pêches.  Voyez  Pê¬ 
ches. 

Neflss.  Tems  auquel  on  les  cueille.  12 1. 
Comment  elles  meurifient.  ibid.  Voyez 
Neflier. 

Néflier  (le)  diftingué  en  Néflier  franc  & 
Néflier  fauvage.  162.  Comment  on  le 
multiplie,  ibid.  Pourquoi  il  eft  avanta¬ 
geux  de  cultiver  ces  Arbres,  ibid. 

Neige.  Comment  la  Neige  eft  un  bon  pré- 
fervatif  contre  la  gelée.  245. 

Noix.  Il  en  naît  fou  vent  différen  tes  ef¬ 
pèces,  quoique  la  femence  fort  la  mê¬ 
me.  79.  Remarque  fur  les  Noix. 
120.  Diftinguées  en  une  infinité  d’efpè- 
ces.  162.  Defeription  de  celles  qu’oa 
nomme  en  Hollandois  Kraei-bekjens ,  ou 
Becs  de  Corbeau  ibid.  à.  de  celles  qu’on 
appelle  Noix  de  Cologne.  163.  Ce  que 
c’eft  que  les  Noix  à  bouquet,  ibid.  Qua¬ 
lités  des  unes  &  des  autres,  ibid.  Diffé¬ 
rence  entre  les  Noix  Amples  &  les  Noix 
doubles,  ibid.  Voyez  Noyers. 

Noizettes.  Remarque  fur  lesNoizettes.  121, 
Différence  entre  les  Noizettesffranches  6c 
les  Noizettes  fauvages ,  &  qu  t  lies  font  les 
Il  h  h  3  ineil- 


TABLE  DES  MATIERES. 


meilleures.  163.  Comment  on  peut  en 
augmenter  lagroHeur.  163. 

Nohettiers  (les)  diltingués  généralement 
en  Noizectiers  francs  &  Noizettiers  fau- 
vagcs.  1(53.  Comment  on  les  multiplie. 
ibid.  Voyez  Noizettes. 

Novembre,  Ce  qu’il  y  a  à  faire  pendant  le 
cours  de  ce  Mois  dans  les  Mailbns  de 
Campagne.  302.  Fruits,  Légumes  , 
Fleurs  de  cette  faifon.  303. 

Noyers.  Danger  auquel  on  les  expofe  lorf- 
qu’on  lestranfplante  la  même  année.  88. 
Comment  on  les  multiplie.  162.  ^  Une 
très  bonne  efpèce  de  Noyers  produit  lou- 
vent  de  mauvaifes  Noix.  ibid.  Voyez 
Noix, 

O. 

Octobre.  Ce  qu’il  faut  faire  pendant 
le  cours  de  ce  Mois  dans  les  Cam¬ 
pagnes.  301.  Quels  font  les  fruits  de  cet¬ 
te  faifon.  302. 

Oeillets.  Teins  auquel  on  les  marcotte,  & 
de  quelle  manière  fe  fait  cette  opéra¬ 
tion.  83. 

Oeuf  de  i^anneau.  Fleur  qui  porte  ce  nom 
en  Hollandois.  412.  Comment  elle  fe 
multiplie,  ibid. 

Oignons.  Leur  defeription.  350.  Leurs 
différentes  efpèces.  351.  Quels  font 
ceux  qui  réûftent  le  mieux  aux  injures 
de  l’air,  ibid.  Comment  on  les  multi¬ 
plie.  ibid.  De  quelle  manière  il  faut  les 
•  femer.  ibid.  Terre  qui  leurconvient.  ibid. 
Pourquoi  ils  ne  réfiftent  point  à  de  fortes 
.  pluies  froides,  ibid.  Vertus  des  Oignons. 
ibid.  &  352. 

Oifeaux.  Moyen  d’écarter  les  Oifeaux  des 
endroits  enfemencés.  317. 

Orange  (Poire  â').  Voyez  Foire  d’Orange. 
Orangerie.  Quelle  doit  être  une  Orange¬ 
rie  propre  à  contenir  en  hiver  foixante 
Orangers  plantés  dans  des  Caiffes.  239, 
(ÿ  fuiv.  Utilité  de  faire  conflruire  un 
petit  bâtiment  à  l’Orient  d’une  Orange¬ 
rie.  241,  Dans  quel  tems  il  faut  com¬ 
mencer  à  faire  ufage  d’une  Orangerie. 
242.  Comment  on  introduit  le  Soleil 
dans  l^s  Orangeries.  244.  Moyen  de 
purifier 4es  Orangers  011  l’air  ell:  corrom¬ 
pu.  263.  Pourquoi,  on.  ne  doit  jamais 
faire  de  feu  ,dan&  une  Orangerie  fermée 


oh  la  gelée  a  pénétrée.  375.  Quel  ell 
le  meilleur  tems  pour  tranlporter  les  Ar¬ 
bres  dans  l’Orangerie,  ibid.  Dans  quel 
ordre  ils  doivent  y  être  rangés,  ibid^ 
Comment  on  doit  les  y  arrofer.  ibid. 
Orangers.  Nature  de  leur  bois.  373. 
Commentil  faut  les  multiplier,  ibid.  Ex¬ 
périence  qui  prouve  qu’en  Hollande  les 
Orangers  n’aiment  pas  un  Soleil  trop  ar¬ 
dent.  377.  Pourquoi  lorfqu’on  les  tail¬ 
le  ,  il  faut  en  conferver  les  plus  vigou- 
reufes  branches.  380. 

Oranges  de  la  Chine ,  ou  Oranges  douces. 
Quelle  doit  être  leur  couleur.  120,  Ce 
que  c’eft  que  l’Orange  nommée  Engelfe 
Bonte.  373.  Autre  efpèce  connue  en 
Hollandois  fous  le  nom  de  Naentjes-O^ 
ranje.  ibid.  Defeription  d’une  Orange 
particulière.  384.  Ce  que  c’eft  que  les 
Pompelmoes,  385.  Orange  verte  &  dou¬ 
ce,  connue  en  Hollandois  fous  le  nom 
de  groene  zoetegeroofde  Oranje.  386.  Def¬ 
eription  de  l’Orange  Turque,  ibid. 
Oreilles  d'Ours.  De  quelle  manière  ces 
Fleurs  fe  multiplient.  -412. 

Orme.  Comment  on  voit  par  l’exemple 
de  cet  Arbre ,  que  chaque  branche  tire 
fa  nourriture  de  faracine  quieft  fous  ter¬ 
re,  &  que  cette  racine,  correfpondante 
à  cette  branche,  eft  étoufée  par  la  fè¬ 
ve  ,  quand  on  taille  cette  branche  fupé- 
rieure.  71.  Le  tronc  des  Ormes  ne  croît 
pas  fort  haut  fans  pouffer  des  branches 
qui  forment  leur  couronne.  73.  Pour¬ 
quoi  on  ne  fauroit  les  multiplier  par  leur 
femence.  82.  Le  verd  de  leurs  feuilles 
n’eft  pas  des  plus  agréables.  iç6.  Haies 
qu’on  en  forme,  èt  à  quel  ufage.  ibid. 
Comment  on  les  multiplie.  208.  Def¬ 
eription  de  rOrme  brun.  ibid.  Pour¬ 
quoi  on  plante  fouvent  les  Ormes  autour 
des  Vergers.  208.  Ufage  qu’on  fait  de 
leur  bois.  209. 

OJîer  (T)  fe  rompt  ou  fe  détache  de  lui- 
même  ,  lorfqu’il  n’eft  pas  tourné  de  la 
gauche  à  la  droite ,  félon  le  cours  du 
Soleil.  71.  Différentes  fortes  d’Ofier. 
112.  L'Ofier  blanc  regardé  comme  le 
plus  durable,  ibid.  Ufage  qu’on  doit  en 
faire  pour  attacher  de  groffes  branches, 
fur-tout  contre  de  hautes  murailles  ex- 
pofées  à  des  vents  violens.  ibid.  A  quoi 

l’O- 


V 


TABLE  DES  MATIE-RES. 


rOfier  rouge  eft  propre,  ihid.  &  212. 

i)utils.  Soin  que  doivent  avoir  ceux  qui 
ont  des  Maifons  de  Campagne  de  faire 
acheter  les  Oatils  néceflaires  pour  y  tra¬ 
vailler.  26.  Lifte  &  defeription  de  ces 
Outils.  28,  &  Juiv.  Outil  de  fer  pour 
chaufler  des  Choux,  des  Pois,  des  Fè¬ 
ves,  &c.  30.  Autre  Outil  pour  raflem- 
bler  la  terre  en  petits  monceaux,  ihid. 
Outil  pour  arracher  les  branches  des  ar¬ 
bres.  31. 

Ouvriers  qu’on  emploie  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  24.  Quel  doit  être  leur 
falaire.  ibid.  Qualités  qu’ils  doivent  a- 
▼oir.  ibid.  Ce  qu’il  faut  faire  pour  avoir 
toujours  de  bons  Ouvriers  à  fon  fervice. 
2j.  On  ne  doit  pas  en  exiger  trop  de 
travail,  ibid.  Petits  préfens  qu’il  faut 
leur  faire  pour  les  encourager  à  faire  leur 
devoir,  ihid.  Quels  font  les  outils  dont 
ils  doivent  fe  pourvoir  à  leurs  fraix. 
ihid. 

Ozeille.  Cette  Plante  diftinguée  en  diver- 
fes  efpèces.  352.  Quelle  eft  celle  qu’on 
cultive  le  plus  en  Hollande,  ibid.  Corn- 
mens  on  la  multiplie,  ibid. 

P. 

PAerl-druyf  i  ou  îa  Perle.  Raifin  ainû 
nommé  en  Hollandois.  i8<5.  Voyez 
Raifin. 

Paille.  De  quelle  manière  il  faut  l’em¬ 
ployer  pour  fervir  de  préfervatif  contre 
la  gelée.  245.  üfage  des  Nattes  de  pail¬ 
le.  ihid.  Voyez  Nattes. 

Pain  Pourceau.  Fleur  qui  porte  ce  nom, 
412.  Comment  elle  fe  multiplie,  ihid. 
Pais.  Influence  de  la  température  de  l’air 
fuivant  les  Pai's.  265. 

Panais.  Qualités  de  ces  Racines.  3(51.  Ter¬ 
re  qui  leur  convient,  ihid.  Tems  auquel 
on  les  feme.  ihid.  Bon  eff*et  qué  la  gelée 
produit  à  leur  égard,  ibid. 

Paniers  de  diiférentes  grandeur  &  façon 
dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons  de 
Campagne.  32. 

Parterres  qui  ne  peuvent  être  pratiqués  a- 
vec  fuccès  que  dans  de  fuperbes  Mai¬ 
fons  de  Campagne,  ii.  Grandes  dépen- 
fes  qu’on  eft  obligé  de  faire  pour  les 
Parterres  qui  ont  des  bordures  de  Bouis 


ou  de  Gazon  ,  &  qui  font  parfemésdans 
les  fen tiers  de  coquillages  écrafés  de  di- 
verfes  couleurs.  12. 

Pajjion  (Fleurs  de  la).  De  quelle  manière 
elles  fe  multiplient.  412. 

Pavies.  Pêches  auxquelles  on  donne  ce 
nom.  142.  Leur  defeription.  Pavie? 
jaunes  &  Pavies  d’Autonne.  Voyez  Pê¬ 
ches. 

Pêchers.  Tems  &  durée  de  leur  poufle.  77. 
Comment  on  les  multiplie.  142.  Quels 
font  ceux  qu’on  doit  planter  dans  des 
fonds  fecs  &  fablonneux.  ihid.  Ce  qu’il 
faut  obferver  lorfqu’on  veut  les  gréfer 
fur  des  Pruniers.  143.  A  quoi  il  faut 
faire  attention  quand  on  plante  des  Pê¬ 
chers.  ihid.  Combien  les  Pêchers  aiment 

•  à  être  plantés  dans  des  fonds  de  terre 
neufi.  ihid.  Chaleur  qu’il  leur  faut  pro¬ 
curer.  14^.  Ces  Arbres  gréfés  fur  des 
Pruniers  font  une  plante  bien  plus  vi- 
goureufe  que  lorfqu’on  les  grefe  fur  des 
Abricotiers,  ihid.  Jufqu’à  quel  tems  les 
Pêchers  pouffent  fans  nulle  interruption. 
145.  Ce  qu’il  faut  faire  pour  les  con- 
ferver  en  bon  état.  ibid.  Comment  on 
doit  leur  couper  les  jeunes  branches 
gourmandes,  ibid.  Les  vieux  Pêchers 
qui  pouffent  avec  vigueur ,  produifent 
ordinairement  les  plus  greffes,  les  plus 
délicieufes  Pêches  ,  &  en  plus  grande 
quantité.  146.  Pourquoi  les  jeunes  Ar¬ 
bres  ne  produifent  fouvent  que  du  bois. 
ihid.  Combien  la  fleur  des  Pêchers  a  de 
feuilles.  147.  Defeription  des  fleurs  de 
diverfes  efpèces  de  Pêchers,  ibid.  Com¬ 
ment  on  doit  préferver  ces  Arbres  de  la 
gelée,  ihid. 

Pêches.  Si  on  doit  les  manger  d’abord  a- 
près  avoir  été  cueillies,  ou  après  avoir 
été  gardées  un  jour  ou  un  jour  &  demi. 
120.  Diftinguées  en  plufieurs  efpèces. 
142,  Les  Pêches  à  noyau  rouge  crûes 
dans  des  fonds  fecs ,  ont  le  goût  beau¬ 
coup  meilleur  quand  elles  ont  été  gré- 
fées  fur  des  Abricotiers  que  fur  des  Pru¬ 
niers,  &  pourquoi,  ibid.  Remarque  fur 
les  Pêches  verdâtres  de  Montagne.  144. 
Comment  on  peut  fe  procurer  de  bonnes 
&  grofles  Pêches.  146.  Combien  pefent 
les  plus  grofles  Pêches,  ibid  Deferip- 

•  tion  de  l’Avant-Pêchç  rouge.  147.  Et  de 

l’A- 


/ 


TABLE  DES  M  A  T  1  ER  E  S. 


TAvant  •  Pêche  blanche.  147. 

Pèches.  Ce  que  c’efl  que  la  Pêche  nommée 
Montagne  blanche.  148.  Combien  il  y  en  a 
de  fortes. Quelles  font  les  meilleures. 
ibid.  Diverfes  efpèces  de  celle  qu’on  nom¬ 
me  Montagne  verte,  ibid.  Sadefcripcion. 
ibid.  Si  cette  Pêche  de  Montagne  eft  la 
même  que  celle  que  Mr.  de  la  Quintinie 

.  nomme  l’Admirable.  ibid.  Deicription 
de  la  Pêche  deZwol,  &  Tes  différentes 
cfpèces.  ibid.  Conjecture  fur  les  Pêches 
que  Mr.  de  laQuintinie  appelle  Mignon¬ 
nes.  ibid.  Ce  que  c’efl  que  la  Pêche  con¬ 
nue  en  France  fous  le  nom  de  Pourprée 
ou  vineufe.  ibid.  Qualités  &  defcripcion 
de  l’Hermaphrodite  ou  Pêche  de  Burat, 
que  les  François  appellent  l’Admirable 
jeune,  la  Sandalie  &  la  Pêche d’Abricot. 
149.  Pêche  d’Angleterre,  connue  des 
Anglois  fous  le  nom  de  NeClorins,  & 
des  François  fous  celui  de  Brugnons  & 
de  Perfe-Noix.  ibid  Sadefeription.  ibid. 
Ses  qualités,  ibid.  Ce  que  c’ell  que  la 
Pêche  nommée  en  Gafeon  Mirlicoton. 
ibid.  Sa  defeription.  ibid.  Elle  ne  meu* 
rit  pas  en  Hollande,  ibid.  Appellée  de 

’Mr.  de  la  Quintinie  Pavie  jaune,  ibid. 
Sorte  de  Mirlicoton  qu’on  peut  regarder 
comme  la  plus  belle  &  la  plus  agréable¬ 
ment  colorée,  ibid.  Ses  mauvailés  qua¬ 
lités.  ibid.  Pourquoi  appellée  la  Putain 
fardée,  ibid.  Ce  que  c’efl  que  la  double 
Pêche- fleur.  150. 

Fêles.  Quelles  doivent  être  les  Pèles  dont 
on  fe  fert  dans  les  Maifons  de  Campa¬ 
gne.  27,  28,  29. 

Pépinière.  Avantages  qu’on  retire  d’une 
bonne  Pépinière.  84.  Quel  fond  de  ter¬ 
re  il  faut  choifir  pour  la  former.  85. 
Comment  on  doit  la  difpofer.  8d.  Ce 
qu’fl  faut  obferver  pour  la  culture  des 
arbres  ibid.  A  quelle  diflance  il  faut  les 
y  planter.  87.  Avec  quel  foin  il  faut 
purger  une  Pépinière  des  mauvaifes  her¬ 
bes  qui  peuvent  y  croître.  88.  Avanta¬ 
ge  qu’on  retire  d’en  couvrir  la  terre  avec 
du  vieux  Tan.  ibid.  Ce  qu’il  faut  obfer¬ 
ver  avant  qu’on  retire  de  la  Pépinière 
les  Arbres  qui  doivent  être  plantés.  93. 

Pépins.  Ceux  de  Poires  ne  germent  pas 
fltôt  que  ceux  de  Pommes.  87. 
Perfe-Noix,  forte  de  Pêche.  Voyez Pêcbçs. 


Perjîl.  Pendant  combien  de  tems,  &  dans 
quoi  fa  femence  doit  tremper  avant 
que  d’être  femée.  313.  Ses  différentes 
efpèces.  352.  Leur  defeription.  ibid. 
Terre  qui  convient  au  Perfil.  ibid.  Ma¬ 
nière  de  le  cultiver,  ibid.  Tems  de  lefe- 
mer-  353. 

Perjîque.  Nom  qu’on  donne  à  une  forte  de 
Pêche.  142. 

Peupliers  (les)  font  meilleurs  que  les 
Chênes  ou  les  Hêtres  pour  fervir  dedé- 
fenfe  contre  le  vent.  71.  Combien  on 
en  diflingue  d’efpèces.  198.  Deferip¬ 
tion  du  Peuplier  ordinaire  ou  noir.  ibid. 
&  de  deux  autres  efpèces.  ibid.  éP  fuiv. 
Pourquoi  on  préfère  d’ordinaire  le  Peu¬ 
plier  noir  pour  fervir  de  brife-vent  dans 
les  Campagnes.  199-  Ufage  qu’on  peut 
faire  du  bois  de  ces  arbres,  ibid. 

Pié  de  Veau.  Fleur  ainfl  nommée.  412. 
Comment  elle  fe  multiplie,  ibid. 

Pieterfeli- ylppel.  Defeription  de  cette  Pom¬ 
me  ainfl  nommée  en  Hollandois.  134. 
Et  de  l’arbre  fur  lequel  elle  croît,  ibid. 
Oii  on  doit  planter  cet  arbre,  ibid. 

Pigeon.  Parties  falines  ou  nitreufes  dont 
fa  fiente  efl  compofée.  55.  Pourquoi  on 
ne  doit  pas  faire  trop  d’ufage  de  cette 
forte  de  fumier,  jd. 

Pimpernelle.  Comment  elle  fe  multiplie. 
.353 • 

Pinbas.  Nom  donné  par  les  Américains  à 
l’Ananas.  398. 

Pioche  dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons 
de  Campagne  pour  abattre  des  arbres.  32. 

Pms.  Ce  qu’il  faut  faire  lorfque  les  Pins 
qui  pouffent  naturellement  droit  &  en 
pointe  vers  le  haut,  aquièrent  fans  être 
cultivés  deux  ou  trois  tiges.  6j.  Les 
Pins  meurent  lorfqu’on  les  prive  de  leurs 
couronnes  fupérieur.es.  71.  Pourquoi  ils 
périflent  fouvent  .dans  le  plus  fort  de 
leur  poufle.  75.  Caufe  de  leur  langueur. 
76.  Pin  fauvage,  forte  d’Arbre  de  Mon¬ 
tagne.  2  II. 

Piquets  dont  on  fe  fert  pour  attacher  les 
Plantes.  32. 

Pifang.  Comment  cette  Plante  fe  multi¬ 
plie.  407.  Quel  degré  de  chaleur  on  doit 
lui  donner  pour  lui  faire  produire  du 
fruit,  ibid.  Qualités  de  ce  fruit,  ibid. 

PiJJenlü.  Deux  différentes  efpèces.  359. 

Dans 


TABLE  DES  MATIERES. 


Dins  quelle  terre  il  faut  femer  le  PilTen- 
lic  franc.  359.  Commeot  ou  le  multi¬ 
plie.  ibid. 

Pivoines.  De  quelle  manière  elles  fe  mul¬ 
tiplient.  412. 

Platfaiice  {Jardins  de).  Voyez  Campagne 
{Maifons  de). 

Planes  (les)  deviennent  de  grands  arbres, 
mais  ne  font  pas  de  fi  belles  couronnes 
que  les  Tilleuls.  192.  Pourquoi  ils  font 
peu  propres  à  faire  des  Haies  tondues. 
ibid.  Leur  peu  d’utilité,  ibid.  Leur  de- 
fcriplion.  209.  Ce  que  c’eft  qu’une  ef- 
pèce  de  Plane  connu  en  Hollandoisfous 
les  noms  de  Scbotfe  Linden ,  Boogbout , 
Efcbdoorn,  Luyt-bout.  ibid. 

Plantations  d’ Arbres  fauvages.  En  quoi 
confident  leurs  agréraens.  10.  En  quel 
endroit  d’une  Campagne  il  faut  les  pla¬ 
cer.  iind.  Ce  qu’il  eft  bon  d’y  pratiquer, 
ibid.  Pourquoi  toute  Plantation  de 
Haies,  &c.  qu’on  peut  envifager  du  mê¬ 
me  coup  d’œil,  doit  être  de  la  même 
forte  d' Arbres,  du  même  verd  ,  &  d’une 
même  couleur  de  feuillage,  ibid. 

Planter.  Egard  qu’îl  faut  avoir  à  la  fîtua- 
tion  des  fonds  &  aux  efpèces  d’Arbres, 
lorsqu’il  eft  queftion  de  planter.  89. 
Pourquoi  on  doit  s’abftenir  de  planter 
dans  l’arrière  -  faifon  des  Marcottes  ou 
des  Sauvageons  de  fouche  venus  dans  la 
même  année,  ibid.  Raifon  pour  laquelle 
il  ne  faut  jamais  planceren  Autonnedans 
des  fonds  bas  &  humides.  90.  Pourquoi 
dans  toutes  les  faifons  propres  à  planter, 
foit  au  Printems,  foit  en  Autonne,  on 
doit  profiter  d’un  teins  fec,  lorfque  la 
terre  eft  molle,  moins  ralfemblée  en 
mottes,  &  plus  facile  à  fouiller,  ibid. 
Soin  qu’il  faut  avoir  de  ne  pas  bleflTer 
les  racines  des  Arbres  qu’on  doit  plan¬ 
ter.  ibid.  Règle  qu’il  faut  obferver  pour 
la  manière  de  planter  des  Arbres  fruitiers 
à  haute  tige.  91.  Pourquoi  il  ne  faut  ja¬ 
mais  planter  contre  des  murailles  ou 
contre  des  cloifons  qui  font  expofées 
au  Nord,  fur-tout  quand  le  côté  du  Mi¬ 
di  eft  planté.  92.  Obfervation  à  faire 
quand  on  plante  des  Efpaliers  au  Nord 
contre  des  cloirons.  ibid.  A  quelle  pro¬ 
fondeur  on  doit  planter  les  Arbres  qui 
ont  befoin  que  le  Soleil  rechaufe  leurs 
Partie  U, 


racines,  ibid.  A  quelle  diftance  il  faut 
planter  les  Poiriers  &  les  Pommiers  k 
haute  tige.  9^.  Manière  de  planter  les 
Haies ,  les  Efpaliers.  94.  Ordre  qu’il 
faut  obferver  pour  planter  des  Arbres 
comme  il  faut,  193.  Pourquoi  il  faut 
planter  les  arbres  à  une  grande  difiance 
les  uns  des  autres  dans  les  Maifons  de 
Campagne  ,  &  plus  près  quand  on  les 
cultive  uniquement  pour  le  profit  qu’on 
en  retire,  ibid.  Avantages  des  Arbres 
plantés  près  à  près.  ibid.  Quelle  eft  la 
diftance  à  laquelle  il  faut  planter  les  uns 
des  autres,  les  Tilleuls,  les  Chateigners 
fauvages  ,  les  Bouleaux ,  les  Ormes  , 
&c,  194.  Tems  auquel  on  doit  planter 
certains  Arbres,  ibid. 

Plantes.  Il  y  en  a  qui  viennent  naturelle¬ 
ment  de  femence,  &  qui  n’ont  pas  be¬ 
foin  d’être  taillées  ou  tranfplantées,  qui 
croiflent  même  mieux  dans  les  Bois , 
que  celles  qu’on  cultive  avec  le  plus  de 
foin.  65.  Les  Plantes  vivent  plus  ou 
moins,  fuivanc  leurs  propriétés  &  la  qua¬ 
lité  de  la  terre  oh  elles  font  plantées. 
75.  Différentes  manières  de  multiplier 
les  Plantes.  78  ,  fuiv.  Toutes  les 
Plantes  produifent  leur  femence  par  le 
moyen  de  laquelle  elles  peuvent  être 
multipliées.  79.  Exemples  qui  font  voir 
que  la  même  femence  ne  produit  pas 
toujours  les  mêmes  Plantes  à  cous  é- 
gards.  ibid.  Comparaifon  des  Plantes  a- 
vec  le  Corps  humain.  217.  Quelles  font 
les  Plantes  qu’on  peut  accoutumer  in- 
fenfiblement  au  froid.  218.  Quelle  eft 
la  règle  fondamentale  pour  bien  cultiver 
les  Plantes  tendres ,  &  imiter  leur  pouffe 
naturelle.  227.  Caufe  fréquente  de  la 
mort  des  Plantes.  244.  Le  froid  regar¬ 
dé  comme  néceffaire  pour  l’accrolffe- 
ment  des  Plantes.  251.  Ignorance  oîi 
nous  fommes  de  l’air  qui  convient  pour 
l’entretien  des  Plantes.  262  Quelle  for¬ 
te  d’air  leur  eft  nuifible.  263.  De  quelle 
manière  il  faut  traiter  les  Plantes  qui  ne 
réfiftent  pas  à  l’air  rude.  ibid.  Conftitu- 
tion  particulière  des  Plantes  fuivant  le 
Climat  oh  elles  fe  trouvent.  265.  Quel¬ 
le  forte  de  pluie  convient  le  plus  aux 
Plantes.  268.  Dans  quel  cas  les  pluies 
fortes  leur  font  nuifibles.  209.  Combien 
lii  la 


TABLE  DES-  MATIERES, 


la  Rofée  cfl:  avantageufe  aux  Plantes.  270* 

Jetantes,  Pourquoi  les  Plantes  qui  croifTent 
pendant  plufieurs  années  de  fuite  dans 
une  même  terre  demandent  une  nourri¬ 
ture  particulière.  275.  Néceffité  de  don¬ 
ner,  autant  qu’il  eit  poffible^  à  toutes 
fortes  de  Plantes, un  terrain  fpacieux  oü. 
elles  puiflent  étendre  de  tous  côtés  fans 
aucune  gêne  leurs  racines.  276.  Quelle 
eft  leur  nourriture  la  plus  naturel le.4'5zW. 
Pourquoi  on  ne  doit  jamais  planter  dans 
des  pots  ou  dans  des  caifles  aucune 
Plante,  qui  étant  plantée  en  pleine  ter¬ 
re  peut  réfifler  au  froid  de  l’hiver,  ibid. 
Pourquoi  toutes  les  Plantes ,  qui  font 
d’abord  de  petites  racines  glutincufes  & 
chevelues,  fur-tout  celles  qui  ont  peu 
de  fève ,  doivent  être  femées  ou  plan¬ 
tées  dans  des  terres  fort  fablonneufes  & 
molles.-  ibid.  Avantage  de  rendre  la  ter¬ 
re  plus  compa6le,à  mefure  que  les  Plan¬ 
tes  pouffent  vigoureufement.  277. 
Quelles  font  celles  qu’on  doit  femer 
dans  des  terres  fablonneufes.  ibid.  A 
quelles  Plantes  une  terre  extrêmement 
fumée  ne  convient  pas.  ibid.  Quelle 
forte  d’eau  eil  bonne  ou  raauvaife  pour 
les  Plantes.  278.  Eau  froide  dont  il 
faut  les  arrofer.  279.  Pourquoi  il  ne 
faut  pas  les  arrofer  pendant  la  chaleur 
du  jour,  moins  encore  quand  le  Soleil 
luit.  280.  Dans  quel  cas  une  trop  gran¬ 
de  quantité  d’eau  eft  nuifible  aux  Plan¬ 
tes.  ibid.  Quelles  font  les  Couches  fur 
lefquelles  on  cultive  le  mieux  les  Plan¬ 
tes  en  hiver.  287.  Avec  quoi  on  doit 
rechaufer  les  Plantes  qui  font  dans  des 
Pots,  &  qui  ont  befoin  en  Eté  par  des¬ 
fous  d’un  certain  degré  de  chaleur.  2B9. 
Teins  auquel  les  Plantes  ont  le  plus  be¬ 
foin  d’être  arrofées.  293.  Quelles  font 
en  général  les  plus  mauvaifes  Plantes , 
&  celles  qui  produifent  les  plus  mauvais 
fruits.  331. 

plantoir  pour  planter  du  Bouis.  30.  Sa  de- 
fcription.  ibid.  Autre  forte  de  plantoir 
qui  fert  à  tranfplanter  des  Choux,  du 
Céleri ,  de  la  Chicorée,  ibid. 

Platanes.  Groifeur  extraordinaire  de  ces 
Arbres.  209  Leur  defcriptlon.zèfûî. 

Pline ^  cité.  279. 

Plomb.  Quel  doit  être  le  Plomb  des  vitres, 

239- 


Pluie.  Comment  on  fait  voir  qu’une  Pluie 
chaude,  fuivie  immédiatement  d’un  air 
chaud ,  eft  nuifible  aux  Plantes.  2681. 

Plutarque ,  cité.  52. 

Poire  de  Bon-Chrétien.  Voyez  Bon- Chré¬ 
tien  (la  Poire  de'). 

Poire  St.  Germain.  Voyez  Germain  (h  Poi¬ 
re  St.). 

Poire  à  courte  queue.  Voyez  Beurê  blanc. 

Poire  de  St.  Michel.  Voyez  Beuré  blanc. 

Poire  de  Neige ,  nommée  auflî  Beuré  blanc. 
127.  Voyez  Beuré  blanc. 

Poire  à'Amboife.  Voyez  Amboife  ÇPoire  d*).- 

Poire  d'Anjou.  Voyez  Beuré. 

Poire  de  Livre  ^  connue  en  Hollandois  fous 
le  nom  de  JVinîer-Gratiool.  130.-  Sa  de^. 
feription.  ibid.  Pourquoi  on  ne  doit  pas 
en  négliger  la  culture,  ibid.. 

Poire  nommée  RouJJélet..  Voyez  Roujfelet. 

Poire  nommée  en  Hollandois  Franfe  Ka- 
neel-Peery  &  par  les  Romains  Pyrum- 
lableum.  125.  Voyez  Franfe  Kaneeî-Peer, 

Poire  d' Orange.  Il  y  en  a  de  plufieurs  for¬ 
tes.  125.  Quelles  font  les  meilleures.. 
I2<5. 

Poire  la  Reine  y  nommée  en  Hollandois 
Poire  bénite  y  &  pourquoi.  126.  Sa  de- 
feription.,  zkW.  Et  de  l’Arbre  qui  la  pro¬ 
duit.  ibid.. 

Foire  Madame  Suprême..  Noms  fous  lef- 
quels  cette  Poire  étoit  connue  des  Grecs 
&  des  Romains.  124.  Regardée  comme 
une  des  meilleures  Poires  d’Ëté.  ibid^ 
Sa  defeription.  ibid.  Pourquoi  elle  n’eft 
pas  propre  à  être  tranfportéè.  ibid.  De. 
feription  de  l’Arbre  qui  la  produit.  125'.. 

Poirée.  Diverfes  efpèces.  353,  Comment 
on  la  multiplie,  ibid..  Quelle  en  eft  la 
meilleure  graine,  ibid. 

Poires.  Différence  entre  les  Poires  d’Eré,, 
celles  d’Autonne  <St  celles  d’Hiver.  1.23, 
Poires  qu’on  mange  crues  ,  &  Poires 
qu’on  ne  mange  qu’étuvées.  ibid. 

Poires  fucrées.  Ces  Poires  connues  aujourd- 
hui  fous  ce  nom  moins  agréables  que 
celles  d’autrefois  dont  on  a  perdu  l’efpè- 
ee.  Ï24.  Maladies  des  Arbres  qui  leS' 
produifent.  ibid..  Defeription  des  bou¬ 
tons  de  ces  Poires,  ibid. 

Poires  fucrées  grifesy  appellées  par  les  Ro¬ 
mains  Pyrum  Falernumy  eftimées  autre¬ 
fois  en  Hollande,  mais  inconnues  au- 

jpurdhui 


TABLE  DES  MATIERES. 


’jourdhui  dans  ce  Païs ,  &  pourquoi,  ièid. 
Leur  defcription.  ibid.  Ec  de  l’Arbre 
qui  les  produit.  ibicL 

Poires  fucrées  précoces ,  petite  forte  de  Poi¬ 
res.  123.  Defcription  de  l’Arbre  qui  les 
porte,  ibid.  Tems  de  leur  maturité,  ibid. 
Pourquoi  on  en  cultive  beaucoup.  124. 
Leurs  qualités,  ibid. 

Poiriers. 'Durée  de  la  vie  de  ceux  qui  font 
en  pleine  terre  &  qui  produifent  beau¬ 
coup.  78.  Variété  qu’on  remarque  dans 
les  fruits  qui  viennent  de  la  même  el’pè- 
ce  de  femence.  79.  II  fe  trouve  de  fort 
Lauts  Poiriers.  122,  Leur  propriété  de 
produire  les  meilleurs  fruits  fur  du  bois 
raboteux  garni  de  branches  gâtées,  ibid. 
Différence  entre  le  bois  de  Poirier  & 
celui  de  Pommier,  ibid.  Remarque  fur 
leurs  fruits,  ibid.  Voyez  Foires. 

Pois.  Quels  font  ceux  dont  l’écoITe  eft 
très  bonne  à  manger.  353.  Diverfes 
efpèces  de  Pois.  3^  j.  Ce  que  c’eft  que 
ceux  qu’on  nomme  en  Hollande  Krom- 
bekken.  ibid.  Defcription  des  Bajiert- 
Krombekken.  ibid.  Leurs  bonnes  quali¬ 
tés.  ibid.  Pois  nommés  Erreten  van 
gratie.  ibid.  Autres  Pois  appellés  Dop- 
erreten ,  ou  Erreten  met  fcbil.  ibid  Qua¬ 
lités  des  gros  Pois  verts,  &  des  petits 
Pois  à  écoffer  blancs  ou  jaunes.  355. 
Petite  efpèce  de  Pois  connue  en  Hol¬ 
lande  fous  le  nom  de  heete  Erreten.  ibid. 
•Gros  Pois  jaunes  appellés  Blaes-oppen. 
ibid.  Defcription  de  ceux  qu’on  nom¬ 
me  Scbokkers.  ibid.  Pois  gris  de  diverfes 
fortes,  ibid.  Ce  que  c’ell  que  ceux  qui 
s’appellent  Capucins,  ibid.  Comment  les 
Pois  fe  multiplient,  ibid.  En  quel  tems 
on  feme  les  Pois  hâtifs,  ibid.  Comment 
on  rame  les  Pois,  ibid.  Moyen  d’avoir 
toujours  des  Pois  verts,  ibid.  Comment 
on  les  doit  cueillir,  ibid. 

Poivrier.  Arbriffeau  qui  porte  ce  nom.  215. 
Diflingué  en  deux  efpèces.  ibid.  Sa  de¬ 
fcription.  ibid.  Comment  il  fe  multiplie. 
ibid. 

Pomme  d’Oignon.  Voyez  Kannetjes- Appel. 
Pomme  douce.  Defcription  de  cette  Pom¬ 
me.  134- 

Pomme  de  couleur  de  chair  ^  l’une  des  pré- 
mières  Pommes  d’Eté.  133.  Sa  defcrip¬ 
tion.  ibid. 


Pomme  de  Pin.  Nom  tîonné  par  quelques- 
uns  à  l’Ananas ,  &  pourquoi.  398. 

Pommes  d'or  fimples  d'hiver.  Quelles  font 
les  meilleures  de  ces  Pommes.  133. 
Leurs  Arbres  nommés  Scàntiana.  ibid. 

Porr  .les.  Les  meilleures  viennent  aux  Ar¬ 
bres  les  plus  noués  ,  &  dont  les  bran¬ 
ches  font  fort  fujettes  à  fe  gangréner. 
131.  Toutes  celles  qu’on  appelle  dou¬ 
bles  regardées  comme  les  plus  coriaces 
&  les  plus  infîpides,  132.  Pourquoi  il  y 
en  a  un  fi  grand  nombre  d’efpèces.  ibid. 
Quelles  font  les  meilleures  Pommes  ai¬ 
gres.  ibid. 

Pommiers.  Combien  de  tems  peuvent  vi¬ 
vre  les  Pommiers  qui  font  en' pleine 
terre ,  qui  font  bons  &  produifent  beau¬ 
coup.  78.  Les  Pépins  de  la  même  forte 
de  Pommiers  ne  produifent  pas  toujours 
les  mêmes  fruits.  79.  Les  Pommiers  ne 
croiflent  pas  fi  droits  que  les  Poiriers  , 
mais  font  une  couronne  plus  ronde  & 
plus  étendue.  13 1,  Leur  defcription  en 
général,  ibid.  Ce  qu’il  faut  obferver  à 
l’égard  de  leur  culture  ibid  . 

Fompelmoes.  Efpèce  d’Orange  qui  porte 
ce  nom.  385. 

Porreaux.  Leur  defcription.  355.  Leurs 
dilFérentes  efpèces.  356.  Comment  il 
faut  les  planter,  ibid. 

Potagers.  Pourquoi  ils  doivent  être  fumés 
au  commencement  du  Printems  avant  la 
femaille.  54.  Plan  d’un  Jardin  potager, 
avec  tout  ce  qui  en  dépend.  305.  Ex¬ 
plication  de  ce  Plan,  qod,  â?  fuiv.  Lif¬ 
te  des  Fruits  d’un  Potager.  320. 

Pots.  Quels  doivent  être  les  Pots  dans 
leiquels  on  plante  de  petits' Arbres.  369. 
Pourquoi  ces  Pots  ne  doivent  pas  être 
vernis,  ibid. 

Pouebakker.  Raifîn  ainfi  nommé  en  Hol- 
landois.  189.  Voyez  Ra'fins. 

Poules.  Qualités  de  leur  fiente,  &  ufage 
qu’on  en  doit  faire,  yd. 

Pourpier.  Combien  il  y  en  a  d’efpèces. 
3^6.  Comment  il  fe  multiplie,  ibid. 
Tems  auquel  on  le  doit  femer.  ibid.  A 
quel  égard  les  côtes  valent  mieux  que  fes 
feuilles,  ibid.  Pourquoi  on  doit  en  arra¬ 
cher  quand  il  elt  trop  dru.  ibid. 

Pûujfe  des  Arbres,  Deux  fortes  de  pouf¬ 
fe,  &  combien  de  tems  elles  durent.  77. 

X  i  i  2  Lc- 


i 


TABLE  DES  MATIERES. 


Remarque  fur  le  fentiment  de  quelques 
Auteurs  à  cet  égard,  ibid. 

Frimerole  ou  Prime  vere.  De  quelle  ma¬ 
nière  elle  fe  multiplie.  412. 

Prûne-vere.  Voyez  Primerola. 

Prunes,  Leurs  différentes  couleurs.  120. 
Leurs  diverfes  efpèces.  152.  Prunes 
verdâtres  nommées  Mirabelles,  ibid, 
Divifées  en  Amples  &  doubles,  ibid. 
Qualités  des  Amples,  ibid.  Les  doubles 
regardées  comme  les  meilleures,  ibid, 
Defcription  de  l’efpèce  qu’on  nomme 
double  blanche  commune.  it3.  &  de 
la  Ample  blanche  commune,  ibid.  Def¬ 
cription  de  celle  qui  eft  connue  fous  le 
nom  de  Prune- Abricot,  ibid.  Bonnes 
qualités  de  celle  qu’on  peut  nommer  la 
petite  Prune  à  conAre.  ibid.  Ce  que 
c’efl  que  la  Prune  de  Damas  &  de  S*®. 
Catherine,  ibid.  Elle  ne  meurk  pas  en 
Hollande,  ibid.  Avantage  qu’il  y  a  à 
cultiver  les  groATes  Prunes  violettes  & 
blanches,  ibid.  Ce  que  c’efl:  que  les  pe¬ 
tites  Prunes  bleuâtres,  ibid.  Efpèce  de 
fraîcheur  nommée  Fleur ^  dont  la  plu¬ 
part  des  Prunes  font  couvertes,,  de  mê¬ 
me  que  les  Raiflns.  ibid. 

Pruniers.  Tems  &  durée  de  leur  poufle. 
77.  Comment  ils  doivent  être  multi¬ 
pliés.  252.  Dans  quels  endroits  ils  ai¬ 
ment  à  être  plantés,  ibid.  Pourquoi  il 
ne  faut  pas  leur  faire  une  forte  taille,  ni 
les  dégarnir  de  branches  en  dedans,  i- 
hid.  Comment  on  peut  les  amender  lorf- 
qu’üs  ne  produifent  pas  beaucoup,  ibid. 

Putain  fardée  y  forte  de  Pêche.  Voyez  Pê¬ 
ches. 

Pyrum  Falernum.  Voyez  Poires  fucrêes  gri- 
fes, 

Pyrum  Regium.  Voyez  Bergamote. 

Pyrtim  Signinum.  Poire  ainfi  nommée  par 
les  Romains,  12p.  Voyez  Double  Rüt- 
peer. 

Pyrum  Venerum.  Poire  connue  fous  ce  nom 
par  les  Romains.  129. 

R. 

RAcin^es.  Ce  qu’on  doit  entendre  pai'ce 
terme.  357.  Et  à  quoi  on  donne  ce 
nom  en  Hollande,  ibid. 

Raiforts,  .  Ce  que  c’efl:.  361.  Diftingués 


en  deux  efpèces.  ibid.  Leurs  qualités 
ibid. 

Raijîns.  Leurs  différentes  couleurs.  120; 
Pourquoi  ils  nefauroient  être  tropmûrsv 
ibid.  Les  Rajflns  ne  demandent  pas  une 
chaleur  ardente  du  Soleil,  mais  une  cha¬ 
leur  continue,,  fur*  tout  vers  le  tems  qu’ils^ 
meuriffent.  170.  Expérience  qui  le  prou¬ 
ve.  ibid.  Quelle  expoAtion  on  doit  leur 
donner,  ibid.  Les  RaiAns  qui  viennent 
à  des  échalats  font  généralement  meil¬ 
leurs  au  goût  que  ceux  qui  viennent  à 
des  Efpaliers.  18 1.  Difficulté  qu’il  y  a 
de  bien  faire  meurir  les  RaiAns  dans  des 
Serres  vitrées,  dans  de  petits  facs  de  ga¬ 
ze  ou  de  papier,  ibid.  Ce  que  c’eft  que 
cette  forte  de  vapeur  nommée  Fleur  ,, 
qui  eft  fur  les^  raiflns  mûrs.  182.  Pour¬ 
quoi  les  RaiAns  ne  meuriffent  pas  affez 
&.  reftent  petits  lorfque  les  Vignes  font 
trop  chargées,  ibid.  En  quel  endroit  de 
la  Vigne  fe  trouvent  les  RaiAns  les  plus 
agréables  au  goût.  ibid.  Tems  de  la  ma¬ 
turité  des  Raiflns.  183.  Les  Mufcacs 
bien  mûrs  regardés  prefque  généralement 
comme  les  Raiflns  les  plus  agréables 
au  goût.  i8<5.  Qualités  du  Raifin  culti¬ 
vé  en  Hollande  fous  le  nom  de  vroege- 
mn  der  Laan.  ibid.  Ce  que  c’eft  que  le 
Paerl-druyf,  ou  la  Perle,  ibid.  Origine 
du  Raifin  nommé  Frankendaelder.  187.. 
Defcription  du  Raifin  de  Catalogne,  i. 
bid,  &  du  Mufeat  blanc,  ibid.  Qualités 
du  Frondgnac.  188.  &  du  Mufqué  bleu. 
ibid.^  Raiflns  qui  ne  méritent  pas  d’être 
cultivés,,  favoir,.  le  Raifin'  long  de  Lis¬ 
bonne,  le  Mufeat  bleu  ,  le  RaiAn  bleu 
nommé  en  Hollandois  Pottebakker ^  le 
JFater  z  etCy.  le  Pieter-feli-druyf ,  le  Rai.. 
An  blanc  de  Leipfic,  le  Ritzelmg^  l’A¬ 
vant- Kaifln  &le  Raifin  bigarc.  188,  189. 
Raiflns  qu’on  fait  meurir  dans  des  Ser¬ 
res  pour  en  avoir  de  bonne  heure.  387. 
Quels  font  les  meilleurs  d’entre  ces  Rai- 
fins.  388. 

Rateaux  de  différentes  formes  dont  on  a 
befüin  dans  les  Maifons  de  Campagne. 
30.  Ufage  qu’on  en  fait.  ibid. 

Raves  (les}  n’aiment  pas  une  terre  graffeiSc 
fort  fumée.  361.  Tems  auquel  on  les 
feme.  ibid.  Leurs  différentes  efpèces.  f- 
hid. 


TABLE  DES  MATIERES. 


Reine  (Poire  la).  Voyez  Poire  la  Reine. 

Remîtes  d'Angleterre.  Quelle  cft  la  meil¬ 
leure  efpèce  de  ces  .Pommes.  132.  Leurs 
qazlitésjhid.  Renettes  grifes,  blanches, 
vertes,  ihid.  Jugement  fur  les  qualités 
de  ces  différentes  efpèces.  ibid. 

Renoncules.  De  quelle  manière  elles  fe  mul- 
tiplient.  412. 

Reponces.  Tems  auquel  on  les  feme.  3(5i. 

Refervoir  à  eau.  Sa  defcription.  29. 

Rbue.  Qualités  de  cette  Plante.  3(5 2. 
Comment  on  la  multiplie,  ibid.  Pour¬ 
quoi  il  ne  faut  pas  lui  couper  avant  l’Hi¬ 
ver  les  boutons  qui  contiennent  la  grai¬ 
ne.  ibid. 

Rideaux  dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  32. 

Rietpeer  (Double).  Voyez  Double  Rietpeer. 

Ritzeling,  Efpèce  de  Raiûn  ainli  nommé 
en  Hollandois.  189. 

Ronces.  Comment  elles  croiffent.  73. 

Roode-Kruys.  Pomme  qui  porte  ce  nom 
en  Hollandois.  133. 

Roquette.  Ce  que  c’eft  que  cette  Plante. 
362.  Tems  auquel  on  la  feme.  ibid. 

Rofe  de  Jérico,  Efpèce  d’Arbriffeau.  213. 

Rojée.  Comment  elle  fe  forme.  270.  A- 
vantage  de  la  Rofée  pour  les  Plantes.  î- 
bid. 

Rofes.  Celles  qu^on  nomme  de  Provins  re¬ 
gardées  comme  les  plus  communes.  216. 
Combien  il  v  en  a  d’efpèces.  ibid.  A 
quelle  forte  de  Rofe  on  donne  en  Hol¬ 
landois  le  nom  de  Juffer-roosje.  Quelle 
eft  la  meilleure  pouf  être  mife  dans  des 
pots.  ibid.  Ce  quhl  y  a  à  obferver  à  l’é¬ 
gard  de  la  Rofe  qu’on  nomme  la  double 
jaune,  ibid.  Ce  que  c’eft  que  la  Rofeap- 
pellée  en  Hollandois  Maend  roos.  ibid. 
Pourquoi  la  Rofe  lanugineufe  eft  defa- 
gréableà  la  vue.  ibid.  La  Rofe  mufquée 
ne  réfiftepas  au  froid  de  l’hiver  en  Hol- 
lande,  ibid.  Defcription  de  la  Rofe  ca¬ 
ndie.  ibid.  Rofes  brunes  &  pâles, 
qu’on  nomme  Rofes  de  Carnelot,  de 
Terre,  de  Morléon.  ibid.  Voyez  Ro- 
fiers. 

Ro/iers.  Defcription  de  ces  Arbres.  215. 
Différence  qu’il  y  a  entre  les  Rofiers  <5c 
les  Eglantiers.  M.  Comment  ils  fe  mul¬ 
tiplient.  ihid.  Defcription  de  l’Arbrif- 
feaii  qu’on  nomme  le  Roûer  de  Guel- 


dre.  2i5.  Voyez  Rofes. 

Romarin.  Comment  fe  multiplie  cet  Ar- 
briffeau.  362.  Pourquoi  il  eft  difficile  de 
le  conferver  en  Hiver  dans  les  Oran¬ 
gers.  ibid. 

Rojhpruym.  Nom  qu’on  donne  en  Hollan¬ 
dois  à  une  efpèce  de  Prune.  152. 

Roujfelet.  Defcription  de  la  Poire  qui  por» 
te  ce  nom.  126.  Ses  qualités,  ibid. 

S. 

S^Abines.  Comment  on  les  multiplie.  Rr. 

Sabre  pour  couper  les  branches  des  Arbres. 

30. 

Serran.  De  quelle  manière  il  fe  multiplie. 
412. 

Safran  d'Autonne.  Poire  qui  porte  ce  nom. 
125.  V oyQT.  Aiitonne  (le  Safran  d'). 

Salade.  Pourquoi  on  doit  la  manger  d’en¬ 
trée  ou  avec  d’autres  mêts.362.  Ce  qu’on 
comprend  ordinairement  fous  le  nom  de 
Salade,  ibid.  Ce  que  c’eft  que  la  Salade 
des  Blés,  &  pourquoi  elle  eft  ainfî  nom¬ 
mée.  366.  Defcription  de  la  Salade 
connue  en  Hollandois  fous  le  nom  de 
f^ette  kous.  ibid. 

Saljîfix.  Ce  que  c’eft  que  cette  racine,  360, 
Ses  qualités,  ibid. 

Sapins.  Ce  qu’il  faut  faire,  quand  ces 
Arbres, qui  pouffent  naturellement  droit 
&  en  pointe  vers  le  haut,  aquièrent  ccm- 
tre  leur  nature  &  fans  être  cultivés, 
deux  ou  trois  tiges.  65.  Ces  Arbres  meu¬ 
rent  lorfq.u’on  leur  enlève  leurs  couron¬ 
nes  fupérieures.  71.  Pourquoi  ils  fuf- 
foquent  fouvent  dan.s  le  plus  fort  de  leur 
pouffe.  75.  Et  pourquoi  ils  languiffent 
quand  on  coupe  leur  tige.  16.  Différen¬ 
tes  efpèces  du  Sapin  blanc.  200.  Sapin 
qu’on  nomme  en  Hollande  Sparre-boom. 
201.  Autre  forte  appellée  Fuurenfpar- 
ren,  qui  vient  de  Norvège,  ibid.  Sapins 
à  feuilles  plattesèt  dentelées.  fHr/.  Quel 
eft  le  bois  de  Sapin  auquel  on  donne  eit 
Hollandois  le  nom  de  l^uuren-bout.  ibid.. 
D’oii  l’on  tire  le  meilleur  bois  de  Sapin.. 
2 II.  Sapin  de  la  Norvège  Danoife,  &. 
de  la  Norvège  Suédoife  ibid.  Quali¬ 
tés  du  Sapin  de  Hanebuurg.  ibid.  Le 
Sapin  de  Berlin  regardé  comme  le  moins- 
I  i  i  3  conas- 


TABLE  DES  MATIERES. 


compare,  &  le  plus  fujet  à  fe  corrom¬ 
pre.  2 II.  Sapin  qu’on  charge  à  Nerva. 
ibîd. 

S.ircloir  dont  a  befoin  dans  les  Maifonsde 
Campagne.  29.  üfage  qu’on  en  fait 
pour  déraciner  les  mau.vaifes  herbes,  i- 
lid. 

Sariette.  Ce  que  c’eft,  &  comment  on 
la  multiplie.  3(55.  Tems  de  la  femer. 
ibid.  Facilité  avec  laquelle  elle  croît. 
ibid. 

Sas  dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons  de 
Campagne.  32. 

Satyrion.  De  quelle  manière  il  fe  multi. 
plie.  412. 

Sauge.  Comment  cette  Plante  fe  multi¬ 
plie.  366. 

Saules.  Pourquoi  ces  Arbres  font  meilleurs 
que  les  Chênes  ou  les  Hêtres  pour  fer- 
vir  de  défenfe  contre  le  vent.  71. 
Comment  on  multiplie  ces  Arbres.  81. 

<  Quels  font  ceux  d’entre  ces  Arbres  qui 
montent  le  plus  haut ,  &  qui  réfîftent 
le  mieux  au  vent.  ipj.  Comment  on 
doit  les  planter,  &  quel  eft  leur  ufage. 
ibid.  Pourquoi  on  plante  fouvent  dans 
les  Jardins  au  côté  extérieur  des  Allées, 
une  rangée  de  grands  Saules  à  écorce 
blanche,  ibid.  üfier  qu’on  fait  des  pe¬ 
tits  Saules  ,  &  fon  ufage.  ibid.  A  quoi 
on  peut  deftiner  le  bois  de  Saule,  ibid. 
&  213. 

Sauvageons.  De  quelle  manière  on  doit 
couper  certains  Sauvageons  lorfqu’on 
les  tranfplante.  66.  Les  Sauvageons  de 
Souche  donnent  ordinairement  la  môme 
forte  d’Arbres  &  de  fruits,  que  produi- 
foit  l’Arbre  avant  qu’il  fût  enté.  80.  Ex¬ 
ception  à  cette  règle.  ibU.  Quels  font 
les  Arbres  qui-  fe  multiplient  par  des 
‘  Sauvageons  (le  fouche.  ibid.  Pourquoi 
on  ne  grefc  pas  fur  la  même  efpèce  de 
Sauvageons  les  Arbres  qui  portent  des, 
fruits  à  noyau.  95. 

Scantiana.  Voyez  Pommes  d'or  /impies  d’bi^ 
ver. 

Scbepfels.  Melons  qui  font  connus  fous  ce 
nom  en  Hollande.  343.  Voyez  Me¬ 
lons. 

Sebotfe-Linden.  Voyez  Planes. 

Scies.  Voyez  Sies. 

Scorfonères.  Bonnes  qualités  de  ces  raci¬ 


nes,  350.  Leur  defeription.  ïbid.  Quel¬ 
les  font  les  meilleures,  ibid.  Tems  de 
ks  femer.  ibid.  Quel  âge  doit  avoir  leur 
graine  pour  être  bonne,  ibid. 

Seaux  dont  on  a  befoin  dans  une  Maifon 
de  Campagne.  29. 

Sel.  Remarque  fur  le  Sel  qui  eft  dans  le 
fumier  ou  dans  la  terre.  53. 

Semence.  Circonftances  d’oh  dépend  la 
vertu  des  Semences.  310.  Elles  aiment  le 
changement  d’air  &  de  terre.  311.  Quel¬ 
les  font  en  général  les  Semences  qui  pro- 
duifent  le  plus.  ibid.  Exemples  qui  font 
voir  que  les  Semences  s’accoutument  au 
Climat  qui  les  produifent,  ibid.  Quali¬ 
tés  de  la  Semence  qui  vient  en  plein 
air.  ibid.  Pourquoi  il  faut  fe  procurer 
des  Semences  qui  viennent  de  fonds  de 
différente  nature,  ibid.  Quelle  eft  la 
terre  la  plus  propre  à  produire  de  bon¬ 
ne  Semence.  312.  Quelles  font  les 
meilleures  Semences  huileufes.  ibid.  Ce 
qu’il  faut  faire  à  l’égard  de  plufieurs  Se¬ 
mences  avant  que  de  les  mettre  en  ter¬ 
re.  ibid.  Pourquoi  il  ne  faut  jamais  laif- 
fer  dans  le  fable  aucune  des  Semences 
qui  doivent  croître  fans  être  tranfplan- 
tées.  313.  Semences  qui  doivent  trem¬ 
per  avant  que  d’être  femées.  ibid.  Pour- 
'  quoi  les  Semences  ne  fauroient  germer 
dans  une  terre  trop  altérée.  314,  Pour¬ 
quoi  on  ne  fauroit  bien  fixer  le  tems  de 
la  femaille.  ibid.  Comment  la  terre  doit 
être  enfemencée,  ibid.  Circonftances 
fuivant  lefquelles  il  faut  femer  dru  ou 
clair.  315.  Pourquoi  on  doit  femer  la 
Semence  qui  a  meuri  la  prémière.  ibid. 
Ce  qu’on  doit  faire  pour  que  la  Semence 
puiffeêtre  femée  également ,  &  fans  que 
le  vent  puiffe  l’emporter,  ibid.  Pour¬ 
quoi  il  eft  indiff'érent  dans  quel  fens  la 
femence  tombe  en  terre,  de  côté,  ren- 
verfée,  ou  près  du  germe,  ibid.  Il  vient 
rarement  de  bons  fruits  des  Semences 
qui  ayant  été  femées  de  bonne  heure, 
ne  commencent  à  croître  qu’avec  peine, 
(St  montent  facilement  en  graine.  318. 
Ce  qu’il  fautobferver  touchant  la  cueil¬ 
lette  des  Semences,  ibid.  Pourquoi, 
quand  elles  ont  été  cueillies  feches,  on 
ne  doit  pas  enfuite  les  laiffer  trop  deffé- 
cher.  319.  Bouteilles  de  verre  dans 

lef- 


TABLE  DES  MATIERES, 


lefqaelles  on  les  doit  renfermer,  &  de 
quelle  manière.  319.  Si  l’on  dokfe  con¬ 
former  à  la  règle  ordinaire  de  ne  jamais 
fe  fervir  de  Semence  qui  ait  plus  de  deux 
ans.  ilîd.  Semence  de  Laitues  pom¬ 
mées  qui  vint  à  fouliait,  quoiqu’elle  eût 
été  gardée  fix  ans.  ibid. 

Septembre,  Quelles  font  les  chofes  qu’il 
faut  faire  dans  une  Campagne  pendant 
le  cours  de  ce  Mois.  300.  B>uits  &  Lé¬ 
gumes  qu’on  a  alors.  301. 

Serpentaire,  Comment  on  le  multiplie. 
412. 

Serpette,  Defcription  d’une  Serpette  pour 
couper  les  branches  des  Arbres.  31. 

Serres.  Pourquoi  les  Serres  convèxes  ren¬ 
dent  le  moins  de  fer  vice  ,  fur- tout  pen¬ 
dant  l’hiver.  234.  Ufage  de  cette  efpè- 
ce  de  Serre  connue  en  Hollandois  fous 
le  nom  de  Trek-Kas.  ibid.  Defcription 
de  cette  Serre,  ibid.  ^  Juiv  Avantages 
&  inconvéniens  des  Serres  d’hiver  à  haut 
étage.  236.  Tuyaux  ou  forte  de  Con¬ 
duits  qui  font  nécelTaires  dans  les  Ser¬ 
res.  ibid.  Leur  defcription.  ibid.  Pour¬ 
quoi  tout  ce  qui  fert  à  conflruire  une 
Serre,  doit  être  parfaitement  fec  avant 
qu’on  l’emploie.  237.  Pourquoi  il  ne 
faut  commencer  à  faire  ufage  des  Serres 
échaufés  par  le  feu,  &  autres  nouvelle¬ 
ment  conftruites ,  qu’après  que  la  bri¬ 
que  &  la  chaux  ont  été  parfaitement  fe- 
chées.  242,  Avec  quoi  on  couvre  au 
commencement  de  l’hiver  la  Serre  nom¬ 
mée  Trek-Kas.  248.  De  quoi  doit  être 
faite  la  prémière  couverture  dont  on  fe 
lèrt  pour  les  Serres  artificiellement  é- 
chaufées.  ibid.  Quelles  font  les  autres 
couvertures  pour  ces  Serres,  ibid  &‘fuîv. 
Fenêtres  qu’on  y  pratique,  &  leur  ufa- 
ge.  2JO.  Quand  efl-ce  qu’on  commen¬ 
ce  à  faire  du  feu  dans  les  Serres,  ibid. 
Quel  efi:  le  meilleur  moyen  pour  chaf- 
fer  des  Serres  le  mauvais  air  qui  s’y  trou¬ 
ve.  263.  Dommage  caufé  aux  plantes 
par  la  trop  grande  chaleur  des  Serres. 
267.  Quel  eft  le  chaufage  le  plus  con¬ 
venable  pour  les  Serres.  282.  Manière 
de  faire  le  ftu  des  Fourneaux  des  Ser¬ 
res.  ibid.  Quelles  fortes  d’Arbres  on 
doit  mettre  dans  les  Serres  d’PIiver  pour 
les  préferver  du  froid.  374.  Air  qu’il 


faut  introduire  dans  les  Serres  d’Hiver. 

Soin  qu’il  faut  prendre  pour  em¬ 
pêcher  la  gelée  d’y  pénétrer,  ibid.  Pour- 
,  ^uoi  il  faut  accoutumer  infenfiblement 
à  l’air  &  au  Soleil  les  Plantes  qu’on  tire 
des  Serres.  378.  &  404.  Tems  auquel 
certains  Arbres  doivent  être  tirés  hors 
des  Serres.  379.  Serre  pour  les  Vignes. 
387.  Comment  on  doit  traiter  les  Ana¬ 
nas  dans  les  terres  artificiellement  é- 
chaufées.  402.  Voyez  yJnanas.  Dif- 
pofition  des  Plantes  dans  les  Serres.  403. 
‘Pourquoi  il  n’elf  pas  pofiible  d’entrete¬ 
nir  régulièrement  dans  les  Serres  une 
chaleur  &  une  fraîcheur  convenables, 
404.  En  quel  endroit  des  Serres  on  doit 
placer  les  Plantes  qui  croilïent  dans  les 
Pais  fitués  fous  la  Ligne.  406. 

Sies.  Différentes  fortes  de  Sies  dont-on 
a  befoin  dans  les  Maifons  de  Campa- 
gne.  32. 

Sirène  ÇCitron  dey.  Voyez  Citron  de  Si¬ 
rène. 

Slooren.  Choux  auxquels  on  donne  ce 
nom  en  Hollande.  333. 

Soleil.  Sa  déclinaifon fa  hauteur  au  des- 
fus  de  l’horizon,  &  calcul  de  fon  om¬ 
bre.  220,  êsr*  fuiv.  L.es  rayons  du  So¬ 
leil  qui  tombent  obliquement,  ne  don¬ 
nent  que  peu  de  chaleur  fur-tout  en  hi¬ 
ver.  221.  Précautions  néceffaires  pour 
augmenter  &  conferver  les  rayons  du 
Soleil.  223. 

Sparre-loom.  Voyez  Sapin. 

Spek-Meloenen,  Voyez  Alelons. 

Spiegel-  Jppel.  Remarques  fur  cette  Pom¬ 
me,  ainfî  nommée  en  Hollandois.  134, 

Spits-bergen.  Salade  qu’on  mange  dans  cet¬ 
te  Ile.  341. 

Statues.  En  quels  endroits  on  doit  les  pla¬ 
cer  dans  les  Maifons  de  Campagne.  13, 
Ce  qu’il  y  a  à  obferver  par  raport  à  ces 
Statues,  ibid.  fuh. 

Suif  dont  on  doit  enduire  les  Grefes.  97, 

Sureau.  Defcription  de  cet  Arbrifleau,  & 
quelle  forte  de  terre  lui  convient  le  plus. 
160.  On  en  diflingue  plufieurs  efpèces. 
ibid.  Defcription  de  fon  fruir.  ibid. 
Dans  quelle  vue  les  Paîfans  plantent 
beaucoup  de  Sureau  aux  environs  de 
leurs  caves.  16 1.  Comment  on  le  mul¬ 
tiplie.  ibid.  Vertus  des  tendres  rejettons 


TABLE  DES  MATIERES. 


<îe  Sureau  &  de  Tes  fleurs,  i(5i.  Vinai¬ 
gre  qu’on  fait  avec  ces  fleurs ,  &  fon  u- 
lage.  ibid.  Syrops  Conferves  qu’on 
fait  du  jus  de  Baies  de  Sureau,  ibid. 
Syringa.  Defcription  de  cet  ArbrilTeau. 

21(5.  Comment  il  fe  multiplie,  ibid. 
Syringa  blanc  ^  ou  Syringa  d' Italie  ^  en  Hol- 
landois  Fluiten'- boom,  Defcription  de 
cet  ArbrilTeau.  214. 

T. 

T  Aille  des  Arbres  fruitiers  tant  en  Hiver 
qu’en  Eté.  104.  D’ou  vient  la  néceflité 
de  les  tailler,  ibid.  Tems  auquel  on  com¬ 
mence  la  taille  d’Hiver.  ibid.  La  forte 
gelée  ne  nuit  pas  plus  aux  Arbres  taillés 
qu’à  ceux  qui  ne  le  font  pas.  ibid.  Pour¬ 
quoi  il  eft  difficile  de  fixer  le  tems  pré¬ 
cis  auquel  la  taille  d’Eté  doit  commen¬ 
cer  &  finir.  105.  Circonftances  auxquel¬ 
les  il  faut  avoir  égard  au  fujet  de  cette 
taille,  ibid.  Taille  des  racines  bleflees 
&  inutiles,  ibid.  Taille  des  branches 
de  la  Couronne  des  Aigres  fruitiers,  ibid. 
Des  branches  gourmandes.  107.  Des 
branches  furannées.  ibid.  Des  branches 
qui  ont  trop  de  boutons  à  fleurs,  afin 
de  les  empêcher  de  trop  produire ,  &  de 
les  engager  de  faire  de  bon  bois.  ibid. 
Comment  on  peut  rendre  fertiles  par  la 
taille  d’Eté  les  Arbres  fruitiers,  dont  les 
fucs  montent  en  abondance  êcjfontdu 
bois  vigoureux,  ibid.  Pourquoi  on  ne 
doit  pas  rogner  par  la  taille  d’Hiver, 
les  Arbres  qui  pouflent  des  jarrets ,  c’eft- 
à  dire,  des  bras  ou  des  branches  de  cô¬ 
té  dégarnies ,  &  qui  ont  fouvent  leurs 
boutons  à  feuille  vers  l’extrémité,  ibid. 
A  quel  endroit  de  la  branche  la  taille  fe 
doit  faire,  ibid.  Pourquoi  on  ne  doit  ja¬ 
mais  laiflfer  aux  Arbres  en  plein  vent  des 
branches  qui  pouffent  en  dedans.  108. 
De  quelle  manière  doit  être  faite  la  tail¬ 
le  des  Arbres  à  haute  &  baffe  tige,  ibid, 
Raifon  pour  laquelle  on  doit  couper 
pendant  l’Hiver  toutes  les  groffes  bran¬ 
ches  près  du  tronc,  &  comment  on  doit 
alors  remédier  à  l’inconvénient  qui  peut 
réfulter  de  ces  grandes  entailles  ibid.  & 
109.  A  quels  Arbres  la  taille  d’Eté  eft 
nuifible,  ibid.  Manière  de  tailler  les  Ci¬ 


tronniers  les  Limonniers  &  les  Oran¬ 
gers.  380.  But  de  cette  taille.  381.  Soin 
qu’on  doit  avoir  de  tailler  fort  uniment 
les  branches,  fur-tout  les  groffes,  fans 
y  laiffer  aucuns  moignons,  ibid.  Taille 
qui  confifte  dans  l’abatis  de  la  tête  ou  de 
la  couronne  ,  &  pourquoi  elle  fe  fait. 
ibid.  Tems  le  plus  convenable  pour 
ces  deux  tailles.  382. 

Tamis  dont  on  a  Sefoin  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  32. 

Tan.  Ce  que  c’eft  que  le  Tan  ,  &  de 
quelles  parties  il  eft  compofé.  59.  Quel 
eft  le  meilleur  pour  fertilifer  la  terre. 
ibid.  Pourquoi  il  faut  avoir  foin  qu’il 
refte  humide ,  êc  qu’il  ne  foit  pas  cou¬ 
vert  par  la  terre,  ibid.  Son  ufage  con¬ 
tre  le  froid,  ibid.  Quelle  forte  de  Tan 
convient  pour  rechaufer  les  Plantes. 
289.  Comment  il  doit  être  difpofé.  ibid. 
Terrajfes.  D’oîi  elles  tirent  leur  origi¬ 
ne.  8.  Pourquoi  dans  les  terres  légè¬ 
res  les  bords  des  Terraffes  doivent  né- 
ceffairement  être  maçonnés,  ibid.  Pour¬ 
quoi  les  Terraffes  plaifent  davantage 
en  Hollande  que  dans  les  Païs  qui  les 
produifent  naturellement,  ibid.  Com¬ 
ment  on  en  doit  faire  les  prémières  cou¬ 
ches.  1(5. 

Terres.  Manière  de  les  travailler  avant  que 
de  les  planter.  44.  Pourquoi  on  ne  doit 
pas  bêcher  des  rerres  graffes  dans  le 
tems  des  grandes  chaleurs  de  l’Eté.  4(5. 
A  quelle  profondeur  on  doit  creufer  les 
terres  graffes  qui  n’ont  pas  par  deffous 
.  des  croûtes  dures  de  fange,  de  bitume, 
ou  d’argile,  ibid.  Dans  quel  tems  on 
doit  remuer  les  terres  marécageufes  & 
fablonneufes.  47.  Couche  de  fange 
dont  on  doit  couvrir  les  terres  graffes 
deflinées  pour  des  Vergers  ou  des  Plan¬ 
tations  d.’Arbres  fauvages.  48.  Ufage 
qu’on  doit  faire  de  la  meilleure  terre 
(qui  doit  fervir  de  nourriture  aux  Ar¬ 
bres.  49.  Pourquoi  on  doit  labourer 
certaines  terres  avant  que  de  les  planter 
ou  deles  enfemencer.  51.  Moyen  d’en- 
graiffer  les  terres  devenues  llériles  par 
quelque  caufe  que  ce  foit.  ibid.  Ce 
qu’on  doit  entendre  par  le  terme  de 
terre.  274.  Quelle  force  de  terre  eflla 
plus  fertile,  ibid.  Chofes  qu’on  peut  mô- 


TABLE  DES  MATIERES. 


1er  avec  la  terre  pour  la  rendre  meilleu- 
re.  274. 

Terres.  La  terre  qui  n’a  jamais  été  culti¬ 
vée  regardée  comme  excellente.  575. 
Mauvaises  qualitésd’une  terre  qui  a  pro¬ 
duit  pendant  plufieurs  années  les  mêmes 
forces  de  fruits,  ibid.  Rai  Ton  de  ce  phé¬ 
nomène.  ibid.  Pourquoi  on  doicemplo* 
yer  de  la  terre  qui  n’ait  jamais  été  culti¬ 
vée  quand  on  veut  planter  dans  des  Pots 
ou  dans  des  Couches  vitrées,  ou  quand 
on  remplace  des  Arbres  morts  donc  les 
foliés  doivent  être  profondes,  ibid. 
Comment  on  peut  préparer  en  peu  de 
teras  &  à  peu  de  fraix  une  terre  neuve, 
lelon  les  propriétés  des  Plantes  &  la  ma¬ 
nière  de  les  cultiver.  270.  Soin  qu’on 
doit  avoir  de  bien  nettoyer  les  terres 
enfemencées  ou  plantées.  *317.  Tems 
qu’il  faut  choilir  pour  cela.  318. 

Terrières  pour  les  Melons.  31. 

Tbernwmètres  qui  font  connoîcre  la  tempé¬ 
rature  de  l’air ,  la  chaleur,  le  froid  &  la 
gelée ,  leur  néceiïicé  pour  cultiver  des 
plantes  étrangères  &  pour  avancer  la  ma¬ 
turité  des  fruits  dans  les  .faifons  qui  leur 
font  propres;  leur  fabrique  &  la  maniè¬ 
re  donc  on  peut  les  faire.  251.  Utilité 
des  Thermomètres  pour  pouvoir  .bien 
.  juger  du  froid  &  du  chaud,  252.  Quels 
font  les  meilleurs  lorfqu’il  eit  queüion 
d’en  faire  ufage  pour  la  culture  desPlan- 
tcs.-ibid.  Pourquoi  il  ne  faut  pas  qu’ils 
foient  ni  trop  longs  ni  trop  courts,  ibid. 
Leur  longueur  déterminée,  ibid.  Pour¬ 
quoi  la  liqueur  de  ces  Thermomètres  doit 
fe  faire  voir  d’une  manière  fenfible.  253. 
Quelle  eft  la  liqueur  dont  on  doit  fel'er- 
vir.  254.  Tems  le  plus  propre  pour  leur 
conftrudion.  255.  Jufqu’à  quel  degré 
la  liqueur  doit  defcendre  ou  monter  dans 
ces  fortes  de  Thermomètres  faits  pour  les 
Serres.  256.  En  quel  endroit  des  Ser¬ 
res  il  faut  pendre  les  Thermomètres.  257. 
Tbim.  Comment  il  fe  multiplie.  3<56.  Ter¬ 
re  qui  lui  convient.  367.  Ufage  qu’on 
en  fait.  ibid. 

Tilleuls.  Ce  qu’il  faut  obferver  à  l’égard 
des  Tilleuls tranfplantés.  66.  Pourquoi 
on  ne  fauroit  les  multiplier  par  leur  fe- 
mence.  82.  A  quelle  diftance  on  doit 
les  planter  les  uns  des  autres,  pour  qu’ils 
Partie  IL 


produifent  un  bel  effet.  194.  Comment 
on  les  multiplie.  207.  Quels  font  les 
plus  beaux  de  cous  les  'filleuls,  ibid. 
Dans  quelle  forte  de  terre  ils  croilfentlc 
mieux,  ibid.  Doivent  être  plantés  à  l’a¬ 
bri  des  vents  impétueux,  ibid.  Leur  bois 
regardé  comme  de  peu  de  valeur  &  peu 
propre  au  chaufage.  ibid.  Ufage  qu’on 
fait  de  ce  bois.  208. 

Tonnère.  _ Quelle  force  de  Tonnèi'e  caufe 
des  pluies  fortes,  rarement  accompag¬ 
nés  d’une  grofle  grêle.  269. 
Tranfplantation.  Ce  qu’on  doit  obferver 
à  l’égard  des  vieux  Arbres  qu’on  cranf- 
plante.  07.  Pourquoi  il  faut  tranfplanter 
le  plutôt  poflible  les  arbres  fauvages" 
qu’on  a  arrachés.  68.  Pourquoi  on  peut 
tranfplanter  fans  aucun  rifque  les  Arbres 
en  Aucoane.  90.  Précaution  avec  la¬ 
quelle  on  doit  arracher  les  Arbres  qui 
doivent  être  tranfplantés.  ibid.  Pour¬ 
quoi  quand  on  tranfplante  des  fruits 
d’Autonne  il  faut  faire  enforte  qu’ils 
foient  expofés  au  Soleil.  316.  Les  Lé¬ 
gumes  ne  doivent  pas  être  tranfplantés, 

.  &  pourquoi,  ibid.  Exception  h  cette  rè¬ 
gle.  ibid.  Raifon  pour  laquelle  il  ne  faut 
pas  tranfplanter  les  Plantes  qui  ont  la  ra¬ 
cine  droite,  ibid.  Pourquoi,  quand  on 
tranfplante,  on  doit -avoir  égard  aux 

*  Qualités  des  fonds  &  aux  propriétés  des 
Plantes.  317.  Manière  de  tranfplanter 
dans  les  terres  fortes  &  dans  celles  qui 
font  plus  légères,  ibid.  Plantoir  dont 
onfefert  lorfqu’il  faut  tranfplanter. 
Pourquoi  il  ne  faut  jamais  tranfplanter  les 
Plantes  qui  ont  été  femées  en  Autonne. 
327.  Comment  on  doit  tranfplanter  les 
Arbres  qui  vierment  de  loin  ,  &  qui  ont 
beaucoup  fouifert.  368-  Pourquoi  la 
terre  graffo  ne  leur  convient  pas.  369. 
Quel  eflletems  le  plus  convenable  pour 
la  tranfplantation  des  Arbres  fains.  371. 
Efpèce  de  tranfplantation.  qui  fe  fait  en 
ôtant  ja  terre  ufée  pour  mettre  à  fa  pla-  * 
ce  de  la  terre  neuve,  fans  tirer  les  Ar¬ 
bres  hors  des  pots  ou  des  caifles  011  ils 
font.  ibid.  Quelle  eft  la  meilleure  terre 
pour  y  tranfplanter  les  Arbres  qui  pouf¬ 
fent  vigoureufement,  ou  pour  1-es  ra- 
fraichir.  ibid. 

Treillis,  Les  Ouvrages  à  treillis  fatisfont 
Kkk  peu 


TABLE  DES 


V 


MATIERES. 


peu  à  proportion  de  ce  qu’ils  coûtent.  9. 
Treillis.  En  quoi  confille  leur  plus  grand 
,  ornement.  9.  Dans  quels  endroits  d’u. 

ne  Campagne  on  doit  les  placer.  12. 
Trek-kas.  Voyez  Serres. 

Tripe^Madame.  Ce  que  c’efl:  que  cette 
Plante  ,  &  comment  on  la  multiplie. 
367.  Ufagc  qu’on  en  fait.  ibid. 

Troe/ne,  qu  LdLtïn  Ligujîrum.  Defcription 
de  cet  ArbrilTeaq.  215.  Comment  il  fe 
multiplie,  ibid.  Ufage  qu’on  fait  de  fou 
bois.  ibid. 

Truelle  dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons 
de  Campagne.  29.  Ufage  qu’on  en  fait. 
ibid. 

Tubereufes.  Terre  qui  convient  à  ces  Fleurs. 
409.  Combien  elles  multiplient  quand 
on  les  plante  &  qu’on  les  multiplie  d’u¬ 
ne  certaine  manière,  ibid.  Comment  il 
faut  les  traiter  dans  des  Etés  ardens  & 
fecs.  410.  Tems  auquel  ou  tire  leurs 
Oignons  de  terre,  ibid.  De  quelle  ma¬ 
nière  il  faut  les  planter,  ibid.  Dans 
quel  cas  les  Tubereufes  ont  grand  befoin 
d’étre  arrofées.  41 1.  Combien  les  fim- 
ples  &  les  doubles  ont  de  feuilles,  ibid. 
Tulipes.  De  quelle  manière  on  les  multi¬ 
plie.  412. 

V.* 

V/iches.  Qualités  de  leur  fumie^  &  ufa- 
ge  qu’on  en  doit  faire.  yO.  Couver¬ 
tures  faites  de  leur  poil.  246. 

Van  dont  on  a  befoin  dans  les  Maifons  de 
Campagne.  32. 

Vapeurs.  Ce  que  c’eft.  262.  Comment  les 
Vapeurs  fe  convertilîent  en  nuages.  2d8. 
Vents.  Quelle  eft  la  meilleure  manière  de 
rompre  les  vents.  219.  Si  le  Vent  efl: 
une  choie  quifubfifte par  elle- même,  ou 
li  ce  n’efl:  qu’un  certain  mouvement  de 
l’air.  270.  Pourquoi  un  Vent  de  Nord 
froid  &  violent  purifie  l’air,  ibid.  In- 
•  convénienc  qui  peut  réfulcer  de  cette 
forte  de  Vent.  271.  Pourquoi  l.es  Vents 
font  tantôt  froids,  tantôt  chauds,  tan¬ 
tôt  humides  ou  fecs.  ibid.  Pourquoi  en 
Hollande  le  Vent  de  Nord  n’efl:  pas  fi 
froid  pendant  l’hiver,  que  le  Nord-eft, 
&  encore  moins  que  l’Efl:.  ibid.  Raifon 
de  ce  phénomène,  ibid.  Pourquoi  le 
Vent  de  Sud- eft  caufe  ordinairement  en 

I 


Hollande  pendant  l’hiver  le  froid  le  plus 
rude.  272.  D’oii  vient  en  Hollande  le 
Vent  de  Sud.  ibid.  Tempêtes  caufées 
dans  ce  Païs  au  Printems  &  en  Autonne 
par  le  Vent  de  Sud  oueft.  ibid.  Effet 
du  Vent  d’Oueft.  ibid,  ftiiv.  &  du 
Nord-oueft.  273.  Quels  font  les  Païs 
oïl  l’on  remarque  le  plus  fenfiblement 
l’effet  des  Vents  fur  les  Animaux  ôc  fur 
les  Plantes,  ibid. 

Vergers.  On  n'en  fait  plus  guère  avec  de 
grands  arbres  fruitiers.  10.  En  quel  en¬ 
droit  on  doit  les  placer  dans  les  Campa¬ 
gnes  lorfqu’on  en  veut  avoir,  ibid.  Pour¬ 
quoi  ceux  qui  ne  peuvent  pas  être  bê¬ 
chés  ,  mais  dans  lefquels  on  eft  obligé  de 
mettre  du  fumier  par  deffus  la  terre,  doi¬ 
vent  être  fumés  dans  l’arrière-faifon  avant 
les  pluies  ordinaires  de  l’Autonne.  54. 

Verglas.  Ce  que  c’eft.  269.  Quelle  for¬ 
te  Verglas  ne  dure  pas  longtems,  & 
pourquoi,  ibid. 

Verre.  Sorte  de  Verre  mince  d’Allemag¬ 
ne,  qui  eft  fragile  &  fe  gâte  en  peu  de 
tems.  238.  Verre  groflier  connu  en 
Hollande  fous  le  nom  de  Gilde^glas.  ibid. 
Son  ufage.  ibid. 

Vignes  (les)  qui  viennent  de  bouture, 
donnent  la  même  efpèce  de  plante  êtde 
fruit,  que  l’arbre  dont  la  bouture  a-étè 
coupée.  8r.  Defcription  générale  de  la 
Vigne.  165.  Quatre  manières  différen¬ 
tes  de  la  multiplier,  ibid.  Pourquoi  on 
la  multiplie  rarement  de  Semence,  ibid. 
Ce  qu’il  faut  obferver  lorfqu’on  veut  la 
multiplier  de  Semence,  ibid.  Soin  qu’il 
faut  avoir  de  mettre  les  tendres  rejet- 
tons  à  l’abri  de  l’ardeur  du  Soleil ,  &  de 
les  munir  contre  les  vents  furieu.x.  166. 
Raifon  pour  laquelle  il  faut  mettre  tout 
en  œuvre  pour  que  les  jeunes  Vignes 
produifent  en  peu  de  tems  du  bois  vi¬ 
goureux.  ibid.  Taille  de  la  Vigne,  & 
manière  de  la  faire,  ibid.  Manière  de 
multiplier  la  Vigne  de  Bouture,  ibid. 
Cette  forte  de  multiplication  regardée 
comme  la  plus  avantageule.  ibid.  Dé¬ 
tail  de  cette  opération,  ibid.  6?  /uw. 
Comment  fe  fait  la  multiplication  de  Sau¬ 
vageons  de  Souche.  168.  Multiplication 
de  Marcottes  ou  de  Provins  couchés  en 
terre;  ibid..  &  comment  elle  fe  fait,  ibid, 
.  ■ ■  '  Vù 


TABLE  DES  MATIERES. 


Vignes,  Pourquoi  de  tous  les  Arbres  il 
n’y  en  a  point  qui  doivent  plus  né- 
ceflairement  être  tranlplantés  jeunes  que 
les  Vignes.  168.  L’Autonne  regardée 
comme  la  faiforr  la  plus  favorable  pour 
les  planter.  169.  Fonds  de  terre  qui 
leur  conviennent  les  plus.  ibid.  Labour 
qu’il  faut  faire  aux  terres  oli  on  les  plan* 
te.  ibid.  Ceque  les  Anciens  pradquoient 
à  l’égard  .de  leurs  Vignes.  170,  171.  Il 
n’y  a  point  d’ Arbres  qui  aient  plus  befoin 
de  la  taille  que  les  Vignes,  fur-tout  de 
celle  d’Eté.  171.  Pourquoi  on  doit 
laiffcr  fans  taille,  la  prémière  année, 
toutes  les  jeunes  Vignes  plantées,  ou 
celles  qui  ayant  pris  de  Bouture,  n’ont 
paspouflé  vigoureufement.  ibid.  Expé¬ 
rience  qui  prouve  que  la  gelée  ne  nuit 
pas  davantage  aux  Vignes  taillées,  qu’à 
celles  qui  ne  le  font  pas,  fur-tout  quand 
l’entaille  eft  fermée,  &  que  la  gelée  ne 
fuit  pas  de  fort  près  la  taille,  ibid.  Tail- 
le'qui  fe  fait  à  l’entrée  de  l’Hiver,  ou  à 
la  fin  de l’Autonne.  172.  Détaildecet- 
te  opération,  ibid.  ^Juiv.  Quel  forte 
de  bois  il  faut  conferver  aux  Vignes 
lorfqu’on  les  taille.  173.  Remarques  fur 
les  Boutons  &  fur  les  yeux  de  la  Vig¬ 
ne.  ibid.  Comment  on  peut  rajeunir  les 
vieilles  Vignes.  175.  Taille  d’Eté.  176.. 
Pourquoi  il  n’eft  guère  poffib'Ie  de  dé¬ 
terminer  le  teins  auquel  cette  taille  doit 
Commencer  &  finir,  ibid.  Pourquoi  il 
faut,  tailler  fort  court  toutes  les  bran¬ 
ches  greles,  minces,  &  celles  dont  les 
Vignes  ne  pouflènt  pas  avec  aflez  de  vi¬ 
gueur.  ibid.  Les  plus  vieux  Sarmens  re¬ 
gardés  comme  les  meilleurs,  ibid.  Pour¬ 
quoi  il  ne  faut  pas  commencer  trop  tôt 
la  prémière  taille  d’Eté.  177.  En  quel 
tems  les  Anciens  la  commençoient.  i- 
bid.  Combien  il  eft  néceftaire  de  faire 
attention  à  l’état  de  la  Vigne  &  à  la  vi¬ 
gueur  des  Sarmens.  178.  Pourquoi  il  ne 
faut  ôter  aux  Vignes  que  les  feuilles  qui 
tombent  en  faifant  la  taille  d’Eté.  ihid. 
Manière  d’attacher  les  branches  taillées , 
fur-tout  quand  elles  font  groffes  &  plei¬ 
nes  de  fuc.  180.  Tems  oh  commence 
la  fécondé  taille  d’Eté.  ibid.  Dans  quel 
cas  on  fait  la  troifième  taille.  181.  Re- 
*  marques  touchant  quelques  propriétés  de 


la  Vigne,  ibid.  Pourquoi  les  Vignes  qui 
produifenc  des  Raifîns  mufqués  &  fort 
charnus ,  ont  befoin  de  plus  de  place, 
que  celles  dont  les  Raifins  ont  l’eau  fu- 
crée  &  qui  font  moins  charnus.  182. 
Les  jeunes  Vignes  qui  ont  du  bois  vi¬ 
goureux,  produifent  plus  de  fruits  & 
meilleurs  au  goût,  que  les  vieilles,  mais, 
ces  Raifins  nemeurifiént  pas  de  fibonn-c 
heure,  ibid.  Ce  qui  fait  fouvent  man¬ 
quer  les  fleurs  des  Vignes,  ibid.  Ce  que 
c’eft  qu’une  efpèce  de  tumeur  qu’on  voit 
quelquefois  fur  les  feuilles  de  Vigne. 
183.  Comment  on  doit  planter  les  Vig¬ 
nes  qu’on  fait  croître,  foit  par  le  moyen 
du  feu,  foit  par  la  chaleur  du  Soleil. 

387.  Remarque  touchant  ces  Vignes. 

388.  Tems  auquel  il  faut  leur  faire  la 
taille,  ibid.  Manière  de  traiter  les  Vi¬ 
gnes  dans  une  Serre  artificiellement  re- 
chauféc,  à  trois  tuyaux,  pour  conduire 
la  fumée,  &  à  quatre  chafiis  de  vitres, 
dans  laquelle  on  ne  peut  faire  du  feu 
que  d’un  feul  côté.  396. 

Villehrequins  de  différences  grandeurs.  32. 

Vinaigre  de  fleurs  de  Sureau.  Voyez  Su¬ 
reau. 

Violettes.  De  quelle  manière  elles  fenTul- 
tiplient.  412. 

Virgoulée^  ou  Virgcule’ufe.  Defcriptiôn  de 
la  Poire  qui  porte  ce  nom.  129. 

Viviers.  Soin  avec  lequel  on  les  doir  net¬ 
toyer.  II.  Quelle  doit  être  leur  gran¬ 
deur.  33.  Comment  on  doit  les  faire. 
ibid.  ^fuiv.  Quelle  doit  être  leurpro- 
fondeur.  37. 

Vlaamfe  Zoet.  Pomme  qui  porte  ce  nom 
enHollandois.  134.  Sa  defcriptiôn.  îJfi. 

Vogeî-hrs.  Defcriptiôn  de  cet  Arbriffeau. 
215.  Comment  il  fe  multiplie,  ihid. 

Voile  fur  lequel  on  vane,  &  donc  on  abc- 
foin  d.ans  les  Maifons  de  Campagne.  32. 

Urine,  üfage  que  les  Anciens  en  faifoient 
pour  les  Pommiers  &.  les  Vignes.  j6. 

Vuuren- bout.  Vowgz  Sapin. 

Vuuren-fparren.  Voyez  Sapin. 


W. 

WAter-zoeten.  Raifins  ainfi  nommés  en 
Hollandois,  &  qui  ont  une  eau  fu- 


crée.  189. 

'  Kkk  ^ 


IVü- 


T  A  B  L'  É  TD  'E  S  MATIERES. 


IVitte  Spekkers.  Cerifes  connues  én  Hol- 
landois  fous  ce  nom.  141.  Pourquoi  el¬ 
les  ne  rnéricentpas  d’êcre  cultivées,  ibid, 
Witte  Zoete.  Pomme  nommée  en 

Hollandois.  134.  Sâ  defcription  &  lès 
qualicés-  ibid. 


X 

Y 


qu’on  en  forme,  &  à  quel  ufage.  îbîd. 
Pourquoi  quelques-uns  les  connoifient 
fous  le  nom  d’Ormes  rouges.  208.  Ufa¬ 
ge  qu’on  fait  de  leur  bois. ^209. 

■Tfer-Âppel.  Pomme  ainfl  nommée  en  Hol- 
landois.  134. 


X. 

/ 

Enopbôîii  cité.  40. 

Y. 

Préaux  (les)  ne  font  pas  une  verdure 
des  plus  agréables  â  la  vue.ipd.  Haies 


Z 


Z. 


f  Oet  QBlom'').  Voyez  Blom-zoet. 

Zoet  (^Goe~).  Voyez  Goe-zoet.^ 

Zoete  Holaart?  Defcription  de"  cette  Pom¬ 
me  douce.  134.  Tems  auquel  on  doit  la 
manger,  ibid.  Remarque  fur  l’arbre  qui 
la  porte,  ibid. 


FAUTES 


corriger. 


Page.  II.  ligne.  21.  Après  le  mot;  de  gran¬ 
des  il  faut  mettre  ce  renvoi  (a)  pour  la 
Note  fuivante  qui  doit  être  placée  au  bas 
.  de  la  page,  (a)  Les  grandes  allées  ont  72  * 
pieds  de  largeur ,  mais  les  petites  en  ont  moins. 

-  19.  ligne.  5.  enterrera  ^UÇez  eiîtera. 

— — —  48. - 52.  doit  être  de  ,  lifez 

doit  être  nétoyée  de 


59.  -  I.  mais  il  ne  fauroit  fer* 

vir  de  nourriture^  lifez  puifquil  fert  de 
nourriture. 

65.  -  36.  à  prendre^  lifez  à 


reprendre. 

74- 


de  diverfes  fortes. 


“,74. 


I.  de  deux  fortes  ^  lifez 

18.  ils  croiffent  cependant 
pour  la  plupart  les  uns  les  autres  précifé- 
ment  de  la  même  manière,  lifez  les  uns  6? 
les  autres  croiffent  cependant  pour  la  plupart 
enfemble  dans  unfeul  éff  même  fruit.- 

86  -  2.  cette  Haie,  lifez  cette 


Pépinière. 

93.  r 


'  35.  Après  ces  mots,  vingt^ 


huit  pieds,  ajoutez  ,  &  dans  les  fonds  de 
fable  les  plus  légers  jamais  plus  près  que  de 
vingt  -  quatre  pieds. 

113. -  13.  il  arrive  auffî  quel¬ 


quefois  que  les  Figues  viennent  à  du  bois , 
lifez  les  Figues  viennent  auffî  à  du  bois. 
-  118  — -  33.  momme ,  liiez  nom¬ 


me. 


1 23 - 1 2 ,  13.  Ces  derniers  fe  divi- 

fent ,  liiez  On  les  divife. 

-  124 -  37.  page.  365,  lifez  page 


395- 


1 25.  — 7.  grandes  feuilles  rondes,  li¬ 
fez  grandes  feuilles  rondes  de  fleurs. 

-  125.  -  24.  Le  Safran  d’Auton- 

ne,  que  les  Romains  appelloientPyr\xm  Nar- 
6.mnm,efiune,  lifez  La  Poire  de  Safran, 
les  Romains  appelloient  Pyrum  Nardinum, 
que  Con  nomme  en  France  Safran  d’Auton- 
ne ,  en  Brabant  Zomer  •  Gratiool ,  ejl 
une. 

—  126  - —  y.  d'un  Çourtpendu,  lifez 
à'une  Poirejucrée.  ’ 


■if.' 


<  ✓ 


I